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Full text of "Bulletin de la Soci zoologique de France"

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BULLETIN 


DE LA 


SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE 


BUREAU & CONSEIL 


DE LA 


SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE 


POUR L'ANNÉE 1885 


Membres du Bureau : 


Président. . etes et à l EU: 


Vice-Présidents 


Secrétaire général. . . . . . . . 


DeCrétaires. UE = AA SAR 


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Archiviste-Bibliothécaire.. . . . 


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MM. 
P. MÉGNIN. 
Dr P. FISCHER. 
A. CERTES. 
Prof. R. BLANCHARD. 


/ J. GAZAGNAIRE. 


Dr L. MANOUVRIER. 
H. PIERSON. 
HÉRON-ROYER. 

J. DENIKER. 


Membres 


4° Membres donateurs. 
Prince R. BONAPARTE. 
Bon p'HAMONVILLE. 
Bon pe ROTHSCHILD. 
DE SEMALLÉ. 
J. VIAN. 

2° Anciens présidents. 
SIMON. 


KünCKkEL D'HERCULAIS. 


M. CHAPER, 


Nora. — Les Membres du Conseil marqués d'un 


du Conseil : 


3 Membres élus. 

Bon BILLAUD. 
ou esa * Prof. CH. RICHET. 

D' MARMOTTAN. 

* Prof. Marmias DuvaL. 

C. DE MÉREJKOWSKY. 
PA RQ D' JULLIEN. 
A. MAUXION. 
D'Jousser DE BELLESME. 
Fe L. BUREAU. 
Pour 4885. CORRE 
jp JOUSSEAUME. 
\ Prof. F. PLATEAU. 


* ont été élus en remplace- 


ment d’autres membres ayant passé au Bureau. 


BULLETIN 


SOCIÈTÉ ZOOLOGIQUE 


DE FRANCE 


POUR L'ANNÉE 1885 


CEE — 


DIXIÈME VOLUME 


CE — 


PARIS 
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ 


7, rue des Grands-Augustins, 7 


1885 


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LISTE 


DES 


MEMBRES HONORAIRES 


ALCANTARA (Sa Majesté don Pedro II d’), empereur du Brésil, à Rio-de- 
Janeiro (Brésil). 

BARBOZA DU BOCAGE (Prof. José-Vicente), membre de l’Académie royale 
des sciences de Lisbonne (Portugal}. 

BERT (D' Paul), membre de l’Institut, député, professeur de physiologie à la 
Sorbonne, 9, rue Guy-de-la-Brosse, à Paris. 

DE QUATREFAGES , membre de l’Institut, professeur d'anthropologie au 
Muséum d'histoire naturelle, à Paris. 

GUNTHER (Dr Albert), F. R. S., directeur de la section zoologique au British 
Museum, à Londres (Angleterre). 

LACAZE-DUTHIERS (D' Henri de), membre de l’Institut, professeur de zoologie 
à la Sorbonne, 7, rue de la Vieille-Estrapade, à Paris. 

NORDENSKJOLD (le baron E.), à Stockholm (Suède). 

ROBIN (Dr Charles), membre de l’Institut, sénateur, professeur à la Faculté 
de médecine, 94, boulevard Saint-Germain, à Paris. 

SÉLYS-LONGCHAMPS (Baron Edmond de), membre de l’Académie royale de 
Belgique, sénateur, 34, boulevard Sauvenière, à Liège (Belgique). 

SHARPE (R. Bowdler), F. L. S., chargé de la section ornithologique au 
British Museum, à Londres (Angleterre). 

STREENSTRUP (Prof. Japetus S.), à l'Université de Copenhague (Danemark). 

TACZANOWSKI (Prof. Ladislas), conservateur du Musée de zoologie, à Var- 
sovie (Pologne). 


MEMBRES CORRESPONDANTS 


DOBSON (D° G.-E.), royal Victoria hospital, à Netley, near Southampton 
(Angleterre) 
RITCHIE (John), Président de la Boston Scientific Society, à Boston, Mass. 


(États-Unis). 


MEMBRE DONATEUR DÉCÉDÉ 


BRANICKI (Comte Constantin). 


(1) Par délibération en date du 25 janvier 1885, le Conseil a décidé de maintenir 
perpétuellement en tête du Bulletin la liste des Membres donateurs décédés. 


LISTE 


DES 


MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


AU 15 MARS 1885 


Les noms des Membres fondateurs sont précédés d'un *. 


ALBRECHT (professeur Paul), 38, rue d'Isabelle, à Bruxelles (Belgique). 

* ALIX (D' E.), 40, rue de Rivoli, à Paris. 

ALLEON (Amédée), à Kustendje, Dobrodja (Roumanie). 

AMBLARD (D' Louis), 44 bis, rue Paulin, à Agen (Lot-et-Garonne), 

ANDRÉ, 21, boulevard Bretonnière, à Beaune (Côte-d'Or). 

APOSTOLIDES (Dr Nicolas Christo), professeur-agrégé à l’Université, à Athènes 
(Grèce). 

ARMEDEY (Clément), 16, rue de Trévise, à Paris. 

ARTAULT (Stephen), préparateur à la Faculté de médecine, 41, rue de Buffon, 
à Paris, 

ASSAKY (D' Georges), 1, rue Vauquelin, à Paris. 

BADIN (Adolphe), homme de lettres, 1, rue de Vigny, à Paris. 

BAILLY (J. F. D.), 202, Alexander street, à Rochester N. Y. (États-Unis). 

BAMBEKE (D' Ch. van), professeur à l’Université, 5, rue Haute, à Gand (Bel- 
gique). 

BARROIS (Dr J.), docteur ès-sciences naturelles, 46, rue Blanche, faubourg 
Saint-Maurice, à Lille (Nord). 

BARROIS (Dr Théodore-Charles), 35, route de Lannoy à Fives, à Lille (Nord). 

BAVAY, pharmacien en chef de la marine, #5, Grande-rue, à Brest (Finistère). 

BEAUVISAGE (D' Georges), professeur-agrégé à la Faculté de médecine 
de Lyon, 9, rue du Perron, à Oullins (Rhône). 

BEDRIAGA (D' Jacques de), boulevard de l’Impératrice, maison Salvi, à Nice 
(Alpes-Maritimes). 

BELTRÉMIEUX (E.), Président de la Société des sciences naturelles de la 
Charente-Inférieure, à la Rochelle (Charente-Inférieure). 


(1) La Société s’est vue dans la nécessité de rayer de la liste des membres un 
certain nombre de personnes qui avaient négligé de payer leur cotisation. 


VII LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


BERGÉ (André), préparateur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine, 
29, rue Claude-Bernard, à Paris. 

BERILLON (D' Edgard), 46, boulevard Saint-Michel, à Paris. 

* BERTRAND (Joseph), (Membre à vie), membre de l'Institut, professeur au 
Collège de France, 6, rue de Seine, à Paris. 

* BESNARD (Auguste), conducteur des Ponts-et-Chaussées, 16, rue des Ursu- 
lines, au Mans (Sarthe). 

BETTA (le commandeur Eduardo de), 41, Corso Castelvecchio, à Vérone (Italie). 

BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ ET DE L'ÉTAT {1}, à Strasbourg (Alsace). 

BIGNON (Mie Fanny), licenciée ès-sciences naturelles, professeur à l'École 
primaire supérieure, 5, rue Boule, à Paris. 

BIGOT (Jacques - Marie - François), officier de l’Instruction publique, 27, rue 
Cambon, à Paris. 

* BILLAUD (Baron Frédéric), propriétaire, 39, rue Notre-Dame de Lorette, à 
Paris. 

BINOT (Jean), étudiant en médecine, 455, boulevard Saint-Germain, à Paris. 

BLANC (Marius), 22, quai du Canal, à Marseille (Bouches-du-Rhône). 

* BLANCHARD (D' Raphaël), professeur-agrégé à la Faculté de Médecine, 9, 
rue Monge, à Paris. 

BLONAY (Roger de), 23, rue de Larochefoucault, à Paris. 

BLONDEL (Raoul), préparateur à la Faculté de médecine, 22, rue Mouton- 
Duvernet, à Paris. 

BLOOMSFIELD (D' James E.), 9, place du Panthéon, à Paris. 

BOCA (Léon), étudiant en sciences naturelles, 16, rue d’Assas, à Paris. 
BOCHEFONTAINE {Dr), directeur-adjoint du laboratoire de physiologie expé- 
rimentale à la Faculté de médecine, 38, Boulevard Saint-Michel, à Paris. 
BOLIVAR (Ignacio), professeur d’entomologie à l'Université, 41, Alcalä, à 

Madrid (Espagne). 
BONAPARTE [le prince Roland), (Membre donateur), 22, Cours la Reine, à Paris. 
BONJOUR (Samuel), 23, passage Saint-Yves, à Nantes (Loire-Inférieure). 
BOSCA (Edoardo), cathedratico de historia natural en el real Instituto, à Ciu- 
dad-Real (Espagne). 
BOUCARD (Adolphe), officier d’Académie, 13, rue Guy-de-la-Brosse, à Paris. 
DOULART (Raoul), préparateur au laboratoire d'anatomie comparée, 55, rue 
de Buffon, à Paris. 
BOULENGER (G.-A.), Esq., Assistant, Zoological Department, British Museum, 
à Londres (Angleterre). 


() Les établissements publics et les Sociétés scientifiques de la France et de l'Etran- 
ger peuvent être admis comme MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ aux mêmes charges et 
aux mêmes droits qu'un Membre ordinaire et peuvent se faire représenter aux 
séances par un de leurs MemBres /Art. 6 du règlement. 


LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ IX 


BOVIER-LAPIERRE, 15, rue Gracieuse, à Paris. 

BRADLEY (Mi), étudiante en médecine, 3, rue Saint-Louis-enl’Ile, à Paris. 

BRANDT (D' Alexandre), professeur à l’Institut vétérinaire de l’Université de 
Kharkow (Russie). 

BRANDT (Dr Ed.), professeur à l'Université de Saint-Pétersbourg, 17, rue 
Nadeschdinskaïa, logement n° 5, à Saint-Pétersbourg (Russie). 

BRITTO (D' Victor de), à Pelotas, province de Rio Grande do Sul (Brésil). 

BRUMAULD DE MONTGAZON (D' Alphée), 3, rue de Mirbel, à Paris. 

BRUSINA (D° S.), professeur à l'Université, directeur du Musée national zoolo- 
gique, à Agram, Croatie (Autriche-Hongrie). 

* BUREAU (Dr Louis), directeur du Musée, professeur à l’École de médecine, 
45, rue Gresset, à Nantes (Loire-Inférieure). 

CALMELS, à l'Hôtel-Dieu, à Paris. 

CAMERANO (D' Lorenzo), au Musée zoologique de Turin (Italie). 

CAMPBELL (John M.), Kelvingrove Museum, à Glasgow (Écosse). 

CAZANOVE (Joseph de), ornithologiste, à Avize (Marne). 

CERTES (A.), inspecteur des finances, 21, rue Barbet-de-Jouy, à Paris. 

CHABAUD (Dr Félix), de Cannes, 14, rue de la Sorbonne, à Paris. 

CHATIN (D' Joannès), professeur-agrégé à l’École de pharmacie, maître de 
conférences à la Faculté des sciences, 128, boulevard Saint-Germain, à 
Paris. 

CHAPER (Maurice), ingénieur, 31, rue Saint-Guillaume, à Paris. 

CHEVREUX (E.), sur le Port, au Croisic (Loire-Inférieure). 

CHICHATSKY (Me Marie), Maison du D' Gortinsky, à Tschernigoff (Russie). 

CHUDZINSKI (Théophile), préparateur au laboratoire d'anthropologie de l’École 
des Hautes-Études, licencié ès-sciences naturelles de l’Université de Mos- 
cou, 5, rue du faubourg Saint-3acques, à Paris. 

CLADO, interne des hôpitaux, 4, rue Dolomieu, à Paris. 

CLEMENT A. L.), (Membre à vie), dessinateur, 34, rue Lacépède, à Paris. 

COLLARDEAU DU HEAUME (Marie-Philéas), 22, rue Chauchat, à Paris. 

* COLLIN DE PLANCY (V.), interprète à la légation française, à Pékin (Chine). 

CONTA (M!! Pulcheria), étudiante en médecine, 34, rue d'Ulm, à Paris. 

CORY (Chas.-B.), Esq., 8, Arlington street, à Boston, Mass. (États-Unis). 

COSSON (D'), membre de l’Institut, 7, rue La Boëtie, à Paris. 

COTTEAU {G.), juge honoraire, à Auxerre (Yonne). 

COUSIN (Auguste), 61, rue du Rendez-vous, à Paris. 

COUTAGNE (Georges), ingénieur à la Poudrerie nationale de Saint-Chamas 
(Bouches-du-Rhône). 

* CRETTÉ DE PALLUEL (Albert), 41, rue Cambon, à Paris. 

CRIÉ (D' Louis), professeur à la Faculté des sciences, à Rennes (Ille-et-Vilaine). 

CUSTAUD (Dr L.), médecin civil, à Akbou (Algérie). 


x LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


DALGLEISH (John-James), B. O. U., propriétaire, 8, Atholl crescent, à Édim- 
bourg (Écosse). 

DAUTZENBERG (Philippe), 213, rue de l’Université, à Paris. 

* DAVID (l'abbé Armand), missionnaire en Chine, 95, rue de Sèvres, à Paris. 

DEBIERRE (D'), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, 5, quai Claude 
Bernard, à Lyon (Rhône). 

DELAHAYE (Luc-Joseph), peintre d'histoire naturelle, 142, rue Lamartine, 
à Paris. 

* DELAMAIN (Henri), négociant, à Jarnac (Charente). 

DEMAISON (Louis), 9, rue Rogier, à Reims (Marne). 

DEMBO (Dr Isidore), 64, quai du Canal Catherine, à Saint - Pétersbourg 
(Russie). 

DEMETZKY (Jules de), IV, Kigyo ütcza, 1, à Budapest (Hongrie). 

DENIKER (J.), 19, rue Berthollet, à Paris. 

DENIS (D' Clément), d'Haïti, 7, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, à 
Paris. 

DESFOSSES (D' Léonce), à Boussac (Creuse). 

DESGUEZ (Charles), attaché au Muséum d’histoire naturelle, à Paris. 

* DESLONGCHAMPS (Eudes), professeur à la Faculté des sciences, rue de 
Geôle, à Caen (Calvados). 

DEYROLLE (Émile), 23, rue de la Monnaie, à Paris. 

DODIEAU (René), étudiant en médecine, 430, rue de Rivoli, à Paris. 

* DOLLEUS (Adrien), directeur de la Feuille des jeunes naturalistes, 35, rue 
Pierre-Charron, à Paris. 

DOUAI (Musée d'histoire naturelle de), à Douai (Nord). 

DOUVILLÉ, professeur à l'Ecole des mines, 207, boulevard Saint-Germain, à 
Paris. 

DRESSER (H.-E.), Esq., F.Z. S., F. B. O. U., etc., S'-Margarets, Norwood 
hill, S. E., à Londres (Angleterre). 

DUBOIS (D' Alphonse), conservateur du Musée royal d'histoire naturelle de 
Belgique, 91, rue des Rentiers, à Etterbeck-Bruxelles (Belgique). 

DUBOIS (Dr Raphaël), préparateur du cours de physiologie à la Sorbonne, 
3, rue d'Ulm, à Paris. 

DUVAL (D° Mathias), professeur à l’École d'anthropologie et à l'École des 
beaux-arts, professeur-agrégé à la Faculté de médecine, membre de l'Aca- 
démie de médecine, 11, cité Malesherbes, à Paris. 

ÉBRARD (Sylvain), aux aciéries d'Unieux (Loire). 

* ELLIOT (P.-G.), (Membre à vie), Esq., F. Z. S., etc., à Staten island, près 
New-York (États-Unis). 

ESCARRAS (D° Louis), à Cannes {Alpes-Maritimes) et 34, rue du Cardinal- 
Lemoine, à Paris. 


LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ xl 


FABRE-DOMERGUE (Paul), licencié ès-sciences naturelles, 16 bis, rue Censier, 
à Paris. ; 

FATIO (Victor), 4, rue Massot, à Genève (Suisse). 

FAUQUE (1.), au jardin d’acclimatation, Bois de Boulogne, à Paris. 

FAUROT (D' Lionel), 421, rue de Rennes, à Paris. 

FERRÉ (D Gabriel), chef des travaux histologiques à la Faculté de médecine, 
à Bordeaux (Gironde). 

FISCHER (D' Paul), aide-naturaliste au Muséum, 68, boulevard Saint-Marcel, 
à Paris. 

FUCHS (L.), répétiteur d'histoire naturelle à l'École vétérinaire, à Alfort (Seine). 

GACHE (Henri), 405, avenue Victor Hugo, à Paris. 

GADEAU DE KERVILLE (Henri), 7, rue Dupont, à Rouen (Seine-Inférieure). 

GARDILLION (D' Louis), à Goderville (Seine-Inférieure). 

GARMAN (Samuel), assistant of Ichthyology and Herpetology at the Museum 
of Comparative Zoôlogy, at Harvard College, à Cambridge, Mass. (États- 
Unis). 

GAUTHIER (Dr Vicente), préparateur à l’Institut de thérapeutique expéri- 
mentale, 6, vico Belledone, à Chiaia, à Naples (Italie). 

GAY (Octave), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, pharmacien en 
chef de l’hôpital Laennec, à Paris. 

GAZAGNAIRE (J.), 39, rue de la Clef, à Paris. 

GER VAIS (Dr Henri), aide-naturaliste au Muséum, 413, rue de Navarre, à Paris. 

GIARD ({A.), député, professeur à la Facalté des sciences de Lille, 181, boule- 
vard Saint-Germain, à Paris. 

GIBERT (D'), 41, rue de Séry, au Hâvre (Seine-Inférieure). 

GIRARD (Albert), au Musée zoologique, à Lisbonne (Portugal). 

GIRARD (D' Maurice), professeur, 28, rue Gay-Lussac, à Paris. 

GRENET (D" Adrien), à Joigny (Yonne). 

GUERMONPREZ (D° Fr.), professeur à l’Université catholique, à Lille (Nord). 

GUERNE (J. de), licencié ès-sciences, 2, rue Monge, à Paris. 

GUESDE (Dr Dominique), 53, rue de Varenne, à Paris. 

HAHN (D' Philippe), médecin-major de la Romanche, au Ministère de la 
marine, à Paris. 

* HAMONVILLE (Baron Louis d’), (Membre donateur), conseiller général de 
Meurthe-et-Moselle, au château de Manonville, par Noviant-aux-Prés (Meur- 
the-et-Moselle). 

HARVIE-BROWN (John, A.), F. R.S. E., F. Z. S., President of the Natural 
History Society of Glasgow, Dunipace House, à Larbert, N. B. (Écosse). 

* HÉRON-ROYER, négociant, 22, rue de Cléry, à Paris. 

HERVÉ (D° Georges), professeur-suppléant à l’École d'anthropologie, 49, rue 
La Bruyère, à Paris. 


XII LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


HONNORAT (Édouard F.), quartier des Sièyes, à Digne (Basses-Alpes). 

* HUGO (Comte Léopold), statisticien au Ministère des travaux publics, 44, 
rue des Saints-Pères, à Paris. 

HYADES (D'), médecin de première classe de la marine, 6, rue Oudinot, à Paris. 

JANVIER (D Louis Joseph), 4, rue de l'École de médecine, à Paris. 

JOUBIN (Louis), préparateur à la Faculté des sciences, 44, boulevard Saint- 
Michel, à Paris. 

JOURNÉ (Camille), mail des Tauxelles, à Troyes (Aube). 

* JOUSSEAUME (D' Félix), (Membre à vie), 6, rue de Vanves, à Paris. 

JOUSSET DE BELLESME {D'), 12, rue Chanoinesse, à Paris. 

JOYEUX-LAFFUIE (Dr J.), maître de conférences à la Faculté des sciences, 
38, rue Monge, à Paris. 

JULIANY (Joseph}, 12, place de l’Hôtel-de-Ville, à Manosque (Basses-Alpes). 

JULLIEN (D' Jules), 30, rue Fontaine, à Paris. 

JUMEAU, ingénieur, 23, rue Rôtisserie, à Béziers (Hérault,. 

KEMPEN (Van), 42, rue Saint-Bertin, à Saint-Omer (Pas-de-Calais). 

KUNCKEL D'HERCULAIS (Jules), aide-naturaliste au Muséum d'histoire na- 
turelle, 20, villa Saïd, à Paris. 

KUNSTLER (J.), maître de conférences à la Faculté des sciences, à Bordeaux 
(Gironde). 

* LACROIX (Adrien), 4, rue Clémence-Isaure, à Toulouse (Haute-Garonne). 

LAFFONT (D' Marc), 53, quai Bourbon, à Paris. 

LALAIN-CHOMEL (Emmanuel de), 15, rue Richer, à Paris. 

LALLEMANT, pharmacien, à l'Arba, près Alger (Algérie). 

LANDOWSKI (D' Paul), 36, rue Blanche, à Paris. 

LANGLASSÉ (René), 42, quai National, à Puteaux (Seine). 

LARCHER (Dr Oscar), membre de la Société de Biologie, 95, rue de Passy, 
à Paris. 

LARGUIER DES BANCELS (D'), conservateur du Musée de zoologie de Vaud, 
à Lausanne (Suisse). 

LASSÈRE (Laurent), pharmacien, à Saint-Sever (Landes). 

* LE BRETON (André), secrétaire de correspondance à la Société des Amis 
des sciences naturelles, 21, rue de Buffon, à Rouen (Seine-Inférieure). 

LEMETTEIL (Pierre-Eugène), propriétaire, 2, rue de la Barrière, à Bolbec 
(Seine-Inférieure). 

LEMOINE (D'), professeur à l'École de médecine, 49,boulevard des Promenades, 
à Reims (Marne) 

LENNIER (G.), directeur du Muséum d'histoire naturelle, 2, rue Bernardin de 
Saint-Pierre, au Hävre (Seine-Inférieure). 

LE RICHE (J.-B.), instituteur, à Gézaincourt, près Doullens (Somme). 

* LESCUYER (F.), à Saint-Dizier (Haute-Marne). 


LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XL 


LILLE (Faculté des sciences de), à Lille (Nord). 

LOYE (Paul), préparateur du cours de physiologie à la Sorbonne, 54, rue 
Claude-Bernard, à Paris. 

* LUBOMIRSKI (le prince Ladislas), (Membre à vie), 25, allée d’Osejardoff, à 
Varsovie (Pologne). 

LUCAS (Frédéric A.), United States National Museum, à Washington, D. C. 
(États-Unis). 

* LUNEL (Godefroy), conservateur du Musée d’histoire naturelle, aux Bastions, 
à Genève (Suisse). 

MAGAUD D’AUBUSSON (Louis), 36, rue Poussin, à Paris. 

MAGGI (Leopoldo), professeur d'anatomie et de physiologie comparées à l’Uni- 
versité de Pavie (Italie). 

MAGNIN (D' Paul), 1, rue Malus, à Paris. 

MAILLES, 84, rue Saint-Honoré, à Paris. 

MALHERBE (D' Aimé), 63, rue du Bac, à Paris. 

MALLOIZEL (Godefroy), sous-bibliothécaire au Muséum d'histoire naturelle, 3, 
boulevard Arago, à Paris. 

MAN (D' J.-G. de), à Middelbourg (Hollande). 

MANOUVRIER (D' L.), professeur-suppléant à l'École d'anthropologie, 45, 
rue de l’École-de-Médecine, à Paris. 

MANRIQUE (D' Juan), #4, rue Jacob, à Paris. 

MARCHAND (Jean-Albert), cloître Notre-Dame, à Chartres (Eure-et-Loir). 

* MARCHE (Alfred), voyageur naturaliste, en exploration aux Philippines 
(Océanie). 

MARCUS (Samuel), étudiant en médecine, 58, rue Jacob, à Paris. 

MARION, professeur à la Faculté des sciences, à Marseille (Bouches-du-Rhône). 

* MARMOTTAN (D'}, 31, rue Desbordes Valmore, à Paris. 

MAUXION (Abel), étudiant en médecine, 34, rue Saint-Jacques, à Paris. 

MÉGNIN (P.), 19, rue de l’Hôtel-de-ville, à Vincennes (Seine). 

MELLO (D° Guedes de), 424, rue de Rennes, à Paris. 

MENZBIER (D' Michel), professeur d'anatomie comparée à l’Université, à 
Moscou (Russie). 

MÉREJKOWSKY (Constantin de), à l’Université, à Saint-Pétersbourg (Russie). 

MERLE, propriétaire, à Bourbon-Lancy (Saône-et-Loire). 

MILLIARD (Charles), à la Ferté-Aleps (Seine-et-Oise). 

MINOR (Dr L.), rue Pokrowka, maison Sirotinin, à Moscou (Russie). 

MOLLIÈRE-LABOULAYE, avocat à la Cour d’appel, 2 bis, boulevard du 
Temple, à Paris. 

MONIEZ (Dr Romain), professeur d'histoire naturelle à la Faculté de médecine, 
à Lille (Nord). 

MORGAN (Jacques de), 27, avenue de Villars, à Paris. 


XIV LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


MORS (Émile), 4, rue Solférino, à Paris. 

MOTT (Dr Walker), Lecturer à la Faculté de médecine, 65, Grove street, à 
Liverpool (Angleterre). 

NICHOLSON (Francis), Esq., The Grove, Oldfeld, Altrincham, Cheshire (An- 
gleterre). 

NINNI (D' Al.-P.), membro del comitato direttivo del civico Museo di Venezia, 
3392, S. Lorenzo, à Venise (Italie). 

OBERTHUR (Charles), imprimeur, à Rennes (Ille-et-Villaine). 

OLIVE (Gaspard), 3, rue de la Pyramide, à Marseille (Bouches-du-Rhône). 

OUDRI, major du 38 tirailleurs algériens, à Constantine (Algérie). 

OUSTALET (D' Émile), aide-naturaliste au Muséum, 20, rue Monsieur le 
Prince, à Paris. 

PARIZE (Pierre), directeur de la Station agronomique, à Morlaix (Finistère). 

PARKIN (Thomas), F. R. G. S., F. Z. S., à Halton Vicarage, Hastings (Angle- 
gleterre). 

PARTRIDGE (William Daniel), administrateur de la Station maritime de phy- 
siologie et de l’aquarium, 445, rue de Paris, le Hävre (Seine-Inférieure). 

PARVEX DE MURAZ, 45, rue des Écoles, à Paris. 

PAUCHON (D° A.), professeur suppléant à l'Ecole de médecine, 60, rue du 
Tapis Vert, à Marseille (Bouches-du-Rhône). 

PÊCHEUR (Ch.-Marie-Jules), 43, Grande-Rue, Vieille-Ville, à Nancy (Meurthe- 
et-Moselle). 

PELLETIER (A.-J.-Horace), avocat à la cour d'appel de Paris, à Madon, com- 
mune de Condé, par Blois (Loir-et-Cher), 

PELLETIER (Xavier), industriel, à Elbeuf (Eure). 

PELZELN (August von), Custos am Naturaliencabinet, Vienne (Autriche). 

* PENNETIER (Dr Georges), directeur du Musée d'histoire naturelle de 
Rouen, professeur à l’École de médecine, 9, rue Alain-Blanchart, à Rouen 
(Seine-Inférieure). 

PERRAVEX (Eugène), préparateur à ia Faculté des Sciences, 1, rue Rameau, 
à Dijon. 

PERRONCITO (Dr Édouard), professeur à l'École vétérinaire et à l'Université 
de Turin (Italie). 

PETIT (Louis), naturaliste, 10, rue Monsieur le Prince, à Paris. 

PIERSON (Henri), 7, rue Pierre-Lescot, à Paris. 

PILLIET (Alexandre), 4, rue des Écoles, à Paris. 

PINTO (D' Cerqueira), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, à Bahia 
(Brésil), et 424, rue de Rennes, à Paris. 

PLATEAU (Félix), professeur à l'Université, 64, boulevard du jardin z0olo- 
gique, à Gand (Belgique). 

POUGNET (Eugène), à Landroff (Lorraine). 


LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ XV 


PRAT (Dr Jules-Marie), #, rue Milton, à Paris. 

PUGA BORNE (D' Federico), directeur du Muséum, à Valparaiso (Chili). 

RABOT (Charles), 41, rue de Condé, à Paris. 

RAFFRAY (Achille), consul de France, à Tamatave (Madagascar). 

RAILLIET (A.), professeur d'histoire naturelle à l’École vétérinaire, à Alfort 
(Seine). 

REGNARD (D' Paul), professeur à l’Institut national agronomique, directeur- 
adjoint du laboratoire de physiologie de la Sorbonne, 46, boulevard Saint- 
Michel, à Paris. 

REY (D Philippe), médecin-adjoint à l'asile de Ville-Évrard (Seine-et-Oise). 

RICHET (D' Charles), professeur-agrégé à la Faculté de médecine, 15, rue de 
l'Université, à Paris. 

ROCHEBOUET (Fernand de), au château de Rouwolts, à Chaumont (Maine-et- 
Loire). 

* ROTHSCHILD (le baron Edmond de), (Membre donateur), 19, rue Laffitte, à 
Paris. 

ROTROU (Alexandre), pharmacien, à la Ferté-Bernard (Sarthe). 

SALEM (Aziz), étudiant en médecine, 28, rue Racine, à Paris. 

SANCHEZ (D' Jésus), professeur de zoologie à l’Université, directeur du Musée 
national, à Mexico (Mexique) 

SAUNDERS (Howard), Esq., F. Z. S., F. L. S., etc., 7, Radnor place, Glou- 
cester square, à Londres (Angleterre). 

SAUVAGE (D' Émile), directeur de la station aquicole, 9, rue Tour Notre- 
Dame, à Boulogne (Pas-de-Calais). 

SAUVINET (L.-Ernest), 45, rue de Buffon, à Paris. 

* SÉDILLOT (Maurice), 20, rue de l’Odéon, à Paris. 

SEMALLÉ (René de), (Membre donateur), propriétaire, 1, rue de l’Ermitage, 
à Versailles (Seine-et-Oise). 

SEOANE (V. Lopez), avocat et propriétaire, 58, calle Real, à la Corogne 
(Espagne). 

SHELLEY (captain Georges-Ernest), (Membre à vie), F.Z., S., etc., 6, In- 
terden street, Hanover square, à Londres (Angleterre). 

SICARD (Dr Henri), professeur à la Faculté des sciences, 2, place Kléber, à 
Lyon (Rhône). 

* SIMON (Eugène), entomologiste, 46, villa Saïd, à Paris. 

SMITH (Joseph), licencié ès-sciences naturelles, 41, avenue des Gobelins, à 
Paris. 

SOLIRÈNE (Alexandre), pharmacien, 47, rue Soufflot, à Paris. 

STEINDACHNER (D°' Frantz), directeur du Musée royal de Vienne, 20, Kohl- 
markt, à Vienne (Autriche). 

TALAVERA (D' Joachim), 70, calle Prat, à Valparaiso (Chili). 


XVI LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 


TERQUEM, 78, rue de la Tour, à Passy-Paris. 

TESTUT (D' L.), Professeur à la Faculté de médecine, à Lille (Nord). 

THOMAS (D' Llewelyn), 15, Weymonth street, W., à Londres (Angleterre). 

THOMAS (Ph.), vétérinaire en 4er au 102 hussards, à Nancy (Meurthe-et- 
Moselle). 

TIRANT (D' Gilbert), administrateur des affaires indigènes, Cochinchine. 

TOURNEUX (D Frédéric), professeur à la Faculté de médecine, 57, rue Brüle- 
maison, à Lille (Nord). 

TRAMOND, naturaliste, 11, rue de l'École-de-Médecine, à Paris. 

TRUTAT (Eugène), conservateur du Musée d'histoire naturelle, à Toulouse 
(Haute-Garonne). 

* VIAN (Jules), (Membre donateur), 42, rue des Petits-Champs, à Paris. 

VIAN (Paul), 3, rue Turbigo, à Paris. 

VILEMAREST (le baron de), 14, rue des Saints-Pères, à Paris. 

VILLENEUVE-ESCLAPON-VENCE (Mis de), 27, avenue Marceau, à Paris. 

WAGA (Dr Antoine), à Varsovie (Pologne). 

WAVRIN (marquis de), 49, boulevard du Régent, à Bruxelles (Belgique). 

WEBER (D° Max), professeur à l’Université, à Amsterdam (Hollande). 

WEISGERBER (D' H.), 262, faubourg Saint-Honoré, à Paris. 

WIEDERSHEIM (D' Robert), professeur à l’Université de Fribourg en Brisgau 
(Allemagne). 

WRZESNIOWSKI (Auguste), professeur à l’Université, 43, rue Widok, à Var- 
sovie (Pologne). 

ZANNELLIS (D), à Mouliherne (Maine-et-Loire). 


MATÉRIAUX 


POUR SERVIR A LA 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 


Par E. SIMON 


NEA CE NIDES 
RECUEILLIS A WAGRA-KAROOR PRÈS GUNDACUL, DISTRICT DE BELLARY (1) 


Par M. M. CHAPER 
Président de la Société Zoologique de France 


a ——— 


SOLIFUGÆ 


1. GALEODES ORIENTALIS Stoliczka, Journ. Asiat. Soc. Bengal., 
0 D 20), DIV, Mt. Æ1el.9," 1606: 


Cette espèce m'était inconnue quand j'ai publié la Révision des 
Galéodes (2) ; elle est surtout voisine de G. araneoides Pallas ; les 
pattes ont la même coloration, chez le mâle surtout : le tibia et le 
métatarse de la patte-màchoire et de la quatrième paire de pattes 
sont également rembrunis et violacés, le métatarse de la patte- 
mâchoire est également fusiforme. Chez G. orientalis la partie cé- 
phalique est plus petite et plus étroite, les épines sériales sont 


(1) Les Arachnides qui font l’objet de ce mémoire font partie des Collections du 
Muséum de Paris. 

(2) Essai d'une classification des Galéodes, etc., Etudes Arachnol. n° XVI, in 
Ann. Soc. Ent. Fr., 1879, p. 93. 


1 


2 EUGÈNE SIMON 


plus courtes et plus robustes, presque comme chez G. barbarus 
Lucas, le flagellum des chélicères est plus court. Chez tous les 
Galeodes, le flagellum se compose d’une partie basilaire cylindrique 
et d’une partie terminale lancéolée très allongée avec la face 
interne villeuse; tandis que chez G. arancoïdes la partie cylin- 
drique est presque aussi longue, chez orientalis elle est beaucoup 
plus courte que la partie lancéolée. Chez le mâle, les tarses de la 
quatrième paire sont très différents en dessous; chez G.araneoides, 
ils sont armés de quatre paires d’épines assez longues et diver- 
gentes (1) et les trois articles sont également garnis de crins ro- 
bustes mais effilés et aigus; chez orientalis au contraire, les tarses 
de la quatrième paire offrent quatre paires d’épines latérales 
courtes non divergentes, les deux premiers articles sont revêtus 
de crins très robustes et tronqués en forme de petits bâtonnets 
tandis que le troisième article n'offre que des soies fines ordi- 
naires. Chez G. orientalis d', le 5e segment ventral de l’abdomen 
offre une ligne d’épines bacilliformes comme chez G. barbarus, 
mais plus longues et plus fines. 


G. orientalis paraît commun à Wagra-Karoor; il a été découvert 
au Bengale par Stoliczka, et indiqué à Madras par M. A. Butler 
(Trans. Ent. Soc., 1873, p. 415). 


2. RHAX ANNULATA SP. noOVv. 


@ long. 48m. — Cephalothorax parte cephalica nigra rubro 
setulosa, parte thoracica albo testacea, tubere oculorum fere ro- 
tundo, vix distincte sulcato. Abdomen albo-testaceum utrinque 
nigro variatum, albo tenue et longe setulosum, segmentis ventra- 
libus I et II longitudinaliter anguste canaliculatis. Chelæ nigro se- 
tulosæ, intus spinis VIT armatæ. Pedes-maxillares fulvi, tibia late 
nigro annulata, metatarso tarsoque ad apicem rufo brunneis, 
metatarso subtus spinis acutis 10 vel 12irregulariter armato. Pedes 
flavi, nigricante annulati, tarso I fusco rufescente. 


Partie céphalique et chélicères noires à pubescence rougeâtre ; 
partie thoracique blanc testacé. Abdomen blanc testacé, garni de 
crins blancs fins et longs avec les segments tachés de brun laté- 


(1) Quelquéfois il n'y a que trois paires d'épines aux tarses postérieurs chez 
les mâles de G. araneoïdes. 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 3 


ralement et le segment terminal noirâtre au moins en dessous. 
Pattes-mâchoires et pattes jaune clair; patte-mâchoire avec le 
tibia marqué d’un large anneau noirâtre plus développé en dessous 
et le tarse brun-rouge dans la seconde moitié; pattes de la 
1" paire avec le tarse brun-rouge ; pattes des paires IT, III et IV 
avec un large anneau noirâtre terminal au fémur, pattes de la 
3e paire offrant de plus un anneau semblable au tibia. — Partie 
céphalique lisse, garnie de crins longs, inégaux, mais assez fins. 
— Mamelon oculaire grand, à peine plus large que long, marqué 
d’une strie médiane très faible n’atteignant pas les extrémités ; 
yeux assez gros, leur intervalle un peu plus étroit que leur dia- 
mètre. — Abdomen à segments ventraux I et IT canaliculés ; seg- 
ments II et IT obtusément échancrés au bord postérieur. — Ché- 
licères lisses, garnies de crins inégaux assez fins, offrant de plus 
au bord interne une ligne de 7 épines assez longues, surtout les 
terminales ; crochet fixe beaucoup plus court que la tige, irrégu- 
lièrement strié en dessus, fortement arqué ; dents des chélicères 
disposées comme chez R. melanocephalus E. S. (1). Patte-mà- 
choire : tibia un peu élargi de la base à l'extrémité ; métatarse et 
tarse presque cylindriques, obtus, un peu plus longs quele tibia ; 
métatarse pourvu en dessous de 12 à 15 épines aiguës, irrégu- 
lières, tarse présentant quelques épines plus petites; métatarse 
de la 1"° paire garni en dessus d'épines assez fines presque sem- 
blables à celles de la patte-mâchoire; métatarses des paires II et 
III armés en dessus d’une ligne de 6-7 épines rougeâtres très 
fortes et coniques ; métatarse IV sans épines en dessus, offrant 
en dessous, ainsi que le tarse, quelques épines plus faibles. 


Un seul individu. 

Cette espèce est surtout voisine de À. melanocephalus E. S. (de 
Nubie), elle en diffère principalement par le mamelon oculaire 
moins distinctement strié et par la coloration des pattes : chez 
melanocephalus, en effet, les pattes des trois paires postérieures 
sont entièrement jaunes, nullement annelées, tandis que la patte- 
mâchoire et les pattes de la première paire ont le tarse et le méta- 
tarse noirs, enfin chez melanocephalus les deux articles terminaux 
de la patte-mächoire sont plus courts relativement au tibia. 


(1) Cf. L. ec. Ann. Soc. Ent. Fr., 1879, dans cette description c’est par suite d’un 
lapsus (p. 123, ligne 2) que « crochet fixe » a été imprimé en place de « crochet 
mobile ». 


4 EUGÈNE SIMON 


ARANEZÆ 


3. THYENE (1) SEMICUPREA SP. nov. 
d. Céph.th., long. 44; larg., 3"m8. — Paites, 1, 3, 4, 2. 


Cephalothorax crassus et altus fusco-rufescens, pube subsqua- 
mosa flavo-cuprea omnino obtectus, parte thoracica utrinque 
maculis tribus obliquis divaricatis, linea marginali atque punctis 
mediis duobus sordide albido opacis ornata, pilis fasciei albidis 
crassis. — Abdomen anguste elongatum supra fuscum flavo-cu- 
preo pubescens, antice vitta transversa, in medio punctis duobus, 
dein lineis transversis duabus approximatis prima subtriangulari 
albido opacis ornatum, infra nigricans late flavo marginatum. 
Chelæ fusco-rufescentes, ad apicem compressæ et carinatæ, ad 
basin dense albido squamulatæ. — Pedes obscure fusci fere nigri, 
anticis robustioribus, tibiis haud dilatatis, pilis longissimis vesti- 
tis. — Pedes-maxillares gracillimi, fusci, supra apice femoris, 
patella, tibia basique tarsi albido crasse pubescentibus; tibia 
extus ad apicem apophysa minuta bifurcata instructa; tarso mi- 
nuto, angusto ad apicem truncato ; bulbo simplice plano. 

@.long., 7nm, — Cephalothorax crassus fusco-rufescens, supra 
flavo-cupreo lateribus albido pubescens, parte cephalica paulo 
obscuriore maculis ocularibus nigris notata, parte thoracica vittis 
duabus fuscis latis et abbreviatis supra notata; parte cephalica 
utrinque fasciculo setarum nigrarum validarum instructa; pilis 
oculorum flavis, pilis clypei sordide albis longis. — Abdomen ova- 
tum fulvo-testaceum albo rufoque pubescens, utrinque dense et 
irregulariter fusco striatum, in medio vitta testacea lala acute 
bidentata ornatum, infra testaceum utrinque albido pubescens in 
medio vitta longitudinali fulva parum expressa apicem versus 
attenuata notatum. Pedes crassi, coxis fulvis, femoribus fulvis 


(1) Thyene, nom nouveau pour remplacer celui de Thya E, Simon, 1876, préoc- 
cupé : Curtis, Neuropt., 1834 — Le genre Thyene est très voisin du genre Hyllus 
C. Koch: il en diffère surtout par la forme de l'aire oculaire dorsale : chez Hyllus 
cet espace est à peine plus large en arrière qu'en avant, une ligne droite tirée du 
bord interne des yeux supérieurs coupe les latéraux antérieurs, tandis que chez 
Thyene le côté postérieur est beaucoup plus large au point qu'une ligne semblable 
passe en dehors des latéraux antérieurs. Chez les Hyllus le céphalothorax est plus 
élevé dans le milieu. — Dans le genre Mogrus E. S., la partie céphalique a en 
dessus presque la même forme que chez les Thyene, mais les yeux postérieurs ne 
sont pas débordés ou le sont à peine. 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE D 


ad apicem fusco annulatis, articulis reliquis cunctis fusco rufes- 
centibus. Pedes-maxillares albo testacei. Area vulvæ rufula nitida 
plana, antice fovea magna rotundata vel late cordiformi notata. 


d — Céphalothorax presque lisse, très large vers le tiers anté- 
rieur et arrondi latéralement, fortement atténué en avant et en 
arrière, très élevé, brun-rouge foncé avec les yeux largement 
bordés de noir, entièrement garni de pubescence serrée, sub- 
squameuse, jaune cuivreux ; parties latérales ornées de trois taches 
obliques, blanc-jaunâätre mat, disposées en rayons peu réguliers ; 
partie thoracique offrant de plus une ligne marginale, un point 
clair triangulaire, au niveau des yeux dorsaux,'et un autre vers le 
milieu ; partie céphalique pourvue de quelques longs crins noirs 
dressés isolés, mais point de faisceaux latéraux. — Cils et barbes 
très serrés et longs,blanc-jaunâtre.—Yeux antérieurs très inégaux, 
en ligne fortement courbée, intervalle des médians aux latéraux 
au moins aussi large que le diamètre de ceux-ci. — Abdomen 
étroit et long, très atténué en arrière, brun-olivâtre à pubescence 
fauve obscur, mêlée, surtout en arrière, de quelques squames 
dorées, orné de dessins blanc-jaunâtre mat formés de poils sub- 
squameux : au bordantérieur une large bande transverse, ensuite 
deux points, puis, vers le milieu, une tache transverse triangulaire 
suivie d’une simple ligne également transverse; ventre noirâtre 
avec une large bande latérale jaunâtre obscur garnie de poils et 
de squames ; filières noires.—Chélicères brun-rouge garnies dans 
leur moitié basilaire seulement de squames jaunâtres, leur seconde 
moitié fortement comprimée avec une carène antérieure aiguë. — 
Pattes brun-rouge foncé, les antérieures presque noires, garnies 
de poils noirs isolés etde squames jaunâtres formant des anneaux 
incomplets aux articulations; fémurs très robustes, surtout les 
antérieurs; tibias antérieurs non dilatés, parallèles, garnis en 
dessous de longs crins ne formant point brosse, pourvus en des- 
sous de 3-2 épines dont les internes plus longues; métatarses I 
et Il offrant en dessous 2-2 épines. Pattes postérieures fortement 
épineuses. — Patte-mâchoire brun-rouge foncé avec l'extrémité 
du fémur, la patella, le tibia et la base du tarse garnis de poils 
blanchâtres épais; tibia offrant de plus de longs crins noirs di- 
vergents ; patella plus longue que large, parallèle; tibia à peine 
plus long que la patella, un peu plus étroit, cylindrique, pourvu 
à l’angle inféro-externe d'une courte apophyse noire, divisée en 
deux branches égales très divergentes, la branche inférieure 


6 EUGÈNE SIMON 


pourvue elle-même sur sa face antérieure de 3 très petits den- 
ticules; tarse petit, à peine plus long que le tibia, étroit, 
parallèle, tronqué presque carrément ; bulbe très simple, nulle- 
ment convexe, discoïde, brun-rouge avec une zone marginale in- 
terne testacée, limitée par un fin stylus adhérant. 


4. — SAÏTIS CHAPERI SP. nOV. 


@ (pulla), long., 2%%7, — Cephalothorax tenuissime coriaceus, 
convexus, antice longe declivis, in medio striga transversa ar- 
cuata munitus, parte cephalica nigra rufo alboque pubescente, 
parte thoracica olivacea albo pubescente vitta media infuscata 
notata, pilis oculorum supra rufulis infra albis, pilis clypei albis. 
Abdomen breve, antice truncatum, obtuse emarginatum atque 
longe nigro crinitum, postice acuminatum, supra fuscum, postice 
vitta testacea utrinque bidenticulata ornatum, lateribus et infra 
albo testaceum albo pubescens. Pedes testacei, tibiis plus minus 
fusco variatis, pedes anteriores breves et robusti, tibia patella 
haud longiori infra 2-2 longe aculeata, metatarso tarso breviori 
infra 2-2 aculeato, pedes posteriores multo longiores, patella 
cum tibia III paulo longiore quam patella cum tibia IV, patellis 
IT et IV biaculeatis. 


Céphalothorax très finement chagriné, parallèle dans la partie 
céphalique, sensiblement élargi dans la partie thoracique; assez 
fortement convexe, surtout vers le tiers postérieur et longue- 
ment incliné en avant jusqu'au bord frontal, marqué au niveau 
des yeux dorsaux d’une forte dépression transverse arquée 
en avant en forme d’accent; partie céphalique noire, garnie 
de poils rouges, mêlés de poils blancs plus longs, principale- 
ment sur les côtés; partie thoracique brun-olivâtre clair mar- 
quée d'une bande médiane et de bandes latérales brun plus 
foncé, à pubescence blanche (?) (la pubescence manque presque 
entièrement). — Yeux antérieurs en ligne droite par leurs som- 
mets, resserrés (les latéraux cependant un peu séparés) et très 
inégaux; cils rougeâtres au-dessus des yeux, blancs dans leurs 
intervalles et en dessous. Bandeau étroit, garni de barbes blan- 
ches longues et peu serrées. — Abdomen court et assez large, 
obtusément tronqué et un peu échancré en avant, acuminé en 
arrière, en dessus noirâtre varié de fauve, orné dans la seconde 
moitié d'une très large bande longitudinale jaune testacé atténuée 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 7 


en arrière et marquée de chaque côté en avant de deux fortes 
dilatations obtuses; parties latérale et ventrale blanchâtre tes- 
tacé; pubescence blanche; en dessus, bord antérieur garni de 
longs crins noirs dressés.—Plastron et pattes-mâchoires fauve clair 
testacé garnis de poils blancs épais. Pattes fauves avec les tibias 
légèrement variés de brun, garnies de crins noirs épars mêlés de 
quelques poils blancs. Pattes I et Il très courtes et robustes, 
patella et tibia égaux, tibia pourvu en dessous de 2-2 longues 
épines écartées transversalement; métatarse plus court que le 
tarse pourvu en dessous de 2-2 épines. Pattes postérieures lon- 
gues ; tibia et patella III un peu plus longs que ces mêmes articles 
à la 4 paire; patellas III et IV pourvues d’une paire d'épines 
(épigyne peu développée). 


5. MENEMERUS BALTEATUS C. Koch, 1846. 


Marpissa balteata CG. Koch, Ar., XII, p. 68, f. 1133 (d'). 

—  dissimilis C. Koch, Z. c., p. 70, f. 1135 (9). 
Attus muscivorus Vinson, Aran. Réun., etc., 1864, p. 47, pl. x, f. 1. 
Menemerus balteatus E. Sim., Ar. Yem., etc., 1882, p. 212. 


Une femelle immature, difficile à distinguer de M. melanognatus 
Lucas (— nigrolimbatus Cambr.). 

M. balteatus est répandu sur toutes les côtes de l’Afrique occi- 
dentale et orientale et dans le sud de l’Arabie. 


6. MENEMERUS PAYKULLI Aud in Sav., 1825-27. 


Pour la synonymie cf. E. Simon, Ar. Fr., t. IT, p. 81 (sub 
Hasarius), il faut ajouter à cette synonymie : 

Attus ligo Walck., Apt. I, p. 426. — et Plexippus ligo G. Koch, 
Ar, ANT, :p. 107, F 1108-69: 


Déjà indiqué de l’Inde à Bombay (Cambridge) (1) et à Ceylan 
(Karsch) (2). 

Nous laissons provisoirement cette espèce dans le genre Mene- 
merus, mais elle devra en être séparée. 


7. CYRBA ALGERINA Lucas, 1842 (sub Salticus). 
Pour la synonymie cf. E. Simon, Ar. Fr., t. IIT, p. 167. 


(1) Proceed. Zool. Soc. Eond., 1876, p. 620. 
(2) Zeischr. f. d. gesammt. Naturwissensch., LIT, 1879, p. 550. 


8 EUGÈNE SIMON 


La présence de cette espèce européenne au cœur de l’Hindous- 
tan est des plus curieuse; elle avait déjà été signalée dans le 
Turkestan par Kroneberg (Ævophrys oculata). 

Deux femelles de Wagra-Karoor différant de celles d'Europe 


par la présence de quelques poils rouges sur l’article terminal 
des pattes-mâchoires. 


8. LycosA INDAGATRIX Walck., Apt., t. I, 1837, p. 339. 
E. Simon, Ar. Birm., 1884, p. 42. 


Le type de Walckenaer, qui fait partie des collections du Mu- 
séum, est un jeune, nous avons donné depuis les caractères de 
l'adulte. 

Espèce répandue dans toutes les parties centrales et méridio- 
nales de l’'Hindoustan, très commune à Pondichéry. 


9. LYCOSA CHAPERI SP. NOV. 
& Ceph.th., long. 6"m2. — Abd., long. 8%", — ; Ceph.th., 


long. 3m, 


Cephalothorax fulvo olivaceus, lateribus albido supra flavido 
pubescens, vittis duabus fuscis latis ornatus. Oculi antici ap- 
proximati, æquedistantes, lineam vix procurvam dispositi, mediis 
multo majoribus; intervallum oculorum seriei secundæ dimidio 
diametri oculi paulo latius. Chelæ robustæ, fusco rufescentes ad 
basin albido-luteo crasse pilosæ. Abdomen supra fulvum, utrinque 
fusco punctatum, in medio maculis nigricantibus parvis et arcuatis 
tribus notatum, infra in d' albo testaceum, in $ toto nigrum. 
Sternum et coxæ fulvo rufescenta. — Pedes longi, parum robusti 
fulvi concolores. Tibia cum patella IV cephalothorace in g multo 
in $ paullo longior. 

® Plaga vulvæ sat magna, semi-circularis, impressione media 
antice angustata postice transversim valde dilatata atque partem 
transversam et bi-impressam includente notata. 

d Pedes-maxillares graciles, fulvi tarso infuscato, tibia patella 
paulo longiore cylindrica, tarso minimo longe attenuato tibia 
paulo longiore ad basin paulo latiore. 


? Céphalothorax fauve olivâtre clair, à pubescence blanc jaunâtre 
sur les côtés, fauve vif en dessus, marqué de deux larges bandes 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 9 


longitudinales brun clair peu indiquées, convergeant sur la partie 
thoracique et coupées de lignes rayonnantes plus foncées corres- 
pondant aux stries. — Yeux antérieurs en ligne à peine arquée 
en arrière, les médians près de deux fois plus gros que les laté- 
raux, équidistants, leurs intervalles plus étroits que le rayon des 
médians. Intervalle des yeux médians de la première ligne à ceux 
de la seconde plus étroit que leur diamètre. Yeux de la seconde 
ligne très gros, leur intervalle au moins d'un tiers plus étroit que 
leur diamètre. Intervalle des yeux dorsaux à ceux de la face à peine 
plus large que leur diamètre. — Abdomen ovale, en dessus fauve 
rougeûtre, finement ponctué de brun sur les côtés, orné sur la 
ligne médiane de trois fins accents noirâtres équidistants, et dans 
la première moitié d’une bande longitudinale obscure peu indi- 
quée; à pubescence fauve vif un peu rougeûtre ; en dessous épi- 
gastre brunâtre ; ventre très noir jusqu'aux filières. Hanches, 
plastron et pièces buccales fauve rougeâtre obscur avec le plas- 
tron et la pièce labiale souvent rembrunis. — Chélicères très 
robustes et convexes, brun-rouge foncé, leur face antérieure garnie 
dans la première moitié et au bord externe de poils jaunâires 
épais et assez courts; bord inférieur de la rainure pourvu de 3 
dents égales. — Pattes longues, surtout les postérieures, grêles 
aux extrémités, à fémurs robustes, fauve olivâtre, à pubescence 
fauve peu serrée et mêlée de crins. Tibia I un peu (à peine) plus 
long que le métatarse. Patella et tibia IV à peine plus longs que 
le céphalothorax. Métatarse IV plus long que le tibia, au moins 
des 2/3 de la patella. Tibias I et IL offrant en dessous 3-3-3 épines 
(les internes du tibia II très petites) deux latérales internes, point 
d’externes ; patellas I et II pourvues d’une seule petile épine 
interne; patellas III et IV de deux longues épines. — Patte-mâ- 
choire fauve avec le tarse un peu rembruni. — Épigyne en plaque 
semi-circulaire assez grande, brun-rouge, lisse et convexe, mar- 
quée d’une dépression n’atteignant pas son bord antérieur, étroite 
au milieu, très élargie triangulairement au bord postérieur, ren- 
fermant en arrière une pièce transverse noirâtre marquée elle” 
même de deux petites impressions obliques. 

d.— Céphalothorax à bandes brunes plus nettes, plus large 
dans la partie thoracique, plus rétréci dans la région frontale. 
Abdomen entièrement fauve testacé en dessous. — Pattes plus 
longues et plus grêles ; tibia IV seul aussi long que le céphalo- 
thorax. Tibias I et IT offrant, indépendamment des épines infé- 
férieures, des épines latérales internes et externes et une épine 


10 EUGÈNE SIMON 


dorsale dans la seconde moitié. — Patte-mâchoire fauve avec le 
tarse brunâtre, longue et peu robuste; fémur pourvu en dessus 
de 2 épines et à l'extrémité d’une ligne transverse de quatre; 
patella environ deux fois plus longue que large, parallèle, pour- 
vue d’une seule épine au côté interne; tibia à peine plus long 
que la patella, environ de même largeur cylindrique, pourvu au 
côté interne, près la base, d’une épine longue et fine, sans exter- 
nes; tarse petit, un peu plus long et un peu plus large à la base 
que le tibia, longuement atténué en pointe à peine plus courte 
que le bulbe; bulbe médiocre, présentant à la base interne un 
lobe coupé obliquement, vers le milieu un lobe courbe falci- 
forme, légèrement denticulé et pourvu lui-même d’une petite ca- 
rène parallèle à son bord supérieur, enfin, plus en avant, d’une 
apophyse courbée en demi-cercle, noire et rebordée au bord 
externe, lamelleuse à l’interne. 


10. LYCOSA LEUCOSTIGMA SP. nov. 


@ long. 8mmÿ, G long.8"". — Cephalothorax brevis, convexus, 
obscure fuscus, supra dense lateribus parce fulvo-cinereo alboque 
longe pubescens, utrinque maculis submarginalibus albidis tribus 
notatus. Oculorum series antica recta serie 22 paulo latior, mediis 
majoribus. Chelæ robustæ fuscæ parce fulvo setosæ. — Abdomen 
fuscum, supra fulvo parce pubescens, in parte prima vitta fulva 
lanceolata utrinque albo-bipunctata, infra omnino dense fulvo 
pubescens. Pedes breves et robusti, obscure fulvo olivacei, longe 
et parce cinereo pubescentes; tibia I supra albo-cretaceo pilosa, 
metatarsis, præsertim [ et IV, supra pone apicem albo maculatis. 
Tibia cum patella IV cephalothorace brevior. Tibiæ Let Il infra 
muticæ aculeis terminalibus minutis binis exceptis. Metatarsi 
let IT infra 2-3 breve aculeati. Scopulæ longæ parum densæ. 

d' Pedes-maxillares fulvo-olivacei, gracillimi, tibia patella haud 
breviore, tarso tibia haud longiore vix crassiore. 


?. Céphalothorax ovale, court, convexe, à front large et incliné, 
brun foncé garni de pubescence gris-fauve serrée en dessus, 
beaucoup moins dense près de Ja marge et mêlée de pubescence 
blanche formant de chaque côté une série de 3 à 4 petites taches 
submarginales irrégulières peu distinctes. — Yeux antérieurs 
en ligne droite, un peu plus large que la seconde, resserrés, les 
médians plus gros. Intervalle des yeux médians de la première 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 4 


ligne à ceux de la seconde plus étroit que leur rayon. Yeux de 
la seconde ligne médiocres, leur intervalle au moins d’un tiers 
plus étroit que leur diamètre. Intervalle des yeux dorsaux à ceux 
de la face au moins de moitié plus large que leur diamètre. — 
Abdomen ovale,court, brunâtre, garni de pubescence fauve peu 
serrée mêlée de crins, dans la première moitié une bande fauve 
longitudinale lancéolée, accompagnée de chaque côté de deux 
points blancs. Ventre et plastron brunâtre, à pubescence gris- 
fauve serrée. — Chélicères robustes et longues, brun foncé, pres- 
que lisses, garnies de crins fauves épars; bord inférieur de la 
rainure pourvu de trois dents isolées dont la 3° plus petite. — 
Pattes courtes et très robustes, brun-olivâtre, garnies de poils 
gris-fauve très longs, divergents et peu serrés; tibia de la 
1% paire garni en dessus, sauf à l'extrémité, de poils blancs 
courts et serrés; métatarses, principalement III et IV, marqués 
en dessus, vers le tiers terminal, d’une petite tache blanche. 
Tibias I et II inermes, à l’exception de 2 très petites épines 
terminales et d’une petite latérale interne subterminale. Méta- 
tarses I et II pourvus en dessous de 3-3 petites épines. — Sco- 
pulas des tarses et métatarses I et IT longues et peu serrées. — 
Patella et tibia IV un peu plus courts que le céphalothorax. Patte- 
mâchoire brun-olivâtre à pubescence fauve. (Épigyne incomplè- 
tement développée). 

d Patte-mâchoire très grêle, fémur comprimé à la base, pourvu 
en dessus de 3 épines : 1 dans la première moitié et 2 dans la 
seconde ; patella plus longue que large, presque parallèle, mutique, 
présentant quelques poils blancs au bord antérieur du côté externe; 
tibia environ de même longueur et de même largeur que la patella, 
parallèle, mutique ; tarse très petit, aussi étroit que le tibia et à 
peine plus long ; bulbe petit, brunâtre, sans apophyses saillantes. 


Plusieurs individus. Habite probablement au bord de l’eau 
comme les autres espèces de ce' groupe. L. leucostigma se rap- 
proche de Z. Leopardus Sund. et lacustris E. Sim. 


11. EVIPPA RUBIGINOSA SP. NOV. 


$ long. 6m%, — Cephalothorax ovatus antice altus, parte cepha- 
lica inter oculos nigricante pilis fulvis, pone oculos longioribus 
atque rufescentibus, dense vestita, parte thoracica fusca fulvo 
rufescente pubescente, vitta media fulvo-testacea albido pilosa 


12 EUGÈNE SIMON 


latissima postice paulo attenuata et utrinque maculis irregularibus 
quatuor submarginalibus notata. Facies nigra rufulo pilosa. Oculi 
antici lineam sat valde procurvam formantes, mediis lateralibus 
fere duplo majoribus. Chelæ nigricantes, parce fulvo pilosæ. Abdo- 
men supra rufescens dense fulvo-rufescente pubescens, maculis 
albidis pilosis triseriatim dispositis parum distincte decoratum, 
infra testaceum albido pubescens. Sternum fulvum albido parce 
pubescens.Pedes longi, graciles, albo-testacei, femoribus tibiisque 
(præsertim posticis) et extus et intus nigro vittatis, femoribus 
supra maculis nigris binis sinuosis, metatarsis posticis nigro 
lineatis, aculeis longissimis nigris subpellucentibus ad apicem 
testaceis; tibia I infra 7-7, metatarso I infra 3-3 longe aculeatis. 
Area vulvæ fusca cordiformi postice attenuata et obtusa, antice 
tuberculis duobus depressis rotundatis et rufulis, nigro marginatis 
notata. 


Très voisin de Æ. ungulata Cambr., d'Égypte et d'Arabie, s’en 
distingue principalement par la teinte générale de la pubescence 
beaucoup plus rouge, et les métatarses postérieurs nettement 
rayés de noir comme les tibias. 


12. PARDOSA PARTITA SP. nOV. 


& long. 5mm5. — Cephalothorax brevis, parte interoculari nigra 
fulvo rufescente pilosa, parte thoracica fusca fulvo obscure pubes- 
cente, in medio vitta latissima valde denticulata et antice binotata 
atque pone marginem vitta sinuosa fusco punctata obscure fulvis 
et albido pubescentibus ornata. Oculi medii antici lateralibus ma- 
jores. Intervallum oculorum seriei 22 diametro oculi haud latius. 
Chelæ ad basin fuscæ ad apicem fulvæ albido pilosæ. Sternum 
fulvo-olivaceum albido breve et parce pubescens. Abdomen supra 
fuscum maculis obliquis testaceis biseriatim dispositis parum 
distincte notatum, infra testaceum albo pubescens. — Pedes 
fulvo olivacei, femoribus tibiisque supra paulo infuscatis haud an- 
nulatis; tibiis anticis infra 2-2 longe aculeatis et ad apicem breve 
biaculeatis. — 9 plaga vulvæ mediocris, transversa, utrinque 
lobo semicirculari impresso atque in medio fovea postice atte- 
nuata et carinata notata. 


Céphalothorax assez large et court, à strie médiane thoracique 
longue; partie céphalique jusqu'aux yeux dorsaux noire ; partie 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 13 


thoracique brunâtre sur les côtés, marquée en dessus d’une très 
large bande d’un fauve obscur, découpée latéralement, atténuée 
en arrière et marquée en avant de deux petites taches brunes; 
de plus une bande submarginale très découpée et coupée de pe- 
tites taches brunes obliques; pubescence fauve rougetre en 
avant, fauve obscur en arrière, blanche et peu serrée sur la bande 
marginale. Yeux antérieurs en ligne légèrement arquée en arrière, 
médians au moins d'un tiers plus gros et un peu plus séparés. 
Intervalle des yeux de la seconde ligne environ égal à leur dia- 
mètre. — Chélicères brunes à la base, fauve obscur à l'extrémité, 
parsemées de poils blanchâtres.—Plastron fauve olivâtre, garni de 
poils blanchâtres courts et peu serrés. — Abdomen ovale allongé, 
brun-olivâtre en dessus, à pubescence fauve, marqué de deux sé- 
ries de grandes taches testacées peu distinctes, convergeant en 
avant en forme d'accents, en dessous fauve obscur à pubescence 
blanche. — Pattes fauve olivâtre; fémurs et tibias vaguemert 
rembrunis en dessus mais non annelés ; tibia I offrant en dessous 
deux paires de longues épines et 2 petits terminales, et de chaque 
côté deux latérales courtes; métatarse IV plus long que patella et 
tibia. — Plaque de l’épigyne médiocre, brun-rouge, lisse, près de 
deux fois plus large que longue, arrondie latéralement, présen- 
tant de chaque côté un lobe un peu convexe semi-circulaire mar- 
qué d’une impression sinueuse, et au milieu une fossette longitu- 
dinale atténuée en arrière et presque triangulaire divisée par une 
_rrène basse. 

Nora. — Un jeune individu du genre Thalassius (= Titurius 
E. Sim..,olim) (1), probablement différent de T. marginellus E. Sim., 
de Birmanie et de Siam, a été trouvé à Wagra-Karoor; ses carac- 
tères ne sont pas assez développés pour être décrits. 


(1) Thalassius (nom propre latin), nom nouveau pour remplacer celuide Titurius 
E. Sim. (Ar. Bim., 1881), préoccupé (Pascoe, Coléopt., 1875). 

Le genre Thalassius n'est pas synonyme, comme on pourrait le croire, du genre 
Ancylometes Bertkau (Verz. d. Brasil Arach., 1880, p. 115), les deux types sont 
très distincts : chez Thalassius. Les yeux latéraux antérieurs sont presque égale- 
ment éloignés des médians antérieurs et postérieurs, tandis que chez Ancylometes 
ils sont plus rapprochés des postérieurs, disposition qui rappelle encore davan- 
tage celle des Ctenus. Chez Thalassius, le bandeau est beaucoup plus large que 
l'aire des yeux médians, tandis que chez Ancylometes il est un peu plus étroit. — 
Aux caractères que j'ai donnés précédemment pour séparer les Thalassius des Dolo- 
medes, il faut ajouter que chez ces derniers la marge inférieure des chélicères offre 
constamment quatre dents, tandis que chez les Thalassius, de même que chez les 
Ancylometes, elle n’en présente que trois. 


14 EUGÈNE SIMON 


13. — SELENOPS MALABARENSIS E. Simon, Rév. Spar., 1880, p. 14. 


Une femelle adulte. — Le Muséum de Paris possède un mâle, 
type de l'espèce, rapporté par Dussumier de la côte de Malabar. 
Depuis le Musée civique de Gênes a reçu $S. malabarensis de 
Birmanie (cf. E. Simon). 


Â4. — HETEROPODA SEXPUNCTATA SP. nOV. 
SGCeph:th.,dlong., 5em;rlat., Ann). Pedes-p:128209; pile 
26nn8; p. JIT, 19mn; p. IV, 215. 
@ Ceph.th., long., 57 ; lat., 55. —Pedes : p. I, 20%%5 ; p. IT, 
ogum%: p. IX, 1975 ; p:,IV, 2005. 


Cephalothorax haud vel vix longior quam latior, obscure fulvo 
rufescens, lineis divaricatis fuscis irregulariter notatus, postice 
late testaceo marginatus, fulvo pubescens. Oculi antici approxi- 
mati, mediis minoribus. Oculi postici in linea paulo recurva dis- 
positi, mediis minoribus et a sese magis quam à lateralibus ap- 
proximatis. Oculi medii antici posticis evidenter minores. Clypeus 
diametro oculorum anticorum (lateralium) paulo angustior. Chelæ 
nigræ, nigro setulosæ, ad basin fulvo pilosæ. Sternum obscure 
fulvo rufescens. — Abdomen ovatum, supra obscure fulvum pos- 
tice sensim infuscatum, in parte prima punctis fuscis sex, in parte 
secunda linea fusca transversa et arcuata decoratum, subtus ful- 
vum fulvo pubescens. — Pedes sat longi , fulvo rufescentes, femo- 
ribus tibiisque supra paululum fusco variegatis, tibia IV supra 
uniaculeata, in d paulo longiore in $ paulo breviore quam ce- 
phalothorace, tarsis metatarsisque infra sat dense scopulatis. 


Céphalothorax brun rougeâtre à pubescence gris-fauve, avec 
le bord postérieur testacé, marqué en dessus d’une ligne médiane 
et de fines lignes rayonnantes irrégulières, suivant les stries, d'un 
brun plus foncé, relativement peu convexe, brusquement incliné 
au bord postérieur; strie thoracique longue. — Yeux antérieurs 
en ligne droite par leurs sommets, les médians au moins d’un 
tiers plus petits, plus séparés, leur intervalle un peu plus étroit 
que leur diamètre. Yeux supérieurs en ligne sensiblemeut cour- 
bée en avant, les latéraux plus gros élevés sur des saillies obli- 
ques, intervalle des médians un peu plus étroit que leur diamètre, 
celui des latéraux environ de moitié plus large. Yeux médians 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 4 


formant un trapèze plus long que large, les antérieurs visiblement 
plus petits que les postérieurs. Bandeau un peu plus étroit que 
les yeux latéraux antérieurs et un peu incliné. — Plastron brun 
rougeâtre clair, à pubescence fauve mêlée de crins noirs. — 
Abdomen ovale, fauve obscur rembruni sur les côtés et en ar- 
rière, marqué en dessus dans la première moitié de six points 
bruns irréguliers disposés par paires et vers le liers postérieur 
d’une fine ligne brune tranverse arquée en avant; parties latérales 
irrégulièrement ponctuées de brun ; ventre fauve testacé obscur. 
— Pattes assez longues (surtout chez d), assez robustes, brun- 
rougeâtre clair avec les fémurs et les tibias légèrement variés de 
brun foncé en dessus; scopulas noirâtres, assez serrées. Chéli- 
cères noires, lisses en avant, parsemées de crins noirs, garnies 
à la base et au bord externe de poils fauves. 

d'. — Tibia IV plus long que le céphalothorax, pourvu dans la 
seconde moitié d’une longue épine dorsale. — Patte-mâchoire 
fauve avec le tarse brunâtre ; fémur pourvu à l'extrémité en des- 
sus de 4-1 épines; patella un peu plus longue que large, parallèle, 
pourvue de chaque côté d’une seule épine; tibia visiblement plus 
long que la patella, pourvu près la base en dessus au côté interne 
de deux longues épines, et au côté externe d’une épine plus avan- 
cée; apophyse supéro-externe au moins de moitié plus courte 
que l’article, très grêle dès la base, dirigée en avant et peu di- 
vergente, légèrement sinueuse et un peu courbée en bas à la 
pointe, sa base prolongée sous le tibia en carène verticale termi- 
née inférieurement par un denticule assez fort et subaigu; tarse 
médiocre, presque aussi long que les deux articles précédents, 
ovale, légèrement échancré au côté externe. 

$.— Tibia IV un peu plus court que le céphalothorax, pourvu 
d'une épine dorsale. — Épigyne en plaque petite, convexe, noi- 
râtre et pubescente sur les côtés, marquée au milieu d’une fos- 
sette longitudinale, testacée, ovale, divisée par une carène étroite, 
élargie transversalement au bord postérieur en forme de pièce 
carrée. 


Cette espèce est voisine de 7. leprosa E. $S., elle en diffère prin- 
cipalement par le bandeau beaucoup plus étroit et par la présence 
d'une seule épine dorsale au tibia de la quatrième paire. L’apo- 
physe tibiale du mâle est entièrement différente, 


16 EUGÈNE SIMON 
15. THANATUS INDICUS SP. nOv. 


$ long. 45. — Cephalothorax paulo longior quam latior, lu- 
rido testaceus albido et flavo longe pubescens, vittis duabus 
fuscis intus rectis extus punctatis et denticulatis supra ornatus. 
Oculi antici sat magni in linea recurva dispositi, approximati, 
medii lateralibus paulo majores et inter se paulo latius quam a 
lateralibus remoti (intervallo oculorum mediorum diametro oculi 
haud latiori). Qculi postici anticis minores, lineam valde recurvam 
formantes, fere æqui atque fere æquedistantes. Clypeus area 
oculorum angustior, antice paulo deelivis, planus, fulvus fusco 
punctatus. Chelæ sat longæ, debiles, fere parallelæ, fulvæ, valde 
fusco punctatæ et crasse albido setulosæ. Abdomen angustum 
ovato elongatum, testaceo luridum, albido dense pubescens et 
parce albo-setulosum, in parte prima vitta longitudinali anguste 
lanceolata fusca fusco-rufula breve pubescente, in parte secunda 
vitta fusca lata parum expressa utrinque 3 vel 4 denticulata et 
postice sensim attenuata decoratum. Sternum venterque testaceo 
lurida albo pubescentia. Pedes longissimi et graciles lurido testa- 
cei, femoribus anticis infra parce fusco punctalis, tibiis ad basin 
utrinque fusco notatis, femoribus anticis antice 2 et supra 2 acu- 
leatis, tibiis metatarsisque parce et breve aculeatis atque parum 
dense scopulatis; tibia IV cephalothorace multo longiore. Pedes- 
maxillares breves testacei. — Vulvæ plaga magna fusca parum 
convexa, postice truncata utrinque rotundata, antice oblique 
biimpressa. 


Une seule femelle. 

Diffère surtout des espèces européennes par les yeux antérieurs 
plus gros, plus resserrés, avec les médians un peu plus gros que 
les latéraux, le bandeau beaucoup plus étroit que l’aire oculaire. 


Genus APSECTROMERUS nov. gen. 


Cephalothorax paulo longior quam latior, fere parallelus antice 
haud vel vix alttenuatus, fronte latissima atque recte truncata, 
convexus haud impressus nec striatus. — Oculi antici lineam 
paulo recurvam formantes, fere æquedistantes, medii lateralibus 
fere duplo minores. Oculi postici lineam valde recurvam forman- 


æ 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 17 


tes, medii minutissimi inter se magis quam a lateralibus approxi- 
mali. Oculi medii in trapezio paulo latiore quam longiore et postice 
quam antice latiore dispositi. Clypeus verticalis planus, area ocu- 
lorum mullo angustior. — Laminæ-maxillares angustæ longæ 
fere parallelæ, in medio paulo depressæ, ad apicem rotundatæ et 
paulo intus curvatæ. Pars labialis angusta et longa ad basin atque 
ad apicem paulo attenuata. — Sternum ovatum, multo longius 
quam latius. — Pedes 2,1,4,3; 2 et 1 fere æqui reliquis multo 
longiores, haud aculeati, femoribus infra versus medium convexis, 
tibiis I et II paulo compressis, apicem versus sensim incrassatis, 
metatarsis tarsisque longissimis, depressis, fere æquis, ad apicem 
haud attenuatis nec incrassatis, tarsis I et IT unguibus minutissi- 
mis haud pectinatis instructis. 


Se rapproche beaucoup du genre Stiphropus Gerstæcker, d’Afri- 
que (1); le céphalothorax est presque semblable, les tarses et 
métatarses sont également très longs relativement aux autres 
articles, un peu déprimés et soudés, leur séparation n'étant 
indiquée, au moins aux paires antérieures, que par une fine strie 
annulaire, les paites sont également dépourvues d’épines et les 
téguments fortement coriacés. Les Apsectromerus diffèrent cepen- 
dant des Sfiphropus par les pattes des deux paires postérieures 
plus courtes relativement aux antérieures, par les métatarses et 
tarses égaux (chez Stiphropus le métatarse est beaucoup plus 
court que le tarse), par les yeux latéraux antérieurs plus gros 
relativement aux médians. 


16. APSECTROMERUS DURIUSCULUS Sp. NOV. 


d long. 45, — Nigerrimus pedibus paulo rufescentibus. Ce- 
phalothorax convexus, fere parallelus, valde coriaceus.—Abdomen 
paulo longius quam latius fere rotundum, supra scuto magno 
tenue coriaceo et parce rugoso omnino obtectum. — Chelæ antice 
planæ, ad apicem attenuatæ, grosse et dense coriaceæ. — Sternum 
paulo convexum, antice depressum, in medio fere læve utrinque 
parce rugosum. — Pedes brevissime pilosi. — Pedes-maxillares 
breves et robusti; patella paulo longiore quam latiore à basi vix 


(L Gerstæcker, in Decken’'s Reisen in Ost-Afrika, Insekten, p.478, pl. xvru, f. 6. 
— Le genre Cyrsillus Cambridge, Proceed. Zool. Soc. Lond., 1883, p. 358, pl. xxxvi, 
f. 4, est certainement synonyme de Sfiphropus. 

5) 


ei 


18 EUGÈNE SIMON 


angustiore; tibia patella breviore, apophysa crassa divaricata ad 
apicem truncata cum angulo superiori acute producto, infra ad 
basin denticulo arcuato armata, extus ad apicem instructa ; tarso 
mediocri ovato attenuato; bulbo simplice disciformi ad apicem 
depresso et subemarginato. 


17. ARGIOPE LOBATA Pallas, 1772 (sub Aranea). 


Pour la synonymie cf. E. Simon, Ar. Fr., I, p. 29. 


A. lobata répandu dans toutes les régions méditerranéennes, 
et dans une grande partie de l'Afrique, n'avait pas encore été 
signalé dans l’Inde. 

Les individus rapportés par M, Chaper diffèrent de ceux d'Eu- 
rope par leur coloration plus foncée, l'abdomen offre en dessus 
trois bandes transverses noirâtres rappelant celles d'A. caudata 
BL. (—suavissima Gerst.). Les pattes sont entièrement noires, sans 
traces d’anneaux sur les téguments, les anneaux ne sont indiqués 
que par des poils blancs courts. L'épigyne n'offre aucune diffé- 
rence appréciable. 


18. ARGIOPE CATENULATA Dolesch., Tweede Bijdr., etc., 1852, p. 30, 
pl. 1x, f. 1 (sub Æpeira). 


Argiope opulenta Thorell, Nya exot. Epeir., p. 299. et Freg. Eug. 
Resa, Arachn., I, p. 28. 


Cette espèce n’a encore été indiquée que de Java et des Célèbes ; 
l'unique exemplaire trouvé par M. Chaper à Wagra-Karoor est de 
petite taille, ses pattes sont plus fortement annelées que chez les 
spécimens de Java; les fémurs, qui sont ordinairement presque 
noirs chez ceux-ci, sont ici fauves et ponctués de noirâtre, prin- 
cipalement en dessous. 


19. ARGIOPE ORNATA BL, Ann. Mag. nat hist., 3e sér., XIV, 1864, 
p. 43 (sub Nephila). 


Un individu de Wagra-Karoor; nous en possédons d'autres de 
Pondichéry et de Ramnad. 

Gette espèce appartient au groupe de A. œéherea Walck., (cf. 
E. Simon, Ar. Birm,, p. 24). 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 49 


20. EPEIRA RUFOMEMORATA E. Sim., Ar. Birm., 1884, p. 24. 


Une femelle incomplètement adulte. 


Cette espèce a été découverte en Birmanie par M. de Comotto 
et décrite par nous. 


21. ARTEMA MAURICIA Walck. 


Pholcus borbonicus Vinson, Aran. Réun., etc:, 1864, p. 132. 

? Pholcus distinctus Cambr., Linn. Soc. J. Zool., X, p. 380, pl. 9. 

Pholcus convezus Blackw., Ann. mag. n. h. (3), II, p. 322 (pro 
parte). 

Pholcus borbonicus L. Koch, E. Simon, etc. 


Une jeune femelle trouvée à Wagra-Karoor par M. Chaper ; 
nous en avons reçu de nombreux individus de Pondichéry où 
l'espèce est commune; semblable aux 4. mauricia d'Égypte, 
d'Abyssinie, de Zanzibar et de l'Ile de la Réunion que nous pos- 
sédons. 

D'après M. Thorell, P. sisyphoides Dolesch., de Malaisie et de 
Polynésie, généralement cité en synonymie du borbonicus est une 
espèce distincte, de même que le P. borbonicus indiqué de Perse 
(d'après des spécimens du Musée de Gênes), l'auteur propose de 
donner à ce dernier le nom de P. Doriæ (cf. Thorell, Rag. Mal., 
IL, p. 179). Le genre Artema est représenté en Amérique par une 
espèce très voisine, À. atalanta Walck. (Ph. convexus BI. pro 
parte). 

Nora.— Nous croyons utile de rétablir le genre Artema Walck. ; 
les caractères qui le distinguent des Pholcus et des Æolocnemus 
sont en effet suffisants et il s’y joint un faciès tout particulier. 
Les yeux antérieurs sont très resserrés, peu inégaux et en ligne 
légèrement arquée en avant, tandis que chez les deux autres 
genres les médians sont beaucoup plus petits et largement sépa- 
rés des latéraux. Le plastron, plus large que long, se termine 
entre les hanches postérieures en pointe assez étroite, tandis que 
chez Pholcus et Holocnemus, il se termine en pointe très large 
et tronquée. 


22. HERSILIA SAVIGNYI Lucas, Mag. z0ol., VIIE, 1836, p. 7, pl. xur. 


Cette espèce appartient au genre ZZersilia sensu stricto et non au 


20 EUGÈNE SIMON 


genre Murricia E. S., représenté dans l'Inde par M. (Xersilia) 
indica Lucas, et probablement calcuttensis Stoliczka ; en effet le 
front ne présente en dessus aucun tubercule dans l'intervalle des 
yeux latéraux et médians ; les yeux médians forment un carré 
presque régulier et non un trapèze plus large en avant; le bandeau 
au lieu d’être plan est fortement creusé au-dessous des yeux puis 
convexe. — A. Savignyi diffère de Æ. caudata Sav. par le ban- 
deau un peu moins haut, les yeux médians antérieurs un peu 
plus gros relativement aux postérieurs, enfin par les yeux supé- 
rieurs presque équidistants, tandis que chez 77. caudata les mé- 
dians sont visiblement plus resserrés que les latéraux. Chez le 
mâle, qui n’a pas été décrit par M. H. Lucas, la patte-mâchoire 
est très curieuse et diffère beaucoup de celle de 77. caudata : le 
fémur est grêle et presque parallèle, la patella est très grande et 
très convexe, elle est fortement élargie dès la base, son côté in- 
terne dilaté et prolongé en pointe conique courte; le tibia est un 
peu plus court que la patella, beaucoup plus étroit, très fortement 
déprimé à la base, ensuite relevé sur la base du tarse, très atténué 
et obliquement tronqué à l'extrémité, il offre près la base une 
strie circulaire qui simule une articulation ; le tarse est un peu 
plus court que les deux articles précédents, ovale et convexe à 
la base, fortement atténué et terminé en pointe grêle plus courte 
que le bulbe, il présente à l'extrémité quatre fortes épines courtes 
dont les deux terminales un peu courbes; le bulbe est ovale, sa 
base offre une grande apophyse formée de deux lames roulées en 
cercle dont la première pubescente, la seconde envoyant en ar- 
rière un prolongement lamelleux terminé en crochet contourné. 


23. PALPIMANUS GIBBULUS L. Duf., Ann. Sc. phys., IV, 1820 p. 364. 


Palpimanus hϾmatinus GC. Koch, Ar. TI, p. 21, f. 178-79. (1836). 

Platyscelum Savignyi, Aud. in Sav., Égypte, Arach., p. 167, pl. 
VII f. 6-7 (1827). 

Chersis gibbulus Walck., Apt., I, p. 390 (1837), + C. Savignyi, 
p.:391. 


Plusieurs individus entièrement semblables à ceux du midi de 
l'Europe et du nord de l'Afrique. Palpimanus gibbulus est répandu 
dans les régions médilerranéennes les plus australes, il s’avance 
en Afrique jusqu'en Abyssinie et en Nubie et sur les côtes 
d'Arabie jusqu'à Aden. 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 21 


24. PRODIDOMUS CHAPERI E. Sim., Ann. Soc. Ent. Belg., G.-R. avril 
1884 (sub Miltia). 


Un seul mâle jeune. Espèce remarquable par sa grande taille. 

Le genre Miltia E. Sim. est synonyme de Prodidomus Hentz, (cf. 
E. Sim. {. c.) — Le groupe des Prodidomides est en outre repré- 
senté dans l'Hindoustan par Zimiris indica E. Sim. 


25. PROSTHESIMA PEXA SP. NOV. 


g long. 5nm, — Cephalothorax niger subtile coriaceus tenue 
et parce cinereo pilosus. Oculi antici magni fere æqui, lineam 
valde procurvam formantes, mediis rotundatis inter se paulo dis- 
junctis, lateralibus latissime ovatis a mediis haud separatis. Oculi 
postici a sese valde appropinquantes, mediis majoribus, planis 
obtuse triangularibus, contiguis, lateralibus late ovatis a mediis 
parum remotis. Clypeus diametro oculorum anticorum angustior. 
Abdomen anguste ovatum nigrum cinereo pilosum. Sternum obs- 
cure olivaceum, nitidum, minutissime punctatum atque parce 
pilosum. Pedes longi, nigri, tarsis cunctis metatarsisque I et II 
obscure fulvis, tarsis metatarsisque I et II longe et rare scopulatis ; 
tibiis I et II haud inflatis muticis ; metatarso I pone basin aculeis 
binis, metatarso IL aculeis 2-2 infra instructis; patella I patella 
IT fere 1/3 longiore; patella cum tibia IV cephalothorace lon- 
giore. — Pedes-maxillares obscure olivacei, femore infra vix dila- 
tato, tibia patella breviore, extus ad apicem apophysa articulo 
parum breviore, recta, antice directa, dimidium longitudinis tarsi 
haud attingente, in parte secunda attenuata atque ad apicem mi- 
nutissime uncata instructa; tarso mediocri, regulariter ovato; 
bulbo parum convexo, ovato, simplice, ad marginem exteriorem 
haud tuberculato ad apicem stylo minuto instructo. 


Un mâle adulte et plusieurs femelles jeunes dont l’épigyne n'est 
point développée. 

Très voisin de P. civica E. Sim. (Ar. Fr., IV p. 80), s’en distin- 
gue surtout par le céphalothorax distinctement chagriné (lisse 
chez civica), les yeux antérieurs gros et égaux (les médians plus 
petits chez civica), les métatarses de la 1"° paire garnis de scopulas 
et pourvus d’une seule paire d'épines (deux paires chez civica) 
enfin par l’apophyse tibiale un peu plus courte, plus épaisse et 
terminée par un très petit crochet. 


22 EUGÈNE SIMON 


26. ECHEMUS CHAPERI SP. NOV, 


@ long. 4"m5, — Cephalothorax obscure fusco-rufescens pos- 
tice paulo dilutior, fere lævis, albido pubescens, sat convexus, 
fronte lata. Oculi antici in linea procurva dispositi, a sese ap- 
proximati, medii 1/3 majores rotundali et convexi, laterales ovales 
et obliqui a mediis haud separati. Oculi postici in linea valde pro- 
curva dispositi, medii paulo majores ovato elongati et obliqui 
inter se valde approximati, laterales a mediis sat late remoti 
(intervallo diametro oculi haud angustiori). Sternum fulvo rufes- 
cens nitidum. — Abdomen ovatum, nigricans infra paulo dilutius 
— Pedes robusti parum longi, fusco rufescentes, sat late pilosi, 
haud scopulati, tibiis I et II et metatarso I muticis, metatarso IT 
pone basin biaculeato, tibiis metatarsisque III et IV valde spino- 
sis. — Plaga vulvæ longior quam latior, postice rotundata, antice 
longe attenuata, postice parte rufula plana transversa in medio 
paululum depressa munita. 


Une seule femelle en très mauvais état. 
Diffère des Zchemus d'Algérie par les yeux latéraux de la seconde 
ligne beaucoup plus largement séparés des médians. 


Genus MELICYMNIS (1) nov. gen. 


Cephalothorax ovatus,elongatus, antice valde attenuatus, parum 
convexus, strigis divaricatis parum expressis, striga media thora- 
cica brevissima. — Oculi antici fere contigui, in linea valde pro- 
curva dispositi, medii lateralibus plus duplo majores rotundati 
et convexi. Oculi postici fere contigui, lineam paulo procurvam 
formantes, medii lateralibus plus triplo majoreslonge triangulares 
postice acuminati. Oculi laterales antici et postici inter se longe 
remoti.— Chelæ debiles, attenuatæ, ungue valido parum longo.— 
Laminæ-maxillares latæ et breves, ad apicem paulo attenuatæ et 
rotundatæ, pone medium subtile impressæ. Pars labialis paulo lon- 
gior quam ad basin latior, apicem versus attenuata et rotundata. 
Sternum late ovatum, planum, haud impressum. — Pedes parum 
longi 4,1,2,3, coxis I reliquis multo longioribus, cylindricis ; femo- 
ribus, tibiis metatarsisque brevissime aculealtis; tarsis haud sco- 


(1) Nom. prop. 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 4 


pulatis, unguibus gracilibus et longis (præsertim posticis) dentibus 
paucis et parvis pectinatis. — Mamillæ breves fere æquales, 
uniarticulatæ. 


Voisin du genre Echemus E. S., en diffère principalement par 
les yeux médians postérieurs beaucoup plus gros que les latéraux 
(presque de même grosseur chez Æchemus), les griffes tarsales très 
longues aux paires postérieures et sans fascicules de scopulas en 
dessous, enfin par les filières très courtes. 


27. MELICYMNIS BICOLOR SP. nOv. 


$ (pulla) long. 5um, — Cephalothorax ovato elongatus, parum 
 convexus,antice valde attenuatus, fronte angusta, tenue coriaceus, 
fusco-rufescens pube albida longa parce vestitus. — Abdomen 
ovato elongatum, depressum, antice obtuse truncatum, nigro se- 
riceum infra paulo dilutius. — Sternum fulvum, læve, parcissime 
pilosum.— Pedes-maxillares fulvi, robusti, tibia patella haud lon- 
giore, tarso patella cum tibia vix breviore, vix acuminato, infra 
pone apicem 4 vel 6 breve spinoso. Pedes sat longi, coxis testa- 
ceis, femoribus testaceis ad apicem late infuscatis, tibiis meta- 
tarsisque I et Il nigris, LIL et IV fusco olivaceis, tarsis cunctis 
fulvo rufescentibus ; femoribus I et II supra 1-1, IT et IV supra 1 
aculeatis; tibiis anticis paululum incrassatis atque infra 2-2-2 
brevissime aculeatis. 


28? ipiops crAssus E. Simon, Ar. Birm., in Ann. mus. civ. Gen., 
XX, 1884, p. 357. 


Deux jeunes individus. — Ne diffère de l’Z. crassus de Birmanie 
que par la taille plus petite, les yeux un peu plus resserrés, les 
épines moins nombreuses surles côtés des tibias et des métatarses 
aux deux premières paires, caractères qui tiennent très proba- 
blement à l’âge. 


SCORPIONES 


29. scorpio FULvIPES C. Koch, IV, 1838, p. 45 (sub Buthus). 


C'est le seul Scorpion trouvé par M. Chaper à Wagra-Karoor; 
il paraît y être commun. 


24 EUGÈNE SIMON 


Le céphalothorax est un peu plus long que les deux premiers 
segments caudaux, mais à peine du quart du troisième, il est peu 
élargi en arrière et un peu plus long que large au bord postérieur; 
la main est très aplatie, largement arrondie au côté interne, en- 
tièrement couverte en dessus de grosses granulations arrondies, 
sa face externe est limitée par deux carènes nettes et de plus 
coupée d’une forte carène médiane longitudinale ; les carènes su- 
périeures des trois premiers segments caudaux sont lisses et très 
obtusément dentées, sans tubercules ni granulations. Le corps 
et les pattes-mâchoires sont d'un noir à reflets bleus, les pattes 
et la vésicule sont d’un jaune vif; les peignes offrent ordinaire- 
ment 16 dents. 


OPILIONES 


Genus BIANTES nov. gen. (1). 


Corpus longius quam latius, postice sensim incrassatum et ob- 
tuse truncatum. Cephalothorax parum convexus, tubere oculo- 
rum ullo, oculis duobus minutis pone marginem posticum cepha- 
lothoracis sitis et a sese longissime remotis. Segmenta abdo mi- 
nalia supra transverse minute tuberculata. — Pedes-maxillares 
longissimi et gracillimi corpore longiores, coxa antice in tuber- 
culo conico sat longe producta, trochantero breve ovato mutico, 
femore gracili, fere recto, mutico, femore pedum anteriorum lon- 
giore, patella longa ad basin tenuissima ad apicem aculeo gracili 
et brevi munita, tibia patella paulo breviore et crassiore ad api- 
cem paulo attenuata, infra extus 3 intus 2 longe aculeata, tarso 
tibia fere 1/3 breviore, sat late ovato, valde attenuato, infra 2-2 
longe aculeato, ungue gracili regulariter arcuato, articulo haud 
breviore. — Pedes breves et graciles, mutici, fere cylindrici; tarso 
I triarticulato, articulo 1° longo, 20 et 3 brevioribus et fere æquis; 
tarso II quinquearticulato, articulo 1° longiore ; tarsis IL et IV 
quadriarticulatis, 1° longissimo reliquis brevibus; tarso IV arti- 
culo ultimo infra paulo emarginato. 


Paraît voisin du genre Æinzuanius Karsch (Zeitschr. f. d. ges. 


(1) Nom propre, 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L’ASIE MÉRIDIONALE 25 


Naturwiss., t. LIIT, 1880, p. 402) qui m'est inconnu, mais d’après 
le Dr Karsch, chez Æinzuanius les tarses des 3° et 4e paires offrent 
5 articles courts, tandis que chez Biantes ils n’ont que quatre arti- 
cles avec le premier beaucoup plus long que les trois autres. Chez 
Hinzuanius les fémurs postérieurs sont denticulés tandis qu'ils 
sont mutiques chez Biantes. 

Ces deux geures sont faciles à distinguer des types actuelle- 
ment connus de la famille des Phalangodidæ par l'absence de 
tubercule oculaire, la position très reculée des yeux et leur écar- 
tement transversal, disposition rappelant un peu celle des Séygnus 
de la famille des Gonyleptidæ. 


30. BIANTES LONGIMANUS SP. nOv. 


d long., 2%"5, — Corpus supra fulvo rufescens antice paulo 
dilutius, antice parce postice sat dense granulosum. Cephalothorax 
margine antico mutico haud tuberculato. Segmentum abdominis 
1° ad marginem anticum pone medium obtuse bituberculatum ; 
segmenta postica tuberculis minutis et rotundatis seriatim dispo- 
sitis transverse notata. — Segmenta ventralia coxæque subtile 
coriacea. Coxæ margine antico obtuse serratæ. Chelæ mediocres, 
flavæ, articulo 1° cephalothorace breviore, ovato, parum convexo 
pone basin tuberculis paucis minutis seriem transversam forman- 
tibus munito, articulo secundo fere cylindrico, mutico, subtilis- 
sime coriaceo, parce albo piloso. Pedes obscure fulvo olivacei, 
breves parum robusti, mutici, brevissime pilosi. Pedes-maxillares 
flavo testacei, aculeis tibiæ et metatarsi gracillimis et pellucen- 
tibus. 

Nora. — Nous ajoutons ici la description d’une seconde espèce 
du genre Biantes, originaire de Madagascar; le genre Biantes a 
au reste d’autres représentants dans l’Asie méridionale et sur la 
côte orientale d'Afrique. 


BIANTES VITTATUS SP. nov. 


d long., 3mm, — Cephalothorax obscure fulvo rufescens mar- 
gine antico paulo infuscato, abdomen fusco rufescens transverse 
nigricante vittatum. Cephalothorax parum dense et minute gra- 
nulosum, tuberculo magno rotundato ad marginem anticum sito 
notato, oculis nigris paulo prominentibus. Abdomen supra dense 
et sat crasse granulosum, segmento [ mutico, segmentis IT et II, 


26 EUGÈNE SIMON 


tuberculis acutis fulvis 4 (mediis paulo majoribus), reliquis seg- 
mentis tuberculis minutis 7 vel 9 ornatis. — Segmenta ventralia 
nigricantia.Coxæ fusco rufescentes nigro-variegatæ,margine antico 
obtuse serratæ. Chelæ mediocres, fulvæ fusco venosæ, læves, arti- 
culo primo cephalothorace breviore, ovato parum convexo, pone 
basin tuberculis paucis minutis seriem transversam formantibus 
munito, articulo secundo fere cylindrico, setis validis ad basin 
paulo tuberculatis parce instructo. — Pedes fusco olivacei, sat 
breves, parum robusti, femoribus inferne irregulariter et minute 
tuberculatis. Pedes-maxillares obscure olivacei nigricante venosi, 
aculeis tibiæ et metatarsi gracillimis ad basin nigris ad apicem 
albis atque subpellucentibus. 


Nossi-bé. 

Se distingue très facilement du B. longimanus par le gros tuber- 
cule obtus du bord antérieur du céphalothorax, par les denticules 
aigus de l’abdomen, les fémurs légèrement rugueux en des- 
sous, etc. 


al 


à 


ARACHNIDES 
RECUEILLIS A RAMNAD, DISTRICT DE MADURA 


Par M, l'abbé FABRE 


Genre ASAMONEA O. P. Cambr., Ann. Mag. nat. hist., 1869, p. 14. 


L'espèce type À. tenuipes a été décrite par le Rev. O0. P. Cam- 
bridge sous le nom générique de Asamonea, mais les caractères du 
genre n'ont jamais été formulés, l’auteur ayant été d'avis, au 
cours même de sa publication, que ce nouveau genre était sim- 
plement synonyme de Lyssomanes Hentz. — Pour nous, le genre 
Asamonea doit être rétabli, il diffère en effet grandement du genre 
Lyssomanes par la proportion et la disposition des yeux et la forme 
de la pièce labiale ; chez Asamonea l'espace occupé par les six 
yeux dorsaux est beaucoup plus large que long et les yeux sont 
presque égaux, ceux de la 3e paire à peine plus petits sont placés 
beaucoup plus en dedans et près de ceux de la seconde, la pièce 


FAUNE ARACIHNOLOGIQUE. DE L'ASIE MÉRIDIONALE 27 


labiale est aussi large que longue, tandis que chez Lyssomanes 
l'aire oculaire dorsale est aussi longue que large ou à peine plus 
large, les yeux de la 3° ligne sont beaucoup plus petits que les 
autres, placés également en dedans, mais beaucoup plus en arrière 
des yeux de la 2e ligne, enfin la pièce labiale est beaucoup plus 
longue que large. 

Les caractères du genre Asamonea peuvent se formuler ainsi : 


Cephalothorax humilis supra fere planus, oculi dorsales 2, 3, 4, 
aream trapeziformem multolatiorem quam longiorem occupantes, 
oculi ser. 3e reliquis oculis vix minores atque pone oculos ser. 
2® intus positi. Laminæ-maxillares breves fere quadraitæ. Pars 
labialis haud longior quam latior paulo attenuata et truncata. 
Mamillæ superiores inferioribus multo longiores biarticulatæ, arti- 
culo 20 1° vix breviore. Pedes graciles, sat longi, 1, 4, 2, 3 vel 4,1, 
2,3, aculeis longis instructi; metatarso IV tibia multo longiore. 


À. ASAMONEA TENUIPES Cambr. L. c., p. 1%, pl. V, f. 50-52. 


Cette espèce découverte à Ceylan par M. G. Thwaites a été 
retrouvée à Ramnad par M. l'abbé Fabre (1). 


(1) Lyssomanes pallens Blackw. /Proceed. Roy. Irish Acad., (2), II, 1876, p. 6, 
pl. 1, f. 5) des îles Seychelles, appartient aussi au genre Asamonea; nous en pos- 
sédons une troisième espèce originaire du Congo : 

A. puella sp. nov. d long. 6%, Cephalothorax flavo-testaceus anguste fusco 
marginatus, parte cephalica flavo pilosa utrinque macula nigra oculos includente 
magna obliqua et trilobata notata, parte thoracica supra lineis binis exilibus rufis 
pilosis postice convergentibus supra ornata. Clypeus altissimus, pone chelas glaber, 
pone oculos in medio argenteo utrinque coccineo dense pubescens. Abdomen an- 
guste elongatum, albo-testaceum albo-argenteo pubescens, supra lineis binis læte 
rufis interruptis decoratum. Mamillæ testaceæ superioribus infuscatis. Chelæ flavo 
testaceæ, antice vitta nigra transverse secatæ. Sternum testaceum. Pedes testacei, 
femoribus infra fusco lineatis, tibia IV ad basin atque aû apicem minute fusco ma- 
culata, aculeis longis et gracilibus abunde armati. — Pedes-maxillares testacei; 
femore recto infra pone medium tuberculo obtuso notato; patella sat minuta ; tibia 
patella haud longiore paulo crassiore extus ad apicem apophysa lamellosa care- 
niformi infra dilatato-rotundata, in medio paulo incrassata et obtusa, supra acutis- 
sime producta instructa; tarso magno femore longiore et multo crassiore, convexo 
et longe attenuato; bulbo magno convexo. 

® long. 7, — Cephalothorax parte thoracica haud lineata. Clypeus pone che- 
las glaber pone oculos omnino argenteo pubescens. Chelæ pedesque omnino flavo- 
testacei haud lineati nec maculati. Area vulvæ antice fovea transversa multo latiore 
quam longiore obtuse triangulari, postice plaga nitida transversa rufula, in medio 
carina flava fusco marginata longitudinaliter secata notata. — Landana (Petit). 


28 EUGÈNE SIMON 


Genus PSEUDICIUS nov. gen. 


Attus auct. (ad part.). Dendryphantes E. Sim., Ar. Fr., III (ad part. 
encarpatus, etc.) + Calliethera E. Sim., Ar. Karth., 1884 (ad p. 
icioides). 


Gen. Zcius E. Sim. affinis, differt area oculorum supra paral- 
lela, chelis in & et g$ haud extus carinatis; tibiis I et II muticis 
vel aculeo unico (P. badius) vel aculeis minutis binis intus ins- 
tructis ; tibiis metatarsisque II et IV (aculeis terminalibus ordi- 
nariis exceptis) muticis — d' Femore et tibia I crassissimis. 


Je crois nécessaire de créer ce genre pour un certain nombre 
d'espèces dont les caractères sont intermédiaires à ceux des 
Icius, des Dendryphantes et des Calliethera, mais qui ne cadrent 
absolument avec aucun d’eux. Le céphalothorax est allongé et 
bas comme chez les Calliethera et les Zcius, la première ligne des 
yeux est également droite, ce qui les sépare des Dendryphan- 
tes, le carré oculaire est en dessus parallèle comme chez les 
Calliethera; l'armature des pattes antérieures est très particulière, 
les tibias sont mutiques à l'exception d'une ou de deux petites 
épines internes à la première paire, mais les métatarses offrent 
deux paires de petites épines. Les téguments sont revêtus de 
poils simples, jamais squameux. 

Ce genre a pour type P. (Dendryphantes) encarpatus Walck., il 
renferme en outre P. badius E, Sim., P. picaceus E. Sim., du midi 
de l’Europe et P. (Callicthera) icioides E. Sim., de Khartoum. 


2. PSEUDICIUS MODESTUS Sp. NOV. 


$ long. 3%, — Cephalothorax elongatus fere parallelus, tenue 
coriaceus, niger postice sensim dilutior et rufescens, pilis longis 
albis rufisque intermixtis dense vestitus. Oculi antici valde inæ- 
quales conferti, pilis infra et in medio albis supra rufulis cireum- 
cincti. Clypeus pilis albis longis dense obtectus. Abdomen longe 
ovatum paulo depressum postice attenuatum, supra nigricans 
albido rufoque pubescens, margine albida sinuosa cinctum, lineis 
transversis obscurioribus arcuatis et parum distinctis secatum, 
infra testaceum albo-niveo pubescens. Sternum olivaceum læve, 
parce albo pilosum. Pedes testaceo luridi sat breves, anticis multo 
crassioribus, tibia I'intus pone medium uniaculeata, tibia II mu- 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 29 


tica, metatarsis I et IT infra 2-2 brevissime aculeatis. Plaga vulvæ 
magna, plana, semicircularis, testaceo rufula, paulo rugosa, utrin- 
que leviler impressa, in medio profunde longitudinaliter canali- 
culata. 


3. MENEMERUS PAYKULLI AuUd. in Sav. 
4. THYENE SEMICUPREA E. Sim. (cf. sup... 


Cette espèce, découverte à Wagra-Karoor par M. Chaper, a 
aussi été trouvée à Ramnad par M. l'abbé Fabre. 


5. MOGRUS FABREI SP. nOv. 


d long. 4mm5 à 7mm, — Cephalothorax crassus et altus obscure 
fusco-rufescens antice pone oculos fere niger, pilis elongatis rufo- 
piceis antice paulo micantibus supra dense vestitus, partibus 
lateralibus albo longe pilosis, parte thoracica linea media albida 
pilosa postice evanescente notata, pilis fasciei omnino cinereo-ru- 
fescentibus. Oculi antici lineam vix arcuatam formantes, spatio 
inter laterales et medios diametrum lateralium æquante. — Ab- 
domen elongatum postice attenuatum, cinereo-rufulo supra dense 
pubescens, infra utrinque albido pilosum in medio vitta nigricante 
latissima postice paulo attenuata notatum. Sternum fuscum longe 
albido pubescens.—Chelæ longæ, antice fere planæ,haud carinatæ, 
viridi-cupreæ, parce rugosæ atque intus irregulariter transverse 
striatæ. Pedes robusti, fusco rufescentes, cinereo-rufulo pubescen- 
tes, nigro alboque longe et abunde criniti et valde aculeati, femo- 
ribus, præsertim anticis, supra infuscatis, patellis cunctis 1-1 acu- 
leatis, tibia I infra 3-3, metatarso I infra 2-2 aculeatis atque aculeis 
lateralibus instructis. Pedes-maxillares graciles et longi ; femore 
paulo compresso et arcuato supra ad apicem biaculeato ; patella 
longiore quam latiore fere parallela ; tibia patella haud breviore 
paulo angustiore fere cylindrico, extus ad apicem apophysa mi- 
nutissima simplice et uncata instructa ; tarso minuto tibia haud 
latiore apicem versus paululum dilatato et truncato ; bulbo minu 
tissimo fere parallelo haud convexo, ad apicem longe et simplice 
acuminato. 

? 5 à 7m, — Cephalothorax crassus fusco rufescens pube ci- 
nereo-rufula pilis albis intermixta omnino obtectus, pilis oculo- 
rum cinereo-rufulis, pilis clypei sordide albis longissimis. Abdomen 


30 EUGÈNE SIMON 


ovatum, cinereo pubescens, fulvo variegatum, vitta media obscu- 
riore vix distincta et postice maculis transversis arcuatis vix 
expressis supra notalum, infra testaceum albo pubescens. — 
Pedes fulvo rufescentes sordide albido pubescentes. Area vulvæ 
plana rufula nitida, antice rotundata et minute foveolata, postice 
dilatata et emarginata. 


6. HASARIUS ADANSONI Aud. in Sav., Eg., 2° éd., XXII. p. 404, 
Ar., pl. vu, fig. 8. 


Attus tardigradus id., 1. c., pl. vu, fig. 13, $. 

Salticus striatus Lucas, Rev. mag. zool., 1853, p. 21. 

Salticus capito Lucas, in B. Webb et Berth., Æ. nat. Can., elc., 
p. 27, pl. vu, fig. 8. 

Attus nigro-fuseus Vinson, Aran. Réun., etc., 1864, p. 59, pl. x. 

Plexippus Adansoni E. Sim., Monog. Att., 1868, p. 644. 

Hasarius Adansoni, id.. Révo. Att., p. 300. — et Ar. Fr., t. III. 

Salticus citus Cambr., Zoologist, 1869, p. 8461. 

Eris niveipalpis Gerst., Decken’'s Reis. etc., Ar., 1873, p. 477. 


Déjà indiqué de Bombay et de Ceylan. 


7. OPISTONCUS AURANTIACUS. 


© long., 7%, — Cephalothorax elongatus postice parum dila- 
tatus, testaceo flavescens, parte cephalica supra infuscata utrin- 
que pone oculos nigro maculata, antice et in lateribus squamulis 
læte rufis in medio squamulis albis maculam magnam subquadra- 
tam formantibus decorata, parte thoracica vittis longitudinalibus 
latis rufulis rufo squamulatis ornata, partibus flavis albido squa- 
mulatis et pilosis. Pili oculorum fasciei supra et in medio rufi, 
infra albi, pili elypei squamiformes albo-nivei. Oculi antici valde 
inæquales in linea subrecta dispositi, spatio inter laterales et 
medios diametro lateralium paulo angustiori. Abdomen elongatum 
paulo depressum, supra rubrum, albo-marginatum, antice macula 
magna obtuse triangulari, in medio vitta traversa abbreviata, pos- 
tice vittis 3 vel 4 angustatis paulo triangularibus utrinque hamatis 
albidis notatum, partibus rufis squamulis coccineis partibus albis 
squamulis albo-argenteo micantibus omnino obtectis ; infra albo 
testaceum albo-argenteo squamulatum.— Chelæ testaceæ glabræ 
ad basin subtile coriaceæ dein nitidæ haud striatæ, margine sulci 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 31 


superiori bidentato, margine inferiori unidentato. — Sternum pe- 
desque flavo-testacea, fere glabra, pedibus anticis posticis cras- 
sioribus, tibia I 4-4, tibia II 2-2 infra aculeatis, metatarsis I et IT 
2-2 longe aculeatis, metatarsis posticis (aculeis terminalibus or- 
dinariis exceptis) muticis.— Plaga vulvæ sat minuta, antice fusca, 
plana, in medio paulo emarginata, postice minute et oblique bifo- 
veolata. 


Genus HIPPASA (1) nov. gen. 
Pirata E. Sim., Ar. Birm. etc., 1884 (ad part. agelenoides). 


Gen. Pirata affinis, differt clypeo altiore diametro oculorum 
anticorum fere triplo latiore, oculorum linea antica linea secunda 
multo latiore, parte labiali haud longiore quam latiore apicem 
versus haud attenuata atque late truncata (in Pirata evidenter 
longiore quam ad basin latiore atque sensim attenuata), pedibus 
multo longioribus metatarsis tarsisque gracillimis, metatarso IV 
in d haud in $ vix breviore quam patella cum tibia, tarsis cunc- 
tis et metatarsis anticis ad apicem scopulis longis setis intermix- 
tis infra munitis (in Pirata tarsis infra omnino setulosis). 


8. HIPPASA GREENALLIÆ Blackw., Ann. mag. nat. hist., 1867 (Lycosa) 
Pirata agelenoides E. Simon, {. c., p. 334. 


Se trouve aussi en Birmanie. Nous n'avons décrit que le jeune 
de cette espèce et nous l'avons rapporté avec doute au genre 
Pirata, faute de connaître l'adulte que nous avons aujourd'hui 
sous les yeux. — Le atteint 17" et la femelle de 19 à 20; 
chez le mâle la patte-màchoire est grêle et longue, fauve olivâtre 
avec le tarse rembruni; le fémur est grêle, droit et parallèle ; la 
patella est au moins de moitié plus longue que large et presque 
parallèle ; le tibia est au moins d'un tiers plus long que la patella, 
un peu plus grêle et presque cylindrique, garni en dessus de très 
longs crins noirs isolés, sans apophyse; le tarse, un peu plus 
long que le tibia, est un peu plus large à la base, mais très lon- 
guement atténué en pointe grêle aussi longue que le bulbe; les 
pattes sont très longues, avec les métatarses grêles, celui de la 
4e paire élant au moins aussi long que le tibia et la patella réunis; 


(1) Nom propre latin. 


32 EUGÈNE SIMON 


les scopulas tarsales, surtout aux paires antérieures, sont lon- 
gues et peu serrées. 

Chez la femelle l'épigastre est garni de poils jaunes très longs, 
surtout latéralement; l’'épigyne s’avance en forme de rebord ver- 
tical ou incliné en arrière, en dessus cette saillie est couverte de 
poils jaunes, en dessous elle est largement bilobée dans le haut 
avec chacun des lobes marqué d’un rebord arqué en forme de 
carène, sa base offre une fossette transverse limitée supérieure- 
ment par une fine carène droite. Dans les deux sexes, le plastron 
est fauve avec une ligne noire longitudinale très nette. 

Lycosa lanca Karsch (Zeitschr. f. ges. Naturw., LIT, p. 551) de 
Ceylan, appartient très probablement au genre Æippasa; d'après 
Karsch le plastron est d’un jaune-brun sans ligne noire médiane, 
et chez le mâle le tibia de la patte-màchoire est de même lon- 
gueur que la patella tandis qu'il est beaucoup plus long chez 
H. Greenalliæ. 


9. HETEROPODA FABREI SP. NOV. 
g Ceph:th., long., 6004; Jat. "6002. Pedes p.1, 3015, p'Ir 
Jaune Ie20 05 -p1NV529202" 
ACéphth, long. 780$ lat "PEES Ep 2 TEE DU 
HDI 2502" DIV 2720. 


Cephalothorax vix longior quam latior, fusco rufescens, trans- 
verse obscure variegatus, postice late testaceo marginatus, fulvo 
pubescens. Oculi antici approximati, mediis minoribus. Oculi 
postici lineam paulo recurvam formantes, mediis minoribus et a 
sese magis quam à lateralibus approximatis. Oculi medii antici et 
postici fere æqui. Clypeus diametro ocuiorum anticorum paulo 
latior. Chelæ nigræ flavido irregulariter pilosæ. Sternum rufo 
brunneum. Abdomen ovatum, supra fuscum vix distincte testaceo 
variegatum, subtus fulvum, fulvo pubescens. Pedes sat longi 
fusco rufuscentes, flavo pubescentes, femoribus infra infuscatis, 
supra irregulariter nigricante triannulatis; tibia IV in g cepha- 
lothorace paulo longiore supra biaculeata ; tarsis metatarsisque 
infra sat dense fusco scopulalis. 


Céphalothorax brun rougeàlre à pubescence gris-fauve, avec le 
bord postérieur testacé, marqué en dessus d'une ligne médiane et 
de larges zones transverses ondulées et très irrégulières d'un 
brun plus foncé; convexe et fortement incliné en arrière ; strie 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 33 


thoracique profonde et longue. — Yeux antérieurs en ligne droite 
par leurs sommets, les médians au moins d’un tiers plus petits, 
plus séparés, leur intervalle à peine plus étroit que leur diamètre. 
Yeux supérieurs en ligne sensiblement courbée en avant, les laté- 
raux plus gros élevés sur des saillies obliques, intervalle des 
médians environ égal à leur diamètre, celui des latéraux au moins 
de moitié plus large. Yeux médians presque égaux, formant un 
trapèze plus long que large. Bandeau un peu plus large,que les 
yeux antérieurs et un peu incliné. — Plastron brun rougeâtre à 
pubescence fauve mêlée de crins noirs. — Abdomen ovale, brun- 
foncé, marqué de macules testacées très irrégulières et peu dis- 
tinctes, à pubescence fauve vif mêlée de longs crins blanchâtres. 
Ventre fauve, pubescent, marqué de quatre fines lignes obscures, 
peu indiquées, convergeant en arrière. — Pattes assez longues 
(surtout d), assez robustes, brun Roca avec les fémurs, 
surtout les antérieurs, rembrunis en dessous surtout à la base, 
en dessus fémurs marqués de trois anneaux noirâtres découpés 
et ornés de touffes de poils blancs à la base des épines. Scopulas 
noirätres assez serrées (au moins chez @), atteignant presque la 
base des métatarses, même à la 4° paire. — Chélicères noires, 
lisses en avant, garnies de crins fauve blanchâtre inégaux, plus 
longs au bord externe. 

gd. — Tibia IV plus long que le céphalothorax, pourvu de deux 
longues épines dorsales.—Patte-mâchoire fauve avec le tibia et le 
tarse brun foncé et le fémur taché de brun en dessus à l’extré- 
mité; fémur pourvu à l'extrémité en dessus de 4-1 épines ; pa- 
tella d’un quart seulement plus longue que large, parallèle, pourvue 
d’une seule épine interne et de deux externes ; tibia sensiblement 
pluslong que la patella, plus étroit à la base, graduellement élargi 
à l'extrémité, armé à la base d’un verticille de trois très longues 
épines et d'une épine plus avancée au bord interne, apophyse 
supéro-externe au moins de moitié plus courte que l’article, 
noire, grêle dès la base et très aiguë, vue de profil courbée, vue 
en dessous atténuée et divergente dans la seconde moitié, sa 
base prolongée sous le tibia en carène verticale terminée inférieu- 
rement par un petit denticule ; tarse très grand, aussi long que 
les deux articles précédents réunis, ovale, large, longuement 
atténué, obtus. 

$. — Tibia IV un peu plus court que le céphalothorax. — 
Épigyne en plaque brunâtre, pubescente, large en arrière, mal 
définie en avant, marquée d’une fossette longitudinale presque 

3 


34 EUGÈNE SIMON 


parallèle, plus profonde en arrière, séparée en arrière du bord 
de la plaque par une petite pièce rougeâtre, trapézoïde, lisse. 
Cette espèce se rapproche de Æ. leprosa E. $., principalement 
par la présence de deux épines dorsales au tibia de la quatrième 
paire chez le mâle; elle s’en distingue par le céphalothorax moins 
convexe en arrière, par le bandeau un peu moins large et les 
yeux antérieurs un peu moins inégaux,; elle s’en éloigne encore 
chez le mâle par la forme tout à fait différente de l’apophyse ti- 
biale et le tarse de la patte-màchoire beaucoup plus volumineux ; 
enfin chez la femelle par la structure différente de l’épigyne. Elle 
se rapproche aussi de Æ. sexpunctata E. Sim., mais en diffère par 
l’'apophyse tibiale plus courbée et plus divergente, le denticule 
inférieur moins fort, les yeux médians antérieurs et postérieurs 
presque égaux, tandis que chez 7. sexpunctata les antérieurs sont 


visiblement plus petits. 
10. ARGIOPE ORNATA Blackw. (Voy. sup.). 


Paraît répandu dans une grande partie de l’'Hindoustan. 


11.GASTERACANTHA GEMINATA Fabr., Suppl. Ent. syst., p. 292 (Aranea). 
— —  C. Koch., 4r., V, p. 16, fig. 260. 


Une seule femelle; nous l’avons reçu en nombre de Pondi- 
chéry. 

Nora. — Nous avons proposé en 1864 (in Hist. nat. des Arai- 
gnées) de répartir les espèces du genre Gasteracantha en un certain 
nombre de sous-genres qui ont été depuis adoptés et augmentés 
par M. A. Butler (in Trans. Ent. Soc. Lond., 1873). Le genre Gaste- 
racantha s'étant considérablement accru depuis cette époque, 
nous pensons qu'il serait utile d'élever au rang de genres quel- 
ques-unes de ces divisions, mais les caractères sur lesquels 
nous nous sommes appuyés : la forme du scutum abdominal, le 
nombre et la proportion de ses épines, sont insuffisants comme 
caractères génériques, ils serviront à grouper les espèces dans 
chacun des genres que nous proposons de maintenir. Un carac- 
tère important est fourni par le tubercule ventral en avant des 
filières, très développé chez les Gasteracantha (sensu stricto) et les 
Stanneoclavis, mais manquant complètement chez les Actinacan- 
tha et les Zsacantha; le céphalothorax peut aussi fournir de bonnes 


indications. 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 39 


1. GASTERACANTHA Latr., — sub-gen. Gasteracantha (sen. str.), 
Collacantha, Atelacantha, Tetracantha, Isacantha (ad part. Sp. ame- 
ricanæ) E. Sim., 1864 + Anchacantha Butler, 1873. 


Abdomen infra in medio ante mamillas, tuberculo corneo co- 
nico instructum. Cephalothorax in medio elevatus atque ad api- 
cem obtusissime bilobatus. Scutum abdominale plerumque trans- 
versum. 


Type : fornicata Fabr. 


2. STANNEOCLAVIS Butler, 1873. — Thelacantha NV. Hasselt. 


Abdomen infra in medio tuberculo valido conico instructum. 
Cephalothorax in medio tuberculo obtusissimo integro munitus. 
Scutum abdominale rotundatum vel subquadratum, aculeis bre- 
vissimis ad basin incrassatis sex armatum. 


Type : brevispina Dolesch. 


3. ACTINACANTHA E. Sim., 1864 — sub-gen. Acéinacantha, Ma- 
crocantha E. Sim., 1864 + Tatacantha Butler, 1873. 


Abdomen infra planum haud tuberculatum. Cephalothorax in 
medio elevatus atque ad apicem obtuse bilobatus. Scutum abdo- 
minale obtuse hexagonum aculeis sex instructum, utrinque acu- 
leis binis a sese approximatis sed ab angulis anticis scuti longe 
remotis. 


Type : Lepelletieri Guér. 


4. Isoxya (1) E. Sim., 1864= sub gen. Zsacantha E. Sim. (ad part. 


Abdomen infra planum haud tuberculatum. Cephalothorax pa- 
rum elevatus in medio haud vel vix sulcatus. Scutum abdominale 
fere quadratum aculeis minutis sex fere æquis instructum, utrin- 
que aculeis binis a sese longissime remotis, anticis ad angulos 
anticos silis. 


Type : cicatricosa G. Koch. 


(1) Nom nouveau pour remplacer celui d'Isacantha E. Sim. 1864, préoccupé : 
Hope Coléopt. 1833. 


36 EUGÈNE SIMON 


12. TEPHLEA LIMBATA SP. nOV. 


Q long, 70%: SG, long., 5m, — Cephalothorax convexus fulvo 
testaceus. Oculi medii antici lateralibus fere duplo majores, inter 
se disjuncti sed a lateralibus haud separati. Oculi postici lineam 
vix procurvam formantes, approximati, æquedistantes, mediis 
majoribus elongatis et obliquis postice attenuatis et convergenti- 
bus. Abdomen elongatum postice attenuatum, albo-testaceum, 
supra vitta nigra paulo denticulata omnino cinctum. Partes oris, 
sternum, pedesque albo testacea. Pedes graciles et longi, tarsis 
metatarsisque gracillimis anticis rare et longe scopulatis, tibiis III 
et IV infra ad apicem breve biaculeatis, articulis reliquis cunctis 
muticis. 

@ Area vulvæ fusca, antice plana, subtile rugosa, postice de- 
pressa, in medio foveis duabus elongatis et obliquis transverse 
dispositis, Carina lata et brevi fere quadrata separatis. 

d Pedes-maxillares albo testacei, graciles et longi; femore 
longo fere recto; patella longiore quam latiore paulo convexa ; 
tibia patella haud breviore, apicem versus leniter incrassata 
extus ad apicem apophysa minuta nigra, conica sed apice obtuse 
et oblique truncata instructa: tarso tibia cum patella longiore, in 
parte prima ovato et convexo, in parte secunda gracillimo et cy- 
lindrico; bulbo convexo, fere rotundo, supra depresso, late fusco 
marginato, in medio stylo rufulo curvato munito. 


Égypte : Ramlé, près Alexandrie (Letourneux). Hindoustan : 
Ramnad (Fabre). 


Genus CŒNOPTYCHUS nov. gen. 


Cephalothorax elongatus fere parallelus, antice vix attenuatus, 
fronte lata et obtusa, convexus atque postice fere abrupte decli- 
vis, supra haud impressus. Oculi postici æqui minimi inter se late 
disjuncti, lineam validissime recurvam formantes, mediis inter se 
quam à lateralibus magis approximalis, lateralibus paulo tuber- 
culatis. Oculi antici lineam multo breviorem et procurvam for- 
mantes, inter se parum disjuncti, mediis lateralibus paulo majo- 
ribus. Medii aream trapeziformem haud longiorem quam latiorem 
occupantes. Clypeus verticalis area oculorum mediorum haud 
vel vix angustior. Chelæ robustæ sed parum convexæ, ungue sat 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 931 


longo, margine sulci inferiori bidentato. Pars labialis fere qua- 
drata. Laminæ latæ, rectæ, intus ad apicem oblique truncatæ, 
extus paululum dilatatæ et rotundatæ. Sternum anguste ovatum., 
Pedes breves et robusti, 4, 1, 2, 3, tarsis metatarsisque I et II 
scopulis raris infra vestitis, tarsis posticis pone ungues fascicu- 
latis, tibiis metatarsisque I et II infra 2-2 aculeatis; pedes pos- 
tici aculeati. Tegumenta duriuscula granulosa, pilis plumosis 
vestita. 


Ce genre remarquable appartient au groupe des Corinninæ, il 
diffère des Corinna C. Koch par les yeux postérieurs en ligne 
très fortement arquée en avant, par l'absence de strie médiane 
thoracique, etc. Par la disposition de ses yeux, il se rapproche 
du genre Myrmecium Latr., mais la forme de son céphalothorax 
l'en éloigne beaucoup. 


13. CŒNOPTYCHUS PULCHER SP. NOV. 


© long. 63, — Cephalothorax obscure fusco rufescens, antice 
sensim infuscatus, grosse et dense granulosus atque pilis plumo- 
sis antice albis postice et in medio læte coccineis vestitus. Abdo- 
men oblongum, antice truncatum et paulo emarginatum, postice 
sensim dilatatum et rotundatum, supra duriusculum antice valde 
postice tenue rugosum, nigerrimum, pilis plumosis coccineis ves- 
titum, in parte secunda maculis magnis albo-niveis sex : utrinque 
maculis binis fere rotundatis, in medio macula minore elongata, 
postice pone mamillas macula rotundata læte decoratum, infra 
nigrum parce albido pubescens. Sternum fusco rufescens crasse 
granulosum. Pedes breves et robusti, coxis femoribusque obs- 
cure fuscis fere nigris, articulis reliquis cunctis obscure fulvo 
olivaceis, femoribus tibiisque supra lineis albis pilosis ornatis, 
tibiis metatarsisque infra 2-2 aculeatis. Epigaster paulo convexa 
et granulosa, plaga nitida parce et grosse punctata antice trun- 
cata postice rotundata utrinque foveolata in medio notata. 


A4. zimiris iNDICA E. Sim., Ann. Soc. Ent. Belg. C. R., av. 1881. 


Nous avons décrit récemment cette espèce; jusqu'alors le 
genre Zimiris ne renfermait qu’une seule espèce : Z. Doriæ E. 
Sim., propre à l'Arabie méridionale. 


38 EUGÈNE SIMON 


45. SCYTODES UNIVITTATA E. Sim., Ar. Yem., in Ann. Mus. civ. 
Gen., XVIII, 1882. p. 242. 


Habite aussi l'Arabie méridionale. 


16. PŒCILOTHERIA (1) FASCIATA Latr., 1804. 


Mygale fasciata Latr., H. N. Crust. et Ins., t. VII, p. 260. 
Scurria fasciata C. Koch, Uebersicht. etc., f. v., p. 74. 
— —  Ausserer, Beitr. z. Kennt. Territ., 1871, p. 83. 


Cette espèce était jusqu'ici regardée comme propre à l’île de 
Ceylan. 


17. SCORPIO LUCIDIPES SP. NOV. 


Long. trunci, 42"5 ; caudæ, 57", — Noir à reflets bleuâtres 
ou verdâtres ; pattes jaune-rouge vif, vésicule fauve rougeûtre. 
Céphalothorax assez convexe, fortement inégal, assez fortement et 
densément granuleux avec deux grands espaces lisses en avant; 
sillon antérieur au mamelon bien marqué, presque jusqu'aux 
yeux et bordé de granulations. Intervalle des yeux médians un peu 
plus étroit que leur diamètre, convexe, à sillon étroit, peu pro- 
fond, non élargi en avant, faiblement élargi et ovale en arrière; 
pores piligères largement séparés des yeux. Yeux latéraux I et II 
écaux, resserrés, II un peu plus petit et plus séparé, son inter- 
valle visiblement plus étroit que son diamètre. Segments abdomi- 
naux I-VI finement granuleux dans leur seconde moitié; segment 
VII lisse dans le milieu, plus fortement granuleux et tuberculeux 
sur les côtés. — Queue : segments I et IT réunis plus longs que le 
céphalothorax (presque d’un cinquième), segment I à peine plus 
long que large; carènes supérieures et latérales formées de tuber- 
cules assez petits, serrés et réguliers; segments en dessus très 
lisses, présentant seulement en arrière quelques très petites gra- 
nulations parallèles aux carènes, ces granulalions plus fortes et 
plus étendues au segment V; segment V de même longueur que 
le céphalothorax, en dessus dans la première moitié fortement 


(1) Nom nouveau pour remplacer celui de Scurria C. Koch, préoccupé : Gray, 
Mollusques 1847; le genre Scurria n'a été proposé par C. Koch que dans le 5° fas- 
cicule des Uebersicht des Arach. Syst. daté de 1850. 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 39 


canaliculé, en dessous carènes des segments I, IT et III lisses, 
des segments IV et V denticulées. Vésicule un peu plus large 
que le segment V au milieu, pourvue en dessous de séries gra- 
nuleuses. — Patte-mâächoire : fémur très fortement et irréguliè- 
ment granuleux sur sa face supérieure, sa face antérieure et les 
deux tiers basilaires de sa face inférieure; main fortement dila- 
tée, arrondie à la base interne, ensuite atténuée, à bord interne 
presque droit, un peu plus large que longue (la longueur mesurée 
en dessus de l'articulation tibiale à la base interne du doigt 
mobile), en dessus légèrement convexe et très lisse, garnie de 
grosses granulations très basses et irrégulières, presque effacées 
sur la dilatation interne, bord interne garni de granulations plus 
petites et coniques, en dessous parsemée de granulations au 
moins dans la seconde moitié. Peignes, 18-20 dents au moins 
aussi longues que la lame du peigne, excepté les basilaires. 

Très voisin de S. Swoammerdami E. Simon, le tronc et la sculpture 
des téguments sont presque semblables; il en diffère cependant 
par sa taille plus petite, ses pattes d’un beau jaune vif, la main 
beaucoup plus lisse et un peu plus large que longue (chez Swam- 
merdami, elle est exactement aussi large que longue), le 5e seg- 
ment caudal de même longueur que le céphalothorax (un peu 
plus long chez Swammerdami), de même largeur que la vésicule 
et assez fortement caniculé en dessus dans la première moitié 
(un peu plus étroit que la vésicule et à peine canaliculé chez 
Swammerdami). 

De tous les Scorpio asiatiques, trois seulement offrent le carac- 
tère d’avoir le céphalothorax plus court que les deux premiers 
segments de la queue réunis (1), ce sont S. Sxammerdami E. $., 
asper Thorell (2) (Et. Scorp., p. 125) et lucidipes E. $.; S. asper 
qui m'est inconnu paraît s'éloigner de Swammerdami par la main 
encore plus granuleuse, à granulations coniques, par les deux 
p'emiers segments caudaux à peine plus longs que le céphalotho- 
rax, elc. 


(1) Chez S. afer E.S. (— scaber Th.) et S. Kochi Karsch les deux premiers 
segments sont de même longueur que le céphalothorax, chez toutes les autres 
espèces ils sont beaucoup plus courts. 

(2) La patrie de cette espèce est inconnue mais tout porte à croire qu’elle est ori- 
ginaire d'Asie. 


SERRE MU FE 


DE LA 


PORTION GAUFRÉE DE L'ESTOMAC DU CHAMEAU 


Par A. PILLIET 


Les dépressions gaufrées qui occupent deux régions de la 
panse du Chameau sont assez connues anatomiquement pour 
qu'il n’y ait pas lieu de les décrire. Je veux insister seulement 
sur l’histologie du fond de ces loges, qui diffèrent complètement, 
comme structure, du reste de la panse, et nous offrent une dispo- 
sition qu'on ne trouve que chez les Chameaux et les Lamas. 

La panse, en dehors de la portion gaufrée, présente un revête- 
ment peu épais de cellules pavimenteuses stratifiées, lisse et un 
peu rugueux au doigt. Les papilles du chorion, nombreuses, ne 
déterminent aucune saillie à la surface, contrairement à ce que 
montre la panse des Ruminants comme la Gazelle, etc. La 
couche superficielle des cellules est homogène, se colore en jaune 
par l’acide picrique, le carmin n’y révèle aucun noyau. C'est 
cette couche presque cornée qui donne la rudesse et la sécheresse 
perceptibles au doigt. Le chorion est très épais, il présente quel- 
ques minces faisceaux de fibres musculaires lisses formant une 
musculaire muqueuse. Plus en dehors, viennent les deux tuni- 
ques musculaires lisses. Dans toule la panse, ces fibres sont 
groupées par gros faisceaux qui leur donnent, à un faible grossis- 
sement, l'aspect de faisceaux de fibres striées; mais il n’y a 
aucune de ces dernières. La portion gaufrée présente superficiel- 
lement un premier plan, un premier système de fortes travées 
musculeuses, parallèles, écartées les unes des autres de trois à 
quatre centimètres, à surface muqueuse mince et lisse. Elles sont 
reliées tous les deux ou trois centimètres par des cloisons min- 
ces, formant un second plan, n’atteignant pas la hauteur des pre- 
mières travées, auxquelles elles sont perpendiculaires ; leur 
surface est plissée, mais sèche. Ces deux systèmes de cloisons 


PORTION GAUFRÉE DE L'ESTOMAC DU CHAMEAU Al 


délimitent des alvéoles quadrilatères, profonds de deux à quatre 
centimètres, dont le fond présente des gros plis anastomosés à 
surface friable et pulpeuse, comme la muqueuse intestinale. 
Cette surface présente, sur ses bords, une ligne de démarcation 
nette, visible à l'œil nu, qui la distingue de la muqueuse recou- 
vrant les cloisons. 

Les travées du premier et du second ordres sont surtout formées 
par des faisceaux de fibres lisses ayant la direction générale de 
ces cloisons mêmes, et qui sont formées par la tunique interne, 
annulaire, de fibres lisses de la panse; la tunique externe con- 
serve partout une épaisseur à peu près égale et ne participe pas 
à ce système de loges. L'épithélium des cellules pavimenteuses 
stratifiées est semblable de tout point à celui que nous avons vu 
recouvrir le reste de la panse. Mais le fond de chacune des 
petites logettes à aspect pulpeux nous offre des glandes en 
tube, nettes, assez courtes, un peu évasées, simples, non rami- 
fiées, rappelant assez l'aspect des glandes en tube de l'estomac 
pylorique de l'Homme. Leur base est circonscrite par une muscu- 
laire muqueuse formée de fibres lisses ; le chorion présente à 
leur niveau des vaisseaux très développés. Elles sont remplies 
d'une seule sorte de cellules polyédriques ou irrégulièrement ar- 
rondies, assez petites, réfringentes, remplies d’un fin granulé qui 
se colore en gris de lin par l’action de l'hématoxyline. Elles sont 
disposées sur un seul rang sur la membrane des glandes en 
tube, et laissent au centre de la glande une lumière très étroite. 

Les cellules de revêtement de cette portion de la panse, descen- 
dant tapisser le col de ces glandes, sont caliciformes, ovoïdes, à por- 
tion muqueuse parfaitement claire et disposées sur un seul rang. 

Nous avons donc, dans la panse, autant de petits estomacs, 
complètement isolés, qu'il y a de gaufrures. Les cellules de re- 
vêtement de ces parties sont caliciformes, comme dans l'estomac 
vrai. Les cellules des glandes en tube doivent-elles être assimi- 
lées aux cellules principales ou aux cellules bordantes des glandes 
de l'estomac cardiaque des Mammifères ? On pourrait plutôt les 
rapprocher des cellules qui tapissent les giantes stomacales des 
autres Vertébrés, Oiseaux, Batraciens, Poissons, etc., qui sont 
aussi d’une seule sorte, granuleuses et polyédriques. Ces glandes 
paraissent avoir été vues par Wedl, cité par Leydig. Elles contre- 
disent l'opinion de Chauveau et Arloing, qui assimilent l'estomac 
gaufré du Chameau au bonnet de nos Ruminants domestiques. 


DESCRIPTION 


DE QUELQUES 


ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQULLES VIVANTES 


DE DIVERSES PROVENANCES 


Par Maurice CHAPER. 


La présente note contient la description, un peu tardive, de 
quelques espèces de Mollusques, ou plutôt de coquilles, rap- 
portées de mes voyages et missions. Elle eût paru beaucoup plus 
tôt sans la difficulté que j'ai rencontrée à vérifier si ces espèces 
étaient réellement nouvelles. Je n’ai pu obtenir à cet égard qu'une 
probabilité. La dissémination des renseignements scientifiques 
de cette nature devient de plus en plus excessive; le champ de 
recherches est de ce fait démesuré; certains auteurs semblent 
prendre plaisir à publier des espèces et des genres, soit dans des 
recueils ayant une toute autre destination, soit dans des « bulle- 
tins » et « mémoires » de Sociétés essentiellement locales où, un 
peu de vanité aidant, on accueille trop facilement des renseigne- 
ments relalifs à des objets tout à fait exotiques : c’est un jeu de 
cache-cache sans aucun guide. De plus il faut du temps pour que 
les publications de chaque pays parviennent dans les autres. 
Voilà pourquoi je ne me risque qu'aujourd'hui à publier les 
espèces qui vont suivre. Je les crois nouvelles parce que j'ai reçu 
à ce sujet les obligeants conseils de personnes dont on ne peut 
nier la compétence, MM. Drouët, Jousseaume, Morelet, Sowerby, 
etc. Si je me trompais, j'espère que ceux qui le reconnaîtraient 
voudraient bien, dans un intérêt général, me le faire savoir afin 
que l'erreur puisse être rectifiée là même où elle se serait pro- 
duite. 


ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES 43 


SPATHA DrouETI Chaper. 
À 24 1 UE à (EE ERA 


Coquille ovale, inéquilatérale, plutôt épaisse que mince, 
d'épaisseur presque uniforme ; épiderme brun-noirâtre foncé ; la 
région cardinale de la commissure des valves est peu courbe, la 
région ventrale est, tantôt presque rectiligne sur une assez grande 
longueur, comme dans l'échantillon figuré, tantôt légèrement 
concave. La projection du crochet sur la plus grande longueur 
de la coquille tombe presque exactement au quart de cette lon- 
gueur à partir du côté antérieur. La partie postérieure est obli- 
quement tronquée, le prolongement de cette troncature rectiligne 
forme avec le prolongement de la partie rectiligne du bord ven- 
tral, ou, suivant le cas, avec la tangente aux deux saillies de ce 
bord, un angle de 45°; tandis qu'une tangente menée par le cro- 
chet à la courbure dorsale fait avec cette même ligne ventrale un 
angle de 24° à 26°. Les stries d'accroissement sont généralement 
peu saillantes et mousses, s’acceniuant davantage à intervalles 
inégaux ; elles sont beaucoup plus distinctes et plus fines en même 
temps sur le tiers postérieur des valves où l’épiderme prend de 
ce fait l'aspect légèrement lamelleux ; cette région de la coquille 
est très généralement encroûtée d’un dépôt ocreux; des stries, 
ou plutôt de petites ondulations, normales aux précédentes, 
se montrent surtout vers la partie antérieure; un pli saillant 
assez marqué délimite la région de la troncature postérieure ; 
un autre pli, ayant parfois tendance à se doubler, s'aperçoit au 
milieu de cette région : il est beaucoup moins accusé que le précé- 
dent; les crochets sont toujours très fortement corrodés. 

La coquille adulte ne dépasse guère les dimensions suivantes : 
longueur, 80"; largeur, 45; épaisseur, 23. 

A l’intérieur, la nacre est brillante, d'un gris livide de teinte 
un peu inégale; la zone périphérique extérieure à l'impression 
palléale, offre généralement des irisations un peu jaunâtres ; l’im- 
pression musculaire antérieure est profonde en arrière, comme 
le montre bien la figure ; l’attache du pied est une petite impres- 
sion lunulaire contiguë à la précédente, très irrégulière en arrière 
et finement striée ; l'impression musculaire postérieure est tout à 
fait superficielle ; la zone de son parcours sur le test est seule- 
ment délimitée du côté interne par un léger pli de la nacré, sous 


44 MAURICE CHAPER 


le crochet une petite impression profonde, presque cachée dans 
la valve gauche. 

Je dois à l’obligeance de M. H. Drouët les renseignements com- 
paratifs suivants : Plus développée que la Sp. Dahomeyensis Lea, 
et moins grande que la Sp. senegalensis Lea, celle-ci s’en distingue 
par la coloration de l’épiderme qui est d’un brun-noirâtre, et 
surtout par les petits plis nombreux et serrés dont cet épiderme 
est orné ; à la loupe on découvre en effet de nombreux petits plis 
parallèles aux courbes d’accroissement, et d’autres plis normaux 
aux précédents à dispositions arborescentes, moins nombreux et 
moins serrés. 

Hab. J'ai pêché cette espèce dans la Cania, rivière qui se jette 
dans la lagune d’Assinie, mais n’ai pu rapporter l’animal, vu les 
conditions où jé me trouvais à ce moment. 

Les échantillons figurés appartiennent à la collection de l’École 
des Mines. 

F 


ADJUA BREVIS Chaper. 
PL Lfig.4 


_cepétit Gastropode dont je n’ai trouvé qu'un échantillon est 
très fidèlement représenté sur la planche. Il n’a que trois tours 
et demi, et j'ai d’abord été tenté de supposer qu'il était jeune. 
Mais le développement très remarquable des saillies de l’ouver- 
ture ne permet guère de douter que l'échantillon ait atteint sa 
taille normale; tout au plus pourrait-on admettre que le bord 
libre n’eût pas encore sa forme définitive, soit qu'il doive s’étaler 
en un pavillon plus ouvert, soit qu'il doive s’épaissir. Les tours 
sont globuleux et ornés de stries d’accroissement très fines, vi- 
sibles dès la moitié du premier tour, augmentant de saillie et de 
largeur au fur et à mesure de l’accroissement ; mais ces ornements 
s'arrêtent à une sorte de carène mousse qui dessine à l'avance 
sur les tours la ligne de suture; au-delà de cette ligne ils perdent 
leur régularité, et un grand nombre d’entre eux s’eNfacent même 
entièrement. L'ouverture est ornée de saillies dont la plus remar- 
quable est une petite lame courbe, de 4 millimètre et demi de 
long, s'élevant à pic au milieu même de l'ouverture sur le tour 
de spire, cette lamelle est très mince et forme une surface gauche 
légèrement déversée vers l'extérieur; la dent columellaire, mal 
ombrée sur le dessin, est également lamellaire, de même forme 


ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES 45 


que la précédente : elle plonge vers l’intérieur du tour de spire; 
les quatre autres dents sont de simples callosités très légèrement 
allongées vers l'intérieur de la coquille en se dirigeant oblique- 
ment vers le bord columellaire : la troisième, à partir de la suture, 
est de beaucoup la plus accentuée; le bord columellaire est droit, 
le bord libre s’infléchit fortement en arrière sur la moitié de son 
amplitude à partir de la partie columellaire ; l’ombilic, bien net, 
permet à la vue de plonger jusqu’au premier tour; la hauteur 
totale de la coquille est de 4 millimètres. — Animal inconnu. 

Hab. J'ai recueilli cette espèce, morte depuis peu, dans les 
défrichements de la plantation de café d'Élima {lagune d’Assinie). 

L'échantillon figuré appartient à la collection de l’École des 
Mines. 


G. ADJUA Chaper. 


Je fais du Mollusque dont la coquille vient d’être décrite ci- 
dessus le type du genre Adjua, nom que j'emprunte à la langue 
du pays d'Assinie. Je n’ai pu en effet rapporter cette coquille à 
aucun genre connu de moi ni des personnes à l’obligeance des- 
quelles j'ai eu recours. Je ne définirai donc pas les caractéristiques 
du genre jusqu’à ce que la découverte d'espèces similaires per- 
mette de reconnaitre et formuler les traits qui leur seraient com- 
muns. 


PERIDERIS VERDIERI Chaper. 
PISE fe os 


Coquille blanche, sauf la portion du tour de spire contiguë à la 
columelle, portion qui est teintée en rose pâle et forme ainsi un 
ruban hélicoïdal bien délimité, de 4 millimètres de large sur le 
dernier tour; à l'intérieur, cette même zone change de teinte et 
devient plus foncée du fait du dépôt de la mince couche du test 
légèrement brun dont l'animal recouvre les tours de spire au fur 
et à mesure de sa croissance ; les tours, au nombre de six, sont 
un peu plus globuleux que dans les Perideris Moreleti Deshayes, et 
P. Reevei Pfeiffer, de sorte que la suture forme un sillon un peu 
plus creux que dans ces deux espèces précitées; plus allongée 
que le P. Moreleti, l'espèce actuelle l’est à fort peu près comme 
la variété longue du P. Reevei: seulement les tours croissant plus 
vite en hauteur qu’en largeur, cette espèce est moins régulière- 


46 MAURICE CHAPER 


ment conique que les deux autres et les lignes enveloppes de la 
projection de la coquille sur le dessin, au lieu d’être deux lignes 
presque droites, sont deux lignes courbes à concavité tournée 
vers l’axe; le test, bien que luisant, présente de nombreuses 
stries d’accroissement irrégulières; ces stries prennent une cer- 
taine régularité et une saillie un peu plus forte sur le cordon de 
la suture; de temps en temps, et à intervalles irréguliers, cer- 
taines stries d’accroissement sont bordées en tout ou en partie 
d'une teinte brunâtre ; les échantillons adultes que j'ai eu entre 
les mains avaient tous la bouche blanche. Le plan de l'ouverture 
est oblique à l'axe; la columelle est parfaitement droite et se 
raccorde par un angle très obtus avec le bord libre qui est tran- 
chant, sans aucun épaississement ; la longueur des échantillons 
adultes est de 54 à 65 millimètres. 

Les œufs de cette espèce sont blancs, très épais, parfaitement 
symétriques par rapport à un plan passant en leur milieu et per- 
pendiculaire à leur grande longueur, mais ils sont un peu « bos- 
sus », comme le sont aussi ceux des grands Urceus de la même 
région. Longueur, 6 millimètres ; diamètre, 4,5. L’échantillon qui 
me les a fournis en contenait 14, ce qui forme un volume énorme 
relativement à celui de l'animal. Les conditions où je me trouvais 
ne m'ont pas permis de rapporter celui-ci. 

Hab. Gette espèce se rencontre au Cap des palmes. Je la dois à 
l'obligeance du regretté M. Verdier, frère du résident Français 
d’Assinie, qui avait créé à peu de distance du Cap de très belles 
plantations de café. 

L'échantillon figuré appartient à la collection de l'Ecole des 
Mines. 


GLESSULA BRETIGNEREI Chaper. 
Pl T's 0. 


Coquille mince, transparente, d'un gris-olivâtre clair, luisante, 
bien qu'ornée de stries d’accroissemen£ très régulières, serrées 
et déjà bien marquées à la fin du second tour; six à sept tours de 
spire; à partir du deuxième tour la coquille devient très réguliè- 
rement conique; le plan de l'ouverture est peu oblique à l'axe ; 
lacolumelle est fortement infléchie vers l'intérieur de l'ouverture ; 
pas d'ombilic; longueur, 30 millimètres ; largeur 11 à 12. 

Hab, J'ai recueilli cette espèce dans les défrichements de la 


ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES 47 


plantation de café d'Élima (lagune d’Assinie); je n’en connais 
que deux exemplaires. 

L'échantillon figuré appartient à la collection de l'École des 
Mines, il est adulte, mais a été pris mort et décoloré. 


CORBULA ASSINIENSIS Chaper. 
153 ES CS 


Cette petite espèce appartient au même groupe que les C. inæ- 
quivalvis el procera. Je lui laisse provisoirement le nom générique 
de Corbula bien qu’elle ne puisse le porter qu’à condition de laisser 
à ce nom une extension à mon avis excessive. La valve droite, 
plus grande que l’autre, est blanche à l'extérieur; à l'intérieur le 
côté postérieur est teinté de brun; la valve gauche est brune; la 
coquille n’est point brillante; les deux valves présentent des 
stries d'accroissement, plus nettes sur le côté antérieur qui est 
plus court que l’autre; le côté postérieur porte sur les deux val- 
ves une espèce de côte correspondant à une saillie du bord, saillie 
bien accusée sur la figure 7; plus en arrière encore une autre 
côte analogue, bien moins saillante, vient aboutir à l’autre bout 
de l'espèce de troncature qui se voit sur le côté postérieur ; dans 
la zone ainsi délimitée par ces deux divergentes l’épiderme est un 
peu feuilleté; sur le reste de la coquille il est assez lisse, sauf des 
rides irrégulières et irrégulièrement placées, rayonnantes, mais 
n’allant jamais du crochet aux bords, et donnant à l’épiderme 
l'apparence d’avoir été ridé par retrait dans le sens de la longueur 
pour pouvoir s'appliquer sur le test; la coquille est faiblement 
inéquilatérale. 

A l’intérieur, l'impression palléale est très marquée; l’échan- 
crure est faible; les impressions musculaires bien marquées sont 
superficielles; la postérieure à peu près ronde est encore plus 
près du bord tronqué que ne l'indique le dessin; l’autre est allon- 
gée et également submarginale; la valve droite porte une dent 
unique, antérieure, conique, bien détachée du bord; sur le côté 
antérieur une portion du test s’avance en surplomb pour former 
une longue dent latéraie séparée du bord par une faible gout- 
tière, le cuilleron ligamentaire de la valve gauche se projette 
fortement en avant; son bord postérieur est formé d’un bourrelet 
qui le dépasse et forme une vraie petite dent qui s'enfonce sous 
le bord cardinal de la valve droite; les crochets sont très peu 


AS MAURICE CHAPER 


saillants; la coquille a environ 7 millimètres de long sur 5 de 
large. 

Hab. Je n'ai pu me procurer que quatre échantillons, dont 
deux morts, de cette espèce que pourtant je ne crois pas rare; je 
l'ai pêchée dans la rivière d’Assinie en un point où l’eau est alter- 
nativement douce et très saumâtre ; plus près de la mer elle serait 
probablement plus abondante. 

L'échantillon figuré appartient à la collection de l'École des 
Mines. 


CURVELLA SULCATA Chaper. 
PL L6c.10, 11: 


Il n'existe à ma connaissance aucun genre de Gastropode dans 
lequel on puisse faire entrer cette petite espèce, aucun des natura- 
listes que j'ai consultés n’a pu l’attribuer à un genre déjà connu. 
Je me décide donc à créer le genre Curvella dont ce Mollusque 
sera le type. 

Je ne le connais malheureusement que par des échantillons 
morts et n’ai aucun renseignement sur l'animal. É 
La coquille est très régulièrement conique et composée de 
cinq tours; La longueur ne dépasse guère 9 millimètres, la plus 
grande largeur 4; le test est mince, transparent, olivâtre, les 
tours non globuleux, la suture par conséquent peu profonde : ils 
sont ornés de côtes plates et luisantes, dont le contour est sem- 
blable à celui du bord libre de l'ouverture, très régulièrement 

espacées, séparées par des intervalles étroits. 

La columelle est un peu courbe; le bord columellaire, légère- 
ment étalé, se déverse un peu en arrière; le bord libre, tranchant, 
qui y fait suite, est d'abord dans un plan passant par l'axe, mais 
la partie externe se projette fortement en avant, puis, au moment 
d'atteindre l’avant-dernier tour, se reporte brusquement en arrière 
de telle facon que la suture se trouve rejetée en arrière même du 
plan de la partie antérieure extrême contiguë à la columelle ; la 
figure 10 complétée par la figure 11 rend bien compte de cette 
disposition. 

IHab. J'ai recueilli cette espèce dans les défrichements de la 
plantation de café d'Élima (lagune d’Assinie). 

L'échantillon figuré appartient à la collection de l'École des 
Mines. 


ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES 49 


\ 


CURVELLA INORNATA Chaper. 


J'avais d’abord cru n'avoir qu'une espèce; un examen plus 
attentif m'a montré qu'il y en avait une seconde. De même forme 
que la première, ayant aussi 5 tours, régulièrement conique 
comme elle, elle en diffère par trois caractères bien constants : 
les tours sont plus globuieux; les ornements ne sont plus des 
côtes régulières mais de simples stries d’accroissement, groupées 
parfois en faisceaux, de saillie très variable, souvent à peine vi- 
sibles; enfin la columelle est parfaitement droite; l'espèce est 
aussi un peu plus grande. 

Hab. Le même que celui de la précédente; elle paraît même 
y être moins rare. 


Genre CURVELLA Chaper. 


Les caractéristiques du genre Curvella, tirées de la coquille 
seule, sont donc les suivantes : Coquille régulièrement conique, 
mince, non ombiliquée, recouverte d’un épiderme très mince, 
luisant, olivâtre; de cinq à six tours de spire, peu globuleux, 
ornés de stries ou côtes d’accroissement, columelle droite ou 
courbe; ouverture à bords tranchants ; bord columellaire légère- 
ment étalé en arrière; bord externe fortement arqué en avant 
dans sa partie moyenne, se recourbant brusquement en sens 
contraire vers sa base de façon que la suture en soit fortement 
reportée en arrière. 


MoaARIA CONICA Chaper. 
PISE 


Cette coquille, dont la figure est agrandie d'un bon tiers mais 
est très exacte, est le seul spécimen de cette forme que j'aie 
rencontré. Est-elle adulte? au premier abord j'en ai douté. Je 
n’oserais encore l’affirmer d’une façon bien précise : mais après 
examen et réflexion je suis porté à croire qu'elle l’est ou bien 
peu s’en faut. 

Tant au point de vue du genre qu’à celui de l’espèce, je n’ai pu 
rapporter cette coquille à rien que je connaisse. Je me crois donc 


4 


50 MAURICE CHAPER 


autorisé à la décrire sous les noms précités. Je décrirai seulement 
l'espèce qui sert de type au genre, la découverte de nouvelles 
espèces similaires permettra d'extraire des caractéristiques ci- 
dessous celles qui auraient une valeur générique. 

Coquille très régulièrement conique ayant six tours de spire; 
largeur du dernier tour égale à la hauteur de la coquille, soit 8 
millimètres ; une carène très nette, sur laquelle se fait la suture, 
divise les tours en deux régions d’égale amplitude; la région 
externe est ornée de filets saillants à peu près équidistants qui 
commencent à se montrer dès la fin du second tour et dont le 
nombre augmente progressivement par l'intercalation entre cer- 
tains d’entre eux de nouveaux filets d'abord très fins devenant 
peu à peu égaux aux anciens; la région interne, destinée a être 
recouverte par les tours à venir, est luisante; on y voit de très 
fines marques d’accroissement qui sont à peine visibles sur l'autre 
région; plan de l'ouverture très peu oblique à l'axe, ombilic très 
petit; bord tranchant : épiderme très mince et peu coloré. Animal 
inconnu. 

Hab. J'ai recueilli cet unique échantillon mort, dans les défri- 
chements de la plantation de café d'Élima (lagune d’Assinie). 

Il appartient à la collection de l'École des Mines. 

Elle est le type du genre Moaria Chaper, nom que j'emprunte à 
la géographie de la lagune d’Assinie. 


LYxonsiA MorGaANI Chaper. 
PL Te. 4920; 21: 


Cette petite coquille, dont les dimensions ordinaires sont 6 mil- 
limètres de long et 3 1/2 de large, me paraît bien appartenir au 
senre Lyonsia, bien que je n'y aie pas vu d'osselet cardinal ; mais, 
n'ayant pu examiner sur place des échantillons frais pêchés, je 
n'ai pu le rechercher que sur des échantillons desséchés après 
un séjour dans l’alcool..Il suffit donc que l'osselet ne soit repré- 
senté dans cette espèce que par une pièce plutôt cornée que cal- 
caire pour qu'il n'ait pu se distinguer, après dessiccation des 
membranes durcies, racornies et très brunes constituant le résidu 
de l'animal. Les crochets sont très recourbés ; la troncature bien 
accusée à l'extrémité postérieure qui est plus allongée que ne le 
représente la figure; les valves sont égales et ornées de fines 
stries d’accroissement ; sur le test dépouillé d'épiderme, ces stries 
sont assez régulières, se groupant en faisceaux qui forment des 


ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES I 


ondulations près des crochets; l’épiderme très mince manque 
souvent près des crochets ; il est brun verdâtre et devient de plus 
en plus feuilleté avec l’âge, surtout vers la région de la troncature; 
celte région est souvent, mais non toujours, délimitée en avant 
par une arête assez nette partant du crochet. 

J'ai beaucoup hésité à croire cette espèce nouvelle : ayant 
cependant acquis la certitude que des collections importantes, 
tant anglaises que françaises, auxquelles j'ai eu recours ne la con- 
naissaient pas, je me suis décidé à la décrire. 

Hab. Je l'ai recueillie en grande abondance avec M. de Morgan 
dans les eaux saumâtres de la petite rivière qui traverse Madras. 

Les échantillons figurés appartiennent à la collection de l’École 
des Mines. 

Les deux espèces qui suivent rentrent dans le grand groupe 
générique Ænnea de H. et A. Adams. Sans méconnaître les affini- 
tés qui rattachent les uns aux autres les animaux de ce groupe, 
j'estime cependant que les formes des coquilles sont un motif 
suffisant pour le subdiviser en genres plus restreints et par consé- 
quent plus homogènes. Pfeiffer avait déjà, en 1855-56, créé dans le 
G. Ennea qui venait d'être publié des sections auxquelles il donna 
des noms. Mais il ne les reproduisit pas dans sa monographie, 
abandonnant ainsi son idée première. Étant d'avis qu'elle doit 
être reprise, je pense ne pouvoir mieux faire que de reprendre 
aussi, pour le donner au genre que j'admets, le nom qu'avait 
donné Pfeiffer à la section dans laquelle viennent se placer mes 
deux espèces; la Gulella elimensis deviendra en conséquence le 
type du genre Gulella. 


GULELLA ELIMENSIS Chaper. 
Pen 4/6; 15; 


Coquille pupiforme composée de sept tours de spire ornés de 
stries d'accroissement très régulières ; plan de l'ouverture presque 
parallèle à l'axe ; le bord en est déversé sur tout son contour et 
s'étale aussi sur l’avant-dernier tour en une large callosité très 
amincie antérieurement, qui, près de la suture, se relève en une 
lame très saillante, gauche, allant s’enfonçant profondément dans 
l'intérieur ou elle règne en s’atténuant sur plus d’un demi-tour et 
va presque rejoindre la columelle ; à la base de cette lame, s'élève 
un denticule faisant face à un autre de même saillie porté par le 


)2 MAURICE CHAPER 


bord columellaire ; celui-ci porte ensuite, juste en face du sommet 
antérieur de la grande lame précitée, une lame plus courte dont 
la crête, presque parallèle à celle de la grande lame, s'en rap- 
proche de façon à n’en être plus séparée que par une distance 
d’un demi millimètre à peine et à délimiter ainsi dans l'angle de 
la suture une espèce de trou en feuille de trèfle ; celte petite lame 
s'infléchit par sa base vers une troisième saillie du bord libre, 
demi-circulaire, normale audit bord, et se prolongeant à l’inté- 
rieur sur une faible longueur (1/4 de tour) par un cordon peu 
marqué; vient ensuite un quatrième ornement consistant en un 
cordon peu saillant dont l'amplitude ne dépasse pas la largeur du 
bourrelet du bord; la cinquième saillie offre d’abord sur le bour- 
relet le même aspect que la précédente, mais, après s'être presque 
effacée, elle remonte et se prolonge sous la forme d'une longue 
lame tranchante presque plane, sauf une inflexion d'avant en 
arrière située près de sa naissance; cette lame dont le plan géné- 
ral est à peu près perpendiculaire à l'axe de la spire plonge pro- 
fondément dans les ouvertures et va en s’atténuant mourir à plus 
d'un demi tour de distance du bord; une sixième saillie, moins 
accentuée et fort comparable à la quatrième, se trouve au coude 
de raccordement du bord externe quasi-droit avec le bord anté- 
rieur demi-circulaire ; elle est le point de départ d’une lame à 
peu près parallèle à la précédente, mais moins longue, plus tran- 
chante, moins haute et souvent prenant naissance à une certaine 
distance du bourrelet marginal; à peu près au milieu du demi- 
cercle antérieur une septième saillie sur le bourrelet, comparable 
aux deux précédentes, un peu trop bas placée sur le dessin, est 
le point de départ d'une cinquième lame, assez haute, courbe, 
plongeant rapidement, mais ne régnant que sur 1/4 de tour; pres- 
que au dessus de la columelle une neuvième saillie vient encore 
servir d'attache à une très courte lamelle remontant presque pa- 
rallèlement à l’axe et ayant deux ou trois millimètres de long ; la 
columelle enfin porte en arrière du plan de l'ouverture une callo- 
sité au-dessus de laquelle s'élève deux saillies, extrémités de 
deux bourrelets heliçoïdaux courant pendant un demi-tour sur la 
columelle qui est droite ; les deux sillons profonds qui se voient 
sur la base du dernier tour correspondent aux lames des cin- 
quième et septième saillies ; épiderme très mince et peu coloré; 
longueur, 17 millimètres ; largeur, 6 à 7. — Animal inconnu. 

Hab, J'ai recueilli cette espèce en abondance dans les défriche- 
ments de la plantation de café d'Élima (lagune d’Assinie). 


ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX DE COQUILLES VIVANTES D3 


L'échantillon figuré appartient à la collection de l'École des 
Mines. 


GULELLA ASSINIENSIS Chaper. 
pts 1017; 15 


Comme la précédente cette espèce a sept tours ornés de fines 
stries d’accroissement très régulières; l'ouverture est de même 
forme, le bord en est déversé sur tout son contour, et s’étale 
aussi sur l’avant-dernier tour en une large callosité peu épaisse, 
qui se relève près de la suture où elle forme deux saillies : l’une, 
tout à côté de la suture, en forme de denticule inséré sur la base 
de la seconde qui se prolonge en arrière sous forme de lame droite 
et tranchante; cette lame de deux millimètres et demi de long, 
très oblique à l’enroulement, remonte vers l'axe et finit brusque- 
ment à la rencontre d’une autre lame plus saillante encore, courbe 
à peu près suivant la loi de l’enroulement, et qui va s’enfonçant 
profondément en s’atténuant; elle occupe plus d’un demi-tour de 
spire; le bord externe porte près de la commissure un denticule 
précisément opposé au denticule précité, et, juste en face aussi 
de la naissance de la première lame, il porte une saillie à large 
base, à crête tranchante, se dirigeant parallèlement à ladite lame 
de façon à circonscrire à l’intérieur de l'ouverture une espèce de 
canal à double ouverture; la figure rend très mal compte de cette 
disposition ; en remontant le long du bord externe on rencontre 
quatre autres saillies : la première est le point d’aboutissement 
d’une petite lame à peine visible dans beaucoup d'échantillons, 
et qui se dirige obliquement sur la précédente ; la saillie suivante 
plus accusée se prolonge à l’intérieur sous forme d’une lame tran- 
chante, assez saillante, longue de près d’un tiers de tour, et 
fortement déversée en arrière dans sa partie profonde; la troi- 
sième et la quatrième correspondent aussi à deux lames remon- 
tant dans l'ouverture aussi loin que la précédente, mais séparées 
de leurs deux témoins marginaux par un léger espace où elles 
disparaissent presque complètement; la figure, même agrandie, 
rend mal compte de ces détails; les deux sillons profonds qui se 
voient sur la base du dernier tour correspondent respectivement 
aux lames des quatrième et cinquième saillies; la longueur ordi- 
naire de la coquille adulte est de 12 millimètres, la largeur de 4. 
— Animal inconnu. 


54 MAURICE CHAPER 


Hab. J'ai recueilli cette espèce avec la précédente dans les défri- 
chements de la plantation de café d'Élima (lagune d’Assinie). 
L'échantillon figuré appartient à la collection de l'École des 


Mines. 


SUR 


LES VAISSEAUX DE LA CRISTALLOIDE POSTÉRIEURE 


CHEZ LES FOETUS DE MAMMIFÈRES 


Par M. Alexandre PILLIET 


Chez les fœtus de Mammifères, on sait que l'artère centrale de 
la rétine, qui pénètre dans le globe de l’œil avec le nerf optique, 
s'épanouit immédiatement en un certain nombre de branches, 
qui rayonnent sur la surface externe de la rétine, et fournissent 
du sang à cette membrane, ainsi qu'à la partie postérieure du 
corps vitré. 

Une branche importante, l’artère hyaloïde, qui semble conti- 
nuer le trajet de l'artère, perfore au contraire le corps vitré, qui 
lui fournit une gaîne ou canal, étudiée par Merle en 1877, et qui 
persiste toute la vie chez le Bœuf, d’après H. Müller. Elle est 
accompagnée de filets nerveux, et arrive droit au pôle postérieur 
du cristallin. Là elle se résout en un grand nombre de capillaires 
qui parcourent toute la cristalloïde postérieure, arrivent à la 
circonférence du cristallin, et là se continuent avec les vaisseaux 
de la cristalloïde antérieure et de la zone de Zinn. 

Ces capillaires irriguent la partie postérieure du cristallin, et la 
partie antérieure du corps vitré, qui se trouve ainsi compris entre 
deux cercles vasculaires. 

Je voudrais attirer l'attention sur deux points relatifs à la per- 
sistance de ces capillaires de la cristalloïde postérieure et à leur 
structure. 

Chez l’adulte, la membrane hyaloïde a perdu ses vaisseaux, 
elle est anhiste et d’une transparence parfaite. On a cherché à 
quel moment les capillaires sanguins disparaissaient chez le 
fœtus, et on a essayé avec raison de tirer de cette connaissance 
des données applicables à la détermination de l’âge des fœtus ; 


56 ALEXANDRE PILLIET 


on sait que la persistance anormale des vaisseaux sur la cristal- 
loïde antérieure donne lieu à l’atrésie pupillaire. Kôülliker (1) 
s'étend quelque peu sur cette question importante, dit-il, au point 
de vue de la médecine légale, et fixe du 7° au 8€ mois, l’époque 
de la disparition des capillaires hyaloïdiens; chez le fœtus humain, 
Tarnier et Chantreuil (2) indiquent le 7° mois; nous avons d’abord 
à vérifier cette donnée. 

La préparation de la cristalloïde postérieure est simple. Elle 
se sépare très facilement sur un cristallin durci par l'alcool ou 
les chromates. On fend le cristallin sous l’eau, on enlève la cris- 
talloïde avec une pince, et on l’étale sur une lame de verre, la 
face postérieure tournée en haut. Il est alors facile de la colorer 
et de la monter. Quand on l’examine, on aperçoit le réseau des 
capillaires divergeant tous de son centre, comme les rayons d’une 
roue, réunis par des anastomoses obliques, assez peu nombreuses 
et sur un plan plus profond, correspondant à sa face antérieure 
de la membrane, une série de dessins polygonaux, juxtaposés, 
qui répondent à l'empreinte des fibres cristalliniennes. 

Dans ces conditions, sur un fœtus humain à terme et d’un 
autre très développé, mais dont l'âge n’était malheureusement 
pas indiqué, que j'ai pu examiner au laboratoire d’histologie zoo- 
logique de l’école des Hautes-Études, les capillaires étaient par- 
faitement évidents; il en élait de même sur un fœtus de Cheval 
de 67 centimètres de long et sur des fœtus à terme de Rat com- 
mun et de Lemming (ou Rat de Norvège). 

J'ai alors examiné des Chats nouveaux-nés, de trois portées 
différentes, de mères différentes aussi, un jour ou deux après leur 
naissance, sur ces trois Chats, j'ai retrouvé le réseau capillaire. 
Il en a été de même sur un Lapin de quelques jours. Les vaisseaux 
sont même d'autant plus larges, que l’âge des animaux est plus 
avancé et ne présentent aucune trace de régression commen- 
cante. Il est donc probable qu'on les retrouverait encore sur des 
animaux plus âgés. Les ophthalmologistes ont signalé, Th. Sæ- 
mich et W. Zehender les premiers, un certain nombre de cas de 
persistance de l'artère hyaloïdienne. D’après M. Terrier, qui a 
relevé ces cas (3), elle se présente alors sous l'aspect d’un tractus 
noirâtre, reliant la papille au pôle postérieur du cristallin. Elle 


(1) Embryologie, trad, Schneider, 1882, p. 672. 
(2) Traité des accouchements, 1° et 2° fascicules, 1880. 
(3) Terrier, Manuel de Pathologie chirurgicale, t, TITI, 1882, 


SUR LES VAISSEAUX DE LA! CRISTALLOÏDE 97 
peu contenir du sang et présenter des pulsations rhythmiques 
(Galezowski) (1). Ce vice de conformation doit être plus fréquent 
chez les enfants qu'on ne le croit, car déterminant fort peu de 
troubles, il peut passer inaperçu. 

Chez les Batraciens, les vaisseaux de la cristalloïde postérieure 
qui n’ont pas d'ailleurs la même distribution ; il n'y a ni artère 
hyaloïde, ni centrale de la rétine, persistent toute la vie, et ont 
été étudiés comme nous le verrons tout à l'heure. Chez quelques 
poissons Téléostéens, adultes, et chez des Squales marteau très 
jeunes, je n’ai pas trouvé de vaisseaux, ceux de l'embryon de 
Poulet sont décrits dans le Manuel de Stricker (2). 

Quand on examine les capillaires de la membrane hyaloïde, 
fixée par l'alcool, on voit le vaisseau rétracté, formé de ses cel- 
lules endothéliales allongées, à noyau ovoïde, volumineux, à pro- 
toplasma un peu granuleux, comme l'est l’endothélium chez les 
fœtus. Il est contenu dans une gaîne large, dont le contour est 
net, et qui présente de distance en distance des noyaux parfaite- 
ment sphériques, saillants en dehors de cette gaine, ce qui les 
distingue, à première vue, des noyaux allongés du capillaire, qui 
font saillie dans la lumière du vaisseau. Ces détails sont d'autant 
plus nets, que la cristalloïde est une membrane anhiste. Les 
noyaux de cette gaîne externe, et conséquemment les cellules, 
sont toujours beaucoup moins nombreux que les noyaux du 
capillaire inclus. Il y a quelquefois des Leucocytes entre la gaîne 
et le paroi du capillaire. Elle existe chez l'Homme, le Chat, le 
Lapin, le Chameau, le Porc, le Mouton, le Rat. Quand le cristallin 
a été durci par le liquide de Müller, l'acide osmique, ou qu'il est 
examiné à l’état frais, cette gaine est appliquée contre le capil- 
laire et ne s’en distingue qu’à la saillie excentrique de ees noyaux. 
Elle est au contraire très nette sur les pièces qui ont longtemps 
séjourné dans l'alcool. M. Cadiat (3) les décrit comme des capil- 
laires simples. 

Sur les vaisseaux persistants de la cristalloïde de la Grenouille, 
il existe une gaîne semblable, décrite et figurée dans le Manuel 
de Stricker (Ivanhof et Stricker), je l'ai vue également sur le Cra- 
paud calamite et le Bufo agua. 


(1) Galezowski, Archives d'Ophthalmologie, 1882, p. 130. 

(2) Stricker, Handbuch der Lehre von den Geweben des Menschen und der Thiere. 
Vienne, 1871. 

(3) Cadiat, Du cristallin, Thèse d'agrégation, 1875. 


DR ALEXANDRE PILLIET 


Chez les Mammifères, on a trouvé cette enveloppe sur les vais- 
seaux de la rétine qui, nous venons de le voir, ont la même 
origine que ceux dont nous nous occupons. Hénocque (1) l’assimile 
à la gaîne périvasculaire que le professeur Ch. Robin a décrite 
en 1856 aux capillaires des centres nerveux. Wolfring injecta les 
fentes périvasculaires de la rétine, et reconnut leur communica- 
tion avec les lymphatiques. Le professeur Ranvier (2) décrit et 
figure un capillaire d'un nerf périphérique, muni d'un double 
revêtement endothétial, qui répond exactement aux gaînes qui 
nous occupent ici, et paraît admettre que les capillaires sont par- 
tout revêtus de ce périthélium, comme le nomme Eberth, que 
leur fournirait le stroma conjonctif des tissus qu'ils traversent, 
La cristalloïde de la Grenouille présente, de place en place, de 
gros noyaux, qui répondent sans doute à des cellules fixes, mais 
on ne voit rien de semblable chez les Mammifères, où cette mem- 
brane est anhiste, et ne peut à priori fournir de revêtement cellu- 
laire à un vaisseau. Peut-être son origine permet-elle d'expliquer 
cette anomalie. 

D'après Külliker (3), Kessler admet que l'hyaloïde n’est pas 
primitivement une membrane spéciale, mais la substance même 
du corps vitré, différenciée, servant de substance aux vaisseaux, 
une cuticule, du groupe des produits. C’est aussi l'opinion de 
Lieberkühn; Gayet (4) la décrit comme reliée au corps vitré par 
de fins tractus cellulaires, qui lui font admettre une fusion plus 
ou moins intime. 

Chez un fœtus de Porc de 10 centimètres de long, j'ai pu voir 
aussi, accolées à la face postérieure de la cristalloïde, des cellules 
fixes, semblabes à celles du corps vitré. 

Si l'on admet avec Lieberkühn et Külliker, l’origine méso- 
blastique probable du corps vitré, on peut considérer la cristal- 
loïde postérieure comme une membrane d’origine conjonctive, 
dont toutes les cellules fixes, chez les fœtus des Mammifères, 
concourent à former le revêtement périthélial des capillaires et 
disparaissent avec eux. 

En résumé : 1° Les capillaires de la cristalloïde postérieure des 
Mammifères persistent, en général, beaucoup au-delà du terme 


(1) Henocque, Rétine. Dict. encyclopédique des sciences médicales, 1876. 
(2) Ranvier, Lecons sur le système nerveux, 1858, t. I, p. 250. 

(3) Kôülliker, loco citato, p. 683. 

(4) Gayet, Cristallin. Dict. encyclopédique des sciences médicales, 1879, 


SUR LES VAISSEAUX DE LA CRISTALLOÏDE )9 


indiqué dans les classiques, et à ce propos il serait curieux de 
savoir s'il se réforme des vaisseaux dans le cas de la régénéra- 
tion du cristallin étudiée par Millot en 1872. 2° Ils présentent une 
gaine périvasculaire semblable à celle qui a été décrite dans la 
cristalloïde des Batraciens, dans la rétine et dans les centres ner- 
veux des Mammifères, et la membrane, hyaloïde par sa transpa- 
rence et l'absence d'éléments figurés dans son épaisseur, est un 
bon objet d’études pour observer cette disposition. 


SUR 


LA GLANDE LACRYMALE D'ENE TORTUE GEANTE 


(CHELONE VIRIDIS) 


Par M. Alexandre PILLIET et M'e Fanny BIGNON 


Le laboratoire d’Anatomie comparée du Muséum ayant fait 
l'acquisition d’une Tortue de grande taille, Chelone viridis, nous 
avons pu étudier l'appareil secréteur orbitaire, grâce à la bien- 
veillance de M. le professeur Pouchet qui a mis la pièce à notre 
disposition. 

Nous avons pu constater les faits suivants : 

La cavité orbitaire, très spacieuse, se continue en arrière avec 
le large canal formé latéralement par les parois du crâne. En 
avant, les deux orbites se confondent, car elles ne sont pas 
séparées par une cloison osseuse. 

L'orbite renferme le globe oculaire, les muscles moteurs et 
deux glandes, la glande lacrymale et la glande de Harder. 

L'œil est protégé par trois paupières. La nictitante est bien 
développée. Elle est opaque et présente vers le milieu de son bord 
libre une tache demi-circulaire fortement colorée en noir par du 
pigment. 

Les muscles moteurs de l'œil sont courts et unis entre eux par 
des lames tendineuses très résistantes. Ils forment trois couches 
superposées : 

1° La couche des muscles moteurs de la nictitante appliquée 
sur le globe oculaire. 

2° La couche des muscles moteurs des paupières supérieure 
et inférieure auxquels se rattache le muscle compresseur de la 
glande lacrymale. 

La glande lacrymale est située à l'angle externe et supérieur de 
l'orbite où elle occupe un espace pyramidal triangulaire, et 


LA GLANDE LACRYMALE D'UNE TORTUE GÉANTE GI 


s'étend d’arrière en avant au-dessus du globe oculaire, contre la 
paroi supérieure de l'orbite. Elle a la forme d'une pyramide trian- 
gulaire dont la base regarde le plancher orbitaire et dont une de 
ses faces s'applique sur le globe oculaire. Cette face est néces- 
sairement concave. Le sommet de la pyramide correspond à 
l'angle supéro-interne de l'orbite. Sa hauteur est de 85m, la lar- 
geur de sa base de 40". Son poids est de 27 grammes. 

La glande lacrymale est médiatement en rapport avec le globe 
oculaire et les muscles oculo-moteurs et avec les os de l'orbite; 
ce sont en haut et en dehors, le post-frontal; en haut et en avant 
le frontal et le préfrontal, en dedans l’ethmoïde et en bas le sphé- 
noïde. 

Leydig (1) a également signalé la présence de la glande lacry- 
male chez les Tortues et voici la description très succincte qu'il 
en donne chez le Chelone Midas : « Elle se compose de canalicules 
» longs et étroits, parallèles entre eux et dichotomes. Ainsi une 
» coupe verticale à travers un lobule glanduleux rappelle-t-elle 
» des canalicules médullaires des reins des Mammifères. Les cel- 
» lules de secrétion sont allongées et, par leur groupement, elles 
» laissent libre l’âme du canalicule glandulaire. » 

La glande lacrymale de Chelone viridis est immédiatement en 
rapport avec le muscle compresseur qui recouvre la pyramide 
glandulaire, à partir du tiers de sa hauteur jusqu'à son sommet 
et par la gaîne tendineuse qui continue ce muscle et forme une 
gaîne au reste de la glande, la séparant du globe oculaire et des 
muscles oculo-moteurs. 

Le muscle compresseur est large et mince, il a la forme d’un 
triangle de 50"" de hauteur sur 28 de base. Il s'étend du sommet 
de la glande lacrymale jusqu’à l’union des deux tiers antérieurs 
avec le tiers postérieur de sa face supérieure; il s’insère au 
moyen d'une larse lame tendineuse qui recouvre le reste de la 
glande. 

La glande lacrymale est d’un gris rosé, elle est composée de 
tubes ou cylindres accolés du volume d’une plume d’oie; assez 
analogues extérieurement à l’appendice vermiforme du cœcum 
de l’homme, il se présentent sur une coupe transverse, comme 
des cylindres pleins sans trace de canaux ; pourtant, par la pres- 
sion, on fait sourdre, au centre de la surface de section, un liquide 


() Levdig, Traité d'Histologie de l'homme et des animaux. Paris, 1866. — Voir 
page 280. 


62 ALEXANDRE PILLIET ET Mlle FANNY BIGNON 


épais, ayant l'aspect et la consistance du miel jaune. Ces tubes 
répondent aux lobules ou grains d'une glande acineuse, ce sont 
de véritables lobes distincts. Sur la coupe transverse d’un de ces 
lobes examinée à un faible grossissement, on voit qu'il est con- 
stitué par des glandes simples en tubes, convergeant de la péri- 
phérie au centre, où se trouve un canal central entouré de gros 
vaisseaux, ces glandes ont chacune environ 200 4 de long, sur 
une largeur de 20 à 304. Sur une coupe parallèle à l’axe longitudinal 
du lobe primitif et par conséquent transverse des glandes, elles 
apparaissent assez régulièrement rondes ; ces glandes s’abouchent 
par petits groupes dans des canalicules excréteurs qui sont 2 à 4 
fois plus larges qu’elles et continuent d’abord leur direction; puis 
se coudent brusquement et vont se jeter dans le canal excréteur 
qui occupe le centre de chaque lobe. Les glandes simples en 
tube sont minces et allongées, serrées les unes contre les autres, 
non ramifiées, elles sont séparées par une charpente connective 
fort grêle qui sert de support à des capillaires nombreux. Ceux-ci 
ont la même direction que les glandes; ils rayonnent de 7à 8 gros 
vaisseaux situés au centre des gros lobes composant la glande 
lacrymale et vont se jeter dans les veines accolées à la paroi du 
lobe dont nous allons parler tout à l'heure. 

Chaque glande en tube est donc entourée de capillaires. Elle 
offre à considérer une paroi et des cellules. La paroi ou membrane 
propre de la glande est mince et réfringente, à peu près transpa- 
rente, très finement grenue par places. 

Dans les préparations colorées par l'hématoxyline on distingue 
de place en place dans cette cuticule des noyaux allongés répon- 
dant à des cellules membraneuses comme celles que Fr. Boll a 
décrites dans la cuticule des glandes gastriques. L'épithelium est 
composé de cellules cubiques disposées sur un seul rang le long 
de la paroi, petites et serrées, à contours peu distincts, à cyto- 
plasma chargé d'un fin granulé gris abondant. Le noyau situé au 
centré de l'élément est petit et sphérique, se colore fortement par 
les réactifs spéciaux; les cellules remplissent toute la glande, n'y 
laissant pas de lumière centrale apparente. A l'endroit où la 
glande s'abouche dans le canal excréteur plus large, comme nous 
l'avons vu, ces éléments font place à des cellules prismatiques 
allongées, évasées à leur extremité libre, à noyau ovale, situé 
vers la base effilée de l'élément ; elles sont disposées sur un seuil 
rang, sans cellules de remplacement visibles à leur base, et rem- 
plies dans toute leur hauteur de granulations fines aussi abon- 


LA GLANDE LACRYMALE D'UNE TORTUE GÉANTE 63 


dantes que celles qu'on voit dans les cellules des glandes séreuses, 
le canal excréteur central est rempli de tels éléments desqua- 
mis, qui forment, du moins sur l'animal que nous avons vu, et 
quelques heures après la mort, la plus grande partie de liquide 
excrété et lui donnent cet aspect concret que nous avons si- 
gnalé. 

Chacun de ces canaux excréteurs unique pour chaque tube ou 
lobe dont il suit l’axe est très étroit à l'origine du tube. Il se pré- 
sente au contraire comme une grande fente allongée dans la partie 
de la glande qui avoisine la conjonctive. 

Plusieurs de ces canaux centraux se réunissent à ce niveau, et 
de ces abouchements résulte le canal excréteur commun de toute 
la glande qui vient s'ouvrir sous la paupière supérieure à la partie 
supérieure et externe de l’hémisphère antérieur de l’œil. L’orifice 
de ce canal a 3"" de diamètre. Le tissu conjonctif, rare entre les 
glandes en tubes, se trouve au contraire assez dense, avec des 
faisceaux de fibres bien développés, au centre des lobes où il 
forme un cordon plein dans lequel sont creusés et le canal excré- 
teur et les vaisseaux disposés en couronnes autour de lui, recevant 
les capillaires interglandulaires dont la direction est perpendicu- 
laire à la leur. Le revêtement externe de chacun des tubes prin- 
cipaux de la glande lacrymale est constitué ainsi qu'il suit 
l’aponévrose qui entoure toute la glande envoie des dédouble- 
ments tractus celluleux, minces, qui engaïnent et isolent chacun 
de ces lobes; ils possèdent de plus une paroi propre sur laquelle 
s’implantent les culs-de-sacs des glandes en tube, cette paroi est 
constituée superficiellement par des faisceaux de fibres conjonc- 
tives à direction annulaire, plus profondément par un riche réseau 
élastique; de gros sinus veineux remplis de sang sont accolés à 
sa surface. 

Cette glande est pour les glandes en tubes composées un type 
complet défini, comme l’est une glande salivaire pour le groupe 
des glandes acineuses. Ce type manque chez l'Homme et chez les 
Vertébrés supérieurs : les glandes en tube de l'appareil digestif 
ne sont point disposées en organes isolés. Le foie dérive du même 
type lorsque l’on considère chaque traînée de cellules hépatiques 
comme une glande en tube sans membrane propre ayant un ré- 
seau capillaire périphérique et un canal excréteur central qui est 
le canalicule biliaire. Cette disposition admise depuis les travaux 
de Hering et de Eberth sur le foie des Couleuvres est surtout ma- 
nifeste chez les Chéloniens dont nous nous occupons ici; mais 


64 ALEXANDRE PILLIET ET M!® FANNY BIGNON 


elle s’écarte notablement de la glande en tube conglomérée nette 
dont nous parlons. 

Les capsules surrénales peuvent donner une idée générale de 
l'aspect de l’organe que nous décrivons; mais l'absence des voies 
d'excrétion, la forme des cellules ne permettent d'établir une ana- 
logie que dans les examens où l’on use de très faibles grossisse- 
ments Chez les Vertébrés d'un ordre inférieur nous serons plus 
heureux dans nos recherches. 

La glande de Harder du Canard, décrite par Mac Leod (1), a 
quelques ressemblance avec cette glande lacrymale de la Tortue. 

L'auteur a trouvé la même structure dans la glande de la Cor- 
neille et nous l’avons également rencontrée dans celle des Échas- 
siers. M. Mac Leod considère que les glandes venimeuses du Naja 
haje, la glandula labialis superior de la Couleuvre à collier (Tropi- 
donotus natrix), enfin la glande venimeuse de la Vipera berus se 
rapprochent des précédentes par leur structure, et il ajoute que 
les glandes de Meibomius peuvent établir un passage vers la 
glande en grappe, car elle est composée d’acini disposés autour 
d’un canal excréteur commun. 

La description que M. Mac Leod donne de la glande de Harder 
du Canard ressemble un peu à celle de la glande lacrymale de la 
Chelone viridis, mais les glandes en tubes sont beaucoup plus 
courtes. Chacun des lobes isolés qui compose cette glande est 
soudé à ses voisins. Enfin toutes les glandes convergent vers une 
large cavité centrale et non vers un canal excréteur à parois 
distinctes. Quant aux vaisseaux, M. Mac Leod se borne à dire 
qu'ils sont nombreux, mais qu'il n’a pu en étudier la distribution. 

Mais la glande qui ressemble le plus à celle que nous décrivons 
ici, du moins au point de vue histologique, c'est la glande super- 
anale des Sélaciens, dont la structure et le développement ont 
été mis en lumière par M. Raphaël Blanchard (2). Sur des coupes 
de ces deux organes, l’aspect des glandes en tubes, de l’épithe- 
lium est presque identique, mais l’analogie cesse au point de vue 
morphologique; la glande des Sélaciens, au lieu d’avoir l'aspect 
d’un peloton de vers, est simple, linéaire et peut être considérée 
comme un seul lobe très court et très renflé. On voit que cette 


(1) J. Mac Leod, Sur la structure de la glande de Harder du Canard. Bulletin de 
l'Académie de Belgique, juin 1879. 

(2) Raph. Blanchard, Mittheilungen über den Bau und die Entwickelung der 
sogenannten fingerformigen Drüse bei den Knorpelfischen. Schenk’'s Mittheilungen 
aus dem embryologischen Institute an der Wiener Universität, I, p. 179-192, 1878. 


pÂAa 


LA GLANDE LACRYMALE D'UNE TORTUE GÉANTE 6 


disposition des glandes en tubes individualisées en un organe 
distinct et complet n’est pas fréquente chez les Vertébrés, puis- 
que les exemples que nous trouvons chez les Oiseaux, les Reptiles 
et les Poissons sont jusqu'ici à l’état d’exceplion. Mais, si cette 
forme complète et schématique est rarement réalisée, nous 
trouvons un certain nombre d'organes, même chez l'Homme, qui 
rappellent de loin cette disposition. Les tubes du rein ne s’en 
écartent que par leur irrigation sanguine, nous avons parlé du 
foie et du tube digestif. 

On voit donc que, si chez les Mammifères, les glandes indivi- 
dualisées en organes complets (glandes salivaires, pancreas, pros- 
tate, etc.) présentent la forme acineuse, il existe encore un certain 
nombre de glandes en tubes qui peuvent être rattachées aux 
glandes en tubes conglomérées que l’on observe chez les Verté- 
brés inférieurs. 

La glande de Harder du Chelone viridis est située à l'angle 
interne de l'orbite. Elle est ovoide et a à peu près le volume d'une 
amande. Sa face supérieure convexe est en rapport avec le pré- 
frontal, sa face inférieure concave s'applique sur le globe oculaire 
dont elle est séparée par deux des couches musculaires dont nous 
avons parlé plus haut : couche des muscles moteurs de la nicti- 
tante, couche des muscles droits et des obliques. L’organe est 
protégé par une gaîne aponévrotique très résistante. 

Cette glande se divise en deux portions, l’une acineuse, l’autre 
aréolaire. 

La structure de la première est celle d’une glande séreuse à 
acinis simples, absolument sembiables aux glandes séreuses sali- 
vaires, sublinguales, etc., des Mammifères et que nous pouvons 
rapprocher de la glande de Harder du Chameau, par exemple, 
séreuse, elle aussi. Nous n'en ferons donc pas la description qui 
est bien connue : cellules pyramidales à base large appliquées 
contre la paroi glandulaire, remplies par de fines granulations qui 
ne sont pas pourtant assez abondantes pour masquer le noyau 
sphérique accolé à la base de l'élément; canaux excréteurs à 
cellules striées dans le sens de leur longueur. La seconde portion 
de la glande est formée par un système de grandes cavités dispo- 
sées autour de la portion acineuse, tapissées d’une seule couche 
de cellules et qui doivent servir de réservoir aux produits. Nous 
n'avons pas trouvé le canal excréteur. 

La conjonctive qui double la paupière supérieure au point de 
l'abouchement de ces glandes présente des plis longitudinaux 


) 


66 ALEXANDRE PILLIET ET M° FANNY BIGNON 


épais, qui séparent des crêtes revêtues d'épithelium pavimenteux 
stratifié. Il n’y a pas de glandes dans son épaisseur. 
Tel est l'appareil sécréteur orbitaire de la Tortue. 


EXPÉRIENCES SUR LE ROLE DES PALPES 


CHEZ LES 


ARTHROPODES MAXILLÉS 


PREMIÈRE PARTIE 


PALPES DES INSECTES BROYEURS 


Par Félix PLATEAU 
Professeur à l’Université de Gand, 
Membre de l’Académie royale de Belgique, 
de la Société Zoologique de France, etc. 


INTRODUCTION 


$ 1. Rôle des antennes. 


Il est peu de bibliographies plus étendues que celle qui con- 
cerne les organes céphaliques (organes sensoriels et organes 
buccaux) des Arthropodes. Presque tous les naturalistes se sont 
occupés de ce sujet à un moment donné de leur carrière scien- 
tifique; les uns au point de vue morphologique, d’autres au point 
de vue physiologique. 

L'étude de la forme et de la disposition des organes céphaliques 
a été poussée très loin; la plupart des observateurs recherchant 
surtout des caractères nets pour les classifications. 

L'étude physiologique qui exige les aptitudes et la tournure 
d'esprit spéciales de l’expérimentateur à fait des progrès moins 


GK FÉLIX PLATEAU 


rapides. Malgré des travaux de valeur, il reste encore bien des 
questions à résoudre. 

Si, parmi les organes sensoriels, on laisse de côté leswenx er 
si, parmi les organes buccaux, on excepte les mandibules, dont 
les rôles ne sont pas douteux, les seuls appendices céphaliques 
restants pour lesquels on possède, aujourd'hui, des résultats à 
peu près positifs basés sur des recherches expérimentales bien 
faites sont les antennes. 

Les nombreuses expériences de Rosenthal (1), A. Dugès (2), 
A. Lefebvre (3), H. Kuster (4), Slater (5), Ed. Perris (6), Dônhoff (7), 
Cornalia (8), A. Forel (9), Hauser (10) et Kraepelin (11) parais- 
sent démontrer, en effet, que les antennes des Insectes el des 
Myriopodes sont le siège de l’odorat (12). 


(1) Rosenthal, Ueber den Geruchssinn der Insekten. Archiv für die Physiologie 
von Reil und Autenrieth, X, p. 427-439, Halle 1811. 

(2) Dugès, Traité de Physiologie comparée, 1, p. 161, 1858. 

(3) Lefebvre, Expériences sur le sentiment olfactif des antennes. Ann. de la Soc. 
entom. de France, 3° cahier, 1838 et Ann. des Sc. nat. (2), XI. p. 191, 1839. 

(4) Kuster, Zoologische Notisen. Die Fühlhôrner sind die Riechorgune der Insec- 
ten. Isis von Oken, colonnes 647-655, 1841. 

5) Slater, Ueber die Function der Antennen bei den Insekten. Froriep's Notizen, 
III, n° 155, p. 6-8, 1818 (Cité par Kraepelin,. 

16) Perris, Mémoire sur le siège de l'odorat dans les Articulés. Actes de la Société 
Linnéenne de Bordeaux, XVI, 3 et 4° livraisons, 1850 et Ann. Sc. nat. (3), XIV. 
p. 119-178, 1850. 

(7) Düuhoff, Bienenzeitung, p. 231, 1854 et p. 44, 1855 (Cité par Kracpelin). 

(8) Cornalia, Monografia del Bombice del Gelso. Mémorie d. R. Istituto lombardo 
di scienze, VI, pp. 304 et 305. Milan, 1856. 

(9) Forel, Der Giftapparat und die Analdrüsen der Ameisen. Zeitschr. f. wiss, 
Zoologie, XXX. Note de la page 61. 

Id., Beitrag zur Kenntniss der Sinnesempfindungen der Insekten. Mittheilungen 
des Münchener entomologischen Vereins, 1878, p. 18 et suiv. 

Id., Les Fourmis de la Suisse. Nouveaux mémoires de la Société helvétique des 
Sciences naturelles, XXVI, p. 119. Zurich, 1874, 

Id., Études myrmécologiques en 188%. Bulletin de la Soc. vaudoise des Sciences 
naturelles (2), XX, n° 91, p. 334 et 335, février 1885. 

(10) Hauser, Physiologische und histologische Untersuchungen über das Geruchs- 
organ der Insekten. Zeitschr. f. wiss. Zoologie, XXXIV, 1880 (Une traduction fran- 
caise a été faite par H. Gadeau de Kerville. Bullet. de la Soc. des amis des Sc. 
nat. de Rouen, 1881, 1‘ semestre). 

(11) Kraepelin, Ueber die Geruchsorgane der Gliederthiere. Osterprogramm der 
Realschule des Johanneums, p. 25. Hamburg, 1883. 

(12) J'ajoute, pour mémoire, un travail de Mayer /Researches in Acoustics. Ameri- 
can Silliman Journal, (3), VII, 1874) où l’auteur arrive à cette conclusion que les 
antennes des Insectes seraient des organes auditifs, et une notice de C.-J.-A. Porter 
(Erperiments withthe Antennæ of Insects. American Naturalist, XVIL, n° 12, p. 1255: 


PALPES DES INSECTES BROYEURS 69 


Je ne cite pas les travaux purement anatomiques, quoique très 
intéressants et souvent fort bien conçus, ils ne suffisent pas au 
physiologiste; celui-ci demande, avec raison, qu’on résolve les 
problèmes concernant les organes sensoriels par des expériences 
aussi variées que possible. 

Les auteurs dont je viens d'énumérer les travaux l'ont parfai- 
tement compris, aussi ont-ils réussi, non seulement à accumuler 
des preuves de la localisation du sens olfactif dans les antennes, 
mais en outre à renverser les deux hypothèses de la perception 
des odeurs par les stigmates ou les trachées et de l’existence d’un 
organe de l’odorat à l'entrée du tube digestif, sur le palais. 

Pour les Crustacés, je ne crois pas qu'aucune étude expérimen- 
tale importante ait été tentée depuis les recherches de V. Hen- 
sen (1). Celles-ci semblent prouver que l'organe de l'ouïe réside 
dans les antennules ou antennes internes de la plupart des Crus- 
tacés décapodes (2). 

Le lecteur voudra bien remarquer, à ce propos, que les anten- 
nules des Crustacés ne sont pas les homologues des antennes des 
Insectes. 

Nos connaissances sur le rôle des appendices antennaires sont 
donc très avancées. En dehors de cela, pour celui qui ne se borne 
pas à lire quelques traités généraux, mais qui veut arriver à la 
vérité, tout le reste est vague, est incomplètement observé ou 
n’a pas été observé du tout. 

Quand on voit combien des faits simples, tels que la façon 
dont les Crustacés décapodes utilisent leurs pièces buccales lors 
de la mastication, sont faussement interprétés et inexactement 
décrits, on se demande si les auteurs qui recopient successive- 


1883) renfermant la description d'expériences peu sérieuses et se terminant par 
l'énoncé que les antennes des Insectes ne sont le siège d'aucun des cinq sens 
ordinaires. 

Quant aux recherches de Sir John Lubbock /Ants, Bees and Wasps. Third Édition. 
London, 1882), celui qui les lira avec attention et sans parti pris devra admettre que 
malgré toute l’habileté du célèbre naturaliste, ce dernier n’est arrivé, pour les 
antennes, à aucun résultat réellement net. Ainsi, après avoir cherché inutilement à 
s'assurer si les Fourmis perçoivent les sons, Lubbock persiste, sans preuves expé- 
rimentales, à décrire les antennes de ces Insectes comme organes de l'audition, ete. 

(A) Hensen. Studien üb. d. Gehôrorgan d. Decapoden. Zeitschr. f. wiss. Zoolo- 
gie, XIII, pp. 319-112, 1863. 

(2) Paul Bert n’admet pas que les organes étudiés par Hensen soient des organes 
auditifs. D’après lui leur suppression n’abolit pas l'audition {Cours de 1869 sur les 
sensations. Notice sur les travaux scientifiques de M. Paul Bert, p. 37. Nov. 1838). 


7Ù FÉLIX PLATEAU 


ment les mêmes erreurs se sont jamais donné la peine d'examiner 
attentivement un animal vivant. 

Je publierai peut-être un jour un travail d'ensemble sur les 
fonctions réelles des divers appendices buccaux. Pour le moment, 
je me borne à détacher de cette étude les résultats que m'ont 
fourni un certain nombre d'expériences sur les palpes des Arthro- 
podes maxillés. 

Quoiqu'il existe des descriptions très claires, celles de Huxley, 
par exemple, les traités généraux de zoologie et, par suite, la 
grande majorité des naturalistes confondent sous le nom commun 
de palpes des organes qui sont loin d’être toujours homologues. 

Tandis que les palpes des Insectes, des Myriopodes chilopodes 
et des Aranéides représentent en somme des pattes modifiées, les 
palpes qui accompagnent les pièces buccales des Crustacés déca- 
podes appartiennent à deux catégories différentes : ceux que por- 
tent les mandibules et les mâchoires de première et de deuxième 
paire ont encore la valeur morphologique des palpes des Insectes ; 
ceux qu'on observe sur les trois paires de pattes-mâchoires sont, 
au contraire, des appendices d’un: toute autre nature. J'aurai 
probablement l'occasion de revenir plus longuement sur ce sujet 
dans la deuxième partie de ces recherches. Dans le travail actuel 
je ne m'occuperai que des palpes des Insectes. 


$ 2. Théories diverses concernant les palpes des Insectes. 


Les opinions émises par les auteurs sur le rôle des palpes 
maxillaires et labiaux des Iusectes sont au nombre de quatre. 


À. — Straus-Durckheim (1) admet que les palpes sont le siège 
d’un sens spécial inconnu, qui ne serait ni le goût ni l’odorat. 
B. — Knoch (2), pour les palpes labiaux, Lesser (3), Léon 


Dufour (4) et Packard (5) pour les palpes en général, suppo- 


(1) Straus-Durckheim, Considérations générales sur l'anatomie comparée des ani- 
maux articulés, p. 427. Paris, 1828. 

(2) Knoch, in Lehmann, De sensibus externis animalium exsanquium, insectorum 
scilicet ac vermium, commentatio. Goettingæ, 1798. 

(3) Lesser, Théologie des Insectes, IX, p.8. La Haye, 1742. 

(1) Léon Dufour, Recherches anatomiques sur les Carabiques et sur plusieurs 
autres Coléoptères. Ann, des Sc. nat., (1), VIII, 1826. 

(5) Packard, First annual Report of the United States entomological Commis- 
sion for the year 1877, p. 272. Washington, 1878. 


PALPES DES INSECTES BROYEURS ul 


sent que ces organes servent à la perception des saveurs (1). 

CG. — Lyonnet (2), Bonsdorff (3), Knoch (4) (palpes maxillaires), 
Marcel de Serres (5), Lamarck (6), Newport (7), Driesch (8), 
Perris (9) et Cornalia (10) rangent les palpes parmi les organes de 
l’odorat; soit qu'ils admettent que ces appendices servent seuls 
à la perception des odeurs, soit qu'ils croient, comme Perris et 
Cornalia, que les palpes partagent la sensibilité olfactive avec les 
antennes. 

D. — Geoffroy (11), Comparetti (12), Cuvier (13), A.-M.-C. Dumé- 
ril (14), Burmeister (15), Brullé (16), Lacordaire (17), Dugès (18), 


(1) Treyiranus, Vermischte Schriften anatomisch und physiologischen Inhalts, IL, 
p.150. Bremen, 1817. Regarde les palpes comme étant probablement à la fois des 
organes du toucher et du goût. 

(2) Lyonnet, dans Lesser, Théologie des Insectes, op. cit., I, p. 8, en note. 

(3) Bonsdorff, Fabrica usus et differentiæ palporum in insectis, Dissertatio. 
Aboæ, 1792. 

(4) Knoch, Op. cit. 

(5) Marcel de Serres, De l'odorat et des organes qui paraissent en étre le siège 
chez les Orthoptères. Annales du Muséum, XVII, p. 435, 1811. 

(6) Lamarck, d'après Driesch. Du reste Lamarck a varié et j'aurais autant de 
raison de le comprendre dans la catégorie suivante, B. En effet, dans son Histoire 
naturelle des animaux sans vertèbres, III, p. 265 (Paris. 1816), il place évidem- 
ment les palpes parmi les organes du toucher. 

(7) Newport, On the use of the Antennæ of Insects. Transactions of the entomo- 
logical Society, IT, p. 229-248, 1837-1810 (d'après Kraepelin). 

(8) Driesch, Odorat des Insectes. Journal l’Institut, T° année, n° 291, 15 août 1839, 
page 279. 

(9) Perris, Op. cit., p. 32. 

(10) Cornalia, Op. cit. p. 308. 

(11) Geoffroy, Histoire abrégée des Insectes qui se trouvent aux environs de 
Paris lp Paris AG: 

(12) Comparetti, Dinamica animale degli insetti, IT, p. 4142. Padova, 1800. 

(13) Cuvier, Lecons d'anatomie comparée, ILE, p. 300. Paris, 1805 ; Le Règne ani- 
mal distribué d'après son organisation, TI, p. 4. Paris, 1817. 

(14) Duméril, Considérations générales sur la classe des Insectes, page 9. Paris, 
1823; Eléments des Sciences naturelles, 4 édition, II, Zoologie, p. 78. Paris, 
1830. 

(15) Burmeister, Handbuch der Entomologie, I, p. 60. Berlin, 1832. 

(16) Brullé, Observations sur la bouche des Libellules, Ann. Soc. Entom. de France, 
Il, p. 345, 1833; Anatomie et physiologie des. animaux articulés dans Histoire 
nat. des Ins. coléoptères de Castelnau, I, p. IX. Paris, 1840. 

(17) Lacordaire, Introduction à l’entomologie (suites à Buffon), I, p. 307. Paris, 
1834. 

(18) Dugès, Op. cit., I, p.124. 


F1 FÉLIX PLATEAU 


C.-G. Carus (1), R. Owen (2), Frey et Leuckart (3), C.-Th. von 
Siebold (4), Th. Rymer Jones (5), Snellen van Vollenhoven (6), 
Em. Blanchard (7), P. Harting (8), Schmarda (9), Maurice Girard (10), 
Milne-Eawards (11), Gegenbaur (12), Graber (13), J. Chatin (14), 
Künckel d'Herculais (15)}et Claus (16) admettent tous que les palpes 
sont des organes tactiles contrôlant les aliments par le toucher. 
Geoffroy, le premier sur la liste, les comparait à des mains; 
Graber, un des derniers, leur trouve de l’analogie avec des doigts 
très mobiles. La plupart de ces auteurs disent, en outre, que les 
Insectes se servent de leurs palpes pour diriger les bouchées ou 
pour ramener dans le cercle d'action des mandibules les frag- 
ments de substances alimentaires qui pourraient tomber. Ainsi, 
J. Chatin, en parlant des palpes maxillaires des Termites, sup- 
pose qu'ils agissent à la manière d'une pelle, rassemblant les sub- 
stances alimentaires et les jetant rapidement vers l’orifice buccal (17). 


‘1) C.-G. Carus, Traité élémentaire d'anatomie comparée, trad. par Jourdan, 
p. 208. Bruxelles, 1839. 

(2 Owen, Lectures on the comparatite anatomy and physiology of invertebrate 
animals, p. 215. London, 1843. 

(3) Frey et Leuckart, Lehrbuch der anatomie der Wirbellosenthiere dans Lehr- 
buch der Zootomie de R. Wagner, p. 58. Leipzig, 1847. 

4) Sicbold, Manuel d'Anatomie comparée, trad. par Spring et Lacordaire. 
l'e partie, p. 572. Paris, 1819. 

(5) Th. Rymer Jones, General outline of the organisation of the animal King- 
dom, second edition, p.358. London, 1855 

(6) Snellen van Vollenhoven, Gelede Dieren dans De Dieren van Nederland, p. 9. 
Haarlem, 1860. 

(5) Em. Blanchard, Métfamorphoses, mœurs et instincts des Insectes, p. 113. Paris, 
1868. 

(8) Harting, Leerboek der Vergelijkend2 Ontleedkunde. Erste deel. Morphologie 
der ongewervelde dieren., p. 693. Tiel, 1871. 

(9) Schmarda, Zoologie, 1° édition, II, p. 76. Vienne, 1872. 

(10) Girard, Traité élémentaire d'entomologie, I, p. 212. Paris, 1873. 

(11) Milne-Edwards, Lecons sur la physiologie et l'anatomie comparée de l'homme 
et des animaux, XI, p. 434. 1874. 

(12) Gegenbaur, Manuel d'anatomie comparée, trad. par C. Vogt, p. 362. Paris, 
1874; Grundriss der vergleichenden Anatomie. Ziweite Auflage, p. 259. Leipzig, 1878. 

(13) Graber, Die Insekten, 1. Theil, p. 300. München, 1877. 

(14) Chatin, Les organes des sens dans la série animale, p. 131. Paris, 1880; Sur 
les appendices de la mâchoire chez les Insectes broyeurs. Comptes-rendus de 
l'Acad. des Sciences de Paris, XCIX, p. 940, 1881. 

(15) Künckel d'Herculais, Édition française des Insectes de Brehm, I, p. 27. Paris, 
1882, 

(16) Traité de Zoologie, 2 édition française, p. 616. Paris, 1873. 

A7) 3, Chatin, Op. cit., Comptes-rendus, XCIX, p. 910. 


PALPES DES INSECTES BROYEURS 19 


Si maintenant on considère les noms qui ont été donnés à ces 
organes dans diverses langues, en français Palpe (de palpare, 
toucher doucement), en allemand Taster (de tasten, tàter, palper), 
en anglais Feeler (de feel, sentir par le toucher), en hollandais 
Voelertje (de voelen, sentir, tâter), on retrouve partout l'idée 
dominante d’appendices tactiles explorateurs. 

Si, enfin, on consulte les dictionnaires d'histoire naturelle, on 
y rencontre au mot palpe des définitions qui reproduisent encore, 
à quelques variantes près, la même interprétation. 

Suivant l'opinion du plus grand nombre, en un mot suivant 
l'opinion vulgaire, les palpes sont donc des organes dont les 
Insectes maxillés ne sauraient se passer dans les différents actes 
de la préhension des aliments et de la mastication. Constamment 
en mouvement, les palpes tâteraient les aliments, maintiendraient 
ceux-ci en place devant les mandibules, etc. (1). 

C’est cette opinion basée, en somme, sur de simples hypothèses 
et sur des observations très superficielles que j'ai voulu contrôler 
sérieusement par des expériences variées. 

J'indique ci-dessous la marche générale que j'ai suivie. 


$ 3. Procédés employés par l’auteur. 


Les quelques expériences faites, jusqu’à présent, sur les palpes, 
par mes prédécesseurs, se réduisent à si peu de chose que l’on 
peut, en quelque sorte, considérer la question comme tout-à-fait 
neuve. 

J'ai employé les procédés suivants, en m'inspirant surtout des 
recherches ingénieuses de Hauser sur les antennes. 

1° L'observation directe à la loupe. L'Insecte est placé dans un 
bocal de verre bien transparent et contenant une petite couche 
de sable fin, humide et tassé. On lui donne de la nourriture près 
de la paroi du vase; puis, dès qu'il mange, on installe, au voisi- 
nage du bocal, une loupe sur pied articulé. Si les circonstances 
s’y prêtent, on peut ainsi observer, à loisir, les mouvements des 
pièces buccales et la manière dont se comportent les palpes. 

20 L’ablation aussi complète que possible des palpes maxil- 
laires, des palpes labiaux ou des deux paires à la fois. Cette opé- 
ration se fait sous une loupe, afin de la pratiquer avec certitude 
et sans léser les organes voisins. 


(1) Voyez, par exemple, Lacordaire, Op. cit, p. 307. 


71 WÉLIX PLATEAU 


Ceci terminé, il faut bien se garder d'offrir de la nourriture 
immédiatement, L'animal qui à été effrayé et qui souffre pro- 
bablement de ses blessures, refuscrait les aliments, et les 
conclusions que l’on tirerail de ce refus seraient sans aucune 
valeur (1). 

Il est nécessaire d'allendre un ou plusieurs jours, pendant les- 
quels, tout en maintenant 1cs Insectes terrestres dans une humi- 
dité relative convenable à l'aide du sable légèrement mouillé de 
leur bocal, on les fait jeñûner d’une façon absolue. 

Dans ces conditions, les petites plaies 8e cicatrisent, les Insectes 
ont faim, et si on leur présente à manger on est certain de voir 
comment ils vont 8'y prendre pour satisfaire leur appétit, C’est 
alors que l'on peut constater, toujours à l'aide de la loupe, si les 
palpes sont nécessaires à la préhension des aliments. 

Hauser, dans ses belles recherches sur les fonctions des an- 
tennes, tantôt coupail ces appendices, tantôt les trempait dans 
de la paraffine fondue. J'ai essayé aussi ce second moyen; mais 
bien que j'aie préparé des mélanges très fusibles de parafline et 
de vascline, j'ai dû, après quelques tentatives, renoncer à les uti- 
liser. Les palpes sont ordinairement trop courts ; de plus, la pa- 
‘affine y adhère mal. 

3° Si l’Inscecte privé d'une partie ou de la totalité de ses palpes 
fait effectuer à 8es mâchoires et à ses mandibules des mouve- 
ments qui permellent de supposer qu'il mange, cela ne suffit pas 
à l'observateur consciencieux pour se former une conviction. 
Celui-ci doit encore s'assurer si l'individu a réellement ingéré de 
la nourriture. 

A cet effet, après avoir tué l’Insecte par la vapeur de chloro- 
forme, on examine au microscope le contenu du tube digestif. 
L'animal ayant élé, on le sait, soumis avant l'expérience à une 
diète complète, l'observation des substances renfermées dans le 
canal digestif et surtout dans les premières parties de ce canal, 
fournit ordinairement une réponse nette. 

4° Enfin j'ai eu recours, comme méthode plus démonstralive 
encore, au procédé employé successivement par Newport (2), 


(1) À une époque où je n'étais pas encore nettement fixé sur la marche à suivre, 
j'ai plusieurs fois négligé la précaution ci-dessus indiquée de faire reposer les 
Insectes à jeun après l'amputation des palpes. Gette négligence explique quelques- 
uns de mes insuccès, 

(2) Newport, Insecta. Todd's Gyclopædia of Anatomy and Physiology, IE, p. 975, 
London, 1839, 


# 


, 


PALPES DES INSECTES BROYEURS 7 


© 


Carlo Bassi (1), Émile Blanchard (2) et A. Forel (3) qui méiangè- 
rent des matières colorantes à la nourriture de divers Insectes 
(Vanesses à l’état parfait, Vers à soie, chenilles de Vanesses, 
larves de Hanneton et Fourmis) dans le but de retrouver ces 
substances dans certains organes. 

Je saupoudre, ou mieux j'imprègne la nourriture animale ou 
végétale de carmin pur en poudre très fine. Quand l’Insecte 
mange véritablement, on trouve, lorsqu'on le sacrifie après le 
repas, l’intérieur du tube digestif rempli d'une colonne de matières 
en digestion d’un rouge plus ou moins intense. 

Les paragraphes suivants contiennent l'exposé des expériences 
effectuées d’après les principes que je viens d'indiquer. Plusieurs 
descriptions sembleront peut-être longues ; certains détails paraî- 
tront répétés trop souvent. Ayant à convaincre le lecteur par des 
faits, je n'ai rien voulu négliger de ce qui pouvait rendre les 
démonstrations complètes. 


FI 


COLÉOPTÈRES 


$S 4. Carabus auratus. 


Observation 1. Cette observation date de 1873 et a été publiée 
dans mon Mémoire intitulé : Recherches sur les phénomènes de la 
digestion chez les Insectes (4). Noyée dans un travail étendu, elle a 
naturellement passé inaperçue. Pour ce motif et aussi parce 
qu'elle m’a suggéré l’idée des recherches actuelles, je me permets 
de reproduire intégralement le passage qui la concerne : 

J'avais donné un morceau de viande crue à un Carabus au- 
ratus placé dans un bocal de verre. Une loupe à pied articulé 
située près de la paroi du bocal permettait d'examiner facilement 
tous les actes du Coléoptère. « Le premier phénomène qui frappe 


(1) Bassi, Rapporto alla sezione di zoologia, anatomia comparata e fisiologia 
del congresso di Venezie, 1847. : 

(2) E. Blanchard, De la circulation du sang et de la nutrition chez les Insectes. 
Comptes rendus Acad. sc. de Paris, XXXIII, p. 367-369, 1851. 

(3) Forel. Les Fourmis de la Suisse. Op. cit., p. 110. 

(4) Mém, de l’Acad. roy. de Belgique, XLI, 1874, page 8 des tirés à part. 


76 FÉLIX PLATEAU 


» l'observateur, c'est l'alternance parfaitement régulière des 
» mouvements des mandibules et des mächoires. Pendant que 
» les mandibules se rapprochent pour couper un fragment de 
» chair, les mâchoires s’écartent ; lorsque les mandibules s’écar- 
» tent à leur tour, les mâchoires se rapprochent, poussant la bou- 
» chée dans la cavité buccale, puis elles divergent, tandis que 
» les mandibules convergent de nouveau et ainsi de suite. 

» Durant chaque écart des mandibules, la tête et même le 
» corps de l’Insecte avancent un peu, de sorte qu'il y a, dans 
» l’ensemble de ces mouvements, quelque chose d’analosue aux 
» allures d’un ruminant qui tond un pré. 

» On considère généralement les palpes comme étant d’un cer- 
» tain secours dans la préhension des aliments, soit en dirigeant 
» les parcelles de nourriture vers la bouche, soit en maintenant 
» en place les substances soumises à l’action des mandibules. 
» Mais lorsqu'un Carabe mange, on voit les palyes dirigés en arrière 
» de chaque côté de la tête, trainer passivement sans effectuer de mou- 
» vements sensibles. Chez lui, au moins, les palpes n'ont donc pas l'un 
» des usages principaux que l’on attribue à ces organes. » 


Observ. 2 (1883). À dix ans d'intervalle el ayant naturellement 
acquis plus d'expérience par la mise en œuvre d'une série de tra- 
vaux, je place de nouveau un Carabe dans les mêmes conditions. 
L'observation se fait, comme toujours, à la loupe. 

Le résultat est identiquement le même : les mandibules et les 
mäâchoires sont en action, mais les palpes restent inactifs. Les 
palpes maxillaires n’exécutent que passivement les oscillations 
que leur impriment nécessairement les mouvements des mà- 
choires. 


Observ. 3, — On coupe les palpes des deux paires à un Carabus 
auratus g et on le laisse reposer à jeun pendant 24 heures. 

On lui donne ensuite un morceau de viande crue ; l’Insecte se 
jette sur cette proie avec avidité et mange activement sans discon- 
tinuer. 

Au bout de quarante minutes pendant lesquelles le Carabe n’a 
pas abandonné son repas, on le tue par le chloroforme pour le 
disséquer. L'étude microscopique du contenu du jabot fait retrou- 
ver de nombreuses petites bouchées de viande. Des aliments 
en digestion sont déjà passés dans l'intestin moyen et le disten- 
dent, 


PALPES DES INSECTES BROYEURS ul 


Observ. 4. Un deuxième Carabus auratus £ privé de ses palpes 
et à jeun depuis 24 heures reçoit un morceau de viande. Même 
avidité à manger que dans le cas précédent. Le Coléoptère est tué 
après 15 minutes. Ce temps étant relativement court, le jabot 
ne renferme encore que quelques bouchées, mais très divisées. 


Observ. S. Un Carabus auratus $, sans palpes et ayant jeûné 
48 heures, mange de la viande de Porc crue très grasse et qu'il 
attaque par la graisse. Une circonstance m'ayant obligé à le tuer 
trop tôt, je ne trouve qu'un peu de graisse dans le jabot. 


$ 5. Omaseus melanurus, Nebria brevicollis. 


Observ. 6. On coupe, sous la loupe, les quatre palpes à deux 
petits Carabiques, un Omaseus melanurus et une Nebria brevicollis. 
Le lendemain on leur donne quatre Mouches domestiques vivan- 
tes, mais privées de leurs pattes et de leurs ailes. Chacun des 
Coléoptères saisit immédiatement une Mouche entre ses mandi- 
bules et l'emporte. 

Trois heures après, les quatre mouches étaient dévorées, et il 
n’en restait que des débris vides du squelette tégumentaire. 

Le surlendemain on met à la portée des mêmes Carabiques un 
morceau de viande de Bœuf crue roulé préalablement dans du 
carmin en poudre fine. 

Au bout de quelques heures, l’état de la viande et les excré- 
ments colorés en rouge qui parsèment le fond du bocal indiquent 
que les Insectes ont mangé copieusement. 

La dissection fournit la preuve complète; tout le contenu du 
tube digestif de l’Omaseus est une colonne continue de matières 
d'un beau rouge. Chez la Nebria l'intestin terminal est rempli 
d’'excréments rouges. 


$ 6. Cicindela hybrida. 


Observ. 7. J'observe à la loupe les allures d’une Cicindela hybrida 
intacte mangeant de la viande. 

L'Insecte saisit entre ses mandibules une des extrémités du 
morceau, du reste assez volumineux. Les mâchoires et les man- 
dibules effectuent les mouvements ordinaires de mastication, 
mais les palpes maxillaires ne palpent pas; ls suivent seulement pas- 


T8 FÉLIX PLATEAU 


sivement les déplacements des mâächoires qui les portent. Les palpes 
labiaux immobiles traïnent en arrière el ne sont même pas en contact 
avec la nourriture. 


Obsere. 8. Je coupe à trois Cicindela hybrida les palpes labiaux, 
les palpes maxillaires et même la portion terminale du lobe 
externe (galea) de la mâchoire, pièce à laquelle beaucoup d’ento- 
mologistes descripteurs donnent aussi, mais à tort, le nom de 
palpe. 

Les animaux reposent à jeun durant 24 heures. 

Je mets ensuite dans leur bocal trois Mouches domestiques et 
trois Calliphora vomitoria dont les ailes ont été coupées. 

Les Cicindèles qui ont bien supporté la mutilation sont très 
agiles et, pendant une heure, au moins, courent dans tous les 
sens en culbutant les Diptères auxquels elles ne semblent pas 
faire attention. 

Mais au bout de ce temps, une des Cicindèles saisit une Mouche 
domestique et la mange sous mes yeux, en quelques minutes, 
n’abandonnant qu'une partie du thorax et la peau de l'abdomen. 

Une deuxième Mouche domestique subit bientôt le même sort, 
La troisième ayant monté le long de la paroi du bocal se tient 
hors de portée. Ce jour-là les Cicindèles respectent les Calliphores 
que je finis par enlever. 

Le lendemain, je donne à mes pensionnaires trois Mouches 
domestiques et un Syrphus privés d'ailes. Un quart-d'heure après 
le Syrphus est dévoré. 

Pour plus de certitude, je saisis la Cicindèle qui mangeait, afin 
de réexaminer les organes buccaux à la loupe. Ses différents 
palpes étaient bien complètement enlevés. 

Le soir, les Mouches étaient mangées, et trois nouvelles proies 
semblables avaient également disparu le lendemain matin. 

Le troisième jour, je donne deux Mouches. Cinq m'nutes plus 
tard, j'assiste à un repas. La Cicindèle qui satisfait sa faim est 
prise et examinée. Encore une fois ses palpes sont bien absents. 

Restait un point à élucider ; jusqu'à ce moment je n'avais pas 
vu les trois Cicindèles manger à la fois et, comme les individus 
étaient presque identiques, on aurait pu supposer qu'un seul des 
Coléoptères dévorait tout et que les autres élaient devenus inca- 
pables de prendre de la nourriture. 

Pour résoudre cette petite question, je fais jeûner mes Insectes 
pendant 12 heures, puis je leur offre une Calliphora vomitoria. 


PALPES DES INSECTES BROYEURS jé, 


Une première Cicindèle s’en empare immédiatement et la 
dévore. J’enlève la Cicindèle et la mets à part. 

Je donne ensuite aux deux individus restants plusieurs Mou- 
ches et deux Syrphus. Les deux Syrphus sont aussitôt saisis et 
mangés devant moi; chacune des Cicindèles en ayant pris un. 

L'expérience est donc parfaitement concluante ; les trois Cicin- 
dèles sont aussi aptes les unes que les autres à reconnaître 
leur proie, à la saisir et à la dévorer, et cela absolument sans 


palpes. 
$ 7. Dytiscus marginalis, Dytiscus dimidiatus. 


Les observations et les expériences ci-dessous prouvent, une 
fois de plus, qu’en physiologie il est indispensable de répéter les 
essais un grand nombre de fois. Si, comme le verra le lecteur, je 
m'étais contenté de certains résultats isolés, J'en aurais déduit 
des conclusions en désaccord avec ce que m'ont fourni les autres 
Insectes et totalement fausses. 


Observ. 9. Un Dytiscus marginalis $ intact, à jeun depuis 
six jours, reçoit, dans l'eau, un morceau de viande crue et mange 
avec avidité. 

L'observation à la loupe montre ce qui suit : 10 les antennes 
immobiles sont dirigées à droite et à gauche ; 2° les palpes maxil- 
laires sont appuyés par leur extrémité sur le morceau de viande, 
mais ne tétonnent pas ; ceux de leurs articles qui sont voisins de la 
base suivent seulement les mouvements des mâchoires d’une 
façon passive ; 3° les palpes labiaux sont dirigés en arrière et ne 
touchent à rien ; ils sont immobiles, passifs dans toute la force du 
terme, et ne fonctionnent positivement pas pendant que l’Insecte 
introduit des aliments dans la cavité buccale. Ces palpes ne se 
déplacent que lorsque la lèvre qui leur sert de support ou l'en- 
semble de la tête se meuvent. 

Le résultat est donc le même que ceux que m'ont fourni les 
Uarabes et les Cicindèles dans des circonstances analogues. 

Les quatre cas suivants se rapportent aux palpes maxillaires. 


Observ. 10. Je coupe les palpes maxillaires à deux Dytiscus 
marginalis $ privés de nourriture depuis six jours. 
Ils doivent avoir faim, et cependant lorsque je leur jette de la 


SU FÉLIX PLATEAU 


viande crue, ils se bornent, au moins au début, à se cramponner 
au morceau et à l’entraîner à la surface. 
Au bout d’une heure, un seul des individus mange un peu. 


Observ. 11. Je mets à part celui des deux Dytiques du cas 
précédent qui avait complètement refusé de manger et j'attends 
une semaine avant de lui offrir de nouveau de la nourriture. Il 
est donc à jeun depuis 15 jours et privé de palpes maxillaires 
depuis 8 jours. 

Malgré cela, il se montre absolument indifférent à un Lombric 
et à un morceau de viande. 

Cette observation et la précédente tendraient à faire croire à 
un observateur superficiel que les palpes maxillaires sont indis- 
pensables aux Dytiques et que c'est parce qu'ils en sont privés 
qu'ils ne mangent pas. 

J'ai rappelé plus haut qu'il faut répéter nombre de fois les 
mêmes essais; les cas qui suivent démontrent cette nécessité. 


Observ. 12. Le deuxième Dytique $ de l'observation 10 est éga- 
lement privé de nourriture pendant une semaine. Lorsque je lui 
donne enfin un Lombric et de la viande, il est à peu près à jeun 
depuis 15 jours et a perdu depuis 8 jours ses palpes maxillaires. 
On peut donc le considérer comme étant dans les conditions de 
l'individu de l'observation 11. 

Il se comporte cependant d'une manière toute différente. Après 
quelques hésitations, il attaque successivement le Ver de terre et 
la viande crue. Il mange copieusement. 

L'observation à la loupe permet de constater que ses palpes 
labiaux traînent en arrière et sont immobiles comme chez un 
Dytique intact (voyez observation 1). 


Observ. 15. Comme on pourrait objecter que le résultat qui pré- 
cède n’est pas assez démonstratif, le Dytique essayé étant préci- 
sément celui qui, une première fois déjà (observation 10), avait 
pris un peu de nourriture, fait que ceux qui n’ont pas vu mes 
expériences attribueraient peut-être à une ablation incomplète 
des palpes, je réponds à l’objection par une nouvelle observation 
qui lève tous les doutes. 

Un Dytiscus marginalis J est à jeun depuis 8 jours ; je lui coupe 
à ras les deux palpes maxillaires. Remis dans l’eau, l'animal 
cherche à fuir en battant le fond du bocal, comme tous les Dyti- 


__ 


PALPES DES INSECTES BROYEURS 81 


ques intacts qu'on lâche. Au bout d'une minute, au plus, il a 
repris ses allures normales, vient respirer à la surface, etc. 

Je lui jette un petit fragment de viande crue. Le Coléoptère 
descend au fond, tâätonne un peu, ainsi que le font toujours ses 
congénères, puis se Jette sur la proie, l’entraîne à la surface de 
l’eau et se met à manger de la façon la plus naturelle. 

La suppression des palpes maxillaires n’a eu, on le voit, aucune 
influence ni sur les manifestations de l'instinct, ni sur l'acte de la 
préhension des aliments. 

Depuis ce moment, l'individu en question a continué à se com- 
porter comme un animal intact. 

Les quatre cas ci-dessous concernent spécialement les palpes 
labiaux. 


Observ. 14. Je donne de la viande crue à un Dytiscus marginalis & 
très vif, à jeun depuis 6 jours, et auquel j'ai enlevé les palpes 
labiaux. 

L'animal nage autour de la viande, heurte le morceau dans 
tous les sens, s’y fixe par instants, l'amène même à la surface, 
mais n'y porte jamais la bouche. On dirait qu'il ne s'aperçoit pas 
que de la nourriture est à sa portée. 


Observ. 15. Le Dytique de l'observation 13, déjà privé de ses 
palpes maxillaires et qui avait parfaitement mangé sous mes 
yeux, dans cet état, est soumis à un nouveau jeûne d’une semaine, 
puis subit l’ablation des palpes labiaux. Il montre alors la même 
indifférence que le précédent vis-à-vis de la viande qu'on lui 
jette: 

Je le retire de l’eau et je lui mets un petit fragment de viande 
crue entre les mandibules. Il le saisit à l’aide de ses palettes tar- 
siennes antérieures, comme s’il le serrait contre le thorax et a 
l'air de manger ; mais tout-à-coup, rejetant la tête en arrière, il 
rend la parcelle allongée de viande qui avait pénétré dans sa 
cavité buccale. 

Une deuxième tentative donne les mêmes résultats. 

Remis dans l’eau, le Coléoptère se comporte encore une fois 
comme s’il ignorait qu'il y eut de la nourriture au fond du bocal. 

J'avoue que cette observation me fit supposer quelque temps 
que les palpes labiaux étaient peut-être le siège de l’odorat ou, 
tout au moins, d’un sens indiquant à l'Insecte la présence et la 
nature des aliments. 


82 FÉLIX PLATEAUW 


Mais d'autres expériences mieux faites, c'est-à-dire dans les- 
quelles j'avais pris la précaution de laisser reposer les sujets 
pendant plusieurs jours après l’amputation des palpes, sont 
venues me prouver que la conclusion était prématurée et fausse. 


Observ. 16. Je donne à un Dytiscus marginalis d', dont les palpes 
labiaux sont coupés depuis huit jours, un Lombric et de la 
viande. 

Il dédaigne le Ver, mais se jelte sur la viande et la mange 
avidement ; ses palpes maxillaires traînent immobiles ou à peu 
près. 


Observ. 17. Un Dytiscus marginalis auquel j'ai enlevé les palpes 
labiaux depuis quinze jours dévore, sous mes yeux, un Colym- 
betes fuscus, absolument comme si ses palpes existaient encore. 

Ces faits nous indiquent donc que l’ablation des palpes labiaux 
n'empêche les Dytiques ni de trouver leur nourriture, ni de 
manger normalement. 

J'arrive enfin aux expériences les plus concluantes et dans 
lesquelles j'ai supprimé tous les palpes, les maxillaires et les 
labiaux. 


Observ. 18. Quatre Dytiscus marginalis n’ont reçu aucune nour- 
riture depuis dix jours. Leurs deux paires de palpes sont coupées 
depuis trois jours. 

On les isole dans quatre bocaux différents et on leur donne de 
la viande crue. 

1e Dytique d',se jette immédiatement, sans recherche, sur la 
viande, la saisit à l’aide des pattes des deux premières paires et 
mange longuement (devant la loupe) d'une façon complètement 
normale, à coups de mandibules et de màchoires. 

2e Dytique $, se perche plusieurs fois sur le morceau de viande; 
finit par manger après trente minutes et, cette fois, avec tant 
d'appétit qu'on ne parvient qu'avec peine à lui faire lâcher prise. 

3e Dytique & , attaque immédiatement la viande, tient le mor- 
ceau entre ses pattes et mange pendant longtemps d’une manière 
naturelle. 

# Dytique &, saisit aussi la viande à l'instant, puis se met à 
manger normalement. 

On réunit plus tard les quatre individus dans un bocal commun 
en leur donnant encore de la viande et l’on assiste à une curée 


PALPES DES INSECTES BROYEURS 83 


générale. Pendant plus de deux heures, les Coléoptères se gor- 
gent de nourriture. 

Je ne saurais trop insister sur les résultats de ces expériences 
qui, pour les Dytiques, tranchent définitivement la question en 
démontrant l’inutilité complète de tous les palpes pour la recher- 
che de la nourriture et la préhension des aliments. 

Par acquit de conscience, il restait encore à s'assurer si ces 
Insectes privés de palpes font réellement pénétrer les aliments 
dans leur tube digestif. 


Observ. 19. Je coupe, à ras, tous les palpes à un Dytiscus dimi- 
diatus $ et je le mets dans un bocal avec un Acilius sulcatus. 
Deux jours plus tard, je trouve le Dytique dévorant son compa- 
gnon. 

J'attends encore 5 jours pour faire jeûner le Dytique et lui faire 
vider son tube digestif, puis je lui donne un morceau de viande 
de Bœuf. 

Le Coléoptère est bientôt fixé à sa proie et l'observation à la 
loupe montre qu'il mange. 

Je le laisse à cette opération durant une heure environ, puis je 
le tue par le chloroforme pour le disséquer. 

Le jabot est fortement distendu par de la nourriture. L'examen 
microscopique fait voir le liquide verdâtre que l’on trouve tou- 
jours dans le jabot des Dytiques en pleine digestion, et de nom- 
breuses bouchées de viande, les unes déjà en parties digérées, les 
autres presque intactes. 

Le Dytique sans palpes a donc mangé et mangé beaucoup. 


$ 8. Colymbetes fuscus 


Observ, 20. Je donne de la viande crue à trois Colymbetes fuscus 
à jeun depuis 6 jours et placés dans des bocaux séparés. 

Le premier est privé de ses palpes labiaux; le second a subi 
l’ablation des palpes maxillaires ; le troisième est intact. 

Aucun des trois ne touche à la nourriture. Pourquoi? Je 
l'ignore ; mais il est évident que si je m'étais borné aux deux pre- 
miers individus, si je n'avais pas eu, comme terme de compa- 
raison, celui dont les palpes étaient entiers, j'aurais commis 
l'erreur d'attribuer l'indifférence pour la viande à l'absence des 
palpes. 


S4 FÉLIX PLATEAU 


Observ. 21. Même répugnarce à. manger de la part d’un Colym- 
betes à jeun depuis deux semaines et dont les palpes maxillaires 
sont supprimés depuis huit jours. 


Observ. 22. Je suis plus heureux avec un dernier Colymbetes 
sans nourriture depuis 15 jours et privé de ses palpes labiaux 
depuis 8 jours. Après quelques hésitations, il se jette sur la viande 
qu'on a mise dans l’eau et mange avec avidité. 


$ 9. Séaphylinus olens. 


Observ. 25. Un Staphylinus olens auquel j'ai enlevé les quatre 
palpes, reçoit, après 48 heures de jeûne, deux Forficules, une Cal- 
liphore et une Mouche ordinaire. 

Ici se place un petit incident qui montre de nouveau combien 
il faut s’entourer de précautions avant de formuler aucune con- 
clusion : le Staphylin court de côté et d’autre, roule dans le sable 
les Insectes mis à sa portée et semble, pendant plusieurs heures, 
ignorer la présence d'une proie. Déjà je considère le résultat de 
l'expérience comme négatif, lorsque l'animal indique lui-même 
ce qui le gêne. Vers la troisième heure, il saisit la Mouche domes- 
tique entre ses mandibules et se promène en cherchant évidem- 
ment un abri pour la dévorer. 

Je satisfais immédiatement à ce désir en mettant dans le bocal 
un petit couvercle de boîte. Aussitôt, le Staphylin se place à 
l'ombre, le long d'un des côtés extérieurs du couvercle et com- 
mence à manger. 

L'inspection à la loupe permet de voir les mouvements alter- 
natifs habituels des mandibules et des màchoires. 

Peu de temps après, le Staphylin se réfugie sous le couvercle 
en emportant la Mouche. Lorsqu'il ressort, une demi-heure plus 
tard, je ne retrouve plus sous l'abri, que les débris vides du sque- 
lette tégumentaire du Diplère. 

A partir de ce moment, le Staphylin mange régulièrement. En 
trois jours, il dévore deux Mouches domestiques, une Calliphore 
et un Forficule. 

La capture immédiate d’une Mouche me prouve qu'il découvre 
tout de suite ses victimes et qu'il les saisit sans hésiter. 

Ces faits constatés, je lâche, le 28 juilllet, le Coléoptère dans 
mon jardin. Le lecteur verra, pour le numéro suivant, que cette 


PALPES DES INSECTES BROYEURS 8) 


mise en liberté devait me fournir une observation très intéres- 
sante. 


Observ. 24. Le 30 septembre je capture un Staphylinus olens dans 
mon jardin et quelle n’est pas ma surprise de reconnaître, à l’exa- 
men des pièces buccales, l'individu qui avait servi aux expériences 
précédentes. 

Les palpes ont commencé à repousser, mais sont encore abso- 
lument rudimentaires. 

Le Staphylin sans palpes et en liberté a donc vécu et s'est bien 
nourri (car il est très agile) pendant 64 jours. 

Pour compléter la série d'expériences et afin de lever tous les 
doutes, je lui donne un fragment de viande saupoudré de carmin. 
L'Insecte mange, car ses excréments sont rouges. 

Deux jours après, la dissection montre, dans le tube digestif, 
un liquide rosé. 


Observ. 25. Un nouvel essai à l’aide de viande imprégnée de 
carmin est fait sur un autre individu privé de ses palpes. Par 
suite d’un accident, les muscles de la mandibule gauche ont été 
froissés. Cependant le contenu du tube digestif, examiné le troi- 
sième jour, est rougeûtre et laisse des traces roses sur du papier 
blanc. 


$ 10. Geotrupes vernalis. 


Observ. 26. Je coupe les quatre palpes à un Geotrupes vernals 
pris dans les dunes du littoral. L’insecte privé de nourriture pen- 
dant deux jours, se promène lentement, mais ne s’enterre pas. 

Je dépose ensuite, dans le bocal, quatre excréments de Lapin 
légèrement mouillés et exposés pendant quelques instants au 
soleil (1). Aussitôt, le Coléoptère écarte ses antennes et les ba- 
lance dans divers sens en signe d'attention, offrant bien les allures 
que signale Hauser chez d’autres formes; puis, au bout de quel- 
ques minutes, il fouille activement le sable, sous les excréments 
et s'enterre. 

L’ablation des palpes n'a donc altéré en rien le sens de l'odorat. 
Résultat que j'avais prévu, mais qu’il est utile de signaler. 


(1) Les excréments proviennent de la place même où le Géotrupe avait été 
capturé, 


80 FÉLIX PLATEAU 


Les nuits suivantes, le Géotrupe enterre successivement les 
excréments de Lapin, puis un fragment assez gros de Prune de 
Reine-Claude. 

Il attaque aussi un morceau de Poire. 

Au bout d’une semaine, l'examen du contenu du tube digestif 
prouve que l'Insecte a mangé pendant tout ce temps, malgré la 
suppression des palpes (1). 


[11 
ORTHOPTÈRES 


$ 11. Forficula auricularia. 


Observ. 27. J'enlève l’ensemble des palpes à six Forficules. Les 
animaux paraissent souffrir très peu. 

Le lendemain, je mets à leur disposition deux quartiers de 
Poire dont toute la surface a été frottée de carmin en poudre, de 
façon à amener une coloration d’un rouge intense. 

Le jour suivant, des excréments roses épars sur le sable blanc 
du bocal indiquent que les Insectes ont mangé. La dissection des 
six individus montre en effet, que leur tube digestif est rempli 
d’une bouillie d'un beau rouge. 

Quoique privées de palpes, les Forficules ont donc, toules, 
absorbé de la nourriture en abondance. 


:$ 12. Periplaneta orientalis. 


Observ. 28. Le 24 janvier, on coupe les quatre palpes à cinq 
Blattes n'ayant reçu aucune nourriture depuis une semaine. 

Le 25, je leur donne de la viande de Bœuf crue, un fragment de 
Pomme de terre bouillie et du pain. Toutes ces substances étant 
imprégnées de carmin. 


(1\ Une expérience sur l'Hydrophilus piceus ne m'a donné qu'un résultat négatif. 
L'insecte privé de ses palpes labiaux a refusé de manger. Cet insuccès n'a pas 
grande valeur, l'essai ayant été fait au début de mes recherches, alors que j'étais 
encore novice et la nourriture /Hottonia palustris) offerte à l'Hydrophile étant mal 
choisie, 


PALPES DES INSECTES BROYEURS 87. 


Mais la température extérieure est très basse; le thermomètre 
descend parfois la nuit à —100; aussi, malgré le feu que l'on entre- 
tient dans l’appartement, les Insectes restent à peu près engour- 
dis et ne mangent pas. 

Le 8 février, l'inspection du tube digestif d'un des individus 
montre le jabot vide et, dans l'intestin terminal, un résidu noirâtre 
provenant des tubes de Malpighi. 

La Blatte sacrifiée est remplacée par un nouvel exemplaire 
privé de ses palpes et tenu à part pendant deux jours. 

Je substitue aux aliments indiqués plus haut, un mélange sec 
de farine, de sucre blanc et de carmin en poudre. 

Enfin le 18 février, le temps est devenu plus doux, les Blattes 
se montrent plus actives et tout fait supposer qu’elles prennent 
beaucoup de nourriture. 

L'examen des tubes digestifs donne, en effet, les résultats sui- 
vants : 

1 individu ; tout l'intestin moyen et l'intestin terminal sont 
remplis de matière en digestion d’un rouge vif. L’addition d’un 
peu d'’ammoniaque qui avive la coloration prouve bien la présence 
du carmin. 

2° individu; même aspect du contenu intestinal. 

3e individu ; le tube digestif est distendu par une matière pulvé- 
rulente noirâtre. Pour une cause que je ne connais pas, la colo- 
ration rouge du carmin à disparu, mais l'observation microsco- 
pique fait voir immédiatement que la bouillie intestinale est, en 
majeure partie, constituée pour les grains de fécule de la farine. 
Le lecteur remarquera qu'il s'agissait bien là de la farine mise, 
par moi, à la portée des Insectes en expérience, puisque ceux-ci 
étaient captifs depuis 33 jours. 

4e et 5e individus ; même résultat. 

Une nouvelle inspection minutieuse des pièces buccales faite 
sur les individus morts ne laisse aucun doute sur la suppression 
complète des palpes. 


Observ. 29. J'ai rappelé, dans l’Introduction, que Lyonnet, 
Bonsdorff, Knoch, Marcel de Serres, Lamarck, Newport, Driesch, 
Perris et Cornalia rangent les palpes des Insectes parmi les 
organes de l’odorat. 

Avant de tuer, pour les disséquer, les cinq Blattes de l'expé- 
rience précédente, j'ai voulu m'assurer si l’ablation des palpes 
avait amené la suppression du sens olfactif. 


tete) FÉLIX PLATEAU 


Or l’odorat était resté intact; tous les individus étaient sensi- 
bles aux odeurs. 

Lorsqu'on approche une baguette mouillée d'essence de téré- 
benthine, les Blattes redressent les antennes, leur impriment des 
oscillations lentes et les dirigent même parfois vers le corps odo- 
rant. 

Le chloroforme employé de la même façon les inquiète. Les 
animaux cherchent à éviter ses émanations et l’on peut, jusqu’à 
un certain point, diriger les déplacements d'une Blatte déposée 
au fond d'une boite en approchant de ses antennes, tantôt 
dans un sens, tantôt dans l’autre, un pinceau imbibé de chloro- 
forme. 

Ces essais répétés avec trois Blattes de la série suivante ont 
donné les mêmes résultats. 


Observ. 50. Je coupe les quatre palpes, à ras, à trois Blattes et 
je les laisse jeûner durant 5 jours. 

Je leur donne ensuite un mélange sec et bien intime de farine 
de froment et de carmin en poudre. 

Au bout d’une semaine, la dissection montre, chez les trois indi- 
vidus, le jabot et l'intestin moyen remplis de matières en diges- 
tion colorées en rouge vif. Des substances noirâtres sont accumu- 
lées dans l'intestin terminal. L'examen microscopique permet 
d'y retrouver aisément le carmin. 

Les Blattes ont beaucoup mangé et l'expérience est très dé- 
monstrative. 


$ 15. Stetheophyma grossum (Mecostethus grossus Fieb.). 


Observ. 51. Les Acridiens se prêtent mal aux recherches expéri- 
mentales de la nature de celles qui font le sujet de cette notice, 
soit parce qu'ils meurent rapidement après l’ablation des palpes, 
soit parce qu'ils souffrent en captivité. 

Le 12 août, je coupe tous les palpes à quatre Stetheophyma (une 
femelle et trois mâles) et je les laisse d’abord sans nourriture. 

24 heures après, les trois mâles sont morts. 

Je donne du gazon frais à la femelle survivante et, au bout de 
peu de temps, je puis voir l'animal manger. A la loupe, je cons- 
tale que l’Insecte mange lentement, mais d’une façon normale. 
On voil nettement les échancrures qu'il pratique dans le bord 
des feuilles de Graminées. 


PALPES DES INSECTES BROYEURS 89 


Malheureusement cette activité ne dure pas; le Stetheophyma 
languit et meurt le sixième jour. Son tube digestif est vide. 


$ 14. Decticus verrucivorus Q. 


Observ. 52. Une femelle de Decticus verrucivorus privée de ses 
palpes est placée dans un large bocal (1), à fond de sable humide, 
contenant du gazon et d’autres végétaux vivants. 

Pendant les deux premiers jours, il m'est impossible de cons- 
tater directement si l'Orthoptère mange ; mais ayant pu recueillir 
un des excréments au moment où l’Insecte vient de le déposer, 
je trouve, par la dilacération sous le microscope, que ce résidu 
de la digestion se compose exclusivement de lanières de gazon 
encore chargées de chlorophylle. 

Le cinquième jour, j'assiste enfin à un repas. Le Dectique ronge 
des trous dans le bord d’une feuille de Capucine. A l’aide de la 
loupe, je vois que la mastication s'effectue facilement et d’une 
façon parfaitement naturelle. 

Le 7e jour, le Dectique mange de la Laitue avec appétit. 

Enfin, après 11 jours de captivité, l’Insecte enfonce son ovis- 
capte dans le sable et pond. La mort survient après quelques 
heures. Le tube digestif ouvert renferme des débris végétaux en 
digestion. 

L'expérience me paraît donc aussi concluante que la plupart de 
celles qui précèdent. 


IV 


CONCLUSIONS. 


Les expériences dont on vient de lire la description ont porté 
sur cinquante individus appartenaut à des formes assez diverses 
de Coléoptères et d'Orthoptères. J'aurais pu les multiplier encore, 
mais sans grande utilité, puisque, sauf dans des cas relativement 
rares, les résultats sont toujours les mêmes. 

Voici les conclusions que je crois pouvoir déduire de cet 
ensemble : 


(1) 25 centimêtres de diametre, 


90 FÉLIX PLATEAU 


1° Pendant la manducation, les palpes labiaux et maxillaires 
des Insectes broyeurs restent inactifs (Observations 1, 2 7 et 9); 

20 La suppression des palpes maxillaires n'empêche pas les 
Insectes broyeurs de manger d’une façon normale (observations 
12113); 

3° Il en est absolument de même après la suppression des 
palpes labiaux (observations 16, 17 et 22); 

4° L'amputation des quatre palpes n’abolit pas l'odorat (obser- 
vations 26 et 29); 

5° L'ablation des quatre palpes n'empêche aucunement les 
Insectes maxillés de reconnaître leur nourriture et de la saisir 
(observations 3, 6, 8, 18 et 23) ; 

6° Enfin, malgré la suppression des quatre palpes, les Insectes 
maxillés mangent d’une manière parfaitement normale (observa- 
tons 3, 4, 6, 818,19, 23, 24, 26,27,.28; 30et 32). 

Je ne me dissimule pas que ces conclusions basées sur les 
résultats d'expériences poursuivies pendant plusieurs années 
soulèveront bien des objections de la part des entomologistes 
habitués, depuis l’origine de leur science favorite, à considérer 
les palpes comme des organes indispensables à l’Insecte pour 
explorer sa nourriture et l'introduire dans la cavité buccale. 

C'est là le sort de toute recherche qui tend à ruiner une 
vieille théorie. 

Pour le moment, je ne chercherai pas à rencontrer les objec- 
tions que je prévois, je me bornerai à rappeler qu'on ne répond à 
des expériences physiologiques que par des expériences. 

Dans la deuxième partie je publierai les résultats de mes obser- 
vations sur les palpes d’autres Articulés. 


MONOGRAPHIE 


DES 


BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 


Par le Dr J. JULLIEN. 


Depuis qu'on à adopté la classification des Bryozoaires selon la 
forme des cellules ou soæcies, on n’a pas essayé d’y faire entrer les 
genres d’eau douce. 

J'ai étudié avec le plus grand soin ceux des environs de Paris 
et de Bourgogne Ft utent avec ceux des pays étrangers, 
et j'ai pu me convaincre qu'aucune classification ne correspond 
avec le résultat de mes recherches. Je ne veux pas analyser tous 
les travaux publiés jusqu’à présent; je ne parlerai que des classi- 
fications les plus intéressantes. Sur cette question délicate on a 
écrit des choses absolument insensées. Quoiqu'il en soit, Dumor- 
tier, en 1835, a nommé Lophopodes tout ce qui était connu, à son 
époque, en fait de Bryozoaires à tentacules disposés en fer-à-che- 
val, y compris la Tubularia sultana de Blumenbach. Ses Lopho- 
podes comprenaient donc les genres Cristatella Guvier, Pluma- 
tella Lamarck, Lophopus Dumortier et Alcyonella Lamarck. De la 
Tubularia sultana, il a fait la Plumatella sultana, à la suite de la 
Plumatella lucifuga de Vaucher, et il avait raison ou du moins il 
approchait de la vérité; car, comme on le verra dans la suite, 
les Frédéricelles ne sont que des variétés de Plumatelles. Cette 
classification fut détrônée par celle de Paul Gervais. 

Quand cet auteur s'occupa de ces animaux en 1836, ce fut par 
suite de la trouvaille d’un corpuscule charmant, un statoblaste 
de Cristatelle. II constata que cet œuf reproduisait le Xleinere Fe- 
derbuch-Polyp de Rüsel; cette découverte jetée par le hasard entre 
ses mains ne le conduisit pas bien loin dans la connaissance des 


92 J. JULLIEN 


Bryozoaires d'eau douce; en 1837, il publia sa classification des 
Polypiaires, désignant par les noms de Polypiaria hippocrepia les 
Bryozoaires à tentacules disposés en fer-à-cheval, réservant ceux 
de Polypiaria infundibulata à tous ceux dont les tentacules n'étaient 
point disposés ainsi. Il décrivit quelques espèces des environs de 
Paris en essayant de rétablir leur synonymie où il s’est fort em- 
brouillé. Après quoi il ne s’en occupa plus. Ses études insuffi- 
santes lui firent placer la Frédéricelle sultane à côté de la Paludi- 
celle articulée, animaux qui ne se ressemblent guère ; cette faute 
fut relevée par Allman qui répudia la classification de Gervais 
pour lui substituer la sienne en 1856. Le livre d’Allman est écrit 
avec un sérieux d'autant plus comique qu'il est plein d'erreurs, 
comme on le verra plus loin. 

Allman voulut lui aussi trouver un caractère sur lequel il put 
appuyer une classification ; sans tenir compte de celle de Dumor- 
tier, il prétendait que les Polyzoa de Thompson, équivalents des 
Bryozoa d'Ehrenberg, pouvaient se diviser selon la présence ou 
l'absence de cette lèvre mobile au-dessus de la bouche dont 
parle Dumortier ; comme les Frédéricelles portent cette lèvre, il 
les replaça à la suite des Plumatelles, ainsi que Dumortier l’avait 
déjà fait; et il donna le nom d'épistome à cette lèvre. Il repoussa 
le terme d'Hippocrépiens de Gervais et le remplaça par le nom de 
Phylactolemata sous lequel il réunit les Hippocrépiens de Gervais 
et les Bryozoaires pourvus d’un épistome, c’est à dire avec le 
genre Frédéricelle du même auteur et avec le genre Pedicellina 
de Sars; enfin il donna le nom de Gymnolæmata aux Infundibulés 
du zoologiste français et aux Bryozoaires dépourvus d’épis- 
tome. 

Cette classification, adoptée aujourd'hui, a une solidité au 
moins discutable, l'observation directe nous faisant voir que le 
caractère qui forme sa base peut manqner à la fois sur divers 
individus d’une même colonie. 

Ainsi, pendant le mois de septembre 1883, en étudiant des Plu- 
matella repens que j'avais recueillies dans les montagnes du Cha- 
rollais (Saône-et-Loire), j'ai remarqué que certains polypides 
étaient avortés. Le lophophore considérablement diminué d'im- 
portance ne portait que dix-sept tentacules au lieu de cinquante 
comptés sur les autres polypides de la même colonie. Dans ces 
avortons (fig. 1 et 3), les deux bras du lophophore étaient soudés par 
le bord interne où de toutes petites verrues remplaçaient les tentacules; 
l'épistome n'existait pas au-dessus de la bouche. Ces polypides avaient 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE 


néanmoins un canal digestif complet, remplissant bien ses fonc- 


tions, mais réduit proportionnellement au reste. 

L'esbras du lophophore 
des Hippocrépiens peuvent 
subir une modification assez 
intéressante : c’est l’arrêt de 
développement d’un des bras. 
Il m'est arrivé fréquemment 
de voir des polypides étalés 
présentant cet écart organi- 
que; le bras avorté ne por- 
tait qu’une très petite quan- 
lité de courts tentacules, 
tandis que l’autre restait nor- 
mal avec des tentacules très 
longs. Il y a peut-être là un 
acheminement vers la forme 
des Rhabdopleura d'Allman. 

Sur une Plumatella luci- 
fuga de l'Étang de Saint-Hu- 
bert près Rambouillet, j'ai 
vu un polypide dont tous les 


ICE 


tentacules internes étaient au moins de moitié plus courts que 
les externes; d’autres polypides avaient des tentacules plus 


courts que les autres, mais disséminés parmi eux. 

En somme, la classification d'Allman ne se base 
que sur la présence ou l'absence de l’épistome, 
puisque le genre Frédéricelle n'est maintenu dans 
le sous-ordre des Lophopiens qu'en raison de l’é- 
pistome; mais les avortons des Plumatelles privés 
d’épistomes conservant le rudiment du lophophore 
bilatéral, ce dernier caractère, indiqué d’abord par 
les auteurs, doit passer avant celui fournis par l'épi- 
tome. 

Telles sont les raisons qui nous font revenir à la 
classification de Dumortier en la complétant, et 
sans tenir compte de l’épistome, le caractère du 
lophophore étant suffisant. 


Je propose à présent la classification suivante pour les Bryo- 


zoaires d’eau douce. 


94 J. JULLIEN 
Class. BRYOZOA Ehrenberg, 1834. 
{a S.-class. BRYOZOA LOPHOPODA Dumortier, 1835. 
12 Tribus, B. loph. caduca J. Jullien. 
12 Famil. Pedicellinidæ Hincks, 1880. 


Genus Pedicellina Sars. \ 
—  Barenitsia Hincks. ( 
—  Pedicellinopsis Hincks. 
—  Urnatella Leïdy, 1851. 

—  gracilis Leidy, 1854. États-Unis. 


, marins. 


2a Famil. Lorosomidæ Hincks, 1880. 


Genus Lozxosoma Keferstein, marin. 
24 Tribus. B. loph. perstita J. Jullien. 


Aa Famil. Plumatellidæ J. Jullien. 


Genus Plumatella Lamarck, 1816. 

— repens Linné, 4758. Europe et Asie (Inde). 

— lucifuga Vaucher, 1804. Europe. 

—  arethusa Hyatt, 1868. États-Unis. 

—  diffusa Leidy, 4851. États-Unis. 

— Aplinii Mac Gillivray, 1869. Australie. 
Genus Hyalinella J, Jullien. 

— vesicularis Leidy, 1854. États-Unis. 

— ?oitrea Hyatt, 1868. États-Unis. 


2a Famil. Lophopusidæ J. Jullien. 


Genus Lophopus Dumortier, 4835. 
— Trembleyi J. Jullien, 1884. Europe. 
Genus Pectinalella Leidy, 18541. 
_ magnifica Leidy, 4851. États-Unis. 
— Carteri Hyatt, 1868, Inde. 
Gen. Cristalella G. Cuvier, 1798. 
— Mucedo G. Cuvier, 1798. Europe. 
— Jde Leidy, 4859. États-Unis. 
—  ovhidioidea Hyatt, 1868. États-Unis. 
—  ?lacustris Potts, 1884. États-Unis. 


3a Famil, Rhabdopleuridæ Mincks, 1880. 


Gen. Rhabdopleura Allman. marin. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 95 


2a S.-class. BRYOZOA INFUNDIBULATA P. Gervais, 1837. 


fa Fam. Paludicellidæ Allman, 1856. 


Gen, Paludicella P. Gervais, 1836. 
— arliculata Ehrenberg, 1831. Europe et Amérique septentrio- 
nale. 
— erecla Potts, 1884. Amérique septentrionale. 


2a Famil. Hislopidæ J. Jullien. 


G. Norodonia J. Jullien, 1880. 
—— Cambodgiensis J. Jullien, 1880. Indo-Chine. 
— sinensis J. Jullien, 4880. Chine. 

G. Hislopia J. Carter, 1858. 
—  lacustris J, Carter, 1858. Inde. 


Pendant que je rédigeais cette Monographie, Leidy, en Améri- 
que,a publié une note sur l’Urnatella gracilis; il a placé son espèce 
dans la famille des Pédicellinidées; de plus, il a fait entrer dans 
cette famille le genre Loxosoma, de Keferstein. Cependant, les ten- 
tacules des Loxosomes sont si petits, si peu développés que je ne 
puis admettre qu'avec réserve l’idée du savant américain. Toutes 
les espèces de Loxosomes sont marines, elles sont dépourvues de 
pédicule vrai; le leur, faisant partie de la zoæcie, périt avec cette 
dernière, et ne persiste pas comme celui des autres Pédicéllinides. 
C’est pour cette raison que j'ai conservé la famille des Loxosomi- 
dées établie par Hincks. 

Quant au genre Rhabdopleura d’Allman, je le place à la suite 
des Lophopodes persistants, avec lesquels il a de nombreuses 
affinités. C’est un Lophopode modifié, comme le genre Fréderi- 
celle est une Plumatelle modifiée; je ne trouve point chez cet 
animal le motif d’une sous-classe, comme l'ont pensé les auteurs 
anglais. Je rejette donc les Pterobranchia de Ray Lankester, aussi 
bien que son ordre des Podostomata, comme absolument inutiles ; 
ces grands mots sont le résulat de l'ignorance, dans laquelle se 
trouve Ray Lankester vis-à-vis des variations des Lophopodes. 
Hincks lui-même nous dit que « par la forme du zoarium et pour 
divers autres sérieux motifs, ce genre se rapproche du groupe 
d’eau douce des Phylactolæmata »; cependant il accepte l'opinion 
de Ray Lankester. Une particularité intéressante est que la con- 
tractilité du funicule, niée par Allman, mais que j'ai constatée 
nombre de fois, se retrouve très énergique dans le genre en ques- 


96 5. JULIIEN 


tion, où elle agit absolument seule pour le retrait du polypide 
dans la zoæcie. 


Classe des BRYOZOAIRES Ehrenberg, 1834. 


Animaux possédant : des branchies ciliées affectant la forme de 
tentacules oraux, un tube digestif complet, un pied rudimentaire 
ou avorté; ils sont renfermés dans des zoæcies soit gélatinoides, 
soit chitineuses, soit calcaires, formant ordinairement des colonies 
par bourgeonnement. 


re Sous-classe : BRYOZOAIRES LOPHOPODES Dumortier, 1835. 


Synonymie : Polypiaria dubia de Blainville, 1834; Polypiaria 
hippocrepia P. Gervais, 1837; Polyzoa phylactolæmata Allman, 
1856. 

Bryozoaires dont la couronne branchiale ou lophophore est gar- 
nie d’une double rangée de tentacules, possède la forme d’un fer- 
à-cheval plus ou moins régulier, ou bien est ovalaire avec deux 
tentacules rentrants. 


Eryozoaires lophopodes caduces. 


Bryozoaires lophopodes dont les zoæcies sont caduques après 
la mort du polypide ; la gaîne tentaculaire en est incomplètement 
rétractile dans l’ectocyste. 


Famille des Pedicellinidées. 


Zoæcies charnues, presque globuleuses, dont le polypide ne 
peut s'étendre complètement au-dehors pendant son extension, 
et ne contenant jamais de statoblastes; elles sont supportées iso- 
lément à l'extrémité des branches d'un zoarium simple ou ra- 
mifié. 

Cette famille comprend les quatre genres : Pedicellina, Barent- 
sia, Pedicellinopsis et Urnatella, Le dernier seulement vit dans les 
eaux douces. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 9 


Genre URNATELLA Leidy (i831), fig. 4-8. 


Zoæcies charnues, campanulées, portées par un zoarium ra- 
meux et segmenté. 


LS 


Urnatella gracilis Leidy (1854). 
Fig. 4 à 8. 


« Tiges (1) isolées ou groupées par six, fixées à leur extrémité 
inférieure par une substance granuleuse de couleur rouge. Seg- 


(1) Proceedings Acal. Nat. Sc, of Philadelphia, V, p. 321. 


es 


98 


J. JULLIEN 


ments urniformes de 0"»925 de longueur sur 0""18 de largeur, 
devenant plus petits vers les extrémités libres des tiges ; chaque 


segment urniforme est transparent, blan- 
châtre, avec des stries et des ponctuations 
transversales, couleur de terre de Sienne; il 
porte de chaque côté, inférieurement, un 
processus arrondi, ce sont les restes des 
branches antérieures; l’étroit sommet et la 
portion inférieure des segments sont bruns 
et annelés. L'antépénultième et le pénultième 
des segments ainsi que leurs branches sont 
oblongs et transparents. Les polypides ont 
Onm225 à Omm45 de long; ils sont campa- 
nulés, étendus, la bouche est circulaire, leur 
diamètre égale la longueur du corps sur- 
monté par quatorze tentacules cylindriques, 
ciliés et rétractiles. 

» Les tiges ont environ 4 millimètres de 
long. » (Traduction du texte de Leidy). 

Habitat : Face inférieure des pierres dans 
les eaux douces : 


Rivière Schuyikill dans la ville de Philadelphie (États-Unis), 


Dr Leidy. 


Pédicellines 


Lea a découvert l’Urnatella dans le Scioto 
sur une Unio qu'il a donnée au Musée de 
Philadelphie. 

Il est évident que la seule et unique es- 
pèce de ce genre a des rapports très étroits 
avec les animaux des autres genres de cette 
famille. L’intestin, qui est droit chez les 
Pédicellines, est coudé chez les Urnatelles ; 
ces dernières possèdent aussi presque le 
double de tentacules, mais ces caractères 
sont secondaires et ne peuvent être utilisés 
ici qu'à séparer les genres. Je suis tout à 
fait poussé à croire que l’Urnatelle a la 
même disposition de lophophore que les 


. Pour moi, l’Urnatelle est une Pédicelline ramifiée, 


même développée dans ses différents organes, comme les genres 
warins Barentsia et Pedicellinopsis établis par Hincks. 


. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 9 


Dans sa monographie, Allman a donné, à la page 20, la figure 
de la Pedicellina cernua, on y voit le lo- 
phophore décrire un croissant hippo- 
crépien simple, croissant dépourvu de 
tentacules internes, mais dont les bras 
ne sont pas soudés entre eux à leurs 
extrémités. Les Urnatelles, comme les 
Pédicellines, sont des Hippocrépiens 
avortés qui n’ont pas la faculté de dé- 
velopper complètement leurs tentacu- 
les; elles sont même d’une petitesse 
très grande comparativement aux au- 
tres Hippocrépiens dont elles se rappro- 
chent par la disposition du lophophore 
et par la présence de l’épistome. 

Je n'ai pas encore eu l’occasion d'étudier des Pédicellines vi- 
vantes, et je n’ai pu voir, sur celles 
que je possède dans l'alcool, la dis- 
position indiquée par Allman:; c’est 
seulement après l'examen de ses 
dessins que j'ai eu l’idée de placer 
le genre Urnatella parmi les Hippo- 
crépiens, malgré la grande simpli- 
cité de son organisation si différente 
de celles des autres groupes. All- 
man, je ne sais pourquoi, l’a placée 
parmi les Gymnolæmata. 

Leidy vient de publier dans le 
Journal de l'Académie des sciences 
naturelles de Philadelphie une lon- 
gue note sur cette Urnatella. Il a 
eu les mêmes vues que je viens de 
développer et il a ajouté à son texte 
une superbe planche dans laquelle 
j'ai copié quelques figures (1). 


LUN 


2 


Ne, SACS NE UT 


(1) J. Leidy, Urnatella gracilis, a fresh- 
water Polyzoan. — Journal of the Academy 
of natural Sciences of Philadelphia, (2), IX, 
part I. 1881 (avec figures dans le texte et 
une planche coloriée), p. 5. 


100 J. JULLIEN 


Bryozoaires lophopodes persistants. 


Bryozoaires lophopodes dont les zoœæcies charnues ou cornées 
sont persistantes après la mort des polypides. La gaîne tentacu- 
laire est complètement rétractile dans l’ectocyste ; les tentacules 
sont réunis inférieurement par une membrane délicate. 


4re Famille. PLUMATELLIDÉES, J. Jullien. 


Zoœæcies cornées ou charnues, tubuleuses, constituant des 
zoaria de formes variables, mais surtout étalés et rameux, quel- 
quefois dendroïdes; ces zoæcies sont soudées entre elles ou bien 
tout à fait libre les unes des autres, sauf à leur point d’origine. 
Vers la fin de leur vie on les rencontre ordinairement plus ou 
moins remplies de statoblastes dépourvus d'épines marginales; 
ces statoblastes sont libres et fixes, ou simplement libres. 

Cette famille comprend les genres Plumatella et Hyalinella. 


Genre PLUMATELLA Lamarck. 


Zoœæcies hyalines dans le jeune âge, devenant brunes et cornées 
ensuite, tubuleuses, libres entre elles ou soudées, formant par 
leur réunion des zoaria rampants ou dendroïdes, ou quelquefois 
en amas développés autour et sur les corps étrangers; créte 
anale (1) plus ou moins évidente, ordinairement transparente, et 
formant arête; lophophore hippocrépien, et quelquefois ovale; 
statoblastes libres, ou libres et adhérents, presque toujours abon- 
dants. 


Plumatella repens Linné, 1758. 
Fig. 1 à 3 et 9 à 84. 


Zoæcies subclaviformes, à sections transversales ordinairement 


(1) Je donne le nom de créte anale à cette saillie plus ou moins constante à 
laquelle Allman a improprement donné le nom de sillon (Furrow et Keel). Quand 
elle existe, elle est toujours située sur la région frontale de la zoæcie; son point de 
départ se trouve à la région postérieure; elle se termine constamment à la place 
occupée par l'anus pendant l'expansion du polypide. C'est grâce à elle qu'Allman 
a si magnifiquement multiplié ses diagnoses, et, qu'avec quelques autres caractères 
illusoires, l’auteur anglais dépassant d'Orbigny a fait deux genres et dix espèces 
avec le même animal. 


L 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 101 


triangulaire ou subcylindrique, avec ou sans crête anale; quand la 
crête anale existe, elle est simple ou bifurquée; si elle est simple, 
elle se termine à l’orifice qu’elle entoure comme 
une bague et aboutit à l’anus; elle se dirige en 
arrière en suivant la ligne médiane de la ré- 
gion dorsale de la zoæcie, sur laquelle elle a 
commencé ; si elle est bifurquée, elle se termine 
de la même manière, mais les branches de la 
fourche naissent en arrière de chaque côté de 
la zoœæcie, puis se réunissent bientôt pour former 
. une ligne aboutissant a l’orifice; enfin il arrive 
très souvent qu’on rencontre des zoœæcies qui sont subcylindri- 
ques sans trace de cette crête. Ces trois formes zoœæciales exis- 
tent séparément sur certaines colonies et sont 
mêlées sur d’autres. Zoaria, soit filiformes, rami- 
fiés, rampants et adhérents donnant quelquefois 
naissance à des branches libres, soit en amas 
plus ou moins volumineux, atteignant quelque- 
fois le volume du poing, étalés sur les corps 
immergés ou encore formant autour des tiges 
de bois ou de fer des anneaux complets aplatis 
sur leurs bords; ces amas se rencontrent égale- 
ment sur les tiges délicates des Potamogeton 
natans, où ils atteignent souvent de sept à vingt 
centimètres de longueur, sur un à un centimètre 
et demi de diamètre. 

Sur 50 polypides bien constitués, et pris au hasard chez diverses 
colonies, le nombre des tentacules a varié dans 
les proportions suivantes : 


LE -tontaculos et A MN Sr Cu 4: 4 
45 Re ET M AR Sd 3 
46 ne NPD ARTIST CE MAT: 3 
47 RC DRE ÉCOLE 2 
48 mn 10 OC OO DEL UC OP , 2 — 
49 TN GEL PC an DLL MCE 3 
8 
9 
6 
3 


Comme on le voit, ce nombre est excessivement variable, puis- 


102 J. JULLIEN 


qu'un tiers environ seulement peut être considéré comme type 
principal avec 50 tentacules, que le second tiers en possède plus 
de 50 et le troisième moins. Mais je n’ai Jamaiis vu, en aucune 
circonstance, un polypide porter les soixante tentacules annoncés 
par les auteurs, depuis Gervais jusqu'à Allmar. Il est impossible 
de les compter dans leur position normale, à moins qu'ils ne 
soient étalés de face, qu'on domine l’orifice buccal; on les compte 
au contraire facilement en décollant le Zoarium avec une aiguille 
et en l’observant renversé dans un verre de montre où on a versé 
quelques gouttes d’eau limpide. 

Sur deux polypides à bras lophophoriens inégaux, il y avait 40 
et 44 tentacules : sur celui avec 40 tentacules, un bras en portait 
11 et l’autre 26; celui qui en avait 44 en portait 19 d'un côté et 
25 de l’autre, les tentacules étaient plus courts sur la branche 
avortée; sur l’autre ils étaient très inégaux, quelques-uns dépas- 
sant leurs voisins d’un tiers de leur longueur. 


Fig. 12. Fig. 13. Fig. 15. 


Un polypide avorté ne portait que 17 ou 18 tentacules, alors 
que sur ses congénères on en comptait de 49 à 52; il offrait cette 
particularité d'avoir les deux branches du lophophore soudées par 
leur bord interne. Cette anomalie élait accompagnée de l'arrêt 
de développement des tentacules internes, qui ne se montraient 
plus que sous la forme de petites verrues peu nombreuses, sur 
l'espèce de crête formée par les branches du lophophore; je n'ai 
pu découvrir l’épistome sur ce polypide (1). 

Sur des polypides résultant de l’éclosion de deux statoblastes, 
le 11 avril 1884, j'ai pu compter 31 et 33 tentacules. 

Rœæsel donne sur ses dessins b2 tentacules à un polypide de la 
planche 75, et 56 à un autre polypide de la planche 74; Allman en 
a dessiné 39 et43 à sa Plumatella repens; Van Beneden pour l’Al- 


(1) Le 31 mai 1885, j'ai trouvé dans l'étang de Villecbon, près Paris, une colonie 
développée sur un petit caillou. Un des polypides ne portait que 14 tentacules 
disposés en forme de Frédéricelle; il était mêlé à des polypides réguliers; je n'ai 
pu malheureusement m'assurer de l'existence ou de l'absence de l’épistome. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 103 


cyonella stagnorum en indique 42 à 46 dans l'espèce qui a servi à 
ses études; il ajoute qu’il en a vu de 50 à 60, et que le nombre 
des tentacules lui paraît très variable. 

Le calyce qui garnit la base des tentacules 
ne peut servir aux diagnoses d’une espèce, 
comme Allman l’a pensé; l'insertion de cet 
organe varie non seulement sur les polypides 
d’une même colonie, mais encore sur le même 
polypide, où il n’est pas toujours identique 
sur tout son pourtour. Il est d’ailleurs difficile 
à étudier. | 

L’estomac est rayé longitudinalement de jaune foncé sur un 
fond jaune pâle dans les beaux exemplaires, mais cette nuance 
peut s’amoindrir et devenir simplement laiteuse sur des échan- 
tillons dégénérés. 

Les statoblastes 


sont ovales, guère = | 
plus longs que lar- © @) €) (o) €) 
ges ; leur taille et 1 

leur forme varient 


d'un polypide à l’au- 
tre et même chez un (O) 


seul polypide. Ils 
sont formés de deux 


Fig. 16. 


chez l'inférieure. = 

D'après Meyer, Van ©) (©) (©) ©) ©) 
Beneden et Allman 

sance à deux poly- 

toute la France, elle abonde dans beaucoup d'eaux dormantes ou 


valves dont la supé- 

rieure est plus apla- © (©) 

tie, avec l’aréa cen- 

les embryons ciliés 

de cette espèce don- 5 ° 

pides jumeaux. 
Cette Plumatelle Fig. 17-47. 

d'un cours peu rapide. Aux environs de Paris je l’ai rencontrée : 

— à l'étang de Brise-Miche près Chaville, sous les feuilles et sur 


trale plus étroite que 
nent d'emblée nais- 
est répandue dans 
les pétioles de Nymphæa alba, le 24 août 1884; les exemplaires y 


104 J. JULLIEN 


étaient peu abondants et assez petits, à peu près, mais non com- 
plètement, dépourvus de crête anale; zoarium rampant et ramifié, 
non arborescent. 
— À l'étang de La 
Tour, près Ram- 
bouillet ( Seine- 
et-Oise), sous les 
feuilles de Nym- 
phœa alba, le 17 
août 1884; des 
statoblastes, 
ayant déjà subi 
un certain déve- 
loppement sont 
Fig. 48-62 entrouverts ‘dans 

le tube de l’endo- 

cyste, l’un a ses deux valves séparées : un autre, qui n’est qu’en- 
tr'ouvert d’un seul côté, pirouette dans le sens de la fente sans 
s’arrêler, rien ne dépasse les valves et on ne distin- 

SU à gue pas le détail du contenu. Les zoaria sont super- 
AP = bement ramifiés à la surface inférieure des feuilles 
= et les zoœcies sont dépourvues de crête anale. — 

Fig. 63 À l'étang de Saint-Cucufa dans la forêt de Marly, le 

7 septembre 1884; sous les feuilles de Nymphæa, on 

reucontre de jolies Plumatelles largement développées avec des 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 105 


statoblastes, mais je n'y ai pas vu de testicule {en activité; il y 
avait seulement dans la cavité périgastrique des spermatozoïdes 
immobiles, peut-être morts, qui étaient agités par les courants 
intérieurs. — Dans le lac d'Enghien, qui n’est qu’un étang, elle 
est très abondante sur les murs submergés, sur les grilles en fer 
qui séparent les eaux du lac des fossés des parcs voisins, elle est 
là à fleur d’eau sous forme d’Alcyonelle ; près du pont de Saint- 
Gratien, sur les bois “à 


EX 


des fascines, qu'elle Û 
recouvre parfois en- 
tièrement sur toute 
leur longueur, elle s’y Ve 
présente sous toutes 
les formes, alors ces 
immenses colonies 
sont le résultat de 
l'enchevêtrement et 
de la diffusion des co- 
lonies produites par 
l’éclosion, sur la mê- 
me branche d’innom- 
brables statoblastes 
libres ou fixes, visi- 
bles encore au com- 
mencement des zo®- 
cies d’origine. Sous 
les pierres de petite 
dimension et sous les 
débris de bouteilles, 
de briques, de verre, 
de chaussures, etc., 
on la voit former de 
petites colonies ram- Fig. 65. 

pantes et ramifiées 

sur lesquelles on voit quelques rares branches devenir libres de 
toute adhérence; là elles ont le même aspect que les colonies si 
communes sous les feuilles des Nymphæœa. — Au Champ-des- 
Biens à Orgeval, je l’ai rencontrée sous les feuilles de Nymphœæa 
dans un très-grand vivier de jardin; une de ces colonies avait 
pris la forme d’Alcyonelle, elle formait sous la feuille une sorte 
de massepain à bords aplatis ; les autres colonies étaient de forme 


106 J. JULLIEN 


normale. Je l'ai encore rencontrée dans des mares à Alfort, sous 
forme d'Alcyonelle sur des branches mortes. P. Gervais et Van 
Beneden, Raspail et beau- 
A] 222 ; coup d’autres l’ont aussi 
PA vs:,Ù0 .4 signalée aux environs de 

[4 


CAP \ UE Paris. 


HE EN Dans les montagnes du 
> De. Charollais et du Brionnais 
se ZA NE (Saône-et-Loire), je l'ai 
: RIRE SRI « trouvée partout; cette 


Dee : montagneuse région est 
couverte de prés, les 
bœufs en broutent l'herbe 
pendant toute la belle sai- 
son, aussi est-on obligé 
de creuser dans chaque 
pré une fosse qui sert 
d'abreuvoir, l’eau s'y re- 
nouvelle facilement, elle 
y est ordinairement très 
limpide, et garnie de di- 
verses plantes, surtout de 
Potamogétons,de Macres, 
etc.; les parois sont le 
plus souvent des murs en pierres sèches à travers lesquelles pas- 
sent les racines des arbres riverains, chêne, aulne, noisetier, 
églantier, etc. Les grands étangs, les ri- 
vières, les torrents, les ruisseaux abon- 
dent, dans les fonds de ces côteaux de 
granit rose sur lesquels s’étalent les ro- 
ches jurassiques. Aussi la Plumatella re- 
pens trouve-t-elle de quoi pulluler dans 
ces eaux si riches en matériaux de toutes 
sortes, où l'on trouve des myriades d’In- 
fusoires. 

Ainsi je l’ai pêchée dans la Reconce à 
Charolles et à Varennes-sur- Reconce ; 
dans l'étang du Verdrat près Charolles; 
à Saint-Christophe en Brionnais dans les 
mares qui sont derrière les Eaux miné- 
Fig 67. Fig 68. rales, dans le grand étang de Saint-Chris- 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 107 


tophe, dans les mares du hameau de Fougères, du hameau de 
Trélu, du hameau de Ponay, dans les étangs de Bataillis, de Loury, 
des Sertines, de la Clayette, etc., etc. Enfin je l’ai rencontrée, sous 
forme d'Alcyonelle sur une branche morte, dans la Loire près 
de Bourbon-Lancy. 

Risso et Paul Gervais l'ont signalée dans le midi de la France. 

À l'étranger on l'a rencontrée depuis les Orcades jusqu'en 
Russie, où il est peu probable qu'elle se soit arrêtée aux Monts 
Oural; et depuis la Suède jusqu’en Italie et aux Pyrénées; elle 
est certainement beaucoup plus étendue encore. 

Carter prétend l'avoir trouvée dans l'Inde près de Nagpoor. 
Notre collègue M. Chaper m'a donné 
deux Unio rapportés par lui de l'é- 
tang de Darodji, qui se déverse dans 
la Tungapatra, affluent de la Kistna, 
Présidence de Madras, district de 
Bellari (décembre 1882), sur les co- 
quilles desquelles existent des sta- ÿg 
toblastes fixes très semblables à 
ceux de notre espèce; cette obser- & 
vation pourrait bien fortifier celle de 
Carter, mais elle n’est point suffi- 
sante pour fixer la question. Il fau- 
drait étudier l’animal tout entier. 

Elle se plaît dans les lieux ombra- 
gés, mais non pas obscurs, on la 
trouve sous les corps immergés et 
quelquefois aussi sur eux cela tient 
à la légèreté des statoblastes qui 
s'arrêtent dans leur ascension, là où 
un corps rigide peut les fixer, mais 
la colonie peut très bien avoir des’ 
rameaux supères et d’autres infères. 
Elle est fréquente sous les feuilles 
de Nénuphars, de Potamogeton natans et P. crispus, de Trapa 
natans, d'Alisma plantago, sur leurs tiges et sur leurs pétioles, sur 
les bois morts, sur les pierres, sur les herbes aquatiques et sur 
tout ce qui est immergé et solide. On doit la chercher de préfé- 
rence au-dessous des changements possibles de niveau dans les 
étangs, les mares, les rivières. 

Elle varie à l'infini de taille et de forme. Ici, elle atteindra la 


108 J. JULLIEN 


forme d’Alcyonelle, à côté elle gardera celle de Plumatelle, bien 
malin celui qui dira pourquoi; mieux encore, dans certaines mares, 
dans certaines étangs, les colonies auront un tel aspect qu'on 
croira avoir une espèce distincte et qu'on fera comme Allman 


Fig. 70. 


dix espèces avec la même. Certes, le savant Anglais avait sûre- 
ment bien travaillé la question et il croyait bien la tenir, quand 


Fig. 71. 
il a publié sa Monographie des Bryozoaires d'eau douce; il s’est 
trompé quand même d’une façon lamentable, car aucun de ses 
caractères ne peut être conservé. Passons les en revue : 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 109 


Zoœæcies. — Leur forme est très changeante, surtout quand le 
polypide vit encore à l’intérieur, elles peuvent être subcylindriques 
ou claviformes ou urcéolées; cela dépend seulement du contenu et 
du moment de l'observation, dans certains exemplaires elles for- 
ment les trois quarts d’un cylindre porté sur une base plate, ailleurs 
elles sont triangulaires; elles peuvent se souder entre elles ou 
rester libres; elles peuvent ramper bout à bout comme elles peu- 
vent former des rameaux libres. Ces différents états peuvent se 
rencontrer sur les mêmes colonies. Le diamètre est encore très 
variable. Allman nous signale que la forme alcyonelle ne se ren- 


contre jamais en Irlande tandis que la forme plumatelle y abonde, 
ce n’est pas une raison suffisante pour en faire une espèce à part, 
quand on trouve tous les intermédiaires entre l’Alcyonelle et la 
Plumatelle ordinaire. Seulement il faut savoir que, à tel endroit, 
les zoæcies auront une forme, à tel endroit elles en affecteront 
une autre, et qu'ailleurs la même colonie présentera des zoæcies 
réunissant toutes les variétés précédentes, détruisant ainsi leur 
spécificité. 


+10 J. JULLIEN 


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MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE IlT 


Zoæcies jumelles. — Van Beneden et Allman ont trouvé extraor- 
dinaires les formes qu'ils ont nommées Alcyonella flabellum et 
Plumatella jugalis parce que le zoarium commence 
par deux zoϾcies jumelles, or cette disposition 
s’observe sur toutes les variétés de Plumatella re- 
pens; je l’ai également observée sur la Plumatella 
lucifuga. Cette disposition paraît naturelle quand 
le zoarium naît d’un œuf et non d’un statoblaste; È 
l'œuf contient une larve ciliée donnant naissance \ 
à deux polypides jumeaux, il faut bien que ces \ 
deux polypides se logent séparément, il en résulte 
la Plumatella jugalis qui devient l’Alcyonella flabel- 
lum si les zoæcies se soudent. Sur ces zoaria on ne Fig. 741. 
trouve jamais d’écailles de statoblastes parce qu'il 
n’y en à jamais eu. 

Les zoœæcies jumelles ne peuvent donc pas servir de caractère 
spécifique. 

Crête anale. — Allman a donné à cette crête les noms de sillon 
et de carêne (Furrow and Keel), je préfère à 
ces noms ceux de créte anale parce que l’anus 
est toujours son point de terminaison et 
qu’elle oriente la disposition du polypide dans 
le tube zoœæcial. Grâce à ce rapport, nous af- 
firmons que la figure, placée par Allman sous 
le n° 6 de sa planche 7 est tout-à-fait erro- 
née, le dessin en est mauvais. Cette crête 
existe ou n'existe pas, et son existence n’est 
pas non plus un caractère spécifique puis- 
qu'on la voit sur des colonies où certaines 
zoæcies en sont privées. Je ne l’ai point vue 
sur les Plumatella repens du lac d'Enghien, de 
l'étang du Verdrat, de la Loire; dans beau- 
coup de mares toutes les zoœcies la possèdent dans beaucoup 
d’autres (comme à Saint-Cucufa) les zoæcies sont toutes mélan- 
gées, les unes sont presque cylindriques, les autres avec une crête 
anale simple et transparente, d’autres avec une crête anale four- 
chue à son origine sur le fond de la zoœæcie, également trans- 
parente, enfin il y a des zoœcies qui portent une crête simple 
dépourvue de toute transparence. 

Statoblastes. — Voici à présent des corps particuliers, des bour- 
geons, comme dit Allman, entourés par une coque chitineuse 


112 J. JULLIEN 


séparée en deux valves que réunit et consolide un anneau de 
même nature qui ferme les bords; mais ces statoblastes sont très 
variables de forme, depuis les circulaires jus- 
qu'à l’ovale le plus prononcé, et on trouve faci- 
lement des échantillons divers dans une même 
colonie. C’est donc un caractère qu’il ne faut em- 
ployer qu'avec une certaine prudence; on peut 
juger sa valeur en comparant les dessins de 
Hyatt et les nôtres. 

Calice. — Allman a cru pouvoir tirer de cet 
organe de bons caractères, il a desssiné ce qu'il 
a Cru voir, Car il m'a été impossible de retrouver 
ses croquis. Je noterai en passant que cet organe 
est d’une étude délicate, et que sa disposition 
varie constamment par les mouvements des ten- 
tacules. Cependant j'ai constaté que non seulement il était va- 
riable sur les divers polypides d’une même colonie, mais encore 
sur les divers points de la même couronne 
tentaculaire. Alors quel caractère spé- 
cifique peut-on espérer tirer de là ? 

Taches blanches de l'endocyste. — Ces 
taches d’un blanc bleuâtre, quand on les 
voit à la lumière incidente, paraissent 
jaunâtres à la lumière transmise; l'acide acétique les fait dispa- 
raître sans effervescence. Ordinairement on les voit dispersées 
sur l’endocyste de la gaîne tentaculaire, ce n’est 
qu'exceptionnellement qu'il s'en trouve sur l’esto- 
mac lui-même, et sur le funicule si volumineux 
qui fait suite aux corps bruns, ainsi que je l'ai 
observé, sur la Plumatella repens de l'étang du Ver- 
drat, le 19 septembre 1883. Ces taches sont souvent 
absentes et leur excès n’est pas admissible pour 
caractériser une espèce, comme Hancock l’a pensé 
et Allman après lui. 

Ainsi se trouvent élagués tous les caractères 
établis par Allman avec un talent apparent qui en 
impose, mais qui ne résiste pas à une étude atten- 
tive de ces animaux. 

Synonymie. — Comme conséquence de ce qui vient d'être dit, 
je vais établir la synonymie de la Plumatella repens telle qu’elle 
doit être : 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 


Tubipora repens Linné, 1758. 

Tubularia fungosa Pallas, 1768. 

Spongia lacustris Schmiedel. 

Leucophra heteroclita Müller. 

Alcyonium fluviatile Bruguière, 
Lamouroux. 

Alcyonella stagnorum Lamarck, Schweig- 
ger, Lamouroux, Meyen, Ehrenberg, 
Blainville, Carus, Dumortier, Teale, 
Johnston, Siebold. 

Aleyonella fluviatilis Raspail, P. Gervais. 

Plumatella campanulata var. dumetosa 
P. Gervais. 

Alcyonella fungosa van Beneden, Du- 
mortier et Van Beneden, Allman. 

Alcyonella anceps Dalyell. 

Alcyonella gelatinosa Dalyell. 

Polype à panache P. Gervais. 

Alcyonella Benedeni, Allman. 

Alcyonella flabellum Van Beneden, All- 
man. 

Corallenartiger Kamm-polyp Schäffer. 


Büsc, 


113 


Tubularia repens Müller, Gmelin, Turton. 

Der polyp mit dem Feder-busch Eichorn. 

Alcyonella, tertius evolutionis gradus 
Raspail. 

Plumatella repens Lamarck, Blainville, 
Dumortier, Johnston, Fleming, P. Ger- 
vais, Allman, Thompson, Dalyell. 

Plumatella campanulata Van Beneden, 
Lamarck, Schweigger, Blainville, 
Risso, P. Gervais. 

Federbusch-polyp Rœsel. 

Tubularia gelatinosa Pallas. 

Tubularia campanulata Blumenbach, 
Gmelin. 

Tubularia reptans Turton. 

Naisa campanulata Lamouroux 

Plumatella punctata Hancock, Allman. 

Plumatella coralloides Allman. 

Plumatella emarginata Allman. 

Plumatella elegans Allman. 

Plumatella Dumortieri Allman. 

Plumatella jugalis Allman. 


Voilà pour le coup une synonymie qui fera réfléchir les débu- 


114 J. JULLIEN 


tants et beaucoup d’autres; elle prouve que l'étude des Bryo- 


zoaires d'eau douce n’est pas ce qu'il y a de plus facile, au 
moins pour ce qui regarde la Plumatella repens. 


Cette espèce ne produit pas de Frédéricelle. 


Plumatella lucifuga Vaucher, 1804. 
Hi 69 à 125. 


Zoœæcies tubuleuses, augmentant de diamètre depuis le com- 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE he 


mencement de la zoæcie jusqu'à l'extrémité; à sections transver- 
sales toujours triangulaires, jamais subcylindriques ni cylindri- 


Re] (HD 
\ À à 


A 

À 
+ 
=: 


AN 


Fig. 85 


ques; toujours avec une créte anale simple et dépourvue de 
transparence, l'extrémité zoœæciale est ordinairement hyaline et 
renflée plus ou moins. Les zoaria formés par ces 
zoæcies sont comme toujours très variables : 
1° souvent ils sont rampants, chaque zoæcie adhé- 
rente sur moins de la moitié de sa longueur, la 
portion libre toujours beaucoup plus longue et 
beaucoup plus grêle que dans la Plumatella repens, 
ces zoæcies ne fournissent pas de branches ; 20 d’au- 
tres fois, il naît quelques rameaux qui sont formés 
seulement par un petit nombre de zoæcies, et si une 
de celles-ci touche un corps résistant, elle s'y fixe 
et produit une nouvelle portion rampante,; 30ilya 
des zoaria disposés comme au n° 1 mais dont quel- 
ques zoœæcies produisent de petites branches formées par quatre 


ou cinq zoϾcies seulement autour des branches, les autres 
ramuscules coloniaux sont rampants ; 


4 on voit quelquefois des zoaria sur CREER: 


lesquels des zoæcies deviennent im- 


menses, leur côté est orné de trous AA} 
A 


Fig. 87. 


ES 


arrondis disposés sur une seule ligne, 
ces trous sont tout ce qu'il reste de 
zoæcies charnues qui ont disparu, mais 


116 J. JULLIEN 


dont la dernière peut être encore en place au moment de l'obser- 

: vation; cette forme est l’une des plus curieuse 
de cette espèce, je croyais avoir trouvé là 
une espèce nouvelle mais les zoœæcies ram- 
pantes ne lui ressemblaient guères ; j'ai 
compté jusqu’à douze de ces trous sur une 
même zoœcie, ce bourgeonnement est exces- 


Fig. 90. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 117 


sivement curieux ; 5° enfin le zoarium peut aussi être dendroïde 
ou frutescent, alors il naît d’un statoblaste et ce n’est que la 
zoæcie de ce statoblaste qui adhère au support ou encore quel- 
ques-unes des zoæcies suivantes, leur nombre est toujours très 
restreint; il y a des zoœcies qui forment des touffes libres de la 
taille d’une belle noix, entièrement supportées par une seule 
zoœæcie; ces zoæcies se rencontrent ordinairement sous les pier- 


é 1 Up 
Q VI 4 
\uz 


Fig. 91. Fig. 92. 


res, mais j'en ai aussi trouvé sur ces dernières, plantées droit 
comme un arbre; je n’en ai pas trouvé qui aient plus de 22m de 
hauteur, c'est celle de mes plus beaux exemplaires de Bourgogne. 

Vaucher attribue à cette espèce les nombres 25 et 32 pour les 
tentacules du lophophore ; maïs il n’y a pas de Frédéricelle avec 
25 tentacules, personne n'en a signalé autant, Allman seul en 


118 J: JULLIEN 


signale 24; le nombre 32, quoique excessivement faible, ne se 
rapporte qu'à ‘une Plumatelle. La Tubularia repens, du même 
auteur, me paraît être la forme 
stricta d'Allman, mais les grains 
arrondis et aplatis qui représen- 
tent les statoblastes me semblent 
bien extraordinaires.Comme Linné 
avait déjà employé le nom de re- 
pens, j'ai dû conserver le nom de 
lucifuga pour notre seconde espèce 
de Plumatella, bien que les des- 
criptions de Vaucher, auquel,La- 
mouroux attribue une grande sa- 
gacité, soient absolument incom- 
plètes et un tant soit peu erronées. 

Sur trente et un polypides bien 
constitués et pris au hasard, le 
nombre des tentacules a varié dans 
les proportions suivantes : 


LA enTACUIESS ee een 6 fois 
PE RE LAN tr EC EE PAS 2 — 
LAN RE RAIN RENNES AA 
46 + No SRE 4 .— 
47 NES EE da À — 
50 ANR RESTES 1 — 
51 A | DR Re & — 
53 LR TE Le Le 2 — 

She 


Fig. 93. 54 ET Te 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 119 


19 et l’autre 22 tentacules, soit un total de 41, il y avait un épis- 
tome au-dessus de la bouche. 


Trois polypides privés d’épistomes m'ont offert 40, 37 et 21 ten- 
tacules. Ces chiffres de 40 et de 37 sont vraiment bien élevés pour 
cette anomalie, qui est 
d’ailleurs assez fréquente 
sur les colonies, et corres- 
pond ordinairement à une 
diminution des tentacules. 

Enfin, chez la Frédéri- 
celle sultane, qui n'est 
qu'une monstruosité de 
cette Plumatelle, il y a de 
49 à 24 tentacules; All- 
man en donne 24, je les ai 
rencontrés sur des Frédé- 
ricelles de l’étang de Ville- 
bon (bois de Meudon); Van 
Beneden en a compté de 20 
à 22. Deux jeunes poly- 
pides sortant de leurs sta- 
toblastes n’en portaient 
que 15. Remarquons ici 
que la Frédéricelle porte 
à peu près juste moitié des Fig. 96. 
tentacuies de la Pluma- 
telle. Les Frédéricelles, comme les Plumatelles, sont pourvues 
d’épistome. 

Le calyce des tentacules est aussi variable ; dans la même colo- 
nie je l’ai trouvé simple et non festonné sur quelques polypides, 


120 J. JULLIEN 


sur un petit individu chaque godet se terminait en pointe à son 
milieu comme une baleine de parapluie; ces godets sont plus 
ou moins saillants. 


Fig. 98. 


Fig, 97. Fig. 100. 


Les s{atoblastes de cette espèce sont toujours très allongés et 
ovales, la valve supérieure est aplatie, l’inférieure est concave: 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 121 


elles sont réunies par un anneau, quand elles atteignent leur par- 
fait développement, alors sur la valve supérieure cet anneau 
celluleux laisse au centre un espace très petit, tandis qu'il est 


IN HA 


Fig. 101. Fig. 102. Fig. 103. 
beaucoup plus étendu sur la valve inférieure. Ces statoblastes 
sont d’un brun foncé et l’anneau est plus pâle, ce dernier ne se 
développe pas chez les Frédéricelles. 

D’après Allman, les embryons ciliés de la Plumatella lucifuga 
ne donnent naissance qu'à un seul polypide; cependant, j'en 
possède des colonies à formes jugales qui ne peuvent pas, je crois, 


IHHHHE 


Fig. 104. Fig. 106. Fig. 105. 


se produire autrement que par deux polypides jumeaux. 

La Frédéricelle sultane ne constitue pas un genre distinct, elle 
est un arrêt de développement de la Plumatella lucifuga ; nous 
croyons pouvoir l’affirmer pour les raisons suivantes : 

1° Il est impossible de différencier les deux zoaria si on ne voit 
pas les tentacules ou les statoblastes ; et encore on peut mettre 
ces derniers de côté, car on en trouve d’identiques, c'est-à-dire 
privés d’anneau, chez la Plumatella lucifuga. 

20 Le zoarium présente les mêmes variétés que celui de la 


122 


+ JULLIEN 


Plumatella lucifuga; dans celle où il se développe sur une zoæcie 


ANT 7 
\ 7 


Fig. 108, 


plusieurs bourgeons la- 
tér aux, ils sont égale- 
ment tous tournés du 
même côté, maisils sont 
un peu moins serrés. 

Van Beneden nous 

> dit que le polypide se 
subdivise d’une ma- 
nière irrégulièrement 
bifurquée, mais pres- 
que toujours en dou- 
blant ses rameaux du 
même côté; il a vu par 
conséquent la variété 
dont nous parlons. 

30 On rencontre quel- 
quefois (Reconce près 
Charolles, Septembre 
1883) la Plumatella lu- 
cifuga et la Fredericella 


sultana mêlées dans une seule touffe. Croyant avoir affaire à la 


Fig. 109. 


Plumatella, je commis la faute de 
ne pas détacher au ciseau le 
morceau de pierre, qui portait la 
petite touffe, pour voir le point 
ou les points d’origine; ce groupe 
était tout seul sous les pierres 
d’un petit mur de soutien de trois 
ou quatre mètres de long. Le 
mélange de ces deux espèces dans 
cette solitude ne paraît-il pas 
extraordinaire ? 

4 Le lophophore est ovale et 
non pas circulaire comme on l’a 
dit jusqu'à présent pour la Fré- 
déricelle d'Europe, moi du moins 
je ne l'ai jamais vu autrement, et 
de profil il affecte la forme des 


Hippocrépiens. Il est hippocrépien quand il sort de la gaine ten- 


laculaire : 


49 


une fois développé, il est légèrement réniforme, le 


MONOGRAPHIE DES RRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 123 


creux du hile placé derrière l’épistome; cette disposition réni- 
forme s’accentue davantage quand le lophophore s'incline du côté 
opposé. Van Beneden à, lui aussi, reconnu cette disposition du 
lophophore chez la Frédéricelle; il dit que « les tentacules sont 
disposés en entonnoir, mais d’un côté ils sont plus allongés que 
de l’autre; cette inégalité dans la longueur est un passage vers 
les Polypes à panache en fer-à-cheval. Dans les jeunes individus, 
outre l'inégalité dans la longueur, on aperçoit quelques tenta- 
cules en dedans du cercle du côté où se trouve la lèvre {épis- 
tome)»; disposition que j'ai parfaitement vérifiée à mon tour. 
Allman n'avait donc pas besoin d’épistome pour placer cet animal 
à sa place, puisqu'il est positivement hippocrépien ; mais je dois 
reconnaître que cette disposition est encore très variable. 

5° Les statoblastes de Fredericella ne sont pas tous réniformes 
comme Van Beneden et Allman 


les ont dessinés, il y en a qui ÿ , 
sontabsolument ovales(comme 1 
quelques-uns de ceux de Plu- 7 


matella lucifuga) et d’autres 
sont très allongés avec un con- 
tour quadrilatéral à angles ar- 
rondis. Ils sont toujours pri- 
vés de l’anneau extérieur des 
Plumatelles, encore par arrêt À 
de développement. 

Leur coloration a lieu abso- 
lument comme chez les Pluma- \ 
telles. \ 

6° Jusqu'à présent je n'ai pu 
rencontrer de Plumatella luci- 
fuga dans les étangs pourvus Fig. 110. 
de Fredericella sultana, cela 
tient-il à la nourriture que fournit l'étang, ou au milieu am- 
biant? Une seule fois, il m'est arrivé de les trouver intimement 
mêlées en une petite touffe, sous les pierres d’une rivière où elle 
était unique, loin autour d'elle. Fait excessivement rare et très 
important, reconnu déjà par Vau Beneden. 

Tels sont les motifs pour lesquels je repousse la légitimité du 
genre Fredericella; je n’admets pas davantage les espèces améri- 
caines de Leidy et de Hyatt parce qu’elles me paraissent se 
rapporter aux Plumatellidées du pays. 


124 J. JULLIEN 


La Synonymie de cette espèce doit donc s'établir ainsi : 


Naïsa lucifuga Lamouroux, Deslong- 
champs. 
Plumatella fruticosa Allman. 


Tubularia lucifuga Vaucher (1804,. 
Plumatella lucifugaJ.amarck, Blainville, 
Naïsa repens Lamouroux. 


Fig. 111. 


Plumatella Allmani Hancock. | Plumatella stricta Allman. 
Plumatella repens Van Beneden. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 195 


Et pour sa monstruosité : 


? Tubularia coralloides Pallas (1763). Fredericella sultana P. Gervais, van 

Tubularia sultana Blumenbach (1777), Beneden , Thompson, 
Lamouroux. Allman, Johnston, Du- 

Naïsa sultana Lamouroux. mortier et van Beneden, 

Plumatella gelatinosa Fleming, Johnston. Hancock. 

Difflugia proteiformis Meyen. Fredericella dilatata Allman. 


Plumatella sultana Dumortier, Johnston. 


La Plumatella lucifuga est loin d'être aussi facile à se procurer 
que la Plumatelta repens, il y a des localités où on ne trouve 
qu'elle, il y en a où elle se trouve avec la PI. repens, mais plus 
rarement, enfin il y a des points où la lucifuga est plus abondante 
que la repens; il est toujours plus facile d’avoir 
la seconde que la première. Cette espèce est 
plus difficile à trouver parce qu’elle se cache 
mieux que l’autre; ordinairement elle vit à 
une plus grande profondeur, sous les pierres; 
on la rencontre assez fréquemment sous les 
bois flottants, et d'autres fois sous des feuilles 
de Nymphæa et de Potamogeton, ce qui est 48 (/4 
l'exception. La forme Frédéricelle a les mêmes 
habitudes, j'ai constaté qu'elle pouvait en outre vivre en plein 
soleil (mare de Fougères, près Saint-Christophe-en-Brionnais 
(Saône-et-Loire) et étang de Villebon, dans le bois de Meudon, 
près Paris. 

Cette Plumatelle a été découverte dans le Rhône par Vaucher 
en 1804, mais Blumenbach l’avait déjà rencontrée en 1777 près de 
Gœættingen à l’état de Frédéricelle. Mal étudiée 
jusqu'à présent, elle est cependant commune dans y 
nos eaux douces, et je la crois aussi répandue que 
la Plumatella repens dans les différents pays d’Eu- 


rope. 
En France, je l’ai découverte aux environs de 
Paris : à Chaville, dans l'étang de Brise-Miche, (15: 


sous les pierres de la vanne et sur les feuilles 

du Potamogeton crispus, où elle affectait la forme de Plumatella 
stricta, el celle à bourgeonnement latéral linéaire; j'y ai recueilli 
une colonie jugale qui ne peut s'expliquer que par une larve 
cillée à deux bourgeons jumeaux. J'ai aussi trouvé, sous les 
feuilles de Nymphœa de cet étang, quelques belles colonies de 
Plumatella repens et quelques petites colonies de lucifuga à forme 


126 J. JULLIEN 


rampante ou séricta. Pas une seule Frédéricelle dans cet étang. 
— Elle existe à l'étang de Saint-Hubert près Rambouillet, mais 
y est peu abondante, je lai retirée d’une profondeur de près d’un 
mètre, sur la face inférieure de pierres éboulées à la chaussée 
de Pourras; c'était des zoaria de petite taille rampants d'abord, 
puis fournissant de distance en distance de petits rameaux : pas 
de Frédéricelle dans cet étang. — On la trouve dans l'étang de 
Saint-Cucufa de la forêt de Marly, près de Bougival; bien que cet 
étang renferme énormément de Nénuphars blancs, aucune des 
feuilles que j'ai examinées n’en portait trace, elle existait cepen- 
dant sous les écorces flottantes de Peuplier, sous les bois flot- 
tants, où elle formait des colonies rampantes 
portant quelques rameaux. — J'en ai encore 
rencontré quelques rares exemplaires à l'étang 
des Moës près le Mesnil-Saint-Denis (S.-et-0.), le 
148 août 1884, elle rampait sous les feuilles de 
Potamogeton natans, puis par ci, par là, fournissait 
des jets de ‘deux ou trois zoœcies; sous une 
feuille j'ai récolté une petite colonie non ram- 
pante et parfaitement ramifiée. Là encore pas de Frédéricelle. — 
Au Champ-des-Biens, près Orgeval (S--et-0.), je l'ai trouvée ex- 
cessivement abondante dans un grand vivier, sous des feuilles de 
Nénuphar, tandis que la Plumatella repens y était très rare, mais 
il faut considérer ce fait comme une exception; les zoaria étaient 
arborescents et naissaient de quelques zoϾcies rampantes. Tou- 
jours pas de Frédéricelle. 

Dans le lac d'Enghien et dans l'étang de Villeneuve, près Gar- 
ches, à l'extrémité du parc de Saint-Cloud, j'ai trouvé des Frede- 
ricella sultana, mais pas de Plumatella lucifuga. Cette variété gar- 

nit, de ses jolis petits buissons, les 


1) () Û () () pierres, les brindilles et tous les corps 
AN solides où elle peut se fixer; elle de- 


PAU UE vient superbe dans le lac d'Enghien où 
j'en ai recueilli de magnifiques colonies; dans l'étang de Ville- 
neuve, près Garches, j'ai vu des pierres en porter sur plus de dix 
centimètres de longueur. C’est aussi la forme de cette Plumatelle 
à l'étang de Villebon, près Paris, elle y croît en plein soleil, sur 
les cailloux du bord. * 

Van Beneden et P. Gervais l'avaient déjà découverte à Enghien 
en 1838. P. Gervais l'a aussi trouvée à l'étang de Plessis-Piquet, 
près F'ontenay-aux-Roses. 


| 1,0: 


MONOGRAPHIE DES RRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 127 


En Bourgogne, cette Plumatelle atteint un superbe développe- 
ment, je ne l’y ai guère trouvée qu’en touffes, portées par une 
ou seulement quelques zoæcies rampantes, fixées aux pierres 
immergées et abritées du grand jour, dans les fentes des murs 
de soutien ou à l'abri, sous des touffes de broussailles surplom- 
bantes, dans la Reconce associée à la Frédéricelle; dans les mares 
qui se trouvent derrière les Eaux Minérales de Saint-Christophe- 
en-Brionnais, dans les prés de M. Maudre et de M. Polette, sans 
Frédéricelle, mais en compagnie de la Plumatella repens; dans 
l’étang de Loury, elle existe toute seule sous 
les cailloux abrités, elle y forme des zoaria Rae 
rampants émettant quelques petits rameaux 
libres; dans cet étang, je n'ai rencontré ni Plumatella repens ni 
Frédéricelle sultane. 

Quant à cette dernière, je l’ai trouvée une fois excessivement 
abondante en plein soleil, rampant et se ramifiant sur toutes 
les herbes immergées d'une mare à fond de cailloux, dont l’eau 
était très limpide; à côté d'elle, sous les feuilles 
de Potamogeton et de Trapa natans, j'ai récolté de aie, 
fort belles colonies de Plumatella repens, mais pas 
une seule PL. lucifuga: cette mare se trouve dans le pré qui 
forme l'angle de la vieille route de la Clayette et du chemin de 
Fougères, près Saint-Christophe. Enfin, comme je l’ai déjà dit plus 
haut, la Frédéricelle existe dans la Reconce, où je l’ai recueillie 
dans une situation absolument exceptionnelle. 


Plumatella arethusa Hyatt, 1868. 
Fig. 126 à 154. 


Zoæcies distinctes, brunes” ou incolores selon l’âge; les inco- 
lores sont les plus jeunes; en vieillissant elles brunissent et la 
crête anale se dessine; zoaria en forme d’Alcyonelle ou de Plu- 
matelle; il y a de 40 à 60 fentacules ; les sta- 
toblastes sont de forme et de taille très varia- 
bles ; ils ont de Omm199 de large sur 0"%266 
de long, 0mm266 de large sur 0""399 de long; 
en nombres égaux, les statoblastes mesurent 
6 sur 8, 6 1/4 sur 9, 6 1/2 sur 10, 7 sur 9, 7 
sur 11 1/2, 8 sur 11 à 8 sur 12, chez des stato- 
blastes bien développés. 


128 J. JULLIEN 


Synonymie : Plumatella arethusa Hyatt, 1868 ; ? Fredericella re- 
gina Leid y. 


f 119 


158 429 le 


Fig. 143. Fig. 142, Fig. 144. 


Habitat : Etats-Unis, dans les élangs, rivières et ruisseaux des 
Etats du Maine et Massachussetts. On la trouve ordinairement dans 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 129 


l’eau douce, mais il paraît qu'elle vit aussi dans l’eau saumâtre. 

Hyatt a découvert cette espèce dans 
des courants modérés ou en eau dor- 
mante couvrant généralement de gran- 
des surfaces; il en existe encore de 
petites colonies sur des ramuscules et 
sur des racines; dans le ruisseau de 
Tommy la variété alcyonelloïde est 
associée à la même variété de Frederi- 
cella regina Leidy , et dans une région 
plus rapide de ce ruisseau la forme 
plumatelle de cette Frédéricelle vit côte 
à côte avec la véritable Plumatella are- 
thusa. 


DV /7 
Usty BE 


Fig. 116. Fig. 117. 


130 


J. JULLIEN 


La question des Frédéricelles américaines est donc à revoir, 


Fig. 148. 


pour saisir les rapports qui servent de 
trait-d'union entre les différentes es- 
pèces de ce pays; il est impossible 
actuellement de se prononcer là-dessus 
avec les descriptions incomplètes que 
Leidy et Hyatt nous ont données ; 
cependant il est probable que la Fre- 
dericella regina est la Frédéricelle de la 
Plumatella arethusa, mais je ne l’affirme 
pas. Hyatt ajoute, que dans le Great 
Pond (grand étang), au cap Élisabeth, 
où l’eau est saumâtre, on trouve de 
petites colonies de cette Plumatelle 


ayant le caractère général des petites Frédéricelles qu'on trouve 
aussi là. À Fresh Pond on rencontre la forme plumatelloïde de 


cette espèce avec les mêmes 


| formes de Fredericella regina, 

|) È ( Gi de Plumatella vitræa et Plu- 

: matella vesicularis. L'auteur 
9 Jo 151 12 153 134 


américain prétend que ces 


variétés sont le résultat de l'association des différentes espèces 
sous l’action de semblables causes physiques. 


Plumatella diffusa Leidy, 1851. 


Fig. 155 à 164. 


Zoæcies urcéolées (Keg-shaped) au voisinage des orifices, ceux- 


ci sont rendus 
émarginés par la 
crête anale qui se 
continue en ar- 
rière par le côté 
de la cellule sur 
une faible crête ; 
cette crête est 
d’ailleurs très va- 
riable; zoaria 


Fig. 156. : 
adhérents et ram- 


pants; fentacules au nombre de quarante-deux, leur longueur est 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE gé%: 131 


de 1""353 ; la couleur de l'estomac est jaune-verdâtre; statoblastes 
allongés. 

Synonymie : Plumatella diffisa Leidy, Allman, Hyatt. 

? Frederidella Walcotti Hyatt. 

Habitat. — États-Unis, 
rivière de Pensylvanie, 
étangs et ruisseaux près 
de Cambridge et de Balti- 
more. 

Le Dr Leidy en donne Fig. 157. 
la description suivante : « Polypidome divergeant du centre sur 
de grandes surfaces, consistant en une série de branches simples, 
courbes, d’une longueur de 2nm256 à 4mm502 
naissant les unes des autres sur le côté convexe 
et fixeéssur toute leur longueur, excepté aux 
extrémités, sur une longueur de 0""564 à Omm902, 
où elles sont dressées et urcéolées, ou un peu 
dilatées au milieu et contractées à l’orifice. Le 
bord des orifices est profondément échancré, et il se continue avec 
une crête fissuroïde par le côté interne ou concave des branches. 
La colonie est d’un brun-oli- 
vâtre sale, avec les extrémi- 
tés dressées des branches 
jaunâtres ou d’un blanc trans- 
parent. Les polypes ont qua- 
rante-deux tentacules sig- 
moïdes divergents, disposés 
au sommet et sur le bord 
externe d’un disque réni- 
forme. Les tentacules ont une 
longeur d'environ 1253; la Fig. 159. 
couleur de l'estomac est jaune-verdâtre. L'œuf (statoblaste) avec 
son anneau marginal est semi-ovale (Leidy veut probablement 
dire semi-ovoïde) ; il a une longueur de 0m373 et une largeur de 
020762. L'anneau est transparent, lisse et celluleux, avec l’ou- 
verture sur son côté convexe, d’un diamètre de 0""178, tandis 
que sur son côté plat, il n’est que de 0""0762. L'œuf (Statoblaste) 
lenticulaire est d’un brun-rougeâtre. » 

Hyatt « a trouvé cette espèce en abondance dans les étangs et 
les ruisseaux près de Cambridge et de Baltimore. Les colonies 
des ruisseaux sont très différentes de celles qui vivent dans les 


132 J. JULLIEN 


étangs. Chez la première, les zoæcies sont ordinairement caré- 
nées, elles portent souvent la crête anale, mais ce caractère n’est 
pas constant ; les zoϾcies sont distinctes, pourvues d'un ectocyste 
brun et dur, elles forment des branches diffuses et rarement 
adhérentes : dans les variétés stagnicoles, les branches sont ordi- 
nairement adhérentes, et dans Mystic Pond, les branches sont si 
étroitement serrées que les colonies forment de minces feuilles 
gélatinoïdes d'une étendue considérable dans lesquelles on ne 
peut suivre aucune branche au-dessous de la masse. Les cellules 
ou zoϾcies ont aussi les limites hexagonales ordinairement attri- 
buées aux Alcyonelles, et leur por- 
tion postérieure est plus ou moins 
enfoncée dans la branche. Les sta- 
toblastes varient de Omm]99 en lar- 
eur, sur Omn333 en longueur, à 
Omm249 de large sur 0""349 de long. À nombres égaux, ils varient 
de 6 sur 10 à 6 sur 12, de 6,5 à 11,5 et de 7,5 à 10,5. Ici d’ailleurs, 
comme dans les autres espèces, le diamètre transversal augmente 
constamment, tandis que le diamètre longitudinal oscille entre 10 
et 12. L’anneau varie entre + et F2 aux extrémités, etentre = e Es 
sur les côtés. » | 6 

Nous ferons observer ici que la répudiation du genre A lcyonella 
que Hyatt paraît avoir établie d’après ses idées personnelles, a eu 
déjà pour premier défenseur M. Raspail en France pendant l’an- 
née 1828, mais personne ensuite n'avait admis cette manière de 
voir qui est cependant absolument exacte. 

La Frédéricelle de cette espèce pourrait bien être la Fredericella 
Walcotti de Hyatt, forme encore mal connue puisqu'elle n’a été 
trouvée qu'une fois à Georgetown (Massachussetts) aux États-Unis 
et que ses variations n’en ont pas été étudiées; les zoaria que 
Hyatt a dédié à Miss Élisabeth Walcott, de Salem, ne contenant 
pas de statoblastes, n'étaient certainement pas dans une situation 
complète pour l'étude; on sait que les animaux qui vivent mal 
ne reproduisent pas. Ce que j'ai dit plus haut des Frédéricelles 
américaines se rapporte encore à celle-ci. 


160 61 162 163 164 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 133 


Genre HYALINELLA nov. gen. 


Ce genre ne diffère des Plumatelles que par son ectocyste qui 
est gélatinoïde au lieu d’être corné. Cet ectocyste n’est pas con- 
stamment incolore, il peut être brun dans quelques localités, mais 
le plus souvent il reste hyalin. 

Ce genre établit le passage de la famille des Plumatellidées à 
celle des Cristatellidées. 


Hyalinella vesicularis Leidy, 1854. 
Fig. 165 à 172. 


Zoæcies légèrement dilatées, beaucoup plus larges que l'orifice 
saillant de sortie, et aussi longues que larges, un millimètre envi- 
ron ; elle forme des zoaria rayonnants et rameux, rampants, inco- 
lores ou passant au brun mais transparents; animal incolore; 
statoblastes ovales, lenticulaires. 

Synonymie : Plumatella vesicularis Leidy, Allman, Hyatt. 

? Fredericella pulcherrima Hyatt. 

Habitat : États-Unis; Rivière Schuylkill, Philadelphie; environs 
de Cambridge (Massachussetts), lac Sebago (Maine). 

Sur cetie espèce Leidy s'exprime ainsi : « Cette espèce de Plu- 
matelle est aussi transparente que l’eau dans laquelle elle vit ; elle 
ressemble à des rangées de vésicules incolores avec une 
ligne blanchâtre passant à travers leur axe. On la trouve 
fréquemment avec des séries d'œufs noirâtres imbriqués, 
à la place de cette dernière ligne. Les taches couvrent des 
surfaces de six à cinquante millimètres carrés. » 

Allman lui trouve quelque ressemblance avec la Plu- 
matella punctata d'Hancock. 

Hyatt, qui l’a pêchée dans des étangs du Massachussetts et du 
Maine, nous dit que les zoæcies en sont distinctes, que ces zoæ- 
cies se groupent en grandes colonies sur les écorces lisses de 
Spy Pond près Cambridge, les branches souvent serrées ne sont 
jamais adhérentes ; mais dans ce même étang elle pénètre dans 
les sillons des écorces raboteuses, des bois morts que les intem- 
péries ont sillonnés et n’y est plus aussi rayonnante ni aussi ser- 
rée ; au pont de White, dans le lac Sebago, il a trouvé sur une 
même colonie une variété d’une structure intéressante : le som- 
mel d’une branche, soit en raison de quelqu'empêchement sur la 


134 J. JULLIEN 


surface, soit par un développement soudain et excessif des éner- 
gies vitales, parvient à produire trois bourgeons au lieu d'un, 
donnant ainsi à la branche un aspect lobé. 

L’ectocyste n’est pas incolore, il peut brunir dans quelques 
localités. 

Le cœcum gastrique est très émoussé. Les rétenteurs posté- 
rieurs ont environ huit rayons, et les antérieurs dix ou onze; 
il y a cinquante ou soixante tentacules. Les statoblastes varient 
entre 0""199 de large sur 0""333 de long, et 0""233 de large 
sur 0349 de long. Les proportions sont également de 6 sur 
10 à 6 sur 12, 6 ‘k sur Al net sue 10 ‘Z; l’anncau varie 
de © sur les côtés à + sur les côtés ct © aux extrémités. 

La Frédéricelle de cette Hyalinelle me paraît être la Fredericella 
pulcherrima de Hyatt, dont les zoæcies presqu'incolores, fixées 


iTTe ordinairement sur toute leur 


k \ longueur, avec la partie libre 
JO © subdivisée accidentellement 
( en branches libres, corres- 
TNT ANNE (71? pondent assez bien à celles 
de l'espèce FE je viens de décrire; les zoaria sont rayonnants 
et semblables à ceux des Plumatelles. Les polypides ne diffè- 
rent pas sensiblement de ceux de la Fredericella regina. Les 
statoblastes ont à peu près 0""50 de long sur 0""16 de large. 
Hyatt ne l'a rencontrée qu'au pont de White à la sortie du 
lac Sebago. Cette forme est encore assez mal connue, car son 
auteur ne l’a vue que dans cette localité, sur l'écorce des bran- 
ches et en développement, dit-il, incomplet, il ajoute qu'il est 
probable que les adultes sur les mêmes surfaces ne sont jamais 
aussi symétriques que celles qui recouvrent les tiges des Nénu- 
phars. Je ferai remarquer ici qu’il a cependant vu des statoblastes, 
ce qui indique un bon état des polypides. 


Iyalinella vitrea Hyatt, 1868. 
Fig. 173 à 179, 


Zoœcies gélatinoïdes, épaisses et incolores, formant des zoaria 
rayonnants où parfois linéaires sur lesquels les zoæcies sont plus 
ou moins saillantes. Statoblastes ovales presque deux fois aussi 
longs que larges. 

Synonymie : Plumatella vitrea Hyail (A8GS). 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 135 


Habitat. — États-Unis, trouvée seulement dans Mystic et Fresh 
Ponds, deux étangs des environs de Cambridge (Massachussets). 

Ce n’est qu'avec uvre extrême 
hésitation que je conserve cette RATE opt D 
espèce qui me semble n'être qu’une 
variété de la ÆZyalinella vesicularis Fig. 173. 
dont elle a presque tous les ca- 
ractères; je ne la connais point autrement que par le récit de 
Hyaît que voici : 

« Les cæœnœæcia de cette espèce sont couverts par des ectocystes 
gélatineux incolores, plutôt plus épais que dans aucune autre 
Plumatelle, excepté la variété alcyonelloïde de Plumatella diffusa. 

» La variété x a ses branches rayonnantes, et les cellules sont 
plus distinctes que dans la 
variété 6; mais les por- 
tions postérieures sont plus 
enfoncées dans la branche 
commune que dans les for- 
mes diffuses de Plumatella 
vesicularis Où diffusa. Quand 
elles sont contractées, les 
cellules sont tout à fait distinctes et proéminentes. Elle est com- 
mune sur les petites tiges et sur les ramuscules dans l’eau douce 
de Mystic Pond. Cet étang est divisé par une écluse de telle façon 
que la partie supérieure est entièrement ali- 
mentée par de l’eau douce, tandis que l’eau 
salée pénètre dans la partie inférieure et la 
rend tout à fait saumâtre. 

» La variélé £ se développe en longues li- 
gnes, rarement rameuses, sur la surface des 
planches et toujours solitaire; les polypides 
sont quelquefois disposés sur un seul rang, 
mais on les voit le plus souvent groupés de- 
puis deux jusqu’à vingt individus de toutes 
grandeurs. Les portions postérieures des cel- 
lules sont enfoncées dans la principale bran- 
che; la largeur du repli invaginé est plus faible 
quand le polypide est tout à fait étendu, et le polypide peut être 
plus complètement évaginé que dans aucune autre espèce. Quand 
elles sont contractées, les cellules se projettent, mais légèrement, 
sur la branche. Vue en dessus, une branche est semblable à 


136 J. JULLIEN 


la variété de Plumatella vesicularis dessinée dans la fig. 165. 

La variété y se rencontre sur des pièces plates d’étain et sur 
d’autres larges surfaces dans l’eau saumâtre de Mystic Pond. Les 
colonies diffèrent de celles de la variété & par leurs branches 
diffuses et serrées, formant un épais tapis gélatineux. 

» Les statoblastes mesurent de 0266 sur 0""365 à Omm383 sur 
0566. En parties égales ils donnent 8 sur 41 à 9 sur 15 et 40 sur 
46 à 11 sur 15, 11 sur 16, 11 :/, sur 16 et 11 ,/: sur 17. L’anneaufour- 
nit de + aux extrémités à surles côtés; # aux extrémitésà {sur 
les côtés. » vil 

On voit que cette description est peu caractérisante si on ne tire 
pas profit de la disposition gélatineuse de l’ectocyste; en cela 


j0C 


elle se rapproche énormément de l'espèce précédente, dont elle 
est très voisine. 


Fig. 176. 


Parfitt (1) a décrit deux espèces de Plumatelles qu’il a figurées, 
mais le tout est si baroque que je ne puis y croire; ces deux 
espèces sont probablement la Plumatella repens. I] leur donne les 
noms de P1. lineata et PI. limnas. Je n'ai jamais rien rencontré de 
pareil; la PI. lineata est toute striée longitudinalement et l’extré- 
mité libre de la zoœcie est annelé; la PI, limnas a une forme telle 
qu'elle doit former un genre à part si elle existe; ses zoæcies 
sont spatulées, aplaties et entièrement adhérentes, l’orifice est 
situé sur la partie élargie de la spatule en son milieu. 

En 1860, d'Oyly C. (2) a annoncé qu'il venait de trouver en Aus- 
tralie, près de Melbourne, une Plumatelle qu'il n’a pu rapporter 
aux espèces décrites par Allman et un autre genre de Bryo- 
zoaire hippocrépien, qu'il n'a pu déterminer avec le même auteur, 
mais qu'il croit nouveau; il n’en a donné aucune description, ce 
qui est fort regrettable. C’est sans doute à la première que Mac 
Gillivray a donné le nom de ?lumatella Aplini. 


A) Partitt E., On two new species of Freshwater Polyzoa. Annals and Magazin 
of Nat. Hist., (3), XVIIL, 1866, t. 18, pl. XI. P 

(2) D'Oyly C. H. Aplin, Freswater (Polyzoa in Australia. Ann. and Magazin of 
nat. Hist., (3), VI, 1860, p. 454. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE 137 


En terminant l'histoire des Plumatellidées, je noterai quelques 
observations anatomiques et physiologiques faites pendant mes 
recherches. 


19 « Le ganglion nerveux, nous dit van Beneden, fournit un collier 
œæsophagien, on voit en outre d'autres filets qui se rendent aux muscles.» 

Je n'ai vu aucun filet se rendre aux muscles, mais il m'est 
arrivé, quatre ou cinq fois, de voir des polypides raccourcis, sur 
lesquels on ne distinguait plus rien des anciens organes, jouir 
encore de la rétractilité qui leur est propre pendant la vie; il ya 
conservation de la rétractilité des muscles chargés de cet office, 
après la mort posilive et le raccornissement partiel du polypide ; 
j'ai vu de ces polypides informes et tout ridés, encore pourvus de 
faisceaux musculaires rétracteurs, suivre au fond de leur zoœæcie 
un polypide voisin intact, en exécutant les mêmes saccades que 
pendant la vie du polypide. La cause directe de la contractilité 
musculaire des muscles rétracteurs des Bryozoaires n’est donc 
pas située dans le ganglion œsophagien, puisque cette rétractilité 
persiste après la mort du ganglion. 


2° La rentrée du polypide dans sa zoæcie ne s'effectue pas d’un seul 
coup; la première contraction rentre le polypide entièrement, puis 
le funicule se raidit, quoiqu’en dise Allman, et, comme Raspail 
l’a très bien vu, attire par saccades l’estomac au fond de la zoœæcie. 
Au moins cela est vrai pour les Plumatelles d'Europe. On voit 
très bien ces contractions successives en ajoutant à l’eau qui 
entoure les Bryozoaires un peu d’acide osmique, mais on les voit 
aussi sans acide osmique. 


3° Sion détache un. zoarium du corps qui le supporte, l'endocyste 
appliqué contre l’ectocyste s'en sépare en enveloppant étroitement tout 
son contenu. 

J'ai vérifié ce fait sur les Plumatella repens et lucifuga, l'endo- 
cyste prend dans la zoœæcie la forme d’un cône dont la région 
basilaire entoure le polypide, tandis que le sommet reste fixé au 
septum interzoæcial. Dans cette opération je n’ai pu voir par où 
le contenu zoœæcial s’est échappé, ni par où le liquide environnant 
a pénétré entre l’ectocyste et l’'endocyste. Après un certain temps, 
l’endocyste s'applique de nouveau contre l’ectocyste et l'animal 
ne se ressent de rien. On voit quelquefois le funicule s’insérer 
tout à fait au fond de cet entonnoir, mais cette insertion est fort 
délicate et ne dure point longtemps, elle se rompt et le funicule 


] 


s'attache sur le côté. 


138 J. JULLIEN 


4° Le testicule des PLUMATELLES n’a pas une place fixe sur le funi- 
cule, par rapport aux statoblastes. 

Le 27 juillet 1883, j'ai pêché dans l'étang de Saint-Hubert quel- 
ques rameaux de ?lumatella lucifuga ; une zoϾcie dont le polypide 
était passé à l’état de corps brun, possédait un testicule couvert 
de spermatozoïdes en mouvement; ce testicule entourait le funi- 
cule juste au-dessus du corps brun, l'extrémité inférieure du 
funicule portait deux superbes statoblastes arrivés à un degré de 
développement parfait. 

Le 13 juillet 1884, j'ai pêché à Chaville, dans l'étang de Brise- 
Miche, une colonie de cette espèce, sur laquelle une belle 
zoæcie portait un testicule énorme en pleine activité, tout au bas 
du funicule; tandis que de très fins granules statobiastiques 
existaient au-dessus de lui. Ces jeunes statoblastes continuèrent 
à grossir après l’atrophie de l'organe mâle, que je ne pus suivre 
que pendant quelques jours. Il en est de même pour la Plumatella 
repens. 


5° Spasmes tentaculaires. 

Sur plusieurs polypides de Plumatella repens du lac d'Enghien, 
j'ai observé la contraction isochrone et spasmodique de tous les 
tentacules externes, jusqu’à une petite distance de l’extrémité 
des bras lophophoriens ; de telle façon que les 24 tentacules in- 
ternes restaient immobiles pendant que tout le reste de la cou- 
ronne s’abaissait régulièrement 150 à 180 fois par minute (8 juillet 
1883). 


6° Les tentacules ne sont pas sensibles sur toute leur longueur. 

Le 4 septembre 1883 j'ai observé sur une Plumatella repens, que 
si on touche,avec une aiguille à disséquer, l'extrémité ou le milieu 
des tentacules, le polypide ne rentre pas dans sa loge, mais la 
rentrée est instantanée si on s'approche de la base des tentacules ; 
et il en est de même si on pique le lophophore, dans ce cas le 
retrait du polypide est encore plus énergique. 

7° Le ganglion nerveux sus-æsophagien est recourbé sur lui-même 
dans la Plumatella repens. 

Sous un grossissement d'environ 300 diamètres, j'ai observé 
que le ganglion en question se replie surlui-même comme l'indique 
la figure 76. Cela se voit très bien sur un polypide de profil, mais 
je n'ai pu en distinguer le contenu. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 139 
2° Famille LOPHOPUSIDÉES. 


Zoæcies disposées irrégulièrement à la surface d'un zoarium 
charnu, gélatinoïde et fortement tuberculé, dont chaque tubercule 
contient une ou plusieurs zoæcies ; chacune de ces zoæcies peut 
produire plusieurs sfatoblastes. Statoblastes épineux. 

Dans cette famille, je comprends les genres : Lophopus Dumor- 
tier: Pectinatella Leidy; Cristatella G. Cuvier. 

Il est évident que ces trois genres ont de très grandes affinités, 
si on ne tient compte que du zoarium; leur ectocyste est hyalin, 
gélatinoïde et forme des masses plus ou moins régulières dans 
lesquelles plongent les polypides. Il y a tant de rapports entre un 
jeune Zophopus et une jeune Cristatella, que Dumortier et Van 
Beneden les ont confondus sous le titre de Lophopus cristallinus, 
et ont donné le statoblaste de la Cristacella mucedo pour celui du 
Lophopus en question. Il n’est pas logique d'établir une famille 
sur la forme d’un œuf ou plutôt d’un statoblaste, une pareille di- 
vision doit s'appuyer sur un ensemble organique et non pas sur 
un seul organe ni sur une seule propriété physiologique. 

C’est pour cela que j'ai groupé ces trois superbes genres, remar- 
quables par la grosseur de leurs polypides et de leurs colonies. 

Allman n’a-t-il pas hésité lui-même à introduire dans le genre 
Lophopus l'animal que Leidy nomma d’abord Cristatella magnifica 
et qui forme aujourd’hui le type de son genre Pectinatella? 

L'erreur de Dumortier et van Beneden et l'hésitation d’Allman 
démontrent bien les affinités de ces groupes; je les réunis d’après 
le caractèrele plus certain qui soit admis aujourd’hui, c'est-à-dire 
d’après la forme zoæciale. 


Genre LOPHOPUS Dumortier, 1835. 


Zoæcies dispersées à la surface d’un zoariwm sacciforme, hyalin, 
transparent, jouissant d’un mouvement des plus faibles constaté 
par les uns, nié par les autres, se fixant aux corps immergés par 
une base opaque chez les vieilles colonies, ou transparente comme 
le reste du zoarium chez les jeunes; formant ordinairement des 
masses épaisses qui deviennent ensuite lobées et même ramifiées ; 
orifices dispersés; statoblastes elliptiques pourvus d’un anneau sur 
le pourtour, anneau terminé en pointe aux extrémités du grand 
diamètre. 


i40 


J. JULLIEN 


Lophopus Trembleyi J. Jullien, 1884. 


Fig. 180 à 195. 


Mêmes caractères que pour le genre. 
Cette espèce est la première des Bryozoaires d'eau douce qui 


ait été connue. 


Fig. 180, 


Trembley en à publié la description, il y a 
cent quarante ans, en 1744, avec une exactitude 
si grande et avec tant de détails que je veux la 
reproduire ici selon son propre texte : 

« En cherchant des Polypes verts (Æydra 
viridis Linn.) au mois d'Avril 1741, je découvris 
les Polypes à panache. 11 y en avait plusieurs 
sur les plantes aquatiques que j'avais rassem- 


blées dans des verres pleins d’eau. Ils réveillèrent d’abord dans 
mon esprit l’idée d’une fleur épanouie, et comme il y en avait 


Fig. 181. 


plusieurs ensemble, ils formaient une sorte de 
bouquet. Leur corps a environ une ligne de lon- 
gueur (2""256) sans compter le panache qui est 
presque aussi long que le corps. Celui-ciest fort 
mince, il est à peu près cylindrique, et sa peau 
est parfaitement transparente. Le panache n'est 
que la continuatoin de cette peau transparente ; 
il est plus large à proportion du corps, et d’une 
figure très remarquable. Sa base est faite en 
forme de fer-à-cheval, et des bords de cette base 
sortent les bras du Polype : ils sont tous recour- 
bés en dehors. Le panache, qu'ils forment par 
leur assemblage, a l’air d'une fleur monopétale 
épanouie. Ces bras (tentacules) sont fort près 
les uns des autres: j'en ai compté au-delà de 
soixante (1) à un seul panache. On pourrait les 
comparer, par rapport à leur transparence, à des 
fils de verre très fins. La base du panache est 


(1) Je ferai remarquer ici que le dessin de Trembley ne porte que 50 tentacules ; 
que ceux de van Beneden en portent 51 et 54; enfin que celui d’Allman n’en a que 
41. D'après van Beneden, Baker en indique seulement 40. Nous sommes donc encore 


loin de 60. 


Il en est peut-être du Lophopier comme de la Plumatelle rampante qu'on dit 
avoir 60 tentacules que je n'ai jamais pu trouver. Le nombre de ces tentacules est 
donc encore à vérifier sur un grand nombre de polypides. Il doit être certainement 


très variable. 


MONOGRAPIIIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 141 


creusée en gouttière, elle tient au Polype par le milieu du fer- 
à-cheval qu'elle forme, et c'est là qu'est une ouverture qui sert de 
bouche à cet animal. Ses intestins se distinguent facilement à 
travers la peau transparente du corps. Ils sont d’un brun assez 
foncé dans les Polypes qui ont bien mangé. 
Après avoir observé pendant quelque temps 
les Polypes à panaches et être parvenu à les 
voir manger, j'ai été en état de distinguer trois 
parties principales dans leursintestins, savoir : 
l’æœsophage, l'estomac et l'intestin droit. 

Ces animaux sont voraces et même très vo- 
races. À la vérité, ils ne peuvent manger que 
des animalcules fort petits, mais en un jour 
ils en dévorent un grand nombre. Le panache 
des Polypes est pour ces petits animaux un 
goufre dans lequel sont précipités La plupart 
de ceux qui en approchent en nageant. Si on 
observe attentivement à la loupe des Polypes 
à panache, placés dans de l’eau bien peuplée 
de fort petits insectes, il sera très facile de voir par quel moyen 
ils attirent leur proie et la font tomber dans leur bouche : on 
verra d’instant en instant un bras ou deux se recourber subite- 
ment en dedans du panache et puis se remettre dans leur pre- 
mière situation. Il arrive rarement 
que le même bras se recourbe deux 
fois de suite. Ces bras ne touchent 
point la proie, mais ils occasionnent 
dans l’eau par leur mouvement, une 
sorte de tournant qui la conduit dans 
le panache. Elle fait souvent des efforts 
pour s'échapper, mais l’inflexion su- 
bite d’un bras donne au torrent qui l’entraîne un nouveau degré 
de rapidité qui la porte malgré elle jusqu’au fond du panache. 
J'ai dit que la base du panache était creusée en gouttière. Les 
petits insectes qui doivent servir de proie au Polype, tombent 
dans cette gouttière, et ils coulent ensuite dans la bouche qui 
est au milieu. Quand le polype se présente à l'œil, de côté, on 
peut facilement lui voir avaler sa proie. On la voit passer de 
l’æœsophage dans l’estomac, et si elle n’est pas extrêmement petite 
on la distingue même dans cet estomac, parce que toutes lea 
parties de ces Polypes sont transparentes. J'appelle æsophage, 


Fig. 183. 


142 J. JULLIEN 


tomac au Polype. L'æœsophage finit un peu au-dessous de l’extré- 
mité supérieure de l’estomac. Les aliments rendent cet estomac 
très reconnaissable. Is sont ballotés dedans d'une manière très 
sensible, et beaucoup plus vite que dans les Polypiers à bras en 
forme de cornes. Ils sont successivement poussés de bas en haut 
et de haut en bas. On peut facilement se tromper sur la véritable 
longueur de l’estomac. On pourrait croire qu'il va jusqu’à la base 
du panache. Mais pour prévenir cette erreur, il suffit de bien 
remarquer jusqu'où sont portés les aliments, lorsqu'ils sont pous- 


Fig. 181. 


sés vers le haut de l'estomac. On s’apercevra qu'ils s'arrêtent 
un peu au-dessus de l'endroit où l'œsophage rencontre l’esto- 
-mac, et que c’est de là qu'ils partent pour retourner vers l’autre 
extrémité. 

Entre ce bout supérieur de l'estomac et la base du panache il 
y a donc un espace occupé par un pelit sac, qui est très souvent 
parfaitement rempli par une matière brune et plus foncée que 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 143 


celle qui est dans l'estomac. Ce sac est l'intestin droit, et cette 
matière brune est celle des excréments. Elle forme un grain un 
peu oblong, très facile à remarquer, et qui occupe toute la capa- 
cité de l'intestin droit. [l se vuide entièrement en une seule fois. 
Ce grain de matière brune qui le remplit, en sort tout entier par 
une ouverture qui est à la base ou à côté de la base du panache. 
J'ai vu souvent des Polypes rendre leurs excréments, mais je n’ai 
jamais pu découvrir précisément la situation de l'ouverture dont 
ils sortaient. Après que le Polype a rendu ses excréments, l’in- 
testin droit, qui est alors vuide, paraît d’un brun fort clair; il est 
même assez transparent. Si cet animal est dans une eau bien 
peuplée d’Insec- 
tes rebtsilten 
avale beaucoup, 
comme cela ar- 
rive ordinaire- 
ment, de nou- 
veaux excré- 
ments passeront 
bientôt de l’es- 
tomac dans l'in- 
testin droit; il 
se remplira, (ei 
reprendra sa 
première cou- 
leur et son opa- 
cité. 


Fig. 185. 
Lorsqu'il est tombé dans le panache un animal trop grand 
pour pouvoir être avalé, ou quelqu’autre corps, les Polypes s’en 
débarrassent en ouvrant leur panache en tout ou en partie; ils 
renversent beaucoup leurs bras en dehors et les remettent en- 
suite dans leur attitude ordinaire; ces bras se renversent et se 


remettent tous ensemble {1). 

Les Polypes à panache sont incapables de contraction. L'attou- 
chement, ou le mouvement qu'on leur fait éprouver, ne laisse 
pas cependant de changer beaucoup leur attitude et leur situation ; 
ce petit canal qui va de la .bouche jusqu'à un sac qui sert d’es- 


(1) J'ai observé cela sur l’Alcyonidium hirsutum, les polypides se débarrassent 
ainsi des bulles d'air qui se collent sur les tentacules, quand on remet dans l’eau 


une colonie laissée à sec pendant quelques heures. 


144 J. JULLIEN 


ils disparaissent même alors très subitement; ils se retirent entiè- 
rement dans une cellule qui est d’une matière semblable à celle 


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Fig. 186. 


des parties que j'ai déjà décrites, et dont le corps ces de animaux 
est une production. On peut voir très distinctement, à travers les 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 145 


parois transparentes de cette cellule, le Polype, lorsqu'il s’y est 
retiré. Pour comprendre dans quelle situation est un Polype qui 
est retiré dans la cellule, on doit savoir, que la peau du Polype 
est attachée à l’orifice de la cellule, en sorte que quand il rentre 
dedans, cette peau ne peut pas le suivre. Elle reste donc attachée 


LE Z ©) 
CZ An) 


Fig. 187. 


par son extrémité inférieure à l’orifice de la cellule, el elle y rentre 
en se renversant. Le panache qui tient par sa base à l'extrémité 
supérieure de cette peau rentre avec elle, et se trouve logé dans 
le tuyau qu'élle forme lorsqu'elle est toute rentrée et toute 


40 


146 J. JULLIEN 


renversée. Les intestins sont plus enfoncés dans la cellule 
qu'aucune autre partie. Comme l'orifice de la cellule et le 
tuyau que forme la peau sont beaucoup plus étroits que le pa- 
nache, il est obligé de se fermer pour pouvoir y entrer : les bras 
(tentacules) se rapprochent comme le feraient les barbes d’une 
plume qu'on forcerait à eutrer dans un tuyau étroit. Après avoir 
vu le Polype rentrer dans sa cellule, on l’en verra bientôt sortir, 
si on le laisse tranquille. On voit d'abord paraître les bras qui 
sont réunis en faisceau; mais quand ils sont environ sortis à 
moitié, ils commencent à s'éloigner par leur extrémité ; enfin 
le panache s'ouvre, il reparaît comme il était auparavant, et le 
corps se montre en dehors de la cellule. 

Si l’on observe avec attention un Polype qui sort de sa cellule, 
on verra clairement que la peau se 
retourne lorsqu'il y entre et qu'elle 
renferme ensuite le panache. Quand 
le panache commence à paraître 
hors de la cellule, on remarque la 
peau qui paraît avec lui, on voit le 
panache se détacher de cette peau, 
à mesure qu'elle se remet dans son 
premier état, et les intestins entrer 
dans le tuyau qu'elle ferme de nou- 
veau en dehors. 

J'ai vu distinctement, lorsque les 
Polypes à panache étaient bien en 
dehors de leur cellule, un fil (funi- 

Fig. 188. cule) qui tenait d’un côté à l’extré- 

mité inférieure de l'estomac, et de 

l’autre au fond de la cellule, j'en ai vu d’autres qui m'ont paru 

s'attacher par une extrémité près de la base du panache, et par 

l'autre, aussi au fond de la cellule. Il est apparent que ces fils 
servent à retirer le Polype dans la cellule. 

On trouve rarement un Polype à panache seul, il y en à ordi- 
nairement plusieurs ensemble; et ceux de l'espèce dont je parle 
sont rangés à côté les uns des autres. Souvent il y en a plusieurs 
qui sortent d’une même cellule, mais par des orifices différents. 

Il faut avoir une idée bien nette de la figure du Polype à pa- 
nache, et être déjà exercé à les observer pour voir distinctement 
les jeunes lorsqu'ils commencent à pousser. Il se fait d’abord une 
pelite élévation sur la superficie de la cellule d'un Polype déjà 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 147 


formé, on découvre ensuite le corps et le panache, ou plutôt la 
base du panache du jeune qui commence à pousser, et la pointe 
des bras qui sortent des bords de cette base. Ces bras croissent à 
mesure que le corps croît. Le jeune Polype est d'ordinaire en état 
de manger au bout de quelques jours. Ses intestins, 

qui étaient d’abord tout à fait transparents, deviennent 

bruns, après qu'il a pris des aliments. Quand la nour- 

riture est abondante dans l'eau où sont les Polypes à 

panache, les jeunes poussent en grande quantité. J’en 

ai souvent vu plus de cent qui étaient réunis ensemble, 

et qui formaient un fort joli bouquet. Ils se séparent Fig. 189. 
ensuite, mais non un à un. Le bouquet se partage en 

deux ou trois parties qui ont plus ou moins de Polypes. Cette 
séparation se fait fort insensiblement. D'abord la masse que for- 
ment toutes les cellules ou pour mieux dire, la cellule commune, 
se divise en deux ou trois branches, et puis ces branches se 
séparent peu à peu entièrement les unes des autres. Pour obser- 
ver immédiatement ce que je viens de décrire, j'ai fait en sorte 
que des bouquets de Polypes à panache se 
soient attachés contre les parois d’un pou- 
drier. J'ai pu les observer avec une forte 
loupe. Non seulement j'ai vu par ce moyen 
multiplier ces animaux, et les différentes 
branches des bouquets qu'ils forment se sé- 
parer, mais encore j'ai remarqué que ces 
branches s’éloignaient ensuite les unes des 
autres. Leur mouvement progressif est si lent 
qu'il est absolument imperceptible. Je n'ai 
jamais observé de Polypiers peuplés de Poly- 
pes, qui ait fait plus d'un demi pouce de che- 
min en huit jours de temps. J’en ai aussi 
observé plusieurs qui sont pendant longtemps restés au même 
endroit. 

J'ai dit ci-dessus que le corps des Polypes était une production 
de la cellule dans laquelle il se rétrécit, afin qu'on ne crût pas 
que ces cellules sont leur ouvrage comme les fourreaux des Tei- 
gnes (Tipules) sont l'ouvrage des Teignes. Les cellules doivent 
être regardées comme une parlie du corps des Polypes, elles 
croissent avec lui, et comme lui, et sont composées de la même 
matière, au moins celles des Polypes que j'ai vus. 

Is multiplient non seulement par rejetons mais ils font aussi 


148 J. JULLIEN 


des œufs. C'est ce que nous apprend M. de Réaumur; il a observé 
avec M. Bernard de Jussieu que les Polypes d'eau douce à panache 
ont pondu des œufs bruns et un peu aplatis, et ils ont vu des 
petits naiïtre de ces œufs. J'ai vu dans plusieurs Polypes à pana- 
che, sur lesquels j'ai fait mes observations, de petits corps sphé- 
riques de différentes grandeurs, blancs et transparents. J’ai seu- 
lement soupçonné que ces petits corps étaient des 
œufs, mais je n'ai pas eu occasion d'examiner si ce 
soupçon était fondé ou non. 

Ces petits corps, dont je parle, étaient très faciles 
à distinguer à travers la peau transparente du Poiype 
et celle de la cellule. Ils étaient dans un mouvement 
continuel et comme ballotés d’un endroit à l’autre. 
Je les voyais passer de la cellule dans le corps d'un 
Polype, et monter entre la peau et les intestins, jusque 
près de la racine du panache, et de là retourner ensuite 

Fig.191. dans la cellule. Ce n’est pas tout : tous ceux qui sor- 

taient du corps d'un Polype, et passaient dans la 
cellule, n'étaient pas toujours poussés dans le corps du même 
Polype, mais successivement dans celui de divers autres. Ce 
fait prouve clairement que les cellules de différents Polypes com- 
muniquent entre elles, ou plutôt que plusieurs de ces animaux 
ont une cellule commune; et si ces corps sphériques, que j'ai 
vu passer successivement dans le corps de différents Polypes, 
sont des œufs, on pourrait dire que ces œufs 
sont en commun à tous les Polypes, dont les 
corps communiquent ensemble par leur cel- 
lule. » 

La clarté et l'exactitude de cette longue 
description n’a pas empêché les naturalistes 
de divaguer pendant de longues années sur 
cet animal. Sa rareté l'a fait confondre avec 
la Plumatella repens par tous les auteurs au 
commencement de ce siècle. Baker en Angle- 
terre et Dumortier en Belgique furent les 
premiers à en parler d’une façon qui fixa la cer- 
titude de son existence, dont on doutait tou- 
jours, malgré Pallas; et c’est en 1836, c'est-à-dire 94 ans après 
la découverte de Trembley, que Dumortier établit pour cet ani- 
mal le genre Lophopus, dont la signification rappelie le nom donné 
par Trembley. C'est surtout depuis le travail de Dumortier, ac- 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 149 


compagné de fort bonnes planches, que l’on a su ce qu'était le 
Polype à panache. 

Bien que Trembley ait trouvé de superbes exemplaires de cette 
espèce, il n’en a pas vu ni soupçonné les statoblastes, parce 
qu'au mois d'avril ces statoblastes ne sont pas encore formés, on 
ne les voit qu’en été et en automne. 

Van Beneden ainsi que Dumortier, en 1848, ont pris les stato- 
blastes de la Cristatella mucedo J. Cuv. pour ceux du Lophopus 
cristallinus; leur planche 5 bis donne ce statoblaste très bien 
dessiné, aux figures 22, 23 et 24, on ne peut s’y tromper, et on 
peut dire que leur erreur est des plus grossières après les travaux 
de Turpin et de P. Gervais, travaux qu’ils connaissaient cepen- 
dant, ou du moins qu'ils devaient connaître. 

Trembley affirme positivement qu'il existe un mouvement ex- 
cessivement lent chez quelques colonies, il a 
mesuré ce mouvement; et si quelques auteurs, 
comme Allman, le nient, Bakeret van Beneden 
le confirment. La conclusion qu’on peut en 
tirer, est encore ici celle de Trembley, qui 
constate que quelques colonies possèdent Ia 
faculté de se mouvoir, tandis que d’autres en 
sont dépourvues. Ne pourra-t-on pas un jour 
expliquer cette différence par l'influence de 
la captivité, captivité durant laquelle la co- 
lonie manque de nourriture et perd, par ina- 
nition ou autrement, une partie de ses pro- 
priétés vitales. 

Pour bien étudier les Bryozoaires, il faut avoir des sujets en 
parfait état; je crois que, pour cela, il faudrait élever en cage ces 
animaux qu'on laisserait toujours plongés dans l’eau où ils sont 
nés, Où au moins dans une eau très riche en organismes micro- 
scopiques. Leur énorme appétit détruisant rapidement tous les 
Microzoaires et tous les Microphytes de l’eau dans laquelle on les 
élève chez soi, ils ne tardent pas à s’y atrophier et à périr. J’ai 
essayé bien des fois de rapporter, après mes pêches, des bouteil- 
les de l’eau dans laquelle je les avais pêchés, mais cette eau s’al- 
tère et ne peut être utilisée que très rapidement. Aussi l'éducation 
des Bryozoaires en ville présente-t-elle de grandes difficultés 
après quelques jours. 

Trembley ni Dumortier n’ont pu voir les cils vibratils sur les 
tentacules, et le premier a eu le tort de croire que le tourbillon 


150 J. JULLIEN 


tentaculaire était le résultat des secousses de ces tentacules, 
quand il est le fait des cils vibratils qui existent sur les tenta- 
cules de toutes les espèces de Bryozoaires tant d’eau douce que 
marins. 

Le même auteur s'est trompé en prenant pour des œufs les 
corpuscules flottants de la cavité périgastrique dont il a parfaite- 
ment décrit les allées et venues, sauf en ce qui concerne le corps 
au Poiype; je ne sais trop ce qu’il appelle ainsi, je pense que ce 
doit être l'estomac ou l'appareil digestif, dans lesquels il n'entre 
rien par la paroi externe; le sens positif des mots corps du Polype 
me parail présenter quelque obscurité. 

Malgré ces quelques erreurs et lacunes, la note de Trembley 
est fort remarquable pour l’époque où elle a paru, et ses torts 
son! bien excusables quand on songe aux difficultés de ce genre 
d’études. 

C’est sur le Zophopus que Dumortier a découvert le système 
nerveux des Bryozoaires, facile à voir sur les polypides 
placés de profil; il consiste en un ou deux ganglions 
placés contre le pharynx entre celui-ci et l'anus, ils 
sont formés de cellules sphéroïdales très ténues divi- 
sées par des tractus fibreux. Reinhard (1) en a donné 
une coupe dans une brochure écrite en russe, il l'avait 
pratiquée sur la Cristatelle, fig. 224. 

Van Beneden et Dumortier ont commis une grosse 
erreur, en décrivant le statoblaste de la Cristatella 
mucedo, comme l'œuf d'une autre espèce de Zophopus, 
alors que P. Gervais avait décrit le statoblaste depuis 

Fig. 191. des années, comme appartenant à la Cristatelle de 

Ræsel; les statoblastes de Lophopus n'ont pas d’autres 
épines que celles qui terminent le grand diamètre. 

Le Lophopus est une des plus grandes espèces de Bryozoaires, 
et la transparence de l’ectocyste en fait un excellent sujet d'étude; 
mais il ne faut pas en géntraliser les résultats à la Classe entière, 
comme le veut Allman; les différents groupes n'étant pas tous 
construits sur le même type. 

Je propose de donner le nom de Trembley à cette ancienne 
espèce, car elle lui appartient; Pallas aurait dû vraiment agir 
ainsi, puisqu'il n'avait pas découvert ce Bryozoaire et qu'il n'en a 
parlé que 22 ans après Trembley. 


(1) Description, structure et développement des Bryozaires d'eau douce, par 
Reinhard. Charkoff, 1882, avec 7 planches, 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 151 


Synonyinie : 


Polype à panache Trembley, Bæek. 

Bell-flower animal Baker. 

Gepluymden Polypus Baker. 

Tubularia cristallina Pallas. 

Tubularia reptans Gmelin. 

Campanulate tubularia Shaw. 

Plumatella cristata Lamarch, Schweig- 
ger, Blainville. 


Alcyonella, tertius evolutionis gradus 
Raspail. 

Plumatella campunalata P. Gervais. 

Alcyonella stagnorum Johnston, Allman. 

Plumatella crystallina P. Gervais. 

Lophopus crystallinus Dumortier, van 
Beneden, Allman. 

Lophopus Bakeri van Beneden. 


Naisa reptans Lamouroux, 
champs. 


Deslong- 


Habitat. — Lamouroux l’a trouvée aux (?) environs de Caen en 
1816; c'est sa Naisa reptans. Pour moi, je l'ai pêchée en juillet 
1869, dans les fossés du Jardin d’Acclimatation au Bois de Bou- 
logne, près Paris, elle était fixée sur une tige herbacée morte et 
inondée, dans le courant du ruisseau des Palmipèdes, exposée 
toute la journée en plein soleil. Le zoarium était 
gros comme le bout du doigt, très ramifié et 
transparent, il contenait une quantité de stato- 
blates. Comme Trembley, c'est le premier Bryo- 
zoaire vivant que j'ai vu, j'en fis à l’époque un 
dessin très soigné, dont je fis présent à M. le 
Professeur Deshayes ; il prit l'animal pour une 
bête marine. Depuis cette époque je n'ai jamais 
retrouvé de Lophopus. J'ai vu au Laboratoire 
d'anatomie comparée du Muséum de Paris, des Fig. 195. 
préparations microscopiques de cette espèce, dont les colonies 
avaient été recueillies dans les bassins de l'École botanique: 
toujours est-il que les Lophopiers sont des animaux très diffi- 
ciles à se procurer, surtout à l'état de colonies ramifiées. L’irré- 
gularité de station de cette espèce la rend difficile à trouver, 
sa découverte étant toujours l'effet du hasard; aussi tous ceux 
qui en ont parlé ne l’ont-ils pas indiquée comme une espèce 
commune. Elle est cependant fort répandue, puisque les natura- 
listes la signalent en Hollande, en Belgique, en Allemagne, en 
Angleterre et en France. Jusqu'à présent elle n’a été trouvée que 
dans les fossés et les étangs, je crois être le premier à la signaler 
dans l’eau tout à fait courante et en plein soleil, sous la forme 
d'une superbe colonie, dont je donne le dessin incomplet d'un 
bourgeon. 


152 J. JULLIEN 


En 1859, le docteur Leidy (1) a déclaré qu'il a découvert un 
Lophopus dans Schuylkill river, à Philadelphie, il n’a pu jusqu'à 
présent en déterminer les caractères. 

J. Mitchell (2), en 1862, dit avoir trouvé aux Grandes Indes, 
sur des racines de Lemna dans le réservoir d’un petit jardin, une 
espèce de Lophopus qu'il appelle Lophopia avec incertitude, il n’a 
pas étudié suffisamment sa trouvaille qui reste inconnue. 


Genre PECTINATELLA Leidy, 1851. 


Zoœæcies dispersées irrégulièrement à la surface d’un zoarium 
gélatinoïde, massif, hyalin, fixe ; orifices groupées en aréoles lobées, 
irrégulières sur la surface libre; statoblastes lenticulaires avec un 
anneau et des épines marginales. 


Pectinatella magnifica Leidy, 1851. 
Fig. 196 à 213. 


Synonyme : Cristatella magnifica Leidy, 1851; Pectinatella magni- 
fica Leidy, 1851, Allman, Hyatt. 

Le Professeur Leidy (3) en 
a donné la description suivante 
que j'ai traduite en français : 
« Polypidome massif, encroùû- 
tant les corps, depuis quelques 
pouces jusqu'à plusieurs pieds 
de long, par des traînées de 
cinq centimètres de diamètre ; 
gélatinoïde, consistant, hyalin, 
avec de nombreux Polypes sur 
la surface libre disposée en 
aréoles irrégulières serrées. 
Les Polypes sont pourvus de 
deux lobes réunis ensemble 
en forme d'U, renfermant la 
Fig. 196. bouche à la base et possédant 


(1) Proceedings of the Acad. nat. sc. of Philadelphia, 1859 (séance du 2 nov.). 

(2) Mitchell J., Notes from Madras (in Quart. Journ. microsc. science, 3° série, 
t Il p.61). 

(3) Leidy. Proceedings Acad. nat. Sc. of Philadelphia., Sept. 1851 and Nov. 1851. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 153 


de 50 à 80 tentacules sigmoïdes, divergeant du bord, disposés au 
sommet de la double ligne extérieure de l’U, avec les extrémités 
des bras de la dernière inclinant vers chaque autre ; 

la lèvre relevée (épistome) avec la base des lobes ED 
tentaculaires et le quart inférieur du bord interne ‘8 
des tentacules, dans le voisinage de la bouche, est 
de couleur carminée ou rose-rouge sombre; l'œso- 
phage est incolore; l'estomac plié longitudinalement est d’un brun 
jaunâtre ; le rectum est dilatable, hyalin, son extrémité légèrement 
saillante, mais rétractile. La longueur du fond de 
l'estomac au sommet des tentacules étendus, 
égale 3""384; le plus grand diamètre des tenta- 
cules étendus (cloche tentaculaire) est de 1mm128 
à 1°"3536. Les tentacules ont une longueur de 
0"%635 et une largeur de 0""0254. L'œuf (stato- ge 
blaste) est lenticulaire, brun, limité au bord par 
un bourrelet cellulaire annulaire d’un blanc bru- 
nâtre, ayant une largeur de 0""127 sur une face, Fig. 198. 

et 0""254 sur l’autre, pourvu sur son bord externe 

de 14 à 16 appendices d’une longueur de 0""127, terminés par un 
grappin double et rarement triple. L’œuf (statoblaste), avec son 
bourrelet mince, discoïdal, intact, a une largeur pe 

de 0"m770, y compris ses appendices enveloppés 

dans une masse hyaline albuminoïde; quand il 

est mûr il peut flotter. La surface du polypier a 

l'aspect d'une mucosité épaisse d'où sort une * 

quantité de tentacules. Immédiatement sous elle, 

existe un lit de couleur rose clair, coloration due Fig. 199. 

à la teinte rouge du pourtour de la bouche des 

Polypes; puis vient une autre couche de couleur jaune sale, due 
à la coloration de l'estomac des animaux; au-dessous de celle-ci 
apparaissent de nombreuses taches blanches, 
jaunes et brunes qui sont des œufs à divers degrés 
de développement; enfin la plus grande partie 
de la masse consiste en une substance parfaite. 
:menthyaline, consistanteet gélatinoïde. L'animal 
n’est pas aussi irritableque celui des Plumatelles, 
mais comme ce dernier, il est capable de se re- 
tirer entièrement dans son tube, position dans la- 
quelle l'estomac paraît replié transversalement. Quand les œufs se 
détachent de la masse, ils viennent flotter à la surface de l’eau. » 


Fig. 197 


Fig. 200. 


154 J. JULLIEN 


Hyatt Alpheus (1) a complété cette description par de nouveaux 
détails et par de superbes dessins. Voici la traduction de son 


| 


| 
| À 


ÿ Fee Rio 
| K Fig. 202. 


Fig. 201. Fig. 203. 


texte : « Les polypides sont disposés sur les lobes, quelquefois 
sur un seul rang, mais généralement sur deux, placés alternati- 
vement. L'ectocyste est d'une grande épaisseur 
D au centre et peut avoir de dix à vingt centimètres 
#2 de profondeur; bras aussi longs que le tube éva- 
1; AE For 

ginable du polypide. Il y a de 60 à 84 tentacules, 
Fig. 204. La partie inférieure de ceux-ci et la bouche sont 


(1) Hvatt Alpheus, Observations on Polyzoa suborder Phylactolæmata. (In com- 
munications Essex Institute, Vol. V, 1868, p. 227, fig. 20, et vol IV, pl. 9 figs. 4-13, 
pl. 10, 11 et 12, 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 455 


cramoisies. Les statoblastes varient de 0""800 en largeur sur 0mm900 
en longueur. Les proportions en nombres égaux sont 24 sur 27, ou 
26 sus En 27 sur.28, 28 sur 29, Si 30 et 30 sur 30. L'anneau varie 
de 5 à — sur les côtés, et de À = à — aux extrémités. Les épines ont 
environ | omn933 de long, en ee Share du bord 
externe de l'anneau vers le dehors. 
Les exemplaires trouvés dans Fresh Pond, Mas- 
sachussetts, et ceux se rencontrant dans Pennis- 
sewassee Pond, Maine, diffèrent par le nombre de Æ 
tentacules et des épines. Les premiers ont de 60 
à 75 tentacules et les statoblastes de 12 à 17 épines ; SE 
tandis que les derniers ont de 72 à 84 tentacules Fig. 205. 
et de 20 à 22 épines. Les variétés de forme dans 
les masses sont entièrement dues au contour des surfaces sur 
lesquelles elles se développent. Si ces surfaces sont aplalties, les 
masses deviennent subconiques; si le développe- 
ment se fait sur une tige, la masse est fusiforme; à She 
l'extrémité d’une branche, la masse devient arron- Ô 
die comme dans la pl. IX fig. 4. Quand l'ectocyste 
vieillit, la plupart des colonies mourant ou flottant o 
au loin, se fixent et vivent pendant quelque temps Pa 
isolées, mais ne grandissent plus ; quelquefois ce- 
pendant elles continuent à vivre plus ou moins Fig. 206. 
largement séparées sur les restes de leur ectocyste, 
mais en raison de l'enlèvement de la pression latérale, les colonies 
nouvelles perdent leur forme hexagonale sub-anguleuse. 
Pendant la résorption des polypides morts, les estomacs 
disparaissent les premiers, puis les tentacules et enfin les 
gemmes. La persistance de ces dernières est intéressante, 
parce qu'elles disparaissent chez les Plumatelles et Fré- 
déricelles bientôt après la saison de la reproduction qui 
passe rapidement. La grande taille de l'enveloppe albu- 
mineuse des bourgeons d'hiver gêne très sérieusement 
la liberté des mouvements, dans les muscles des poly- Fig. 207. 
pides vivants et abaisse les estomacs hors de leurs places. 
Les statoblastes sont plus grands et plus serrés près du centre 
où les premiers polypides sont morts; les circonstances impli- 
quent que la couverture gélatineuse n’est pas seulement une 
matrice pour les crochets, mais qu’elle sert encore (en partie du 
moins) à faire périr les premières lignes des polypides. Cependant 
il n’en est pas de même dans les colonies qui ont peu de stato- 


156 J. JULLIEN 


blastes, et où l’on voit comme quelques polypides morts inté- 
rieurement parmi les autres. Cela paraît dépendre tout-à-fait de 
l'âge des polypides. Les exemplaires peuvent être maniés assez 


\ N 


Fig. 208. Fig. 209. Fig. 210. 


brutalement sans que les polypides se rétractent, même si on les 
retire de l’eau on n'obtient pas d'effet, ils s'étendent aussitôt 
quand on les y replace. Conservés ensuite 
en captivité pendant quelques semaines, ils 
deviennent plus peureux, et quand on les 
inquiète ils restent plus longlemps rétractés, 
ils paraissent même alarmés de se voir ainsi 
contractés et semblent trouver nécessaire 
d'étendre au-dehors leurs tentacules pour 
les jaérer très vite, après la disparition de 
leur ennui, quoiqu'il puisse ensuite se passer 
une heure avant l’extension du reste du 
< polypide. » 

Habitat. — États-Unis, environs de Phila- 
delphie; dans les étangs appelés Fresh Pond et Mystic Pond près 
Cambridge (Massachussetts), et dans celui de Pennissewassee 
Pond (Maine). Dans les fossés et eaux dormantes, encroûtant les 
branches mortes et les pierres. 

Le Docteur Leidy rapporte que le docteur Wm. Spillman, de 
Columbus (Mississipi}, a pêché, dans les lacs des environs, des 
masses de Pectinatella magnifica suspendues aux extrémités des 
branches, et atteignant trente-huit centimètres de long sur trente 
de large. Quelles colonies gigantesques! 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 157 


Pectinatella Carteri (1) Hyatt, 1868. 
Fig. 214 à 216. 


Hyatt a donné ce nom à l'espèce dont Carter a décrit et figuré 
le statoblaste qui ne ressemble 
guère à celui de l'espèce améri- 
caine. La Pectinatellu Carteri se 
trouve dans les étangs des envi- 
rons de Bombay sur Paludina Ben- 
galensis, le statoblaste est ovale, 
orné de 14 épines à chaque ex- 
trémité,; chaque épine porte vers 24 
son extrémité libre des barbelures en crochets recourbés vers le 
corps du statoblaste. 

Carter à fait un Zophopus de cette espèce. 


Genre CRISTATELLA G. Cuvier, 1798. 


Zoæcies à peine saillantes, disposées en plusieurs séries margi- 
nales et concentriques sur la face supérieure d’un zoarium gélati- 
noïde, aplati, rubané dont la face inférieure est susceptible d’une 
locomotion très lente. Statoblastes orbiculaires avec un anneau 
cellulaire marginal et des épines marginales sur les deux faces. 

Ce genre a été formé pour le petit animal décrit par Rüsel (2), 
sous le nom de « Der Kleinere Federsbusch Polyp mit dem ballen- 
fürmigen Kôrper ».Cuvier l'a établi dans le Tableau élémentaire de 
l’histoire naturelle des Animaux, publié l’an 6 ou en 1798, où il le 
donne sous le titre suivant : « Des Cristatelles ou Polypes à plu- 
mets (Cristatella), qui ont sur la bouche une espèce de plumet 
formé par des tentacules portés sur une tige commune, et rangés 
parallèlement ou en pinceau. Leurs mouvements servent à ame- 
ner vers la bouche les corpuscules dont l’animal se nourrit. Les 
Cristatelles habitent les eaux stagnantes, et leurs amas ne parais- 
sent à l'œil nu que comme des taches de moisissure. » A la pl. 14 


(1) Carter H.-J, On the identity in structure and composition of the so-called 
Seed-like Body of Spongilla with the Winter-egg of the Bryozoa; and the présence 
of Starch-granules in each. (In Annals and Magazine of Nat. Hist., 3e série vol. 
Il, 1859, p. 338, pl. 8 fig. 8-15). 

(2) Insecten Belustigung (1755). Der Kleinere Federbusch Polyp mit den ballen- 
fürmigen Kürper, t. IE, p. 559, pl. xcr. 


158 J. JULLIEN 


il en donne les branchies (1); mais Cuvier ne le connaissait pas 
autrement que par les dessins de l’auteur allemand. Dans la 
deuxième édition de son Règne animal (2), il modifie sa descrip- 
tion que voici : « Les Cristatelles ont sur la bouche une double rangée 
de nombreux tentacules, courbée en demi-lune, faisant un panache de 
cette figure et attirant, par leur mouvement régulier, les molécules nu- 
tritives. Ces bouches sont portées sur des cols courts attachés à un corps 
gélatineuz commun qui se transporte comme des Hydres, on trouve ces 
animaux dans nos eaux dormantes. À l'œil nu ils ne paraissent que de 
petites taches de moisissure. » On voit que, même en 1830, Cuvier 
n'avait point vu la Cristatelle dont il faisait à juste titre un excel- 
lent genre. 

S'ilen a été du Xleinere Federbusch Polyp de Rôsel, comme du 
Polype à panache de Trembley, c'est que la découverte de ces 
deux animaux est accidentelle et difficile, et que les naturalistes 
ne les retrouvant pas, ne purent croire à leur existence et con- 
fondirent ces animaux avec la Plumatella repens dont toutes les 
formes sont excessivement abondantes et faciles à se procurer. 


Cristatella mucedo J. Cuvier, 1798. 
Fig. 217 à 224. 


Zoarium ovale, convexe en dessus, aplati en dessous, d'un 
jaune terne ou terre de Sienne, dont les plus grands spécimens 
atteignent cinquante millimètres de long sur treize de large, 


Fig. 219. 


d'autant plus mobile qu'il est plus jeune et pouvant atteindre une 
vitesse de plusieurs pouces par jour; zoæcies formant trois séries 


(1) Tableau élément. de l'Hist. naturelle des Animaux (an VI, 1798), p. 656, pl. xtv. 
(2) Règne animal, > édit., 1830, JT, p. 296, 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 159 


régulières concentriques, alternes et marginales, sur la face supé- 
rieure; les Polypides portent de trente-deux à quatre-vingts tenta- 
cules, ils ont la même couleur que le zoarium, sauf l'intestin qui 
est d’un bleu-verdâtre pâle quand il est bien nourri. La face infé- 
rieure porte en son milieu un disque ovale, contractile, de forme 
très changeante qui sert de moyen de locomotion. Des bords du 
disque S’élend extérieurement une surface aplatie, dépassant les 
séries externes des orifices, sous la forme d'une marge; cette 
marge est occupée intérieurement par une série de cellules ou 
chambres tubuleuses, visibles à travers la peau transparente, qui 
s'étendent en rayonnant de ce disque au dehors, mais ne possè- 
dent aucune ouverture. Séatoblastes arrondis, lenticulaires, bordés 
d’un anneau sur les bords duquel naissent de chaque côté des 
épines cornées, dirigées vers le bord du statoblaste qu'elles sui- 


vent jusqu’au bord libre, les pius longues se redressent brusque- 
ment en dehors, elles se terminent toutes par des grappins simples 
ou multiples ; il y a environ vingt-deux épines d’un côté et douze 
de l’autre, elles sont plus longues du côté où elles abondent,; la 
couleur des statoblastes mûrs et en liberté est d’un rouge brun 
foncé. Ils ont environ 0""769 de diamètre. 


Synonyme : 
Der Kleiner Federbusch Polyp Rüsel. P. Gervais, Thompson, Allman, Van 
La seconde sorte de Polypes à bouquets Beneden, Reinhard. 
Ledermuller. Cristatella vagans Lamarck, Goldfuss, 
Cristatella mucedo G. Cuvier, Turpin, de Blainville, Lamouroux, Schweiger. 


à Cristatella mirabilis Dalyell. 


Habitat. Elle habite les lacs, les étangs et les fossés d’eau lim- 
pide, où elle rampe à la surface supérieure des pierres immergées 


160 J. JULLIEN 


et des tiges de plantes aquatiques, surtout au soleil. Elle paraît 
être annuelle. 

Localités : Cette Cristatelle est commune aux environs de Paris; 
P. Gervais l’a trouvée adulte dans l'étang du Plessis-Piquet, il en 
a découvert les statoblastes dans le canal de l’Ourcq en 1836, en 
plein Paris; Allman l’a rencontrée à Fontainebleau dans le grand 
étang ; moi je l’ai constatée à l'état de statoblastes dans les fossés 
qui suivent l'étang du Perray près Rambouillet en Juillet 1884, 
il y en avait d’éclos et d’entiers que j'ai mis tout de suite dans 
l'alcool, j'en ai encore trouvé le même jour dans l'étang de Saint- 
Quentin, près de l’École militaire de Saint-Cyr, mais malgré tout, 
j'avoue n'avoir pu me procurer les colonies que je désirais. 


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On la rencontre en Europe depuis la France et l'Angleterre 
jusqu'aux environs de Karkow en Russie, dans les grands lacs de 
la Suisse et dans tous les cours d’eau. 

J.-G. Dalyell (1) est le premier observateur qui a vu la Cristatelle 


() Report Brit. Assoc., 1834, p. 601; et Édimbourg, new Philosoph, Journ., 
vol. XVIII, p. 414. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 161 


dans un complet développement; il la décrivit en 1834 et lui 
donna le nom de Cristatella mirabilis, tant l'adulte diffère des 
jeunes colonies dessinées par Rôsel et Turpin. C'est en Écosse 
que Dalyell fit sa découverte. Les dessins qu'il en a publiés en 
1848 (1), sont absolument mauvais et insuffisants; les tentacules 
sont représentés par de simples traits disposés irrégulièrement ne 
donnant aucune idée de ces animaux. 

Les meilleurs dessins qu'on en connaisse sont ceux de Rôüsel et 
de Turpin pour les jeunes colonies, et ceux d’Allman pour l'adulte, 

Le nombre des tentacules paraît être aussi très variable; si on 
compte leur nombre sur les dessins des auteurs, on trouve que 
Rôsel en a dessiné 32, 33, 40 et 43 à ses Polypides ; P. Gervais en 
donne 60, ainsi que Johnston et van Beneden. Allman les porte à 
80 et Dalyell à une centaine. Mais je crois que ces auteurs ont eu 
tort de ne pas compter ces organes sur un certain nombre de 
colonies, ils auraient constaté certainement des différences, 
comme cela m'est arrivé pour les Plumatelles. 

C’est des statoblastes que lui avait donné P. Gervais, que Tur- 
pin s’est procuré les animaux qu'il à dessinés, et dont l’image a 
été reproduite dans quantités de livres élémentaires. Cependant 
cette figure est très inexacte pour les lophophores. 

Il est très facile de se procurer les statoblastes de cette espèce 
à l’état isolé. Pour cela on agite un instant dans l’eau des fossés 
ou des étangs un salabre en toile qu’on lave bien ensuite en le 
retournant plusieurs fois, pour qu'il n’y reste rien, ni boue ni 
corps étrangers, alors on aperçoit sur la toile de petits points 
noirs arrondis ; ce sont les statoblastes en question qui sont restés 
accrochés par leurs griffes, par leurs grappins et qu'on enlève 
facilement avec une petite pince ou avec une épingle. 


Cristatella Idæ Leidy, 1859. 


Zoarium ovale, aplati, d'un jaune blanchàtre transparent, pas- 
sant au jaune d’ambre, d'environ 25%" à 44" de long, sur 45 à 
Gum35 de large, pouvant se déplacer de 25 à 26 millimètres par 
jour. Zoæcies disposées sur trois rangs autour du zoarium ; Chaque 
polypide portant soixante-douze tentacules environ sur le lopho- 
phore. Sfatoblastes biconvexes, lenticulaires et arrondis, avec un 


(A) Rare and Remarkable Animals of Scotland, 1848, vol, I, p. 87, pl. xxvnt 
et XXVIIL. 
11 


162 J. JULLIEN 


1 


anneau marginal et discoïde un peu plus large d'un côté que de 
l’autre. Des bords internes de l’anneau partent environ soixante- 
dix appendices en forme d’ancre, dont cinquante d'un côté for- 
mant deux séries géniculées sur le bord extérieur de l’anneau, 
les vingt autres sont plus courts et divergent du côté opposé. 
Le diamètre des statoblastes est de 1152 ou 1/2 ligne sans les 
ancres. 

Syn. Cristatella Idæ Leidy, Hyatt, Potts. 

Habitat. Eaux dormantes des États-Unis. 

Trouvée à Newport (Rhode-Island) et Philadelphie. 

Voici ce qu’en a dit Leidy (1) à l’Académie des Sciences natu- 
relle de Philadelphie : 

« Le Docteur Leidy fait observer, que pendant les quelques 
semaines qu'il a passées l'été dernier en compagnie de M. Bridge 
chez M. Powel à Newport, Rhode-Island, ils ont examiné ensem- 
ble les ruisseaux et les étangs d’eau douce des environs pour y 
trouver des Bryozoaires. Ils ont eu la bonne fortune de découvrir 
une nouvelle espèce de Cristatella; c’est la première espèce de ce 
genre découverte en Amérique. La localité de ce Bryozoaire est 
Lily-Pond (étang des Nénuphars), près Newport, dans lequel on 
le trouve très abondamment, à la face inférieure des pierres qui 
forment les bords de cet étang. 

» Pendant le mois d'août, cette Cristatelle forme des masses 
aplaties, elliptiques, d'environ 25""% de long sur 4""5 de large, 
et sont d’un jaune blanchâtre transparent. Environ trois rangs de 
Polypes entourent les masses. Chaque Polypide porte 72 tenta- 
cules sur ses bras en fer à cheval (lophophore), tentacules réunis 
à leur base par une membrane délicate festonnée et aréolée. 

» Les colonies de Cristatella placées dans un vase d'eau, s'y 
sont déplacées de 25 à 26 millimètres en vingt-quatre heures. 

» Les œufs ou statoblastes étaient imparfaitement développés 
pendant mon séjour à Newport. Dans le présent mois, M. Powel 
m'a envoyé de beaux spécimens accompagnés d'une note où il 
me dit : « J'ai fait une expédition à Lily-Pond, et je me suis pro- 
curé un grand nombre de Cristatella avec des œufs. J'ai trouvé 
sur une seule pierre cinquante-quatre colonies séparées, dont 
une, de 4445 de long sur 635 de large, était d’une belle cou- 
leur d’ambre, et contenait des œufs à différents ‘degrés de déve- 
loppement. » 


(1) Proceedings of the Academy of natural Sciences of Philadelphia, 2 nov. 1859, 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 163 


» Ces œufs sont les plus grands que j'aie vu chez les Bryozoaires. 
Ils sont biconvexes, lenticulaires et circulaires, avec un anneau 
marginal et discoïdal un peu plus large d’un côté que de l’autré. 
Des bords internes de l'anneau partent environ soixante-dix ap- 
pendices en forme d’ancre dont cinquante d'un côté, formant 
deux séries géniculées sur le bord extérieur de l'anneau; les vingt 
qui restent sont plus courts et divergent du côté opposé. La lar- 
geur du statoblaste est de 1""152 sans les ancres. Cette espèce 
américaine de Cristatella est respectueusement dédiée à la sœur 
de M. Powel sous le nom de Cristatella Idcæ. 

» L'espèce américaine diffère de l'espèce européenne Cristatella 
mucedo par son port aussi bien que par différents points d’organi- 
sation. Le Professeur Allman, dans sa remarquable monographie 
sur les Bryozoaires, dit : « Tandis que le plus grand nombre des 
Bryozoaires d’eau douce se cachent sous les pierres ou dans des 
endroits obscurs, la Cristatelle aime à s’exposer à la plus brillante 
lumière et à la chaleur du soleil. » 

» Le polype de la C. mucedo a environ quatre-vingts tentacules ; 
et l'intestin est d’un bleu-verdâtre pâle. Celui de la C. Zdæ porte à 
peu près 72 tentacules et l'intestin est jaunâtre. Les œufs ou sta- 
toblastes de C. mucedo ont environ 0"%769 de diamètre; ceux de 
C. Idæ atteignent à peu près 1""128. Les statoblastes de C. mucedo 
figurés par Allman ont les ancres sigmoïdes; celles de la dernière 
espèce ont un double crochet. » 

Quelques années après, en 1879, Leidy retrouva à Philadelphie 
même, son espèce de Rhode Island. Je traduis encore le texte des 
Proceedings (1) : « Le Professeur Leidy raconte qu'il y a quelques 
jours (30 septembre) en se promenant dans le parc avec sa petite- 
fille, elle appela son attention sur ce qu’elle prenait pour un 
grand nombre de chenilles au fond du ruisseau. Or ces chenilles 
n'étaient autre chose qu’une accumulation extraordinaire de Cris- 
tatella Idæ. Cette espèce de Bryozoaire ou de Polype cilié d’eau 
douce, a été découverte à Newport, R. Is!., il y a vingt ans envi- 
ron, et décrite dans les Proceedings de cette Académie (1858-59). 
M. Leidy l’a cherchée bien des fois aux environs de Philadelphie 
et ne l’avait pas encore rencontrée. » 

Le développement de la Cristatelle dans la localité indiquée est 
très remarquable et merveilleux par son étendue. Des milliers de 


(1) On Cristatella Idæ. Proceedings of the Academy of Nat. Sc. of Philadelphia, 
p. 203, 1879. 


164 J. JULLIEN 


groupes vermiculaires couvraient le fond du ruisseau sur environ 
trente pieds (9"141) de longueur, avec une largeur d'un yard 
(0914) et finissaient en se rétrécissant à une largeur d’un pied 
(03048). Ils couvraient toutes les pierres et les plantes submer- 
gées, et, si serrés qu'ils s’entrelaçaient les uns avec les autres, 
laissant seulement d'étroits intervalles, sans espaces pour le 
mouvement, si ce n’est par leur mutuel déplacement. Les groupes 
étaient tous attachés à une membrane basilaire commune, de 
laquelle cependant, ils étaient susceptibles de se séparer eux- 
mêmes. Un grand lambeau de la membrane, couvert de groupes 
de Cristatella ayant été placé dans un vase avec de l’eau, on vit 
deux jours après que la plupart des groupes s'étaient répandus 
vers le fond et sur les côtés du vase. La membrane basilaire est 
de couleur ambrée homogène et obscurément granuleuse. Un lam- 
beau de celle-ci de dix centimètres de long sur cinq de large, 
entièrement couvert de groupes de ce Polype, conservé dans 
l'alcool! est offert pour le Musée. 

Ilest certain que pendant le développement et la croissance 
des groupes de Cristatelle, ils se séparent de temps en temps en 
plus petits groupes, ne conservant leur connexion que par la mem- 
brane basilaire qui paraît avoir un caractère excrémentitiel. 

La membrane basilaire de la Cristatelle était rendue encore 
plus intéressante, par cette circonstance que dans les intervalles 
séparant les groupes de Polypes, elle portait une multitude de 
Difflugia corona. 

Dans cette saison (fin septembre), les groupes de Cristatelle 
sont remplis de statoblastes ou œufs d'hiver, à toutes les époques 
de développement. Les statoblastes mûrs portant l'anneau, mais 
sans les épines marginales en forme d’ancre, mesurent de 1725 
à 4v295 de diamètre. Sur quinze spécimens, sept mesuraient 
{mm9 de large. Le nombre des épines en forme d'ancre, varie de 
60 à 70; mais dans quelques exemplaires on en trouve pour le 
moins 53 et au plus 74. Par la taille, aussi bien que par le nombre 
des épines, ils diffèrent considérablement de ceux des Cristatella 
mucedo et ophidioïidea. 

Les Polypides de la Cristatella Idæ, bien étendus, ont environ 
gun de longueur, et leurs bras supportent à peu près quatre-vingts 
tentacules. L’estomac est brun chocolat, quelquefois jaune pâle 
ou brun-verdâtre. » 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 165 


Cristatella ophidioidea Hyatt, 1868. 
Fig. 225 à 236. 


Zoarium arrondi dans le jeune âge, atteignant plus tard une 
forme de ruban longue de vingt centimètres et large de quatre à 
vingt-cinq millimètres avec une épaisseur de trois millimètres ; 
un petit zoarium de vingt-cinq millimètres peut ramper de toute 


D 
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=. 


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oo. 


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sa longueur en vingt-quatre heures. Zoæcies disposées sur quatre 
à huit rangs concentriques, leurs Polypides ont environ quatre- 
vingt-dix tentacules. Sfatoblastes peu abondants, orbiculaires, et 
garnis sur les bords de l'anneau de cinquante-deux à cinquante- 
neuf spinules dont trente-deux ou trente-sept longues et vingt à 
vingt-deux courtes, leurs pointes sont ornées de petites dents 
crochues, faisant de une à six pointes à chaque extrémité. Ils ont 
de Omn800 à 0"n830 de diamètre. 


166 J. JULLIEN 


Syn. Cristatella ophidioïidea Hyatt, Leidy, Potts. 
Habitat. Environs de Salem (États-Unis). 


Fig. 228. 


C'est en 1868 que Hyatt a publié la description et les figures 
de cette magnifique espèce dont la taille atteint de surprenantes 
dimensions. Voici la traduction 

de son texte (1) : « Cœnœæcium 
arrondis dans le jeune âge. mais 
dans les colonies adultes, il at- 
teint aisément environ vingt 
centimètres de long sur quatre 
à vingt-cinq millimètres de large; un exemplaire de cette taille 
affecte toujours une forme sinueuse; les plus petits cϾnϾcia 


ose 


FhR \Y 


\ À 
A 
RU’ 


Fig. 232. 


sont quelquefois en ligne droite, et une colonie d’une longueur de 


(1) Observations on Polyzoa suborder Phylactolæmata, Communications of the 
Essex Institut, 1868, V, p. 229; fig. 21, vol. IV, pl. x et x1v. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 167 


vingt-cinq millimètres rampera de sa propre longueur en vingt- 
quatre heures. 

» Les Polypides adultes sont sur deux rangs, les tentacules du 
troisième rang ne sont pas bien développés à l'extrémité des bras, 
et jusqu’au dehors, tous les âges de croissance sont représentés 
par des lignes de bourgeons et de jeunes Polypides variant de 
deux à cinq. 

» Le lophophore est aussi long que le tube périgastrique, quand 
il est bien étendu et porte quatre-vingt-dix tentacules. 
» Les statoblastes sont orbiculaires et frangés de vingt à vingt- 


Fig. 933. Fig. 234. Fig. 235. Fig. 236. 


deux épines courtes et de trente-deux à trente-sept épines lon- 
gues, aux pointes fourchues, déterminant de une à six pointes à 
chaque extrémité. Les diamètres varient de Onms à Qmm83. 

» Cette espèce a été trouvée sous la forme de nodosités et de 
lames supportées par un extocyste commun comme dans la Pec- 
tinatella magnifica. Elle forme une même feuille peut-être en 
vastes établissements de trois millimètres d'épaisseur. 

» Les statoblastes sont peu nombreux et diffèrent tout à fait de 
ceux figurés par le professeur Allman pour la Cristatella mucedo. 
Le bord externe de l'anneau est entier et non découpé comme 
dans cette dernière, l'enveloppe brune du statoblaste est lisse 
au lieu d’être recouverte de petites bosses comme dans la C. mu- 
cedo ; le bord du statoblaste de notre espèce, vu de profil, est aussi 
beaucoup moins symétrique. 

» La Cristatella Idæ décrite par Leidy a seulement trente milli- 
mètres de long, elle ne porte que soixante-douze tentacules, et le 
statoblaste est chargé de soixante-dix épines. » 


Cristatella lacustris Potts, 1884. 
Fig. 237 et 238. 


Zoæcies peu saillantes, éparses à la surface d'un zoarium vermi- 


168 J. JULLIEN 


forme, très peu adhérent, d'une longueur d'environ 152"m dans 
les plus beaux exemplaires, plus ou moins sinueux ou en spirale, 
les très jeunes zoaria ayant la forme d’un soulier où les zoæcies 
occupent la partie la plus élevée. Polypides plus courts que les 
tentacules du lophophore, ces derniers varient de 52 à 60, il y en 
a ordinairement 54. Sratoblastes orbiculaires, rouge-brun, épais; 
anneau marginal arrondi, entouré par une double série de grap- 
pins; leur face la plus grande a une courbure régulière, tandis 
que la plus petite a une convexilé plus marquée vers le centre. 

Tabitat : Sur les bois morts, dans les lacs, à un ou deux pieds 
de profondeur. 

Localité : Lac d'Harvey, Luzerne, États-Unis d'Amérique. 

Cette Cristatelle est en effet très remarquable par sa grande 
taille et par la forme de ses statoblastes. Mais comme le profes- 


seur Poits, je trouve que ce genre n’a pas encore été assez 
étudié au point de vue de ses formes, pour qu’on puisse à présent 
affirmer la solidité de ses différentes espèces. J'ai maintenu dans 
cette monographie toutes les espèces décrites, et je garde à leur 
égard la judicieuse réserve de Potts. 

La description que cet auteur en donne étant pleine d’intéres- 
santes remarques, en voici la traduction : 

« Je (1) désire annoncer la découverte que je fis en Automne 


(1) On a supposed species of Cristatella in Proceed. Acad. nat. Sc. of Philadelphia, 
part I, May-Oclober 1884, p. 193, pl, IV, figs. 1-2. (Note communiquée le 8 Juillet.) 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 169 


dernier, dans les eaux du lac d'Harvey, Luzerne, Co. Pa., de 
grandes colonies, ou en langage technique, d’aggrégations de 
colonies, d’une espèce de Cristatella, offrant plusieurs particula- 
rités, lesquelles semblent la distinguer de la C. mucedo d'Europe, 
et d’autres formes américaines connues. 

» Le lac d'Harvey est une belle nappe d’eau située à une altitude 
d'environ 1200 pieds (365"748) au-dessus du niveau de la mer, 
parmi des collines partiellement boisées, de peu de hauteur. Il 
affecte grossièrement la forme de la lettre T. Sa plus grande lon- 
gueur est d'environ deux milles (3kil 218m), On dit sa profondeur 
très considérable sur la plus grande partie de son étendue, elle 
augmente rapidement à peu de distance du rivage. 

» Les premiers groupes de cette superbe espèce ont été trouvés 
sur un gros tronc d'arbre plongeant dans l’eau à un ou deux pieds 
de la surface. 

» Les colonies y apparaissent comme des masses vermiformes, 
éparses, beaucoup plus longues que celle de Cristatella Idæ Leidy, 
et rivalisent presque en longueur avec la Cristatella ophidioïdea 
Hyait. Les plus longues ont environ six pouces (152""394). De 
plus, bien qu’elles suivent parfois les lignes sinueuses, décrites 
par ce dernier auteur, comme caractérisant son espèce, elles 
suivent le plus souvent des lignes courbes, isolées, ou continues 
çomme une portion de la lettre O ou d’un C irrégulier. Depuis, 
en trois ou quatre circonstances, nous avons retrouvé cette 
espèce dans de nouvelles localités. 

» Les extrémités des arbres morts, ou des grandes branches, 
gisant à 20 où 30 pieds (6 à 9") du rivage, et s'étendant sur un dia- 
mètre de 10 à 12 pieds (3m à 3"65), sont couvertes par des cen- 
taines ou des milliers de ces colonies, s’entrelaçant et entourant 
chaque branche et chaque ramuscule, cependant elles adhèrent 
si faiblement, qu’elles se détachent des rameaux par douzaines, 
rien qu’en secouant ceux-ci dans l’eau. Quand elles pendent tem- 
porairement par une extrémité, elles prennent une forme spirale, 
étroitement resserrées sur elles-mêmes. Leur ectocyste gélatineux 
commun à presqu'une ligne d'épaisseur (20m256), il couvre les 
branches, autant que j'ai pu le voir. Sa persistance, sur les ra- 
meaux que nous avons pêchés, est fort remarquable, puisque, 
après sept mois d'immersion dans l’eau, il est encore facilement 
reconnaissable. Sous le microscope, on le voit formé d'un plexus 
de lignes délicates, comme un mycélium très fin qui peut bien 
avoir maintenant remplacé la structure normale. 


170 J. JULLIEN 


» La loupe de l’auteur était d'un pouvoir trop faible pour ré- 
véler aucun caractère distinctif chez les individus composant ces 
colonies, et nous ne pouvons rien dire de leur être vivant étudié 
au microscope; nous avons attendu le développement de quelques 
statoblastes pour déterminer cette espèce. La mort d’un certain 
nombre de colonies, dans la vase où elles avaient été placées, 
rendit, pendant l'hiver dernier, plusieurs lavages nécessaires 
pour enlever l'eau de macération et la matière corrompue. 
Dans ces circonstances, les statoblastes ont été recueillis sur un 
tamis. 

» L'hiver passé, avril et mai arrivés, voyant que rien ne germait, 
nous étions sur le point de tout jeter, quand nous avons heureu- 
sement découvert plusieurs colonies embryonaires, attachées aux 
parois latérales du vase. Elles consistaient en un où huit Poly- 
pides et offraient une particularité constante. 

» Le cæœnœcium vu latéralement peut être comparé à un soulier ; 
les cellules cœnœæciales occupent seulement, plus ou moins, la 
portion élevée; l’autre extrémité est toujours prolongée en ma- 
nière de chaussure, depuis la forme actuelle jusqu’à celle que les 
Chinois considèrent depuis des siècles comme le type de la 
beauté. Cet aspect est très remarquable, mais comme nous 
sommes dans l'impossibilité de comparer ces jeunes colonies avec 
celles du même àge des autres espèces, j'hésite à les déclarer 
d’une nouvelle espèce. Dans les dernières éclosions, cet aspect 
était beaucoup moins saillant, et dans les stages les plus avancés 
des colonies les mieux développées, la prolongation n’a plus 
de physionomie particulière. 

» Une fiole contenait une quantité de statoblastes que nous sup- 
posions avoir perdu leur vitalité par suite de l'entassement. Nous 
les avons lavés sur un tamis et placés dans un demi gallon d'eau 
(25950). Environ, dix jours après, nous avons été récompensé en 
les retrouvant germés par groupes, la surface de l’eau était tache- 
tée par de pelits groupes flottants avec leurs disques placés supé- 
rieurement, les têtes des Polypes et les beaux panaches tentacu- 
laires pendant et étendus au-dessous. 

» En examinant sous le microscope quelques statoblastes, soli- 
dement tenus ensemble par leurs épines marginales, nous les 
avons trouvés tous dans le premier état de leur développement; 
cette conservation était due sans doute à leurs longues cellules 
cornées qui ont probablement caché le principe conservateur à la 
vie, sous l'enveloppe chitineuse de leurs valves, d’où il a été 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 171 


chassé à droite et à gauche, amenant ainsi le jeune animal à la 
nouvelle phase qu’il. doit traverser. 

» Les statoblastes, comme dans les autres espèces de ce genre, 
sont orbiculaires, d’une couleur rouge brune, relativement épais, 
avec un anneau marginal arrondi, et une double série de crochets 
rétenteurs. 

» Les derniers s'étendent, d’une ligne membraneuse circulaire, 
jusqu'auprès de la circonférence du corps chitineux, à l’un des 
côtés ; ils sont réfléchis sur le bord, tandis que ceux qui appar- 
tiennent à l’autre côté, se recourbant brusquement, entourent 
une partie de l’anneau et rayonnent dans le plan équatorial; leur 
surface est rugueuse, ou finement granuleuse. Il y a peu de diffé- 
rence entre les diamètres, ou les degrés de convexité des faces 
du statoblaste, si ce n'est que les crochets les plus longs sont 
ordinairement fixés à la plus grande face, dont la courbure est 
régulière, tandis que l’autre face a une convexité plus marquée 
vers le centre. La portion chitineuse est composée de petites cel- 
lules hexagones, dont les surfaces externes paraissent être con- 
caves ou déprimées, mais leurs bords sont relevés ça et là vers 
leurs angles en papilles épineuses, avec les sommets arrondis, 
plus nombreux près de la circonférence du statoblaste. 

» Quand le développement de l'embryon commence, les faces ou 
valves sont forcées sur les bords où elles se séparent toujours à 
la même place; la totalité de l’anneau restant fixée, comme il a 
été dit, tandis que l’autre se détache en dessous comme une boîte 
à pilule se détache de son couvercle. Ce fait forme un contraste 
frappant avec la façon dont les valves se séparent chez la Pecti- 
natella comme le montre le diagramme ci-joint, fig. 212-213. 

» Le bord arrondi du cæœnœcium demi-transparent paraît main- 
tenant, il sort lentement lui-même de telle sorte qu’en quelques 
heures, le premier Polypide projette ses tentacules rudimentaires. 
Au commencement, et pendant plusieurs jours, le cœnœcium est 
presque rempli par des corpuscules de matière vitelline, opaques 
à la lumière transmise, et jaunâtres à la lumière réfléchie; ils 
sont fréquemment réunis en groupes sphériques, et on peut en 
voir accidentellement un ou plusieurs dans le courant circula- 
toire, ou, après une violente révolution, poussés probablement 
par des cils vibratils à l’intérieur du cœnœæcium. Ces masses gra- 
nuleuses adhèrent à l'estomac et aux autres organes internes, 
obscurcissent leurs bords et rendent presqu'impossible la décou- 
verte de l'apparition des Polypides secondaires; ceux-ci, cepen- 


172 J. JULLIEN 4 


dant, suivent plus rapidement le premier qu'on ne le croit, et plu- 
sieurs têtes apparaissent avant la séparation des valves des 
statoblastes. 

» Les tentacules du premier Polypide sont généralement beau- 
coup mieux développés que ceux des suivants, leur taille indique 
un plus grand état de maturité. L'effet de l’action ciliaire est cer- 
tainement évidente avant la maturité des tentacules, mais les cils 
eux-mêmes sont petits et difficiles à définir. Les corps granuleux, 
et les groupes qui obscurcissent le cæœnœæcium, sont résorbés gra- 
duellement ou, en quelques cas, éliminés, restant en dernier lieu 
dans la projection caudale d’où ils disparaissent enfin entière- 
ment. 

» Le cœnœcium entier devient alors d’une belle transparence, 
qui ne permet cependant pas de voir clairement la structure des 
Polypides, même quand ils sont rétractés, mais les contours 
délicats des nombreux muscles rétracteurs peuvent être réelle- 
ment tracés depuis leurs connexions avec l'estomac et les bran- 
chies jusqu’à leur insertion sur le disque ou portion postérieure 
de l’endocyste. Le fait que l'insertion de ces muscles à lieu pres- 
qu’en ligne parallèles ou rayonnantes sur le disque du cœnœæ- 
cium peut rendre compte du terme employé par les écrivains qui 
parlent des cellules du cœnœcium; mais il n’y a pas ici de parois 
cellulaires, et quand ils sont entièrement rétractés, les estomacs 
des Polypides passent à travers les lignes des filaments muscu- 
laires et reposent partout où ils peuvent trouver place. Cette 
difficulté de trouver place pour leurs diverses personnalités est 
souvent l’occasion d'une grande gêne pour eux, et d’un véritable 
amusement pour l'observateur, lequel, quand une colonie est 
troublée, verra les premiers Polypides se retirer avec l'apparence 
d'une grande facilité, tandis que les derniers se débattent pour 
se replier eux-mêmes, dans un lit où six ou huit sont déjà cou- 
chés; les poussées, les secousses répétées sont nécessaires avant 
qu'ils puissent finalement se cacher, comme ils paraissent le dé- 
sirer en tirant ensemble la couverture transparente de l'endocyste, 
au-dessus de leurs têtes. 

» Les cellules de la couche externe de l’endocyste sont plus 
grandes et plus profondes dans ce genre que les séries corres- 
pondantes chez la Pectinatelle. Dans ces deux genres elles parais- 
sent être du même caractère, sur toute la surface du cœnœæcium ; 
il n'y a pas, sur la surface inférieure, la disposition de l'appareil 
locomoteur, décrite par Allman, pour la Cristatella mucedo. Dans 


* LU Lt: 
MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D EAU DOUCE 113 


les deux genres aussi, avec un bon éclairage, et sous un fort 
grossissement, on peut découvrir les lignes délicates du tissu 
musculaire transversales et longitudinales, formant les troisième 
et quatrième couches des séries du professeur Hyatt, elles sont 
visibles aussi sous la plus mince couche cellulaire du Polype 
évaginé. 

» On admet généralement que l’ectocyste qui, chez la Pectina- 
telle forme une masse de matières gélatinoïdes s’épaississant cons- 
tamment, se trouve dans ce genre rejeté au-dehors, comme une 
fugitive tunique, ou plus souvent comme une couche inerte qui 
supporte les colonies, et sur laquelle leur locomotion s'effectue. 
Lorsque dans mon aquarium les jeunes colonies se sont débar- 
rassées des statoblastes flottants, elles restent, comme nous l'avons 
déjà dit, avec leur disque à la surface de l’eau, une membrane 
délicate et invisible s'étend sur cette surface, réunissant les co- 
lonies voisines et formant une base de support, sur laquelle elle 
ne paraissent pas se mouvoir volontairement. A l'état normal 
dans un cours d’eau ou un étang, le vent, les courants les pous- 
sent bientôt vers quelqu'objet solide sur lequel ils se fixent, et 
qu'ils habitent. Nous l'avons déjà dit, aucune aptitude spéciale 
n'existe pour faciliter la locomotion de ces colonies, et comme 
sous ce rapport leur puissance est inappréciable, l’auteur hésite 
à décider si elle est exercée volontairement et avec raisonnement, 
ou bien si elle est le résultat accidentel des contractions et des 
expensions fréquentes des muscles rétracteurs, troublant la posi- 
tion des diverses parties du disque. Ceci nous paraît plus plau- 
sible, n'ayant pu trouver chez cetle espèce aucune méthode de 
préhension dans les colonies, mais seulement une cohésion géla- 
tineuse ou visqueuse à l’ectocyste. 

» À maturité, dans cette espèce, l’évagination du Polypide est 
complète ; elle ne laisse non seulement aucun pli invaginé, mais 
elle montre la totalité du système digestif du Polype à une cer- 
taine distance au-delà de la surface du cœnœcium. La longueur 
totale de l'appareil digestif est plutôt moindre que celle des bras 
du lophophore, environ égale à celle des tentacules externes. Ces 
derniers, moins nombreux que dans aucune espèce déjà décrite, 
varient de 50 à 60. Dans la plus grande majorité des têtes de Po- 
lypes examinés, le nombre des tentacules était de 54, moins fré- 
quemment il y en avait 56, 58 et 60 ; je n'ai trouvé ce dernier 
nombre qu'une seule fois. D'un autre côté les grappins des stato- 
blastes sont plus nombreux que dans Cristatella ophidioïdea, à peu 


174 J. JULLIEN 


près les mêmes que dans les autres espèces. Jusqu'à présent, ce 
genre comprend trois espèces, Cristatella mucedo G. Cuvier, Eu- 
rope, Cristatella Idæ Leidy et Cristatella ophidioïdea Hyatt, qui sont 
américaines. Les différences qui les séparent ne sont pas consi- 
dérables et il est permis de se demander si toutes ne pourraient 
pas être réunies sous le premier titre. Dans la situation actuelle 
on peut voir que l'espèce nouvellement découverte est au moins 
aussi nettement différente des anciennes, que celles-ci le sont 
les unes des autres. C’est à cause de cela que je la nommeraï 
provisoirement Cristatella lacustris. » 


2e S.-class. BRYOZOAIRES INFUNDIBULÉS. 


Bryozoaires dont la couronne branchiale forme une cloche ré- 
gulière. 


jre Fam. PALUDICELLIDÉES Allman, 1885. 


Zoæcies cornées, lagéniformes, à orifice tubuleux se dressant à 
angle droit sur la portion rampante; le Polypide possède deux 
funicules gastriques dont le supérieur aboutit à l'ovaire et l'infé- 


rieur au testicule. 
Allman a donné cette famille sans la définir; elle ne renferme 


encore qu’un seul genre. 

Parmi les autres Bryozoaires infundibulés, cette famille doit se 
placer à la suite de celle des Valkeridæ, dont elle diffère par son 
double funicule, et par l'absence des soies à l'orifice. 


Genre PALUDICELLA P. Gervais, 1836. 


Zoæcies naissant bout à bout, et encore bourgeonnant latérale- 
ment. 


Synonyme : 
Alcyonella Ehrenberg, Norman. Allman, Thompson, Johnston, Hancock. 
Paludicella P. Gervais, Van Beneden, Leidy, Potts. 


Paludicella Ehrenbergi Van Beneden 1848, 
Fig. 239 à 243. 


Zoæcies disposées bout à bout, avec un processus anastomo- 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 175 


tique à la région inférieure de la grosse extrémité, séparées l’une 
de l’autre par des cloisons complètes; orifice tubuleux situé en 
avant de la portion renflée, et lais- 
sant sortir un Polypide pourvu d'une 
cloche régulière de seize tentacules ; 
ces zoœcies forment des soaria li- 
néaires, d’un brun plus ou moins 
foncé, ramifiés, rampants et portant 
des branches nombreuses disposées 
en petits buissons. Reproduction par 
œufs, statoblastes (?), bourgeonnement et hybernacles. 


Synonymie : 


Alcyonella articuluia Ehrenberg, 1831. | Paludicella Ehrenbergi Van Beneden 

Alcyonella diaphan a Nordmann. Allman, Parfitt. 

Paludicella articula P. Gervais, Allman, | Paludicella procumbens Hancock. 
Thompson, Johnston. Paludicella elongata Leidy. 


Localités : Sur les corps immergés et fixes, dans les eaux dor- 
mantes ou d’un cours peu rapide, elle est lucifuge. 

Européenne et Américaine, on la 
trouve en France aux environs de 
Paris ; P. Gervais l’a rencontrée dans 
l'étang du Plessis-Piquet; je l’ai pê- 
chée abondamment dans le lac d’En- 
ghein en 1882 avec la Plumatella repens 
et la Fredericella sultana, mais je ne 
l’ai pas trouvée en Bourgogne dans 
les montagnes du Charollais. Elle 
existe encore en Angleterre, en Ir- 
lande, en Écosse, en Prusse, en Bel- 
gique, dans les grands lacs de la 
Suisse et de l'Italie septentrionale, on 
la trouve en Russie et Leidy l’a dé- 
couverte aux États-Unis, où il l’a dé- 
crite et figurée sous le nom de ?. 
elongata. 

Cette espèce a été découverte par Ehrenberg aux environs de 
Berlin, en 1831, il en donna la description dans Symbolæ physicæ, 
Dec. I, pol. fol. 4. Quelques années après d’autres naturalistes la 
trouvèrent également sur différents points; mais P. Gervais en 


176 J. JULLIEN 


fit le genre Paludicella qui a été accepté depuis. Van Beneden a 
observé qu'à la fin de l'automne, on voit se produire à la place où 


1 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE, 177 


se forment les bourgeons, c’est-à-dire de chaque côté de l’orifice, 
un hybernacle qui conserve l'espèce pendant l'hiver. Les hyber- 
nacles de Van Beneden se montrent au commencement de l'hiver, 
ils sont semblables aux bourgeons mais pourvus tout autour d'une 
membrane solide. Ils n’ont pas cette régularité dans le volume 
et la forme que présentent les statoblastes des autres genres, ils 
sont toujours fortement comprimés, leur contour varie et les 
uns sont beaucoup plus allongés que les autres. L’extrémité est 
toujours terminée en tubercule arrondi. Ils sont d’un noir grisâtre, 
couleur qui contraste avec celle du zoarium. Ils se composent 
d'une enveloppe assez solide, dans l’intérieur de laquelle on voit 
des globules ou cellules semblables aux cellules du vitellus. Cette 
enveloppe se divise au printemps en deux valves qui se séparent 
sur le bord et qui forment le commencement du zoarium. On voit 
poindre alors le Polypide au milieu, et souvent on trouve encore 
en Été les débris de l’hybernacle, qui font connaître le point de 
départ du pied polypiaire (1). 

E. Parfitt (2) prétend avoir découvert les statoblastes de la 
Paludicelle, il les décrit ainsi : « Le bord forme une ellipse très 
allongée, la cellule est très petite si on la compare avec sa très 
large bordure, plan-convexe; la cellule est rouge-brun, l'anneau 
ou la bordure d’un pourpre-bleuâtre, superbement réticulée et 
réfléchissant les couleurs du prisme. Il y en a trois dans chaque 
cellule, disposés bout à bout ». 

A ces différents moyens de reproduction, on doit ajouter les 
œufs véritables. Ces œufs sont produits par l'ovaire. Ce dernier 
organe termine le funicule supérieur de l'estomac, tandis que le 
funicule inférieur aboutit au testicule. Le funicule ovaire a été 
découvert par Allman; j'en ai parfaitement constaté l'existence 
sur mes exemplaires du lac d’'Enghein. 

Les touffes de Paludicelle ressemblent à un réseau de petites 
racines rousses embrouillées. 


Paludicella erecta Ed. Potts, 1884. 
Zoæcies disposées pêle-mêle, plus ou moins soudées entre elles, 


(1) Dumortier et Van Beneden, Histoire nat. des Polypes composés d'eau douce. 
Mém. Acad. de Bruxelles, IX, 1850. Tirage à part, p. 51. 
(2) E. Parfitt, On two new Species of Freshwater Polyzoa. Ann. and Magaz. of 
nat. Hist., (3), XVIII, 1866, p. 171. 
12 


178 J. JULLIEN 


portant leurs orifices à l'extrémité de longs tubes toujours libres, 
dépassant 2"; elles forment des zoaria rampants, que les orifices 
rendent hérissés comme la surface d’une coque de chàtaigne; 
Polypides pourvus de 19 à 21 tentacules, mais plus souvent de 
20. Reproduction par œufs et bourgeonnement. 

Habitat. Rivières et ruisseaux des États-Unis, Amérique septen- 
trionale, sur les pierres. 

Localité. Tacony Creek, comté de Montgomery (Pensylvanie), 
et dans les rivières Delaware et Schuylkill près de Philadelphie. 

Voici la traduction de la note lue par Potts à l’Académie des 
Sciences naturelles de Philadelphie : 

« M. Edward Potts (1), fait une communication sur sa récente 
decouverte d’une nouvelle espèce de Paludicelle, qu'il nomme 
Paludicella erecta. 

» Ce genre de Bryozoaires d’eau douce ne contient, jusqu'à 
présent, que la Paludicella Ehrenbergi Van Beneden (Alcyonella 
articulata Ehrenberg); les deux autres noms, P. procumbens et 
P. elongata, donnés par Albany Hancock et le Prof. Leidy étant 
considérés, par Allman, comme identiques au type original. La 
forme présente est absolument différente de l'ancienne par le 
nombre des tentacules ciliés et par les caractères des cellules 
cænœæciales. Un certain doute a existé dans l'esprit de l’auteur 
sur cette espèce, en raison de la détermination difficile des septa 
caractéristiques entre les cellules, par le fait de leur absence 
apparente, absence pour laquelle on ne doit pas établir un nou- 
veau genre. 

» Elle a été, d'abord, découverte à Tacony Creek, dans un ruis- 
seau du comté de Montgomery (Pensylvanie), à environ cinquante 
pieds au dessus de la basse mer (Tide water). Quelques jours 
après, elle a été aussi recueillie aux limites des basses eaux, dans 
les rivières Delaware et Schuylkill près de Philadelphie. A la pre- 
mière localité, elle a été trouvée en abondance dans des cavités 
parmi les rapides du courant, couvrant fréquemment la surface 
des pierres, à une profondeur d'un pied au plus, sur une surface 
de plusieurs pouces carrés. Les terminaisons verticales des cel- 
lules cœnœæciales dans les parties serrées des colonies, ont envi- 
ron une ligne de hauteur (2vm224), et, s'étendant très pressées, 


) Ed. Potts, On Paludicellu erecta. Proceedings Acad. nat, Sc. Philadelphia, 
p. 213, 5 august 1881. — Ibid,, in Ann. and Magaz, nat. Hist., (5), XIV, p. 437. 
Décembre 1881. (Miscell). 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 179 


peuvent se comparer à la surface d'une coque de châtaigne. Dans 
les rivières, on la trouve pénétrant les masses des éponges en- 
croûtantes, particulièrement de la Meyenia Leidyi. 

» Ces petits tubes droits sont les prolongements chitineux de 
cellules renflées très irrégulièrement, adhérant en désordre et 
serrées au support de la colonie, s’entrecroisant et s'anastomosant 
d'une façon incompréhensible, par des rhizomes enchevêtrés, 
quelquefois d’une longueur relativement considérable. 

» Ils sont le plus souvent simples et terminaux, parfois ramifiés ; 
ils naissent fréquemment d'une partie latérale quelconque d'une 
cellule. Les prolongations tubuleuses sont toujours isolées; le 
polype invaginé se retirant dans la partie renflée de la cellule. 

» Dans les rhizomes on rencontre quelquefois les septa près de 
l’'anastomose des premiers avec la portion renflée des cellules. 
Les extrémités supérieures des cellules qui paraissent avoir été 
formées les dernières sont plus allongées que celles de leurs voi- 
sines plus anciennes, subclaviformes ou fusiformes et arrondies 
à l'orifice. Les autres sont cylindriques ou légèrement élargies en 
bas, et plus courtes que les premières à cause de l’invagination 
de la portion terminale de l’ectocyste. Il en résulte une apparence 
anguleuse de l’orifice, ordinaire dans la plus vieille espèce; mais 
tandis que celle-ci est généralement quadrangulaire, la nôtre 
a fréquemment cinq pans ou plus. Les cellules les plus jeunes 
sont ordinairement transparentes, elles brunisssent avec l’âge et 
deviennent quelquefois encroûtées de particules adhérentes, amas- 
sées par des parasites tels que Limnias, Pyxicola, etc. 

» Les Polypides sont craintifs, mais ne redoutent pas la lumière; 
quand on ne les trouble pas, ils restent longtemps étalés sous 
une grande clarté, à l'éclairage microscopique. On voit alors, que 
le lophophore est circulaire, sans épistome, supportant ordinai- 
rement vingt tentacules, prenant la forme d’un verre à bon vin, 
quand il est étalé. (J'ai compté avec doute dix-neufet vingt et un 
tentacules, tandis que le nombre que j'ai indiqué est le plus fré- 
quent; la P. Ehrenbergi est universellement considérée comme 
n’en portant que seize). Une particularité des tentacules est la 
présence, sur la ligne médiane externe de chacun d'eux, de séries 
peu rapprochées de cils vibratils, contrastant énormément avec 
les mouvements rapides des autres cils qui les environnent. 

» La reproduction par œufs de ce Polype a été obtenue, et les 
particularités de sa structure interne sont réservées pour une 
étude prochaine. Si les résultats sont salisfaisants, nous les pu- 


180 J. JULLIEN 


blierons dans une autre note. L'observation simultanée de cette 
espèce dans trois localités distinctes et son abondance dans cha- 
cune, indique qu’elle est probablement commune; il est surpre- 
nant qu'on ne l’ait pas encore étudiée. » 


Je Fam. HiscopipéEs Mihi. 


Zoæcies cornées, aplaties, plus ou moins arrondies sur leurs 
bords ; paroi latérale épaisse entourant une area fermée d'une pel- 
licule mince et cornée. Zoaria ramifiés ou lamelleux, mais tou- 
jours rampants et fortement adhérents aux corps qui les suppor- 
tent. 

Cette famille renferme mon genre Norodonia (1) et le genre His- 
lopia (2) de H.-J. Carter. C’est par erreur que j'avais, tout d'abord, 
pris le genre Norodonia pour un Chéilostomien, l'orifice zoæcial de 
mes exemplairés avait été déformé par la dessication du zoarium. 
Cette famille est établie sur des espèces toutes Asiatiques jusqu'à 
présent. 


Genre NORODONIA J. Jullien, 1880. 


Zoæcies cornées, rampantes, adhérant fortement aux corps 
immergés, naissant les unes des autres au-dessous du sommet 
pour former des séries linéaires; axe primitif du zoarium fournis- 
sant rapidement des axes secondaires, tertiaires, etc., ils appa- 
raissent au niveau du tiers supérieur de la zoæcie, tantôt d’un 
seul côté, tantôt sur les deux; paroi latérale épaisse, soutenant 
une area membraneuse délicate près du sommet de laquelle se 
trouve l'orifice. Polypides inconnus. 

J'ai dédié ce genre à S. M. Norodon I*', ex-roi du Cambodge, en 
souvenir de sa généreuse assistance pendant ma mission de 1873 
à 1874. 


(1) Guide du Naturaliste, 2’ année, n° 5, p. 112, 15 mars 1880, Bull. Soc Zool. de 
France, 1880, p. 77. 

(2) Description of a lacustrine Bryozoon allied to Flustra, Ann. and Mag. of nat, 
Hist., 1858, (3), I, p. 169. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 181 


Norodonia Cambodgiensis J. Jullien (1). 
Fig. 244 à 245. 


Zoæcies cordiformes, trapues, pédonculées à la base, fond plus 
large que le sommet, orifice subquadrangulaire, parois latérales 
épaisses et continues sur tout le pourtour. Area lisse et unie, pé- 
nétrant jusqu’à la cellule inférieure par le pédoncule qu’elle re- 
couvre. Mesurées dans leurs grandes dimensions, les zoœcies ont 
environ 060 de large sur 0""85 de long. Ces zoϾcies forment des 
zoaria où colonies d’un brun foncé, rameux, dont l’area desséchée 
brille comme la trace d’une limace sur un mur. 


NZ 


NA 


1ë 


Fig. 214-245. 


J'ai trouvé cette espèce sur un morceau de bois fossile, au bord 
du Mékong le 9 février 1874, à la pointe de l’île Co-Kaû. Cette île 
est située à deux heures de barque au-dessus du village Péam- 
Siam-Boc qui établit la limite du royaume du Cambodge et du 
royaume de Siam sur la rive droite du Mékong. J’ai encore 
recueilli cette espèce dans l’arroyo de Peam-Chelang (Cambodge), 
où elle s'était fixée sur le processus aliforme qui surmonte la 
charnière de l’Unio delphinus Lea. Jel’ai encore rencontrée dans la 
collection de M. A. Bouvier sur la surface externe et antérieure 


(1) Guide du Naturaliste, loc. cit., et Bull. Soc. Zool. de France, 1880; p. 77 et 
FÉES JR 67 


182 J. JULLIEN 


d’une coquille d'eau douce de la Chine, la Symphinota bialata Lea 
qui se trouve aux environs de Canton. 


Norodonia Sinensis J. Jullien (1), 1880. 
Fig. 246 à 247. 


Zoæcies cordiformes, allongées, aplaties, ventrues au milieu, 
pédonculées à la base, s’effilant aux deux extrémités, surtout au 
sommet; orifice arrondi ou oblong; parois latérales épaisses deve- 
nant très minces tout autour de l'orifice, continues dans toute la 
région inférieure de la zoæcie; area lisse ne s'étendant pas jus- 
qu'à la zoæcie inférieure, portant en son milieu une sorte de jetée 
qui commence à l'ouverture dont elle forme la lèvre inférieure 
pour se terminer en pointe aigue au niveau du quart postérieur du 
diamètre longitudinal. 


LIT 


Fig. 216-247 


Mesurées dans leurs grandes dimensions, les zoæcies ont envi- 
ron 0®%55 de large sur 1"" de long. Ces zoæcies forment des z0a- 
ria blonds et rameux. 

J'ai découvert celte espèce dans la collection du Muséum de 
Paris à l’intérieur d'une Anodonta securiformis Say, rapportée de 
la province du Ngan-Houï, Chine, par le R. P. Eudes. 


(1) Guide du Naturaliste, 2° année, n° 5, p. 102, 15 mars 1880 et Bull. Soc. Zool. 
de France, 1880, p. 78 et 9, figs. 1, 2 et 3. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 183 


Genre HISLOPIA J. Carter, 1858. 


Zoæcies cornées, rampantes, aplaties, à paroi antérieure mince 
et transparente, à parois latérales plus épaisses, percées de deux 
à quatre trous stolonifères ; formant sur les surfaces lisses des 
zoaria quelquefois linéaires, mais le plus souvent sans arrange- 
ment défini. Orifice subquadrangulaire avec une épine assez forte 
à chaque angle. Polypide pourvu d'environ seize tentacules, avec 
un pharynx pyriforme et glanduleux, un gésier globuleux, un 
estomac en cornemuse et un gros intestin glanduleux; ces orga- 
nes sont alliés entre eux par de simples tubes qui constituent 
l’æœsophage, reliant le pharynx au gésier, le pylore reliant l’esto- 
mac au gros inteslin, et le rectum qui termine l’appareil digestif. 


ITislopia lacustris H.-J. Carter 1858. 
Fig. 248 à 250. 


Mêmes caractères que ceux du genre. 

Syn. Æislopia lacustris (1) H.-J. Carter. 

Habitat : Mares d’eau douce ne se 
desséchant jamais, sur Paludina 
bengalensis, et surles tiges de plantes 
aquatiques. 

Localité : Nagpoor, Inde centrale. 

Voici la traduction du texte de 
Carter : « Ce qui suit est la descrip- 
tion d'un Polypidome que m'a en- 
voyé le pasteur Hislop ; il l’a trouvé 
pour la première fois en Avril der- 
nier, magnifiquement développé sur 
la Paludina bengalensis et sur les 
tiges de diverses plantes aquatiques 
dans une mare d’eau douce près de 
Nagpoor, Inde centrale. Cette forme Fig. 248. 
me paraît appartenir à la classe des 
Bryozoaires; étant encroûtante et dépourvue de substance cal- 
caire dans le squelette, nous en ferons le type d'un nouveau 


(1) H.-J. Carter, Description of « lacustrine Bryozoon allied to Flustra. Ann. and 
Magaz. of nat. History, (3). I, p. 169, 1858, pl. vir. 


184 J. JULLIEN 


cenre pour lequel nous proposons le nom ZZislopia en l'honneur 
du gentleman mentionné ci-dessus. 

» Il diffère des Flustres par la forme et la disposition des cel- 
lules, il n’est pas dressé; et des Membranipores et Lepralies en 
n'étant point calcaire; mais il se rapproche des Flustres par ce 
dernier caractère, et des Lepralia en étant rampant, surtout avec 
la subdivision qui porte des épines orales sans autre appendice 
externe. 

» Heureusement les échantillons dans l'alcool, que j'ai reçus, 
me sont arrivés dans un état de conservation suffisant pour me 
permettre de les décrire non seulement avec le Polypier ou sque- 
lette, mais encore avec l’animal. 


» Hislopia lacustris n. sp., pl. VIT, figs. 1-3. 


» Polypier corné-membraneux, dépourvu de matière calcaire. 
Cellules irrégulièrement ovales, 
aplaties, s'étendant en bourgeon- 
nant sur des surfaces lisses, quel- 
quefois linéairement, mais le plus 
souvent sans arrangement défini. 
Orifice subquadrangulaire, sup- 
porté par un col circulaire fermé 
par quatre valves triangulaires dont 
les postérieures sont les plus gran- 
des; surmontées par une bordure 
cornée saillante, sur les angles de 
laquelle se dressent quatre épines; 
bord postérieur moins saillant que 
le reste, ce qui permet une conti- 
nuité presqu'ininterrompue entre 
la grande valve ou lèvre et la por- 
ion membraneuse de la cellule’ 
Bord de la cellule corné, percé de 
Fig. 249. deux à quatre trous stolonifères. 
En moyenne, la plus grande lar- 
geur d'une cellule est de 0mw747 et la plus grande longueur 0""875. 
» Habitat : Mares d'eau douce qui ne se dessèchent jamais, sur 
Paludina bengalensis et sur les tiges de plantes aquatiques. 
» Localité : Nagpoor, dans l'Inde centrale. 
» Animal: Contenu dans un sac membraneux qui double la 
cellule et qui communique avec deux ou quatre cellules voisines 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 185 


par des stolons à travers les trous déjà mentionnés, savoir : pos-- 
térieurement avec la cellule mère, antérieurement et latéralement 
avec des cellules filles. Bouche triangulaire, bordée par les valves 
mentionnées, conduisant dans une gaîne buccale délicate et trans- 
parente, plissée antérieurement, au fond de laquelle (quand elle 
est retournée) se trouve l’orifice de lagorge surmonté par seize (?) 
tentacules. Pharynx pyriforme, présentant une couche de cellules 
ou de pellicules internes, s'étendant du commencement de l’œso- 
phage, lequel est étroit, long et replié sur lui même. Après l’œso- 
phage vient un corps globuleux et dilaté appelé le gésier, qui est 
très épais, présente deux corps chitineux, linéaires, internes, et 
s'ouvre par une large bouche dans la moitié pylorique d’un grand 
estomac irrégulièrement ovoïde. Estomac entièrement doublé par 
une couche de cellules hépatiques, et contracté près de son ex- 
trémité pylorique où il se continue avec l’in- 
testin grêle. Intestin grêle court, suivi par une 
portion globuleuse, quelquefois elliptique et 
dilatée (correspondant au gros intestin des 
animaux supérieurs) (?), également doublée 
par des cellules, mais différant en apparence 
de celles de l'estomac; se terminant par une 
portion rectale contractée qui s'ouvre dans 
la gaîne buccale (quand elle est rentrée). 

» Observations : Outre le muscle rétracteur, il y en a d’autres 
qui vont de la membrane interne de la cellule, et probablement dé 
la cellule elle-même, aux différents organes viscéraux ; mais leur 
déchirure produite par l'esprit de vin, dans lequel je les ai reçu, 
prévient contre ma description et contre mes dessins. La cavité 
péritonéale aussi, dans plusieurs cas, renferme des groupes de 
cellules de différentes tailles et des corps fusiformes qui peuvent 
avoir été des éléments procréateurs; mais ne les ayant pas observé 
à l’état vivant, je ne puis en parler. Je n’ai pu découvrir ni testi- 
cule ni ovaire; pour la même raison, je n’ai pu établir sûrement 
le nombre des tentacules. Enfin, cependant, avec leur gaîne buc- 
cale délicate qui se trouve à différents états de sortie dans quel- 
ques cellules, il a été facile de voir que la portion plissée précède 
l'extension des tentacules, comme chez les autres Bryozoaires 
d’eau douce, et dans le genre Bowerbankia avec lequel notre 
espèce a beaucoup de rapports organologiques. » 


Fig. 250. 


156 J. JULLIEN 


EXPLICATION DES FIGURES. 


Fig. 1.— Plumatella repens. Zoarium corné, blond, très pâle, gaine à peu 
près dépourvue de macules cornées ; tentacules au nombre d’une cinquantaine 
environ. Un des polypides représentés, ici ne portant que 17 ou 48 tentacules, 
offrait cette curieuse particularité d’avoir les deux branches du lophophore sou- 
dées par leur bord interne. Cette anomalie avait entrainé l'arrêt de développe- 
ment des tentacules internes, ils n’existaient plus que sous la forme de verrues 
peu nombreuses sur le côté interne de l'espèce de crête de coq formée par les 
branches du lophophore. Je n'ai pu découvrir l'épistome sur ce polypide 
(Exemplaire de Saint-Christophe-en-Brionnais, mare de Fougères, 7 septembre 
1883). 


Fig. 2. — Plumatella repens. Polypide régulièrement développé ; vu de 
profil, et grossi 15 fois et demi {Saint-Christophe-en-Brionnais, 7 septembre 
1883). 


Fig. 3. — Plumatella repens. Polypide avorté dont les deux bras du lopho- 
phore ne sont pas soudés, mais sur lesquels les tentacules internes n'existent 
qu’à l’état rudimentaire sous la forme de petites verrues. 14,5/1 (Saint- 
Christophe-en-Brionnais, mare de Fougères, 7 septembre 1883). 

Fig. 4. — Urnatella gracilis. Disposition du zoarium et des zoæcies, quand 
on inquiète la colonie. 75/1. (D'après Leidy). 

Fig. 5. — Urnal. gracilis. Extrémité d’une branche portant une zoæcie 
étalée (dessin de Leidy, publié par Allman). 

Fig. 6.— Urn. gracilis. Vieux zoarium sur lequel s’est développé une 
zoæcie avec son pédicelle. Un bourgeon se développe sur ce dernier. 48/1. 
(D'après Leidy). 


Fig. 7. — Jeune Urnatelle ; chaque tige est formée d’un polypide et d'un 
simple pédicelle. 55/1. (D'après Leidy). 

Fig. 8. — Zoæcie d'Urnatella, montrant ses diverses parties. 120/1 (Leidy). 

Fig. 9. — Plumatella repens. Embryon de grandeur naturelle. Les plus gros 
très grossis sont représentés nageant. (D'après Allman). 

Fig. 40. — Embryon de PI. repens, contenant deux polypides retirés à 
l'intérieur. L’embryon est libre, il nage dans l’eau. (Allman). 

Fig. 41. — Embryon de PI. repens plus avancé, les polypides ont pres- 


qu'atteints leur entier développement. {Allman). 

Fig. 42, — Embryon de PL, rep., dont les polvpides sortent presque tout à 
fait de l’enveloppe. (Reinhard). 

Fig. 43 et 14. —— Embryons de PI. rep., encore plus développés que les 
précédents el montrant une sorte de prolongement caudal contenant sans doute 
des granulations vitellines qui vont disparaitre, (D'après Reinhard). 

Fig. 45. — Jeunes polypides d’un embryon de PI, repens, débarrassés de 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 487 


l'enveloppe larvaire. J'ai trouvé ce rudiment de colonie sous une feuille de 
Nymphea dans l’étang de Saint-Cucufa, près Saint-Cloud, 7 septembre 1884.— 
Dessin d’après nature. 

Fig. 46. — Alcyonella flabellum, Van Beneden. C’est une colonie de Pluma- 
tella repens née d'une larve comme celle que représente la fig. 15, et dont les 
zoæcies se sont soudées comme dans la variété alcyonelle ordinaire (d’après 
Van Beneden). 

Fig. 47 à 47. — Statoblastes libres de Plum. repens. Il y a là 37 formes 
différentes représentant les principales variétés de ces objets ; j'ai laissé 
pourrir dans l’eau des branches de fascines recueillies dans le lac d’Enghien 
au mois de juillet, j’ai obtenu ainsi des milliers de statoblastes libres qui ont 
servi à faire ces dessins. On peut voir que leur grande variabilité leur enlève 
tout caractère spécifique. 

Fig. 48 à 62. — Statoblastes adhérents de Plum. repens, recueillis sur les 
fascines qui ont fourni ceux des fig. 47 à 47. Eux aussi sont excessivement 
variables dans leur forme et dans leurs dimensions. 

Fig. 63. — Jeune colonie de Plum. repens dont les zoæcies sont en partie 
libres et en partie soudées. Van Beneden, auquel j'ai emprunté cette figure la 
donne comme une Aleyonella flabellum. Une écaille de statoblaste se voit à 
l'origine de la colonie. 

Fig. 64. — Plumatella repens. Polypide étalé et vu de trois quarts. Ce bel 
exemplaire a été dessiné à la chambre claire. Saint-Christophe-en-Brionnais, 
septembre 1884. 29,4/1. 

Fig. 65. — Plumatella repens, à forme jugale, développée sous une feuille 
de Nymphæa alba, détachée avec une aiguille à disséquer et retournée sans 
dessus dessous. Les polypides étalés ont été dessinés dans cette position qui 
permet d’en compter facilement les tentacules. Exemplaire assez typique des 
Nymphæa, recueilli dans l’étang de Brise-Miche, à Chaville, près Paris, le 
46 juillet 1884. 2,33/1. 

Fig. 66. — Federbusch-polyp Rœsel. Ce dessin, que j'ai emprunté à l'illustre 
naturaliste Allemand, représente une colonie de Plumalella repens, développée 
sur des lentilles d’eau (Lemna minor, ou plutôt gibba). Cette figure donnée en 
4755, est la première représentation de cette espèce, elle est assez bien réussie 
pour l’époque où elle parut ; on remarquera que l’auteur n'a pas distingué 
l’appareil digestif et qu’il s’est attaché surtout à la reproduction des lopho- 
phores. Les corpuscules dessinés autour des panaches représentent les infu- 
soires et les algues microscopiques dont ces animaux font leur nourriture en 
les attirant par leurs cils vibratils. 

Fig. 67 et 68. — Jeunes colonies de Plum. repens, développées de stato- 
blastes adhérents. Traitées par l'acide osmique faible, l’endocyste s’est coloré 
en noir ; on voit à l'extrémité de chaque branche une masse grisâtre qui 


188 3. JULLIEN 


représente le polypide terminal vu par dessous; la colonie ayant été détachée, 
avec précaution, de la branche qui la portait. Il m’a semblé que la forme 
alcyonelloïde de cette Plumatelle naissait surtout de statoblastes adhérents, ces 
derniers, plus volumineux que ceux restés libre, donnent certainement, au début 
de la colonie, des polypides plus vigoureux que leurs congenères. Lac d'En- 
ghien, 9 août 1883. 6,56/1. 

Fig. 69. — Alcyonella fungosa Pallas. Cette forme représente le développe- 
ment le plus énergique de la Plumat. repens. Ici tout le centre de la colonie 
est formé de tubes soudés entre eux dans leur longueur, les branches à forme de 
Plumatelle ne se voient que sur les bords, et les zoæcies y sont encore serrées. 
Ce dessin exécuté d’après une superbe photographie ne donne pas les détails 
infinis de cette dernière, la copie exacte étant presqu'impossible ; j'espère que 
celle-ci en donnera une idée cependant assez nette. La colonie n’entoure pas 
complètement le morceau de bois sur lequel elle s'est développée, elle s’amin- 
cit sur ses bords, d'où partent quelques petites branches isolées, Lac d'Enghien, 
8 juillet 4883. — Grandeur naturelle. 

Fig. 70.— Plumatella jugalis Allman. Colonie de Plumalella repens, ayant 
pour origine un statoblaste, dont les valves se voient encore sur la première 
zoœæcie ; les crêtes anales existent comme dans l’espèce anglaise, mais Allman 
n'ayant pas compris l’origine de sa colonie, en fit une espèce particulière, 
comme Van Beneden a créé l’Alcyonella flabellum pour le même motif. On 
remarquera dans cette colonie deux zoæcies beaucoup plus renflées que les 
autres ; ces deux zoæcies représentent la Plumatella Dumortieri d’'Allman ; 
cela fait deux espèces dans une même colonie ; sir Allman est trop généreux, 
on ne peut accepter sa manière de voir. Exemplaire recueilli à Saint-Christophe- 
en-Brionnais (mare de Fougères, 7 septembre 1883, sous une feuille de 
Potamogéton). 5/1. 

Fig. 74. Plumatella jugalis. — Exemplaire de Plumatella repens corres- 
pondant parfaitement à la P. jugalis d'Allman, Il provient d’une larve à deux 
embryons, telle que la représente les figs. 10-15. Toutes les zoœæcies portent la 
crête anale, elles semblent en faire une véritable espèce, une étude d'ensemble des 
diverses colonies de l’espèce, comme je la comprends, détruit cette manière de 
voir. Cette forme bourgeonne abondamment ; ici on voit une zoœæcie mère qui 
a produit quatre zoœæcies filles, cette énergie diminue progressivement, elle 
tombe à trois, puis à deux, puis à une et enfin reste stérile, Les statoblastes y 
sont très rares el très petits ; Allman n’en a jamais vu dans ses exemplaires ; 
le mien n’en contient qu'un seul, bien que la colonie ait été recueillie au mois 
de septembre, c’est-à-dire à une époque où les Plumatella repens sont toujours 
remplies de statoblastes parfaitement mûrs. Il existe donc là une sorte d'arrêt 
de développement, mais on voit que la forme en question peut naître aussi 
bien d'an slatoblaste que d'une larve. Saint-Christophe-en-Brionnais, mare 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 1x9 


de Fougères, 7 septembre 1883, sous une feuille de Potamogeton nalans ; dessin 
exécuté à la chambre claire d’après le zoarium mort et débarrassé de ses 
polypides par la putréfaction et le lavage. 5/1. 

Fig. 72. — Plumatella repens var. furcifer nobis. Curieuse variété dans 
laquelle la plupart des zoæcies possèdent une crête anale bifurquée sur le fond 
zoæcial ; la première fois que je la vis, je crus avoir une nouvelle espèce de 
Plumatelle ; mais il est certain qu’on se trouve encore là en face d’une simple 
variété, car il y a dans la même colonie des zoæcies dont la crête anale est 
simple, et des zoæcies dépourvues de crête anale. Je possède en outre d’autres 
colonies de la même région, à forme d’Alcyonelle, où la plupart des zoæcies 
ont la crête anale bifurquée. Ces dernières ont été trouvées dans le pré de 
M. Polette, derrière les bains de Saint-Christophe-en-Brionnais, elles couvraient 
la face inférieure des pierres d’une très grande mare, sur une surface plus 
large que celle des deux mains. Je n’ai jamais rencontré cette forme aux envi- 
rons de Paris. 

La colonie dessinée ici est fixée sur une feuille de Potamogeton nalans, elle 
vient encore de la mare de Fougères, près Saint-Christophe-en-Brionnais, où 
je l’ai pêchée le 7 septembre 1883. Les polypides avaient 50 tentacules, et 
l'estomac portait des lignes jaunes longitudinales. Les parois zoϾciales sont 
couvertes de grains quartzeux hyalins agglutinés ; la crête anale, très vigou- 
reuse, en est à peu près complètement dépourvue. 5/1. 

Fig. 73. — Plumatella repens. Superbe colonie dont le milieu est tout à 
fait Alcyonelle, tandis que les bords deviennent Plumatelle, en fournissant des 
rameaux isolés excessivement nombreux. Toute cette colonie paraît provenir 
d’un seul statoblaste ou d’une seule larve, car tous ses points rayonnent vers 
l'extérieur, sauf au milieu, où il n’y a pas de distinction possible. Les zoœcies 
portent presque toute la crête anale simple, elles sont très minces, et surpren- 
nent par leur petitesse. Cette forme en son milieu représente l’Alcyonella 
Benedeni d’Allman, mais elle redevient Plumatelle sur ses bords. Cetexemplaire, 
des plus intéressants, s’est développé sous une planche de chêne servant à laver 
le linge, restée immergée pendant toute l’année dans la mare du pré de 
M. Meaudre, derrière les bains de Saint-Christophe, où je l'ai pêché le 
& octobre 1884. 1/1. 

Fig. 74. — Pl. repens. Extrémité zoœæciale dans laquelle on aperçoit les 
tentacules d’un polypide au moment où l’animal va sortir de la zoœæcie. Au- 
dessus de lui on voit l’orifice contracté et maintenu rentré par les muscles 
monocellulaires pariéto-vaginaux postérieurs ou rétenteurs antérieurs, avec 
leurs noyaux. Au-dessous des tentacules commence la crête anale quise dirige 
en bas et à droile du lecteur. 

Fig. 75, — PI. repens. Muscles rétracteurs du polypide ; vus de haut 
en bas, on trouve d’abord les rétracteurs brachiaux, et au-dessous se voient 


190 J. JULLIEN 


les rétracteurs du lophophore. Observés sur un exemplaire de l'étang de Brise- 
Miche. 

Fig. 76.— Dessin schématique sur lequel on voit: la disposition tenta- 
culaire ; la bouche et son épistome ; le tube digestif tout entier ; le ganglion 
nerveux replié sur lui-même, près du sommet de l'œsophage ; les fibres mus- 
culaires pariéto-vaginales antérieures ; les fibres musculaires pariéto-vaginales 
postérieures ; et enfin l’endocyste transparent avec ses taches ovales de couleur 
blanc-bleuâtre à l’état normal. 

Dessiné d’après nature, sur un exemplaire de l’Étang de Saint-Cucufa, 
forêt de Marly (près Paris), 7 septembre 1884. 

Fig. 77. — Pl. repens. Calice des tentacules présentant une irrégularité 
sur son trajet. Même localité que la fig. 76. 

Fig. 78. — Pl. repens. Corps brun commençant à se former. On voit que 
l'estomac est le premier à se rétracter, puis les tentacules se flétrissent et 
enfin l'intestin. Le funicule relie le fond de l'estomac à l’endocyste pariétal, 
et porte des germes de statoblastes. Même localité que pour la fig. 76. 

Fig. 79. — PI, repens. Statoblaste venant d’éclore. Les écailles des stato- 
blastes sont séparées sur chaque jeune zoarium dont l'un, a, a son polypide 
étalé et l’autre, b, rétracté. (D'après Allman). 

Fig. 80. — PI. repens. Estomac pendant la digestion; des contractions 
vermiculaires énergiques renvoient alternativement les aliments de haut en bas, 
puis de bas en haut, dans l’espace situé entre le fond de l’estomac et la val- 
vule gastro-intestinale. Dans a, les aliments occupent le haut de cet espace, 
dans b, ils en occupent le fond. 1, œsophage; 2, intestins; 3, amas de matières 
fécales ; 4, bol alimentaire ; 5, estomac; 6, lignes jaunes longitudinales ; 7, funi- 
cule; 8, cardia ; 9, pylore ; 40, gésier. 

Fig. 84. — PI. repens. Végétaux des excréments d’une colonie à forme 
d'Alcyonelle, recueillie dans le lac d'Enghien, le # août 1883. On ne trouve 
là aucun débris d'animaux, ces derniers ayant été entièrement digérés. Plu- 
sieurs de ces végétaux sont déformés, la Chlorophylle ayant été écrasée ou 
déplacée dans les cellules. On y distingue des Oscillaires, des Diatomées, des 
Palmelles et beaucoup de Desmidiées, L’eau du lac est tellement chargée de 
ces plantes qu'elle en est tronble ; aussi les Bryozoaires trouvent-ils une nour- 
riture surabondante, et les colonies ÿ sont superbes. 

Fig. 82. — PI. repens. Le funicule est toujours latéral par rapport aux 
statoblastes ; il se fixe à la paroi de l’ectocyste par une dispersion fbrillaire ; 
il se contracte par saccades ; il s’allonge dans la sortie du polypide ; il reste 
toujours tendu, Sur sa longueur la place des statoblastes et du testicule est 
très variable, tantôt les statoblastes sont placés au-dessus du testicule, tantôt ils 
sont placés au-dessous. (Allman, Monog. Fresh. waler Polyzoa, pl. I, fig. 47). 

Dessiné d'après un exemplaire de l'étang de Saint-Cucufa, forêt de Marly, 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 191 


7 septembre 1884. 1, fond de l'estomac ; 2, funicule ; 3, statoblastes ; 4, ovu- 
les statoblastiques ; 5, testicule flétri; 6, terminaisons fibrillaires du funicule 
adhérant à l’endocyste. 

Fig. 83. — Pl. repens. Extrémité d'une zoœcie dont le polypide réduit 
presque à l’état de corps brun, c’est-à-dire où le ganglion æsophagien est 
aussi mort que tout le reste du polypide, est encore retiré au fond de la zoæcie 
par les contractions répétées du funicule et par celles des rétracteurs du poly- 
pide. Ces contractions successives et presqu'isochrones me paraissent être 
dues surtout au funicule, c’est d’ailleurs ainsi qu'il agit à l’état normal, Il est 
cependant à noter qu’il y a encore possibilité de mouvement dans les rétrac- 
teurs du polypide et dans le funicule même après la disparition du ganglion 
œsophagien; cela peut-il s'expliquer par la conservation de la vie dans des 
branches nerveuses du ganglion, après la mort de ce dernier ? Nous ne le 
pensons pas absolument, car chez les animaux on voit bien des organes sépa- 
rés des centres nerveux agités par des sortes de convulsions; ainsi, par 
exemple, la queue d’un Lézard, des lambeaux du manteau de certains Mol- 
lusques, etc., mais ces convulsions n'ont pas l’apparence intelligente de ce 
corps brun qui descend dans le fond de sa loge quand on agite le poly- 
pide. Il y a donc non seulement conservation de la contractilité, mais 
encore conservation de la sensibilité dans les parties charnues de la zoæcie 
après la mort du polypide et de son ganglion. Le corps brun dessiné ici était 
d’une couleur de miel jaune un peu foncée. Étang de Brise-Miche, près Cha- 
sible, 24 août 1884. — Dessiné d’après nature. 

Fig. 84. — PI. repens. Macules sclérodermiques disséminées à la surface 
de l’ectocyste transparent qui termine les zoæcies. Elles sont plus ou moins 
constantes et manquent souvent. Elles ont l’aspect chitineux de la zoæcie, 
Étang de Saint-Christophe-en-Brionnais, 4 septembre 4883. 200/1.— Dessiné 
à la chambre claire. 

Fig. 85. — Plumatella lucifuga. Larve provenant d’un œuf et déjà déve- 
loppée, d’après Allman. — Je n’ai jamais vu de larve de Plumatelle, mais si 
la fig. d’Allman est exacte, je puis certifier qu’elle n’est point caractéristique 
de son espèce, attenda que j'ai trouvé des colonies jugales (fig. 94), qui ne 
pouvaient avoir eu d’autre origine qu’une larve à deux polypides comme celles 
de la PI. repens. 

Fig. 86. PI. Allmani Hancock. Forme rampante de Plumaltella lucifuga 
du lac Bromley ; Hancock nous dit que ces colonies ne sont formées que de 
quelques zoæcies, dépassant à peine le nombre six ou huit, et qu’elles pro- 
viennent toujours d’un statoblaste dont la noire enveloppe reste adhérente. 
Allman reproche à Hancock de ne pas parler de l’entaille, si caractéristique 
selon lui, qui termine la crête anale en avant; Hancock donne bien son espèce 
comme carénée, mais la carène ne se termine pas par un élargissement, comme 


192 J. JULLIEN 


dans les variétés de PL. repens qui la portent, elle disparait par amincissement ; 
le reproche d’Allman n’a donc aucune portée, l'observation d'Hancock est bien 
correcte. La disposition claviforme des zoæcies est caractéristique de cette espèce, 
on peut s’en assurer sur mes dessins, mais elle est peut-être plus accentuée ici 
que sur les exemplaires ramifiés, où on la retrouve toujours plus ou moins 
nette, surtout postérieurement. La forme des statoblastes correspond encore à 
celle des statoblastes de la lucifuga. Les polypides portent 42 tentacules. On 
la trouve sous les pierres. — Exemplaire un peu grossi. (D’après Hancock). 

Fig. 87. — Colonie prise sur la figure 86 et grossie davantage. Deux poly- 
pides sont élalés ; mais celui qu'on voit de profil est dessiné ainsi par erreur, 
la crête anale n’aboutissant pas à l’anus du polypide en question. La zoæcie 
d’origine porte encore une des valves du statoblaste générateur. (D'après 
Hancock). 

Fig. 88. — Petite colonie ramifiée de Plumatella lucifuga, d’après Allman ; 
cet auteur l'appelle PI. fruticasa. Exemplaire dessiné plus grand que nature, 
Allman le donne cependant comme de grandeur naturelle. 

Fig. 89. — PI. lucifuga. Colonie superbement ramifiée, recueillie en par- 
fait état dans une petite mare derrière les bains de Saint-Christophe-en-Brion- 
nais, le 30 septembre 1883. J'ai trouvé là plusieurs colonies de la même 
forme ; quelques-unes pendaient au-dessous des pierres du mur immergé qui 
retient les terres autour de cette mare ; mais sous une petite touffe d’aulne, 
j'ai rencontré trois colonies contiguës, absolument verticales comme un arbre ; 
étaient-elles soutenues ainsi par les statoblastes dont les zoæcies sont pleines? 
C'est bien probable. — Dessiné d’après une photographie que j'ai tirée en 
plein soleil ; l’exemplaire était placé dans une petite cuve en glace à faces 
parallèles. Grandeur naturelle. 

Fig. 90, — Branche du même zoarium, dans laquelle les zoœæcies sont re- 
présentées avec les polypides en place, mais rentrés ; on distingue par trans- 
parence une quantité de statoblastes soit adhérents au funicule, soit libres de 
toute adhérence avec lui; les premiers polypides ont produit des chaines de 
sept statoblastes; ce nombre diminue progressivement dans les zoϾcies sui- 
vantes. On voit également des diaphragmes qui séparent les zoæcies ou les 
groupes zoϾciaux. 9,6/1. 

Fig. 91. — Plumatella fruticosa Allman. Petite branche de Plumatella luci- 
fuga, montrant un polypide étalé vu de profil, Le zoarium est caréné, la carène 
ou crête anale se terminant latéralement sur deux zoæcies. Quelques stato- 
blastes sont disposés sans ordre à l’intérieur des tubes. (D'après Allman). 

Fig. 92. — PI. lucifuga. Fragment de zoarium, portant cinq zoæcies à dif- 
férents degrés de développement. Les polypides rentrés dans leurs zoæcies 
sont ombrés pour montrer les détails de leur organisation ; chez les mieux 
développés on remarquera la brièveté des tentacules, relativement à l'estomac 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 193 


ou plutôt relativement à l'appareil digestif, ce dernier atteignant facilement 
une longueur presque double. Je signalerai encore dans ce dessin la valvule 
circulaire gastro-pharyngienne et la valvule en languette gastro-intestinale. 
D'après un exemplaire de Saint-Christophe-en-Brionnais (mare du pré situé 
derrière les bains), récolté le 30 septembre 1883. 14/1. 

Fig. 93. — PI. lucifuga. Fragment du même zoarium que celui de la fig. 92, 
portant sept zoaires à différents degrés de développement. — Dessiné en trait 
pour mieux préciser les détails. 44/1. 

Fig. 9%. — PI. lucifuga var. prolifera nobis. Curieuse variété où les zoæcies, 
quelquefois aplaties, bourgeonnent successivement sur un de leurs bords, tandis 
que la zoœæcie mère continue à se développer avec un superbe polypide, Cette 
colonie est jugale, c’est-à-dire qu’elle provient d’une larve à deux bourgeons: 
la fig. 85, que j'emprunte à Allman, n’est pas le moins du monde caractéristique 
de son espèce, elle prouve seulement que les larves de Plumatelle peuvent 
avoir un ou deux bourgeons à polypide. 

J'ai rencontré cette colonie dans l’étang de Brise-Miche, près de Chaville, 


le 24 août 1884, sur des feuilles de Potamogeton crispus. 6,97/1.— Dessinée à 
la chambre claire. 
Fig. 95. — PI. lucifuga. Colonie de la même variété que celle de la fig. 94, 


mais non jugale. On remarquera que les zoæcies de ces colonies sont libres 
sur une très grande étendue et fixes sur le reste ; ainsi, dans la fig. 94, une 
des zoœæcies d'origine n’est adhérente que sur la cinquième partie de la lon- 
gueur, tandis que sur diverses autres zoæcies l’adhérence se produit sur les 
20 25%, sur les 18 43%, sur les 14 47%, sur les 45 5085 de longueur totale. 


Exemplaire de la même localité que celui de la fig. 9%. 6,97/1. — Dessinée 
à la chambre claire. 
Fig. 96. — PI. lucifuga var. prohifera. Zoæcie magnifiquement dévelop- 


pée, portant supérieurement une jeune zoœæcie alors que les onze qui l'ont 
précédée sont tombées. Cette zoæcie nouvelle m’a paru entourée d’un ecto- 
cyste corné des plus minces, comme hyalin, incolore, tandis que la zoœæcie 
mère de ses douze filles était d’un jaune d’ocre ou de caramel assez foncé, sa 
substance cornée était beaucoup plus épaisse, et en conséquence plus résis- 
tante; c’est certainement à leur mollesse que les cellules filles doivent leur 
destruction précoce. J'ai dessiné d’après nature cette intéressante zoœæcie. Elle 
provient encore de l'étang de Brise-Miche, où je l’ai pêchée en même temps 
que les exemplaires des fig. 94 et 9,5. 

Fig. 97. — PI. lucifuga. Zoæcie dans laquelle le polypide est passé à l’état 
de corps brun; au-dessous de lui, le funicule très épaissi, dont la vie est indé- 
pendante de celle du polypide, porte un testicule en pleine activité; ce testi- 
cule est couvert de zoospermes en mouvement et agités dans tous les sens; il y 
en avait de libres dans la zoœæcie, nageant dans le liquide de la cavité péri- 

13 


194 J. JULLIEN 


gastrique. Au-dessous du testicule se voient deux statoblastes parfaitement 
développés, les cellules de l'anneau ont été dessinées à la chambre claire, elles 
sont absolument exactes ; le statoblaste supérieur présente sa face plane ou 
supérieure, le statoblaste inférieur présente sa face bombée ou inférieure, la 
face supérieure a son area centrale toujours plus petite que celle de la face 
inférieure. L’endocyste forme une véritable enveloppe autour de tous ces or- 
ganes ; il se termine en bas par un filet assez mince d'endocyste qui pénètre 
dans la zoæcie voisine, et par une volumineuse protubérance arrondie à centre 
obscur qui résulte du raccornissement de l’endocyste postérieur après déchi- 
rure. Ces déchirures, très fréquentes chez les Plumatelles et chez les Frédéri- 
celles, sont le plus souvent dues à des larves de Chironomes et à diverses 
espèces de Vers, qui trouvent dans une colonie de quoi vivre longtemps sans 
se donner beaucoup de peine; ces animaux construisent des tubes soyeux côte 
à côte avec les zoœæcies, mordillent constamment l’ectocyste des zoæcies voi- 
sines, jusqu'à ce qu'un trou leur mette l’endocyste entre les mächoires, ils 
agrandissent le trou, s’introduisent par la plaie dans la zoœcie et y dévorent 
tout ce qu'ils trouvent; mais leur mouvement perpétuel les ramène bientôt au 
dehors, où ils continuent ce manège selon leurs besoins. Je possède dans 
l'alcool des Plumatelles dont quelques zoæcies contiennent encore des Chiro- 
nomes et des Vers qui y sont restés prisonniers. — Étang de Saint-Hubert 
{près Rambouillet), Seine-et-Oise, 29 juillet 1883. Sous les pierres éboulées 
et immergées à la chaussée de Pourras. #4,5/1. Dessinée à la chambre claire 
d'après l’animal vivant. 

Fig. 98. — Cette zoæcie, tirée du même zoarium que celle de la figure 97, 
a une très grande importance. Elle représente le polypide retiré dans sa zoœæcie 
il a 48 tentacules dont une partie seulement à été dessinée, le lophophore était 
hippocrépien dans toute la valeur de ce mot, c’est donc bien à une Plumatelle 
que nous avons eu affaire. Or la chaine des statoblastes en porte deux encore 
assez jeunes, qui sont réniformes et que, s’ils étaient isolés, tous les zoologistes 
rapporteraient à une Frédéricelle. Le statoblaste réniforme ne peut donc pas 
servir de caractère générique ; d’ailleurs, comme on le voit fig. 118 à 425, la 
Frédéricelle d'Europe, connue sous le nom de Sultane, peut avoir des stato- 
blastes se rapprochant bien plus de ceux de la Plumatelle lucifuge que des 
formes indiquées par Van Beneden et par Allman. On peut voir par les dessins 
que j'ai reproduits et les miens, comment la Plumatelle lucifuge passe à la 
Frédéricelle. 

Cette figure a été dessinée à la chambre claire d’après l'animal vivant à une 
époque où je ne pensais guère à détruire le genre Frédéricelle de Paul Gervais; 
cette idée ne m'est venue qu’au mois de septembre 1883, après les études que 
j'ai faites en Bourgogne à cette époque. Dessiné à la chambre claire d'après 
l'animal vivant, #4,5/1. 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 195 


Fig. 99. — Schéma de PL, lucifuga, montrant la disposition de l'endocyste 
et du funicule en place après le détachement du zoarium, s’il y avait adhérence 
zoæciale à un corps étranger. Il m'est arrivé plusieurs fois de voir le funicule 
fixé au diaphragme dont il bouche l’ouverture par un léger épanouissement de. 
son extrémité inférieure ; cette disposition ne dure pas longtemps, bientôt il 
se détache et se fixe latéralement à l’endocyste. 

Fig. 100.— PI. lucifuga. Zoæcie contenant l'extrémité inférieure d’un esto- 
mac; le funicule qui lui fait suite au lieu de porter le testicule en haut, comme 
cela se passe dans la fig. 97, le porte tout en bas avant l'insertion ; de très 
jeunes statoblastes sont fixés sur le funicule au-dessus du testicule ; on voit 
nager dans le liquide périgastrique de nombreux zoospermes, ceux qui adhèrent 
encore au testicule sont en pleine agitation. 

Exemplaire recueilli le 13 juillet 1884 dans l’étang de Brise-Miche, près 
Chaville, sous une feuille de Nénuphar. Dessiné d’après nature. 

Fig. 101. — PI. lucifuga. Lophophore dessiné de profil pour montrer la 
place du ganglion nerveux. 

Fig. 102. — PI. lucifuga. Lophophore d’un polypide dans lequel les bras 
ne sont pas soudés entre eux, mais les tentacules internes sont avortés et 
l'épistome est absent. On y compte 37 tentacules, y compris les verrues inter- 
nes. Étang de Brise-Miche, près Chaville, 17 juillet 188%. Dessiné d’après 
nalure. 

Fig. 103. — PI. lucifuga. Portion de la couronne tentaculaire avec une 
partie du calice dont la forme est normale. Sur un autre polypide (fig. 104) 
de la même colonie, le calice a chacune de ses valves terminées en pointe 
dans leur milieu. Ces deux formes trouvées sur une même colonie n’enlèvent- 
elles pas au calice la possibilité de servir de caractère spécifique ? Je n’ai vu 
qu’une seule fois la forme de la figure 104, sur un polypide de la variété pro- 
lifera trouvé à l'étang de Brise-Miche le 24 août 188%. — Vue prise de l’inté- 
rieur de la cloche tentaculaire et dessinée d’après nature. 

Fig. 405. — PI. lucifuga. Statoblaste vu de face. (D’après Allman). 

Fig. 106. — PI, lucifuga. Statoblaste vu de profil, avec deux faces de 
même forme, ce qui est absolument inexact. (D’après Allman). 

Fig. 107. — Pl. lucifuga var Fredericella sullana. Zoarium de grandeur 
naturelle. (D’après Allman). Les dimensions de ce dessin me paraissent un 
peu exagérées, les exemplaires nombreux que je possède ne sont pas de cette 
taille ; les zoæcies sont presque deux fois trop larges. Sept polypides sont éta- 
lés au dehors. ; 

Fg. 108. — PI. lucifuga var Freder. sull. Cette figure représente deux po- 
lypides d’une Frédéricelle sultane de Bourgogne. Le zoarium formait une petite 
touffe, une sorte de petit buisson au milieu de laquelle j'ai observé deux 
branches de Plumatelle lucifuge. Ayant pris cette colonie pour une Plumatelle 


196 J. JULLIEN 


vraie, je n'ai point pris la précaution de la détacher entièrement pour suivre 
la relation des parties rampantes avec les branches libres, ce n’est que l'obser- 
vation directe des lophophores qui m'a tiré de l'erreur où j'étais. Cependant 
il y a une telle ressemblance entre mon exemplaire et la Plumatelle type de 
l'espèce, que j'ai voulu en conserver le souvenir et je l'ai dessiné immédiate- 
ment. On voit en effet que le lophophore se projette à droite beaucoup plus 
qu'à gauche et qu'il est extrèmement saillant au-dessus de la portion chitineuse 
de l’ectocyste, quoiqu’en ait dit Van Beneden qui affirme que le polypide sort 
à peine de la zoæcie. Le ganglion nerveux, facile à voir, se trouve à la place 
indiquée par les auteurs. Sur le plus petit polypide on remarque très bien la 
brièveté des tentacules qui surmontent l'anus, et dont parle Van Beneden. — 
Recueillie sous les pierres au bord de la Reconce, près de Varenne-sur-Reconce 
(Saône-et-Loire), 24 sept. 1883. — Dessiné à la chambre claire. 

Fg. 109. — PI. lucifuga var Freder. sull. — Vortion de lophophore, de 
son calice et de l'appareil digestif. Le calice est formé d'une membrane hya- 
line, anhiste sur laquelle s'applique un délicat réseau de fibres musculaires 
susceptible de resserrer le godet intertentaculaire selon le besoin. On voit le 
ganglion à sa place ordinaire, très détaché de l'æsophage qu'il ne touche qu’à 
sa partie inférieure. Dessiné à la chambre claire d’après un exemplaire pêché 
dans la Reconce (Saone-et-Loire), près Varennes-sur-Reconce, le 24 septembre 
1883. 

Fig. 410. — PI. lucifuga var. Fred. sult. — Portion grossie d'un zoarium 
d’après Allman, — (Je n’ai pas vu l'empâtement qui se trouve aux bifurca- 
tions zoæciales, peut-être n'est-il qu'une faute de: dessin. J. J.). Dans les 
polypides le lophophore paraît être tout à fait circulaire. 

Fig. 144. — PI. lucifuga var. Freder. sull. — Dessin très grossi du poly- 
pide et de la zoæcie, laissant voir les détails anatomiques. (D'après Allman) 

Fig. 112. PL. lucifuga var. Fred. sult. — Extrémité d’une branche vue à un 
fort grossissement, montrant deux polypides épanouis et vus de profil. A, C, 
deux polypides épanouis. B un autre sur le point de s'épanouir ; b, couronne 
tentaculaire; c, membrane intertentaculaire (ou calice) ; d, la bouche et la 
lèvre ; e, cavité buccale: f, æœsophage; g, anus; h, fèces ; à, estomac; k, ovaire ; 
l, muscle rétracteur de l'estomac; m», muscle long rétracteur ; x, peau (ou en- 
docyste); , ganglions nerveux. (D’après Dumortier et Van Beneden). 

Je prie le lecteur de remarquer la grande différence qui existe entre les 
lophophores de cette figure et le plus grand de la fig. 108. Il est évident que 
ces figures aussi bien que celles d’Allman sont exactes, nous avons donc là 
trois belles variétés de polypides chez la Frédéricelle ; c’est la forme de la 
fig. 408 qui se rapproche le plus de la Plumatelle vraie. 

Fig. 143. — Statoblaste de Frédéricelle sultane vu de face. Il est réniforme. 
(Dumortier el Van Beneden). 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 197 


Fig. 114. — Statoblaste de Fréd. sultane vu de profil. (Dum. et v. Ben.). 
Fig. 115. — Statoblaste de la même venant d’éclore. {Dum. et v. Ben.). 
Fig. 116. — Statoblaste de la même vu de face. (Allman). 

Fig. 147. — Statoblaste de la même vu de profil. (Allman). 

Fig. 418 à 1923. — Statoblastes de Fredericella sultana de diverses formes, 
trouvés desséchés sur une pierre. Ils sont tous dépourvus de l’anneau des Plu- 
matelles, leur couleur est brune très foncée. La fig. 418 correspond bien au 
statoblaste de la Plumatella lucifuga. Étang de Villeneuve, parc de Saint- 
Cloud, près Paris. 

Fig. 124-125. — Statoblastes de Fredericella sullana fixés au fond des tubes 
rampants qui adhèrent aux corps étrangers. Ces quatre statoblastes ainsi que 
ceux des fig. 118 à 423 sont de formes très différentes, et pas un n’a pris la 
disposition réniforme, la seule qui ait été indiquée par les auteurs jusqu’à pré- 
sent pour la Frédéricelle d'Europe. J'ai trouvé aussi à Enghien des statoblastes 
réniformes. 

Fig. 126. — Plumatella arethusa Hyatt. Vue générale d’une colonie, avec 
beaucoup de polypides rétractés (Norway, Me.). Trois orifices au début du 
tronc principal indiquent les premières positions de plusieurs polypides vi- 
vants, ils montrent que celte colonie n’est qu’une portion d’une autre plus eon- 
sidérable, dont elle a été séparée par la mort et la destruction de la portion 
d’origine. (D’après Hyatt). 

Fig. 1427. — PI. arethusa. — Polypide étalé avec un autre polypide plus 
jeune invaginé dans la même zoæcie. D, ectocyste ; E, endocyste ; Y, bourgeon; 
M, rétracteurs gastriques ; M’, rétracteurs du lophophore ; M” rétracteurs bra- 


chiaux ; M, troncs des rétracteurs; F, collet brachial; V, funicule; W, stato- 
blastes; W/”, enveloppe gélatineuse des statoblastes ; N, rétenteurs antérieurs; 
A", orifice cæœnœæcial ; L, région du sphincter. (D'après Hyatt). 

Fig. 128. — PI. arethusa. — Vue d’un polypide mort à moitié flétri, mon- 
trant la constriction particulière de la zoæcie, déterminée par des bandes 
musculaires annulaires. D, ectocyste ; E, endocyste ; H, tentacules ; 1”, bouche; 
L, région de sphincter; K’, estomac ; M, tronc des rétracteurs. (D’après Hyatt), 
— Ce que Hyatt appelle ici le tronc des rétracteurs me paraît être simplement 
le funicule ; cet organe ne se soude jamais avec les rétracteurs du polypide, il 
est cependant rétracteur lui même, ainsi que je l’ai constaté nombre de fois. 

Fig. 429. — PI. arethusa. — Vue d’un diaphragme situé entre la zoœæcie 
de la figure 127 et les polypides qui l’ont précédés; il est formé par une dila- 
tation annulaire interne avec épaississement de l’endocyste. D, ectocyste; E, 
endocyste. (D'après Hyatt). 

Fig. 430-131 et 134 bis. — PL, arethusa. — Faces supérieure et inférieure 
avec profil d’un statoblaste. W', enveloppe cornée; W", gaine annulaire ; 
W”', enveloppe gélatineuse. (D'après Hyatt). 


198 J. JULLIEN 


Fig. 432-141. — PL. arelhusa. — Statoblastes de tailles et de formes dif- 
férentes, vus de face et de profil. (D’après Hyatt). 

Fig. 4142. — PI, arethusa? var. Fredericella regina Leidy. Mes. — Colonie 
de grandeur naturelle avec toutes les branches rampantes et adhérentes, de 
Jorham, Maine. Dessinée et offerte à Hyatt par M. Morse. (D’après Hyatt). 

Fig.143.— Pl. areth. var. Freder. reg. — Deux branches d’une colonie : l’une 
est adhérente et l’autre est libre. De Cambridge, Massachussetts. (D'après Hyatt). 

Fig. 4844, — Fred. reg. — Branche adhérente d'une colonie. De Jorham 
Maine. (D’après Hyatt). 

Fig. 445, — Fred. regina. — Variété alcyonelloïde du ruisseau de Tom- 
my, Jorham, Maine. L'aspect de la colonie se voit sur la gauche de la figure, 
les branches ont toutes été rejetées en avant pour montrer leur disposition et 
leur connexion avec la tige de bois sur laquelle elles se sont développées. 
{D’après Hvatt). 

Fig. 146. — Fred. regina. Vue grossie d’un zoïde adulte (Norway, Maine). 
D, ectocyste; E, endocyste; V, funicule ; M, rétracteurs gastriques; M, ré- 
tracteurs du lophophore; M" rétracteurs brachiaux; N, muscles rétenteurs an- 
térieurs ; N’, rélenteurs postérieurs; F, collet brachial; G, calice; H, tenta- 
cules, (D’après Hyatt). 

Fig. 447. — Fred. regina. Cette figure représente un fragment d'étude 
dont le dessin exécuté par le Prof. H.-J. Clarh a été mis gracieusement à ma 
disposition par son auteur. C'est la section d’un jeune polypide, montrant sa 
structure interne et le peu d’étendue du pli invaginé (Cambridge, Massach.). 
D, ectocyste ; E, endocyste; B, pli invaginé ; Y, bourgeon; N, rétenteurs an- 
térieurs ; K, œsophage ; H” cils vibratils; K”” cardia; K’, estomac; K””, py- 
lore; K”, intestin ; K, anus; I, lophophore; 1”, épistome; l’, bouche; H, ten- 
tacules ; F, collet brachial; S, ganglion nerveux. (D'après Hyatt). 

Fig. 148. — Fred. regina. Lophophore vu d’en haut avec les tentacules 
coupés, montrant les nerfs. C, calice; H, tentacules ; l’épistome; 1”, bouche ; 
M, contracteur du lophophore; U, branches nerveuses du lophophore; U’, 
branches nerveuses des tentacules. (D'après Hvatt). 

Fig. 149-154. — Fred. regina. — Statoblastes de taille et de forme diffé- 


rentes, vus de face et de profil. (D'après Hyatt). 

— Ces figures indiquent qu'en Amérique comme en France la disposition 
réniforme n’est point caractéristique des statoblastes de Frédéricelle, puisqu'ici 
il v en a de réniformes, de plan-convexes, de biconcaves, et enfin de cireu- 
laires; le vrai caractère des statoblastes de Frédéricelles est l'absence d’an- 
neau marginal. 

Fig. 455. — Plumatella diffusa Leidy. Vieille colonie de grandeur natu- 
relle, mais ne portant que quelques polypides vivants. (Cambridge, Mass.) 
(D'après Hyatt). 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 199 


Fig. 456. — PI. diffusa. — Vue grossie d’une autre variété de cette espèce, 
avec tous les polypides rétractés. (D'après Hyatt). 

Fig, 457. — PI. diffusa. — Vue grossie du profil d’une branche prise chez 
une jeune colonie, montrant différents degrés d'invagination. La première 
zoœæcie sur la gauche a sa partie supérieure mobile retirée dans l’ectocyste ; la 
seconde zoæcie est vacante, le polypide et les parties molles étant tout à fait 
flétris ; les troisième, quatrième et sixième zoæcies montrent différents degrés 
d’invagination. (D’après Hyatt). 

Fig. 458. — PI. diffusa. — Face ventrale du lophophore épanoui d’un 
polypide de la fig. 156. M', rétracteur du lophophore, M”, rétracteurs bra- 
chiaux, (D'après Hyatt). 

Fig. 459. — PI. diffusa ? var. Fredericella Walcotti Hyatt. Var. a de cette 
variété ; de Georgetown, Massachussetts. (D’après Hyatt). 

Fig. 460-164. — PI, diffusa. Statoblastes de tailles et de formes différentes, 
vus de face et de profil. (D’après Hyatt). 

— Si on compare ces cinq figures aux statoblastes des deux espèces Euro- 
péennes, on voit que les figs. 460 à 462 se rapprochent des statoblastes de la 
Plumatella lucifuga tandis que les fig. 163 et 164 ressemblent aux statoblastes 
de la PI. repens. 

Fig. 465. — Hyalinella vesicularis Leidy (sp.). — Colonie développée au 
bout d’nne branche. (D’après Hyatt). 

Fig. 166 à 172. — Hyal. vesic. Statoblastes de tailles et de formes diffé- 
rentes vus de face et de profil. (D’après Hyatt). 

Fig. 473. — Hyalinella vitrea Hyatt (sp.). — Colonie de grandeur natu- 
relle avec quelques polypides épanouis. (D’après Hyatt). 

Fig. 174, — Hyal. vitrea. — Vue grossie de cinq groupes étalés sur une 
branche, pris au commencement et à gauche de la fig. 173. (Cambridge, 
Mass.}. (D’après Hyatt). 

Fig. 475. — Hyalinella vitrea. Cette figure montre la grande extension que 
peut prendre le polypide évaginé. D, ectocyste; E, endocyste ; B, pli inva- 
giné; K', estomac. (D’après Hyatt). | 

Fig. 176. — Fredericella pulcherrima Hyatt. Colonie de grandeur natu- 
relle (Lac Sebago, Maine). (D'après Hyatt). 

J'ai rapproché cette colonie de la Hyalinella vitrea parce qu'elle possède des 
zoæcies incolores, mais elle ressemble beaucoup à la Fred. regina, comme 
Hyatt l'indique lui-même; peut-être n'est-elle qu’une simple variété incolore 
de cette dernière Frédéricelle, car les zoæcies sont tubuleuses, isolées et très 
minces, tandis que la Plumatella vitrea de Hyatt a les siennes plus renflées et 
surtout beaucoup plus courtes : ce n’est très probablement qu’une variété locale 
de Fred. regina, elle n’a été trouvée jusqu’à présent que dans le lac Sebago, 


200 J. JULLIEN 


c'est donc une variété à étudier, Comme toutes les Plumatelles Américaines 
sur lesquelles il règne encore un peu d'incertitude. 

Fig. 177 à 179. — Hyalinella vitrea. Slatoblaste vu de face et de profil. 
(D'après Hyatt). 

Fig. 180. — Lophopus Trembleyi. Zoarium fixé sur un morceau de bois par 
la base du polypier, Cette base n'est qu'un amas de matière qui a servi de 
cellules aux polypides, mais qui n’a plus cet usage depuis que le zoarium 
s'est augmenté et allongé. On trouve souvent des zoaria qui n’ont point de 
pareille base. On voit dans cette figure que le zoarium qu’elle représente a 
commencé à se partager en trois branches, dont l’une est prête à se séparer 
entièrement des deux autres. (D'après Trembley). — Cette figure copiée sur 
Trembley a été réduite par le graveur; Trembley l'avait dessinée de grandeur 
naturelle, mais ici elle ne représente que 0,625/1. 

Trembley traite de jeunes polypides les plus petits de ces êtres, c'est une 
erreur de sa part, chez les Bryozoaires le bourgeonnement n’est pas indéfini, 
il est rapidement limité, et quelque soit la taille du zoarium, l’arrêt d'accrois- 
sement de la colonie finit toujours par arriver; ces animaux subissent cette 
terrible loi qui régit toutes les aggrégations humaines et animales, physiques 
et morales, détruisant avec la même facilité les grands et les petits. Le bour- 
geonnement diminue d'intensité, les polypides restent rabougris et stériles à 
côté de leurs superbes anciens, non pas par manque de nourriture, mais par 
manque de vitalité; l’ensemble des forces vitales dont la résultante constitue 
l'énergie vitale a des limites infranchissables, où les nations périssent comme 
une colonie de Bryozoaires; pour les premières les jours sont des siècles, pour 
les dernières bien peu de temps. C'est à ce moment qu’on peut trouver des 
polypides avortés, ou sinon d'un type beaucoup plus simple que celui des po- 
lypides plus anciens; quelquefois même le polypide ne peut se développer, 
l'endocyste sans vigueur ne peut plus rien produire, la colonie agonise de vieil- 
lesse. 


Fig. 481. — Loph. Trembleyi. — Exemplaires attachés aux racines de 
Lemna polyrhiza. Grandeur naturelle. (D'après Allman). 
Fig. 182. — Loph. Trembleyi. Trois polypes à panache d'eau douce, grossis 


au microscope. L'un est en dehors de la zoœæcie, un autre s’est retiré à l’inté- 
rieur, enfin un plus jeune se voit à gauche {voy. ce que j'ai dit pour la fig. 180). 
Trembley distingue dans le premier polypide ce qu'il appelle lui-même l’œso- 
phage, l’estomac et l'intestin droit Il distingue l’ectocyste qu’il nomme peau 
du Polype. Cette figure remarquable a été donnée par Trembley en avril 4741. 
Van Beneden prétend que cet auteur n’a point vu l'anus de son Polype à pa- 
nache, el Trembley en dit autant, mais Trembley raconte qu'il a très bien vu 
l'évacuation des matières fécales, s’il a vu cette évacuation, il a vu du même 
coup par où elle s'effectuait, Raspail n’a pas vu autre chose pour connaître la 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 201 


place de l'anus, et je trouve qu'en cette circonstance Trembley a été trop 
facile à s’accuser. 

Fig. 183. — Lophop. Trembleyi. — Vue d’un jeune zoarium. L’endocyste 
général est enveloppé dans un ectocyste gélatinoïde qu’il exsude. Divers poly- 
pides sont épanouis, d’autres sortent de leur étui, d’autres enfin sont rentrés 
dans la masse commune. Quelques bourgeons naissants vont produire d’autres 
polypides. Exemplaire grossi. (D’après Dumortier). 

Fig. 184. — Loph. Trembleyi. — Lophopus dans lequel l’ectocyste gélati- 
noïde du jeune âge diminuant d'épaisseur se colle à l’endocyste et auquel Du- 
mortier et van Beneden ont donné le nom de Lophopus Backeri. Cette varia- 
tion est produite par l’âge, et non point par un état maladif comme Allman 
l’a pensé. Cette belle colonie a été trouvée au mois de janvier 1839 sur la 
tige d’une Veronica beccabunga. Plusieurs polypides sont étalés dans différentes 
positions. (D'après Dumortier et van Beneden). 


Fig. 485. — Lophopus Trembleyi. — Jeune zoarium avec deux polypides. 
L'ectocyste y est très développé. (D’après Allman). Très grossi. 
Fig. 186. — Lophop. Trembleyi. — Jeune zoarium mieux développé, con- 


tenant dix polypides. Exemplaire très grossi qu’Allman considère comme adulte. 
Allman ajoute ici une erreur aux autres, sa colonie est encore très jeune, les 
rares statoblastes qu’elle contient sont encore adhérents aux funicules, tandis 
que beaucoup de ces corps sont tout à fait libres intérieurement dans les vieux 
zoaria. J'en conclus qu’Allman, comme beaucoup d’autres naturalistes, n’a 
jamais vu cette espèce adulte. 

Fig. 187. — Loph. Trembleyi. — Fragment d’un zoarium que j'ai trouvé 
au mois de septembre 4869 au Jardin d’Acclimatation de Paris; ce zoarium 
était gros comme le bout du pouce et très ramifié, ils se rapprochait par son 
organisation de celui de Trembley, fig. 180. C'était un exemplaire parfaitement 
adulte, le seul que j'ai j'amais vu; le modeste dessin que j'en donne n’a pas 
été terminé, il a été exécuté à la chambre claire, en conséquence ce qui est 
représenté est absolument exact. On voit que la fig. 184 et la mienne ont 
beaucoup de rapports en ce sens que l’ectocyste gélatinoïde a considérablement 
diminué d'épaisseur, puisqu'il se confond avec l’endocyste, le zoarium était 
cependant tout à fait transparent. Il v a de nombreux statoblastes dispersés 
intérieurement et sans aucun rapport avec les polypides. 44/1. 

Fig. 188: — Loph. Trembleyi. — Vue moitié schématique d’une partie du 
lophophore et de la couronne tentaculaire d’un lophopus, montrant la bouche 
et les parties voisines, avec la distribution des nerfs. Ses tentacules sont par- 
tiellement coupés pour laisser voir la surface supérieure du lophophore. 
(D’après Allman). 

Fig. 489, — Loph. Trembleyi. — Très jeune statoblaste. (Dumort. et van 
Bened.). 


202 J. JULLIEN 


Fig. 190. — Loph. Trembleyi. — Cul-de-sac de l'estomac avec un stato- 
blaste presqu'entièrement développé. (Dum. et van Bened.). | 

Fig. 491. — Loph. Trembleyi. — Statoblaste isolé et vu de profil. (Dum. et 
van Bened.). 

Fig. 492, — Loph. Trembleyi. — Statoblaste vu de face, — (Dumort. et 
van Bened.). 

Fig. 193, — Loph. Trembleyi. — Statoblaste grossi environ 50 fois vu de 
face. (D'après Allman). 

Fig. 194. — Loph. Trembleyi. — Slatoblaste vu de profil. (Allman). 

Fig. 495. — Loph. Trembleyi. — Statoblaste de la colonie représentée en 
partie dans la figure 487. Les cellules de l'anneau marginal ont été dessinées 
presques toutes à la chambre claire, leur taille diminue de l'extérieur à l'inté- 
rieur et leurs proportions sont exactes dans ce dessin. 34/1. 

Fig, 196. Pectinatella magnifica. — Limites d'une colonie développée à 
l'extrémité d'une branche morte. (Norway, Me.). La partie recouverte de cette 
branche est limitée par nne ligne ponctuée. Cette figure montre l'aspect géné- 
ral de la colonie, la grande épaisseur de l’ectocyste et la disposition des lobes. 
(D'après Hyatt). Plus petite que grandeur naturelle. 

Fig. 197 et 198. — Pect. magn. — Jeunes colonies. (D'après Hyatt). 

Fig. 199. — Pect. magn. — Limites d’un lobe d’une grande colonie, des- 
sinée de grandeur naturelle, ce lobe est lui-même divisé en lobes plus petits 
rayonnants et tripartites. (D’après Hyatt). 

Fig. 200.— Pect. magnifica. — Lobe représenté fig. 199, il a été traité par 
l'alcool. Les polypides raccornis sont représentés par les petites lignes angu- 
leuses disséminées les unes devant les autres ; on voit des statoblastes dans le 
milieu du zoarium. (D’après Hyatt). 


Fig. 201. — Pect. magn. — Vue grossie d’un polypide situé à l'extrémité 
d’un lobe. (Norway, Maine). (D'après Hyatt). 
Fig. 202. — Pect. magna. — Profil d'un polypide rétracté, montrant l’as- 


pect de la quatrième membrane et la disposition des rétracteurs pendant l'in- 
vaginalion. La quatrième membrane du canal alimentaire forme un arc exté- 
rieur entre l'estomac et l'intestin, et un autre arc à concavité interne entre 
l'estomac et l'extrémité inférieure de l'estomac et l'extrémité inférieure de 
l'œsophage, (D'après Hyatt). — La quatrième membrane n'existe pas chez les 
Plumatellidées. 

Fig. 203. -— Pect. magn. — Vue ventrale d’un polypide tout à fait rétracté, 
montrant les positions et relations des trois paires de rétracteurs. (Norway, 
Maine). Au-dessous de l’orifice se voit la couronne des rétenteurs dont les 
fibres musculaires rayonnent des parois de la gaine tentaculaire à la paroi 
externe que forme l’endocyste; au-dessous se trouve le faisceau des tenta- 
cules supporté par le lophophore ; enfin plus bas se trouve le fond de l’esto- 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 203 


mac. En reprenant de haut en bas l’étude des muscles latéraux, on trouve les 
rétracteurs brachiaux, les rétracteurs du lophophore et enfin les rétracteurs de 
l'estomac. (D'après Hyatt). 

Fig. 204. — Pect. magn. — Coupe transversale schématique du zoarium 
de la fig. 199 avec les polypides étendus ; des statoblastes sont dispersés vers 
le milieu et dans le bas. (D'après Hyatt). 

Fig. 205. — Pect, magn. — Statoblaste vu par sa face supérieure, 

Fig. 206. — Pect. magn. — Statoblaste vu par sa face inférieure. 

Fig. 207. — Pect. magn. — Statoblaste vu de profil. Du centre de l’exté- 
rieur on voit l'enveloppe cornée, l'anneau marginal, enfin les crochets. (Ces 
trois dernières figures sont empruntées à Hyatt). 

Fig. 208. — Pect. magn. — Ganglion nerveux œsophagien avec ses prin- 
cipaux troncs nerveux. Le filament supérieur droit constitue le nerf de l’épis- 
tome, les autres nerfs appartiennent au lophophore. (D’après Hyatt). Très 
grossi (Hyatt n’indique pas ses grossissements). 


Fig. 209. — Pect. magn. — Ganglion œsophagien très grossi, montrant 
l'extrême variabilité des ganglions et des troncs nerveux. (D’après Hyatt). 
Fig 210. — Pect. magn. — Même ganglion que celui de la fig. 209, mais 


contracté, il porte les mêmes nerfs. Dans ces ganglions le gros nerf supérieur 
bifurqué en bas représente le tronc nerveux lophophorique; le filet situé à 
droite du ganglion est le nerf de l’épistome; des deux nerfs qui résultent de 
la bifurcation inférieure du filet ganglionaire, le gauche est le nerf du polypide, 
le droit est le nerf du bras du lophophore. (D'après Hyatt). 


Fig. 244. — Pecl. magn. — Statoblaste coupé transversalement; cette 
figure montre la disposition des cellules de l’anneau marginal. (D’après 
Potts). — a,a, surface libre des valves; b, b, série unique des grappins; d, d, 


sections de l'anneau marginal, divisé lui-même par la ligne e, e, le long de 
laquelle s’opère la déhiscence des valves dans ce genre. 

Dans les deux figures suivantes les lettres ont la même signification. 

Fig, 212.— Pect. magn. — Statoblaste. Section transversale de l’anneau mar- 
ginal de la valve supérieure montrant la forme prismatique des cellules vides ; à 
l’aide de cette figure, on peut comprendre le mode de déhiscence du statoblaste. 

Fig. 213, — Pect. magn. Section transversale de l'anneau marginal de la 
valve inférieure du même statoblaste que celui de la fig. 213. D’après Potts. 

Fig. 214. — Pectinatella Carteri Hyatt. — Un statoblaste vu de face. 

Fig. 245. — Id., le même statoblaste coupé transversalement. 

Fig. 216. — Id., épines barbelées marginales. 

(Ces trois dernières figures sont empruntées à Carter). 

Fig. 217. — Cristatella mucedo G. Cuvier. — Statoblaste en voie d’éclo- 
sion vu de face. Sur la droite apparaissent les jeunes polypides qui en naissent 
(D'après Dumortier et van Beneden). 


204 J. JULLIEN 


Fig. 218. — Crist. mucedo, Le mème statoblaste vu de profil. (Dum. et 


van Ben.). 


Fig. 249. — Crist. mucedo. — Jeune zoarium débarrassé des valves du sta- 
toblaste. (Dum. et van Bened.). 

Fig. 220 à 222. — Crist. mucedo. — Jeunes zoaria qui ont servi de types 
à l'espèce. (Empruntés à Rœsel). 

Fig. 223. — Crist. mucedo. — Zoarium adulte avec la plupart des poly- 
pides épanouis. On voit les statoblastes dans le milieu de la colonie. (Allman). 

Fig. 224. — Crist, mucedo. — Ganglion nerveux coupé transversalement, 


on voit les cellules nerveuses centrales et les nerfs qui en partent. (Nous devons 
cette coupe intéressante au professeur Reinhardt de Charkow (Russie). 

Fig. 225. — Cristatella ophidioidea Hyatt, — Zoarium de grandeur ré- 
duite, dans sa position normale. Les polypides sont figurés aux extrémités seu- 
lement, le bord de la colonie entre elles est indiqué par des lignes ponctuées 
(Norway, Maine). (D'après Hyatt). 

Fig. 226. — Crist. ophid. — Vue grossie d’un polypide adulte daus sa 
zoæcie. La zoœæcie est soutenue par un réseau musculaire à faisceaux énormes 
limitant des espaces de grandeur très variable excessivement irréguliers, dont 
l’ensemble est fort élégant. (D’après Hyatt). 

Fig. 227. — Crist. ophid. — Vue d’un polypide du premier rang, entière- 
ment invaginé. Elle a été prise par la face inférieure, avec l’endocyste tourné 
de côté. Les rétracteurs gastriques et du lophophore n’ont pas été dessinés. 
(D'après Hyatt). 

Fig. 228. — Cris. ophid. — Vue grossie du côté postérieur de la moitié 
d'une jeune colonie avec l’ectocyste et l’endocyste enlevés sur une portion de 
la base, découvrant les estomacs des polypides et les bases des parois muscu- 
laires. Sur le bord les bourgeons sont fixés à la face supérieure de l'endocyste 
et au centre se trouve le cône renversé formé par le bord interne des parois 
musculaires. Sur la gauche se voit la portion découverte, les lignes noires mon- 
trent les positions des parois musculaires, mais sur la droite qui est encore 
couverte, elles indiquent seulement les plis externes temporaires de l’endo- 
cyste, causés par la contraction du cœnœæcium. Les relations et positions de 
toutes ces parties sont plus faciles à comprendre dans une coupe idéale telle 
que la représente la fig. 229. Dans cette dernière les lettres se traduisent 
ainsi : E, endocyste; C, estomac des polypides entièrement rétractés; Q, pa- 
rois musculaires ; Y, bourgeons; Y’, polypides jeunes susceptibles d'évagination 
(voyez l'explication de la fig. 480); X, statoblastes fixes; A’, tronc cœnœcial. 
(D'après Hyatt). 

Fig. 230. — Crist. ophid. -— Lophophore vu d'en haut, les tentacules et le 
calice ont été enlevés pour montrer la distribution des nerfs. L'area centrale, 
formant une bande blanche dans chaque bras, est formée par un nerf lopho- 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 205 


phorique, tandis que chacune des lignes noires qui en portent, et qui simulent 
les limites des tentacules, n’est autre chose qu’un nerf tentaculaire. (D’après 
Hyatt). 

Fig. 231. — Crist. ophid. — Lophophore vu d'en haut, chez un jeune po- 
lypide. Les bras sont encore soudés près des extrémités, et les tentacules ainsi 
que le calice ne sont point développés le long de la ligne de jonction (Norway, 
Maine). (D'après Hyatt). 

Ce lophophore se rapproche beaucoup de celui de la fig. 4 ; je regrette que 
Hyatt n'ait pas parlé de l’épistome de ce singulier et anormal lophophore, il 
aurait été intéressant de le comparer avec les lophophores anormaux de Pluma- 
telle. Je répète ici que ces anomalies ne sont pas des états de passage d’un 
âge à un autre, mais bien des arrêts de développement par suite de décrépi- 
tude sinon du zoarium entier au moins des polypides générateurs. 

Fig. 232. — Crist. ophid. — Zoæcie du premier rang, son orifice est fermé 
sur le polypide invaginé. On voit tout autour de cet orifice la couronne des 
muscles rétenteurs antérieurs. (D'après Hyatt). 

Fig. 233. — Crist. ophid. — Mème zoæcie que dans la fig. 232, vue de 
profil. (D’après Hyatt). 


Fig. 23%. — Crist. ophid. — Statoblaste, Face supérieure. | 
Fig. 235. — — — Face inférieure. ? (D’après Hvatt). 
Fig. 236. — = == Vue de profil. 


Le dessinateur a mal copié le dessin de Hyatt; dans la figure type, les cro- 
chets sont en dedans du bord interne de l’anneau marginal; le lecteur voudra 
bien tenir compte de cette rectification. 

Fig. 237. — Cristatella lacustris Potts. — Section transversale passant par 
le centre d’un statoblaste de cette espèce ; a, a, surfaces chitineuses des valves; 
b, b, leur portion réfléchie formant grappins; 6, e, les grappins rétenteurs pliés 
et tordus ; d, d, section de l’anneau marginal ou bague de cellules aérifères 
surmontant le corps chitineux du statoblaste ; e, e, partie du bord où les 
valves se séparent au moment de l’éclosion, ainsi qu’on le voit dans la figure 238. 
(D’après Potts). 

Fig. 238. — Crist. lacust. — Cette figure représente l'extrémité de la sec- 
tion d’un semblable statoblaste au moment de la séparation des valves. Les 
parties indiquées par des lettres correspondent à celle de la figure 237, sauf 
pour la lettre f qui indique une membrane délicate cachée sous la surface 
interne de l’anneau marginal, et pour g,g, qui indiquent les différentes tailles 
et la fréquence des papilles chitineuses sur les surfaces libres des valves. (D'après 


Potts). 
Fig. 239. — Paludicella Ehrenbergi van Beneden. — Zoarium fixé à une 
pierre submergée. (D'après Allman). — La reproduction de ce dessin n'est pas 


absolument exacte, le dessinateur a un peu grossi les zoæcies ; les deux zoœæcies 


206 J. JULLIEN 


placées au point 4 sont de grandeur naturelle, mais les autres me paraissent 
bien grossi d’un tiers de la grandeur naturelle. 


Fig. 240. Palud. Ehrenb. — Zoarium avec ses hybernacles. — (D’après 
Dumortier et van Beneden). 
Figs. 241 à 242. — Palud. Ehrenb. — L'hybernacle se sépare en deux 


valves comme un Mollusque acéphale. On voit poindre successivemeut la zoæcie 
et ses bourgeons. On voit quelquefois de ces valves encore attachées au poly- 
pier vers le milieu de l'été. (D’après Dumortier et van Beneden). 

Fig. 243. — Palud. Ehrenb. — Coupe d’une zoæcie avec son polypide 
épanoui et montrant les détails anatomiques. L'ovaire et le testicule sont par- 
faitement développés. — 4, endocyste; b, ectocyste ; b, diaphragme inter- 
zoæcial; h, intestin; k', pylore; à, anus; k, lophophore; !, tentacules; 
n, muscles rétracteurs du polypide; s, muscles pariétaux vaginaux postérieurs ; 
», muscles pariétaux ; Ô, funicule testiculaire; 6", funicule ovarien, Él sperma- 
tozoïdes ; x, testicule; Ÿ, ovaire. (D'après Allman). L 

Ce dessin me fait l'effet d’un superbe schéma, il est très exact. 


Fig. 244. — Norodonia cambodgiensis J. Jullien, — Rameau grossi 9 fois 
et demi. 

Fig, 245. — Norod. cambodg. — Zoœcie en bourgeonnement et bourgeon, 
grossi 36 fois et 30 centièmes. 

Fig. 246. — Norodomia sinensis J. Jullien. — Zoarium de grandeur natu- 
relle. 

Fig. 247. — Norod. sinensis. — Rameaux grossis 9 fois et demi. 

Fig. 248, — Hislopia lacustris Carter. — Zoarium très grossi. La grandeur 
naturelle des zoæcies est de 0®"875 de longueur. — D'après Carter, 

Fig. 249. — Hislop. lacust. — Zoœcie avec l'animal, d'après un exem- 
plaire conservé dans l'alcool et très grossi. D'après Carter. 

Fig. 250, — Hislop. lacust. — Zoæcie avec l'animal en partie évaginé. 


Dessin un peu moins grossi que celui de la figure 249. D’après Carter. — 
a, a, a, a, bords de la zoæcie, b, tentacules; c, gaine buccale montrant la 
portion plissée; f, pharynx; g, @sophage, h, gésier; i, estomac; k, intestin 
grèle; !, rectum; », muscle rétracteur ainsi allongé pendant l'extension du po- 
lypide. 


Tous mes dessins, accompagnés d'un indice de grossissement, ont été exé- 
cutés avec un microscope de Nachet, après examen de l’objet au microscope 
binoculaire du même fabricant. Je regarde l'appareil binoculaire comme indis- 
pensable pour ce genre d'études. Quant aux objectifs dont je me suis servi, 
je n’en connais pas de supérieurs à ceux de Nachet. Je n'ai pas employé la 
chambre claire du même constructeur pour le microscope vertical, à cause 
de l'énorme déformation qu’elle produit dans sa projection lumineuse, d’où 


MONOGRAPHIE DES BRYOZOAIRES D'EAU DOUCE 207 


résulte une impossibilité absolue de raccorder plusieurs esquisses en un 
seul dessin. Dans sa nouvelle chambre claire, où le prisme est doré sur 
une de ses faces, le ton bleu que prend la lumière est une gêne véri- 
table pour le dessinateur qui ne voit plus les contours délicats de l’objet; 
cette couleur bleue, loin d’être un avantage pour la chambre, n'est qu’un 
défaut à ajouter aux autres. J’ai donc été obligé de faire mes dessins avec 
une chambre claire parfaite pour les microscopes pouvant se renverser, 
et que j'ai achetée en 1863 chez Mirand, fabricant à Paris, elle ne déforme pas 
d'une façon sensible les objets qu’on dessine avec elle. 


CON TELE LITTLON 


A 


L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 


Par le D' Gabriel FERRÉ 


Chef des travaux histologiques à la Faculté de Médecine de Bordeaux. 


INTRODUCTION 


En 1882, en faisant des recherches sur l'oreille interne, recher- 
ches qui ont servi de sujet à notre thèse de doctorat, « Contribu- 
tion à l'étude de la crête auditive chez les Vertébrés », nous avions 
recueilli quelques éléments nouveaux sur l'anatomie de cet organe, 
au sujet duquel il existe encore beaucoup de controverses. Nous 
nous étions promis de continuer ces recherches. Nous les avons 
complétées dans un article publié dans les Annales d’otologie, en 
collaboration avec notre maître, M. le professeur Coyne. Elles 
avaient trait à l'existence de la cupule terminale et à son rôle 
probable au point de vue physiologique. Cet organe avait été 
trouvé chez tous les Vertébrés inférieurs à l'homme. Actuellement, 
nous pouvons affirmer qu'il existe chez l'enfant, car nous l'avons 
trouvé dans les rochers d'enfant que nous avons employés pour 
notre travail actuel. Il possède chez l'enfant tous les caractères, 
physiques, chimiques ou anatomiques que nous avons décrits. 
Nous espérons pouvoir bientôt démontrer sa présence chez 
l’homme adulte. 

Mais l'oreille interne présente un large champ aux investi- 
galions de l’anatomiste et du physiologiste ; ce dernier, du reste, 
dans l’état actuel de la Science, doit céder la place au premier, 
car c'est seulement par une connaissance approfondie des rap- 
ports et des propriétés physiques et chimiques des diverses par- 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 209 


ties qui composent l'oreille que l’on arrivera à se faire une idée 
complète de la perception auditive. L’expérimentation directe sur 
les terminaisons nerveuses de cet organe et l'observation directe 
de ces expériences sont en effet actuellement impossibles, du 
moins chez les Vertébrés supérieurs. Il n'existe que quelques 
expériences faites sur des animaux voisins des Crustacés. 

L'étude des lésions de l'oreille interne n’a encore rien produit à 
ce point de vue ; il est vrai qu'elle présente des difficultés presque 
insurmontables. 

Imbu des idées que nous venons d'émettre, nous aidant des 
résultats déjà acquis par d’autres auteurs tels que MM. Boettcher, 
Loewemberg, Kübn, Pritchard, Coyne, nous avons entrepris quel- 
ques recherches sur le tronc du nerf auditif et ses branches, 
laissant de côté, pour le moment, ses origines réelles. L'étude du 
nerf auditif et de ses branches, au point de vue histologique, a 
été faite surtout chez les Vertébrés inférieurs, « Batraciens, Rep- 
tiles, Poissons, Oiseaux », et chez les Jeunes Mammifères, tels 
que le Chien et le Chat naissants. Le peu de consistance et de vo- 
lume qu'offrent les rochers de ces derniers animaux, se prêtent 
très bien aux manipulations auxquelles on doit les soumettre 
pour les étudier histologiquement. L'étude descriptive du nerf 
auditif a été faite par d'illustres maîtres en anatomie, tels que 
Valsalva et Scarpa. Il existe peu de recherches sur l'étude histo- 
logique du même nerf chez les Vertébrés supérieurs. C’est chez 
l'enfant et chez l'homme adulte que nous les avons entreprises. 

Nous devons ici remercier M. le D' Levieux, administrateur des 
hospices, et M. le D' Négrié, médecin à l'hôpital des enfants, de 
l'obligeance qu'ils ont mise à nous laisser recueillir, sur des cada- 
vres, les éléments de notre travail. 

Notre sujet sera divisé en deux parlies : étude de la portion 
intra-osseuse du nerf auditif; étude de sa portion extra-osseuse. 
Ce nerf, à une distance d'environ 1 centimètre et 1/2 de son ori- 
gine apparente, se bifurque pour donner lieu à deux branches : 
la branche cochléaire et la branche vestibulaire. La première de 
ces deux branches se rend au limaçon; la deuxième se rend, 
après trifurcation, au saccule, à l'utricule et aux ampoules. 
Comme portion extra-osseuse nous comprendrons tout le nerf 
jusqu'au moment où il pénètre dans le tissu osseux, c’est-à-dire 
dans le noyau du limaçon et les parois du vestibule; la portion 
intra-osseuse sera la partie comprise dans l'os jusqu'aux termi- 
uaisons nerveuses. 


10 GABRIEL FERRÉ 


Nous insisterons sur les généralités de structure que peuvent 
offrir les terminaisons nerveuses de l'oreille, sur les ganglions 
nerveux que l’on trouve sur les différentes branches de l’auditif, 
laissant un peu de côté l'anatomie descriplive qui a été déjà faite 
d'une facon magistrale, et depuis de longues années, par SCarpa. 

Nous insisterons done sur la disposition, sur la structure de 
ces différents ganglions et sur leur rôle physiologique probable. 
Leur étude a été très peu faite. Nous trouvons comme auteurs 
s'étant occupés de ce point, MM. Boettcher et Lüwemberg. 

M. le professeur Coyne a traité de ces ganglions dans différents 
passages de son article Oreille (Dictionnaire Encyclopédique). Ce 
qu'il en a dit peut être regardé comme Île résumé des connais- 
sances antérieures acquises à cet égard. Nous cilerons textuelle- 
ment ces passages. 

Celui qui a trait au ganglion de Scarpa est cité dans la partie 
de notre travail affectée à l'étude de ce ganglion. 

Nous reprenons ces citations (page 107) : 

« Nerf cochléaire. Ce nerf arrivé à la base du limaçon, présen- 
» terait d’après Boettcher, sur un de ces rameaux seulement, une 
» intumescence ganglionnaire qu'il ne faut pas confondre avec 
» le ganglion spiral, mais qui nous parait se rapporter au gan- 
» glion de Scarpa que nous avons vu appartenir au nerf vestibu- 
» laire; c’est ce que démontre, en effet, la distribution que lui 
» assigne Boettcher. Car les fibres nerveuses qui partent de ce 
» ganglion nouveau se rendent en partie à l'extrémité vestibulaire 
» de la lame spirale du limaçon; l’autre portion va se terminer 
» entre le saccule et l’utricule dans la cloison de séparation de 
» ces deux cavités et par conséquent les filets nerveux qui pro- 
» viennent de cette partie auditive rentrent dans la zone de dis- 
» tribution du nerf vestibulaire. 

» Mais à côté de ce ganglion nerveux décrit par Boettcher, à 
» tort, selon nous, pour la branche cochléaire, il en existe un 
» autre qui forme une intumescence ganglionnaire volumineuse 
» et très apparente et facile à étudier sur certaines préparations. 
» Cette formation se trouve sur le nerf auditif avant ses divisions 
» en deux branches principales, mais presque immédiatement 
» avant cette division qui se fait de telle façon que la branche 
» vestibulaire se sépare à angle aigu du tronc même du nerf par 
» sa face supérieure et postérieure. Avant cette bifurcalion sur 
» la partie du tronc auditif qui correspond à sa face antérieure et 
» inférieure, dans l'épaisseur même du tronc nerveux, on trouve 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 214 


» une accumulation de cellules nerveuses arrondies ou ovoïdes 
» englobées dans des espaces arrondis ou ovoïdes formés par la 
» dissociation des tubes nerveux. Sur une coupe favorable et 
» permettant de suivre le tronc du nerf dans toute son étendue 
» on peut voir que cette intumescence ganglionnaire de forme 
» ovoïde, allongée suivant le grand axe du nerf, correspond uni- 
» quement à la partie du tronc nerveux qui va former le nerf 
» cochléaire. Nous croyons donc devoir repousser l'existence du 
» ganglion de Boettcher. Mais il faut en décrire un second plus 
» volumineux, plus important et appartenant uniquement à toute 
» la partie du nerf auditif qui se distribue à la cochlée. » 

Comme on pourra le voir d'après nos recherches personnelles, 
qui ont été faites chez l'enfant et chez l'adulte, l'existence du 
ganglion de Boettcher doit être maintenue, le ganglion existe, 
chez l’homme, sur la portion la plus externe de l'éventail formé 
par le nerf cochléaire, à la hauteur du ganglion de Scarpa (PI. I, 
fig. 4). Du reste, M. Coyne a étudié ces ganglions chez les jeunes 
animaux. Nous n'avons pu trouver, chez l’homme toujours, le 
ganglion situé immédiatement avant la bifurcation de l’auditif. 

M. le professeur Goyne passe ensuite à l'étude du ganglion de 
Rosenthal qu'il décrit de la façon suivante : 

« Chacun des rameaux nerveux qui arrive dans le canal de 
» Rosenthal, présente un renflement ganglionnaire. L'ensemble 
» de ces renflements ganglionnaires, réunis les uns aux autres, 
» donne naissance à un ganglion continu, spiroïde qui occupe 
» toute la longueur du canal de Rosenthal; on l’a désigné sous 
» le nom de ganglion spiral. 

» Avant d'arriver au ganglion, les tubes nerveux présentent un 
» double contour, puis à son entrée, chaque tube s’amineit, 
» devient fibre pâle qui se colore en noir par l'acide osmique, 
» de façon à donner naissance à un tube aplati, pour s'unir à une 
» petite cellule de forme ovoïde, transparente, munie d’un noyau 
» et d’une nucléole. Ces cellules sont bipolaires ; de leur extré- 
» mité interne part un prolongement qui reprend le double con- 
» tour que présentait le tube nerveux avant d'entrer dans la cel- 
» lule. Sorties du ganglion, les fibres nerveuses se réunissent en 
» faisceaux de volume variable qui pénètrent dans le système 
» canaliculaire de la lame spirale et vont se terminer sur la lame 
» basilaire. 

» Toutes les fibres nerveuses ne suivraient pas un trajet trans- 


» versal. On trouverait également des faisceaux à direction longi- 


Ÿ 


212 GABRIEL FERRÉ 


» tudinale; Bocticher qui les a découverts aurait même observé 
» des faisceaux déviés avant la formation du ganglion spiral. 
» D'autres fibres naîtraient aussi du bord externe de la bandelette 
» et se dirigeraient à droite et à gauche dans le sens longitudinal, 
» croisant aussi les faisceaux à direction transversale. 

» Sur des coupes soumises à l’action de l'acide osmique, on 
» trouve, en effet, une distribution de tubes nerveux qui se 
» rapporte à ces faisceaux de fibres qui sont perpendiculaires à 
» la direction des fibres radiales. On reconnaît très bien cette 
» disposition au sommet de la columelle. En effet, au-dessus de 
» la partie terminale du ganglion spiral de Rosenthal, on voit des 
» tractus nerveux qui vont en divergeant rejoindre le bord supé- 
» rieur de la columelle et représentant les fibres radiales. Mais 
» on en trouve d’autres moins abondantes directement transver- 
» sales et qui sous-tendent la base de la face supérieure de cette 
» même columelle. 

» On ne sait pas comment ces fibres longitudinales vont se 
» terminer. Leur existence, admise par quelques anatomistes 
» (Lüwemberg, Max Schultze), est actuellement niée par celui 
» même qui avait signalé leur présence. Mais nous venons de 
» voir que leur réalité ne peut être mise en doute, sans que nous 
» puissions mieux que les autres anatomistes, qui ont reconnu 
» leur existence, faire connaître leur mode de terminaison. » 

Jl nous a paru important de faire ces citalions, quoique un peu 
longues, afin de présenter nettement l'état de la question, au 
sujet de laquelle nous avons fait les présentes recherches. Le 
lecteur pourra juger de cette manière quelle est la base de notre 
travail et quels résultats nous avons acquis. 


DÉTAILS DE TECHNIQUE. 


Mais avant de commencer cette étude, il nous à paru bon de 
dire quelques mots des procédés que nous avons employés. Nous 
ne reviendrons pas sur ceux que nous avons indiqués chez les 
jeunes Mammifères dans notre thèse inaugurale. 

Voici, croyons-nous, le procédé le plus rapide pour isoler les 
rochers : enlever la voûte crânienne comme pour l'extraction du 
cerveau ; extraire ce dernier en ayant soin de détacher avec un 
scalpel la partie de l'encéphale d’où naissent l'auditif et le facial, 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF gts 


parlie qui reste appendue à ces {troncs nerveux ; inciser la peau 
de chaque côté et verticalement au niveau de l'extrémité anté- 
rieure de l’apophyse zygomatique ; dénuder la partie postérieure 
du crâne jusqu'à l'articulation occipito-atloïdienne ; donner un 
trait de scie vertical passant par le milieu de la selle turcique et 
le continuer jusqu'à la section des apophyses -zygomatiques ; 
désarticuler le maxillaire inférieur; détacher les insertions supé- 
rieures du pharynx; désarticuler l'articulation occipito-atloï- 
dienne. 

Saisir l’apophyse basilaire entre les deux mors d'un étau ; scier 
complètement l'occipital en arrière du trou jusqu’à la protubé- 
rance occipitale externe; donner enfin trois traits de scie, pas- 
sant : le premier, par le bord inférieur du rocher ; le second, par 
le bord latéral externe ; le troisième, par le sommet. On détache 
ainsi le rocher complètement. 

Chez le jeune enfant où le rocher n'est pas encore complète- 
ment ossifié, après l’avoir détaché par le procédé précédent, on 
va à la recherche de l'oreille moyenne; on pénètre par l’apophyse 
mastoïde avec de forts ciseaux, on met à découvert la fenêtre 
ovale ; on enlève l’étrier avec précaution et on injecte dans le 
labyrinthe une solution d'acide osmique au 1/100. On laisse une 
heure environ le rocher dans la solution osmique, et 24 heures 
dans de l’alcool. On le fait ensuite décalcifier, soit au moyen de 
l'acide picrique, auquel eas la décalcification est très lente et 
peut même durer une année entière, soit par l’acide chlorhydrique 
au 1/5; dans ce cas, la décalcification est complèle au bout de 4 
ou 5 jours. Dans ce dernier cas, si l’on a eu la précaution d’in- 
jecter, au préalable, de l’acide osmique, les éléments ne sont pas 
altérés. 

Chez l’homme adulte on doit procéder un peu différemment. Si 
l'on veut obtenir simplement des préparations pour l'étude des- 
criptive des branches du nerf auditif, étude préparatoire néces- 
saire de l'étude histologique, on plonge le rocher détaché dans 
l'acide chlorhydrique au 1/5. La décalcification est bientôt faite, et 
on peut étudier les trajets nerveux en enlevant peu à peu la sub- 
stance osseuse avec une rugine et mieux encore avec la pointe 
d'un scalpel. 

Pour l'étude histologique, voici comment on peut procéder : 
comme on ne peut aller à la recherche de l'oreille moyenne, car 
les coups de gouge ou de scie détériorent par ébranlement le 
nerf auditif, surtout quand le sujet est mort depuis 24 heures, il 


214 GABRIEL FERRÉ 


faut scier le rocher au niveau de la caisse du tympan. Si on 
tombe dans l'oreille moyenne, on fait son injection comme nous 
l'avons indiqué plus haut; sinon, on donne un coup de scie qui 
passe presqu'au niveau du limaçon; on donne ensuite un petit 
coup de gouge pour ouvrir ce dernier. On fait une injection intra- 
Jabyrinthique d'acide osmique à 2/100 et on laisse le rocher trem- 
per pendant 12 heures dans cette solution osmique, puis 24 heures 
dans l'alcool. Les nerfs rocheux sont durcis dans toutes leurs 
parties et on peut aller ensuite à leur recherche à coups de gouge 
et de marteau, c’est ainsi qu'on met à découvert la portion extra- 
osseuse du nerf auditif ; si l’on veut avoir la portion intra-osseuse, 
on fait décalcifier dans l'acide chlorhydrique au 1/5. 

Dans tous les cas, quand la décalcification est produite, la 
pièce est plongée pendant 24 heures dans une solution de gomme, 
puis 24 heures dans l'alcool, montée dans le microtome et coupée. 

Les tranches sont traitées par les procédés ordinaires de coio- 
ration et de conservation. 


PREMIÈRE PARTIE. 


Portion intra-osseuse du nerf auditif. 


Les filets nerveux destinés à porter au cerveau les sensalions 
auditives naissent de deux sources cellulaires contenues : l'une 
dans le vestibule, l’autre dans le limaçon. 

Nous avons montré dans notre thèse quelles analogies on pou- 
vait constater entre ces différentes cellules, et nous avions conclu 
que les organes terminaux du limaçon et du vestibule étaient 
construits sur le même plan au point de vue de la forme des élé- 
ments cellulaires qui les composent, et que, seul, l’arrangement 
différait, cet arrangement différent étant en rapport avec la difé- 
rence du rôle physiologique. Dans le vestibule, nous trouvons, 
en effet, des cellules à cils vibratiles, entourées de cellules fusi- 
formes portant un prolongement supérieur, le poil auditif, qui va 
se perdre dans un organe de substance cuticulaire, la cupule ter- 
minale. 

Dans le limaçon, la disposition topographique est bien diffé- 
rente : les cellules terminales sont appuyées contre une série 
d’ares, les piliers de Corti (voir fig. 4, e, i); elles sont disposées 
en séries régulières ; les cellules de Corti (fig. 4, g.), analogues 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 215 


aux cellules à cils vibratiles du vestibule, forment des lignes, 
parallèles au rebord de la lame spirale; les cellules de Deiters 
(fig. 4, pl analogues aux cellules à poils auditifs, forment des 
séries intercalaires. On trouve dans le limaçon d’autres éléments 
cellulaires sur lesquels nous reviendrons plus tard. 

De plus, les éléments cellulaires, dans le vestibule et dans le 
limaçon, sont recouverts d’un organe d’accommodation (cupule 
terminale, membrane de Corti, fig. 4, #), sur le rôle desquels 
nous avons déjà insisté. 

Considérons maintenant le trajet des filets nerveux dans le 
limaçon et dans le vestibule. Des terminaisons vestibulaires par- 
tent des nerfs centripètes, allant constituer le faisceau vestibu- 
laire de l’auditif, ils naissent des prolongements inférieurs des 
éléments cilés plus haut, ils trouvent immédiatement, à leur ori- 
gine, une série de cellules arrondies entre lesquelles ils forment 
des plexus, sans que ces cellules puissent être regardées comme 
des cellules ganglionnaires; il n’y a, en effet, que des rapports 
de contiguité entre ces cellules et les filets terminaux. Ce sont là 
de véritables cellules de soutien. Dans les nœuds des plexus, il 
n'existe pas de cellules ganglionnaires comme certains auteurs 
l'ont prétendu. 

Il n’y a donc pas dans le vestibule, ou plutôt dans la portion 
intra-osseuse du nerf vestibulaire, de ganglion analogue à celui 
que nous trouvons sur la terminaison cochléaire, c'est-à-dire un 
ganglion spiral. Mais nous reviendrons sur ce point lorsque nous 
traiterons des branches veslibulaires de la portion extra-osseuse 
de l’auditif. 

Des plexus, situés entre les cellules rondes dont nous venons 
de parler, partent des filets à myéline qui traversent la substance 
propre qui forme le substratum de la terminaison vestibulaire, 
se couvrent d'une gaîne de Schwann dans les conduits osseux 
qu'ils doivent traverser, et forment les faisceaux sacculaire, utri- 
culaire, ampullaires, dont la réunion forme le nerf vestibulaire 
proprement dit. 

Considérons maintenant les filets cochléens. Ces filets naissent 
uniquement des prolongements inférieurs des cellules de Corti et 
de Deiters qui sont : les premières destinées à recueillir l'impres- 
sion des ondes vibratoires de l’endolymphe ; les secondes, desti- 
nées à réglementer les vibrations des cils vibratiles des cellules 
de Corti, en faisant mouvoir au-dessus d'eux la membrane élas- 
tique de Corti. Ce sont bien là les organes terminaux extrêmes 


216 GABRIEL FERRÉ 


du nerf auditif dans le limaçon. Les autres éléments cellulaires 
que nous y rencontrons nous paraissent, en effet, avoir un rôle 
physiologique moins direct : les piliers de l'organe de Corti, les 
cellules de Claudius fig. À, t), les cellules contenues dans le 
tunnel de Corti (fig. À, h), cellules dont l'existence est indéniable, 
et qui paraissent être les analogues des cellules de soutien trou- 
vées dans les terminaisons vestibulaires, sont simplement des 
organes de soutien. 
C’est ce que nous allons essayer de démontrer. 


Fig. A. 


Figure demi-schématique pour montrer la terminaison nerveuse de l’auditif dans 
le limaçon. 

a, bourrelet du ligament spiral externe; — b, ligament spiral externe; — ec, 
portion striée de la lame basilaire; — d, filets nerveux issus des cellules de Corti q, 
et des cellules de Deiters p; — e, pilier externe de l'organe de Corti; — f, portion 
lisse de la lame basilaire; — h. cellules rondes contenues entre les deux piliers 
de l'organe de Corti; — à, pilier interne de l'organe de Corti; — k, cellule du som- 
met; — /, faisceau efférent du ganglion de Corti situé dans le canal de Rosenthal; 
m, ganglion de Corti; — n, membrane de Corti; — 0, o, membrane réticulée: — 
»p. cellules de Deiters; — q, cellules ciliées de Corti; — s, membrane de Reissner ; 
— t, cellules externes de Clandius; — u, canal de Corti; — v, rampe lympanique ; 
— zx, protubérance de Huschke; — y, rampe vestibulaire. 


D'abord, les deux groupes des cellules de Deiters et de Corti 
sont les seules d’où l’on voit partir des filets nerveux centripètes. 
C'est ce que l’on peut conclure des recherches faites par Hasse, 
Max Schullze, Hensen, Paul Meyer, Kuhn, chez les différents 
groupes de Vertébrés ; par MM. Boettcher, Coyne et nous-même 
chez les Mammifères. 

Les piliers de l'organe de Corti auxquels, dans le principe, on 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 214 


avait fait jouer un rôle capital dans la perception auditive, ne 
doivent pas remplir un rôle tel, car, dans la série animale, chez 
des animaux dont l'organe de l'audition doit être excessivement 
perfectionné si, ce qui est vrai du reste, la faculté de phonation 
est en rapport avec l'audition, chez les Oiseaux, les arcades de 
Corti sont absentes. Il en est de même des Amphibiens dont 
quelques-uns paraissent posséder un organe auditif assez per- 
fectionné. 

Ces mêmes organes, et les cellules de Claudius semblent se 
rapporter à un rôle plutôt physique que physiologique, et voici 
pourquoi : 

Nous savons que l'organe de Corti peut être considéré comme 
un instrument à cordes de longueur et de tension variables, 
cordes représentées par les stries de la portion striée de la lame 
basilaire (fig. À, c). Ces cordes sont accordées pour un son déter- 
miné, et comme les sons perceptibles occupent une échelle de 
6 octaves au moins dans l'audition normale, il faut que ce nombre 
de cordes soit considérable, ce qui est vrai, du reste ; et, de plus, 
comme l'oreille n’occupe qu'une partie restreinte du crâne, la 
forme en limaçon est la plus propre à la disposition de cet appa- 
reil. C'est une nécessité de disposition que nous constatons en 
passant. Si donc ces cordes sont accordées pour un sou déter- 
miné, il faut que les vibrations correspondant à ce son aillent se 
produire en des points constants de la rampe tympanique, en des 
points constants du ligament spiral pour que la même corde cor- 
respondant à ce son soit toujours impressionnée ; il faut que les 
cellules de Corti dont les cils sont destinés à percevoir ces mou- 
vements ondulatoires, aient une direction constante. Cette direc- 
tion leur est donnée : en dehors, par les cellules externes de 
Claudius qui sont elles-mêmes maintenues par le prolongement 
de la lame réticulée (fig. À, o) ; en dedans, par le pilier externe 
de Corti, qui est lui-même maintenu par le pilier interne et par 
les cellules internes de Claudius. Notons en même temps que les 
piliers forment, par leur plateau supérieur, une surface qui sou- 
tient la membrane de Corti, et qui ne lui permet de se mouvoir 
que dans sa partie externe. Les cellules basilaires et la lame 
basilaire maintiennent, en bas, l'organe de Corti. 

Ces considérations étant données, laissons-ies de côté pour un 
instant, et revenons à nos origines nerveuses du nerf auditif dans 
le limaçon. 

Les fibrilles nerveuses naissent donc des prolongements infé- 


218 GABRIEL FERRÉ 


rieurs des cellules de Deiters et des cellules de Corli. Elles nais- 
sent aussi des cellules ciliées du sommet (fig. À, k), que, pour 
cette raison, on peut rapprocher des cellules de Corti. Il existe, 
par conséquent, deux sortes de fibres par rapport à la situation 
de l’arcade de Corti : les fibres internes provenant des cellules 
du sommet, et les fibres externes, plus nombreuses, provenant 
des cellules de Corti et des cellules de Deiters. Les premières, 
fibres pâles, sont assez volumineuses, présentant un diamètre de 
2u environ; elles vontse jeter dans les canalicules nerveux creusés 
à l'union de la lame basiliaire et de la lèvre tympanique du sillon 
spiral interne ; là, elles rencontrent une couche mince de cellules 
rondes que Waldeyer a appelée la couche granuleuse; ces der- 
nières cellules peuvent être rapprochées de celles que nous avons 
trouvées dans le tunnel de Corti, dans les terminaisons vestibu- 
laires, et que l'on peut appeler, à juste tilre, comme nous l'avons 
dit plus haut, les cellules de soutien. 

Les fibres externes, plus longues que les précédentes, partent 
des cellules de Corti et de Deiters, passent dans les interstices 
compris entre les piliers externes, traversent le tunnel de Corti, 
croisent les piliers internes et vont rejoindre, à leur tour, les 
canalicules nerveux. Dans leur trajet à travers les arcades de 
Corli, elles prennent la disposition des cordes d’une harpe. Il ne 
faut pas confondre ces fibrilles avec les fibrilles striées de la lame 
basilaire. Leur nature nerveuse a été du reste démontrée au 
moyen de l’acide osmique. Elles présentent des petites varicosités 
qui brunissent sous l'influence du même acide. Elles sont en rap- 
port avec les fibrilles à myéline que l’on trouve dans les canali- 
cules nerveux. 

Nous avons dit qu'il ne fallait pas confondre les fibrilles ner- 
veuses terminales avec les stries que l’on trouve sur la lame 
basilaire. Nous savons que ce dernier organe, inséré par son 
bord interne à la lèvre supérieure de la protubérance de Huschke, 
par son bord externe au ligament spiral externe, peut être consi- 
déré comme formé de deux parties : l’une interne, lisse ou à 
peine striée; l’autre externe, en rapport avec les cellules de 
Claudius et l’endolymphe, rayée de stries. Ces stries sont les 
cordes destinées à être impressionnées par les éléments infini- 
ment pelits des ondes vibratoires de l’endolymphe. 

IL est intéressant d'examiner quels rapports il peut y avoir 
entre les ondes vibratoires, d'une part, et, d'autre part, avec l'ap- 
pareil récepteur formé par les cordes que représentent les stries 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 219 


de la lame basilaire, les cellules de Corti et les filets nerveux ter- 
minaux. C'est une question qui est absolument obscure, du moins 
au point de vue physiologique. 

Et d’abord, les stries de la lame basilaire ne sont pas des élé- 
ments nerveux terminaux, comme ont paru le croire certains 
physiologistes, car on n’a jamais vu de filet nerveux terminal de 
l'auditif, allant se perdre dans ces organes. On objectera que ces 
éléments prennent une teinte brune sous l'influence de l’acide 
osmique. Cela est vrai, mais il en est de même de toute substance 
protoplasmique mise en contact avec cet acide pendant un temps 
assez prolongé. N’avons-nous pas vu bien d’autres organes tels 
que la membrane de Corti, tels que la cupule terminale, prendre 
une teinte d'or bruni sous l'influence de ce même acide ? 

Du reste, ces stries nous paraissent se rapprocher, comme 
structure, de celles de la cupule terminale. Même striation, même 
composition d'aspect granuleux, même composition chimique, 
puisque les réactions par l'acide osmique sont les mêmes. Si, du 
reste, on tient compte des usages auxquels sont destinés ces dif- 
férents organes : stries de la lame basilaire et cupule terminale, 
on doit songer à ce rapprochement. Les premières, devant vibrer, 
doivent être élastiques ; il en est de même de la seconde dont le 
rôle réglementateur sous l'influence des poils auditifs a été déjà 
indiqué. La membrane de Corti, cet organe réglementateur du 
limaçon, doit être aussi rapproché de ces stries. 

Ces dernières n’ont donc, à proprement parler, qu’un rôle de 
transmission, et l'on comprend alors, d'une façon assez simple, 
en tenant compte du rôle de la membrane de Corti, comment les 
cellules de ce dernier savant peuvent jouer un rôle efficace dans 
la perception auditive. Voici comment : un élément de la courbe 
vibratoire, après des réflexions successives et toujours de direc- 
tion identique contre les parois du labyrinthe, vient frapper la 
strie basilaire correspondante. Elle la frappe avec une intensité 
variable suivant l'intensité du son correspondant, et un nombre 
de fois indiqué par le nombre de courbes de même nature qui se 
succèderont au dernier point de réflexion, nombre de courbes 
égal à celui du nombre de vibrations du son produit. L'intensité 
et la hauteur du son émis seront donc reçues par les stries de la 
lame basilaire. Les vibrations de ces siries vont se transmettre 
au liquide compris entre la membrane de Corti et le bouquet cel- 
lulaire terminal de l’auditif. Cette transmission se fera par l'in- 
termédiaire des cellules externes de Claudius et des cellules basi- 


220 GABRIEL FERRÉ 


laires qui forment là une espèce de corps demi-solide éminemment 
propre à la transmission des vibrations. 

Ces vibrations se transmettent donc au liquide compris entre 
la membrane de Corti et les cellules de Corti, et vont impression- 
ner ces dernières cellules. Les cellules de Deiters, par une action 
réflexe sur laquelle nous reviendrons plus tard, réglementent les 
mouvements de la membrane de Corti, de façon que les cils de 
Corti soient impressionnés le temps voulu, et avec une intensité 
voulue. 

Les sons peuvent donc être perçus avec leur intensité et leur 
hauteur. Leur timbre sera perçu à la condition que le son fonda- 
mental et ses harmoniques aillent impressionner les stries de la 
lame basilaire accordées à cet effet. Il est à remarquer que, dans 
ce dernier cas, l'impression subie par une oreille non exercée à 
décomposer un son, est unique, et qu'il devra exister des fibres 
nerveuses chargées de réunir les impressions produites sur les 
cellules de Corti par les différents harmoniques. 

Telle est, croyons-nous, la manière à la fois la plus simple et la 
plus complète de se figurer le rôle que doit jouer chaque pièce 
de l'organe de Corti. Elle repose sur la connaissance la plus 
exacte possible de la disposition anatomique de cet organe et des 
qualités physiques de ces parties. Il faut, en effet, tenir compte 
de la différence de vitesse de transmission du son. C'est ainsi que 
les vibrations de la lame basilaire striée se transmettent à l'es- 
pace situé au-dessous de la membrane de Corti plus rapidement 
par les cellules de Claudius que par le liquide endolymphatique 
du canal de Corti. 

Nous allons continuer maintenant l'étude de nos filets auditifs 
terminaux qui, nous le savons d’après ce que nous venons d'expo- 

*ser, ne peuvent se rendre qu'aux cellules de Corti et aux cellules 
de Deiters, les deux sources directes de l'impression centrale 
auditive. 

Les filets que nous venons de décrire portent le nom de filets 
radiaux, parce que leur direction est normale au bord de la lame 
spirale. Il existe encore des fibres longitudinales appliquées, 
comme les autres, sur la lame basilaire. On les a appelées fibres 
spirales. Ces fibres, comme les précédentes, émergent des cana- 
licules nerveux et prennent une direction longitudinale ou paral- 
lèle au rebord interne de la lame spirale. Elles se mettraient en 
rapport avec les cellules de Corti et formeraient, entre ces cel- 
lules, une sorte d'appareil commissural. Ne serait-ce pas là une 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 221 


des causes de la facilité avec laquelle nous percevons le timbre 
du son? C’est Max Schulze qui les a découvertes et décrites. Elles 
forment deux bandelettes : l'une interne, c’est-à-dire située en 
dedans de l’arcade de Corti; l’autre externe, située en dehors de 
l’arcade. La bandelette interne correspond à la ligne formée par 
les cellules du sommet. La bandelette externe paraît être divisée 
en autant de bandelettes qu'il existe de rangées de cellules de 
Corti, nombre qui varie suivant les espèces animales. Il est très 
probable que ces fibrilles sont de nature nerveuse. Certains ana- 
tomistes, comme Max Schultze, Hensen, les admettent comme 
telles, car ils y ont constaté la présence de petites varicosités 
irrégulières. Ce serait pour eux une couche analogue à la couche 
granuleuse ou intergranulaire de la rétine (Coyne). Il est très 
probable que ce sont des fibrilles nerveuses destinées à réunir 
les impressions subies en même temps par plusieurs cellules de 
Corti, et à les porter aux ganglions nerveux de l’auditif. 

De l'étude que nous venons de faire, soit des fibres radiales, 
soit des fibres spirales, soit des rapports qu'affectent ces fibres 
avec l'organe de Corti, il résulte ce fait, que nous ne trouvons 
dans l'organe de Corti proprement dit, aucune cellule ganglion- 
naire, fait important que nous pouvons rapprocher de celui que 
nous avons constaté dans le vestibule. Nous pouvons dire que 
les filets nerveux de l'auditif, avant d'arriver aux ganglions que 
nous décrirons sur le trajet ultérieur des branches de l’auditif, 
n’ont rencontré aucune cellule ganglionnaire. 

Après avoir traversé les arcades de Corti, ces différentes 
fibrilles, appuyées sur la partie lisse de la membrane basilaire, 
vont se rendre, toutes, dans le ganglion nerveux occupant toute 
la longueur du bord externe de la lame spirale (fig. À, »), après 
avoir traversé de petits pertuis creusés dans l'os et nommés 
canalicules nerveux. 

Ces derniers sont des orifices ovoïdes situés à l'union de la 
lame basilaire et de la lèvre tympanique du sillon spiral interne, 
creusés dans la portion inférieure de la protubérance de Huschke. 
Leur grand axe est dirigé de dehors en dedans. Ils donnent pas- 
sage aux tubes nerveux qui vont du canal spiral à l'organe de 
Corti; ils vont se terminer dans la rampe vestibulaire, car ils 
perforent la lèvre tympanique de la lame basilaire et passent, 
par conséquent, dans la rampe supérieure de cette membrane, 
c'est-à-dire dans la rampe vestibulaire. [ls passent à travers cette 
membrane d’une façon toute spéciale et qui mérite d'appeler l'at- 


222 GABRIEL FERRÉ 


tention. Ileule les avait considérées comme des fentes qui deve- 
naient cylindriques à leur sommet. M. Loewemberg a donné la 
véritable forme de ces points de passage, fait qui a été vérifié 
par M. Coyne et par nous-même. Ces canalicules sont constitués 
par deux cônes réunis par leur sommet : la paroi interne du cône 
supérieur est presque verticale ; la paroi externe correspondant à 
l'union de la lèvre tympanique avec la lame basilaire, est, au 
contraire, très oblique. L’orifice supérieur est donc ovalaire, et 
le grand axe de cet ovale est perpendiculaire à l'axe longitudinal 
de la lame spirale. Le cône inférieur est beaucoup plus large. Au 
lieu de s'arrêter à la lèvre tympanique il empièle en bas et en 
avant sur le tissu qui recouvre le filet nerveux correspondant. Un 
septum très mince et très obliquement dirigé ferme en bas le canal; 
c’est àtravers celte cloison que passent les fibres nerveuses. Après 
avoir traversé ce septum, les fibres nerveuses commencent à 
prendre leur gaîne de myéline; de là, elles se rendent, en suivant 
le canal spiral, dans le ganglion de Corti, dont nous ferons bientôt 
une étude particulière et aussi complète que possible. 

Mais avant d'entreprendre cette description, il est intéressant 
d'examiner le trajet des filets nerveux dans le canal de la lame 
spirale. Ces filets, après avoir traversé les canalicules nerveux, 
entrent dans ce canal; à ce moment, on peut s’en assurer facile- 
ment sur les préparations du labyrinthe traitées par l'acide osmi- 
que, ils suivent une direction radiale et vont se jeter dans le 
ganglion de Corti, dans la partie de ce ganglion située dans le 
plan de section. Mais sur ces mêmes préparations on aperçoit 
des faisceaux de filets nerveux, coupés dans une direction plus 
ou moins longitudinale, plus ou moins oblique, même dans une 
direction complètement perpendiculaire à leur axe, Ces segments 
appartiennent à des faisceaux issus du ganglion de Corti et qui 
pénètrent dans le canal de la lame spirale après un trajet assez 
long, ou bien après avoir décril une spirale : autrement dit, il 
existe des faisceaux issus du ganglion de Corti qui, avant de péné- 
trer dans le canal de la lame spirale, décrivent une spire plus ou 
moins longue. Ces faisceaux peuvent être remarqués sur les 
figures B, C). C'est M. Boeltcher qui les a décrits le premier. Les 
auteurs qui ont étudié l'oreille interne après lui, et notamment 
M. Loewemberg, les ont décrits d'une manière analogue. Ils sont, 
en effet, faciles à voir. Nous reviendrons d'une façon plus com- 
plète sur leur description et sur certaines de leurs particularités, 
dans l'étude du ganglion de Corti. 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 7e 


Ces faisceaux ne sont pas tous contigus ou adhérents les uns 
aux autres dans le canal de la lame spirale : en effet, les deux 
lamelles qui composent ce canal s'envoient des brides osseuses 
qui séparent les faisceaux du nerf issu du ganglion spiral, de 
telle sorte que, sur une coupe radiale, cette lame spirale paraît 
percée, en avant, d’un canal à grand axe horizontal, et, en arrière, 
de trous de forme variable, canal et trous remplis de fibrilles 
noires, si le rocher a élé trailé au préalable par l'acide osmique 
(fig. C). 

En même temps que des traînées osseuses, les deux lames, 
doublées par une très mince couche de périoste à leur face 
interne, périoste accusé simplement par des cellules fusiformes 
ou étoilées appliquées à leur surface interne, chez les jeunes 
Mammifères, s’envoient des tractus conjonctifs qui séparent les 
faisceaux nerveux. Il n’a pas été possible d'y rencontrer la 
moindre couche de substance épithéliale. Le canal de la lame spi- 
rale est ordinairement rempli, soit par les filets nerveux, soit par 
un certain nombre de fibres et de fibres-cellules qui ne paraissent 
pas d’origine nerveuse (Loewemberg). Nous pouvons affirmer que 
se sont des fibres de tissu conjonctif provenant du périoste qui 
double la face interne des deux lamelles. Il suffit d'examiner une 
coupe mince de la lame spirale, avec un grossissement de 400 
diamètres pour se rendre compte de ce fait. 

On trouve, à la base de la lame spirale, de nombreux vaisseaux. 
Is affectent une forme spiroïde. Cet aspect se montre surtout sur 
les coupes faites longitudinalement sur la lame spirale. 


: GANGLION SPIRAL. 


Le ganglion spiral a été découvert par Corti. Comme il est con- 
tenu dans le canal spiral qui porte le nom de canal de Rosenthal, 
le ganglion est souvent aussi désigné sous le nom de ganglion de 
Rosenthal. 

Le canal spiral qui le contient est situé au niveau de l’union de 
la lame des contours et de la columelle ou cône osseux autour 
duquel vient s’enrouler la lame des contours. Il est cylindrique. 


224 GABRIEL FERRÉ 


Il suit le trajet de la lame spirale, mais un peu au-dessous ou 
plutôt en arrière, de telle sorte que sa paroi interne et le canal 
osseux qui le précèdent font saillie dans la rampe tympanique du 
limaçon. Il est percé de deux séries de trous : l’une interne ou 
inférieure donne lieu à l'entrée, dans le ganglion de Corti, des 
filets qui ont traversé la columelle; l’autre, externe ou supéricure, 
donne passage aux filets afférents du ganglion de Corti. Malgré 
l'existence de ces pertuis, le canal est fermé complètement, car 
des cloisons partant du périoste remplissent les interstices. Le 
ganglion est compris dans ce cylindre. Il commence au niveau de 
la lame spirale, et se termine à sa partie supérieure, par une sorte 
de renflement qui est en rapport avec l'extrémité supérieure du 
canal spiral, après avoir décrit un nombre de tours de spire varia- 
ble suivant les espèces animales. Sa forme n’est cependant pas 
régulièrement cylindrique, ainsi qu'on peut s’en rendre compte 
sur des coupes ayant porté suivant l'axe longitudinal de ce gan- 
glion, et dans une certaine étendue. Les bords de la coupe sont 
légèrement festonnés, ce qui correspond à de légers étrangle- 
ments sur le ganglion. 

Nous avons à examiner dans ce ganglion, au point de vue de 
sa structure : le stroma ganglionnaire, les cellules nerveuses 
qui le composent, les fibres nerveuses qui aboutissent à ces 
cellules. 

I. — Le stroma du ganglion de Corti n'est pas très apparent 
chez les tout jeunes animaux. Il faut un grossissement assez con- 
sidérable pour voir les fibrilles conjonctives se détacher des parois 
du canal spiral pour se ramifier et s’anastomoser entre les cellules 
du ganglion. 11 existe assez apparemment chez l'enfant, ainsi 
qu'on peut le voir sur la figure B, qui représente une coupe du 
ganglion chez un enfant de deux mois. Le réseau conjonctif de ce 
ganglion est, du reste, peu connu. M. Loewemberg en a parlé et 
nous citons textuellement ce qu'il a dit : « J'y ai trouvé (dans le 
« ganglion de Corti) non seulement des fibres et des cellules ner- 
« veuses, mais en outre un tissu réticulé composé de fibres fines 
« formant des mailles dont chacune renferme une cellule, » et 
plus loin : «en cherchant des données sur ce tissu dans les tra- 
« vaux de mes prédécesseurs, je n’en ai trouvé aucune mention, 
« excepté une observation de M. Deiters qui parle de tractus du 
« tissu conjonctif trouvé dans la zone ganglionnaire par M. Boett- 
« cher. » 


" 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 225 


Ganglion spiral (enfant). Coupe transversale. a, cellule nerveuse; — b, vaisseau 
sanguin; — €, c, Stroma conjonctif;, — d, cloison du stroma avec noyau; — e, 
coupe transversale d'un des faisceaux héliçoïdaux du ganglion de Corti; — f, fais- 
ceaux nerveux afférents au ganglion, vivement colorés en noir par l'acide osmique 
qui n’a pénétré complètement que le 1/3 externe du ganglion; — h, paroi inférieure 
de la lame spirale. 


Ces fibres indiquées, comme on le voit, d’une façon assez vague, 
forment un réseau assez apparent, comme on peut le voir sur la 
figure B dessinée d’après nature et aussi exactement que pos- 
sible. Il est peu développé chez les animaux naissants, réduit qu'il 
est, à ce moment, à une série de cellules simplement anastosmo- 
sées ; les loges qu'ils forment à ce moment là ne sont pas complè- 
tes. Ce réseau prend une teinte grisâtre sous l'influence de l'acide 
osmique. Il se continue avec les gaînes des nerfs, et il faut un 
examen assez attentif pour reconnaître que les fibres nerveuses 
ne vont pas se jeter dans les cellules de ce siroma. Ce dernier, 
comme on peut le voir sur la figure 2, dessinée d’après une de 
nos préparations dont l'acide osmique n’a imprégné que la moitié, 
présente une petite loge pour chaque cellule, et, dans chaque 
nœud des mailles, se trouve une petite cellule conjonctive. On 
trouve des noyaux sur les parois des mailles. Ce réseau est en 
continuité avec la mince couche de tissu conjonctif qui tapisse 
les parois du canal spiral (voir figure B). 

M. Loewemberg parle de fibres plus volumineuses que les 
fibrilles du stroma, qu'il a trouvées dans ce ganglion, et qui lui 
paraissaient provenir d’une comprise dans cellule une maille du 
réseau. Nous avons retrouvé ces mêmes fibres dans quelques- 
unes de nos préparations, et nous y reviendrons lorsque nous 
traiterons des éléments fibrillaires contenus dans le ganglion de 
Corti. 


15 


23% GABRIEL FERRÉ 


II. — Dans ce stroma sont contenues les cellules nerveuses. La 
forme de ces cellules varie un peu suivant les espaces. Chez le 
Chien, chez le Chat, elles ont une forme ovoïde assez régulière, 
chez l'Homme elles sont plus arrondies(Pl. II, fig. 1 et fig.B , C, D). 
Leur contour est assez tranché. Elles sont granuleuses. Elles pos- 
sèdent un noyau sphérique très net et un ou deux nucléoles très 
nets également (fig. B, C). Elles sont réputées bipolaires, présen- 
tant par conséquent un prolongement afférent et un prolongement 
efférent. Le prolongement afférent reçoit une fibre nerveuse qui 
traverse la paroi inférieure du canal spiral. Ces fibres qui, dans le 
canal cochléaire, possédaient encore leur double contour, en 
perdent un en entrant dans le canal spiral, s'effilent et vont se 
jeter dans une cellule du ganglion de Corti. Le deuxième contour 
qui marquait l'existence d’une gaîne de Schwann, va se jeter dans 
le stroma ganglionnaire. De la cellule nerveuse part le prolonge- 
ment efférent qui, de simple, devient bientôt à double contour, et 
va se jeter dans le canal de la lame spirale. 


Ganglion spiral (Chat). Coupe transversale, 4, cellule nerveuse ; b, faisceaux ner- 


veux afférents au ganglion; — +, c, faisceaux déviés ou hélicoïdaux; — e, fais- 
ceaux efférents du ganglion; — f, cavité du canal de Rosenthal, — q, lame supé- 


rieure du canal spiral. Cette lame montre sur son épaisseur les noyaux du périoste 
qui la double dans l'intérieur du canal spiral. 


Toutes les cellules du ganglion, el la chose est visible surtout 
lorsqu'elles ont la forme ovalaire, n'ont pas une direction située 
dans l'axe de la fibre afférente. Il en est qui forment des groupes 
à section plus ou moins oblique, et d'où se détachent des fibres 
efférentes que nous allons retrouver. 

lil. — La question de l'étude des fibres qu’on trouve dans ce 
ganglion est excessivement importante, surtout à cause des appli- 
calions physiologiques qu'on en peut déduire. 

On distingue dans ce ganglion trois sortes de fibres nerveuses : 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 220 


les fibres afférentes aux cellules ganglionnaires, les fibres effé- 
rentes, et des fibres entrecroisées qu'on a nommées fibres obli- 
ques. 

L'entrée des fibres afférentes peut se faire dans deux directions : 
la première de ces directions est perpendiculaire à la direction de 
la lame spirale; la seconde est oblique par rapport à cette der- 
nière lame. Les unes et les autres peuvent se voir dans une de nos 
préparations qui est représentée dans la PI. II, fig. 4. Nous devons 
ajouter qu'il est rare de rencontrer d’une manière aussi heureuse 
les divers faisceaux qui y sont représentés. Ces fibres obliques 
ont été signalées par M. Boettcher ; M. Loewemberg les a décrites 
après lui et cite son prédecesseur : « On trouve ces faisceaux 
» déviés, dit-il, déjà avant la bandelette ganglionnaire ; cela pro- 
» vient de ce que les fibres venant de l’axe ne vont pas toutes vers 
» la périphérie pour entrer dans cette bandelette, mais qu'une 
» partie d'elles, se recourbant en arc, cheminent dans une direc- 
» tion parallèle à celle de la bandelette; des faisceaux sembla- 
» bles, seulement plus larges la plupart du temps, naissent sur 
» le bord externe de la bandelette, une partie des fibres se tour- 
» nant de même à droite ct à gauche pour continuer en sens lon- 
» gitudinal. La même chose se répète plus loin vers la périphérie, 
» mais ici les faisceaux qui croisent les fibres droites de la ma- 
» nière indiquée sont beaucoup plus étroits. Je répète qu'ils se 
» trouvent ici non seulement placés au-dessus et au-dessous de 
» Celles-ci, mais qu'ils sont véritablement entrelacés (intertexti) 
» avec elles. Il ne me paraît pas invraisemblable que ces fibres 
» spirales se retrouvent tôt ou tard vers le bord libre de la lame 
» spirale osseuse pour entrer dans le canal cochléen à travers les 
» ouvertures de la Æabenula perforata, de concert avec le reste des 
» fibres nerveuses. IL s'en suivrait que les fibres n'iraient pas 
» toutes à la lame spirale membraneuse, à la hauteur où elles 
» ont quitté l'axe, mais qu'une partie d'entr’elles y arriveraient 
» plus tard, loin du trou du limaçon où elles commencent à tendre 
» vers la périphérie. » 

Voilà quelles sont les idées de Boettcher cité par M. Loewem- 
berg. Les recherches qu'a faites ce dernier anatomiste, à la suite 
de Boeticher, l'ont amené au même résultat.Nous les citons encore 
textuellement : « Les auteurs qui ont parlé de ces faisceaux après 
» M. Boeltcher n'ont fait que répéter les données qu'a émises cet 
» auteur. On trouve facilement, avant et après la zone ganglion- 
» naire, des fibres qui deviennent et prennent une direction lon- 


ÿ 


228 GABRIEL FERRÉ 


» gitudinale, mais personne n'a pu dire ce que deviennent finale- 
» ment ces singulières fibres nerveuses à parcours longitudinal. 
» Le hasard m'a fait trouver dans une préparation prise sur un 
» Lapin âgé de six jours, près de la bandelette sillonnée,une ban- 
» delette de fibres nerveuses laquelle arrivait vers la périphérie 
» en sens longitudinal, par conséquent en croisant les autres 
» faisceaux. Elle se recourbait ensuite à peu de distance de la 
» lame spirale molle, de façon à entrer en sens radial entre deux 
» autres bandes à parcours ordinaire. Les fibres se fusionnaient 
» ensuite comme les autres fibres nerveuses, c’est-à-dire en per- 
» çant la lame spirale molle pour entrer dans la rampe vestibu- 
» laire. J'avoue que je n'ai pas pu suivre très loin vers l'axe le 
» parcours de cette bandelette, la lame spirale osseuse ayant été 
» brisée plus en dedans par la préparation; je ne communique 
» donc cette observation que sous quelques réserves, me propo- 
» sant de la contrôler par des recherches ultérieures. » 

L'existence des fibres du ganglion de Corti paraissait donc être 
certaine lorsque leur existence a été mise en doute par celui-là 
même qui les avait découvertes (Coyne). 

Il importe donc d'examiner avec grand soin la forme et la direc- 
tion de ces faisceaux nerveux dont le point d'arrivée, notamment 
pour les faisceaux héliçoïdaux, est encore inconnu (Coyne, Dict. 
Encycl., art. Oreille.) 

Nous avons fait à ce sujet de nombreuses préparations. La 
constatation des faisceaux directs est assez facile. Il est plus dif- 
ficile de trouver des faisceaux hélicoïdaux complets et d'autres 
faisceaux que nous allons décrire, c'est-à-dire des faisceaux com- 
missuraux. En effet, dans cette recherche, on se trouve en présence 
des deux alternatives suivantes : comme ces faisceaux ne sont 
pas situés dans un plan, le rasoir, sur des coupes, ne détache 
qu'un arc insuffisamment étendu du faisceau; ou bien si l'on 
veut avoir un faisceau entier, la coupe est trop épaisse. On n'ar- 
rivera donc que rarement à avoir un faisceau complet. 

L'existence de ces différents faisceaux ne doit pas être mise en 
doute, et les préparalions que nous avons dessinées suffiront, 
croyons-nous, pour convaincre de la réalité de ce fait. Ils exis- 
tent, de plus, chez tous les Mammifères. 

Voici comment on peut comprendre la disposition de ces 

fibres : 

Les faisceaux provenant de l’axe du limaçon, au moment où ils 
entrent dans le canal spiral, suivent une direction radiale ou une 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 229 


direction oblique et spirale. Les faisceaux qui suivent une direc- 
tion radiale vont se jeter dans le groupe de cellules ganglionnaires 
le plus voisin et en sortent, soit dans une direction qui continue 
celle qu'avait le faisceau afférent (PI. IT, fig. 1, a) soit dans une 
direction déviée, car nous avons vu, sur beaucoup de nos prépara- 
tions, des faisceaux aller se jeter dans un faisceau perpendiculaire 
ou bien dans le faisceau radial voisin {fig. D, e, e). Il paraît même 
exister des fibres arquées qui vont d’un amas ganglionnaire à un 
autre, traversant les espaces osseux qui séparent les différents 
îlots du ganglion. Nous savons en effet que ce dernier n’est pas 
un cylindre parfait, mais qu'il est festonné, ses portions étant 
séparées, sinon (otalement, du moins en partie, par des tractus 
OSSeUXx. 

Les faisceaux qui affectent la forme spiroïde entrent dans le 
ganglion en lui formant une sorte d’enveloppe. Cette dernière est, 
sur une coupe, la bandelette interne signalée par Boettcher et 
que l’on retrouve sur nos figures 1 et D. Cette bandelette est inter- 
rompue très souvent par places, et cela se comprend, car les fais- 
ceaux d’où elle provient ne forment pas un étui complet au gan- 
glion, puisqu'ils sortent isolément du limaçon. Sur notre figure 1 
notamment, la bandelette interne n’occupe pas le bord tout entier 
de la préparation. Ce faisceau interne qui est assez volumineux, 
est perpendiculaire tout d’abord aux faisceaux radiaux. Il va se 
jeter dans un groupe de cellules ganglionnaires plus ou moins 
éloignées de son point d’origine ; mais il peut présenter certaines 
particularités que nous n’avons pas trouvées signalées. Ainsi, sur 
une de nos préparations (fig. D), représentant une coupe longitu- 
dinale du ganglion de Rosenthal, un gros filet nerveux /bande- 
lette interne, a), sort du canal cochléen, cotoie le bord interne du 
ganglion, envoie trois faisceaux latéraux vers des ilots ganglion- 
naires bien éloignés de son point de départ, et se bifurque à son 
extrémité. On voit que, dans son trajet, il est croisé par trois fais- 
ceaux directs ou radiaux. Ceci nous montre que ces filets hélicoï- 
daux sont chargés lout au moins de réunir les impressions qui se 
produisent dans des îlots différents du ganglion pour les trans- 
porter, Soit au cerveau, soit à d’autres départements de ce même 
ganglion, puisque ces différents groupes cellulaires sont réunis. 
Ces faisceaux hélicoïdaux, à un moment donné de leur trajet, 
plongent dans le ganglion et vont se perdre dans les cellules gan- 
glionnaires. Le point d'entrée dans le ganglion ne se fait pas à la 
même hauteur pour les filets. Is ne s'élèvent pas suivant des 


230 GABRIEL FERRÉ 


trajets héliçoïdaux parallèles, sans quoi, au lieu d’avoir une in- 
trication de faisceaux nerveux, comme nous le voyons représenté 
sur la figure 1, nous aurions une série de faisceaux parallèles. Le 
fait de faisceaux parallèles se présente pourtant quelquefois 
(voyez fig. 2, a, d). Il n’est donc pas étonnant que ces faisceaux, 
qui ne peuvent pas être parallèles, se montrent légèrement entre- 
croisés sur des coupes. Cette intrication des faisceaux est aug- 
mentée encore par la déviation latérale que subissent les filets de 
l’auditif en sortant du limaçon. Ces derniers, en effet, peuvent se 
bifurquer à leur sortie et aller, l'un à droite, l’autre à gauche. 


Fig. D. 


Faisceaux nerveux pris sur une préparation représentant une coupe longitudi- 
nale du ganglion spiral. 

a. bandelette nerveuse interne du ganglion. envoyant des ramifications b, b, qui 
vont se rendre à des îlots de cellules ganglionnaires non représentées sur la figure; 
— c, faisceaux directs croisant la bandelette a, et issus du noyau du limaçon plus 
bas que la bandelette u; — d, deux cellules paraissant anastomosées; — 6, €. 
fibrilles efférentes entrant dans un faisceau héliçoïdal venant d'un autre ilot gan- 
glionnaire; — f, f, portions de la bandelette externe. 


Nous pouvons aussi noter, et nous revenons sur ce fait impor- 
tant, que nous avons pu constater souvent, qu'il n'y a pas seule- 
ment entrecroisement des faisceaux nerveux tout entiers, mais 
encore entrecroisement des fibrilles nerveuses. Au voisinage des 
ganglions on voit des fibres nerveuses passer d’un ilot ganglion- 
naire à un îlot voisin, ou bien dans un filet héliçoidal perpendicu- 
laire. Nous venons de voir quelles sont les diverses directions que 
peuvent prendre les faisceaux afférents du ganglion de Corti. 
Voyons ce que deviennent les faisceaux afférents. Nous enten- 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 231 


drons par faisceaux efférents les faisceaux qui se dirigent du gan- 
glion vers l'organe de Corti. 

Les faisceaux efférents qui font suite à un faisceau afférent ra- 
dial vont se jeter, la plupart du temps, radialement dans le canal 
spiral. Mais il en est d’autres qui font suite aux faisceaux hélicoï- 
daux, et dont la direction est différente. Ils forment, sur le bord 
externe du ganglion, une bandelette qu’on pourrait appeler la 
bandelette externe du ganglion de Corti, maïs qui n’est, en réa- 
lité, que la section externe de l'enveloppe que forment les fais- 
ceaux spiraux aux ganglions de Corti (voir fig. 1, e; fig. 5, f f); 
ces faisceaux croisent aussi les faisceaux radiaux. 

Nous avons été plus heureux que M. Loewemberg dans les re- 
cherches que nous avons faites au sujet du point d'arrivée de ces 
filets spiroïdes. Cet anatomiste avait trouvé un de ces faisceaux, 
partant de la lame spirale molle et croisant deux faisceaux directs, 
sans pouvoir le suivre plus loin. Sur une de nos préparations, 
nous avons trouvé un de ces faisceaux externes aboutissant à la 
lame spirale molle et croisant six faisceaux directs. Nous n'avons 
pu, il est vrai, suivre ce faisceau jusqu'au ganglion. Nous avons 
conservé cette préparation. Mais dans une autre préparation, bien 
plus précieuse que la précédente, préparation que nous avons 
dessinée (PI. IL, fig. 2, a, b), on voit un de ces faisceaux spiraux 
sortir de la lame spirale molle {g), passer dans un amas 
ganglionnaire (fig. 2, e) et aboutir au trou d'origine du limaçon 
(he 2 A). 

Ces faisceaux ainsi déviés, comme on peut le voir sur la prépa- 
ration, ont donc un trajet assez long. Il est donc certain que ces 
faisceaux spiraux, après avoir traversé le ganglion de Rosenthal, 
continuent leur mouvement hélicoïdal et vont se jeter, comme les 
faisceaux directs, dans le canal spiral. Seulement n'oublions pas 
que ces faisceaux spiraux envoient des ramifications à plusieurs 
départements, et, par conséquent, à leur entrée dans la columelle, 
ils rapportent non seulement l'impression subie par leur prolon- 
gement hélicoïdal dans la lame spirale, mais aussi l'impression 
subie par les parties de l'organe de Corti qui vont impressionner 
les îlots ganglionnaires dans lesquels ils sont allés se perdre. 

Mais ce n’est pas tout : dans quelques-unes de nos prépara- 
tions (voir PI. II, fig. 3), nous avons vu des faisceaux de fibres ner- 
veuses allant directement d’un amas ganglionnaire à un autre. 
Ce fait est important, car il établit l'existence de faisceaux 
commissuraux entre les différents départements du ganglion. 


232 GABRIEL FERRÉ 


On voit donc quelles sont les différentes causes de l'intrication 
des fibres nerveuses dans le ganglion de Corti. 

On peut donc admettre qu'il existe dans ce ganglion des 
faisceaux de passage direct, allant du nerf cochléaire à l'organe de 
Corti, après avoir, bien entendu, traversé l'amas ganglionnaire, 
et des faisceaux commissuraux allant de certains départements 
_de ce ganglion à d’autres. Nous reviendrons sur ce fait lorsque 
nous comparerons le rôle que doit jouer ce ganglion à celui que 
doivent jouer d’autres ganglions que nous allons trouver sur la 
portion extra-osseuse de l’auditif. 

Après avoir quitté le ganglion de Rosenthal, les filets nerveux 
pénètrent dans les canaux creusés dans la columelle. Is sont 
entourés dans ces canaux par de fines enveloppes de tissu 
conjonctif provenant du périoste du conduit auditif interne qui 
se prolonge dans les trous de la base du limaçon. Is ont à ce 
moment la structure de fibres nerveuses complètes avec leur 
gaîne de myéline et leur gaîne de Schwann. Arrivés à la base du 
noyau limacéen, ils passent à travers les trous de la lame criblée 
spiroïde et émergent non en un cylindre parfait, mais en décri- 
vant une surface dont la trace sur la base du limaçon serait un 
cercle dont une partie de la circonférence serait déroulée. Une 
petite portion qui provient du commencement de la lame spirale 
forme un petit faisceau particulier. Nous allons retrouver la 
continuité du nerf cochléaire dans la portion extra-osseuse. 


DEUXIÈME PARTIE 


Portion extra-osseuse de l'auditif. 


Nous avons vu les branches de l’auditif émerger des parois du 
vestibule, d’une part, et des parois du limaçon, d'autre part. 

Les trois branches émergeant du vestibule viennent : la pre- 
mière, supérieure et antérieure, de l'utricule, de l'ampoule 
supérieure et de l’ampoule externe: la seconde, du saccule; la 
troisième, de l'ampoule du canal demi-circulaire postérieur. Ces 
trois nerfs se réunissent au niveau de la crête falciforme pour 
donner lieu à la branche vestibulaire de l'auditif. Cette dernière 
rapporte donc les impressions subies par les cellules contenues 
dans les tâches acoustiques et dans les crêtes auditives. 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 933 


Ganglion de Scarpa. 


A 4 ou 5 millimètres du point où ces nerfs viennent de 
se réunir, par conséquent sur la branche veslibulaire, on trouve 
un petit renflement qui passe presque inaperçu, découvert par 
Scarpa, et qui porte le nom de cet illustre anatomiste. C'est ce 
ganglion que nous allons étudier maintenant. Nous n'avons 
trouvé que peu de renseignements sur la structure de ce 
ganglion ; nous nous sommes donc mis à l’œuvre pour l’étudier 
le plus complètement possible. Cette étude à été faite sur Île 
rocher humain et les préparations que nous avons dessinées 
proviennent des rochers d'un homme de 35 ans el d'un jeune 
homme de 15 ans. Ce sont les deux sujets qui nous ont donné 
les rochers les mieux conservés parmi ceux que nous avons 
enlevés. 

Nous avons, pour préparer ce ganglion, suivi le procédé 
suivant : 

Après avoir injecté le rocher avec de l’acide osmique au 1/200 
et l'avoir laissé séjourner pendant 24 heures dans le même acide, 
24 heures dans l'alcool, comme nous l'avons indiqué au début de 
ce travail, nous avons détruit avec la gouge la paroi supérieure 
du conduit auditif interne, pénétré jusqu'au fond de ce conduit, 
séparé le facial de l’auditif; nous avons ensuite sectionné le nerf 
vestibulaire au niveau de la crête falciforme, et le nerf cochléaire 
au niveau de la lame criblée spiroïde. Nous avons ainsi détaché 
tout le paquet nerveux qui entre dans le conduit auditif interne. 
Comme le ganglion de Scarpa est peu apparent et ne détermine 
presque pas de saillie, du moins c'est ce que nous avons constaté 
dans tous les nerfs auditifs que nous avons traités par l'acide 
osmique, il a fallu, pour le trouver, procéder à la dissociation du 
nerf vestibulaire. Cependant, lorsqu'on a enlevé les filets super- 
ficiels du nerf, la partie ganglionnaire et les parties voisines 
forment un segment beaucoup plus clair qui tranche sur la teinte 
noire qu'a prise le nerf sous l'influence de l'acide osmique. 
Lorsqu'on a mis ce segment à découvert, on peut l'étudier par 
coupes. C’est ce que nous avons fait également. Ce ganglion peu 
aussi s’étudier sur les rochersdesjeunes Mammifères. Dans ce cas 
on procède par coupes. Chez eux,ilest assez difficile de se rendre 
bien compte de la situation de ce ganglion. On peut même le 
confondre avec les ganglions du voisinage qui en sont assez 
rapprochés. On a donc tout avantage à l’étudier chez l'homme. 


234 GABRIEL FERRÉ 


Son volume est à peu près celui d'un grain de chénevis. Il 
englobe tout le trajet du nerf de telle façon que lorsqu'on procède 
à la dissociation du haut en bas, par exemple, on arrive à une 
espèce de nœud placé sur le trajet du nerf et qui n’est autre 
chose que le ganglion de Scarpa {PI IL, fig. 4, a). 

Nous étudierons dans ce nerf: le stroma, les cellules nerveuses, 
et les éléments fibrillaires qu’on y rencontre. 

I. — Le stroma du ganglion de Scarpa est formé par des 
fibrilles et des cellules de tissu conjonctif exclusivement ténues. 
Ce tissu conjonctif fait suile aux faisceaux interstitiels des fibres 
nerveuses du nerf vestibulaire. Il forme des mailles auxquelles 
viennent participer les gaînes des nerfs en venant se jeter sur 
les parois de ces mailles. La myéline des tubes nerveux s'arrête 
à une certaine distance du ganglion, et la partie que nous avons 
dessinée PI. IT, fig. 5, en est dépourvue; cependant l'acideosmique 
a pénétré dans le ganglion, car les cellules ont pris une teinte 
brune caractéristique. Ce défaut de myéline explique la différence 
de coloration que prend le nerf vestibulaire au niveau du 
ganglion. 

La nature conjonctive de ce réseau est donc évidente. On peut 
voir sur la figure 5 le réseau conjonctif en beten c. 

II. — Les cellules nerveuses du ganglion de Scarpa ont été 
toujours réputées comme cellules bipolaires. M. Coyne, qui les a 
étudiées et chez le Chien et chez le Chat, dit que : « le ganglion 
» est formé de grosses cellules nerveuses ovoïdes qui, par leur 
» forme, rappellent celles qui constituent le ganglion spiral de 
» Rosenthal chez ces mêmes animaux; elles forment un amas 
» ganglionnaire en forme de bande allongée qui apparaît le long 
de la face supérieure et postérieure du nerf auditif, et qui se 
prolonge le long de ce nerf dans toute l'étendue de la base 
d'implantation de la branche vestibulaire. Chaque cellule est 
entourée par une sorte de loge qui l’'englobe exactement et qui 
se continue en arrière et en avant avec les tubes nerveux. » 
Chez l'Homme, où nous l’avons surtout éludié, ce ganglion 
nous à paru absolument limité et forme une petile grosseur du 
volume d’un grain de chénevis. Nous l'avons constaté sur 
plusieurs sujets. Nous avons conservé, du reste, des parties des 
nerfs vestibulaires que nous avons dissociés. 

Les cellules nerveuses sont en effet de grosses cellules. Leur 
dimension est de 30,14 environ dans leur plus grand diamètre. 

Comme toutes les cellules nerveuses, elles sont granuleuses. 


A4 
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CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 235 


Elles possèdent un noyau à peu près sphérique nettement dessiné, 
de 12y de diamètre, et un nucléole (voir fig. 10). Le nucléoleest 
très net, très réfringent. Il est double, très souvent, chez les 
jeunes animaux. Mais ces cellules, bien qu'ayant un axe longi- 
tudinal plus long que l'axe transversal, ne sont pas absolument 
ovoïdes. On peut les voir sur la figure 5, où les cellules sont 
entières et non coupées, car cette figure a été dessinée sur une 
préparalion obtenue par la dissociation. On remarque qu’elles 
sont plutôt polyédriques et qu’elles sont loin de ressembler aux 
cellules ovoïdes que l’on trouve dans les ganglions spiraux, chez 
les Poissons, par exemple. Elles portent deux prolongements 
assez longs qui sont en continuité avec les tubes nerveux afférents 
et efférents (PL. IE, fig. 6, a, b; fig. 7, a, b). Sur ces deux figure son 
peut voir ces prolongements, légèrement granuleux, se détacher 
du protoplasme. 

Mais ce ne sont pas les seuls prolongements que présentent ces 
cellules. On voit se détacher du protoplasma de petits prolonge- 
ments clairs, brillants (fig, 6, c,c,e,c). Nous nous sommes demandé, 
en présence de l'existence de ces prolongements, si ce n'étaient 
pas là des fibrilles provenant du réseau conjonctif; mais, après 
des dissociations minutieuses qui nous ont permis d'isoler les 
cellules, nous nous sommes convaincu, et nous avons convaincu 
d’autres personnes que c'étaient bien là des prolongements 
cellulaires (fig. 5; fig. D). Ils se dégagent de ia cellule à différents 
niveaux. Quelques-uns de ces prolongements traversent la mem- 
brane d'enveloppe et vont s’anastomoser avec ceux des cellules 
voisines (fig. 9; fig. 10). Le fait nous paraissant assez extraordi- 
naire, nous l’avons fait constater sur les préparations qui ont 
servi à nos dessins. Ces anastomoses ont été constatés sur une 
coupe très mince du ganglion de Scarpa. 11 nous a même paru 
exister une série de fibrilles arrondies, très réfringentes, formant 
entr'elles des anostomoses et des mailles en rapport avec des 
petits prolongements cellulaires. Mais nous n'avons pas encore 
de certitude à ce sujet. 

Ainsi, ces cellules nerveuses peuvent être regardées comme 
des ceilules multipolaires anastomosées. Deux des prolongements 
l'emportent sur les autres. La constatation de l'existence de ces 
derniers n’est pas toujours chose facile ; ils ne sont pas toujours 
placés aux points que l’on est convenu d'appeler les deux pôles 
d’une cellule, c’est-à-dire aux extrémités d’un même diamètre. 

Dans le ganglion de Scarpa, les cellules sont donc non 


236 GABRIEL FERRÉ 


seulement en rapport de contiguité, comme on le pensait, mais 
encore en rapport de continuité. On peut rapprocher ce fait de 
celui que nous avons constaté dans le ganglion de Rosenthal, où 
nous avons. vu exister des filets commissuraux. 

III. — Les fibres nerveuses que l'on rencontre dans ce gan- 
glion sont des fibres ordinaires, moins la gaîne de myéline qui 
nous à paru faire défaut sur nos préparations. Elles sont entre- 
croisées tout en conservant une direction générale dans le sens 
du nerf. 

Les fibres issues du vestibule vont donc aboutir à des cellules 
nerveuses anastomosées et, de ces cellules, partent de nouvelles 
fibres qui vont aboutir à l’encéphale. Il existe donc, sur le trajet 
de ces fibres, un centre intermédiaire. 

Le nerf cochléaire, comme nous l'avons vu, naît du limaçon 
par une série de trous qui forment la lame criblée spiroïde. Les 
faisceaux vont se réunir à environ 1 centimètre 1/2 de cette lame, 
de telle façon que le nerf a la forme d’une surface gauche dont 
un bord, correspondant au centre de la lame criblée, est cylin- 
drique, tandis que l’autre est linéaire et s'étend obliquement 
jusqu'au nerf vestibulaire, la surface comprise entre les deux 
axes ayant le forme d’un éventail légèrement enroulé (voir fig. 8). 
Tout à fait à l'extrémité du bord tranchant, il existe un faisceau 
de fibres nerveuses qui aboutit au commencement de la lame 
spirale et dans la cloison de séparation du saccule et de l’utri- 
cule : par le fait, ce faisceau à une distribution plutôt vestibu- 
laire que limacéenne. On trouve, sur cette portion qui mesure 
chez l'Homme de 1/2 millimètre à 1 millimètre de largeur, un 
petit renflement peu apparent, qu'on peut comparer à un 
crain de millet comme volume, situé juste à la même hauteur 
que le ganglion de Scarpa, qui est son voisin immédiat (voir 
fig. 4). La séparation qui est indiquée sur la figure n'existe 
presque pas à l’état normal. C’est une simple fente que nous 
avons élargie pour les besoins de l'étude. Ce ganglion, dont 
l'existence a été signalée par Boettcher, et niée par quelques 
analomistes, existe cependant, et nous l'avons trouvé sur tous 
les rochers que nous avons examinés. Il est absolument limité 
en dedans, ainsi que nous le représentons sur la figure 4, où les 
nerfs du tronc cochléaire et du nerf vestibulaire ont été dessinés 
par leur face postérieure ; ils sont représentés relevés. Les 
limites de cet amas ganglionnaire sont très nettes, car la disso- 
ciation des filets du nerf cochléaire situés à sa gauche ne donnent 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 244 


rien au point de vue des cellules nerveuses. Par conséquent, ce 
ganglion ne reçoit que des fibres venant du vestibule. 

Ce ganglion, par sa situation, par sa forme, par sa consistance, 
nous paraît être une dépendance de celui de Scarpa. Du reste, sa 
structure est absolument identique. Nous avons trouvé, après 
coupes et dissociation, la même forme du stroma, la même forme 
des cellules nerveuses avec leurs prolongements tels que nous 
les avons représeutés pour le ganglion de Scarpa. Nous ne revien- 
drons pas davantage sur cette structure. 

Nous pouvons conclure d'ores et déjà que nous trouvons sur les 
filets nerveux, venant du vestibule, des cellules ganglionnaires, 
absolument comme nous en avons trouvé sur les filets limacéens. 
li est important de mettre ce fait en évidence, car c’est une ana- 
logie de plus entre la terminaison vestibulaire du nerf auditif et 
sa terminaison limacéenne. 

C'est encore un fait important sur lequel nous reviendrons dans 
nos conclusions, au point de vue de l’anatomie générale, car il 
démontre sur le nerf auditif la présence de centres nerveux inter- 
médiaires. 

Après avoir traversé ces ganglions, les filets nerveux repren- 
nent leur structure ordinaire et vont former, par leur réunion, le 
tronc de l’auditif proprement dit. 

Nous avons poursuivi l'étude de ce nerf jusqu’à environ 
1/2 centimètre au-delà de la réunion des nerfs vestibulaire et 
cochléaire : quoique, à ce niveau, il existe une légère tuméfaction 
du nerf, malgré les dissociations les plus minutieuses faites sur 
toute la largeur du tronc nerveux, nous n’avons pu trouver de 
cellules ganglionnaires. 

Nous avons arrêté à ce niveau l'étude histologique de l’auditif, 
nous promettant de continuer cette étude que nous avons com- 
mencée dans notre thèse, que nous avons continuée dans un 
article publié dans les Annales d'otologie, intitulé « Contribution à 
l'étude de la cupule terminaie », et que nous poursuivons dans le 
présent travail jusqu'à 1/2 centimètre au-üessus de sa bifurcation, 
en allant des extrémités vers le tronc. 

Mais avant d'arriver aux conclusions que nous avons à tirer de 
ce travail, il est intéressant de parler d’un fait que nous avons 
constaté, et qui est celui-ci : Nous avons trouvé, en dissociant les 
nerfs auditifs d’un vieillard, nerfs qui provenaient d’un rocher 
uniquement traité par l'acide chlorydrique, de gros corpuscules 
que nous avons représentés dans les figures 11 et 12, et qui ne 


234 GABRIEL FERRÉ s 


sont autre chose que des corps amyloïdes. À première vue et à un 
faible grossissement, ils pouvaient passer pour des cellules gan- 
glionnaires, mais, après un examen attentif, nous avons vu ces 
corpuscules composés de couches concentriques réfringentes. 
Traités par l’iode ils ont pris une couleur brun acajou, ce qui 
n’est pas étonnant après leur séjour dans l'acide chlorydrique. 
Nous croyons que c’est la première fois que l’on signale la pré- 
sence de ces corps dans l'auditif. Ils ont été signalés par Lebert 
dans le nerf optique, où ils ont été trouvés à l’état pathologique 
et à l’état normal. Nous avons figuré deux préparations. — Dans 
l'une (fig. 11), un de ces corpuscules est isolé et a été coloré par 
l'iode ; dans l’autre (fig. 12), nous voyons trois de ces corpuscules 
superposés, et deux plus petits au-dessous. Ils ont été teints par 
la fuchsine dans cette seconde préparation. 


CONCLUSIONS 


Une première conclusion à tirer de l'étude que nous venons de 
faire, c'est que les filets nerveux provenant des terminaisons du 
labyrinthe passent par un ganglion : ces filets, venus du limaçon, 
passent par le ganglion spiral et par la partie du ganglion de 
Scarpa découverte par Boettcher; les filets venus du vestibule 
passent par le ganglion de Scarpa. C’est là une analogie qui nous 
paraît maintenant nettement établie entre l’auditif et les nerfs de 
sensibilité spéciale tels que l'optique, qui possède des cellules 
ganglionnaires dans la rétine, et tels que l’olfactif, qui en possède 
aussi dans son bulbe. Il est, du reste, intéressant de remarquer 
que trois nerfs, dont la modification directe de perception est la 
vibration, vont passer directement, avant d'aboutir à des filets 
encéphaliques, par des centres intermédiaires. Pour établir cette 
analogie entre les ganglions de l’auditif, d’une part, et, d'autre 
part, avec la couche ganglionnaire de la rétine et le bulbe olfactif, 
nous avons fait remarquer que nous n'avons trouvé aucune cel- 
lule ganglionnaire sur les terminaisons nerveuses de l'auditif, 
soit dans le limaçon, soit dans le vestibule. Nous n’en trouvons 
aucune dans la partie des filets terminaux comprise entre l’or- 
gane de Corti, les crêtes auditives, les tâches acoustiques et les 
ganglions de Scarpa ou de Corti. 

Ce fait est identique à celui que l’on constate sur l'optique où 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 239 


la couche multipolaire de la rétine est unique, sur l’olfactif où 
il n’y a de cellules ganglionnaires que dans le bulbe de ce nerf. 

De plus, on peut rapprocher les qualités de ces différentes cel- 
lules. Comme les cellules de la rétine, les cellules du ganglion de 
Scarpa offrent des anastomoses, les cellules du ganglion de Corti 
sont commissurées sinon anastomosées, ce que nous nous promet- 
tons de rechercher. Nous nous prometlons de rechercher aussi, si 
les cellules du bulbe olfactif ne présentent pas des anastomoses ; 
les propriétés physiques de ce bulbe rapprochées de celles des 
ganglions auditifs le faisant soupçonner. Ce fait d'analogie ne 
paraît pas très étonnant si l’on tient compte de l'identité d’origine 
de ces trois nerfs. Ce ne sont en effet que des émanations céré- 
brales développées dans le feuillet externe du blastoderme : la 
rétine n'est en effet qu'une circonvolution cérébrale renversée ; 
l'olfactif forme un vrai cerveau chez certains animaux ; la vési- 
cule auditive naît aussi du feuillet externe du blastoderme qui 
forme tout d'abord la fossette auditive. Nous n'insisterons pas 
davantage sur ces analogies. 

Considérons la question à un point de vue moins général, et 
examinons de nouveau quelles relations existent entre les deux 
groupes de terminaisons de l’auditif. Nous ne reviendrons pas 
longuement sur les analogies que nous avons démontrées dans 
nos précédents travaux, entre la terminaison limacéenne et la 
terminaison vestibulaire. 

La perception auditive se fait par des cellules ciliées : cellules 
de Corti (fig. £, r), cellules de Deiters (fig. Æ, q), cellules en 
brosse (A), et cellules à poil {g). Ces différentes cellules sont 
maintenues dans une situation fixe, comme nôus l’avons indiqué 
dans le présent travail, par différents organes de soutien, dans 
une direction constante, par des cellules rondes de soutien dans 
le vestibule, représentées dans la figure Æ par la lettre f, et dans 
le limaçon, par les arcs de Corti, par les cellules de Claudius, 
représentés dans la même figure par la lettre ». 

Les cellules ciliées de Corti et les cellules en brosse perçoivent 
les vibrationsde l’endolymphe comprises dans un petit espace qui 
les surmonte et qui est situé entr’elles et l’organe de recouvre- 
ment que nous avons appelé organe de réglementalion. 

Comme nous l'avons déjà dit dans notre thèse, dans le vesti- 
bule, les vibrations se transmettent par les parois jusqu’à ces 
espaces. Dans le limaçon, comme nous l’avons déjà expliqué dans 
ce présent travail, les vibrations après réflexions sur les parois 


240 GABRIEL FERRÉ 


du canal de Corti, vont faire vibrer les lames élastiques de la por- 
tion striée de la membrane basilaire (fig. Æ, w), vont se trans- 
mettre par le solide x jusqu’à l’espace p, et impressionnent de 
cette façon les cils des cellules de Corti qui baignent dans l’en- 
dolymphe comprise dans cet espace. 


Fig. E. 


Schéma pour montres les analogies des branches de l’auditif. 

a, tronc de l'auditif;, — b, rameau cochléaire; — c. rameau vestibulaire ; — 
d, ganglion de Scarpa et de Boettcher; — e, ganglion de Corti; — f, paroi du ves- 
tibule ; — 4, cellule à poil auditif; — h, cellule en brosse; — à, espace intermé- 
diaire aux cellules et à la cupule terminale ; — k, cupule terminale; — 1, parois 
de la lame spirale; — m, membrane de Corti; — n, partie de l'organe de Corti, 
solide, comprenant les cellules de Claudius, les ares de Corti et les cellules qu'ils 
renferment; — 0, portion lisse de la lame basilaire ; — p, espace intermédiaire aux 
cellules de Corti et à la membrane de Corti; — q, cellules de Deiters; — r, cel- 
lule de Corti; — s, voyez n; — t, sens dans lequel sont transmises les vibrations 
des stries de la portion striée de la lame basilaire uw; — x, incidence sur le liga- 
ment spiral des vibrations de l’endolymphe; — y, réflexion de ces mêmes vibra- 
tions sur la lame basilaire striée, 


Mais l'impression ainsi reçue ne doit durer qu'un temps déter- 
miné. À ce moment intervient l'organe réglementateur représenté 
par la cupule terminale (fig. Æ, k), pour les crêtes auditives, par 


CONTRIBUTION À L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 241 


les otolithes pour les {âches acoustiques, et par la membrane de 
Corti (nm) pour l'organe de Corti. Les cellules de Deiters et les cel- 
lules à poil dont nous avons pu constater l’analogie de structure 
dans ces nouvelles recherches, sont les organes actifs de cette 
règlementation. 

Mais sil existe des organes règclementateurs des mouvements 
des cils des cellules de Corti ou des cellules en brosse, il doit en 
exister d'autres destinés à être les agents primordiaux de cette 
règlementation, c'est-à-dire il faut qu'il y ait des centres qui, par 
action réflexe, tiennent sous leur dépendance les agents actifs de 
la réglementation : les cellules à poil et les cellules de Deiters. 
Nous croyons avoir trouvé ces centres en établissant la présence 
de cellules ganglionnaires sur le trajet des fibres nerveuses 
issues des terminaisons nerveuses. Ces centres seraient donc : 
le ganglion spiral et le ganglion de Scarpa. 

Nous voyons en effet des fibres nerveuses partir des cellules de 
Corti ou des cellules en brosse, nous en voyons partir des cel- 
lules de Deiters et des cellules à poil ; les unes et les autres abou- 
tissent aux ganglions auditifs. Si nous considérons une fibre par- 
tant d’une cellule de Corti, aboutissant aux ganglions, et une fibre 
allant aux cellules de Deiters, l’ensemble de ce système forme une 
chaîne nerveuse absolument disposée pour une action réflexe. 
Les fibres venues des fibres de Corti sont des fibres d’aller pour 
l'impression nerveuse; les filets se rendant aux cellules de Deiters 
sont des fibres de retour pour la règlementation. 

Les cellules des ganglions de l’auditif, par leur disposition 
anastomotique, sont aussi des centres de centralisation des diffé- 
rentes ondes vibratoires, et permettent de percevoir, non seule- 
ment l'intensité et la hauteur du son, mais encore le timbre de 
ce dernier, en nous faisant ressentir un son fondamental et ses 
harmoniques. Les impressions modificatrices des cellules ner- 
veuses sont ensuite portées aux centres encéphaliques par les 
fibres partant de ces ganglions et formant le tronc de l’auditif. 

Voilà donc les conclusions auxquelles nous a amené l'étude 
des filets terminaux de l’auditif et des ganglions qu'ils traversent : 
analogies entre ce nerf et les autres nerfs de sensibilité spéciale, 
tels que l'optique et l’olfactif; présence des centres réflexes de 
règlementation des vibrations ; présence d'organes centralisateurs 
des impressions vibratoires reçues par les éléments terminaux 
ciliés de l'oreille. 


16 


242 GABRIEL FERRÉ 


INDEX BIBLIOGRAPHIQUE 


Scarpa, Anatomicæ de audilu el olfactu. Ticini, 4789. 

F. Rosenthal, Ueber den Bau der Spindel im menschlichen Ohr. Meckel's 
deutsches Archiv für die Physiologie, VIIT, 1833. 

Boettcher, Archiv für Ohrenheilkunde, IX. 

Id., Ueber Entwickelung und Bau des Gehürlabyrinths nach Untersuchungen 
nach Séugethieren. Dorpat, 1869. 

Id., Weitere Beitrige zur Anatomie der Schnecke. Wirchow’s Archiv, XVI, 
1859. 

Id., Ueber den Aqueductus veslibuli bei Katzen und Menschen. Reichert und 
du Bois-Reymond's Archiv, 1869. 

Id., Krilische Bemerkungen und neue Beiträge zur Lileralur des Ohrlaby- 
rinths. Dorpat, 1872. 

Lôwemberg, Etudes sur les membranes et canaux du limaçon. Gaz. hebd, 
n° 42, 1864. 

Id., La lame spirale du limacon de l'oreille de l'Homme et des Mammiféres. 
Paris, Baillière, 4867-1868; et Journal de l’Anatomie et de la Physiologie, 
1866 et 1868. 

Id., La lame spirale du limacon et l'organe de Corti. 1870. 

Index bibliographique de notre thèse : Contribution à l'étude de la crête 
auditive chez les Vertébrés. Thèse de Doctorat, Bordeaux, 1882. 

P. Coyne, Ouie. Dict, encyclopédique, 1883. 

P. Coyne et G. Ferré, Contribution à l’élude de la cupule terminale. Annales 
des maladies de l'oreille et du larynx. Paris, 4884. Fascicule 1. Voir l'Index 


bibliographique. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE II. 


Fig. 1. — Coupe longitudinale du ganglion spiral. On y voit les différents fais- 
ceaux nerveux imprégnés par l'acide osmique. 
a, ilot de cellules ganglionnaires avec les faisceaux nerveux afférents à gauche de 
\Ja figure, efférents à droite; — b, faisceau traversant un ilot ganglionnaire ; — e, d, 
faisceaux héliçoïdaux entrecroisés ; — e, bandelette nerveuse externe du ganglion; 
— f, faisceau héliçoïdal isolé parallèle aux bandelettes interne et externe du gan- 
glion ; — 4, bandelette nerveuse interne. 


Fig. 2. — Coupe ayant porté sur un faisceau héliçoïdal complet. 
a, partie de ce faisceau afférente au ganglion c; — b, partie efférente du méme 


faisceau aboutissant à la lame spirale g; — e, ganglion spiral avec faisceaux affé- 


CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU NERF AUDITIF 243 


rents ; — f, faisceaux afférents coupés transversalement; — d, faisceaux héliçoï- 
daux afférents; — h, insertion de la membrane de Corti; — 1, membrane de Reiss- 
ner; — k, origine du faisceau a, dans le noyau du limaçon. 


Fig. 3. — Portion d’une coupe longitudinale du ganglion spiral, 
b, faisceau de fibres nerveuses, allant d’un ilot a à un ilot c de cellules ganglion- 
paires; — d, bandelette nerveuse interne du ganglion. 


Fig. 4. — Nerf auditif, tronc, branches cochléaire et vestibulaire. Les nerfs sont 
relevés d’arrière en avant. 

a, ganglion de Scarpa sur la branche vestibulaire c; — g, branche cochléaire 
sur laquelle on remarque le filet k, destiné au commencement de la lame spirale et 
à une certaine portion du vestibule. Cette portion comprend le petit ganglion b, 
découvert par Boettcher ; — f, limaçon sectionné; — à, conduit auditif interne; — 
d, nerf facial. 

Fig. 5. — Portion du ganglion de Scarpa. Adulte 35 ans. 

a, cellule nerveuse; — b, cellule nerveuse dans son alvéole; c, alvéole vide; — 
d, faisceaux nerveux. 

Fig. 6. — Cellule nerveuse isolée du ganglion de Scarpa. 

a, prolongement afférent; — b, prolongement efférent sectionné; — ec, €, €, c, 
prolongemen ts. 

Fig. 7. — Cellule nerveuse du même ganglion. 

a, prolongement afférent ; — b, prolongement efférent; — c, membrane d’enve- 
loppe avec noyaux. 

Fig. 8. — Cellule nerveuse du même ganghon comprise dans une maille du 
stroma ganglionnaire. 

Fig. 9. — Deux cellules nerveuses contenues dans les mailles du stroma. 

a, cellule supérieure; — ce, cellule inférieure ; — b, cloison de la maille intermé- 
diaire; — d, prolongements cellulaires anastomosés. 

Fig. 10. — Deux cellules nerveuses avec prolongements 4, &, anastomosés. 

Fig. 11. — Corps amyloïdes du nerf auditif, coloré par l’iode. Vieillard 62 ans. 

Fig. 12. — Trois corps amyloïdes du nerf auditif superposés colorés par la fuch- 
sine, au-dessous se voient deux grains amyloïdes beaucoup moins volumineux. 


INSEE 


SUR LES 


SAR COSPORLDIES 


ET SUR UN 


ESSAI DE CLASSIFICATION DE CES SPOROZOATRES 


Par le D' Raphaël BLANCHARD 


HISTORIQUE 


En 1843, F. Miescher (1), professeur à Bâle, eût l’occasion de 
pratiquer l’autopsie d’une Souris qui avait été capturée dans son 
appartement. La peau enlevée, les muscles attirèrent son atten- 
tion par un aspect strié tout spécial : ils étaient un peu plus pâles 
que d'habitude. L'examen microscopique permit d'y reconnaître, 
allongés dans le sens des fibres musculaires, des sortes de tubes 
dont l'épaisseur était environ quatre à six fois plus considérable 
que celle des faisceaux primitifs du muscle : leur diamètre trans- 
versal variait en effet de 44 à 208% (1/32 à 1/11 de ligne, mesure 
de Paris); ces tubes avaient pour paroi une simple membrane 
anhiste. 

Les formations en question se rencontraient également dans 
tous les muscles du tronc, des extrémités, du cou et de la face, 
dans ceux des yeux aussi bien que dans le diaphragme. Au con- 
traire, les muscles de la langue, ainsi que ceux du pharynx et du 
larynx et tous les muscles involontaires (cœur, œsophage, intes- 
tin) étaient demeurés normaux. 


() F. Miescher, Ueber eigenthümliche Schläuche in den Muskeln einer Hausmaus. 
Berichte über die Verhandl. der naturforsch. Gesellschaft in Basel, V, p. 198-202, 
1813, 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 245 


Le contenu des tubes était constitué par des grains fortement 
serrés et comme agglutinés entre eux. Ces grains, pour la plupart 
allongés et réniformes, étaient longs de 9 à 144 et larges de 3,7 à 
6,4. D’autres, en nombre égal, étaient sphériques et tous à peu 
près d’égales dimensions : leur diamètre variait entre 7 et 
8,3 u (1). 

Miescher pensa que la membrane des tubes était identique au 
sarcolemme, mais ne sut se prononcer sur la véritable nature des 
corpuscules qui se trouvaient accumulés à son intérieur. Il passe 
en revue deux opinions : ou bien il s'agissait là d’un état patho- 
logique particulier de la fibre musculaire, ces corpuscules s’étant 
accumulés à la place des fibrilles à l’intérieur du sarcolemme ; ou 
bien les corpuscules étaient de nature parasitaire, et alors des 
recherches ultérieures sont nécessaires pour décider si le parasite 
est animal ou végétal. Nous le répétons, Miescher ne se prononce 
pas ; il trouve pourtant que la seconde opinion est la plus vrai- 
semblable. 

La même année, von Siebold (2) résume l’observation de Meis- 
cher et, comme lui, reste dans le doute quant à la nature des 
tubes. 


Ces mêmes formations furent retrouvées encore par Herbst (3) 
dans les muscles du Porc. Suivant cet auteur, elles y seraient 
même extrêmement abondantes, puisqu'on les y rencoutre environ 
dans 50 pour 100 de cas. Semblable proportion a été indiquée 
également par Rupprecht (4). 


Déjà en 1846, Th. von Hessling avait rencontré dans les muscles 
du poitrail d’un Chevreuil, cachés à l’intérieur des faisceaux pri- 


(1) Il est vraisemblable que les mesures indiquées par Miescher dans cette partie 
de son mémoire ont été mal prises ou plutôt mal notées. La comparaison avec ce 
qui va suivre nous montre qu'elles sont environ 10 fois trop faibles. Nous pensons 
donc qu'il y a eu erreur dans la place attribuée aux virgules, en écrivant les 
fractions décimales. Aussi, en convertissant les lignes en millimètres, croyons-nous 
devoir multiplier par 10 les chiffres obtenus. 

(2) C. Th. von Sicbold. Bericht über die Leistungen im Gebiete der Anatomie und 
Physiologie der wirbellosen Thiere in dem Jahre 1842. Müller’s Archiv, 18143. — 
Voir page Lx. 

(3: Herbst. Nachrichten von der G. A. Universität und der k. Gesellschaft der 
Wissenschaften zu Gôttingen, n° 19, 1851. 

(4) Rupprecht, Die Trichinenkrankheït im Spiegel der Hettstedter Endemie be- 
trachtet. 1861. 


246 RAPHAËL BLANCHARD 


milifs, des corps granuleux et allongés dont la signification lui 
échappa tout à fait. Par la suile, il vit encore ces corpuscules 
dans les tibres de Purkinje et dans les fibres musculaires du cœur 
du Bœuf, puis dans le cœur du Veau et particulièrement dans 
celui du Mouton (1); il reconnut alors leur analogie avec ceux 
qu'avait décrits Meischer. 

Ces corpuscules peuvent être aisément isolés de leur gaîne 
musculaire : on leur reconnaît alors une membrane d’enveloppe 
et un contenu. La membrane est anhiste, transparente, très élas- 
tique, épaisse de 1 w 25 à 6 4 35 (0,0006 à 0,003 de ligne). Le con- 
tenu varie d'aspect suivant les tubes dans lesquels on l’examine : 
dans ceux que von Hessling considère comme les plus jeunes, il 
est libre à l’intérieur de la membrane d'enveloppe; dans les 
tubes plus âgés, on le voit au contraire se condenser en amas qui 
s'aplatissent réciproquement et dont le nombre augmente avec 
l'âge; ces amas ont un diamètre de 31 4 70 à 38 w 70 (0,015 à 0,018 
de ligne) et sont séparés les uns des autres par une enveloppe 
dont l'épaisseur est à peine appréciable. 

La taille de ces tubes est variable : le plus grand diamètre des 
corpuscules arrondis est de Omm25:; ceux qui étaient oblongs 
avaient au maximum 0%"315 à 0"%420 de long sur 0""105 à Omm167 
de large. Les corpuscules qu'ils renferment sont arrondis ou plus 
fréquemment ovales, un peu incurvés, rémiformes ou même en 
croissant avec leurs extrémités effilées. Les dimensions des cor- 
puscules ovales sont de 10 à 124 pour la longueur, de 4 4 25 à 
6435 pour la largeur; celles des corpuscules arrondis sont de 
8 u A0. 


A la suite du mémoire de von Hessling, C. Th. von Siebold (2) 
publia une courte notice dans laquelle il fit ressortir la ressem- 
blance parfaite des observations de von Hessling avec celles de 
Miescher. Il ajoute que, depuis longtemps, Miescher lui a envoyé 
un dessin (fis. 4) représentant les tubes qu'il a rencontrés dans 
les muscles de la Souris. Depuis lors, ces tubes ont été retrouvés 
à Erlangen, par Siebold lui-même, dans les muscles obliques de 
l'abdomen de la Souris et du Rat; Bischoff, de Giessen, les a aussi 
observés en 1845 dans tous les muscles d'un Rat. 


@) Th. von Hessling, Histologische Mittheilungen. Zeitschrift für wissenschaftliche 
Zoologie, V, p. 189, 1854. — Voir p. 196. 

(2) C. Th. von Sicbold, Zeitschrift für wiss, Zoologie, V, p. 199, 1851. — Planche 
X, fig. 10 et 11. 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES- 247 


Siebold ne pense pas qu'il s'agisse d’un état pathologique du 
muscle; il est de l'avis de Bischoff, qui a reconnu que ces tubes 


étaient renfermés à l'intérieur de la 
gaîne de sarcolemme. Enfin, il se pro- 
nonce nettement pour leur nature pa- 
rasitaire : Miescher n'avait su dire si 
c'élaient des animaux ou des plantes; 
quant à lui, considérant que ni le tube 
ni son contenu n’accomplissent jamais 
le moindre mouvement, il les range 
parmi les Mucorinées. 


Quelques anzées plus tard, Rainey (1) 
étudia le développement du Cysticercus 
cellulosæ dans les muscles du Porc. Il 
rencontra en grand nombre les tubes 
de Miescher et en donna une série de 
figures, mais, par une erreur singulière, 
illes considéra comme représentant les 
premières phases du développement du 
Cyslicerque. Miescher décrivait la paroi 
du tube comme anhiste; pour Rainey, 
elle est au contraire couverte de fibres 
courtes, qui deviennent plus grandes et 
plus distinctes à mesure que « lanimal- 
cule » s'accroît. « Ces fibres, dit-il, sont 
particulières; je ne connais rien qui 
leur soit analogue. Elles n'ont pas le 
contour net et bien défini des vrais cils, 
elles ne sont pas pointues comme des 


soies, ni ondulées comme des cirrhes.. 


Re 
peu près 12 u.» 


Le professeur Leuckart (2) retrouva 
formations signalées par Rainey; leur 


Fig. 1. — Tubes observés 
par Miescher dans les muscles 
de la Souris. 


… Leur longueur est d’à 


bientôt chez le Porc les 
structure était celle que 


celui-ci leur avait assignée : c’étaient des tubes longs en moyenne 
de 1mnm et large de 80 (fig. 2). Le revêtement de fins bâtonnets se 


(1) G. Rainey, On the structure and development of the Cysticercus cellulosæ, as 
found in the muscles of the pig. Philosophical Transactions, CXLVII, p. 111-127, 


1858. — Voir aussi PI. X, fig. 8 à 16. 
) R. Leuckart, Die Parasiten des Menschen. 1. 


Auflage, 1863. — Voir p. 238. 


248 RAPHAËL BLANCHARD 


pouvait observer à la surface, du moins sur la plupart des exem- 
plaires; chez les autres, la membrane d’enveloppe était simple- 
" B ment traversée de 
fins canalicules po- 
reux. Leuckart con- - 
sidère le premier de 
ces états comme dé- 
rivant du second, 
par suite d’une sorte 
de désagrégation de 
la cuticule, comme 
cela se voit d’ailleurs 
pour le plateau des 
cellules de l’épithé- 
hum intestinal. Il 
observe les tubes de 
Rainey chez 5 Porcs 
sur 18; il les rencon- 
tre aussi chez le 
Mouton, 2 fois sur 4. 
Fig. 2. — Psorospermies des muscles du Porc, d'a- Cette dernière obser- 
près Leuckart, — À, grossies 40 fois. — B, fibre mus- 
culaire contenant un tube psorospermique, grossie 
100 fois.— C, corpuscules réniformes isolés. 


vation démontre que 
ces productions 
n'ont rien à voir avec 
le développement des Cysticerques ; ce sont plutôt des organismes 
analogues aux tubes qu'ont décrits Miescher et von Hessling. 

Dans un autre ouvrage, Leuckart (1) revient encore sur ces pa- 
rasites. Il ne lui semble pas impossible que les corpuscules réni- 
formes se développent en de nouveaux lubes, après avoir passé 
par un état amiboïde qui leur aurait permis de sortir de l'intestin 
pour pénétrer jusque dans les muscles. Celte opinion repose du 
reste sur l'expérience suivante : À un Porc, dont les muscles, 
examinés au moyen du harpon, se sont montrés dépourvus de 
tubes psorospermiques, on fait ingérer une certaine quantité de 
viande qui en est au contraire infesiée. L'animal est sacrifié six 
semaines après le dernier repas et environ dix semaines après le 
premier : les muscles sont alors farcis d'un très grand nombre de 
tubes dont la taille est très peu considérabie. 


(1) R. Leuckart, Untersuchungen über Trichina spiralis. Leipzig, 1866. — Voir 
pe 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 249 


Krause (1) à souvent observé les tubes psorospermiques dans 
les muscles de l’œil chez le Bœuf, le Veau, le Porc, le Mouton, le 
Chien, le Chat, il ne les a jamais rencontrés chez l'Homme. Ces 
tubes, en tout conformes à la description qu'en a donnée von 
Hessling, étaient emprisonnés à l’intérieur des fibres musculaires. 


Waldeyer (2) les a vus encore chez le Porc. Il les décrit comme 
des productions ovales ou fusiformes, situées à l’intérieur du sar- 
colemme et tranchant par leur coloration blanche sur la teinte 
rouge du muscle. Les tubes sont limités par une membrane déli- 
cate et anhiste ; ils sont longs de 0,4", de 0,8"" et même de 1"", 
larges de 0,2 à 0,5"*, Leur contenu est conslitué par les corpus- 
cules ordinaires, arrondis ou fusiformes, ces üerniers étant de 
beaucoup les plus nombreux et s'incurvant même en croissant. 
Les dimensions des corpuscules sont de 6 à 9 g pour la longueur, 
de 3 à 4,5 pour la largeur. Chacun d'eux se compose d'une mem- 
brane d’enveloppe délicate et homogène et d’un protoplasma infil- 
tré de granulations sombres et dans lequel on peut distinguer de 
deux à quatre zones plus claires et arrondies. 

Notre auteur à constaté que le tissu musculaire demeure tou- 
jours parfaitement sain au voisinage des kystes. Mais ce qui est 
bien plus intéressant, c’est l'observation qu'il a pu faire de mou- 
vements exécutés par les Psorospermies. Ues mouvements seraient 
de deux sortes : la rotation autour du grand axe, puis la contrac- 
tion du corpuscule sur lui-même ; ils peuvent durer deux heures 
dans des véhicules liquides tels que l'humeur vitrée et la solution 
d'acide chromique à 0,01 pour 100. 


Virchow (3), au cours de ses recherches sur la Trichine, a ren- 
contré fréquemment les tubes de Miescher : il note qu'ils ne 
provoquent jamais aucune altération du tissu muscula're. Cet 
observateur n’a jamais pu se convaincre de l'existence de cils ou 
de soies à la surface des tubes et il pense que cet aspect, dans les 
cas où il a été signalé, était dû à ce que des parcelles de substance 


A) W. Krause, Ueber die Endigung der Muskelnerven. Zeitschrift für rationnelle 
Medicin, (3,, XVIII, p. 136, 1863. — Voir p. 156. 

(2) W. Waldeyer, Ueber Psorospermiencysten in den Muskeln des Schweines. Cen- 
tralblatt für die med. Wissenschaften, I, p. 849, 1863. 

(3) R. Virchow, Darstellung der Lehre von den Trichinen. Berlin, 1864. Voir 
p. 20 et suiv. — Id., Zur Trichinen-Lehre. Virchow's Archiv, XXXII, p. 332, 1869. 
Voir p. 356 ef suiv. 


250 RAPHAËL BLANCHARD 


musculaire étaient restées adhérentes à la membrane. Il rapporte 
d'autre part l'opinion de l’archidiacre Schmidt, d'Aschersleben, 
duquel il avait reçu les premiers échantillons de viande infestée, 
et qui lui écrivait à la date du 24 novembre 1863 : « Même sur de 
grands tubes et même aux deux extrémités de ceux-ci, le revête- 
ment ciliaire est fréquemment de très petites dimensions; sur les 
petits tubes, au contraire, il se prolonge en arrière sous forme de 
longues villosités. Les cils se réunissent souvent en une mem- 
brane large et striée : il se forme alors une membrane d'épaisseur 
très régulière, nettement striée, et qui ne montre plus trace de 
cils. » Virchow a cherché encore à déterminer les phases de l'évo- 
lution du parasite : il a nourri des Chats et des Lapins avec de la 
viande de Porc renfermant de grandes quantités de Psorospermies, 
mais ces expériences demeurèrent sans résultat. Il conclut sim- 
plement que l'ingestion de viandes ainsi infestées est inoffensive. 


C’est encore chez le Porc que Ripping (1) a rencontré les tubes 
de Miescher. Dans les muscles de l'œil, ils mesurent 1,5" de 
long sur 0,11"" de large; leur enveloppe est anhiste et couverte 
de soies ou poils raides, immobiles, longs de 13 «, épais de 1,2k ; 
leur contenu consiste en corpuscules sans nombre, arrondis ou 
réniformes, mesurant 10 y. 

Jusque-là, rien qui ne nous soit déjà connu; aussi n'est-ce point 
dans ce que nous venons de dire que réside l'intérêt de la note 
de Rippinug, mais bien dans l'opinion que se fait cet auteur de la 
nature des tubes : avec Lieberkühn (2), il les range parmi les 
Grégarines, manière de voir qu'ont confirmée les travaux les 
plus récents. « Les corpuscules réniformes, ajoute-t-il, doivent 
être considérés comme des germes qui deviennent libres dès que 
les muscles qui renferment les tubes sont digérés dans l'estomac 
d'un autre animal. 11 est présumable que les tubes proviennent de 
ceux-ci, après migration dans les muscles du nouvel hôte. » 


Moins bien inspiré a été le professeur Kübn (3), de l'Institut 


(1) L. H. Ripping, Beiträge sur Lehre von den pflanzslichen Parasiten beim Men- 
schen. Zeitschrift für rationnelle Medicin, (3), XXII, p. 133, 1865. — Voir p. 139, 
Ueber die Miescher'schen Schläuche. 

(2) Lieberkühn. Sitzungsberichte der Gesellschaft naturforschender Freunde zu 
Berlin, 16 Februar 1864. 

(3) Jul. Kübhn, Untersuchungen über die Trichinen-Krankheit der Schweine. Be- 
richt an den Minister der geistlichen, Unterrichts- und Medicinalangelegenheiten. 
Mittheilungen des Jlandwirthschaftlichen Instlitutes der Universität Halle, 1865. 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 954 


agronomique de Halle, qui a lui-même fréquemment observé les 
tubes de Miescher et qui crut devoir les considérer comme des 
parasites végétaux du groupe des Chytridinées; il les rangea dans 
le genre Synchytrium de Bary et les désigna sous le nom de 
S. mischerianum. Il les a vus chez le Porc dans 89,5 pour 100 des 
cas et les a rencontrés aussi assez souvent chez le Rat, mais une 
fois seulement chez la Souris. Ajoutons encore que ce même 
auteur signala le premier ces productions chez la Poule, tous les 
faits précédents se rapportant exclusivement aux Mammifères. 


Une description plus complète que celle de Ripping, quoique 
plus défectueuse à certains égards, est due à Leisering et Win- 
kler (1). Le vétérinaire départemental Winkler, de Marienwerder. 
avait vu, dans le courant de l’année 1864, un grand nombre de 
Moutons mourir subitement : l’autopsie lui révélait l'existence, sur 
tout le trajet de l'œsophage, de kystes particuliers, dont la nature 
lui était inconnue. Winkler fit part de son observation à Leisering 
et lui adressa des préparations à l'appui; celles-ci, communiquées 
à Gurlt, furent reconnues comme renfermant des tubes psoro- 
spermiques. Leisering put d’ailleurs examiner lui-même un æ@so- 
phage qui présentait sur toute sa longueur de nombreux nodules 
d'aspect jaunâtre, de la grosseur d’un pois à celle d’une noisette ; 
ils étaient renfermés dans la couche musculeuse de l’æsophage 
et faisaient saillie extérieurement, dans le tissu conjonctif am- 
biant ; ils ressemblaient à des petits abcès pleins de pus. Sion 
les ouvrait, on voyait s'écouler de quelques-uns d’entre eux un 
liquide lacto-purulent, au sein duquel le microscope laissait voir 
en nombre immense les petits corpuscules réuiformes qui forment 
le contenu des tubes psorospermiques. Après l'écoulement du 
liquide, il restait dans les nodules une masse plus cohérente, 
transparente, tremblotante, qui, en outre des corpuscules réni- 
formes dont il vient d’être question, se composait de tissu con- 
jonctif et de tubes de Rainey complets. 

D'autres nodules ne laissaient rien écouler à la suite de la 
piqûre. Leur contenu consistait en une masse un peu plus cohé- 
rente, que l'on pouvait extraire en totalité avec une pince. Cette 
masse se montrait alors composée en grande partie de tubes pso- 


(1) Leisering und Winkler, Psorospermienkrankheit beim Schuafe. Bericht über 
das Veterinärwesen im Künigreiche Sachsen, 1865. — Virchow’s Archiv für pathol. 
Anatomie, XXXVII, p. 431. 1665. 


252 RAPHAËL BLANCIIARD 


rospermiques intacts et serrés les uns contre les autres. Dans ces 
nodules, Leisering n'a pu trouver nulle part la moindre fibre mus- 
culaire bien conservée : ils étaient constitués uniquement par des 
corpuscules de Rainey, leur contenu et du tissu conjonctif. 

La forme et la structure des tubes ne permettait pas de douter 
qu'il ne s’agît là de tubes de Miescher ou de Rainey. Il était par- 
ticulièrement intéressant de les voir accumulés en si grandes 
masses dans des espaces si restreints et de les voir détruire toutes 
les fibres musculaires atteintes par eux. Les parties de l’œsophage 
qui semblaient être saines ne renfermaient aucun de ces tubes. 


Pagenstecher (1) a rencontré aussi les tubes de Miescher chez 
la Souris et chez un Sus {Potamochærus) larvatus provenant d'une 
ménagerie. Chez ce dernier, les tubes étaient beaucoup plus petits 
que chez le Rat et la Souris et avaient à peine une longueur de 
4"%. L'enveloppe était hyaline, nettement cannelée de lignes sail- 
lantes; son bord semblait dentelé. Le contenu consistait en pseudo- 
navicelles réniformes ou en croissant, mesurant 154 en moyenne. 
Ces parasites seraient du groupe des Champignons. 


Cobbold (2) a observé ces mêmes productions dans les muscles 
du Bœuf et du Mouton. Chez le Bœuf, les tubes étaient longs de 
Qnm21 à 2""11; chez le Mouton, ils mesuraient 0109 à Omm31. Ils 
sont segments en des sortes de cellules, dont le contenu est 
formé de pseudo-navicelles de taille assez uniforme et mesurant 
environ 12; quelques-unes sont arrondies, d’autres ovales, plu- 
sieurs en pointe mousse à leurs extrémités, d'autres encore sont 
incurvées el fusiformes, mais la plupart sont réniformes. Cobbold 
estime qu'il y a environ 1000 tubes par once de cœur de Mouton ; 
il y en à encore plus dans le cœur du Bœuf. Pour montrer la par- 
faite innocuité de la viande qui les renferme, il fait deux repas, 
dans lesquels il absorbe environ 18000 tubes. 


Sur ces entrefailes, un professeur de médecine vétérinaire à 
l'académie de Proskau, Carl Dammann (3), eût également l’occa- 
sion d'observer, chez une Brebis âgée de neuf ans, des tubes pso- 


(1) H.-AL. Pagenstecher, Die Trichinen. 2. Auflage. Leipzig, 1866. Voir p. 97-99. 

(2) T. Sp. Cobbold, Remarks on spurions Entozoa in diseased and healthy 
Cattle. The Lancet, I, p. 88, 1866. 

(3) C. Dammann, Ein Fall von « Psorospermienkrankheit » beim Schafe. Vir 
chow's Archiv, XLI, p. 283, 1867. 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 259 


rospermiques qui avaient déterminé Ja mort de l'animal. L'obser- 
vation est très analogue à la précédente : les tubes sont également 
amassés en nodules qui siègent le long de l'æœsophage, mais qu'on 
retrouve aussi à la base de la langue et sur toute l'étendue du 
pharynx; c'est toujours dans l'épaisseur de la couche musculaire 
qu'on les rencontre ; la muqueuse en est complètement dépour- 
vue, mais présente à de certains endroits des lésions secondaires, 
comme de l'infiitration et de la rougeur. 

En outre, en examinant au microscope les fibres musculaires 
de l’æsophage et du pharynx, on trouve partout dans leur inté- 
rieur des tubes psorospermiques : il est très rare qu’on fasse une 
préparation de muscles provenant de ces organes sans en rencon- 
trer, ne fût-ce qu'un seul. En maint endroit, notamment au voi- 
sinage immédiat des nodules, on voit en outre les tubes psoros- 
permiques se juxtaposer au nombre de deux ou trois et se loger 
dans l'interstice des fibres musculaires. On trouve également ces 
tubes en assez grand nombre dans les muscles de l'abdomen, du 
thorax et du cou, et en cela l’observation de Dammann diffère de 
celle de Leisering et Winkler. 

Dammann explique la mort de sa Brebis par l’œdème de la 
glotte qui s’est développé à la suite de l'inflammation du pharynx ; 
cette inflammation était elle-même la conséquence de la pré- 
sence des nodules parasitaires, qui étaient surtout nombreux 
dans le voile du palais. [1 pense que la mort subite que Winkler 
avait constatée chez ses Moutons et qu'il ne savait à quelle cause 
rapporter, était arrivée de cette même façon. 


Les tubes psorospermiques ont été encore étudiés par le pro- 
fesseur W. Manz, de Fribourg (1). Cet auteur les a vus dans le 
crémaster du Taureau, chez le Rat, la Souris, le Chevreuil, le 
Lapin et surtout chez le Porc. C’est toujours dans les muscles 
striés qu'il les a rencontrés; jamais il n'a pu en observer dans 
d’autres organes, quelque actives qu'aient été ses investigations 
à cet égard. Dans les cas où ces tubes étaient peu nombreux, leur 
siège de prédilection semblait être le diaphragme et les couches 
sous-péritonéales des muscles abdominaux. 

La membrane des tubes les plus grands est une fine pellicule 
homogène, qui enserre d'assez près son contenu. Les plus petits 


1) W. Manz, Beiträge zur Kenntniss der Miescher schen Schläuche. Archiv für 
mikr. Anatomie, IT, p. 345, 1867. 


254 RAPHAËL BLANCHARD 


tubes sont effilés à leurs deux extrémités el souvent à une seule; 
en cet endroit, la membrane semble s'être écartée légèrement de 
son contenu, de manière à laisser de part et d'autre un espace 
conique dans lequel on ne trouve pas de corpuscules réniformes, 
mais seulement des granules brillants. 

Rainey, on se le rappelle, a décrit et représenté la membrane 
comme couverte de fins prolongemente analogues à des cils. 
Manz a vérifié le fait : ces prolongements ne s'observeraient que 
sur les tubes les plus petits. Ce revêtement peut aisément passer 
inaperçu, en raison de sa grande délicatesse; en séparant par 
dissocialion les tubes des fibres musculaires, il est très facile de 
le détruire. Il se présente sous l'aspect d'une zone délicate qui 
recouvre toute la surface du tube, mais qui est beaucoup plus 
large aux extrémités de celui-ci qu'à sa partie moyenne, où il 
mesure en moyenne 9x d'épaisseur (fig. 3). Il donne plutôt l’im- 
pression d’une cuticule striée que 
d'un revêtement ciliaire, ainsi que 
Leuckart le remarquaitdéjà ; Manz 
ne l’a jamais vu accomplir aucun 
mouvement. 

Le contenu des tubes est formé 
d’une substance fondamentale ho- 
mogène, transparente, gélati- 
neuse, dans laquelle sont plongés 
les corpuscules réniformes. Mais 
l'aspect de ces corpuscules est 
sujet à certaines variations : quel- 
ques-uns sont arrondis, semi- 
lunaires ou droits, formes qui re- 
présentent les premiers états de 
développement des précédents. 
Ces corpuscules ne sont jamais 
mobiles spontanément. La sub- 

Fig. 3. — Tube psorospermique du stance fondamentale dans laquelle 
diaphragme du Porc, d'après Manz. j]é Sont noyés se fractionne en 
L'enveloppe s’est rompue. À droite, R 3 
on voit quelques corpuscules réni- Mas Qui, SCTres fortement les 
formes isolés ups contre les autres, s'aplatissent 

réciproquement et prennent une 
forme polygonale, mais qui, isolés les uns des autres, pren- 
nent une forme sphérique, ainsi que cela se voit au niveau de la 
déchirure qui a été pratiquée dans la membrane d’enveloppe. 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 2H 


Quant à la manière dont ces productions parasitaires s’intro - 
duisent dans l'organisme, Manz n'a pu arriver à aucun resultat 
précis. Des essais d'infection tentés sur des Cochons d’Inde, des 
Rats et des Souris blanches, n’ont pas eu de suite : en tuant ces 
animaux quelques heures après l’ingestion de viande remplie de 
tubes psorospermiques, on trouvait bien les débris de ceux-ci dans 
l'intestin, mais on ne pouvait observer rien d’anormal dans les 
parois intestinales, non plus que dans tout autre organe. Manz 
doute que l'infection se fasse par les voies digestives. 


On doit encore à Ratzel (1) une observation de tubes psoro- 
spermiques. Cet auteur les à rencontrés chez un Magot mort dans 
une ménagerie : ils étaient interposés entre les faisceaux muscu- 
laires primitifs et avaient l'aspect de corps fusiformes, allongés, 
dont la longueur était de 2,1 à 3"" et dont la largeur ne dépassait 
pas 0,22. 

L’enveloppe du tube est anhiste et partout recouverte de fins 
piquants qui, aux deux pôles du grand axe, se dirigent en sens 
opposé; ils sont si serrés en cet endroit qu'ils semblent accolés 
les uns aux autres, mais, sur tout le reste de l'étendue du tube, 
leurs pointes s'écartent fortement; ces pigments forment par leur 
ensemble un ornement composé de lignes qui s’entrecroisent 
obliquement. 

Les corpuscules renfermés dans les tubes varient de la forme 
arrondie à la forme ovale; leurs dimensions oscillent entre 4 et 
6. Le carbonate de soude leur fait prendre une forme allongée, 
en saucisse. Ils se réunissent en boules qui, d’abord rondes, 
deviennent polygonales par pression réciproque et dont le dia- 
mètre varie de 40 à 504; ces boules sont parfois entourées d’une 
membrane anhiste. 

Les tubes psorospermiques étaient répartis également dans 
toutes les parties du système musculaire qui ont été étudiées; on 
trouvait en moyenne un tube par centimètre carré de muscle : les 
muscles en étaient donc littéralement farcis. Dans les muscles du 
bassin et dans ceux du siège (2), ils étaient encore plus abondants 
et il est vraisemblable que la paralysie dont le Singe était atteint 


(1) Fr. Ratzel, Beschreibung einiger neuen Parasiten. Archiv fur Naturgeschichte, 
I, p. 150, 1868. — Voir 4. Psorospermien in Affenmuskeln, p. 154. 

(2 Le texte allemand dit: des Gefässes. La phrase n'est compréhensible qu’autant 
qu'on admet une faute d'impression et qu'on lit : des Gesässes. 


290 RAPHAÏËL BLANCHARD 


depuis plusieurs semaines, au dire de ses gardiens, reconnaissait 
pour cause ces productions parasitaires. 


Il est particulièrement intéressant de rapprocher du fait de 
Ratzel, relatif au Singe, l'observation rapportée par Lindemann (1). 
Cet auteur a vu chez l'Homme des « Grégarines », que nous 
croyons être des tubes de Miescher, déterminer une hydropisie 
générale. Les parasites s'étaient développés dans les valvules du 
cœur et formaient des amas longs de 3%", larves de 1,5" et 
ayant l'aspect de noyaux brunâtres. Par suite de leur multiplica- 
tion (?), ils avaient envahi peu à peu le tissu conjonctif des val- 
vules et en avaient altéré la structure. L’élasticité des valvules 
diminuant, celles-ci se trouvèrent incapables de supporter la 
pression sanguine : de là des déchirures, des stases consécutives 
dans la circulation et finalement une hydropisie générale. Dans 
un autre cas, Lindemann a trouvé ces mêmes parasites dans le 
tissu même du muscle cardiaque. 

Le travail de Lindemann ne nous est connu que par le compte- 
rendu qu'en a publié M. Beaunis. En l’absence du texte original 
ou de tout dessin représentant les productions qu'a rencontrées 
notre auteur, il serait téméraire d'affirmer sans restriction qu'il 
s’agit là de tubes de Miescher. Mais, si nous ne pouvons donner 
de ce fait une démonstration péremptoire, de sérieuses considé- 
rations le rendent du moins très probable. 

Les tubes de Miescher ont été signalés chez des Mammifères 
assez variés d'espèce et de régime pour qu'on puisse affirmer 
que l'Homme n'est point à l'abri de leur atteinte : s’il est vrai, 
comme tout autorise à le croire, que ces parasites arrivent dans 
l'organisme par la voie du tube digestif, leur plus grande rareté 
chez l'Homme s'explique par les préparations culinaires que 
celui-ci fait subir à ses aliments. A un autre point de vue, la 
fréquence avec laquelle ces tubes se rencontrent dans le myo- 
carde, chez les animaux, indique suffisamment qu’il en peut être 
de même chez l'Homme. On ne saurait objecter que Lindemann 
les a rencontrés aussi dans le tissu des valvules du cœur, puisque 
von Hessling les a décrits et figurés lui-même en dehors du 
muscle cardiaque, à savoir dans les fibres de Purkinje. 


(1) K. Lindemann, Die Gregarinen und Psorospermien als Parasiten des Mens- 
chen. Bulletin de la Soc. imp. des naturalistes de Moscou, XXXVI, p. 425, 1863. — 
Id., Ueber die hygienische Bedeutung der Gregarinen. Deutsche Zeitschrift für 
Staalsarzneikunde, 1868. Analyse par Beaunis in Gazette méd, de Paris, p. 86, 1870. 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 251 


Le professeur Perroncito, de Turin, dont on connaît les belles 
études d'helminthologie, a eu, lui aussi, l’occasion d'observer les 
tubes de Rainey chez le Porc (1); il a constaté sur des jambons 
que ces productions pouvaient devenir le siège d'un dépôt cal- 
caire : sur une section de ces derniers, on pouvait reconnaître à 
la surface, disséminées çà et là, des ponctuations ou concrétions 
de forme irrégulière, arrondies ou allongées, blanches, dures, 
friables, criant sous le couteau; leur taille variait de celle d’une 
tête d'épingle fine à celle d’un grain de mil ou un peu plus. 

Le même auteur (2) a pu encore observer une Vache qui, depuis 
quelque temps, présentait une faiblesse insolite. Tous les soins 
ayant été inutiles, l'animal fut abattu. A l’autopsie, on trouva tous 
les viscères complètement sains, à l'exception du cœur: les fibres 
musculaires de ce dernier organe présentaient un très grand 
nombre de petits points blanc-jaunâtres, qui n'étaient autre chose 
que des tubes psorospermiques. 


Siedamgrotzky (3), professeur à l'École vétérinaire de Dresde, 
constata chez un Cheval d'anatomie une atrophie et une päleur 
anormales de certains muscles des membres. Ces muscles présen- 
taient, surtout dans les couches superficielles, des stries blan- 
châtres ayant la direction des fibres et correspondant à des tu- 
bes de Miescher longs de 3 à 4%"; ceux-ci étaient logés au sein 
des fibres musculaires et se terminaient en pointe mousse à cha- 
cune de leurs extrémités. A leur intérieur se trouvaient des cor- 
puscules réniformes ou semi-lunaires terminés en pointe, ainsi 
que quelques corpuscules arrondis. Ces corpuscules mesuraient 
8 à 16 de long sur 4 y de large ; tous étaient pourvus d'un noyau, 
quelquefois double, mesurant 2,5 à 3,3 de diamètre. 

Ces parasites déterminent par leur présence une altération par- 
ticulière du muscle. Les noyaux du sarcolemme se multiplient, 
non seulement dans les fibres atteintes, mais encore dans les fibres 


(1) Ed. Perroneito, Poche parole intorno ai corpuscoli di Rainey, ecc. Medico 
veterinario. Torino, 1869. — Id., Concrezioni nei presciutti provenienti del Parmi- 
giano. Ibidem, 

(2) Id., Prelezione al corso di anatomia patologica e di patologia generale. 
Torino, 1874. — Id., 1 parassiti dell’ uomo e degli animali utili. Milano, 1882 
Voir p. 100. 

(3) 0. Siedamgrotzky, Psorospermienschläuche in der Mskulatur der Pferde. Wo- 
chenschrift für Thierheilkunde und Viebzucht, XVI, p. 97-101, 1872. Analyse par 
Zundel dans le Recueil de médecine vétérinaire, (5), IX, p. 460, 1872. 


17 


258 RAPHAËL BLANCHARD 


voisines; ces noyaux forment comme des chapelets accolés au 
sarcolemme. De plus, le tissu conjonctif intermusculaire prolifère 
et la compression qui s'ensuit peut déterminer une atrophie 
simple de la fibre contractile. Enfin, à la longue, les utricules 
psorospermiques peuvent subir la dégénérescence calcaire et 
s'incruster de carbonate, mais surtout de phosphate de chaux. 

Le même auteur a fréquemment observé les mêmes altéralions 
des muscles sur des Chevaux d'anatomie, ainsi que sur des Che- 
vaux morts à l’infirmerie de l'École vétérinaire. Il a retrouvé les 
tubes de Miescher notamment dans la conche musculeuse de 
l'æsophage, où ils se présentaient toujours dans les fibres trans- 
versales, sous forme de stries blanchätres assez faciles à distin- 
euer à l’œil nu ; ces mêmes productions se rencontraient encore 
dans les muscles du pharynx, dans les muscles cervicaux infé- 
rieurs et dans le diaphragme. C’est, en somme, dans les muscles 
des premières voies digestives, ou à l'environ de celles-ci, que les 
tubes psorospermiques se présentent chez le Cheval : ce fait 
indique sans doute que les Psorospermies pénètrent dans l'écono- 
mie avec les aliments solides ou liquides. 

Quant à leur nature, Siedamgrotzky se demande si ce sont des 
parasites ou bien des éléments pathologiques spéciaux à certaines 
affections des muscles. La première opinion lui semble toutefois 
la plus admissible. Les tentatives de reproduction qu'il à entre- 
prises n’ont pas eu de succès. 


Von Niederhäusern et Zürn ont rapporté des observations très 
analogues à celles de Leisering et de Dammann. Le premier de 
ces auteurs (1) a vu la mort survenir, à la suite d’une gêne consi- 
dérable de la respiration, chez une Chèvre dont les muscles du 
larynx étaient remplis de Psorospermies. Zürn (2) a vu plusieurs 
Moutons être pris d'accès épileptiformes, puis mourir; des tubes 
psorospermiques, dont la taille variait de celle d’un grain de mil 
à celle d'une fève, se présentaient en grand nombre dans la langue, 
dans les muscles du pharynx, du larynx, des joues, du cou, ainsi 
que dans les muscles de la mastication, des lombes, du ventre et 
même de la cuisse. 


A) Von Niederbäusern. Zeitschrift für praktische Veterinärwissenschaften, I, p. 79, 
1873, 

(@ F. A.Zürn, Die Schmarotzer auf und in dem Kôrper unserer Haussäugethiere, 
IL : Die pflanslichen Parasiten. Weimar, 1874, — Voir p. 453. 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 259 


A l'exemple de Kühn, dont nous avons rapporté déjà l'opinion, 
Zürn considère ces Psorospermies comme des végétaux et les 
croit très voisines des Chytridinées. Une manière de voir analogue 
a été émise par Rivolta (1), qui les tient également pour des pa- 
rasites végétaux. 


C'est encore chez le Bœuf et le Mouton que Beale (2) a observé 
les tubes de Miescher; il les trouve parfois chez des animaux 
bien portants, mais le plus souvent dans les cas de peste bovine ; 
ils sont alors en nombre immense. Leur longueur varie entre 
OmwO84 et 6""34. « On peut, dit-il, les rapporter aux Grégarines, 
mais ils diffèrent remarquablement des Psorospermies, parmi 
lesquelles on les range généralement. » Beale donne un grand 
nombre de figures de ces productions et les représente, suivant 
les cas, avec une membrane striée ou couverte de prolongements 
piliformes (3). 


Dans la seconde édition de son ouvrage classique sur les para- 
sites de l'Homme, Leuckart (4) s'occupe aussi des tubes de 
Miescher. Il fait ressortir leur ressemblance avec les Coccidies ou 
Psorospermies oviformes, mais hésite pourtant à les ranger à 
côté de celles-ci parmi les Sporozoaires, groupe nouveau dont 
font également partie les Grégarines. Il n’ajoute rien d’essentiel 
à ce qu'avaient fait connaître les observateurs précédents, si ce 
n'est que l'enveloppe des tubes, surtout des tubes jeunes, est 
traversée de fins canalicules poreux. 

Leuckart croit que les boules entourées d'une délicate mem- 
brane et remplies de corps réniformes sont de véritables spores, 
analogues aux spores où pseudo-navicelles des Coccidies; les 
corpuscules réniformes correspondraient eux-mêmes aux corpus- 
cules falciformes. 


A part l'observation de Kühn chez le Poulet et celle de Linde- 


(1) Seb. Rivolta, Dei parassiti vegetali. Torino, l* edizione, 1873; ® edizione, 
1884. Voir p. 398. — Cet auteur estropie l'orthographe du nom de Rainey, qu'il 
écrit Renay. 

(2) L. Beale, The microscope in medecine. 4* edition. London, 1878. Voir p. 485, 
Entozoon-like bodies in muscles. 

(3) PI. zxxix et Lxxx, p. 486 et 488. La striation de la membrane est représentée 
sur la fig. 7 de La pl. zxxix et sur les fig. 8 et 18 de la pl. Lxxx: les prolonge- 
ments piliformes se voient sur les fig. 9, 10 et 11 de la pl. Lxxx. 

(4) R. Leuckart, Die Parasiten des Menschen. 2, Auflage, I, p. 251, 1879. 


260 RAPHAËL BLANCIARD 


mann chez l'Homme, les tubes de Miescher ou de Rainey n'avaient 
été rencontrés, jusqu'alors, que chez des herbivores (Chevreuil, 
Bœuf, Mouton, Chèvre, Lapin), des frugivores (Singe) ou des om- 
nivores {Porc, Rat, Souris, Sanglier (1)]. C’est au Dr Huet (2) que 
revient le mérite de les avoir pour la première fois signalés chez 
un Carnivore. 

Une Otarie étant morte au Jardin des Plantes de Paris, M. Huet 
en pratiqua l’autopsie. Les muscles attirèrent son attention par 
leur couleur foncée : ils étaient farcis de corps cylindriques, très 
allongés, mousses à leurs extrémités, situés toujours dans l’inté- 
rieur d’une fibre musculaire. Huet rapprocha avec raison ces 
productions des tubes de Miescher, pour lesquelles Davaine (3) 
avait créé le nom de Psorospermies utriculaires. 

Quelquefois, dit Huet, les tubes psorospermiques « touchent au 
sarcolemme ou sont même appliqués contre lui; plus souvent ils 
occupent le centre même de l'élément. Leur longueur varie entre 
0,3% et 1, 2,3 et même 4"". Leur diamètre moyen est de 20 à 30 4. 
Ils sont formés d’une membrane amorphe, renfermant des gra- 
nulations qui, vues avec un fort grossissement, ont la forme de 
croissants; on n'y voit pas de noyau. Ces granulations elles- 
mêmes sont formées d'une enveloppe renfermant, outre une subs- 
tance hyaline, un amas granuleux. 

» Elles mesurent 5 2 sur 4. Les fibres musculaires au voisinage 
de ces corps ne sont pas altérées, elles se sont simplement écar- 
tées pour leur faire place, limitant ainsi un espace fusiforme. Le 
vide qui existe entre les pointes de ces fuseaux et l'extrémité 
mousse du parasite est comblé par des cellules du tissu con- 
jonctif. » 


Sur de la viande de Pore, saisie à l’abattoir de Nice, M. le pro- 
fesseur Laulanié (4), de l'École vétérinaire de Toulouse, a trouvé 
des tubes de Miescher extrêmement nombreux : ils étaient même 


\ 


visibles à l'œil nu, longs de 2 à 3mm, larges de Omm12 à Omm]5. Ils 
étaient situés à l'intérieur du faisceau musculaire primitif et 


(1) Les tubes de Miescher, au dire de Bütschli, ont été vus chez le Sanglier par 
Cohnheim,. 

(2) L. Huet, Note sur des parasites trouvés dans les poumons et dans les muscles 
de l'Otaria californiana. Compte-rendu de la Soc. de Biologie, p. 321, 1882. 

(3) C. Davaine, Traité des Entozoaires. Paris, 2° édition, 1877. Voir p. XXI. 

(4) F. Laulanié, Sur les utricules psorospermiques des muscles du Porc et les 
altérations qu'ils déterminent. Toulouse, in-8° de 16 p., IS84. 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 261 


même il n’était pas rare de voir deux sacs psorospermiques juxta- 
posés dans le même faisceau. 

M. Laulanié a vu l'enveloppe du sac se condenser aux extré- 
mités sous forme de deux pointes aiguës, comme le montre la 
fie. 4 de la pl. III, figure que nous reproduisons d’après son mé- 
moire. Kühn (1) avait déjà donné une image très analogue des 
tubes psorospermiques du Porc et avait décrit sous le nom de 
«prolongement en forme de bec » (schnabelartiger Fortsatz) ce 
même appendice que M. Laulanié décrit et figure. On peut encore 
le comparer, dans une certaine mesure, à la zone polaire qui se 
voit sur la fig. 3, empruntée à Manz, zone dépourvue de sphérules 
à corpuscules réniformes. 

Dans le cas de Kühn, la membrane d’enveloppe était mince et 
anhiste ; dans le cas de Laulanié, elle avait au contraire sa sur- 
face couverte de cils. « Cette membrane d’enveloppe envoie à 
l'intérieur des cloisons anastomosées qui circonserivent des cavi- 
tés remplies de petits corps analogues à des pseudo-navicelles. » 
Ces corpuscules (PI. IIL, fig. 5) sont semi-lunaires et pourvus de 
deux points clairs que M. Laulanié considère comme des vacuoles. 
Ce même observateur croit que les tubes de Miescher représen- 
tent une phase de l’évolution d’une Grégarine. 

La plupart des auteurs dont nous avons jusqu’à présent passé 
les travaux en revue s'accordent à considérer les tubes de Mies- 
cher comme des parasites inoffensifs, ne déterminant aucune 
lésion du muscle qui les héberge. Chez le Porc observé par M. Lau- 
lanié, ils avaient au contraire déterminé des altérations assez 
graves pour qu'on en prononçât la saisie. Le tissu musculaire. 
était criblé de granulations fusiformes, jaunâtres, grosses comme 
une tête d’épingle et disposées souvent en séries de deux ou trois 
dans le sens des fibres musculaires. L'examen microscopique a 
permis de constater que le muscle était partout frappé de myosite 
interstitielle diffuse. Mais cette myosite (que Laulanié a pu voir 
également chez le Cheval, dans un cas du même genre) se con- 
centroit en certains points et revêtait la forme nodulaire, de 
manière à simuler des granulations tuberculeuses. Au fur et à 
mesure qu'elles grossissent, ces granulations empiètent sur le 
tissu musculaire, dont elles engiobent et détruisent progressive- 
ment les fibres. Le fait que ce processus pathologique tient à la 
présence des tubes de Miescher se trouve démontré par l'examen 


(Je Pocrotr., here 


262 RAPHAËL BLANCHARD 


- 


de préparations sur lesquelles on voit des granulations à leur 
début, qui possèdent en leur centre un sac psorospermique. 


Tel était l’état de la question quand celle-ci fut reprise, en 1883, 
par M. le professeur Balbiani : on ignorait alors complètement 
l'évolution de ces productions parasitaires, que l’on désignait 
indifféremment sous les noms de Psorospermies utriculiformes ou 
utriculaires, tubes psorospermiques, tubes où utricules de Miescher ou 
de Rainey ; on était loin de s'entendre sur leur véritable significa- 
tion, les uns, comme von Siebold, Kühn et Rivolta, les rapportant 
aux plantes, les autres, comme Lieberkühn, Ripping, Davaine, 
Cobbold (1), Leuckart et Perroncito, les rangeant parmi les Pro- 
tozoaires, d’autres enfin s'abstenant d'émettre aucune opinion sur 
leur nature. Zürn qui, en 1874, les considérait comme des végé- 
taux est revenu plus tard sur cette erreur : «en tout cas, dit-il, 
ce sont des Grégarines enkystées (2). » 

Il était réservé à M. Balbiani de donner à ces productions la 
place qui leur revient dans le cadre zoologique. Tandis que Leuc- 
kart les place avec hésitation dans le groupe des Sporozoaires, 
le savant professeur du Collège de France (3) montre leurs affi- 
nités avec ceux-ci et les range définitivement à côté des Gréga- 
rines el des Coccidies ; on se rappelle que semblable opinion avait 
été émise autrefois par Lieberkühn et Ripping, dont les publica- 
tions à cet évard étaient demeurées dans l'oubli. Avec Leuckart, 
M. Balbiani fait remarquer que leur siège exclusif est le tissu 
musculaire strié et, en raison de cet habitat, il propose de leur 
donner le nom de Sarcosporidies, sous lequel il convient de les 
désigner désormais et sous lequel Bütschli les a décrites égale- 
ment (4). 

Sur des fragments de muscles provenant de l’Otarie qu'avait 
disséquée le Dr Huet, M. Balbiani a pu en outre étudier la struc- 
ture intime du parasite (lig. 4). Il confirme en général les don- 
nées de ses devanciers, mais aussi les complète ou les rectitie 


() Sp. Cobbold, Parasites ; a treatise of the Entozou of man and animals. Lon- 
don, 1879. 

1 Küchenmeister und Zürn, Die Parasiten des Menschen. 2. Auflage. Leipzig, 
1881. Voir p. 15. 


(3) G. Balbiani, Les Sporozoaires. Journal de micrographie, VII. 1882, — Id., 
Leçons sur les Sporozoaires. Paris, in-8°, 1883. 
(4) O0. Bütschli, Xlassen und Ordnungen der Thierreichs. — L, Protozoa. Leipzig, 


1882. — Surcosporidia, p. 601-616. 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 263 


sur plus d'un point. L'histoire des Sarcosporidies, qui jusque-là 
avait été entourée d’obscurités, s’éclaircit dès lors ; ce n’est pas à 
dire pourtant que 241 2 
cette histoire ne 
présente encore 
quelques lacunes. 
Celles-ci sont 
nombreuses, au 
contraire; mais un 
point capital est dé- 
sormais acquis, à 
savoir la place que 
doiventoccuper les 
Sarcosporidies 
dans l'échelle des 
êtres. Quant aures- 
te,onignoreencore 
comment elles se 
transmettent. Elles 
siègent de préfé- 
rence dansles mus- 
cles du pharynx, 
de l’æsophage ou 
dans ceux qui avoi- 


GA 
sinent le tube di- 


gestif (psoas, dia- Fig. dre Sarcosporidies des muscles 
de l’Otarie, d’après Balbiani. — 1, frag- 
phragme, langue, ment de muscle strié montrant les Sarcos- 
œil) : il est donc poridies dans les faisceaux primitifs du 
probable que le muscle. — 2, faisceau primitif plus grossi. 
tube digestif est le — 3. groupe de spores. — 4, corpuscules 
point de départ de réniformes isolés; a, non mürs; b, mûrs. 
l'infection, mais le fait n’a point encore été démontré expérimen- 
talement ; on se rappelle que Manz a fait sans succès des tenta- 
tives dans ce sens. 

Nous n'insisterons pas sur leur importance pathogénique : il 
suffit de se reporter aux observations de Leisering, de Dammann, 
de Ratzel, de Lindemann, de Perroncito et de Laulanié pour se 
convaincre de leur influence néfaste. 


AVE 


nr. 
CZ 


ASSA 
SN 
2 


264 RAPHAËL BLANCHARD 


D'UN NOUVEAU TYPE DE SARCOSPORIDIES 


Nous avons tenu à présenter l'histoire détaillée des Sarcospo- 
ridies, de manière à fixer l’état de nos connaissances sur ces pa- 
rasites. Il ressort de tout ce qui précède que, jusqu’à présent, 
elles n’ont jamais été trouvées que dans le tissu musculaire strié : 
Leuckart et M. Balbiani ont pu même proclamer que ce tissu 
était leur siège exclusif. Or, nous avons eu récemment l’occasion 
d'observer un grand nombre de kystes de Sarcosporidies, qui 
tous siégeaient en dehors du tissu musculaire. 

Le 27 décembre 1884, on nous apporte du Jardin d’acclimata- 
tion le cadavre d’un Macropus (Petrogale) penicillatus ®, mort 
depuis quatre à cinq jours. Après lavage du gros intestin, dont 
l'épithélium est en grande partie desquamé, on trouve çà et là, 
sauf dans le cæcum, des petits points blancs, de la taille d'un 
grain de millet, qui font saillie à la surface. Une dissection 
rapide faite sous le microscope, à l’aide d'un prisme redres- 
seur, permet de reconnaître des kystes renfermés dans l'épais- 
seur de la couche conjonctive sous-muqueuse et qu’il est possible 
d'énucléer. Chacun d’eux est limité par une délicate membrane, 
dont la rupture laisse échapper un nombre prodigieux de corpus- 
cules réniformes tout à fait semblables à ceux que les divers 
auteurs, notamment Manz, ont représentés pour les Psorosper- 
mies des muscles. 

Une étude plus détaillée a fait voir que, là encore, il s'agissait 
bien réellement de Sarcosporidies, mais on sera frappé du siège 
qu'elles occupent : les kystes, au nombre de plus de cinquante, 
que nous avons enlevés, occupaient tous la couche sous-muqueuse 
(PI. IE, fig. 1); aucun d'eux n'empiétait d’une façon quelconque 
sur la couche musculaire du gros intestin etles investigations aux- 
quelles nous nous sommes livré, à la recherche des tubes de Mies- 
cher dans les divers points du système musculaire strié, sont 
demeurées vaines : nulle part les muscles ne renfermaient de 
Psorospermies, partout ils présentaient un aspect normal. 


Rivolta (1) décrit chez le Poulet une entérite psorospermique, 
dont il dit ce qui suit : « Sur les parois de l'intestin se voient des 


(1) Seb, Rivolla, Dei parassiti vegetali. 2* edizione. Torino, 1884, Voir p. 397 et 
398. 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 265 


muqueuse. Ces points blanchâtres ne sont pas formés de colonies 
de psorospermies, mais bien d’utricules de Miescher ou de Rainey 
points blanchâtres, épars çà et là et situés dans la couche sous- 
pleines de navicelles. » 

A ne s'en tenir qu’à cette description sommaire, on ne manque- 
rait pas de dire que Rivolta avait rencontré déjà des Sarcospori- 
dies dans le chorion muqueux de l'intestin. Mais on arrive à une 
tout autre conclusion, quand on se reporte aux figures que cet 
auteur donne des prétendus tubes de Miescher qu'il a observés 
(PI. II, fig. 52). Le kyste qu’il représente ressemble tout à fait à 
celui d’une Coccidie monosporée, telle qu'Æimeria falciformis : il 
est limité par une mince membrane, à l’intérieur de laquelle sont 
renfermés en nombre assez considérable, non pas des navicelles, 
comme il le croit, mais bien des corpuscules falciformes, ainsi 
qu'il est aisé de s’en convaincre en examinant sa figure 74. De 
plus, le kyste qu'il représente à un grossissement de 550 dia- 
mètres mesure 22 millimètres sur 15, ce qui fait une dimension 
réelle de 404 sur 274. Or, une semblable taille est habituelle 
pour les Coccidies, mais serait bien au-dessous de l'ordinaire pour 
une Sarcosporidie. 

Ces considérations nous amènent donc à conclure que l'obser- 
vation de Rivolta est relative à une Coccidie, conclusion d’autant 
plus rationnelle qu’on connaît actuellement des Sporozoaires de 
cet ordre qui peuvent évoluer en tout autre point qu’à l’intérieur 
des cellules épithéliales (1). 


Les kystes que nous avons rencontrés chez le Kanguroo des 
rochers étaient peut-être encore plus remarquables par leur struc- 
ture que par leur siège. Comme on va voir, ces kystes appartien- 
nent bien à une Sarcosporidie, mais celle-ci est d'un type 
jusqu'alors inconnu (2). 

Le kyste est situé au milieu même de la couche conjonctive 
sous-muqueuse : celle-ci l’enserre de toutes parts et s'est con- 
densée à son voisinage. Contrairement aux tubes de Miescher, 
qui sont d'ordinaire notablement plus longs que larges, ses deux 
diamètres ne sont pas très différents l’un de l’autre et il présente 


) Voir à ce propos notre Traité de Zoologie médicale, qui sera prochainement 
publié. 

(2) M. le professeur Balbiani a bien voulu examiner nos préparations et nous 
avons eu la satisfaction de le voir confirmer notre diagnostic. 


266 RAPHAËL BLANCHARD 


assez volontiers une forme subsphérique. Voici du reste quelles 
sont ses dimensions, sur des préparations de quatre kystes diffé- 
rents : 

1° longueur : 1,15": 1larseur: 0,747; 

20 longueur : 1,23""; largeur : 0,93"; 

3° longueur : 0,93"; largeur : 0""56 ; 

4 longueur : 0,71"; largeur : 0,65"n. 

Les dimensions extrêmes sont donc de Q,71%® à 1,23"" pour la 
longueur et de 0,56%® à 0,93mm pour la largeur. Il va sans dire 
que ces mesures ont été relevées sur des coupes diamétrales. 

Il convient sans doute de ne pas attacher trop d'importance 
aux différences que présentent entre eux les deux diamètres du 
kyste, suivant qu’on examine des Sarcosporidies des muscles ou 
la Sarcosporidie sous-muqueuse du Kanguroo. Si la première est 
beaucoup plus longue que large, si la seconde se rapproche de la 
forme sphérique, cela tient, pensons-nous, à une sorte d'adapta- 
tion au milieu. Dans le muscle, le sens de la moindre résistance 
coïncide avec la direction des fibres musculaires : de là l'étire- 
ment considérable des tubes psorospermiques; dans la muqueuse 
de l'intestin, le tissu se laisse refouler au contraire à peu près 
aussi facilement dans tous les sens : de là la forme plus condensée 
du kyste. 


La paroi du kyste est d’une minceur extrême : elle mesure au 
plus 0,7 u d'épaisseur. Elle se colore fortement en rouge par le 
carmin et, de cette manière, se différencie aisément du tissu con- 
jonctif condensé qui se trouve à son contact; elle est parfaite- 
ment anhiste, partout d'égale épaisseur et ne présente nulle part 
ui revêtement de cirrhes ni canalicules poreux. 

Par l’état anhiste de sa membrane, notre Sarcosporidie s'éloigne 
de celles qui ont été décrites dans les muscles du Porc par Rai- 
ney, Leuckart, Ripping, Manz et Laulanié, dans les muscles du 
Singe par Ratzel; elle se rapproche, au contraire, à ce même point 
de vue de celles qui ont été décrites par Miescher chez la Souris, 
par von Hessling chez le Mouton, par Waldeyer chez le Porc; 
mais, d'autre part, elle diffère de celles-ci par l’'extrème minceur 
de son enveloppe. Ni Huet ni Balbiani n'indiquent l'épaisseur de la 
membrane de la Sarcosporidie de l'Otarie, mais, sur de belles pré- 
parations que je tiens du Dr Huet, j'ai pu constater que celte 
membrane est peut-être encore plus mince que celle de Lx Sar- 
cosporidie du Kanguroo, 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 267 


Divers auteurs, dont nous avons rapporté l'opinion, admettent 
que le revêtement ciliaire, ou plutôt la striation de la membrane 
ne s'observe que sur les kystes encore jeunes : on la verrait aller 
en s’atténuant, pour finir par disparaître tout à fait, à mesure que 
le kyste augmenterait de volume. Nous ne voulons pas dire qu’il 
n’en puisse être ainsi, bien que la chose nous semble peu admis- 
sible en elle-même ; nous pensons plutôt que la striation de l’en- 
veloppe, due ou non à des canalicules poreux, est caractéristique 
de certaines formes de Sarcosporidies, tandis que la membrane 
anhiste en caractérise d’autres. Qu'on se reporte au tableau sy- 
noptique que nous donnons plus loin, on sera frappé de voir que, 
des 6 observations où la membrane kystique était striée, 5 sont 
relatives aux tubes psorospermiques des muscles du Porc et la 
sixième à ceux du Singe; que, à part le cas de Waldeyer, les 
observations de membrane anhiste ont été faites chez la Souris, 
le Mouton, l’'Otarie, le Kanguroo, mais non chez le Porc. Siedam- 
grotzky ne dit rien de la membrane des kystes quil a rencontrés 
chez le Cheval, mais ce silence nous donne à penser qu'elle était 
anbiste. Quoi qu'il en soit, il reste acquis que les tubes à enve- 
loppe canaliculée s'observent plus particulièrement chez le Porc, 
tandis que les kystes à membrane homogène caractérisent les 
autres animaux. Cela est bien en rapport avec les différences spé- 
cifiques que nous supposions tout à l'heure. 


Le contenu du kyste se présente sous un curieux aspect : il est 
formé d’un réticulum dont les mailles sont de taille très inégale, 
suivant le point où on les examine; très petites au centre, elles 
deviennent d'autant plus larges qu'on se rapproche davantage de 
la périphérie. La transition ne se fait du reste pas d’une façon 
insensible, mais plus ou moins brusquement; à côté des mailles 
les plus petites, on en trouve dont les dimensions sont notable- 
ment plus grandes, puis celles-ci se rattachent par des mailles 
encore plus larges aux mailles périphériques, qui sont les plus 
vastes de toutes. 

La forme de ces mailles est irrégulière : parmi les plus petites, 
les unes sont arrondies et ont un diamètre de 20 g, les autres sont 
oblongues, à grand axe dirigé dans le sens du rayon, et mesurent 
28u sur 424; d'autres mesurent 28 4 sur 55 w, d'autres 30 4 sur 
65 y, d'autres encore 25 à 28 4 sur 80 . Si on s'éloigne du centre, 
on rencontre des mailles plus larges encore et finalement on 
trouve à la périphérie des loges dont les chiffres suivants feront 


268 RAPHAËL BLANCHARD 


connaître les dimensions : 45y sur 170 2, 56 u sur 165x, 70 p sur 
185 2, 85 4 sur 310 w, 108 g sur 240 &. Il est malaisé de donner de 
ce réseau une description qui s'applique à tous les kystes ; l’exa- 
men de la figure 2 de la planche III, dessinée à la chambre claire, 
donnera une idée exacte de sa disposition générale. 

Au premier abord, il semble que l’intérieur du kyste soit divisé 
par des cloisons anastomosées entre elles et continues les unes 
avec les autres. Mais une étude plus attentive permet de cons- 
tater qu'il n’en est pas ainsi. On doit imaginer que la cavité kys- 
tique est remplie de vésicules de taille très inégale, fortement 
déprimées par pression réciproque et limitées chacune par une 
membrane anhiste et délicate, que le carmin colore en rouge. 
Les membranes des diverses vésicules s’agelutinent entre elles 
sur toute l'étendue de leur contact, à tel point qu'elles semblent 
ne former qu'une cloison homogène, mais, dans les angles et là 
où plusieurs vésicules viennent à se rencontrer, il n'est pas très 
rare de les voir se séparer légèrement et laisser entre elles un 
méat de très petites dimensions. En tout cas, l’adhérence réci- 
proque de ces membranes est toujours si intime que, même 
lorsque la paroi du kyste a été dilacérée, les vésicules sont inca- 
pables de se séparer les unes des autres, comme c'est le cas pour 
la Sarcosporidie des muscles du Porc, d’après les dessins de 
Manz. 


Est-il possible, dans l’état actuel de nos connaissances, de don- 
ner une interprétation rationnelle de la structure que nous venons 
de rencontrer? Si on s'en tenait aux seules Sarcosporidies, il 
serait difficile assurément de voir clair dans cette curieuse dispo- 
sition, mais la comparaison avec d’autres Sporozoaires, notam- 
ment avec les Grégarines et les Coccidies, va nous être d’un grand 
secours. 

Les kystes que nous avons étudiés se trouvent à l’état de repro- 
duction, c'est-à-dire qu’ils sont parvenus à la période ultime de 
leur évolution, comme le montre la présence des corpuscules 
réniformes. Mais, pour en arriver là, la Sarcosporidie a dù passer 
par une phase végétative ou d'accroissement, durant laquelle elle 
était constituée simplement par une masse protoplasmique, sans 
doute munie d’un noyau. Sa croissance achevée, l'organisme 
s'est entouré d’une membrane kystique et s’est segmenté à l’in- 
térieur de celle-ci, en un nombre plus ou moins considérable de 
vésicules ou de spores, entourées chacune d'une enveloppe indé- 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 269 


pendante de l'enveloppe générale du kyste. Par pression réci- 
proque, les spores se sont déformées les unes les autres et se 
sont agglutinées entre elles, de manière à être désormais insé- 
parables. 


Bütschli croit que la formation des corpuscules réniformes est, 
en quelque sorte, continue : les plus petits kystes, dit-il, renfer- 
ment déjà des corpuscules et le nombre de ceux-ci augmente à 
mesure que le kyste s'accroît. Nous ne saurions accepter cette 
manière de voir. L'exemple des Grégarines et des Coccidies nous 
amène à penser que la Sarcosporidie n’augmente plus de taille, à 
partir du moment où son contenu se fragmente en spores qui 
vont donner naissance aux corpuscules réniformes. On peut dire 
néanmoins que la formation de ces derniers est progressive, et 
non continue, gràce à un processus que nous devons étudier 
maintenant. 

On ne saurait dire si toutes les spores étaient au début à peu 
près d’égale taille, comme dans les Sarcosporidies étudiées par 
Manz et par Ratzel, ou si elles étaient inégales, ainsi que cela 
semble ressortir de nos préparations, les plus petites étant au cen- 
tre, les plus grandes étant à la périphérie. Quoi qu'il en paraisse, 
nous ne nous arrêterons pas à cette dernière opinion, la première 
nous semblant la plus admissible. En effet, les loges périphériques 
sont toujours, dans nos préparations, notablement plus mûres 
que les loges centrales : tandis que, sur la plupart de nos kystes, 
celles-ci sont encore remplies d’une masse granuleuse dans 
laquelle on ne distingue ni corpuscules arrondis ni corpuscules 
réniformes, celles-là renferment au contraire exclusivement des 
corpuscules réniformes et sont limitées par des cloisons plus 
minces. Il est certain que la production des corpuscules réni- 
formes, organismes reproducteurs, débute par la périphérie et 
s'étend peu à peu vers le centre : en même temps, les vésicules 
crèvent les uns dans les autres, par suite de la résorption de leurs 
parois, et c’est ainsi qu’on doit expliquer l'existence de vastes 
loges à la périphérie, alors que la région centrale est encore occu- 
pée par des spores intactes et de petites dimensions. Ce processus 
se poursuivant, on arrive à un état dans lequel le tube psorosper- 
mique est représenté par un simple sac bourré de corpuscules 
réniformes, et dans l’intérieur duquel on ne trouve plus de réti- 
culum ou de vésicules d'aucune sorte. On doit considérer cet 
état comme la fin de l'évolution du Sporozoaire : il a été observé 


270 RAPHAËL BLANCHARD 


sans nul doute par plus d’un auteur, car il en est, comme Wal- 
deyer et Siedamgrotzky, qui donnent une description exacte des 
corpuscules réniformes, mais qui ne les ont jamais vus renfermés 
par groupes dans une membrane d'enveloppe. 

Nous ajouterons que la figure donnée par M. Balbiani pour la 
Sarcosporidie de l’Otarie, figure que nous avons reproduite plus 
haut (fig. 4), ne représente qu'une phase de l’évolution. Sur les 
préparations que nous tenons de l'amabilité de M. le D' Huet et 
sur celles que nous avons pu faire nous-même avec des muscles 
de l'Otarie qu'avait étudiée cet observateur, muscles que nous 
nous sommes procurés au laboratoire d'anatomie comparée, nous 
avons pu reconnaître deux états différents de celui qu'a figuré 
M. Balbiani. Dans un premier état, plus jeune, le sac était entiè- 
rement rempli de spores arrondies et contenant elles-mêmes un 
certain nombre de corpuscules réniformes; dans un second état, 
plus avancé, tous les corpuscules réniformes étaient libres à 
l'intérieur du kyste et on ne trouvait plus trace des vésicules qui 
les enveloppaient précédemment. Il est évident que le stade qu'a 
figuré M, Balbiani, et que nous avons rencontré nous-mêmes chez 
l'Otarie, est intermédiaire aux deux états que nous venons de dé- 
crire; ce stade est caractérisé par une réduction considérable du 
nombre des spores, qui ne s'observent plus qu’à la partie moyenne 
du tube de Miescher : les deux extrémités de celui-ci ne présen- 
tent plus de spores, mais simplement des corpuscules réniformes 
dépourvus d’enveloppe et serrés pêle-mêle les uns contre les 
autres. 

Cela revient à dire que, pour la Sarcosporidie de l’Otarie, la 
désagrégation des spores, par suite de la résorption de leur mem- 
brane d’enveloppe, marche de la périphérie au centre. Or, c'est là 
précisément ce que nous avons observé nous-même sur les 
kystes du Kanguroo. Un dernier fait qui vient à l'appui de cette 
manière de voir, et que nous devons encore mentionner ici, c’est 
que les loges périphériques sont parfois traversées par des cloi- 
sons d'une minceur extrème, notablement plus grêles que les 
autres, et qui vont en s'atténuant jusqu'à ce qu'on les perde de 
vue : comme si elles subissaient une sorte de fonte ou de régres- 
sion. 


Le processus que nous exposons ici est encore démontré par 
ce fait que, sur certaines de nos préparations, les diverses loges 
du kyste sont à des états très inégaux de développement : en 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 271 


allant du centre vers la périphérie, on assiste au développement 
graduel des corpuscules réniformes et l’on peut se convaincre 
une fois de plus que leur formation est centripèle. 

Les spores centrales (PI. III, fig. 2, a) sont remplies d’une 
masse protoplasmique surchargée de granulations et à l'intérieur 
de laquelle l'existence d’un noyau n’est pas certaine. Dans des 
spores plus rapprochées de la surface externe, b, on trouve encore 
une masse protoplasmique granuleuse, mais celle-ci présente 
déjà une certaine différenciation : on y peut reconnaître en effet 
des corpuscules réniformes mesurant 9,8 à 124 de long sur 4 à 5,54 
de large. Ces derniers (PI. IT, fig. 3) sont granuleux et présentent 
fréquemment à leurs extrémités un point brillant, mais on ne 
trouve point de noyau à leur intérieur, comme pourraient le 
faire croire les figures données par Manz. Les points brillants 
ne sont autre chose que des vacuoles, qui correspondent sans 
doute aux points réfringents des corpuscules falciformes de cer- 
taines Coccidies. Leuckart pense que les vacuoles n'existent 
point sur les corpuscules frais et qu'elles ne se forment que plus 
tard. 

Certains auteurs ont décrit encore des corpuscules arrondis : 
nous les avons rencontrés aussi, mais en nombre extrêmement 
restreint. Nous avons passé en revue bien des spores sans en ren- 
contrer à leur intérieur et le plus souvent la spore n’en renfermait 
qu'un seul: leurs dimensions étaient sensiblement égales au dia- 
mètre transversal des corpuscules réniformes. Il convient peut- 
être de les considérer comme des nucléus de reliquat; il est du 
moins certain qu'ils ne renferment point le noyau que Manz 
aurait observé à leur intérieur. 

Dans les loges les plus périphériques, c, la transformation du 
protoplasma en corpuscules réniformes est enfin achevée. On 
ne trouve plus qu'un amas compact de corpuscules serrés les 
uns contre les autres et remplissant la loge à eux seuls. On cons- 
tate aisément l'absence de corpuscules arrondis, mais on remarque 
aussi que quelques-uns sont plutôt rectilignes qu'incurvés en 
croissant ; d’autres encore sont effilés à leurs extrémités, mais ce 
sont là des exceptions sans importance (PI. III, fig. 3). 


Dans le but de rendre évidents les faits dont nous avons parlé 
dans les pages qui précèdent et pour faciliter la comparaison des 
diverses Sarcosporidies étudiées jusqu'à présent, nous résumons 
leurs caractères dans un tableau synoptique. 


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*ÂMZ)01SUPPAIS 


‘192J4 


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‘PI0qqo) 
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*J949PIP M 
‘J18NON9T 
*AQurey 
‘SUIJSSOH UOA 
*I9U9S9IN 


—— 


SHALYAUASEO 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 213 


Il est hors de doute que les corpuscules réniformes des Sarco- 
sporidies sont les équivalents des corpuscules falciformes des Coc- 
cidies. Comme ceux-ci, ils représentent donc l'organisme repro- 
ducteur. Mis en liberté par destruction du kyste qui les renferme, 
ils passent à l'état amiboïde, rampent à la surface de la muqueuse 
intestinale, puis traversent l’épithélium pour s’enfoncer jusque 
dans le chorion. Pour les Coccidies, on sait que cette évolution 
peut se faire chez un seul et même hôte, par exemple chez la 
Souris pour Æimeria falciformis; pour les Sarcosporidies, le fait 
n’est pas encore démontré et il se peut que le passage chez un 
autre animal soit indispensable : ainsi s'expliquerait la dégéné- 
rescence calcaire que Siedamgrotzky a vu envahir les tubes pso- 
rospermiques des muscles du Cheval. 

Quoi qu’il en soit, la possibilité pour les corpuscules réniformes 
de devenir amiboïdes est actuellement indiscutable : Waldeyer 
l’a observée et a vu les corpuscules rester en cet état pendant 
deux heures; placés sur le terrain qui leur convenait, c'est-à-dire 
sur la muqueuse digestive, nul doute qu’ils y fussent restés plus 
longtemps encore. Virchow a pu constater aussi les mouvements 
amiboïdes des corpuscules réniformes : ces corpuscules, dit-il, 
«se meuvent d’abord dans le liquide et changent de forme, par 
suite de la formation de saillies et d’excroissances.» Pagenstecher 
dit les avoir vus lui-même accomplir de lents changements de 
forme. 

Arrivés dans le lieu de l'organisme qui est propice à leur déve- 
loppement, ces petits corps amiboïdes s'arrêtent, s'entourent 
d'une membrane d’enveloppe, et grossissent considérablement 
avant de pouvoir se fractionner, comme nous l’avons déjà dit plus 
haut. À partir du moment où le fractionnement commence, on 
assiste à la répétition des phénomènes que nous avons décrits. 


ESSAI D'UNE CLASSIFICATION DES SARCOSPORIDIES 


Il est sans doute prématuré de tenter actuellement une classi- 
cation des Sarcosporidies, en raison des connaissances incom- 
plètes que nous avons de ces Sporozoaires. On ne peut manquer 
pourtant d’attacher une importance capitale au siège qu'occupent 
ces organismes parasitaires et on se voit conduit de la sorte à 
attribuer à ce caractère une valeur prépondérante, d'autant plus 
qu'il coïncide, comme nous l'avons vu plus haut, avec des diffé- 

E 


274 RAPITAËL BLANCHARD 


rences dans les dimensions des kystes, ainsi que dans la structure 
intime de leur membrane d’enveloppe et de leur contenu. 

On ne saurait se dissimuler que nous ne savons encore que fort 
peu de chose de l'histoire des Sarcosporidies ; les phases de leur 
évolution, notamment, nous sont encore complètement inconnues 
et l'avenir réserve sans doute une ample moisson d’observalions 
nouvelles et intéressantes aux naturalistes qui s'attacheront à 
cette étude. Quoi qu’il en soit, il nous a semblé qu'il était avan- 
tageux de distinguer dès maintenant l’une de l’autre les deux 
formes de Sarcosporidies qui sont actuellement connues, à savoir 
celles des muscles striés et celles du tissu conjonctif, plus parti- 
culièrement du tissu sous-muqueux intestinal. Ces deux formes 
répondent à deux groupes naturels, que l’on peut provisoirement 
ériger en familles. Nous proposons de donner à la première de 
ces familles le nom de Miescher, qui a signalé pour la première 
fois les Sarcosporidies, réservant à la seconde le nom de M. le 
professeur Balbiani, dont les travaux ont fait faire un pas si déci- 
sif à l’histoire de ces organismes. La famille des Balbianidæ ne 
comprend que le seul genre Balbiania, constitué par la Sarcospo- 
ridie que nous avons observée chez le Kanguroo des rochers. 
La famille des Miescheridæ est plus complexe et se laisse nette- 
ment diviser en deux genres, suivant que la membrane d’enve- 
loppe est mince et anhiste (Miescheria) ou est au contraire épaissie 
et traversée de fins canalicules poreux (Sarcocystis) (4). 

La division provisoire que nous proposons d'établir parmi les 
Sarcosporidies peut donc se résumer ainsi : 


CLASSE DES SPOROZOAIRES 


Ordre des Sarcosporidies 
| mi | ienus Mi 
D mince et anhisle, ,. 4. Genus Miescheria. 
I. Fam, MiescuERIDÆ. Siégeant 1 
dans les muscles striés. Mem- 
brane d’enveloppe......... épaissie et traversée 
de fins canalicules. 2, Genus Sarcocystis, 
IL. Fam. BazsrAninÆ, Siégeant dans le tissu conjonctif. 
Membrane d'enveloppe mince et anhiste, ...... 4. Genus Balbiania. 


(1) La Sarcosporidie des muscles du Porc a été désignée sous le nom de Sarco- 
eystis Miescheri par E. Ray Lankester {On Drepanidium ranarum the cell-parasite 
of the frog's blood and spleen. Quarterly Journal of micr, science, (2), XXII, p. 53- 
65, 1882). 


NOTE SUR LES SARCOSPORIDIES 275 


La classification qui précède repose sur l'étude des Sascospo- 
ridies à l'état de reproduction ; les caractères qu’elle invoque nous 
semblent assez tranchés pour la rendre acceptable. Quant à la 
division des genres en espèces, nous pensons qu'il est impossibie 
de l'entreprendre actuellement et qu'elle ne peut être tentée que 
lorsqu'on connaîtra complètement l'évolution des Sarcosporidies. 


M. Balbiani range encore parmi les Sarcosporidies les Orga- 
nismes que Cienkowski a fait connaître, en 1861, comme vivant 
en parasites sur les pattes et les branchies des larves d’Insectes 
aquatiques et de certains Crustacés et qu'il a décrits sous le nom 
d'Amœæbidium parasiticum. Aucune place ne leur est attribuée 
dans le tableau précédent, car il ne nous semble pas absolument 
certain que ce soient des Sarcosporidies, ni même des Sporo- 
zoaires. Si pourtant l'opinion émise par M. Balbiani vient à se 
confirmer, il sera facile de constituer pour eux une troisième 
famille dans l’ordre des Sarcosporidies. 


Les affinités naturelles des Sarcosporidies sont des plus mani- 
festes. Ces Sporozoaires se relient intimement aux Coccidies, plus 
particulièrement aux Polysporées (Xlossia — Benedenia), dont elles 
ne diffèrent que par des détails secondaires, tels que la taille et 
l'habitat. Les Alossia, en effet, sont des Coccidies, en ce qu'elles 
se développent à l'intérieur de cellules épithéliales et en ce 
qu'elles sont d'assez petite taille pour se loger dans l’une de ces 
cellules; mais on pourrait avec tout autant de raison les rattacher 
aux Sarcosporidies, en considérant que leur spore est arrondie, 
de grandes dimensions et non naviculaire et qu’à son intérieur se 
forment un grand nombre de corpuscules réniformes, dont l’as-. 
pect est identique à celui des corpuscules des Sarcosporidies, 
mais diffère notablement des corpuscules falciformes des Cocci- 
dies vraies, par exemple de Coccidiumn oviforme. 

Dans cette opinion, on ne saurait être surpris de voir une Sar- 
cosporidie se développer au sein des cellules épithéliales. La loca- 
lisation absolue des Coccidies et des Sarcosporidies n'existe point, 
quoi qu'on en ait dit : si les premières se logent le plus ordinai- 
rement dans les épithéliums, il n’est pourtant point rare de les 
trouver aussi dans le chorion des muqueuses; et si les secondes 
sont parasites des fibres musculaires striées, on peul parfois les 
rencoutrer également dans l'épaisseur des muqueuses; il ne serait 
pas surprenant d'observer encore des formes de petite taille, 


276 RAPHAËL BLANCHARD 


vivant dans les cellules épithéliales. C’est ainsi que, par l'inter- 
médiaire des Ælossia, les Sarcosporidies se rattachent étroitement 
aux Coccidies. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE IT 


Fig. 1. — Coupe longitudinale du côlon de Macropus penicillatus. a, couche 
glandulaire. — b, chorion muqueux. — c, couche musculaire interne, à fibres cir- 
culaires. — d, couche musculaire externe, à fibres longitudinales. — e, couche 


péritonéale. — f, Sarcosporidie du genre Balbiania enkystée dans l'épaisseur du 
chorion : celui-ci s'est condensé à son voisinage. 

Fig. 2 — Kyste de la Sarcosporidie isolé et plus grossi. Ce dessin est pris à la 
chambre claire et, pour la disposition des loges, est la reproduction exacte d'une 
de nos préparations. a, loges centrales à contenu protoplasmique granuleux. — 
b, loges excentriques dans la masse protoplasmique desquelles commencent à 
prendre naissance des corpuscules réniformes. — c, loges periphériques occupées 
exclusivement par des corpuscules réniformes. — d, cloisons partielles d’une 
extrême minceur, qui divisent incomplètement les loges. 

Le contenu n’a été représenté que dans un petit nombre de loges: il est aisé de 
se figurer que les autres ont la même structure. 

Fig. 3. — Corpuscules réniformes. 

Fig. 4. — Extrémité grossie d’un utricule psorospermique du Porc, d'après 
Laulanié. a, prolongement aigu de la membrane d'enveloppe. — b, cloisons visibles 
à leur insertion sur la membrane d’'enveloppe. 

Fig. 5. — Corpuscules réniformes provenant des Sarcosporidies du Porc, d'après 
Laulanié, 


SUR 


UN INFUSOIRE PÉRITRICHE, ECTOPARASITE 


DES POISSONS D'EAU DOUCE 


Par le Dr Raphaël BLANCHARD 


Au mois de mars 1883, nous nous trouvions à la Station mari- 
time du Hâvre. En examinant les Poissons qui peuplaient les 
aquariums d’eau douce, notre attention fut attirée par un enduit 
blanchâtre, qui était surtout abondant sur le corps des Carpes. 
Cet enduit était à peu près répandu sur toute la surface du corps 
du Poisson, mais était pourtant plus dense sur les ouïes et de 
chaque côté de la nageoïire dorsale. En prélevant une petite quan- 
tité de cet enduit et en l’examinant au microscope, nous l'avons 
trouvé constitué par des productions parasitaires, au nombre 
desquelles se rencontraient en grande abondance un Infusoire 
que nous croyons nouveau pour la science et qui nous semble 
devoir être rangé dans un genre nouveau. Nous le décrirons sous 
le nom d’Apiosoma piscicola. 

Ainsi que son nom l'indique (1), l’Apiosome a le corps pyri- 
forme (PI. III, fig. 6 à 9). Il s'attache à la surface de l'épiderme du 
Poisson par une sorte de pédoncule non contractile, p, qui s'étale 
légèrement à sa base d'implantation et qui, d'autre part, va en 
s’élargissant graduellement, pour se continuer avec le corps de 
l'animalcule. 

L’Apiosome présente sur toute sa surface une striation trans- 
versale des plus nettes : les stries sont écartées les unes des 
autres d’à peu près 1,5 # et sont, pour ainsi dire, autant de cercles 
qui enserrent l’Infusoire ; il en résulte que le contour de celui-ci, 
au lieu d’être accusé par une ligne droite, est constitué au con- 


(1) éresy, poire; coLæ, corps. 


278 RAPHAËL BLANCHARD 


traire par une ligne onduleuse, la couche tégumentaire se renflant 
légèrement dans l'intervalle des deux stries consécutives. 

A peu près à l'union des deux tiers postérieurs avec le tiers 
antérieur, se voit une délicate couronne de cils, ce, dont la lon- 
gueur ne dépasse pas 1,54. Les cils qui la composent passent tout 
d’abord inaperçus ; mais, en examinant l’animalcule vivant, l’atten- 
tion est bientôt attirée par eux : ils ne présentent pas le mouve- 
ment d'ondulation habituel aux productions de ce genre, mais 
s’agitent d’une façon intermittente et par brusques saccades. 

Enfin, à l'extrémité antérieure se voit un pinceau de cils 
longs de 8 à 104, cb, et disposés en demi-cercle autour d’un 
orifice, b, qui reste béant et qui représente le péristome. Cette 
excavation n’est pas exactement terminale : elle est plutôt pro- 
duite aux dépens de l’une des faces de l’Apiosome, face que 
nous appellerons ventrale ou antérieure, fig. 8. On constate 
encore que cette excavation est bordée d'une sorte de bourrelet 
fig. 7 et 8, à la surface duquel ne s’observe plus la striation trans- 
versale dont nous parlions tout à l'heure, et qui donne insertion 
par son bord interne à la demi-couronne de cils adoraux. Ceux-ci 
ne s’attachent en effet que sur la moilié dorsale ou postérieure de 
l'infundibulum oral. 

Les dimensions de l’Apiosome sont variables selon les indivi- 
dus, comme le montre le tableau suivant, où elles se trouvent 
évaluées en millièmes de millimètres : 

N°1 | N°2 | N°3] No4 


ES UE SENS EON PER EME 86,4 | 73 67,5 | 62 
Distance de la base d'insertion à la couronne de cils.| 59 48,5 | 44,5 | 48 
Éarsehr OU DETOnCHIRE. . 22h NA CHERE 6,8 5,4 5,5 D,# 
Largeur du corps au niveau de la couronne de cils.| 27,5 | 16,2 | 48,5 | 18,9 
Largeur au niveau du péristome..,,.,.,..,.... 27 21,6 | 21,6 | 24,6 
Lonsueurides CIS AGOTAUR: . . LL: 10 9,51 8,21 8,1 


Les n° 1 et 4 représentent en quelque sorte les deux extrêmes 
que nous ayons observés : la grande majorité des Apiosomes ont 
des dimensious dont les chiffres que nous avons indiqués pour 
les n% 2et 3 donnent une idée exacte. 

A l'intérieur du corps de l'Infusoire, on voit, au voisinage de la 
bouche et sur le côté, une vésicule claire et réfringente (Fig 6, v), 
qui est sans doute une vacuole contractile : sur l'animal vivant, 
nous n'avons pu y observer aucun mouvement de contraction; 
parfois, celle vésicule est double (Fig. 8). 


SUR UN INFUSOIRE PARASITE D'UN POISSON 279 


De plus, un gros noyau triangulaire, #, occupe la partie 
moyenne du corps : son sommet est toujours dirigé vers le pédon- 
cule. Ses dimensions sont en moyenne de 15 dans le sens de la 
longueur sur 10 à 11 dans le sens de la largeur, celle-ci étant 
mesurée au point où elle atteint son maximum, c’est-à-dire du 
côté de la bouche. Le noyau fixe énergiquement le carmin. Il 
renferme, suivant les cas et indifféremment, un ou plusieurs nu- 
cléoles qui se colorent avec plus d'énergie encore. Quand le nu- 
cléole est unique, il est lui-même triangulaire (Fig. 6, 7, 9, nu); 
quand il est multiple, il est au contraire représenté par trois à 
cinq corpuscules arrondis, disséminés dans la substance nucléaire 
(Fig. 8, nu). Il est à remarquer que le noyau est toujours croisé 
par la couronne de cils courts dont nous avons signalé l'existence 
vers le tiers de la longueur du corps. 

En arrière et sur les côtés du noyau, la substance du corps est 
homogène et uniformément infiltrée de petites granulations ; en 
avant, elle renferme au contraire un nombre variable de corpus- 
cules plus ou moins arrondis, a, qui changent d'aspect et de situa- 
tion d'un animal à l’autre et qu’on doit considérer comme des 
corpuscules alimentaires. Il nous a été impossible de reconnaître 
un anus, soit permanent soit transitoire, en sorte qu’il faut pen- 
ser que l’entonnoir buccal sert tout à la fois à la pénétration des 
aliments et au rejet du résidu de la digestion. 

A côté des individus dont nous venons de donner la description, 
il n’est pas rare d'en rencontrer d’autres, remarquables déjà par 
leur grande taille et chez lesquels un examen plus attentif fait 
reconnaître d’intéressantes modifications (Fig. 9). La cuticule 
présente encore la striation transversale, le noyau est encore 
bien apparent à l’intérieur du corps, mais on ne voit plus à la 
surface ni les cils de petite taille disposés en couronne autour du 
corps, ni le demi-cercle de longs cils entourant le péristome. 
Celui-ci a même disparu et l'excavalion qui lui correspondait 
s'est comblée. De plus, l’Apiosome s’est séparé de sa cuticule, 
tout au moins à sa région antérieure, et sa substance s'est rem- 
plie d’un nombre considérable de globules clairs, tous à peu près 
d’égale taille et mesurant de 2? à 3. Cet état d'enkystement est 
sans doute en rapport avec un mode de reproduction, que nous 
n'avons malheureusement pu suivre. 

Comme transition entre l’état adulte, que nous avons décrit 
plus haut, et cet état de reproduction, on peut rencontrer encore 
un petit nombre d'individus chez lesquels la couronne de petits 


280 RAPHAËL BLANCHARD 


cils fait complètement défaut. On en trouve aussi quelques-uns 
dont les cils adoraux sont tombés, mais qui, à part l'absence 
totale de cils, ne se distinguent en rien de la forme adulte. 

L'Apiosome piscicole, en raison de l'existence à sa surface de 
deux sortes de cils, doit prendre place parmi les Infusoires pé- 
ritriches. Il est fixé pendant toute son existence. 


EXPLICATION DE LA PLANCHE HI 


a, corpuscules alimentaires. ñn, noyau. 

b, péristome, nu, nucléole. 

ce, couronne de cils. p. pédoncule. 

cd, cils adoraux. v, vacuole contractile. 

Fig. 6, 7. — Apiosoma piscicolu, vu par la facç dorsale ou postérieure. 


Fig. 8. — Le même, vu par la face ventrale ou antérieure. 
Fig. 9. — Le même, enkysté. 


CRUSTACÉS PARASITES 


DES 


PEAR SUR POPIOUPTE SM 


Par Carl W. S. AURIVILLIUS 
D' Phil. (Upsal). 


Parmi les Tuniciers ramenés par les dragages effectués dans 
la Mer glaciale, pendant l'expédition de la Véga, quelques espèces, 
parmi lesquelles il faut nommer spécialement Chelyosoma Macley- 
anum Sow. et Brod., Cynthia echinata L. et Molqula ampulloïdes 
van Ben., ont été soumises à un examen détaillé, pour recon- 
naître si des Crustacés parasites se trouvaient à l’intérieur de leur 
sac branchial. Un petit nombre de Tuniciers des expéditions sué- 
doises précédentes au Spitzberg et au Groënland et sur la côte 
norvégienne de Finmark ont été examinés aussi dans le même 
but. Bien que la distribution géographique de ces parasites dans 
les mers tropicales et tempérées soit encore peu connue et qu'il 
ne soit pas possible de décider si les parasites des Ascidies arcti- 
ques appartiennent seulement à la mer où celles-ci sont trouvées, 
le compte-rendu que nous donnons ici montre que les parasites 
déjà connus habitent les Ascidies, où on les a déjà rencontrés, 
tandis que les parasites nouveaux, plus nombreux, sont trouvés 
dans des espèces d’Ascidies, qui n'avaient pas été examinées 
jusqu'à présent à cet égard. Ainsi l'observation déjà faite dans 
plusieurs cas se confirme, qu'un parasite se maintient de préfé- 
rence chez un certain genre ou même une certaine espèce 
d'hôtes. 

Les Crustacés rencontrés chez les Ascidies examinées appar- 
tenaient aux ordres des Amphipodes et des Copépodes. Parmi les 


{l) Note communiquée par M. le professeur A.-E. Nordenskiôld. 


282 CARL W. S. AURIVILLIUS 


Amphipodes, deux espèces, Andania pectinata G. 0. Sars et Aris- 
tias tumidus Kr., ont été trouvées en parasites, mais seulement au 
Spitzhberg et au Groënland. Andania pectinata n'avait pas encore 
été trouvée à l’intérieur d’Ascidies : une description détaillée en a 
été donnée, spécialement quant à l'armature buccale, qui diffère 
un peu de celle du genre Andania À. Boeck. 

Des neuf Copépodes trouvés, trois espèces seulement sont déjà 
connues. Parmi celles-ci, il faut d’abord nommer /dya furcata 
Baird, l'espèce commune, appartenant à la famille des Zarpacti- 
cidæ et qu'on trouve aussi souvent à l’état libre que dans les Asci- 
dies. Les deux autres formes, connues de la côte occidentale de 
Suède, ont été rencontrées dans des Ascidies de Finmark de 
Norvège: ce sont Notodelphys agilis Thor. et Buprorus Lovéni Thor. 
Des six autres Copépodes, deux seulement appartiennent à une 
famille déjà connue, celle des Notodelphyides. Hs se rapportent au 
genre Doropyqus Thor.; l’une des deux espèces, D. dermnissus n. sp., 
se trouvait dans le sac branchial de Cynthia echinata L.., l’autre, 
D. articus n. sp., dans Chelyosoma Macleyanum Sow. et Brod.; 
toutes les deux ont été prises au nord du port d'hiver de la 
Véga. 

Le reste des parasiles, quatre espèces, a été rangé, à cause de 
l’armature buccale, en deux familles nouvelles, dont l’une se 
rapproche peut-être le plus de la famille des ÆZrgasilidæ à cet 
égard ; l’autre, qui possède des mandibules destinées à mâcher, 
rappelle les Nofodelphyides. Les trois espèces appartenant à la 
première de ces familles, ou famille des Ænteropsidæ n. fam., se 
trouvaient toutes au-dedans du sac branchial de Molgqula ampul- 
loïdes ; dans le genre Ænteropsis n. gen., les pieds sont simples et 
le corps est vermiforme; le genre ÆZaligryps n. gen., a bien les 
pieds birameux, mais armés seulement de pointes, et dépourvus 
de poils nageurs. 

La seconde famille, celle des Schizoproctidæ n. fam., se distin- 
gue par deux duplicatures sacciformes, parfaitement séparées à 
la base, sur la partie postérieure du thorax, qui est très haut et 
comprimé, Landis que l’abdomen est cylindrique. Bien que l’exté- 
rieur du corps ressemble ainsi un peu à celui du genre Doropyqus 
Thor., la structure de certaines parties de la bouche et des anten- 
nes s'oppose à ce qu'on la range dans la famille des Notodelphyides. 
Elle fut trouvée à l'intérieur d'une Phallusia sp. du Spitzherg. 


SUR 


LA SERUCTURE DU TÜBEL DIGESTIF 


DE QUELQUES POISSONS DE MER 


Par M. Alexandre PILLIET. 


J’ai entrepris, en 1883, au Laboratoire de MM. Robin et Pouchet, 
à Concarneau, d'examiner le tube digestif des Poissons de cette 
côte, au point de vue histologique. 

J'ai surtout employé, dans ce travail, les coupes longitudinales 
et transversales. Il m'a paru avantageux de faire porter les pre- 
mières sur deux parties consécutives du tube digestif, l’æœsophage 
et l'estomac, l'estomac et l'intestin par exemple; on saisit ainsi des 
transitions intéressantes.Les coupes étaient colorées par le picro- 
carmin ou l’hématoxyline et montées dans la glycérine ; les disso- 
ciations étaient faites sur des pièces traitées par l'acide osmique 
et le picrocarmin. Les Poissons que j'ai trouvés sur la côte de 
Bretagne au mois d'août 1833, étaient, pour les Sélaciens : 


Lamna cornubica, Raja torpedo, 
Squatina angelus, Seyllium catulus. 


Ce groupe, au point de vue du tube digestif, est très tranché, et 
fort différent des Poissons qui suivent. J’énumérerai les Poissons 
Téléostéens, dans un ordre arbitraire, fondé sur les ressemblances 
que présente chez eux le canal intestinal. Ainsi les Poissons qui 
suivent ont des glandes gastriques très développées, un intestin 
assez court à muqueuse peu épaisse : 


Conger vulgaris, Gadus pollachius, 

Mullus surmuletus, Gadus luscus, 
Chrysophrys aurata, Engranlis encrassicholus. 
Pagellus Bograveo, Caranx trachurus, 
Trachinus draco, Motella tricirrata, 


Muqil capito, Scomber scomber. 


284 ALEXANDRE PILLIET 
Viennent ensuile : 


Rhombus maximus, Cottus scorpius, 
Rhombus norvegicus, Gobius niger. 
Solea vulgaris, 


Ceux-ci présentent des groupes de glandes gastriques, déjà 
réduites, peu volumineuses, isolées dans le chorion de la mu- 
queuse. Il n’y en a plus du tout chez les suivants : 


Callionymus lyra, Blennius pholys, 
Syngnathus acus, Lepadogaster bimaculatus. 
Labrus bergylta, 


Les noms sont donnés d’après l'histoire des Poissons de la 
Grande-Bretagne de Yarrel, et surtout, l’histoire des Poissons de 
MM. RP. Boulart et H. Gervais (1). 


Nous commencerons par l'étude de l’œsophage, que nous pren- 
drons immédiatement au-dessous des dents pharyngiennes, pour 
l'arrêter au point où finit l’épithélium pavimenteux stratifié qui 
le recouvre. Il a la forme d’un canal évasé en entonnoir, plus ou 
moins long, sillonné de rides longitudinales. Souvent, les glandes 
gastriques commencent presque derrière le pharynx (Turbot, 
Sole, etc.); il n'y a pas, à proprement parler, d'æœsophage ; pour- 
tant nous conserverons ce nom à la muqueuse dermo-papillaire 
qui précède l'estomac, qu'elle soit prolongée en un tube œsopha- 
gien véritable, où qu’elle soit seulement la limite inférieure du 
pharynx ; car la longueur de ce segment intermédiaire est si va- 
riable, qu'elle est difficile à préciser, même pour chaque espèce. 
Il présente de dehors en dedans un revêtement séreux, puis une 
tunique annulaire de muscles striés, constante, très épaisse, qui 
peut descendre jusque sur les premières glandes stomacales ; 
c'est même le cas le plus fréquent. Cette disposition se trouve 
portée à son plus haut degré chez la Vive (Trachinus draco). I] 
existe aussi souvent une éouche de fibres striées longitudinales, 
interne à la couche annulaire (Motella tricirrata, Cottus scorpius). 
La disposition de ces deux plans est donc, dans l’œsophage, inverse 
de ce qu'elle est dans l'intestin. Chez le Squatina angelus, une 
couche très régulière de muscles striés, de provenance œsopha- 
sienne, recouvre ainsi les trois quarts de l'estomac. Immédiate- 


1) R. Boulart et H, Gervais, Histoire des Poissons de mer. Paris, 1874. 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 285 


ment en dedans de la tunique musculaire, se rencontre un chorion 
très épais, qui peut avoir exactement la structure de l'aponévrose 
sous-dermique des Poissons, c’est-à-dire des faisceaux de fibres 
égaux, parallèles entre eux et à la surface de la muqueuse légére- 
ment ondulés, et réunis entre eux par d’autres faisceaux suturaux 
plus minces, également espacés, perpendiculaires aux premiers. 
Entre ces faisceaux sont disposées des cellules fixes étalées, et le 
nombre de leurs prolongements peut être très grand, de facon à 
leur donner un aspect radié comme celui des Ostéoplastes. Le 
Congre est un bon exemple de cette disposition. Quant il n’en est 
pas ainsi, les faisceaux conjonctifs sont généralement dirigés 
parallèlement à la surface libre de la muqueuse, les éléments 
cellulaires, sphériques et fusiformes, sont assez abondants, le 
réseau élastique n'est pas très développé. Immédiatement en 
dedans de cette couche vient l’épithélium, qui s'insère sur le cho- 
rion, non sur un seul et même plan horizontal, mais plus ou 
moins profondément, suivant les endroits, ce qui fait que, sur 
une coupe perpendiculaire à toutes ces parties, la ligne d’inser- 
tion apparaît festonnée et dessine une série de petites élevures du 
chorion, rappelant des papilles tout à fait rudimentaires. 

Cet épithélium ressemble exactement au corps de Malpighi, de 
la peau d’un Poisson sans écaille. Il est formé de plusieurs cou- 
ches de cellules, les plus profondes étroites, allongées, à noyau 
oblong, volumineux, nucléolé, implantées perpendiculairement 
sur le chorion, sans membrane basale bien nette. Au-dessus, avec 
toutes les formes de transition, les cellules deviennent polygo- 
nales, puis aplaties parallèlement au chorion. Leur striation sca- 
lariforme est évidente chez le Zamna cornubica. Leur noyau est 
volumineux, sphérique et nucléolé. Au milieu de ces éléments, 
se voient de grandes vacuoles claires, répondant à des cellules 
caliciformes. 

On les voit à divers degrés de développement dans tous les 
étages de la couche épithéliale, et l’on peut constater que ce sont 
des cellules de la couche profonde qui prennent le caractère vési- 
culeux. Une gouttelette claire apparaît dans l’intérieur du cyto- 
plasma, grandit, la cellule se gonfle peu à peu ; le noyau refoulé 
subit un mouvement de bascule, et vient s’accoler à la face pro- 
fonde de l'élément, où il reste accolé, sous la forme d'un mince 
croissant, quand il est vu de profil; d’une masse oblongue, sans 
nucléole, se colorant faiblement par les réactifs, quand il est vu 
de face. L'élément toujours gonflé devient alors absolument sphé- 


286 ALEXANDRE PILLIET 


rique et repousse les cellules pavimenteuses qui l'entourent, et 
sur lesquelles on voit son empreinte en déformations circulaires. 
Il arrive ainsi par la desquamation normale des éléments, à la 
surface libre de la muqueuse, se perce d'une ouverture parfaite- 
ment circulaire, dont les dimensions variables déterminent sa 
forme ampullaire, caliciforme, etc. Ces transformations se voient 
surtout nettement dans l’œsophage et l’anus des Sélaciens, où les 
cellules sont très volumineuses. 

Les cellules ainsi faites ne sont pas plus nombreuses au com- 
mencement de l’æœsophage, que dans la peau même des Poissons, 
où leur nombre est variable, suivant les espèces, et où elles contri- 
buent à former l'enduit visqueux qui recouvre ces animaux. Elles 
se multiplient au niveau du cardia, et finissent par former toute 
la surface muqueuse; mais elles reposent toujours sur une strati- 
fication de cellules pavimenteuses ; et sont toujours semblables 
entre elles. La seule différence que l’on puisse voir est celle-ci : 
distendues toutes également par le mucus, elles se compriment 
mutuellement. Quand elles sont nombreuses, elles deviennent 
allongées, perdent très simplement Ja forme sphérique qui les 
caractérise, dans un revêtement où elles sont mélées à d’autres 
cellules. 

La partie claire de ces éléments, le mucigène, ne se colore ni 
par le carmin, ni par l'hématoxyline, ni par l'acide osmique. Pour 
le nombre de ces éléments, il y a toutes les transitions entre 
l'æsophage du Callionymus lyra et celui du Zepadogaster, par 
exemple, où ils sont très abondants. 

Mais leur disposition s’est toujours montrée la même, ainsi que 
leur structure, chez tous les Poissons que j'ai examinés. Chez le 
Congre, seulement,on trouve avec les éléments normaux, des cel- 
lules en forme de raquettes, très longues, très réfringentes, dont 
le corps ceilulaire se colore en jaune par le picrocarmin. 

La couche épithéliale dont je viens de parler a généralement de 30 
à 60 y d'épaisseur, et les cellules claires 12 y dans leur pius grand 
diamètre, La muqueuse peut être creusée de plis profonds et rami- 
fiés, donnant sur les coupes l'aspect de véritables glandes muci- 
pares, car l'élément caliciforme y prédomine. Ceci se voit surtout 
chez le Congre et la Motelle. Mais ce ne sont pas de vraies glandes, 
car les cellules sont identiques au fond des cryptes, à leur col, et 
à la surface libre de la muqueuse. Chez un Squale, le Lamma 
cornubica, l'œsophage possède de véritables papilles, hautes et 
nombreuses, recouvertes d'un épithélium dont les cellules sont 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 287 


caliciformes dans presque toute la hauteur du revêtement, et en- 
tassées les unes sur les autres, sans pour cela prendre une forme 
polyédrique. 

L'œsophage est la partie du tube digestif qui présente l'organi- 
sation la plus constante chez tous les lypes que nous avons vus. 
Sa structure est toujours celle des muqueuses dermo-papillaires, 
rudimentaire, mais très reconnaissable (1). 


La transition entre l’œsophage et l'estomac est brusque. Les 
cellules ovoïdes claires font place au revêtement de Ia surface 
stomacale, dont les éléments sont cylindriques, allongés et dis- 
posés sur une seule couche. Ces cellules sont intéressantes, parce 
qu'elles offrent, quand on les compare chezles différents animaux 
que nous avons énumérés, toutes les transitions entre l’épithé- 
lium prismatique et l’epithélium califorme. Le premier est com- 
posé de cellules longues, en forme d'Y, effilées à leur insertion, 
allongées à leur sommet, mais dépourvues de mucigène ; le second 
dont les cellules différent de celles que l’on trouve plus haut 
dans l’œsophage, parce qu'elles ne subissent la transformation 
muqueuse que dans une partie plus ou moins étendue de leur hau- 
teur, et que leur corps cytoplasmique reste toujours distinct. 
Ainsi, chez le Pagel (Pagellus bograveo), l'épithélium est formé 
de cellules allongées, sans cuticule, montrant à peine à leur sur- 
face libre une légère dépression cupuliforme ; colorées fortement 
par les réactifs, brunies par l'acide osmique. Chez le Congre, le 
Maquereau, la Motelle, etc., ia cellule est toujours allongée, mais 
sa partie supérieure s'est écrasée, remplie de mucus, et l'élément 
est bien franchement caliciforme. Pourtant son noyau est tou- 
jours sphérique et n’est jamais refoulé par l'accumulation du 
mucus. Chez les Sélaciens, où ces éléments atteignent 9) et 100 w 
de long, le tiers supérieur seulement se creuse en cupule. Ce qui 
donne à ces derniers étéments leur grande taille, c’est la disposi- 
tion du corps cellulaire, prolongé et effilé, qui leur permet de se 
grouper en bouquets sur les courtes villosités qui séparent les” 
entonnoirs glandulaires. Les éléments qui occupent la surface 
de l’estomac sont toujours les plus volumineux, ceux qui s’enfon- 


(1) Robin, Muqueuse. Dict. encyclopédique des Sciences médicales. 
P. Reynier, Développement de la portion sus-diaphragmatique du tube digestif, 
Thèse d'agrégation, Paris, 1383. 


288 ALEXANDRE PILLIET 


cent dans le col des glandes se rapprochent de la forme prisma- 
tique. 

Chez tous les Poissons que j'ai vus, l'épithélium est le même 
dans les deux portions de l'estomac, celle qui répond aux glandes 
dites cardiaques des Vertébrés supérieurs, et celle qui répond aux 
glandes pyloriques. Dans cette dernière portion il tapisse jusqu'au 
fond les glandes, qui parfois ne sont que de simples dépressions, 
et paraissent être des glandes purement muqueuses. Quand il est 
composé de cellules prismatiques, allongées, qui n’ont pas le 
caractère caliciforme, elles se comportent sous l’action des réac- 
tifs, comme les cellules de la portion post-stomacale du tube 
digestif, dont elles ne diffèrent que par leur taille et par l'absence 
de la mince couche hyaline, fibrillaire, qui forme une cuticule sur 
la face libre de ces dernières. 

En résumé, l’épithélium gastrique n’est pas un; il peut être 
composé de cellules prismatiques simples, ou de cellules prisma- 
tiques se chargeant de mucigène, mais en général dans des pro- 
portions assez limitées. Je n’ai trouvé que des différences insigni- 
fiantes entre les cellules de la surface, chez les animaux repus ou 
à jeun. Je dis de suite que pour les cellules des glandes le résultat 
a été le même. 

Les glandes de l'estomac offrent une morphologie particulière, 
comme on a pu le pressentir d’après la division en groupes, éta- 
blie au début de ce travail. Voyons d’abord leur caractères com- 
muns. 

Elles commencent généralement un peu plus bas que l’épithé- 
lium gastrique; ce sont des glandes en tubes simples, souvent 
plus longues que chez les Batraciens, d'une longueur moyenne 
de 200 y, d'une largeur de 40 y, remplies de cellules polyédriques, 
granuleuses, de 8 à 10 y de diamètre. | 

Il n’y à dans ces glandes qu'une seule espèce de cellules. Ces 
dernières sont remplies d’un granulé opaque, que le picrocarmin 
colore en jaune, l’hématoxyline en gris de lin, l'acide osmique en 
brun. Ce granulé peut être très fin, laisser voir le noyau ou pré- 
senter de gros grains qui le masquent tout à fait, suivant les 
espèces. Les éléments répondent, par leur situation, aux cellules 
principales des Vertébrés supérieurs, par leurs principales réac- 
tions, au contraire, et surtout l'abondance des granulations, elles 
se rapprocheraient des cellules bordantes. Les glandes du même 
animal ne contiennent jamais, nous l'avons dit, qu'une seule 
espèce de cellules, comme cela à lieu chez les Oiseaux, les Batra- 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 289 


ciens et les Reptiles. Si l'élément est constant, la forme de la 
glande, et surtout sa disposition dans le chorion, sont très varia- 
bles. Chez les Sélaciens, elles sont pressées les unes contre es 
autres et très hautes ; leur disposition générale rappelle beaucoup 
celle qu'on voit chez les animaux supérieurs. Les glandes débu- 
tent au voisinage du cardia par des culs-de-sac assez courts, 
s’abouchant dans des canaux excréteurs aussi longs qu'eux; ce 
qui fait que le picro-carmin colorant la muqueuse stomacale y 
détermine deux bandes parallèles, une jaune profonde, une rouge 
superficielle. Sur tous les Squales que nous avons vus, cette dis- 
position est identique, la dimension seule des glandes variant 
avec la taille des animaux. Chez le Lamna cornubica, les culs-de- 
sac s’enfonçant dans un chorion assez développé et très lâche, 
présentant des faisceaux connectifs parallèles à la surface de l'es- 
tomac, et qui doivent jouer un rôle actif dans l’excrétion des 
glandes, vu l’absence de musculaire muqueuse. La portion jaune 
répond à des cellules polyédriques, ou plutôt cubiques, dispo- 
sées sur un seul rang contre la paroi glandulaire, et ne laissant à 
peu près pas de lumière au centre du tube. Dissociées, elles sont 
arrondies ou légèrement ovales, avec un noyau volumineux, res- 
semblant à des cellules hépatiques. Les plus grandes ont de 10 à 
12 y de diamètre. Elles sont remplies d'un granulé jaune, abon- 
dant ; leur noyau est distinct, sphérique, nucléolé. Elles cessent 
brusquement au niveau du col de la glande, et sont remplacées 
par des cellules prismatiques, petites, abondantes, à noyau volu- 
mineux, occupant la majeure partie de la cellule. Cet épithélium 
tapisse le col des glandes, et se continue peu à peu avec des cel- 
lules cylindriques claires; et des éléments caliciformes, qui s’in- 
sèrent en bouquets sur le sommet de la charpente connective de 
la muqueuse, dessinant ainsi de très courtes villosités, tapissées 
d'éléments mucipares. Beaucoup sont coudées par leur pression 
réciproque, et leur portion claire, chargée de mucigène, fait un 
angle avec le corps de la cellule, adhérant à la villosité. Au pylore, 
les cellules granuleuses disparaissent, et les glandes ne sont plus 
remplies que par l’épithélium cylindrique. 

La Torpille offre la même disposition; les glandes sont plus 
courtes ; il existe quelques faisceaux de fibres musculaires longi- 
tudinales sous la muqueuse. 

Le Squatina angelus présente en dehors de la tunique extérieure 
des fibres striées, qui dépendent de l’æsophage, une couche de 
cellules granuleuses, très grosses et assez claires, qu'on ne re- 

19 


290 ALEXANDRE PILLIET 


trouve pas chez les autres Sélaciens. Il est à remarquer qu'il n’y 
a qu'une seule sorte de cellules granuleuses, chez les Sélaciens, 
analogues aux cellules bordantes. On connaît l'opinion de Hei- 
denhain, qui attribuait à ces cellules la secrétion de l'acide chlo- 
rhydrique chez les Mammifères, les cellules principales secrétan: 
la pepsine ; nous ne voudrions pas préjuger cette question, mais 
nous ferons remarquer l’extrème richesse en acide chlorhydrique 
du suc gastrique des Sélaciens, qui en contient jusqu’à 15 gram- 
mes par litre (1). 

Le Congre laisse voir dans les deux tiers antérieurs de son 
estomac une muqueuse épaisse, d'une coloration grise, qui s'arrête 
brusquement à une ligne circulaire nette. Au-delà, la muqueuse 
est d’un blanc nacré, c'est la portion pylorique de l'estomac. La 
portion cardiaque a les deux couches musculaires normales, un 
chorion peu épais, limitant des glandes très régulières qui, sur une 
coupe longitudinale, se montrent remplies de cellules semblables, 
assez grosses, remplies d’un granulégris-jaunâtre. Sur une coupe 
perpendiculaire à leur longueur, elles sont comme des espaces 
pentagones limités par un réseau conjonctif, épais de 3 à 4u; cha- 
cune estoccupée par 6 à 8 cellules granuleuses, accolées à la paroi 
par une base large, et laissant au centre de la glande une lumière 
régulièrement ronde. L'estomac de l’Anguille est à peu près sem- 
blable. L’estomac du Maquereau offre un cul-de-sac assez profond 
et un pylore latéral, disposition fréquente d’ailleurs. 

Les glandes, courtes et serrées, se réunissent à plusieurs dans 
le même canal excréteur; l’épithélium stomacal forme au-dessus 
d'elles des plis nombreux assez élevés. La structure de ces 
glandes est semblable à celle que nous venons de décrire chez le 
Congre, et nous n’y reviendrons pas pour ne pas refaire le même 
tableau sans utilité ni intérêt. 

L'’estomac cardiaque du Mugil capito est tout à fait distinct de 
l'estomac pylorique, comme nous le verrons, les glandes y 
forment une couche épaisse, elles se touchent toutes et débouchent 
dans des canaux courts, tapissés de cellules longues, calici- 
formes. Leurs cellules sont d'une seule sorte, volumineuses, 
opaques et granuleuses, polygonales, et d'un diamètre qui varie 
de 6 à 10. 

L'estomac de la Daurade (Chrysophrys aurata) est volumineux, 


(1) Charles Richet, La digestion chez les Poissons. Archives de Physiologie, 1882, 
p. 996. 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 291 


sillonné de nombreux plis mamelonnés. L'épithélium superficiel 
est composé de cellules allongées, caliciformes, semblables à 
celles qui tapissent les glandes muqueuses de la Grenouille. 
Elles ont 30% de longueur. Les glandes sous-jacentes à cet 
épithélium se touchent toutes; elles occupent une situation 
superficielle. Elles sont courtes au voisinage de l’œsophage, très 
allongées au milieu de l'estomac. Elles sont remplies de cellules 
nombreuses, polyédriques, sans régularité. 

Chez le Mullus surmuletus, une couche de celiules prismatiques 
sur un seul rang fait suite à l'æœsophage. Le chorion se creuse 
de dépressions qui s’accroissent à mesure que l’on descend 
vers l’estomac. Les cellules du fond de ces dépressions prennent 
le caractère caliciforme ; on a donc de vraies glandes muqueuses 
précédant les glandes gasiriques proprement dites. Puis appa- 
raissent au fond de ces glandes des îlots arrondis, formés de 
quelques cellules à ferment que l'hématoxyline différencie très 
nettement, soit en les colorant en gris de lin, soit en les laissant 
colorées en jaune ; les acinis débouchent donc dans des enton- 
noirs profonds. Ils croissent peu à peu, forment des glandes 
isolées par des travées conjonctives minces, mais très distinctes. 
Elles débouchent à plusieurs dans un même canal. Leurs cellules 
sont polygonales, de taille assez inégale, à noyau petit et dis- 
tinct. Les glandes gastriques du Pilono {Pagellus bograveo), 
sont semées, enchassées dans une forte charpente conjonctive. 
Les cellules de l'épithélium stomacal sont de deux sortes, les 
unes simplement prismatiques, les autres offrant un léger évase- 
ment de leur face libre, ces dernières plus nombreuses au voisi- 
nage du pylore. Les premières glandes qui apparaissent après 
l'æsophage, chez la Vive (Trachinus draco), sont absolument 
isolées, noyées dans le tissu conjonctif, s'ouvrant chacune par un 
canal spécial, très large, en entonnoir, tapissé de cellules cylin- 
driques évasées. Plus bas, elles s’abouchent à plusieurs dans le 
même canal, mais toujours par groupes distincts. 

Nous allons voir cette tendance au groupement des glandes 
stomacales, en îlots séparés, s’accuser de plus en plus sur les 
poissons qui suivent. Chez l’Anchois, les cellules de la surface 
stomacale sont cylindriques, étroites, granuleuses ; les glandes 
stomacales affectent dans leurs rapports avec le chorion des 
dispositions spéciales. Elles ne sont séparées de la couche muscu- 
laire que par une mince couche conjonctive dont l'épaisseur ne 
dépasse pas 20%, remarquable par l'abondance d'un pigment 


292 ALEXANDRE PILLIET 


noir, en traînées minces, granuleuses et irrégulières, qui s'étend 
également à l'æœsophage et aux culs-de-sac pyloriques. 

Elles sont tassées et forment des tubes larges et flexueux, 
séparés par des travées qui vont s'épaississant sur la surface libre 
de l'estomac, en sorte que les glandes sont comprises entre la 
couche pigmentée et une zone conjonctive superficielle, d'une 
épaisseur au moins égale, percée de conduits glandulaires et 
recouverte par l'épithélium gastrique. Les glandes stomacales 
contiennent de grandes cellules peu foncées; celles de la base 
sont pressées, très granuleuses, opaques; on ne distingue bien 
ni leurs noyaux, ni leur contour. Plus près de la surface elles 
sont moins granuleuses, leur noyau est fort petit, sphérique. 
Ces éléments se continuent insensiblement par de légers change- 
ments de forme avec ceux des canaux excréteurs, qui sont petits, 
granuleux et prismatiques ; avec un noyau volumineux possédant 
deux ou trois nucléoles punctiformes. Le Sprat (Clupea spraltus), 
la Sardine, présentent des types assez semblables à celui-ci. 

Chez le Gadus pollachius, les glandes sont aussi noyées par 
groupes épars dans le chorion, et séparées de l’épithélium gas- 
trique, qui est caliciforme, par une zone de faisceaux conjonctifs. 
Il existe une faible musculaire muqueuse, 

Chez le Caranx trachurus, le revêtement gastrique est calici- 
forme; il tapisse des cryptes en entonnoir au fond de chacune 
desquelles s'abouchent quatre ou cinq glandes courtes, groupées 
comme des sacs de blé, posés les uns contre les autres. Chacun 
de ces groupes est isolé. Les cellules glandulaires sont les mêmes 
que nous connaissons. 

L'aspect des glandes varie chez la Motelle, selon le point de 
l'estomac qu'on examine. Près de l'œsophage le chorion est très 
épais, très vasculaire; les glandes à pepsine y sont isolées par 
groupes de trois à huit. Elles sont longues et étroites, appendues 
à des canaux excréteurs communs, tapissés de cellules calici- 
formes allongées qui contiennent dans leur partie claire des 
granulations jaunâtres, très peu réfringentes, assez diffuses. Au 
milieu de l'estomac, les glandes sont beaucoup plus longues et se 
touchent ; en approchant du pylore, leurs amas s'éclaircissent de 
nouveau. 

Surun Turbot jeune, l'œsophage très court fait rapidement 
place à des cellules prismatiques très longues que brunit l'acide 
osmique. L'estomac offre à l'œil nu un aspect mamelonné. Les 
premières glandes gastriques sont d'abord extrêmement espacées, 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 293 


noyées dans un chorion d’une grande épaisseur. Elles sont toutes 
situées à peu près sur le même plan : très courtes, la plupart sont 
irrégulièrement arrondies, quelques-unes allongées. Elles ne 
contiennent qu'un petit nombre de cellules polyédriques à gros 
noyau, fortement granuleuses, colorées en brun par l’osmium. 
Leur canal excréteur est très long, vu la distance qui sépare les 
glandes de la surface libre, sa paroi est recouverte d’une seule 
couche de cellules allongées, granuleuses, assez semblables à 
celles mêmes qui remplissent les culs-de-sac, ce qui fait qu’on 
pourrait le regarder comme une émanation directe de la glande. 
Au milieu de l'estomac, les glandes sont toujours allongées, 
isolées, très petites, par groupes piriformes ; mais elles sont plus 
nombreuses et viennent presque au contact. Il existe quelques 
faisceaux de fibres lisses sous la muqueuse. 

Le tube digestif du Rhombus norvegicus ressemble beaucoup à 
celui du Turbot. La dermo-muqueuse fait place très vite à un 
épithélium cylindrique sur une seule couche, qui conserve encore 
quelque temps dans ses rangs des éléments caliciformes ; puis 
ceux-ci disparaissent au niveau des premières glandes. L'épithé- 
lium cylindrique est d’une hauteur de 50u; vus de champ les 
éléments ont une largeur de 5; ils offrent une surface claire 
polygonale, au centre de laquelle on distingue un noyau qui se 
colore peu. Ces cellules ont leur partie libre un peu évasée, 
terminée par une surface concave. Elles sont assez claires, mais 
se colorent par l'acide osmique et l’hématoxyline; le picro- 
carmin les teint en jaune orangé, mais plus légèrement que ces 
deux réactifs. La muqueuse gastrique se creuse de dépressions 
à la hauteur du canal de chaque glande; ces dépressions s’enfon- 
cent au-devant de ces canaux en formant des infundibula très 
courts qui collectent chacun plusieurs groupes. Les glandes pré- 
sentent comme celles du Turbot un corps et un col allongé, tapissé 
d’une seule couche de cellules aplaties, granuleuses comme celles 
des glandes, avec un noyau sphérique distinct. Le corps, sur une 
coupe perpendiculaire à l'axe de la glande, se montre comme une 
figure irrégulièrement ronde ; les cellules qui le remplissent sont 
polyédriques, très granuleuses. Chaque cul-de-sac glandulaire a 
1204 delong sur A0 de large; en moyenne, le col à une lar- 
geur de 5 à 8x, sa longueur, très variable, peut aller à 50. En 
descendant dans l'estomac, on voit ces glandes se serrer de plus 
en plus et arriver à se toucher en gardant toujours leurs canaux, 
qui traversent une couche conjonctive épaisse de 20z à peu près, 


294 ALEXANDRE PILLIET 


pour aller se jeter dans les dépressions en doigt de gant de la 
muqueuse stomacale. Puis elles cessent tout à coup, et l’épithé- 
lium superficiel se continue en décrivant exactement les mêmes 
sinuosités, comblant les mêmes dépressions que dans la portion 
sus-glandulaire. C’est la portion pylorique, du reste assez courte. 
Nous y retrouvons l'épaississement de la musculaire interne, qui 
est très marqué, puis l’étranglement pylorique. 

Chez la Sole, les glandes sont groupées en lobules irréguliers 
immédiatement sous l’épithélium ; elles n’ont pas cette portion 
allongée, ce col qui existe chez les deux poissons précédents. 
Pour le reste, elles sont semblables. Les cellules du revêtement 
stomacal sont aussi prismatiques et granuleuses, tellement sem- 
blables aux cellules prismatiques de l'intestin, qu'on ne peut 
saisir de transition sur une coupe comprenant la région pylo- 
rique. 

L’estomac du Gobius niger est sillonné de plis épais et nom- 
breux, creusé de dépressions au fond desquelles s'ouvrent les 
glandes. Les cellules superficielles sont prismatiques et bru- 
nissent par l'acide osmique, avec un volumineux noyau ovoïde, 
groupées en bouquet sur toutes les saillies de l'intestin. Les 
glandes, isolées et peu nombreuses, sont tout à fait sous l’épi- 
thélium ; leurs culs-de-sac sont si courts qu'ils ont la forme 
de petits acinis simples; ce qui complète la ressemblance, c’est 
qu'elles sont remplies de cellules pyramidales dont la base est 
accolée à la paroi. Les granulations qui les remplissent sont 
très fines ; aussi ne sont-elles pas opaques et fixent-elles assez 
peu les réactifs. Leur noyau est petit, sphérique et refoulé vers la 
base de la cellule. La lumière centrale de la glande est très 
étroite. Chaque cul-de-sac très court ne contient pas plus de 6 à 
8 de ces cellules dans toute sa hauteur. Les glandes cessent au 
pylore, marqué par un épaississement de la couche annulaire 
interne de fibres lisses. 

Le Cottus scorpius a des glandesrudimentaires fort semblables. 
Elles se composent d’acinis mesurant de 20 à 40% de diamètre, 
remplis de grosses cellules polyédriques, granuleuses ; les acinis 
sont disposés par amas épais, irréguliers, très espacés dans le 
Lissu conjonctif sous-muqueux. De chaque groupe partent plu- 
sieurs canaux allant à la surface gastrique. Les culs-de-sac 
s'allongent un peu vers le centre de l'estomac ; ils cessent à un 
bourrelet conjonctif, circulaire, épais, situé un peu en avant du 
pylore. De ce repli au pylore on trouve la muqueuse stomacale 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 295 
creusée de dépressions assez profondes, au fond desquelles des- 
cendent les cellules de l’épithélium superficiel. 

Chez les Lophobranches, on remarque un tube digestif d'un 
diamètre à peu près constant, sans renflement stomacal, sans plis 
mamelonnés. L'æœsophage du Syngnathe, assez long et riche en 
cellules caliciformes, fait place à une couche très serrée de 
cellules cylindriques sur un seul rang, laissant voir de loin une 
rare cellule caliciforme et s'étendant sur un seul plan, sans pli 
ni dépression, l’espace de trois centimètres environ, après quoi se 
forment des plis espacés et anastomosés, circonscrivant des 
dépressions peu profondes, mais larges, plis qui appartiennent à 
l'intestin. Cette couche uniforme de cellules cylindriques repré- 
sente le revêlement de la muqueuse gastrique ; mais les glandes 
déjà rares chez le Gobius niger ont totalement disparu. Toute 
cette région est recouverte des fibres striées qui se prolongent de 
l’æœsophage. Le tube digestif du Callionymus lyra est aussi droit 
et court, sans renflement stomacal, sans étranglement car- 
diaque ou pylorique. A la fin de l’œsophage, sans transition, 
les cellules se réduisent à une seule couche, dont quelques plis 
peu élevés multiplient la surface. Ces cellules prismatiques 
sont longues, très étroites, assez granuleuses et fixent fortement 
les réactifs ; elles ne sont pas mêlées de cellules caliciformes et 
sont surmontées d’une cuticule striée comme les cellules de 
l'intestin. 

L'estomac du Lepadogaster bimaculatus est construit sur le 
même plan, la surface gastrique est seulement plus réduite, 
relativement à la longueur totale de l'intestin et chargée de 
cellules caliciformes. Enfin chez la Vieille de Mer (Labrus bergylta) 
et chez le Blennius pholis, cette couche même n'existe plus, et 
immédiatement après la muqueuse dermo-papillaire commencent 
les plis élevés d’une muqueuse intestinale très développée. 

Les Pleuronectes, les Lophobranches offrent tous à l'œil nu 
un canal intestinal tellement semblable à celui des animaux que 
je viens de citer, que les glandes stomacales y font aussi pro- 
bablement défaut. En effet, chez tous ces animaux, le tube 
digestif est court, droit, sans renflement stomacal; il est seule- 
ment un peu infundibuliforme à son entrée. 

L'absence des glandes stomacales chez les Poissons a d’abord 
été signalée par Leydig (1) chez le Petromyzon, la Myxine ct le 


(1j Leydig, Traité d'Histologie comparée, traduct, Lahillonne, 1866. 


296 ALEXANDRE PILLIET 


Cobitis fossilis. D'après Ch. Richet (1), Luchau l'aurait indiqué en 
1877 chez le Cyprinus tinca et le Cyprinus carpio. Ludwig 
Edinger (2) qui a étudié les poissons de Rostock et du golfe de 
Naples, a montré que ces glaudes se développent tard et que 
leur existence n’est pas constante. Ce fait me paraît beaucoup 
plus fréqueut qu'on ne l’admet d'après ces cas isolés restés 
jusqu'ici à l’état d'exception, et il suit de ce que je viens de 
dire que cette notion doit être étendue à un certain nombre 
d'espèces, puisque un cinquième des poissons que j'ai examinés 
sans choix ne présentaient pas d'estomac. Stannius a signalé 
aussi ce fait pour la Chimère et l'Orthagoriseus mola. 

Ces animaux n'’offrent rien de particulier dans leurs mœurs; 
ce sont généralement des Poissons de fond. 

Les glandes répondant à la portion pylorique de l'estomac des 
Vertébrés supérieurs n'existent pas chez les animaux à estomac 
rudimentaire qui forment le second groupe des Téléostéens que 
nous avons indiqués en commençant. Chez les Sélaciens, les 
glandes à cellules granuleuses s'avancent jusqu'au pylore et l'on 
a regardé comme l'estomac pylorique le boyau qui relie l’esto- 
mac à la lame spirale. Milne-Edwards (3) le nomme étranglement 
pylorique. Le professeur Cleland (4), de Glascow, l'a même com- 
paré à la portion pylorique intestiniforme de l'estomac des Céto- 
dontes. Ce détroit est sillonné par quatre ou cinq grands plis 
longitudinaux couverts de glandes en tubes, remplies de cel- 
lules cylindriques à noyaux volumineux, qui se transforment en 
cellules caliciformes à mesure qu'on se rapproche du col de la 
glande. Sur une coupe perpendiculaire à l’axe des glandes, elles 
apparaissent arrondies, tapissées par 7 à 8 cellules caliciformes 
dont les noyaux ronds, très gros, sont accolés à la paroi, la 
partie chargée de mucigène s'évasant subitement en forme de 
verre à pied. Leur contour est clair, très peu grarulé. Elles lais- 
sent au centre du tube une lumière étroite, les glandes sont très 
serrées entre elles, montrent une mince charpente conjonctive 
portant les vaisseaux. Il n’y a pas de villosités. Rien dans cette. 
structure ne contredit l'opinion de Cleland. 


(1) Ch. Richet, Du Suc gastrique. Journal de l'Anatomie. XIV, 1878, p. 181. 

(2 L. Edinger, Sur le développement et la structure du canal intestinal des 
Poissons. Arch. f. mikr. Anat., 1876. 

3, Milne-Edwards, Anatomie et Physiologie comparées, VI, 1859, 

1) 3, Cleland, Viscera of the Porpoise, ete. Journal of Anatomy and physiology, 
XVIII, p. 327, 1881, 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 297 


La portion pylorique de l'estomac du Congre est séparée du 
reste par une ligne nette, nous l'avons dit. A cette limite, le 
chorion fait un pli assez marqué et n’a plus ensuite que des 
ondulations irrégulières, des plis mamelonnés, délimitant des 
cryptes peu profondes. Le tout est tapissé d'un seul rang de 
cellules caliciformes très longues, un peu élargies à leur extré- 
mité libre. Le noyau, situé près du point d'attache de la cellule, est 
gros, arrondi, nucléolé. Toutes ces cellules sont à contour clair, 
et à peu près circulaires vues de champ. 

Chez le Mullus surmuletus, en approchant de la ligne pylorique, 
les cellules granuleuses des glandes diminuent peu à peu, les 
glandes disparaissent. Il ne reste plus que les infundibula pro- 
fonds où elles venaient s’aboucher. On comprend qu'ils aient 
l'aspect de glandes très larges, très peu profondes, se bifurquant 
parfois à leur base et présentant sur une coupe perpendiculaire à 
leur grand axe une figure irrégulièrement arrondie. Le fond de 
ces glandes pyloriques est entièrement tapissé par un épithélium 
à petites cellules cubiques qui s’allongent à mesure que l’on 
monte vers la surface, prennent le caractère caliciforme et 
arrivent, vers les deux tiers de la hauteur de la glande, à être 
tout à fait semblables aux cellules superficielles de l'estomac. 

Le Maquereau à les mêmes glandes profondes, en entonnoir, 
mais plus serrées. Beaucoup des cellules caliciformes ont de 
fines traînées noires, protoplasmiques, parallèles, striant en long 
la cellule, arrivant jusqu'à la surface libre, où chacune de ces 
lignes détermine un froncement qui donne à cette face un aspect 
denticulé. Cet aspect se retrouve chez le Rouget et la Motelle. 

Les glandes pyloriques de la Daurade appartiennent encore au 
même type ; il semble que les cellules granuleuses disparaissent, 
les cellules de revêtement viennent prendre leur place au coldes 
glandes, en sorte que les loges glanduleuses conservant leur pro- 
fondeur n’ont plus qu'un petit nombre de cellules granuleuses 
au fond d’un entonnoir peu évasé. Ces derniers groupes dispa- 
raissent eux-mêmes dans la région tout à fait pylorique, et l’on a 
des glandes semblables à celles que nous avons décrites. La 
couche musculaire annulaire qui s'était épaissie graduellement, 
de facon à être considérable au pylore, cesse brusquement à ce 
niveau, après avoir envoyé un prolongement dans le bourrelet 
conjoncetif qui forme la ligne pylorique;, c’est un fait constant, 
nous l'avons vu. 

L’estomac pylorique du Mugil capito est une exception très 


298 ALEXANDRE PILLIET 


remarquable au milieu de ces types ne différant que par des sim- 
plifications insensibles dont nous venons de parler. Il a été sou- 
vent comparé par les anatomistes à un gésier (1), et l'examen 
histologique confirme pleinement cette donnée. Au niveau de la 
portion pylorique, la couche musculaire interne prend subitement 
une épaisseur considérable de plus d'un centimètre, et se trouve 
coupée, à intervalles égaux, par des cloisons conjonctives que par- 
courent les vaisseaux ; la couche musculaire externe, longitudi- 
nale, ne change pas. On ne voit plus dans l'estomac que des 
glandes en entonnoir, très évasées, que tapissent des cellules 
petites, étroites et serrées. Celles du fond des glandes sont 
cubiques ; elles se transforment peu à peu en éléments calici- 
formes assez grèles, de 154 de long, dont le contenu se confond 
avec une couche de mucus consistant, qui les recouvre, et dont la 
hauteur égale celle de la muqueuse elle-même, soit 2/10 m.-m. 
Le mucus de consistance quasi-cornée, dont l'existence est 
constante, est sillonné de bandes fibrillaires amorphes, colorées 
par les réactifs, et de trainées granuleuses continuant la direction 
des glandes, et répondant à des cellules mortes, desquamées et 
fixées dans cette gangue. On peut juger par leur peu d’abondance 
que la desquamation des éléments sécréteurs des glandes n’est 
pas très active et qu'elle ne concourt pas efficacement à 
augmenter la sécrétion glandulaire. 

Cette couche résistante s'enlève par lambeaux blanchâtres sur 
l'animal frais; elle est moins épaisse que la couche de consis- 
tance cornée, secrétée par les glandes pyloriques des Oiseaux ; 
mais l'identité générale est complète entre ces deux sortes d'or- 
ganes. 

Nous avons vu les glandes à pepsine s'espacer chez la Mo- 
telle; au voisinage du pylore, elles finissent par disparaître en 
totalité et les glandes pyloriques les remplacent, comme dans 
les autres estomacs que nous venons de voir. En même temps, 
les plis du chorion s'élèvent et se chargent de cellules calici- 
formes, ce qui donne à celle région de l'estomac un aspect vil- 
leux très prononcé. Vues de camp, les glandes pyloriques sont 
très espacées ; leur ouverture es£ circulaire. 

Chez les autres Poissons, dont nous nous occupons, l'estomac 
pylorique n'existe pas ou est très rudimentaire. Les glandes 
cessaut avant le pylore, on n’a plus que la muqueuse gastrique 


(1) Milne-Edwards, Anatomie et Physiologie comparées, VI, 1859, 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 299 


avec ses dépressions qui sont plutôt descryptes que de véritables 
glandes. 

L’estomac possède sous la séreuse péritonéale, dont l’épithé- 
lium est composé de cellules cubiques chez beaucoup de Séla- 
ciens, une couche externe longitudinale de fibres lisses, une 
interne annulaire dont nous avons parlé à propos de chaque 
animal. On voit d’abord apparaître des faisceaux de fibres lisses 
parmi les faisceaux striés de la tunique annulaire œsophagienne, 
qui descend généralement fort bas. C’est le premier indice de la 
couche annulaire interne. La couche longitudinale interne de 
l’æœsophage se prolonge plus ou moins bas, sur les glandes gas- 
triques et s’épuise définitivement. En même temps se montre, 
sous la séreuse péritonéale, la couche de fibres lisses longitudi- 
nales. Nous avons vu que la musculaire muqueuse n'était pas 
constante. Le plus souvent elle est réduite à quelques grêles 
faisceaux longitudinaux disposés dans le chorion. Au pylore la 
couche annulaire interne peut se quintupler, comme cela a lieu 
chez la Motelle. Le Mugil Capito présente une épaississement 
extrême quiest comme l’exagération de cette disposition géné- 
rale. Quelques faisceaux de cette couche interne entrent dans la 
composition du repli pylorique et assurent sa contractibilité. 
Chez un Invertébré, l'Octopus vulgaris, qui à été bien étudié au 
point de vue histologique, par M. Ch. Livon, de Marseille (1), 
nous trouvons quelques points de ressemblance avec ce qui 
nous est donné d'observer chez les poissons. La portion du tube 
digestif appelée estomac est aussi un gésier, dont les fibres lisses 
présentent une striation oblique spéciale que l’on retrouve chez 
quelques Annelés, la striation losangique ; seulement on n’y voit 
pas de glandes, mais un seul rang de cellules caliciformes sous 
une épaisse couche hyaline dont les ondulations fibrillaires 
sont parallèles au plan de la muqueuse, et dont la consistance 
est très dure. L’Octopus n’a pas non plus de glandes stomacales 
dans tout son tube digestif, où l’on ne voit qu'une couche unique 
d'éléments cylindriques caliciformes. Les glandes œsophagiennes, 
qui forment quatre masses volumineuses, doivent en tenir lieu. 

Nous voici au bout de cette étude sur l'estomac, que, malgré 
le petit nombre de poissons pris au hasard, qui en étaient l’objet, 
nous avons pu suivre des formes les plus compliquées aux 


(1) Charles Livon, Structure des viscères des Céphalopodes. Journal de l’Anatomie, 
1881. 


300 ALEXANDRE PILLIET 


formes les plus rudimentaires, jusqu'à l'absence même de l’or- 
gnne en suivant une échelle décroissante dont les transitions 
élaient fort simples. Ainsi se justifie le groupement arbitraire 
que nous avons adopté au début. L'étude de l'intestin est plus 
simple et plus courte. 


L'intestin, au-delà du pylore, est généralement très court; 
souvent il ne dépasse pas la longueur totale du poisson. Il peut 
être rectiligne ou présenter une anse, de manière à figurer un N 
plus ou moins allongé. Cette anse peut se multiplier, rarement. 
Il peut exister des appendices pyloriques plus où moins nom- 
breux. Un peu avant l'anus on trouve un rétrécissement exté- 
rieur correspondant à une saillie interne, souvent bien marquée, 
sous la forme d'un pli dirigé en bas, valvulaire par conséquent. 
De cette ligne à l’anus, l'intestin est dilaté en ampoule. 

L'intestin des Sélaciens est rempli par la lame spirale, dont la 
disposition a frappé depuis longtemps les observateurs. On le 
comprendra très facilement si on la compare à une valvule 
connivente très développée et descendant en spire d’un bout à 
l'autre de l'intestin. Comme sur une valvule connivente nous 
y trouvons des villosités et des glandes. Les villosités sont 
courtes, très vasculaires ; elles contiennent des fibres lisses lon- 
gitudinales; elles sont couchées comme comme des épis par le 
vent dans le sens longitudinal de la lame. 

Les landes en tubes sont assez profondes. Le tout est recou- 
vert de cellules cylindriques très longues, surmontées d'une 
production cuticulaire, épaisse et striée en long, qui présente au 
premier coup d'œil l'aspect d’une couronne de cils vibratiles 
agglulinés. Il n'y a pas de cellules caliciformes. Quand on dis- 
socié ces éléments, on voit que leur noyau très gros, ovalaire, est 
situé entre deux étranglements, vers la surface libre, le corps 
cyloplasmique s'élargit en forme de massue allongée; vers la 
base, il se dilate en une sorte de gâteau qui fixe la cellule. Le 
noyau est situé entre ces deux masses; lrelié à chacune par un 
pédicule. On trouve aussi en grande abondance des éléments 
cylindriques n'offrant que des traces de différencialion et des 
cellules de remplacement à gros noyau, à corps cellulaire très 
peu développé. La charpente conjonelive de la lame spirale est 
renforcée par deux bandes de muscles lisses qui s'étendent du 
bord adhérent au bord libre, répondant chacune à une des 
deux muqueuses adossées ; c'est de là que partent les fibres des 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 01 


villosités. La lame spirale se termine brusquement en trois ou 
quatre tours de spire de plus en plus petits dans la vaste dilata- 
tion cloaquale qui précède l'anus, chez les Sélaciens, et où 
s'ouvre aussi la glande superanale. Cette poche est sillonnée de 
plis longitudinaux s'étendant jusqu'à l'anus ; c'est une muqueuse 
dermo-papillaire qui la revêt. Ces plis sont hérissés de papilles 
longues et coniques, émanant d’un chorion épais et noyées dans 
une couche d’épithélium pavimenteux stratifié dont beaucoup de 
cellules subissent la même transformation caliciforme que nous 
avons déjà vue dans l’æœsophage et la peau des poissons osseux. 
Seulement elle est beaucoup plus facile à suivre ici à cause 
de la dimension, chez les Sélaciens, de ces éléments qui rap- 
pellent ceux de la Grenouille et du Triton. Les cellules ba- 
sales sont allongées ; beaucoup sont exactement semblables à 
celles du tissu conjonctif des papilles. Elles se dégagent peu à 
peu et, vers le milieu de la hauteur de l'épithélium, un grand 
nombre subissent la transformation vésiculeuse qui se continue 
jusqu'à ce que cet élément soit complètement sphérique, comme 
une cellule adipeuse; le cytoplasma refoulé formant un mince 
prolongement situé au pôle opposé à l'ouverture qui perfore la 
membrane d'enveloppe de la cellule. Quand celle-ci arrive à la 
surface les cellules pavimenteuses sont d'autant plus nom- 
breuses qu'on se rapproche davantage de l'anus où elles se 
confondent avec celles de la peau. Leur évolution est facile à 
comprendre, les éléments de la couche profonde s'accroissent 
sans se charger de mucigène, deviennent polyédriques, puis pa- 
vimenteux, déformés par les cellules muqueuses sphériques qui 
les entourent et sur la convexité desquelles ils se moulent ; ils 
ne sont jamais réduits à l'état de lamelles minces, car ce sont 
surtout les ceilules caliciformes qui couvrent la surface libre. 
La glande superanale s'ouvre à la partie supérieure de l’ampoule 
anale par un canal court, revêtu intérieurement d’un épithélium 
caliciforme ; sa forme est olivaire. 

Sa paroi est formée par l'épithélium cylindrique du péritoine, et 
une large couche conjonctive dans laquelle s’enfonce des culs- 
de-sac arrondis, rappelant tout-à-fait ceux des glandes de Lie- 
berkühn, et répondant chacun à une glande en tube très étroite 
et très longue, puisqu'elle s’avance presque jusqu'au centre de 
la glande. Les cellules qui tapissent chaque glande, sur un seul 
rang, sans cellules de remplacement à leur base, sont cubiques, 
ce qui donne à l’ensemble un aspect comparable à celui des 


302 ALEXANDRE PILLIET 


tubuli du rein. Leur bord libre n'a pas de plateau ; il présente 
souvent un double contour; leurs bords contigus sont peu 
distincts. Le noyau est central, gros, avec trois ou qnatre nu- 
cléoles. Le cytoplasma est chargé de granulations grises, assez 
fines, mais très abondantes et qui paraissent disposées en séries 
longitudinales sous l’action de l'hématoxyline. Ce n’est donc 
donc point simplement une glande à mucus, et la physiologie 
nous avait déjà éclairés sur ce point. M. R. Blanchard (1), qui a 
le premier reconnu la vraie structure de cette glande, à trouvé 
que, sans action sur les matières albuminoïdes, elle possédait un 
ferment diastasique et un ferment émulsif d'une assez grande 
énergie. La charpente des glandes est composée de très minces 
traînées connectives, riches en cellules fusiformes. Au centre de 
la glande, ce tissu conjonctif prend un très grand développement 
et forme des espèces de villosités dilatées en massues, remplies 
de vaisseaux sanguins. Elles sont recouvertes de cellules calici- 
formes qui descendent très peu profondément dans le col des 
glandes. Le contenu de chaque glande en tube vient donc se 
déverser dans une cavité centrale, occupée par un grand nombre 
de saillies villeuses, émanées du stroma des glandes et non dans 
un canal à parois propres. Tel qu'il est, cet organe n’a que peu 
d'équivalents dans toute la série des glandes des Vertébrés. Chez 
le Squatina angelus les glandes en tubes sont cloisonnées en une 
quinzaine de groupes par des travées conjonctives qui n'existent 
pas chez le Lamma cornubica; mais malgré de légères diffé- 
rences, les Sélaciens forment un groupe tellement uni, au point 
de vue du tube digestif, qu’il suffit d'en décrire un quelconque 
pour donner une idée exacte des autres. 

Si nous passons maintenant aux Téléostéens, nous n’aurons 
guère à signaler que les particularités relatives aux appendices 
pyloriques et à l'ampoule anale. 

L'intestin du Maquereau, étalé, est parcouru d'un bout à 
l'autre par de longs plis flottants, à peine ondulés, comme les 
ciels de théâtre. On ne voit pas de glandes dans leurs inter- 
valles ; dans les culs-de-sac pyloriques, on retrouve exactement 
les mêmes plis longitudinaux. 11 y a identité complète entre ces 


(1) Raphaël Blanchard, Recherches sur la structure et le développement de la 
alande superanale des Poissons cartilagineux. Journal de l’Anatomie, 1878. 

Id., Sur Les fonctions de la glande superanale des Sélaciens. Bulletin de la So- 
ciété Zoologique, VIT, 1882. 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 303 


deux organes, même au point de vue de la tunique musculaire. 
L'épithélium prismatique est serré, les cellules étroites et longues 
s'insèrent sur le chorion par un prolongement grêle. 

Le Congre n'a pas d'appendices pyloriques. La disposition de : 
l'épithélium est la même ; il existe une cuticule striée. 

La partie post-stomacale de l'intestin du Rouget montre des 
enfoncements égaux, cryptes plutôt que glandes, à base large, 
partout occupés par des éléments prismatiques petits, sans cel- 
lules caliciformes. En se rapprochant de l'anus, même chose; 
les cellules sont seulement un peu plus longues. La ligne qui 
précède l'ampoule anale est marquée par un pli dirigé en bas, 
dans la constitution duquel entrent quelques faisceaux de la 
couche musculaire interne. Dans cet ampoule les plis villeux du 
chorion triplent subitement de hauteur, en sorte que la muqueuse 
est beaucoup plus haute que dans la partie précédente. L'intestin 
de la Daurade est remarquable par l'extrême épaisseur des 
couches conjonctives du chorion et l'étendue de l’ampoule anale. 
Dans la portion qui suit le pylore, le tissu sous-muqueux, très 
épais, constitue des saillies abondantes et hautes. Les cellules 
sont assez courtes, étroites, cuticulées; les cellules caliciformes 
y sont rares; les culs-de-sac pyloriques ont à peu près le même 
aspect. Les deux couches de muscles lisses y sont nettes, l’ex- 
terne mesurant 504, l’interne 80. Le tissu conjonctif, toujours 
extrêmement abondant, y enserre des replis tapissés d'une 
couche épithéliale de 404 de hauteur. Dans toute la longueur 
de l'intestin le chorion pousse d’épais prolongements déterminant 
des cavités irrégulières que remplit l’épithélium. A l’ampoule 
anale les couches musculaires prennent soudain un grand 
développement. L’interne, quadruplée, fournit un bourrelet mus- 
culaire épais à la ligne pré-anale. Dans toute l’ampoule anale, 
les cellules caliciformes sont abondantes. 

L'intestin du Pagel est couvert aussi de nombreux plis qui ne 
sont, à proprement parler, ni des villosités ni des glandes en 
tubes, mais rappellent un intestin de fœtus d'un Vertébré supé- 
rieur au moment où sa surface commence à se couvrir de saillies. 
Les cellules prismatiques sont petites, nombreuses et serrées, 
avec un large plateau. De temps en temps une cellule caliciforme 
apparaît dans le rang. Sur une dissociation, on voit en grande 
abondance des cellules longues, colorées en jaune par le picro- 
carmin, à noyau rond, petit, suivi d’un long prolongement 
cyloplasmique, effilé, puis d'autres cellules allongées, caliciformes 


304 ALEXANDRE PILLIET 


par leur partie supérieure, comme celles qu'on trouve daus l'es- 
tomac du même animal; enfin des cellules ayant le même noyau, 
la même coloration par l'acide picrique que les précédentes, mais 
à corps cellulaire irrégulier, qui sont les cellules de remplace- 
ment. À l’ampoule anale, la muqueuse double subitement de 
hauteur, les cellules sont les mêmes que dans l'intestin propre- 
ment dit. 

L'intestin du Mugil Capito, étalé et regardé par sa face interne, 
est couvert de villosités coniques, longues de 3/11"",en moyenne, 
larges de 2/10", Elles sont assez espacées. On en compte de 
quatre à cinq dans le champ de l'objectif n° 3 de Vérick, qui 
mesure 8/10"" de diamètre. Elles ne se touchent pas par leur 
base, on ne voit entre elles aucun orifice de glande. Les culs- 
de-sac pyloriques ont le même aspect; les villosités qui les 
couvrent sont seulement plus larges; on les distingue à l'œil nu, 
isolées comme les saillies d’une ràpe. Elles ont une longueur de 
4/10 à 6/10", une largeur variable ; on ne voit pas non plus 
d'orifilces glandulaires entre elles. L'épithélium est prismatique, 
avec des cellules caliciformes rares. 

Quand on étale de la même façon l'intestin de la Motelle, ce ne 
sont plus des villosités qu'on a sous les yeux, mais des glandes 
en tubes auxquelles le chorion forme un large anneau réfringent. 
Elles sont losangiques, allongées dans le sens de l'intestin, toutes 
sont de même longueur ; quelques-unes sont bilobées à leur base. 
Elles se continuent avec une parfaite régularité jusqu’à l'ampoule 
anale. Là, leur diamètre est réduit au 1/3; elles sont donc beau- 
coup plus petites. Dans les culs-de-sac pyloriques, elles sont 
semblables à celles de l'intestin. Les cellules sont serrées, assez 
variables de dimension, granuleuses et recouvertes même au 
fond des glandes d’une forte cuticule striée. 

L'intestin du Turbot est assez court, couvert de plis très hauts, 
anastamosés et déterminant entre eux de longs culs-de-sac. Le 
tout est tapissé de cellules cylindriques étroites, à cuticule 
striée, très semblables à celles qui recouvrent l'estomac. Les 
cellules caliciformes y sont nombreuses, ovoïdes. Il existe une 
zone de cellules de remplacement à la limite du chorion qui est 
assez mince. L'épithélium a une hauteur de 40 à 50u. Tout le 
long de l'intestin la structure reste la même, les plis vont seule- 
meut en s'abaissant jusqu'à l’ampoule anale. Celle-ci est mar- 
quée, au contraire, par un épaississement de toutes les couches 
de l'intestin, Dans la muqueuse les cellules caliciformes sont 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 305 


encore plus nombreuses que dans la région précédente; on les 
trouve à tous les états de développement, étagées entre les 
cellules prismatiques ; beaucoup ne sont pas arrivées à la surface 
libre et sont encore closes. Dans les plus petites, le noyau est 
encore médian, surmonté d’une vacuole claire. La cuticule 
striée n'existe pas à leur niveau. 

Le Rhombus norvegicus et la Sole ont des dispositions iden- 
tiques. Nous arrivons maintenant aux poissons dont les glandes 
gastriques sont rudimentaires ou nulles. Chez tous, la muqueuse 
intestinale est très épaisse, surtout après l'œsophage ; ces plis 
sont beaucoup plus compliqués que chez les autres poissons. 
Nous avons vu que le tube digestif était aussi plus court. 

Le sphincter annulaire de fibres lisses qui forme le pylore du 
Gobius niger est relativement épais. A u-delà, l'intestin est 
hérissé de villosités coniques assez courtes et groupées par leur 
base en bouquets irréguliers. Ces groupes laissent entre eux des 
cryptes profondes, divisées elles-mêmes par des plis secondaires 
peu accusés. Les cellules prismatiques sont très allongées, 
toutes d’une hauteur à peu près égales; mais on voit sur les 
dissociations que leur largeur varie beaucoup, et, sur les cellules 
plus larges, le noyau volumineux fixe beaucoup moins bien les 
réactifs. Elles ont 304 de longueur en moyenne; leur largeur 
varie de ÿ à 84. Elles sont un peu granuleuses. La cuticule qui 
les recouvre est épaisse et ne paraît pas striée, même à un fort 
grossissement (obj. 8, Vérick). De distance en distance, on aper- 
çoit dans le rang un vide clair, de forme losangique, qui répond 
à une cellule caliciforme. Celles-ci ont une portion évasée, 
courte, suivie d’un long corps cellulaire qui va en s’effilant, et 
contient le noyau. Elles sont d'autant plus nombreuses qu’on se 
rapproche davantage de l'anus. Il existe des cellules de remplace- 
ment formantune couche ou deux, suivant les endroits; quelques- 
unes subissent déjà la transformation vésiculeuse qui en fera des 
éléments caliciformes. Le reste de l'intestin n’a rien de parti- 
culier. 

L'intestin du Cottus scorpius ne diffère de celui du Gobius niger 
que par la présence de quatre cæœcums pyloriques, très courts, en 
doigts de gant. Chez le Syngnathe, les plis de la muqueuse sont 
multipliés dans la première portion du tube digestif; au-delà ils 
sont très simples et peu accusés. L’épithélium a des cellules très 
étroites, très longues, circulaires vues de champ, couvertes d’un 
plateau peu épais qui ne paraît pas strié. Le noyau est situé à la 

20 


306 ALEXANDRE PILLIET 


moitié de la hauteur de l'élément. Il y a un petit nombre de 
cellules caliciformes assez également espacées sur toute la surface 
muqueuse. La ligne pré-anale est formée par un pli dirigé en 
bas ; ce pli qui est fort accusé contient une mince lame de fibres 
lisses, émanée de la couche annulaire. Toute la tunique muscu- 
laire augmente beaucoup d'épaisseur à ce niveau jusqu'à l'anus. 
L'ampoule anale est sillonnée de plis longitudinaux ; les cellules 
caliciformes y sont abondantes, l’épithélium y est le même que 
plus haut. 

Pour le Callionyme, nous ne voyons à signaler que l'extrême 
rareté des éléments caliciformes et l'épaisseur de la cuticule 
striée ; le reste serait la répétition de ce qui précède. 

La muqueuse intestinale du Blennius pholis, couverte de gros 
plis enchevètrés, est tout à fait semblable à celle du Synguathe. 

L'intestin proprement dit du Labrus bergylla, commence aux 
dents pharyngiennes. Il est un peu infundibuliforme, à ce niveau 
la muqueuse est très haute. Il se continue jusqu’à l'anus, sans 
autre ligne de démarcation qu'un mince bourrelet, formant la 
limite supérieure de l'ampoule anale. Il n’y a pas d'œsophage ni 
de couche musculaire striée, mais seulement les deux couches 
ordinaires de fibres lisses, l’interne annulaire, l’externe longitu- 
dinale, assez minces, d'égale épaisseur, séparées par des gan- 
glions nerveux et des vaisseaux. Par places, ces muscles parais- 
sent vaguement striés en travers comme ceux de l’Octopus. La 
charpente conjonctive est très épaisse, riche en cellules fixes. 
Elle dessine des villosités composées, très longues, en forme de 
Chou-fleur dans la première partie de l'intestin, plus simples dans 
le reste, délimitant des cavités assez larges, tapissées du reste par 
le même épithélium qui a tous les caractères de l’épithélium intes- 
tinal. IL est recouvert d'une cuticule sans stries, bordée d’une 
couche épaisse de mucus, où se voient des cellules desquamées. 
Notons ici un fait qu'on rencontre assez souvent sur les coupes : 
c'est sur la cuticule que se fixent les polystomes si fréquents dans 
le tube digestif des Poissons, et il n’est pas rare d’avoir une coupe 
comprenant cette cuticule et la ventouse du parasite. Les cellu- 
les prismatiques longues et étroites s'évasent à leur extrémité 
supérieure; elles sont granuleuses, leur noyau est ovoïde; elles 
reposent sur une couche de nombreux noyaux sphériques, petits 
et vivements colorés, appartenant à des cellules de remplace- 
ment. Beaucoup de ces éléments s'avancent entre les cellules 
cylindriques. On en voit entourés d’une zone claire de dimen- 


SUR LA STRUCTURE DU TUBE DIGESTIF 307 


sions variables, qui sont de jeunes cellules caliciformes s'indivi- 
dualisant déjà dans les couches profondes de l’épithélium. A côté 
d'elles, des cellules caliciformes, ovoïdes, parfaitement dévelop- 
pées, s'ouvrent au dehors. Vue de champ, la muqueuse présente 
un champ de cellules polygonales de très petit diamètre, avec les 
nombreux cercles clairs des cellules caliciformes. 

La ligne pré-anale et l'ampoule anale ont la structure que nous 
connaissons. La muqueuse y est très épaisse, et forme des cryptes 
si hautes et si régulièrement semblables qu’on peut les assimiler 
à des glandes; il n’y a pas de villosités. En approchant de la fente 
linéaire qui forme l'anus, les cellules de remplacement de la 
couche profonde se multiplient, et forment quatre à cinq rangs 
qui se continuent avec les rangs de l'épithélium pavimenteux 
stratifié de la peau, les cellules cylindriques cessent et sont rem- 
placées par des cellules caliciformes dermiques, que couvrent de 
longues papilles, entourant l’orifice anal. 


Les types que nous avons examinés dans le cours de ce travail 
sont assez nombreux et assez variés pour qu'on puisse se faire 
d'après eux une idée générale, suffisamment juste, du tube diges- 
tif des Poissons de mer. Voilà pourquoi nous les avons décrits 
chacun à part, bien qu'un certain nombre de faits que nous indi- 
quons aient été déjà signalés isolément. La synthèse s'impose 
ainsi avec plus de force, disposant d’un plus grand nombre de 
faits, et les conclusions se tirent toutes seules. 

En résumé (1) : 

L'œsophage, quand il existe, a la structure des muqueuses 
dermo-papillaires; un corps de Malpighi stratifié, avec un grand 
nombre de cellules caliciformes à la surface libre. L'épithélium 
de l'estomac est formé souvent de cellules caliciformes allongées ; 
mais dans quelques cas leur portion muqueuse est très réduite 
ou n'existe pas; le revêtement est alors prismatique. 

Les glandes répondant à l'estomac du fond des Vertébrés supé- 
rieurs ne contiennent jamais qu'une seule sorte de cellules gra- 
nuleuses. Les glandes répondant à l'estomac pylorique peuvent 
exister très nettes comme chez le Congre, ou manquer absolu- 
ment. Chez le Labrus bergylta, le Blennius pholis, le Lepadogaster 
bimaculatus, le Syngnathus acus, le Callionymus lyra, il n’y a pas 


(1) Ces conclusions ont fait l'objet d'une note à la Société de Biologie, Octobre 
1884, 


308 ALEXANDRE PILLIET 


trace de glandes stomacales. Le Syngnathe, le Callionyme, le 
Lepadogaster ont, entre le revêtement stratifié de l’œsophage et 
les plis de l'intestin, une surface recouverte d'un épithélium for- 
mé d'un seul rang de cellules, cylindriques ou caliciformes alion- 
gées, répondant au revêtement stomacal des autres Poissons; mais 
il n'y a pas de glandes au-dessous. 

Chez le Gobius niger, le Cottus scorpius, on voit des culs-de- 
sac glandulaires peu nombreux se montrer sous ce revêtement. 
Les appendices pyloriques, quand ils existent, ont la structure de 
la portion d'intestin sur laquelle ils s’insèrent. Krukenberg et 
W. Stirling ont trouvé de la trypsine dans les appendices pylo- 
riques du Hareng, de la Sardine, de la Morue et de quelques au- 
tres Poissons (1). L'intestin présente des plis, simples ou compo- 
sés, analogues à ceux qu'on voit chez le fœtus de Mammifères, 
ce qui domine ce sont les plis à direction longitudinale, qui peu- 
vent exister seuls, comme chez le Scomber, ou être réunis par des 
anastomoses transversales. 

Il peut être aussi composé uniquement de glandes cylindriques 
comme chez la Motelle, ou uniquement de villosités comme chez 
le Mugil Capito. Les éléments en sont prismatiques, mêlés de cel- 
lules caliciformes en quantité variable. 

Avant l'anus, l'intestin se dilate, chez presque tous les Poissons 
que nous avons vus, et forme une petite ampoule, séparée du 
reste par un sphincter tout à fait net, formé par la tunique interne 
des fibres lisses de l'intestin. La muqueuse de cette ampoule est 
plus épaisse que celle de l'intestin qui la précède, elle n'en 
diffère pas sensiblement dans ses éléments. 


(1) W. Stirling, On the ferments or enzymes of the digestive tract in Fishes. 
Journal of Anatomy, XVIII, p. 426, 1881. 


DUMONTIA OPHELIARUM 


TYPE NOUVEAU DE LA SOUS-CLASSE DES SARCODINES 


Par J. KUNSTLER 


Maitre de Conférences à la Faculté des Sciences de Bordeaux 


Dans une note publiée dans les Comptes-rendus de l'Académie des 
Sciences de Paris du 18 août 1884 (1), j'ai indiqué les particulari- 
tés de structure et de développement qui caractérisent un Proto- 
zoaire de la sous-classe des Sarcodines, habitant la cavité péri- 
viscérale des Ophélies que l’on trouve sur la plage d'Arcachon. 
Avant moi, divers auteurs avaient vu cet organisme, mais ils 
n’en ont pas reconnu la qualité d’être autonome, ni fait connaître 
suffisamment la structure et l’évolution. 

Costa en fait mention pour la première fois; il le trouve chez 
l’'Ophelia radiata Clap. et il le prend pour une sorte de globule 
sanguin cheminant dans les vaisseaux conducteurs du sang (2). 
Il est difficile de comprendre pourquoi cet auteur le place dans 
des conduits où il ne se trouve jamais. Même, il croit avoir vu des 
accumulations de cet être, formant des caillots noirs, dans le 
cœur (qui, pour lui, est distinct du vaisseau dorsal). 

Plus récemment un des plus éminents naturalistes russes 
Kowaleswky a consacré une brève mention à cet organisme (3). 
Jl a bien vu que son habitat était la cavité périviscérale; mais il 
l'a pris pour un élément normal, pour un globule lymphatique 
et il pense avoir constaté l'existence de stades intermédiaires 
entre le corpuscule lymphatique ordinaire et l’état caractéris- 
tique de cet être. Pour lui, celui-ci n’est autre chose qu’un amas 


(1) Sur un Rhizopode. 

(2) G. Costa. Annali dell’ Acad. d. Aspiranti nat., II, fasc. 3, p. 84 Napoli, 1843. 

(3) A. Kowaleswkvy, Enhoickelungsgeschichte der Rippenquallen, Mém. acad 
imp. de Saint-Pétersbourg, (7), X. Introduction, page vi, 1867. 


310 J. KUNSTLER 


de globules lymphatiques. Il ne semble d'ailleurs pas avoir connu 
la découverte de Costa. 

En 1870, Claparède en a donné une étude nouvelle, plus appro- 
fondie, accompagnée de figures, sans mieux se rendre compte 
que ses prédécesseurs de sa véritable nature. Il est porté à les 
prendre pour des produits d’excrétion (1). 

La description qui suit montre que nous n'avons affaire ici, ni 
à un simple corpuscule lymphatique, ni à un produit d'excrétion 
ainsi que le pensaient les savants illustres que je viens de citer; 
mais que c’est là un organisme dont les caractères morphologi- 
ques et évolutifs présentent le plus haut intérêt et comprennent 
des processus aussi singuliers que remarquables. 

L'organisme dont il est question ici se trouv: en abondance 
dans la cavité périviscérale de l’Ophelia bicornis 12) de la plage 
d'Arcachon. Rarement il fait défaut chez son hôte ordinaire ; 
cependant j'ai constaté son absence complète chez plusieurs indi- 
vidus. Je l’appellerai Dumontia Opheliarum. 

Cet organisme se distingue facilement des autres corpuscules 
flottant dans le liquide plasmatique par la présence d’un axe vive- 
ment coloré en brun foncé, quelquefois même complètement 
uoir. Sur les deux côiés de cet axe se voit le corps protoplas- 
mique, divisé en deux lobes latéraux, ordinairement inégaux et 
portant à leur région médiane externe des pseudopodes rayon- 
nants. Les dimensions de ces corps sont fort diverses et varient 
entre une trentaine de millièmes de millimètre jusqu’à un demi 
millimètre. Leur forme générale est définie; ce fait se voit chez 
beaucoup de Radiolaires, et même de Rhizopodes qui tendent à 
ne présenter qu'un seul axe. La structure générale du Dumontia 
est monaxone, son corps n'étant réellement symétrique que par 
rapport à un seul axe. Cet axe est perpendiculaire au bâtonnet 
foncé qui se voit au centre du corps; un plan passant par l'axe 


(1) Ed. Claparède, Les Annélides chétopodes du golfe de Naples. Mém. de la Soc. 
de physique et d'hist. nat. de Genève, 2° partie, p. 28; pl. 29, fig. L (A, B et C). 

(2) M. de Quatrefages, qui a étudié cette Ophélie à Arcachon, la prend pour l'O. 
bicornis de Savigny (La Rochelle). Notes sur quelques animaux invertébrés du bassin 
d Arcachon. (Compte-rendu de l'Association française pour l'avancement des sciences. 
Session de Bordeaux, 1872, p. 653-656). Pour J. V. Carus, l'O. radiata Clpde et 
l'O. bicornis D. Ch. ne sont qu'un seul et même être (Prodromus Fauna Mediter- 
ranea, p. 260,. Il me semble aussi que les deux dénominations sont synonymes. 
Mais est-ce que la priorité n'appartient pas au nom imposé par Savigny et n'est-ce 
pas ce motif qui a déterminé M. de Quatrefages dans son choix ? 


DUMONTIA OPHELIARUM 311 


longitudinal de ce bàtonnet ne diviserait pas le corps en deux 
parties symétriques, car sa forme est ordinairement coudée, et, 
du côté de la courbure, le lobe protoplasmique est plus grand, à 
pseudopodes plus abondants, que du côté opposé. Pour les natu- 
ralistes, et c'est la presque totalité, qui pensent qu'il puisse 
exister des êtres possédant la valeur morphologique d'une cellule, 
des êtres wnicellulaires, le Dumontia est unicellulaire. 


AXE CHITINEUX. 


Cet axe brun présente ordinairement la forme d’un bâtonnet 
allongé, rarement bien rectiligne, mais présentant le plus souvent 
un coude dans sa région médiane. Pour cette raison, l’axe longi- 
tudinal de cette baguette n’est pas un axe de symétrie, et celle-ci 
ne peut être divisée en deux parties symétriques que par un 
plan médian transversal. Les deux extrémités sont renflées, et 
présentent une coloration d'autant moins intense qu’on considère 
un point plus rapproché du bout; là, la teinte devient très claire, 
souvent presque nulle. Aplati de haut en bas, il présente sou- 
vent des dimensions assez considérables pour arriver à être 
visible à l'œil nu. J’ai vu plusieurs exemplaires de quatre 
dixièmes de millimètre. 

Les deux extrémités ne se renflent pas d’une façon bien régu- 
lière ; elles présentent, dans la règle, deux ou trois renflements 
séparés par des étranglements transversaux; je donnerai la signi- 
fication de ce fait plus loin. Le bout est souvent arrondi; d’autres 
fois il est plus irrégulier; il peut avoir l'apparence d’un faisceau 
d’axes secondaires (PI. IV, fig. 2). 

En examinant cet axe à l’aide d'objectifs fortement grossissants, 
on voit que sa structure n’est pas homogène, et cette structure se 
voit particulièrement bien après l’action de certains acides, tel que 
l'acide sulfurique, par exemple, qui en éclairceit la teinte. L'aspect 
de sa substance rappelle beaucoup les lignes concentriques qui 
se voient chez les grains d’amidon, mais ici il est plus net. Des 
lignes parallèles sillonnent transversalement l’axe (fig. 1) aux 
deux régions terminales; elles sont courbes et semblent se 
rabattre sur les bords pour devenir parallèles aux faces latérales. 
C’est principalement aux extrémités renflées que ces lignes se 
voient; dans la région médiane, et même jusqu’au niveau des 
deux tiers de la longueur de chaque bout au centre, la coloration 
foncée empêche de voir cette structure. La décoloration par 


912 J. KUNSTLER 


l'acide sulfurique permet de la suivre à peu près partout où elle 
existe. 

Un point de structure qui se remarque aussitôt qu'on voit l’axe 
lui-même et avec les plus faibles grossissements est que ce bâ- 
tonnet paraît formé de deux zones emboîtées, de teintes diffé- 
rentes. La zone externe est mince et claire; son diamètre est 
environ de 1 à 2; la zone interne forme la grande masse de 
l'axe. La couche externe semble se confondre insensiblement 
avec les extrémités claires. Si, aux faibles grossissements, il 
paraît y avoir deux couches distincles, cet aspect se modifie 
quand on étudie cet être à des grossissements considérables. La 
zone externe, incolore, présente une striation longitudinale, d'une 
extrème délicatesse et plus difficile à constater que celle qui se 
voit à la surface des grains d’amidon. Elle semble donc formée 
de couches concentriques de densité différente, alternativement 
sombres et claires, emboîtées. Ainsi que je le dirai plus loin, le 
rôle de cette zone claire paraît considérable dans la reproduction 
du Dumontia ; elle entoure de toutes parts l'axe. 

Ces couches fines et claires passent insensiblement aux cou- 
ches longitudinales plus nettes de la partie brune interne et l’on 
ne voit plus la distinction nette entre les deux zones claire et 
sombre, qui semanifeste aux faibles grossissements. Cependant 
sous le rapport de la coloration, on peut à peu près distinguer, à 
ces forts grossissements, trois assises principales : une externe, 
incolore, une deuxième moyenne, brune, et une dernière pro- 
foude, de couleur foncée et de beaucoup la plus épaisse. 

Les rapports des couches transversales et longitudinales sont 
difficiles à établir et une étude approfondie est nécessaire pour 
bien les saisir. J'ai dit que la zone périphérique incolore se con- 
fond avec la substance claire qui se trouve aux bouts renflés. 
Cette zone latérale est formée de couches longitudinales ; les bouts 
à la constitution desquels elle prend une si grande part, présen- 
tent des couches transversales. En suivant attentivement au 
microscope chaque sirie longitudinale, on voit que, près de sa 
fin, elle se divise en un certain nombre d’autres lignes analogues, 
mais transversales. Cette disposition est représentée schémati- 
quement dans la figure 40. On voit qu'à chaque couche longitu- 
dinaie correspondent plusieurs couches transversales, disposition 
qui explique pourquoi l'axe, formé de couches l’entourant de 
toutes parts, n'est pas homaxone, mais allongé dans le sens de 
ces couches multiples. 


DUMONTIA OPHELIARUM 313 


Il arrive, quelquefois même que dans les préparations, ces 
couches, soit isolées, mais ordinairement réunies au nombre de 
deux ou trois, se séparent des couches voisines et laissent entre 
elles un intervalle appréciable. Ce fait semble montrer qu’elles 
conslituent de véritables membranes. L'étude microscopique 
approfondie conduit à un résultat analogue. Aïnsi les couches 
transversales sont bien nettes et se montrent avec l'aspect de mem- 
branes solides et résistantes, plus ou moins ondulées, séparées les 
unes des autres par d’étroites fentes paraissant remplies de 
liquide, et reliées entre elles par des trabécules de substance 
analogue (fig. 39). Les diverses couches délimitent donc des va- 
cuoles irrégulières qui les séparent entre elles et probablement 
remplies de liquide. Cet aspect, aux très forts grossissements, est 
nettement distinct de celui des couches des grains d'amidon. 
Celles-ci sont l'indice de différences dans la richesse en eau; ici, 
au contraire, existent de véritables couches. 

Dans le courant du développement, le nombre des couches est 
fort variable ; les nouvelles couches se forment par dédouble- 
ment de celles qui existent d’abord, au fur et à mesure que le 
nombre augmente. Aux bouts, où chaque couche longitudinale 
aboutit à plusieurs couches transversales, cette couche primitive 
se dédouble progressivement en un certain nombre de couches 
secondaires qui coiffent l'extrémité et ce procédé est le grand 
facteur de l'allongement de l'axe. Une couche qui se prépare à se 
dédoubler devient plus épaisse, puis il apparaît à son milieu une 
ligne plus claire qui finit par se transformer en la série de va- 
cuoles irrégulières qui séparent ordinairement les diverses cou- 
ches entre elles. 

En résumé, il existe des couches longitudinales, d'autant plus 
colorées qu'elles sont situées plus à l’intérieur, les externes 
étant à peu près incolores et les internes d’un brun noir ; la colo- 
ration est graduelle de manière que les diverses couches passent 
insensiblement de l’une à l’autre; cependant on peut distinguer 

.trois zones principales, l’une externe, claire, l'autre moyenne, 
brune, et la troisième interne, noire. Ces couches, à leurs deux 
extrémités se dédoublent en un certain nombre de couches secon- 
daires transversales qui unissent celles qui sont longitudinales, 
et qui ne sont plus intimement juxtaposées comme celles-ci, 
mais séparées les unes des autres par une série de vacuoles le 
plus ordinairement rectangulaires. 

Le centre de l'axe est plus clair; il semble qu'il y existe une 


314 J. KUNSTLER 


cavité interne, centrale, allongée, probablement remplie de 
liquide. La longueur de cet espace plus clair est d'environ un 
quart de celle de la totalité du bâtonnet. Elle détermine la lon- 
sueur des couches les plus internes, qui sont les plus courtes. 

Quant à la nature chimique de l'axe, l'aspect rappelle celui de 
la chitine, et il est, en effet, probable que ce n’est là qu’une sub- 
stance de nature chitinoïde, analogue à celle de la capsule cen- 
trale des Radiolaires et de la coque d’un grand nombre de Rhizo- 
podes. Cependant il doit plus se rapprocher de la substance 
protoplasmique, car le vert de méthyle lui communique une colo- 
ration intense. 

Claparède en fait un produit d’excrétion. J'ai pensé à vérifier si 
cette baguette ne présentait pas les réactions de la murexide ou 
de la guanine. Elle est insoluble dans la potasse caustique, dans 
l'eau chaude, dans une dissolution de nitrate de plomb. La mu- 
rexide et la guanine sont insolubles dans l’eau, l'alcool et l’éther 
(la murexide est soluble dans l’eau chaude) ; mais elles se dissol- 
vent dans les acides et dans la potasse. L’axe du Dumontia ne peut 
donc pas être confondu avec ces substances. Sa substance ne 
possède jamais aucune des colorations que certains réactifs font 
acquérir àces matières d’excrétion. 

La chitine est une substance azotée qui offre les plus grandes 
résistances à l’action des réactifs, et ce caractère lui est commun 
avec la substance de cet axe. Celui-ci résiste à l’action des acides 
étendus et à celle des alcalis, même chauds. Il peut être dissous, 
mais toujours les dissolvants l’altèrent. La chitine est dissoute 
par les acides minéraux concentrés, tels que l’acide sulfurique, 
l'acide chlorhydrique et l'acide azotique. La même action est 
exercée sur lui, avec cette différence qu'elle est plus lente, et 
que l’action de l'acide azotique est difficilement appréciable. 

La valeur morphologique de cet axe paraît bien obscure, et il 
semble difficile de trouver dans le règne animal un exemple d'une 
pareille disposition. 

Son aspect général rappelle celui de la capsule centrale noire , 
de certains Radiolaires. 

La capsule centrale des Radiolaires est morphologiquement 
très comparable à la coque des Rhizopodes. Chez ceux-ci, l'en- 
veloppe, même si elleest calcaire, est primilivement chitineuse. 
La forme fondamentale de la capsule centrale est sphérique, et 
son allongement est un phénomène postérieur. Chez les jeunes 
êtres, elle est ronde. Mais elle s'accroît, par les progrès du déve- 


DUMONTIA OPHELIARUM 315 


loppement, dans certaines directions, chez un grand nombre de 
formes, et d'’homaxone elle devient monaxone, à pôles à peu près 
semblables. Dans l’ordre des Monopylea se trouve ainsi une cap- 
sule centrale allongée, dont le protoplasma interne ne se trouve 
plus en relation avec le protoplasma périphérique que par l’un 
des pôles. Il existe des ouvertures analogues à la surface de toute 
la capsule chez d’autres espèces (Peripylaria). Chez les Monopylea, 
la capsule est monaxone à pôles dissemblables. Ainsi il est des 
capsules sphériques; mais cette forme est assez rare. Plus sou- 
vent la configuration est ellipsoïdale ou allongée en cylindre; 
elle peut être allongée et lobée. La membrane de la capsule cen- 
trale est souvent simple ; dans certains cas {Phæodaria), elle est 
double, formée de deux lamelles, et percée de peu d'ouvertures, 
le plus ordinairement trois. Sa nature chimique tient aussi de 
celle de ces produits de différenciation, sortes de productions cu- 
ticulaires de nature azotée, qui forment des organes résistants, et 
qui se groupent autour de la chitine. On remarque, en effet, sa 
grande résistance à l’action des réactifs, acides et bases. La cap- 
sule centrale, comme l’axe du Dumontia, ne recouvre pas la sur- 
face du corps; elle est placée au sein du protoplasma. Elle a donc 
des relations étroites avec le corps mou; mais morphologique- 
ment c’est une enveloppe. La capsule centrale manque chez beau- 
coup de Rædiolaires. Dans le jeune âge, elle est centrale; mais, 
par la suite du développement, il arrive souvent que, comme 
chez le Dumontia le protoplasma s’accroît plus d’un côté que de 
l’autre, et elle semble repoussée ainsi, de manière à devenir 
excentrique. 

L’axe brun du Dumontia présente une analogie très lointaine 
avec une capsule centrale profondément transformée et devenue 
un axe de soutien. Cette baguette est aplalie, comme chez beau- 
coup de Radiolaires; mais ses parois sont épaisses et elle a la 
forme générale d’un bâtonnet allongé renflé en massue à ses deux 
bouts. Chez les Radiolaires la capsule centrale contient l’ento- 
plasme et le noyau. Ici l’entoplasme et ce corpuscule sont situés 
en dehors de sa cavité qui est plus ou moins obturée et ne pré- 
sente aucune espèce de conduit permettant la communication 
avec la substance périphérique. En effet, si sa paroi, surtout 
après l’action de l’acide sulfurique, se montre finement ponctuée 
et présente un aspect assez voisin de ce qui se remarque chez 
les Peripylaria, cet aspect, d’après mes observations, ne doit 
pas être attribué à l'existence de pores fins, faisant communi- 


316 J. KUNSTLER 


quer le centre de la capsule avec le protoplasma périphérique. 
Cette apparence est en relation avec la structure en couches 
transversales distinctes et séparées, réunies simplement par des 
trabécules ; une foule d’alvéoles sont ainsi délimitées et ce sont 
elles que l'on voit. En baissant le point du microscope, de ma- 
nière à voir l'axe en coupe optique, l'on n’aperçoit jamais de siries 
radiaires, comme cela se remarque chez les Radiolaires à pores, 
et les vacuoles ou ponctuations sont disposées en demi-cercles, 
parallèles au contour. D'après cela, ce ne sont pas là des canali- 
cules perforants. Ce manque de conduits de communication 
pourrait être dù à ce que tout le protoplasma interne à évacué 
la cavité centrale. La baguette centrale du Dumontia est donc un 
simple axe de soutien interne; il paraît difficile d'en faire un 
simple résultat de transformation en rapport avec le genre de vie 
parasite qu’il mène. Il est vrai cependant que dans la cavité péri- 
viscérale qu'il habite, plongé au milieu du fluide cavitaire, une 
coque protectrice lui est inutile, et qu'une baguette rigide, le 
maintenant étalé, semble devoir lui être de la plus grande utilité 
pour le défendre contre des plissements et des entortillements 
dont la production paraît toute naturelle dans ce milieu mobile, 
soumis à des fluctuations et à des compressions perpétuelles. I] 
pourrait donc être permis peut-être de croire à une adaptation de 
la capsule centrale à l’état d’axe, si complète que le mode de for- 
mation de la chitine est lui-même modifié. C’est la partie la plus 
rapprochée de l'axe de la baguette qui est le plus cornée, et, au 
fur et à mesure que l’on considère une couche plus rapprochée 
de la périphérie, la transformation chitinoïde est moins considé- 
rable, pour finir par ne plus guère posséder que les propriétés du 
protoplasma ordinaire, mais tout en étant plus dense. 

La capsule centrale des Radiolaires, en général, étant l'ana- 
logue de l'enveloppe chitineuse des Rhizopodes, on doit s'attendre 
à trouver, soit chez les larves, soit chez certaines formes actuelles 
des dispositions de la capsule centrale montrant bien sa nature 
d'enveloppe périphérique primitive. En effet, quelques Monopy- 
laria ne montrent guère de protoplasma extérieur à la capsule 
que dans la région du pore (Cystidium, Plagiacantha). Nous savons 
qu'autre part ce protoplasma s'étend tout autour; mais, en géné- 
ral, c'est aux points où la communication entre les protoplasmas 
interne et externe se fait que celui-ci est le plus abondant. Le 
Dumontia présente une disposition extrême absolument opposée 
à celle qui caractérise les Monopylaria cilés. Si done l'axe de cet 


DUMONTIA OPHELIARUM Ji 


être était morphologiquement équivalent à la capsule centrale, 
nous aurions ici un cas de transformation d’une enveloppe qui 
va en se rapetissant pour ne plus former qu’un simple bâtonnet, 
mais dont les parois sont épaissies, surtout aux pôles et à struc- 
ture spéciale. Il arrive d’ailleurs même déjà chez les Rhizopodes 
que, lorsque la coque devient épaisse, peu pliable, le corps s'en 
retire plus ou moins. Seulement les coques des Rhizopodes sont 
ordinairement homogènes, transparentes, sans structure, généra- 
lement incolores, mais quelquefois jaunâtres ou brunes. Elles 
peuvent présenter une structure alvéolaire (Arcella). Les jeunes 
coques des Rhizopodes sont toujours incolores ; l’axe du Dumontia 
est coloré dès le plus jeune âge. Mais l'assimilation entre ces 
divers organes protecteurs est loin d’être évidente, et, pour le mo- 
ment, le mieux semble être d'indiquer simplement la question 
et de réserver tout jugement définitif. Une autre différence existe 
entre l’axe du Dumontia et la capsule centrale des Radiolaires et 
la coque des Rhizopodes. Chez ces deux groupes d'êtres, ces or- 
ganes protecteurs n'existent pas chez l'embryon; ils se dévelop- 
pent ultérieurement ou même peuvent ne jamais se produire. A 
tous les moments du développement, l’axe est présent chez le 
Dumontia, soit à l’état de sphère seulement, soit à l’état de ba- 
guette ; à aucun moment de l'existence, la cavité interne de cet 
organe ne semble communiquer par une ouverture quelconque 
avec le protoplasma qui l'entoure; dès le début, elle est absolu- 
ment interne. Ces faits semblent devoir exclure toute interpréta- 
tion tendant à faire de cet organisme une forme ancestrale de 
Radiolaire : il ne pourrait, tout au plus, qu’en être dérivé. 

Le squelette périphérique, si remarquablement développé chez 
la plupart des Radiolaires manque ici complètement, et comme 
les Rhizopodes, le Dumontia ne possède que son squelette chiti- 
neux. Les formes ancestrales des Radiolaires paraissent avoir été 
dépourvues de ce squelette, actuellement encore un grand 
nombre d'espèces ne le possèdent pas. Il peut être de nature or- 
ganique; mais le plus souvent, il est siliceux. C'est là un carac- 
tère de nouvelle acquisition. 


CORPS PROTOPLASMIQUE. 


Le corps protoplasmique a la forme d’une lamelle aplatie de 
haut en bas et divisée en deux lobes inégaux par l'axe qui le tra- 


318 J. KUNSTLER 


verse transversalement, ces lobes sont ordinairement inégaux et 
dissemblables, celui qui se trouve placé du côté de la concavité 
de l'axe étant plus grand. Cette baguette ne divise donc pas l'être 
en deux moitiés symétriques, et, comme je l'ai dit, le seul plan 
qui divise symétriquement le corps est perpendiculaire sur le 
milieu de l'axe. 

Dans le jeune âge, cet axe se trouve toujours plongé tout entier, 
entouré de toutes parts par le protoplasma du corps. Lorsqu'il 
s’allonge, il entraîne le protoplasma de chaque côté el donne au 
corps une configuration fusiforme ; ses bouts finissent même sou- 
vent par percer le protoplasma qui les entourait; mais le plus 
généralement cette substance s'étend jusqu'aux extrémités où 
elle forme une mince couche. A partir de ces points, elle s’épaissit 
progressivement, s'étale à mesure qu'on s'approche de la région 
médiane, où elle forme une expansion membraneuse et large, de 
chaque côté. La figure 40 montre schématiquement le bout d’un 
axe qui perce son enveloppe protoplasmique; celle-ci présente, 
au niveau de la région où elle est traversée, une disposition an- 
nulaire. 

Le protoplasma, à première vue, présente une structure spé- 
ciale. Il se montre constitué par la réunion d’une foule d’aréoles, 
délimitées par une substance dense, remplies d’un liquide clair. 
Il semble en être complètement formé dans sa région externe, 
et se montre donc sous l’aspect d’un réseau. La substance proto- 
plasmique dense ne forme plus guère que de minces cloisons de 
séparation, délimitant de petites cavités; les vacuoles externes 
sont un peu bombées à leur face extérieure; les autres sont poly- 
sonales par pression réciproque. I ne semble pas y avoir de vési- 
cules contractiles. Les parois de ces grosses vacuoles sont pro- 
bablement un peu rigides puisqu'elles conservent à l'être une 
forme fixe, et cette consistance du protoplasma ne permet jamais 
l'existence de courants internes, analogues à ceux qui se voient 
chez beaucoup d’autres Sarcodines. Ces vacuoles sont disposées 
en plusieurs couches superposées. 

Déjà certains Rhizopodes présentent de grosses vacuoles dans 
tout leur corps, et la structure écumeuse de leur protoplasma a 
fait souvent croire que cette substance était composée d'un ré- 
seau de fibres. Chez quelques Héliozoaires, la richesse en vacuoles 
est tellement considérable qu'une partie du corps (Actinophrys), 
ou sa totalité (Actinosphærium) paraît formée complètement par 
ces sortes de bulles. 


DUMONTIA OPHELIARUM 319 


Le protoplasma de l'être dont il s'agit ici présente une teinte 
jaunâtre ne différant pas sensiblement de l'aspect normal de 
beaucoup de protoplasmas. 

En général, les dimensions de ces vacuoles ne sont pas iden- 
tiques dans toute l'étendue du corps. À mesure qu'on se rap- 
proche de la région centrale, elles deviennent de plus en plus 
petites, pour arriver à être d’une excessive finesse près de l’axe 
et ne plus constituer que de petits points dans le protoplasma ; 
celui-ci y est alors finement pointillé. Le plus ordinairement, il 
semble qu’il éxiste une transition absolument progressive entre la 
région périphérique à grosses vacuoles et la partie centrale plus 
compacte. Mais il m'est arrivé de voir dans quelques cas (fig. 32, 
33, 34 et 36), une limite nette existant entre la zone interne à 
fine structure et la zone externe écumeuse. 

Les Radiolaires présentent deux régions analogues du corps; 
l'externe est l’ectoplasme, l'interne, l’entoplasme. Même chez 
l'Actinosphærium, Héliozoaire dont toute la substance est vacuo- 
laire, les vacuoles de l’entoplasme sont plus petites, plus nom- 
breuses que celles de l’ectoplasme; elles sont moins réguliè- 
rement rangées, les parois qui les séparent sont un peu plus 
épaisses et elles sont aplaties, de manière à prendre une configu- 
ration polygonale par pression réciproque. Ici il n’y a pas de 
capsule centrale. Chez les Radiolaires, l’entoplasme est contenu 
dans la capsule et l’ectoplasme se trouve au-dehors. Il existe 
donc chez eux une limite nette qu’on ne voit nulle autre part 
d'une manière aussi tranchée. Les Rhizopodes ont aussi un ento- 
plasme et un ectoplasme ; mais il est peut-être peu juste d’assi- 
miler ces formations. Chez eux, l’ectoplasme est une couche péri- 
phérique, plus dense, dans laquelle les facultés motrices sont 
localisées, et le protoplasma interne est plus ou moins complète- 
ment fluide. Il n’existe aucune limite précise entre ces deux 
couches qui passent insensiblement l’une à l’autre. De plus, ici 
c'est l’ectoplasme qui est dense et l’entoplasme fluide, tandis que, 
chez chez les premiers organismes, la disposition est toute op- 
posée. Chez le Dumontia, l'ectoplasme est aussi, comme chez les 
Héliozoaires et les Radiolaires, moins compacte que l’entoplasme. 
Le plus souvent, il ne semble pas y avoir de limite déterminable 
entre ces deux régions; mais, ainsi que je l’ai dit, il est des cas, 
rares d’ailleurs, où une limite est visible et semblerait presque 
être membraneuse. Cette sorte d'entoplasme, finement vacuo- 
laire, forme, le plus souvent, une masse centrale fusiforme, allon- 


320 J. KUNSTLER 


gée transversalement, entourée de toutes parts par l'ectoplasme et 
traversée par l'axe chitineux. Il présente une grande différence 
avec la partie analogue des Radiolaires ordinaires. Chez ceux-ci 
l'entoplasme est située au sein de la capsule centrale; ici, au 
contraire, il enveloppe l’axe. Dans l'hypothèse où celui-ci ne 
serait que cette coque transformée en baguette pleine, il faudrait 
admettre que, au fur et à mesure que cette métamorphose s’est 
opérée, l’'entoplasme a émigré de sa cavité interne primitive pour 
s'établir tout autour. 

Les jeunes individus sont constitués tout entiers par du proto- 
plasma ayant la structure de l’entoplasme. Son aspect est fine- 
ment pointillé; de très petites vacuoles sont entourées de couches 
protoplasmiques relativement épaisses. Par les progrès du déve- 
loppement, les vacuoles périphériques deviennent de plus en plus 
grandes et leurs parois plus minces, mais aussi plus nettes. Cette 
transformation se continue pendant toute l'existence, et, même, 
lorsque le développement est absolument complet, les petites 
vacuoles n’occupent plus qu’un espace fort restreint (fig. 2 et 3). 

L’entoplasme présente fréquemment un certain nombre de gra- 
nulations situées surtout près de l'axe. Ce sont des corpuscules 
très réfringents, et de dimensions variant depuis les limites ex- 
trêmes de la vision jusqu’à une taille de 4 à 5u. Leurs contours 
sont nets, et ils ont l’aspect de concrétions à teinte généralement 
un peu sombre, tirant sur le brun-jaunàâtre. Leurs formes sont 
variées, irrégulières, ou en tablettes se rapprochant de la forme 
cristalline rhombique. Les acides concentrés les dissolvent ; mais 
les acides faibles et l'alcool sont sans action. L’hématoxyline, 
additionnée d’un peu d'acide chromique, leur fait acquérir ure 
teinte bleu-foncé. Ce ne sont pas là des matières grasses, et, en 
général, les globules d'apparence graisseuse paraissent manquer. 
Ces granulations sont probablement des produits excrétoires, ana- 
logues à ceux que l’on trouve chez d'autres Sarcodines. Certains 
Infusoires présentent des cristallicules analogues, disposés en 
touffes, à la manière de l'acide oxalique; ce ne sont donc proba- 
blement que des oxalates. C’est l'opinion de Bütschli; Entz croit 
que, chez les Rhizopodes d’eau douce, ces granules sont de 
urates. Leur siège paraît être l'entoplasme, et l'ectoplasme sem- 
ble en être toujours dépourvu. 

Chez un certain nombre de jeunes individus (fig. 12, 17 et 27) se 
voit, au sein de l'entoplasme, une petite vésicule claire, le noyau. 
Ce corpuscule possède une couche périphérique d'aspect mem- 


DUMONTIA OPHELIARUM 321 


braneux, qui entoure un espace rempli d'une substance claire, 
probablement liquide, et contenant un corpuscuie, sorte de nu- 
cléole paraissant compacte. Chez l’adulle, ce noyau est plus 
difficile à déceler; cependant l’action prolongée des réactifs colo- 
rants finit par le montrer chez tous; c’est l’opacité de l’ento- 
plasme qui constitue le plus grand obstacle à son apparition. Son 
siège ne paraît pas bien déterminé; il est placé dans l’ento- 
plasme, du côté de la concavité du squelette, et là il peut se trou- 
ver dans des situations diverses. En général, il touche à la zone 
claire de l’axe. Le noyau des Radiolaires est à peu près exclusi- 
vement situé à l’intérieur de la capsule centrale. Chez le Dumontia, 
comme l’entoplasme, il est situé au-dehors. 

Le noyau des jeunes est ordinairement une simple vésicule 
arrondie; chez les adultes, il semble présenter de fins prolonge- 
ments rayonnants de-sa périphérie. Il est unique chez les indi- 
vidus qui ne sont pas en voie de reproduction; dans d’autres cas 
même, il est multiple et il existe souvent deux, trois, quatre ou 
plusieurs Corpuscules analogues ; mais ces nouveaux noyaux 
sont plus petits que le corpuscule unique. Ils paraissent résulter 
de la division de celui-ci qui s’allonge et s'étrangle par le milieu. 
Des phénomènes de division nucléaire multiple analogues ont été 
vus chez d’autres Sarcodines (Actinophrys, Actinosphærium, ete.). 

La périphérie du corps des Radiolaires et des Héliozoaires est 
souvent entourée d’une couche de matière gélatineuse à travers 
laquelle l’ectoplasme envoie ses pseudopodes. Cette enveloppe 
gélatineuse peut être plus ou moins épaisse; elle arrive quelque- 
fois à être mince, membraneuse. Le Dumontia est entièrement 
revêtu d’une cuticule fine, dont l’existence est d'une constatation 
exceptionnellement difficile et pratiquable seulement dans des 
conditions spéciales et favorables. La figure 40 représente sché- 
matiquement la disposition de cette enveloppe aux bouts de la 
baguette chitineuse. On la voit coiffant le bout et retombant de 
chaque côté en formant des plis longitudinaux, pour aller s’appli- 
quer sur le protoplasma du corps, avec lequel elle se confond si 
intimement qu'il est ordinairement impossible de la voir, — Il 
me semble peu probable que cette enveloppe cuticulaire puisse 
correspondre à l’ectoplasme dense des Rhizopodes. 

Les Sarcodines, en général, se nourrissent en introduisant, par 
des procédés divers, des particules nutritives au sein de la sub- 
stance de leur corps, où elles se trouvent dans des vacuoles spé- 
ciales. Le Dumontia ne montre jamais aucune vacuole nutritive 


21 


922 J. KUNSTLER 


analogue, tirant son origine de matières ingérées; jamais on ne 
voit de corps étrangers dans son protoplasma. La nutrilion semble 
se faire par endosmose aux dépens du liquide de la cavité géné- 
rale, qui va probablement s’accumuler dans les vacuoles. Ici, 
comme chez les Radiolaires, en général, c'est l'ectoplasme qui 
remplit les fonctions digestives; chez la plupart des autres Proto- 
zoaires, la digestion s'opère dans l’entoplasme. 


PSEUDOPODES. 


Le bord externe des deux lobes protoplasmiques qui constituent 
le corps de cet organisme, présente, dans une certaine partie de 
son étendue des pseudopodes rayonnants, assez épais et longs, 
pouvant atteindre souvent deux fois la longueur du corps. Pour 
bien voir ces organes, il est absolument indispensable, non seu- 
lementd'examiner des individus bien frais, non altérés, c’est-à-dire 
aussi vite que possible après leur extraction du corps de l'Ophé- 
lie, mais encore de les prendre Gans des Ophélies bien vivantes 
et bien fraîches elles-mêmes, car ils s'altèrent très rapidement 
avec la santé de leur hôle. 

Ces pseudopodes ont la forme de lanières obtuses à leur extré- 
mité, allongées et aplaties de haut en bas, quelquefois cylin- 
driques. Leur nombre est rariable, souvent considérable ; dans 
certains cas, j'en ai compté pius de soixante. Ils ne rayonnent 
pas de toute la surface ; ils sont disposés en deux faisceaux laté- 
raux comprenant environ les deux quarts médians de chaque lobe 
protoplasmique; ceux qui couvrent le lobe protoplasmique le 
plus considérable sont plus grands et plus nombreux. Le reste 
du corps en est dépourvu. Beaucoup de Radiolaires présentent 
de semblables irrégularités de disposition. Ainsi les Monopylaria 
montrent un abondant faisceau de pseudopodes en face de l'ou- 
verture de la capsule. 

La structure de ces prolongements est assez semblable à celle 
du protoplasma du corps. On y voit des vacuoles pleines d'un 
liquide clair, entourées de parties protoplasmiques denses. Mais, 
ici, ces parois vacuolaires sont plus épaisses que dans le corps el 
les cavités qu'elles délimitent plus restreintes. Ces pseudopodes 
ne présentent pas de squelette axial de soutien analogue à celui 
de certains Héliozoaires et Radiolaires. Cet axe n'a d’ailleurs été 
bien vu que chez les Acanthométrides parmi les Radiolaires, de 
manière qu'il semble probable que beaucoup de ces organismes 


DUMONTIA OPIELIARUM 923 


en manquent comme le Dumontia. Les pseudopodes de celui-ci 
ne présentent Jamais de courants granuleux analogues à ceux 
qui caractérisent les organes analogues de la plupart des Hélio- 
zoaires et Radiolaires. Chez les premiers, les pseudopodes sont 
toujours simples, tandis que, chez les seconds, ils sont souvent 
ramifiés. Ces organes, chez les Radiolaires, sont fréquemment 
filiformes, raides, à ramifications et anastomoses rares; cette 
disposition se voit principalement chez les formes à pseudopodes 
rayonnants de toutes parts (Peripylaria). Chez d'autres, au con- 
traire {Monopylaria, Phæœvdaria), il existe une tendance à la for- 
mation de réseaux. Les pseudopodes du Dumontia ne sont pas 
absolument droits et fins, en rayons; ils forment un passage à 
ceux qui présentent les caractères ordinaires, tels que ceux des 
Rhizopodes, par exemple. Leur bout est oblus et leur diamètre 
assez considérable ; de plus, ils paraissent présenter une certaine 
rigidité, en rapport avec la consistance du protoplasma du corps. 
Cependant, en règle générale, plus un protoplasma est consistant, 
plus les pseudopodes qu'il produit sont longs et fins. Ici, cette 
règle est un peu en défaut, car ces pseudopodes présentent une 
épaisseur très appréciable. Ils ne sont pas toujours simples; fré- 
quemment on les voit bifurqués ou même irifurqués. Quelquefois 
aussi ils présentent des anastomoses à leur base. 

L'insertion de ces pseudopodes paraît le plus ordinairement 
directe sur le corps avec la substance duquel ils semblent alors 
en continuité absolue. La cuticule se prolonge probablement à 
leur surface pour leur former une envelopppe. Cette continuité 
n'est pas le cas absolument général. J'ai vu dans plusieurs pré- 
parations des individus dont les pseudopodes partaient d’une 
zone à aspect particulier. À la limite du corps constitué par de 
grosses aréoles (fig. 1) se voit une région finement pointillée qui 
passe progressivement à du protoplasma à vacuoles plus grosses 
et portant les pseudopodes qui sont en continuité directe avec 
lui. Souvent même cette zone fine est séparée, ainsi que cela se 
voit dans la figure 1, du corps par une ligne claire, sorte de dé- 
chirure, due probablement à des contractions énergiques, et ce 
cas se voit assez souvent pour permettre d’écarter l’idée d’acci- 
dents tout à fait exceptionnels. Cette zone à pseudopodes est 
principalement développée du côté de la concavité de l’axe, et elle 
présente une tendance assez marquée à se séparer du reste du 
corps. Elle doit peut-être être considérée comme due à la coales- 
cence des pseudopodes à leur base, et, en effet, ainsi que le 


324 J. KUNSTLER 


montre la figure 2, elle paraît souvent ne pas être autre chose. 

Les pseudopodes paraissent plus ou moins rigides: ils ne se 
forment pas en un point pour rentrer plus ou moins facilement 
comme chez les Rhizopodes, et pousser de nouveau en d’autres. 
Ce sont des organes à peu près définis. Chez beaucoup de Rhizo- 
podes déjà, la rétraction des pseudopodes est lente. Le Dumontia 
présente aussi des contractions lentes de ses pseudopodes; mais 
elles n’aboutissent pas à leur rétraction. Ils se raccourcissent, 
s'épaississent et prennent un aspect piriforme (fig. 1); leur forme 
varie entre l’état de longues et minces lanières, jusqu'à celle des 
masses piriformes, courtes et compactes. 

Ce mouvement de rétraction n’est pas le seul qu'ils possèdent. 
Ils présentent, à l’état d'extension, un mouvement un peu trem- 
blotant d'un côté à l’autre, surtout à l'extrémité, et cette sorte de 
mouvement pendulaire se produit, à peu près, simultanément chez 
tous, de manière que la totalité du faisceau oscille dans le même 
sens. Ce mouvement ne s'exécute pas toujours dans le même 
plan, et les pseudopodes peuvent décrire un cône. Les Radio- 
laires présentent souvent aussi un lent mouvement analogue; il 
en est même dont certains pseudopodes présentent d’énergiques 
nodulations flagellantes (Æuchitonia, Spongocycla). Ces ondula- 
tions des pseudopodes du Dumontia sont surtout accusées à l’ex- 
trémité libre; ils aboutissent à un déplacement vacillant du corps, 
locomotion qui se fait dans la direction du côté qui porte les 
grands pseudopodes, el ce sont ces dernière qui paraissent pos- 
séder la mobilité au degré le plus considérable et même presque 
exclusivement. Cette locomotion semble d’ailleurs très peu déve- 
loppée et peu utile dans la cavité périviscérale. 

On voit aussi s'effectuer quelquelois le long des pseudopodes 
des contractions péristaltiques lentes. 

Ainsi que je l’ai dit, la nutrition de ces organismes s'opère par 
imbibition. Les pseudopodes ont donc perdu leur rôle d'organes 
préhensiles, et ils ne servent guère qu'à la locomotion. 

Ces organes sont très délicats; ils se détruisent et disparaissent 
fréquemment, avec une très grande rapidité dans les préparations, 
et, le plus souvent, lorsqu'on les observe, ils sont plus ou moins 
profondément altérés. Cette destruction est souvent précédée d'une 
rétraction qui rend les pseudopodes piriformes; puis leur sub- 
stance devient granuleuse, et elle finit par se fondre et dispa- 
raitre. Dans quelques cas, la rétraction n'a pas lieu et les pseu- 
dopodes altérés  s'élargissent en vastes expansions membra- 


DUMONTIA OPHELIARUM 325 


neuses, paraissant dépourvues totalement de structure (fig. 3). 

Le nombre des pseudopodes est variable suivant l’âge des indi- 
vidus que l’on considère. Chez les jeunes, ils sont peu nombreux 
(fig. 22) et leur structure est identique à celle du protoplasma du 
corps. Ils sont constitués par un protoplasma compact et fine- 
ment pointillé. Au fur et à mesure que l'être avance en âge, de 
nouveaux appendices poussent. En même temps, le protoplasma 
du corps devient plus vacuolaire, sans que, chez eux, la transfor- 
mation soit aussi considérable. Les individus âgés ont toujours 
de longs pseudopodes vacuolaires, tandis que chez les jeunes, 
ces prolongements sont courts, peu nombreux, finement granu- 
leux et paraissent pouvoir être rétractés dans le corps. 


REPRODUCTION. 


Le Dumontia ne s'est jamais présenté à moi en voie de division 
simple. Ceci est un fait assez général chez les Radiolaires sur 
la division desquels règne une certaine incertitude. Mais il existe 
chez cet organisme un mode de reproduction remarquable. 

Ainsi, principalement en été, la surface de l’axe présente de 
petits mamelons bruns, en nombre variable, entourés d’une zone 
claire. Ces protubérances n'existent pas toujours; d’autres fois, 
elles sont nombreuses. Elles s'allongent peu à peu sous forme de 
bourgeons; leur base, par laquelle ils sont fixés sur l’axe, se 
rétrécit, s’étrangle, s'étire en pédicule, et ils finissent par se 
détacher et devenir libres dans le protoplasma ambiant. Ce sont 
alors des corpuscules d’un brun très foncé, à peu près noir, 
d’autres fois presque incolores, entourés d’une zone qui devient 
progressivement de l’intérieur vers l'extérieur, plus claire; la 
couche incolore périphérique est d’une épaisseur très appré- 
ciable. Ces bourgeons se développent primitivement aux dépens 
de l’une des couches longitudinales de l'axe; c’est ordinairement 
l’une des couches brunâtres intermédiaires entre celles qui sont 
tout à fait noires et les plus claires qui présentent ce phénomène. 
Elles s’épaississent en un point, se renflent là, et la substance 
qui constitue le renflement devient finement granuleuse (fig. 41); 
puis, le phénomène continuant à progresser, la saillie s’accuse, le 
centre s’assombrit et le tout s'entoure des couches claires plus 
externes, comme d'une coiffe, pour finir par se détacher. — Ces 
épaississements de couches se produisent quelquefois sur une 


326 J. KUNSTLER 


longue étendue sans aboutir immédiatement à la formation de 
bourgeons, de manière à figurer des sortes de gaines enveloppant 
l'axe. 

Les bourgeons ainsi formés, ne sont pas toujours simples, 
comme je l'ai implicitement supposé jusqu'ici. Au contraire, ils 
se montrent presque toujours fort complexes, constitués par la 
réunion d’un certain nombre de corpuscules analogues. Les bour- 
seons, simples d’abord, ne tardent pas à se subdiviser en deux ou 
plusieurs lobes (fig. 3,4 et6) qui finissent par se séparer et devenir 
des corpuscules analogues à ceux dont j'ai parlé plus haut. Cette 
fragmentation peut même arriver à produire un nombre remar- 
quable de ces petits corps, et elle peut s'effectuer, soit avant la 
rupture du pédicule qui réunit la masse à l’axe et pendant qu'elle 
s'accroît encore par la base par ce pédicule unique, soit après 
que celui-ci s'est détaché. En continuant ainsi, il peut se produire 
un nombre fort considérable de ces granulations (fig. 5) de taille 
variable souvent fort petites. 

Suivant la couche qui les a produits, ces corpuscules présentent 
des teintes diverses; ils peuvent être presque incolores, ou beau- 
coup plus souvent présenter une teinte foncée. Mais finalement, 
ils s’assombrissent tous plus ou moins. 

Ils émigrent à travers le corps protoplasmique, s'entourent 
d’une couche de protoplasma dense, et finissent par sortir du 
corps de l'être souche en perforant sa substance, pour devenir 
libre dans le liquide sanguin ambiant et former un nouvel être. 
Ils présentent alors un noyau. Ce corpuscule est peut-être dù à 
la division du noyau de l'individu mère. À partir de ce moment, 
leur enveloppe proltoplasmique se développe fort rapidement et 
prend cet aspect finement granuleux dont j'ai parlé plus haut: ce 
protoplasma pousse des pseudopodes peu nombreux, à structure 
analogue. Le jeune être est alors formé d'un corpuscule central, 
foncé et globuleux, entouré d'une couche proltoplasmique poin- 
tillée avec un nombre restreint de pseudopodes à structure ana- 
logue. 

La transformation en être adulle se fait par un bourgeonne- 
ment remarquable, rappelant une sorte de germination. 

En un point du corpuscule central se forme une saillie qui se 
développe en bourgeon et s'allonge peu à peu, de manière à for- 
mer un axe (fig. 13) qui acquiert un bout renflé clair. Un peu 
plus tard, où souvent en même temps, apparaît un autre bour- 
geon analogue situé quelquefois à un point diamètralement op- 


DUMONTIA OPHELIARUM did 


posé, mais le plus souvent placé de manière à ne pas se trouver 
sur le prolongement direct du premier bourgeon,; cette nouvelle 
branche formera la deuxième moilié de l’axe avec son extrémité 
renflée. On voit ainsi souvent de jeunes individus qui présentent 
un corpuscule central avec deux bourgeons formant un coude et 
inégalement développés (fig. 14, 15, 16, 17 et 18). D’après certaines 
observations, j'ai lieu de croire que l’axe nouveau est ordinaire- 
ment perpendiculaire à celui de l'être souche. 

Cette sorte de germination se voit sur les individus jeunes pos- 
sédant les dimensions les plus diverses, et il ne semble pas que 
la taille soit soumise à une loi quelconque dans cette reproduc- 
tion, cette taille variant depuis des limites d’une exiguité extrême 
jusqu’à des dimensions relativement considérables. 

Les Foraminifères, aussi bien les Perforés que les Imperforés, 
présentent un processus de développement de leur squelette qui 
semble pouvoir être comparé à ce bourgeonnement d’un axe par 
une sphère initiale, et dont nous devons la connaissance à 
MM. Munier-Chalmas et Schlumberger (1). Il ressort de leurs 
recherches que ces organismes débutent par l'existence d’une 
loge initiale, ordinairement sphérique, et que, par le progrès du 
développement, il s'établit sur celles-ci de nouvelles loges de 
forme différente et d'abord plus petites, qui s’enroulent autour 
d'elle suivant des modes variés et produisent une nouvelle co- 
quille très différente d'aspect et de constitution de la première. 

Il arrive quelquefois que pendant que l’axe bourgeonne le cor- 
puscule sphérique central n'a pas encore perdu la faculté de se 
diviser, et, en même temps que l'allongement de l’axe s'opère, il 
se divise; l’on a alors au centre de l'être deux ou trois corpus- 
cules arrondis (fig. 19, 20 et 21). D’autres fois, au contraire, la 
rapidité avec laquelle l'axe se produit est telle que sa formation 
peut être fort avancée avant que le bourgeon ne soit même encore 
détaché de son point d’origine (fig. 9). On rencontre quelquefois 
des amas parallèles de baguettes qui doivent peut-être leur ori- 
gine à un procédé analogue (fig. 10); une foule de bourgeons ger- 
meraient sur place. En général, le développement des bourgeons 
axiaux semble suspendre la propriété qu'ont les corpuscules pri- 
mitifs de se diviser, quelles que soient leurs dimensions, qu'ils 
soient grands ou petits. Ces globules examinés aux forts grossis- 


(1) Munier-Chalmas et Schlumberger, Nouvelles observations sur le dimorphisme 
des Foraminifères. Compt.-rend. Acad. sc., 26.mars et 28 mai 1883. 


328 J. KUNSTLER 


sements montrent, lorsqu'ils ne sont pas très colorés, une sub- 
stance non homogène. 11s semblent constitués par la réunion d'un 
certain nombre de corpuscules plus petits. C’est peut-être cette 
constitution qui est la raison d’être des divisions souvent si fré- 
quentes que l’on observe quelquefois; chaque petite sphère se 
décomposerait en groupes de semblables corpuscules et même en 
corpuscules isolés. Lors du bourgeonnement, cet aspect disparait, 
et il apparaît des couches concentriques. Pendant ces phéno- 
mènes de germination, le protoplasma du jeune être se déve- 
loppe d'une manière concomittante et fort rapidement. Il est 
finement pointillé d’abord et ne présente que peu de pseudo- 
podes ; par les progrès de son accroissement, sa zone périphérique 
acquiert des vacuoles nombreuses et ses pseudopodes se multi- 
plient et se modifient de manière à prendre les caractères de 
ceux de l'adulte. 

Quant à leur structure, les corpuscules qui se trouvent au 
centre des jeunes individus sont formés de couches concentriques 
parallèles, sans interposition de vacuoles. Ces couches forment 
trois assises principales, l’une externe claire, la deuxième brune 
et encore transparente, la troisième, enfin, interne et noire. Au 
centre de celle-ci on perçoit l'existence d’une sorte de cavité 
moins foncée (fig. 38). En un point apparaît le premier bourgeon. 
Celui-ci forme une saillie qui, d’abord, paraît aussi homogène. 
Mais peu à peu, à mesure que le bourgeon s’allonge, ses couches 
se séparent les unes des autres et il s’interpose entre elles des 
séries de vacuoles très petites, de manière à rappeler la structure 
écumeuse du protoplasma. Chaque couche primitive de la sphé- 
rule correspond à un certain nombre de ces couches terminales 
qui en sont issus par des dédoublements successifs. Sur un autre 
point de ce petit corps, le même processus se renouvellera, et, 
comme je l'ai dif, ordinairement en un point non diamétralement 
opposé; c’est là la raison pour laquelle les axes des adultes sont 
généralement coudés, quoique cependant cette courbure tende à 
se redresser par les progrès du développement. De même, les 
bourgeons n’occupent pas, chacun, la moilié de la petite sphère 
qui les produit; aussi existe-t-il le plus souvent un renflement 
au point où se fait la courbure du coude, et ce renflement persiste 
même à l'état adulte; quoique, tout comme la courbure elle- 
même, il tende à disparaitre avec l’âge. 

Les corps reproducteurs dont il a été question jusqu'ici ne se 
sont produits qu'avec des bourgeons latéraux de l'axe. J'ai dit 


DUMONTIA OPIIELIARUM 929 


que cette tige élait renflée à ses deux bouts et que ce renflement 
n'était pas simple. Il est constitué par deux ou trois nodosités 
disposées bout à bout (fig. 1, 3, 4 et 26), de telle sorte qu'il paraît 
presque formé par plusieurs grosses sphères soudées et alignées 
en file. Ces nodosités sont les origines de corpuscules analogues 
à ceux qui se voient au centre des jeunes individus précédemment 
étudiés, mais ordinairement plus clairs. Et, en général, le bour- 
geonnement latéral fournit des corpuscules noirs, quoiqu'il puisse 
y en avoir qui soient clairs, et les bouts des corpuscules plus 
clairs. C’est la dernière nodosité qui se détache d’abord et l’avant- 
dernière devient terminale; elle est rejetée à son tour pour être 
remplacée par la suivante, et, pendant ce temps, de nouvelles 
nodosités se forment, qui seront évacuées à leur tour de la même 
manière. 

Ces bouts ne se détachent pas toujours purement et simplement; 
le plus souvent, surtout quand ils sont gros, avant de se détacher, 
ils se divisent longitudinalement en fragments secondaires, qui 
se détachent dans un ordre quelconque (fig. 5, 6, 7 et 2), tandis 
que concurremment derrière eux des parties analogues se refor- 
ment. Le processus s'opère en même temps que les bourgeons 
latéraux se forment et ces deux phénomènes sont concomittants. 

Pendant que les phénomènes précédents se produisent, le 
Dumontia vit normalement, sans paraître se préparer aucunement 
à une fin plus ou moins prochaine. Une troisième modification 
de ces phénomènes, au contraire, paraît intimement liée à la fin 
de l'individu; elle se remarque plus fréquemment en automne 
et en hiver. C'est une sorte de bourgeonnement terminal modifié. 

L'un des bouts renflés de l’axe se sépare peu à peu, comme 

‘ila été dit plus haut, et devient libre; mais les extrémités de rem- 

placement ne se forment pas comme de coutume et alors com- 
mence un processus spécial, qui peut débuter pendant qu'à 
l'autre bout le phénomène ordinaire se continue. 

L'extrémité laissée à nu par le bout détaché ne forme plus 
d'autre partie semblable; elle se renfle et bourgeonne d'une 
manière multiple (fig. 27, 28, 29. 31 et 32). Il s’en détache pro- 
gressivement des corpuscules et la région de l’axe qu'ils consti- 
tuaient ne se reforme plus. Ce processus se continue peu à peu 
vers le centre et tend à transformer tout le bâtonnet et à le décom- 
poser en sphères noires qui se multiplient plus ou moins encore 
par la formation de bourgeons secondaires naissant à leur sur- 
face. 


330 J. KUNSTLER 


Bientôt l’autre extrémité se détache aussi pour ne plus se repro- 
duire, et le même phénomène se présente là. Le terme ultime de 
ce processus est que l'axe entier se transforme en une sorte de 
morule (fig. 33, 34 et 35), dont la plupart des corpuscules devien- 
nent libres et sont les centres de nouveaux individus. Ce proces- 
sus amène donc une sorte de fragmentalion de l'axe en portions 
plus petites correspondant à de nouveaux êtres qui tirent leur 
origine de la division de l'être souche. Même, au sein de la sub- 
stance de celui-ci, ce phénomène peut encore aller plus loin 
et l'axe primitif peut véritablement se pulvériser. Les derniers 
vestiges de cette baguette ne sont plus alors que de fines 
granules plus claires (fig. 36) qui deviennent peu à peu libres. 
On rencontre quelquefois dans les préparalions des individus 
petits (fig. 37), contenant des granulalions de ce genre, que l’on 
pourrait prendre pour des jeunes si leurs pseudopodes n'avaient 
les caractères de ceux des adultes. Ces individus condensent peu 
à peu leur protoplasma et finissent par se transformer en jeunes 
êtres qui pourront recommencer le même cycle. 

Pendant que cette transformation de la baguette chilineuse en 
un amas de corpuscules se fait, le corps proloplasmique subit 
des modifications particulières. En général, ainsi que je l'ai dit 
plus haut, les pseudopodes forment deux faisceaux portés par 
deux régions latérales limitées. Lorsqu'une extrémité est déta- 
chée et qu'elle ne se renouvelle plus, les deux zones se rappro- 
chent près de ce pôle et finissent par s'y confondre (fig. 27, 
28, 29, 31, 32 el 33). L'’être est alors complètement entouré de 
pseudopodes, excepté au niveau de l’autre extrémité de l'axe qui 
n'est pas encore détaché. Lorsque celle-ci est enlevée, le même 
phénomène se répète et l'être s'entoure d'une zone continue de* 
pseudopodes, de manière à présenter un aspect très différent de 
celui des individus ordinaires (fig. 34, 35, 36 et 37). En même 
temps la masse du protoplasma diminue, parce que chaque jeune 
en emporte une certaine quantité et avec la diminution du proto- 
plasma le nombre des pseudopodes devient plus faible. Finale- 
ment il ne persiste plus que quelques-uns de ces appendices. 
D'un autre côté, à mesure que se font ces transformations, le 
protoplasma du corps se condense et ne présente plus guère les 
grandes vacuoles qui le caractérisent à l'élat ordinaire. 

Il est des bourgeons qui sont plus ou moins clairs, mais le plus 
souvent ils sont noirs, et, lant qu'ils sont ronds, ils conservent 
celle teinte, plus principalement les gros. Les peliles granula- 


DUMONTIA OPHEZLIARUM 331 


tions, résultat de la fragmentation ultime, sont généralement 
assez claires. Les axes qui bourgeonnent de sphères jeunes sont 
aussi plus clairs en général que celles-ci, et au fur et à mesure 
que le bourgeonnement se fait, les sphères centrales s’éclaircis- 
sent elles-mêmes un peu. 

Voilà donc une reproduction accompagnée de singuliers phéno- 
mènes de bourgeonnement, d'autant plus remarquables que l'axe 
lui-même y prend une part plus considérable et qu'il en est 
même le point de départ. Dans le cas où l’on voudrait admettre 
que cet organe serait un squelelte externe métamorphosé, sa 
transformation serait donc poussée bien loin; non seulement il 
n’est plus une simple enveloppe superficielle, se produisant après 
la naissance pour protéger l'être, mais c'est là un squelette in- 
terne de soutien faisant absolument partie intégrante du corps et 
tellement identifié avec celui-ci qu'il ne manque à aucun moment 
de l'existence et qu'il paraît presque aussi vivant que ce corps 
lui-même. 

Quelques Sarcodines présentent une reproduction par bour- 
geonnement qui rappelle ce que nous avons vu chez le Dumontia. 
La reproduction des Rhizopodes marins est assez peu connue 
pour qu'il n'y ait pas lieu de chercher chez eux des points de 
comparaison. Mais les Rhizopodes d’eau douce se reproduisent 
quelquefois par bourgeonnement. 

Ainsi les Arcelles se perpétuent par de jèunes individus ainsi 
formés; mais la coquille ne prend aucune part à ce phénomène. 
Sous la coque, à la périphérie des corps se forment des appendices 
protoplasmiques discoïdes renflés, qui sont dus à un phénomène 
de bourgeonnement. Bientôt ces corpuscules se détachent, se 
meuvent et rampent hors de la coquille, sous la forme de petites 
Amibes. 

Chez l’Acanthocystis spinifera, il se forme un gros bourgeon, dont 
le contenu se divise en six corpuscules qui seront chacun un 
jeune et deviendront libres, et il se forme un nouveau bourgeon. 

Les Rotalines laissent souvent échapper de leur corps de nom- 
breux petits. Il existe d’autres exemples analogues. 

Les Radiolaires se reproduisent à l’aide de petits corps mobiles, 
infusiformes, provenant de la division du protoplasma contenu 
dans la capsule centrale, c’est-à-dire de l’entoplasme, et dont la 
formation est précédée d'une abondante division nucléaire. Cha- 
que embryon est pourvu de l’un des jeunes noyaux. 


332 J. KUNSTLER 


RÉSUMÉ. 


Le Dumontia Opheliarum est une Sarcodine. Ses dimensions 
sont très variables; il peut être visible à l'œil nu, ou bien être 
d’une taille fort exiguë. 

Il possède un squelette axial, interne, un corps protoplasmique 
aréolaire constitué par deux lobes ordinairement asymétriques et 
portant sur une portion de leur surface un faisceau de pseudo- 
podes. 

L'axe possède une valeur morphologique douteuse; est-il équi- 
valent à la capsule centrale des Radiolaires et à la coque des 
Rhizopodes? Ce serait là une transformation bien remarquable 
que celle d’une enveloppe cuticulaire constituant, au début, 
presque un produit d’excrétion et évoluant de manière à devenir 
interne pour finir par se transformer en cette singulière baguette 
simple à vitalité si développée. Celle-ci semble, en effet, intime- 
ment liée au protoplasma qu’elle n’abandonne jamais, et la colo- 
ration intense que lui communique le vert de méthyie semble 
bien mettre en évidence sa nature protoplasmique. Cette union 
est tellement complète que ce sont les couches profondes qui 
sont les plus chitinifères et les couches externes dont la com- 
position rappelle le plus le protoplasma ordinaire. Ce serait là 
une adaptation complète à ce rôle de squelette de soutien interne, 
ne servant aucunement à la protection contre les agents exté- 
rieurs, transformation qui aurait eu pour résultat cette remar- 
quable émigration du noyau et de l’entoplasme au-dehors. 

Cette baguette fait partie tellement intégrante du corps qu'elle 
partage la propriété du protoplasma de bourgeonner, et qu'à 
aucun moment de l'existence elle n’est absente. Dans l'hypothèse 
de son rattachement au squelette chitineux des Sarcodines, nous 
assistons ici à la transformation d’un produit cuticulaire primitif 
en un organe essentiellement vivant. Nulle part, chez les autres 
Sarcodines, le squelette n'est point le départ des phénomènes 
reproducteurs. 

La reproduction prend chez le Dumontia un caractère propre. 
Pendant toute l'existence, il se détache de l'être des corps repro- 
ducteurs, et, finalement, l'individu finit par se décomposer en 
une foule de fragments, dont chacun est pourvu d’un bourgeon de 
l'axe. Chaque fragment forme un nouvel individu quirecommence 
le même cycie. 


DUMONTIA OPHELIARUM 339 


Le corps protoplasmique rappelle, par sa structure aréolaire, 
celui de beaucoup de Sarcodines, notamment des Héliozoaires, 
tels que l’Actinosphærium. FH se divise en une partie périphérique 
écumeuse et en une partie interne plus compacte. Il est remar- 
quable en ce que, sans le secours d'aucun squelette périphérique, 
il possède une forme définie. Les pseudopodes qui le recouvrent 
ne sont pas tout à fait fins, comme ceux de la plupart des Radio- 
laires, et ils ne sont pas non plus obtus comme ceux de beaucoup 
de Rhizopodes. Leur structure est intermédiaire ; ils possèdent 
un bout obtus et sont assez gros ; mais ils sont à peu près recti- 
lignes et leur diamètre, comparé à la longueur, est faible. Ils sont 
localisés en deux régions restreintes du corps. Ces êtres ne se 
nourrissent que par endosmose, fait qui est probablement en rap- 
port avec leur genre de vie parasilaire. 

Quelle doit être la position systématique du Dumontia? C’est 
une masse protoplasmique nue qui prend certainement place dans 
la sous-classe des Sarcodines. 

Est-il rapproché des Radiolaires par l'existence d’un axe central 
qui pourrait dériver d’une capsule centrale par l'expulsion de 
l’entoplasme? Celui-ci présente les mêmes caractères que chez 
les Radiolaires, c’est-à-dire qu'il occupe une région interne et 
qu'il est plus dense que l’ectoplasme. 

Serait-ce là un Radiolaire profondément transformé, probable- 
ment grâce à son mode d'existence spécial? Remarquons d’ailleurs 
qu'un certain nombre de caractères fort importants l'éloignent 
des Radiolaires. 

I serait aussi possible que ce fût là un Rhizopode, dont la coque 
serait devenue cet axe central et qui, partant de ce groupe, aurait 
suivi une évolution parallèle à celle des Radiolaires. On ne voit, 
en effet, dans son corps aucune trace du squelette périphérique 
qui caractérise les Radiolaires. La reproduction par bourgeonne- 
ment lé rapproche de certaines espèces de Rhizopodes, qui, elles 
aussi, ont une coque chitinoïde brune. 

Peut-être aussi l'axe de cet organisme n’a-t-il aucune relation, 
ni avec la coque des Rhizopodes, ni avec la capsule centrale des 
Radiolaires. Il possède, en cffet, des caractères absolument par- 
ticuliers et propres. 

En résumé, le Dumontia Opheliarum présente des caractères 
tels qu'il semble devoir occuper une position à part dans le 
groupe des Sarcodines, dans le voisinage des deux grands ordres 
des Radiolaires et des Rhizopodes. 


331 J. KUNSTLER 


EXPLICATION DE LA PLANCHE IV. 


Les figures contenues dans cette planche sont dessinées à l'aide de l'objectif F de 
Zeiss et de la chambre claire de Doyère et Milne-Edwards, modifiée par Vérick; 
elles représentent des individus grossis environ 150 fois en diamètre. J'en excepte 
les figures 39, 39, 40 et 41, qui sont très grossies. 


Fig. 1. — Dumontia Opheliarum adulte. Au milieu du corps se trouve l'axe em- 
tinoïde /a) présentant ses trois zones principales, l'externe incolore, la moyenne 
brune et l’interne noire; sa structure stratifiée apparaît principalement aux deux 
bouts ; les renflements terminaux ne sont pas simples; ainsi, le bout supérieur se 
montre constitué par trois renflements disposés en file. L'entoplasme /en) entoure 
immédiatement cet axe; on y remarque des granulations qui sont probablement des 
produits d’excrétion. L'ectoplasme /ec) présente de grosses vacuoles polygonales. 
D'un côté, on voit parfaitement la zone à pseudopodes /z). Les pseudopodes {p} 
sont longs, plus ou moins entortillés, ou courts, rétractés, pyriformes /pr/. Du côté 
gauche, la zone à pseudopodes est nettement séparée de l’ectoplasme par une ligne 
claire qui semble due à une déchirure. — Dans toutes les autres figures, les lettres 
ont la même signification. 

Fig. 2, — Grand individu dont l'axe présente un bourgeon /b/ en voie de déve- 
loppement; ses extrémités ressemblent à un faisceau d’axes secondaires. Le lobe 
protoplasmique inférieur, porteur de pseudopodes, est plus réduit, à pseudopodes 
moins développés que le supérieur. Les deux lobes montrent un corpuscule détaché 
de l'axe, en voie de migration vers l'extérieur. 

Fig. 5. — Individu en voie de reproduction. On voit un bourgeon complexe sur 
l'axe, et des corpuscules détachés se divisant encore et émigrant à lextérieur, 

Fig. 4.— Individu en pleine voie de reproduction, dont l'axe se couvre de bour- 
geons, et dont les bouts se séparent aussi. La ligne pointillée, à rayons divergents 
(co) indique les contours du corps avec les pseudopodes qui en partent. Les bour- 
geons présentent des degrés de coloration variés. 

Fig. 5. — Les bourgeons sont très nombreux; de plus les extrémités ne se déta- 
chent pas purement et simplement, mais elles se divisent d’abord longitudinalement 
en plusieurs parties. 

Fig. 6. — Individu montrant le processus de la formation de corpuscules repro- 
ducteurs aux dépens des bouts. On voit que ceux-ci s'élargissent d'abord ici, puis 
se divisent longitudinalement pour finir par se détacher. 


Fig. 7. — Aspect d'un individu dont les bouts viennent de se détacher ® 

Fig. 8. — La division d’un bout s'étend jusqu'au milieu de l'axe. 

Fig. 9. — Individu dont un bourgeon a germé avant d'être détaché de l'axe 
souche, de manière à former un nouvel axe parallèle au premier. 

Fig. 10. — Amas d'axes et de corpuscules à tous les stades. Ces amas se ren- 


contrent quelquefois, Sont-ils le résultat de la prolifération de l'axe d'un seul indi- 
dividu primitif? 

Fig. 11. — Jeune indivivu dont l'axe est à l'état de simple corpuscule (peut-être 
n'est-ce là qu'un résultat ultime de la transformation d'un individu adulte). Son 
protoplasma {p) présente une structure finement pointillée. 

Fig. 12. — Autre jeune individu un peu plus avancé; le corpuscule central à 
déjà poussé un petit bourgeon, irrégulier ici, ce qui lui donne une forme en vir- 


DUMONTIA OPIELIARUM 93 


gule. On remarque un noyau fn. A propos de l'âge, on peut faire la méme remarque 
que pour le précédent. 

Fig. 15. — Cette figure, ainsi que plusieurs de celles qui suivent, est destinée à 
mettre en évidence la manière dont l'axe se produit aux dépens du corpuseule 
primilif. Ce corpuscule est, ici, très petit, et n'a encore produit qu'un seul bour- 
geon destiné à former une ne de l'axe définitif. Avant de former ce bourgeon, 1l 
a préalablement produit encore un autre corpuscule, et l’on voit celui-ci dans 
son protoplasma. Les pseudopodes entourent encore complètement l'être d’un 


côté. 


Fig. 14. — Les deux bourgeons, quoique inégaux, existent et les pseudopodes 
sont disposés en deux zones latéarles. 
Fig. 15. — Le bourgeonnement à donné naissance à deux branches tordues. de 


telle sorte que l'angle de l'axe se trouve du côté opposé à celui où le siege des 


bourgeons le plaçait. 

Lig. 16. — Autre modilication de ce phénomène de bourgeonnement, L'un des 
bourgeons s’allongent énormément. 

Fig. 17. — Le corpuscule qui germe est ici fort gros. Les dimensions de ces 
petites sphères sont d’ailleurs fort variables. Le noyau se voit /n}. 


Fig. 18. — Le corpuscule, quoique déjà petit, en formant l'axe, tend encore à se 
diviser, et l’on voit au centre de la baguette deux de ces petits corps adjacents. 

Fig. 19. — Phénomène analogue, mais poussé beaucoup plus loin. 

Fiy. 20. — La division a donni naissance ici à un troisieme corpuscule. 

Fig. 21. — Phénomène du même genre. on voit le noyau /n). 

Fig. 22, — Très jeune individu, dont l'axe est déjà formé. Protoplasma finement 


granuleux ; pseudopodes peu abondants, 
Fig. 25. — Jeune individu dont les zones à pseudopodes sont très développées /z}. 
Fig. 24. — Degré plus avancé du développement; les bouts de l’axe commence 


à se séparer nettement du corps protoplasmique. 


Fig. 25. — Le processus est encore plus accentué. Mais on voit nettement les 
bouts coiffés par de la substance protoplasmique. 
Fig. 26. — Individu adulte se présentant au premier stade de ce procédé de 


bourgeonnement d’après lequel l'axe tout entier se transforme en un amas de cor- 
puscules. Une extrémité est en voie de se détacher et ne sera plus remplacée . 
l'autre présente trois renflements qui subiront le même sort. 

Fig. 27. — Le bout détaché n’est pas remplacé et l'axe commence à se renfler à 


cette extrémité. 


Fig. 28. — Autre individu, dont le renflement commence deja à montrer une 
tendance à à une division en sphérules. 
Fig. 29. — Stade plus avancé; en même temps que s’est opéré la division en 


boules, l’axe s’est fendu longitudinalement (ce dernier fait n'est pas fréquent). 

Fig. 30. — La fragmentation de l'axe en corpuscules commence méme avant que 
le bout ne soit détaché. 

Fig. 51. — La décomposition de l'axe tout entier s'accentue, 

Fig. 52. L'être ressemble déjà à un corps müriforme, par la généralisation et 
la multiplication des lobes qui formeront des sphères. 

Fig. 55. — Les deux bouts sont enlevés et l'axe tout entier ne forme plus qu'une 
masse irrégulière. L'entoplasme et l'ectoplasme sont nettement distincts chez cet 
individu; de plus, la zone à pseudopodes entoure à peu près complètement le 
corps. 

Fig. 54. — Tout l'axe se (ransforme en sphéres; la limite entre l'entoplasme et 


336 J. KUNSTLER 


l'ectoplasme est nettement visible chez cet individu. La zone à pseudopodes entoure 
tout le corps. 


Fig. 55. — Il n'existe plus que des sphères, et l'axe est entiéremènt transformé. 


Fig. 56. — Les dernières sphères restées au sein du corps se sont divisées en 
corpuscules plus petits. 
Fig. 57. — Terme ultime de la transformation de ces êtres, après qu'ils ont 


produit une foule de jeunes. 

Fig. 58. — Sphère issue d'un bourgeon tres grossie. On voit la zone externe 
claire, la zone moyenne brune et la zone interne foncée. Au centre se trouve l'es- 
pace clair constituant probablement une cavité remplie de matière fluide. 


Fig. 59. — Fragment d’axe très grossi destiné à montrer la disposition des 
couches transversales. 
Fig. 40. — Figure schématique montrant la disposition des extrémités. Le corps 


protoplasmique /p) est percé par l'axe {/a) et l'entoure comme un anneau. L'extré- 
mité de celui-ci est coiffé par l'enveloppe cuticulaire /e) qui va s'étendre sur le corps 
en formant des plis /pl/. Les couches transversales sont marquées par des lignes 
pointillées. Les traits pleins montrent théoriquement les relations des transversales 
avec les couches longitudinales ; ils embrassent entre eux les couches transversales 
correspondant à chaque couche longitudinale. L'on voit donc qu’à chaque couche 
longitudinale correspondent plusieurs couches transversales. 

Fig. 41. — Figure montrant les couches longitudinales de l’axe très grossies. On 
voit en certains points des épaississements lenticulaires granuleux qui sont les 
origines de bourgeons. 


SUR 


QUELQUES GLANDES CONGLOMERÉES 


DU TÉGUMENT EXTERNE 


Par MM. Alexandre PILLIET et Raoul BOULART 


Les glandes conglomérées du tégument externe, dans la série 
des Mammifères, sont, à part la mamelle dont nous n'avons pas 
l'intention de parler, constituées par des amas de glandes sudori- 
pares et de glandes sébacées. Généralement à ces masses, s'ajoute 
un réservoir, une poche spéciale, contractile, destinée à recevoir 
le produit secrété. C’est ainsi que sont constituées la plupart des 
glandes anales et des glandes à parfum dont nous allons parler. 


I. — Les glandes anales, qu’on observe chez un grand nombre 
de Carnassiers, forment deux poches, s'ouvrant sur les côtés de 
la ligne ano-rectale, et dont la paroi est tapissée d'une couche de 
glandules de nature variable, suivant les animaux qu’on exa- 
mine. 

Nous avons pu les étudier sur des animaux de ménagerie, 
fournis par le laboratoire d'Anatomie comparée du Muséum. Nous 
en remercions ici M. le Professeur Pouchet. La première étude 
d'ensemble de ces organes à été faite en 1874 par M. J. Chatir (1), 
dans sa remarquable thèse de doctorat ès-sciences, où nous ren- 
voyons pour tous les renseignements d'ordre zoologique. 

L'appareil musculaire de ces poches varie beaucoup. Il existe 
généralement une coque circulaire de fibres musculaires striées, 
bien décrite par M. J. Chatin, et qui dépend du sphincter de 


l'anus. 
(1) J. Chatin, Glandes de la région anale des Mammifères. Bibliothèque de 
l'École des Hautes-Etudes, 1874. 


338 ALEXANDRE PILLIET ET RAOUL BOULART 


Nous avons reconnu qu'un faisceau médian peut partir de cette 
couche contractile, et aller se confondre avec le bulbo-caver- 
neux, c’est la disposition que présente le Paradoxure type. Chez 
la Hyène, les choses sont un peu moins simples : à ce faisceau 
s’en ajoutent deux autres latéraux, qui, sous forme de deux ban- 
delettes, minces et larges, émanées du constricteur propre de la 
glande, vont s’insérer aux parties latérales du bassin, de chaque 
côté de la région sacrée. Enfin les deux releveurs de l'anus, dont 
les fibres les plus inférieures viennent se perdre au-dessous du 
sphincter anal, paraissent avoir aussi quelque action sur les 
glandes. 

Chez le Chien nouveau-né, les glandes anales se composent 
d’une poche de 1 centimètre environ de diamètre, dont les parois 
sont revêtues d’un épithélium pavimenteux stratifié. Elle a la 
structure des muqueuses dermo-papillaires, la couche de cellules 
qui la recouvre est très peu épaisse, le sératum granulosum fait 
défaut, ainsi que la couche cornée, et les cellules les plus super- 
ficielles se desquament sans subir de véritable kératinisation, au 
contraire de ce qu'on observe dans la peau. Elle repose sur un 
tissu conjonctif épais, sans papilles, formé de larges bandes de 
fibres lamineuses, avec une forte charpente élastique, dans 
laquelle on ne trouve que des glomérules sudoripares assez 
espacés. Ces glomérules ont été décrits par M. Gustave Herr- 
mann (1) qui les a comparés justement aux grosses glandes sudo- 
ripares de l’aisselle de l'Homme. Ajoutons que la peau, au pour- 
tour de l’anus, présente des glandes sudoripares semblables et 
des glandes sébacées volumineuses. 

Chez le Chat nouveau-né, la paroi de la poche anale, identique 
comme structure, est peu épaisse, les glandes sudoripares y sont 
très abondantes, sans toutefois présenter le long canal excréteur 
contourné des glandes cutanées. Sur quelques tubes, à lumière 
large, distendus par la sécrétion, on voit les cellules sudoripares, 
aplaties, cubiques, avec leur noyau à la base. Dans des culs-de- 
sac voisins, le corps des cellules, allongé, très renflé en massue 
à son extrémité libre, ne laisse qu'une lumière étroite au centre 
du tube. 

Ces modifications tiennent, on le sait, à la secrétion, et indi- 
quent que les différentes parties de la glande fonctionnent tour à 


(1) G. Herrmann, Glandes anales du Chien. Soc. de Biologie. 27 déc, 1879. 
Id, Muqueuse anale, Thèse de doctorat, Paris, 1880, 


QUELQUES GLANDES CONGLOMÉRÉES DU TÉGUMENT EXTERNE 339 


tour. Les éléments épithéliaux ne sont jamais disposés que sur 
un seul rang, comme dans les glandes sudoripares ordinaires. Au 
milieu de ces follicules sudoripares, on trouve un amas volumi- 
neux, nettement circonscrit, de glandes sébacées serrées, s’abou- 
chant dans la poche par un canal très court et très large, que 
tapisse un revêtement de cellules pavimenteuses stratifiées. Leurs 
cellules polygonales sont infiltrées, dans toute leur masse, de 
très fines gouttelettes de graisse, dans celles du centre, cette 
graisse n’est pas encore collectée en gros globules, ce qui tient 
au jeune âge de l'animal, ces glandes n’ont pas encore fonctionné, 
et leurs cellules n’en sont qu’au stade qui précède l'élimination. 
Au milieu des acini, elles sont agminées et offrent une certaine 
ressemblance avec les globes épidermiques des cancroïdes. Dans 
la peau du voisinage de la poche, les glandes sébacées et sudori- 
pares sont mêlées et nombreuses comme chez le Chien. La seule 
différence entre ces organes, chez les deux animaux dont nous 
parlons, consiste donc dans la présence chez le Chat, de ces 
acinis sébacés. s'’ouvrant dans la poche anale. 

Chez la Genetle (G. Schlegeli), les glandes anales rappellent 
celles du Chien. Les glandes sudoripares sont très peu nom- 
breuses, peu développées, et leurs tubes, à peine glomérulés, 
s’allongent parallèlement à la paroi épidermique de la poche. Ils 
se coudent donc pour s’y aboucher. On y voit de plus quelques 
amas, dont la forme acineuse est très peu tranchée, de cellules 
sébacées chargées de graisse. Du reste le cytoplasma des cellules 
sudoripares, même dans les organes dont nous parlons, estrempli 
de granulations graisseuses. 

Chez la Civette {Viverra civelta), la paroi de la poche anale est 
soulevée çà et là par des plaques saillantes, de forme pustu- 
leuse, qui répondent à des acinis sébacés. L’épiderme qui la 
revêt ne mérite pas de description spéciale. Comme chez le Chat, 
il se prolonge dans les canaux excréteurs. Entre ces masses sail- 
lantes, de nombreux glomérules sudoripares, qui tapissent tout 
ce que les glandes sébacées laissent libre du champ de la poche 
anale ; ce type est donc à rapprocher de celui du Chat, seulement 
l’amas sébacé unique de la poche anale de ce dernier animal est 
fragmenté chez la Civette. 

Chez le Blaireau (Meles taæus), on distingue les glandes anales 
et la glande sous-caudale, nous décrirons ici cette dernière, car 
sa structure la rapproche des glandes que nous venons de passer 
en revue. Elle est composée d’un amas de tubes à peine contour- 


340 ALEXANDRE PILLIET ET RAOUL BOULART 


nés, très courts, qui, sur des coupes, ont presque l'aspect acineux 
d'une glande salivaire. Les cellules y sont cylindriques sur un 
seul rang, laissant une lumière assez large au centre des tubes, 
et elles contiennent beaucoup de fines gouttelettes graisseuses. 
Les canaux excréteurs ne se reconnaissent qu’à leur largeur plus 
grande. La rareté des pièces ne nous a pas permis de faire les 
injections nécessaires pour déterminer complètement la morpho- 
logie de cette glande, qui nous a paru une glande sudoripare 
composée, comme les glandes à parfum dont nous allons parler 
sont des glandes sébacées composées. 

En résumé, les glandes anales sont constituées par des folli- 
cules sudoripares seulement (Chien) ou par des glandes sudori- 
pares et sébacées, mélangées en proportions variables suivant les 
espèces. Les glomérules sudoripares présentent tous les intermé- 
diaires entre les tubes simples à peine glomérulés qu'on peut 
observer chez différents animaux, et les follicules axillaires de 
l'Homme, ceux de l’aine des Ruminants. A part la glande sous- 
caudale du Blaireau, aucune de ces formes ne s'éloigne des types 
déjà décrits chez les Mammifères (1), mais nous avons un certain 
nombre d'états transitoires entre le glomérule isolé dans la peau, 
et l'organe relativement volumineux que forme la glande conglo- 
mérée. 


II. — Les glandes à parfum sont des organes très répandus, il 
suffit de citer la Civette, la Mouffette, le Porte-Musc, le Castor, 
pour montrer qu'elles peuvent exister dans les classes d'animaux 
les plus différentes. Nous aurons à examiner à quelle sorte de 
glandes nous pouvons les rattacher morphologiquement, et à 
rechercher si les odeurs émanées de l'Homme et d’un grand 
nombre de Mammifères sont dues ou non à des organes corres- 
pondants aux glandes à parfum véritables. 

Chez les Carnassiers (Civette, Genette, Mouffette) seuls animaux 
que nous avons pu nous procurer, ces glandes sont placées entre 
la vulve et l'anus chez la femelle, entre le testicule et l’anus chez 
le mâle. Elles sont recouvertes comme les glandes anales d’une 
couche de fibres musculaires striées, mince chez la Genette, 
épaisse chez la Civette. Ces fibres présentent deux directions. Les 
premières longitudinales partent de l'ischion, viennent se pro- 
longer au-dessus de chaque glande, de façon à constituer un petit 


Q; Ficatier, Glandes sudoripares, Thèse de Paris, 1881, n° 113, 


QUELQUES GLANDES CONGLOMÉRÉES DU TÉGUMENT EXTERNE 341 


faisceau, qui gagne la ligne médiane, et va se perdre sous la 
peau de la région pubienne, entrecroisant ses insertions, avec 
son congénères du côté opposé et formant ainsi une véritable 
sangle musculaire. Quant aux fibres circulaires qui constituent 
surtout le muscle compresseur de chaque glande, elles s'unissent 
supéricurement de façon à constituer une arcade musculaire, au- 
dessus de la portion moyenne de la verge. 

Sur la Civette et la Genette, on voit entre les deux glandes à 
parfum une poche qui. chez le dernier de ces Carnassiers, est très 
réduite et tapissée de poils serrés. On aperçoit sur les parois de 
cette poche les nombreux orifices de canaux profonds. Sur la 
coupe, ces canaux sont rectilignes, sans anastomoses, et plongent 
verticalement dans un tissu conjonctif des plus épais. Leur revê- 
tement épithélial est pavimenteux stratifié. Tout le long de leur 
parcours, ils reçoivent l'embouchure de culs-de-sac courts, 
renflés, lageniformes dont l’axe longitudinal est perpendiculaire 
au leur. Ces acini noyés dans le tissu conjonctif sont assez 
éloignés les uns des autres; ils sont remplis de cellules sébacées 
polygonales. Le tissu qui les englobe contient de riches plexus 
nerveux, composés de fibres pâles, qui se distribuent autour des 
glandes. Nous avons donc affaire à des glandes sébacées franches. 
M. J. Chatin les compare aux glandes de Meibomius. Le revête- 
ment musculaire qui entoure l'organe envoie des prolongements 
entre chacun des ïilôts répondant à un canal excréteur, qui 
forme ainsi un tout complet, un véritable lobule sébacé. Ces 
lobules juxtaposés constituent toute la glande. Il n’y a pas trace 
de glandes sudoripares. Les glandes à parfum de la Civette sont 
construites sur le même plan : on y voit les mêmes faisceaux 
musculaires striés, s’insinuant entre les lobules, M. J. Chatin ne 
les admet que chez la Genette, ils sont plus grêles chez la Civette, 
mais leur existence n’en est pas moins réelle. 

Enfin les glandes, dites anales, du Blaireau sont aussi des 
glandes sébacées, avec une cavité centrale à revêtement épider- 
mique. Les faisceaux musculaires inter-acineux y sont très forts. 
Ni dans cette glande du Blaireau ni dans celles de la Civette on 
ne voit de glomérules sudoripares. 

Nous voyons donc que les glandes à parfum des Carnassiers 
ne contiennent que des acini sébacés, secrétant une masse méli- 
cérique odorante, mais elles sont organisées en masses relative- 
ment considérables, et nous pourrons faire sur leur anatomie 
quelques remarques applicables à la secrétion sébacée en général. 


342 ALEXANDRE PILLIET ET RAOUL BOULART 


Elles diffèrent des glandes sébacées ordinaires en quelques points. 
Nous voyons, en considérant isolément chacun des lobules que 
nous avons indiqués, un long tube excréteur, tapissé de cellules 
pavimenteuses stratifiées qui concourent pour une assez forte part 
par leur desquamation à la sécrétion générale. Dans les glandes 
isolées des autres Mammifères, le tube est, au contraire, court et 
collecte un certain nombre d’acinis accolés, que séparent des 
travées conjonctives, travées dont les cellules contiennent de 
l'éléidine, ainsi que l’ont montré les professeurs J. Renaut et 
Ranvier (1) dans certains cas pathologiques. Ici chaque cul-de- 
sac est isolé, non cloisonné, et la plupart ont sensiblement le 
même diamètre. 

Comme structure, il n’y a pas de différence sensible: la mem- 
brane limitante mince est la même; les cellules sont polygonales, 
par pression réciproque leur cytoplasma forme un réticulum qui 
englobe les gouttelettes huileuses. Ce sont les cellules les plus 
centrales des culs-de-sac qui se chargent d’abord de graisse col- 
lectée en vraies gouttes; comme on l’observe chez le fœtus dans 
le développement de ces organes. Alors la graisse ne pouvant 
diffuser à travers le corps cellulaire, comme le fait le produit col- 
loïde des secrétions des glandes muqueuses ou séreuses, entraîne 
fatalement l'élimination de la cellule qu'elle tue. C’est par ce pro- 
cessus de sécrétion, de fonte cellulaire, très bien indiqué par le 
professeur Ch. Robin (2) que les glandes sébacées diffèrent des 
autres glandes. Nous voyons, daus les préparations, de ces culs- 
de-sac parvenus à leur plus grand développement, dont les cel- 
lules centrales sont éliminées et laissent un vide; les cellules qui 
adhèrent encore à la paroi, complètement transformées, sont dis- 
tendues par l'huile, leur noyau est petit, sans nucléole, se colore 
mal et contraste avec celui des cellules des culs-de-sac voisins 
moins développés. Quand tout le contenu de l’îlot a été expulsé, 
les bandes épaisses de tissu conjonctif, plastique, qui l'entourent se 
moulent sur lui sous la pression énergique et constante des fibres 
élastiques de la poche, bien plus que sous la pression intermittente 
du muscle compresseur. Elles finissent par accoler les parois du 
cul-de-sac, et l'oblitérer complètement, sans laisser même de traces 
de sa cicatrice, pendant que des îlots voisins se développent, qui, 


(1) Ranvier, Distribution de l'éléidine. Archives de Physiologie, p. 125-139, 1883. 
(2) Ch. Robin, Sébacées {glandes}. Dictionnaire encyclopédique des sciences médi- 
cales, (3), VII, 1880, p. 317 et suiv. 


QUELQUES GLANDES CONGLOMÉRÉES DU TÉGUMENT EXTERNE 343 


arrivés à un certain volume, subissent les mêmes transformations. 

Ce processus dont on suit aisément tous les stades est réglé par 
l'apport du sang. En effet, c’est quand le cul-de-sac rempli d’élé- 
ments est devenu assez grand pour que les cellules centrales 
échappent à l’action des capillaires de la paroi, que la transfor- 
mation graisseuse commence, et s'accomplit dès lors fatalement. 
Ceci explique que tous les îlots développés aient à peu près le 
même diamètre. 

Dans la peau normale de l'Homme, il en est de même. Si, à 
l'exemple de Ranvier (1), on traite par l'acide osmique des coupes 
minces de peau, on voit l’'épiderme décomposé en un certain 
nombre de couches de la façon suivante : d’abord de dedans en 
dehors, une zone colorée en gris brun, festonnée, qui coiffe les 
papilles, c’est la couche génératrice du corps de Malpighi. Au- 
dessus d’elle s'étend une large bande noire, absolument foncée, 
le stratum granulosum, et c'est l'éléidine formée dans les cellules 
du corps granuleux qui a fixé l’osmium et déterminé cette colo- 
ration. La couche de cellules située immédiatement au-dessus 
forme une mince bande qui reste claire, d’où son nom de séra- 
tum lucidum. Enfin au-dessus d'elle, nous trouvons encore une 
large zone fortement noircie, dont les parties supérieures forment 
la couche cornée, en voie de desquamation. Ces cellules noires 
contiennent une grande quantité de graisse, qui a fixé l'acide 
osmique, elles forment le revêtement imperméable de l’épiderme 
et toutes les glandes sébacées ne sont que des annexes, des déve- 
loppements de cette disposition première. Ces cellules ne se char- 
gent de graisse et ne se desquament consécutivement que parce 
qu’elles sont les plus éloignées des capillaires du derme. Supposez 
une inclusion quelconque empêchant la desquamation pulvéru- 
lente à l’air libre, et la faisant s’opérer en vase clos, ces cellules 
graisseuses vous donneront un magma sébacé. Ainsi, c’est par 
le même processus, caractérisé par l'éloignement des vaisseaux, 
que se forme la substance sébacée qui suinte à la surface du 
corps, qu'elle vienne de la peau ou des glandes. 

Regardons un instant les tissus graisseux, dits de réserve; le 
pannicule adipeux sous-cutané, les franges épiploïques, etc. 
Nous y trouverons au contraire un réseau capillaire extrêmement 
riche, dont les mailles serrées entourent chaque cellule adipeuse 
ainsi en contact presque immédiat avec le sang. Dans ces condi- 


(1) Ranvier, Traité technique d'histologie, p. 885. 


344 ALEXANDRE PILLIET ET RAOUL BOULART 


tions, les échanges chimiques qui permettent la transformation 
et la résorption des graisses ne sont entravés en rien. Il y a une 
différence fondamentale anatomique qui confirme la distinction 
physiologique. 

Mais, les organes que nous étudions ne sont pas seulement 
destinés à secréter des graisses, leurs propriétés odorantes sont 
au contraire celles qui ont le plus vivement frappé les zoologistes. 
Or nous avons vu que l'anatomie ne fournit aucun renseignement 
sur ce point. Les principaux réactifs employés ne permettent pas 
de saisir sous une forme figurée, dans l’intérieur des cellules, le 
principe volatil que l’odorat révèle. Il est probablement dissous 
dans la graisse à mesure qu'il se forme dans les éléments. La 
plupart des Mammifères et l'Homme exhalent aussi des odeurs 
très fortes, dont le siège se localise dans certaines régions riches 
en poils, comme le creux de l’aisselle, etc. Ces odeurs sont pro- 
duites par des glandes sébacées ordinaires, et non par des 
glandes sudoripares, c'est une fonction analogue à celles que 
nous étudions, mais moins développée. Ainsi la sécrétion sébacée 
est généralement celle qui sert de véhicule aux odeurs. M. le pro- 
fesseur Robin (loc. cit.) n’admet pas que les follicules sébacés 
aient les caractères physiologiques de véritables glandes, parce 
qu'une glande fabrique de toutes pièces les principes qu'elle 
secrète, qui n'existent pas ailleurs dans l’économie, tandis que la 
graisse est un produit préexistant dans les tissus. Mais les prin- 
cipes odorants du musc et de la civette n'existent pas dans le 
sang; ils sont donc fabriqués par les glandes. Il est probable que 
les autres glandes salivaires, intestinales, etc., n'étaient douées 
à leur origine que de propriétés sécrétoires communes à toute 
cellule, à peine différentes d’une simple filtration, et qu'elles se 
sont différenciées peu à peu, comme nous voyons se différencier 
les glandes sébacées dont l’évolution est moins avancée et le 
rôle physiologique moins complexe. 

En résumé, comme pour les glandes sudoripares, nous trouvons 
tous les degrés, entre le follicule sébacé, annexé à un poil follet, 
et ces masses glandulaires très différenciées, dont les propriétés 
sont utilisées, soit dans un but d'attraction sexuel, soit même 
dans un but défensif, comme chez la Mouffette. On ne peut donc 
avoir de l'importance du système sébacé et de ses transformations 
une idée juste, quand on ne l’envisage que chez l'Homme. D'autre 
part, les glandes à parfum nous aident à comprendre les follicules 
odorants dispersés dans le tégument humain. 


QUELQUES GLANDES CONGLOMÉRÉES DU TÉGUMENT EXTERNE 345 


III. — Il nous reste maintenant à jeter un coup d'œil rapide sur 
les rares glandes conglomérées qui existent chez les autres Ver- 
tébrés. Nous avons trouvé aux glandes sébacées une forme aci- 
neuse, bien nette chez tous les Mammifères. Il n’en est plus de 
même chez les Oiseaux. La glande adipeuse de la région sacrée 
se montre surtout chez le Milan et le Moineau-franc, composée 
de longs tubes non ramifiés, tapissés de grosses cellules ovoïdes, 
sur un seul rang, infiltrées totalement d’une masse jaune, méli- 
célique, homogène. Les cloisons qui circonscrivent ces tubes 
donnent à la glande un aspect qui se rapproche assez de celui du 
ventricule succenturié, où les glandes de l'estomac cardiaque se 
groupent aussi, comme on le sait, d'une façon toute spéciale aux 
Oiseaux. C’est un type tout à fait à part, qui rentre dans le sys- 
tème général des glandes des Oiseaux, lesquelles affectent surtout 
la forme tubulée. Chez les autres animaux, les glandes sébacées 
deviennent très rares, ou disparaissent à cause des modifications 
du tégument externe qui les rendent inutiles, elles sont rempla- 
cées par des écailles fines ou par des glandes muqueuses, suivant 
les espèces. 

Pourtant les Serpents nous offrent deux glandes sébacées volu- 
mineuses dites préputiales, qui secrètent un liquide visqueux 
d’une couleur et d’une consistance analogues à celles du mastic, 
d’une odeur fétide et très pénétrante. Elles sont formées chacune 
par une poche allongée dont le volume varie suivant les espèces. 
‘ette poche est fixée en arrière, à la colonne vertébrale par un 
faisceau de fibres striées qui coiffe son extrémité postérieure; 
en avant elle s’abouche au prépuce par un étroit canal. 

Sa structure est simple, on y distingue deux couches; l'externe 
épaisse formée de faisceaux conjonctifs et de fibres élastiques en 
grand nombre ; l’interne recouverte d'une couche pavimenteuse 
de cellules plates stratifiées sur quatre à six rangs, dont les plus 
superficielles se chargent de fines gouttelettes graisseuses et se 
desquament par plaques. Il n’y a pas trace de glandules, ou 
même de dépressions folliculaires en aucun point de la poche, 
dont la paroi interne est lisse. Le fluide excrété est donc unique- 
ment formé par cette desquamation. Telle est la disposition, 
qu'avait signalée Leydig (1) chez la Coluber natrix et que nous 
avons retrouvée chez le Python molurus, la Coronella canna et 
l'Eunectes murinus où Boa mangeur de Rails. 


() Franz Leydig, Lehrbuch der Histologie, p. 506, 1857. 


346 ALEXANDRE PILLIET KT RAOUL BOULART 


Cette glande paraît d'abord plus différente de celles des Mam- 
mifères que la glande multitubulée des Oiseaux. Il n’en est rien. 
Supposons un pli accidentel de la peau humaine, une involution 
qui empêche les produits desquamés d’être emportés par les con- 
tacts incessants, nous aurons, comme nous l'avons vu plus haut, 
une poche dont la sécrétion sera sébacée, et dont la structure 
sera identique à celle de notre glande préputiale. Et ceci n’est 
pas une vue de l'esprit, les kystes dermoïdes réalisent cette con- 
dition rêvée. Ceux de la queue, du sourcil, par exemple, laissent 
voir les cellules les plus internes de leur revêtement stratifié, 
formant par leur désintégration le magma à l'aspect de mastic 
qui remplit toujours la poche. 

Les glandes sébacées qui existent dans la paroi sont trop peu 
nombreuses pour concourir efficacement à former ce produit. 
D'ailleurs il y a d’autres cas pathologiques où les glandes séba- 
cées n'existent pas et sont hors de cause. 

Les loupes du cuir chevelu, que tout le monde connaît, sont 
regardées, précisément à cause de leur contenu, comme formées 
aux dépens des glandes sébacées, ce sont des kystes par réten- 
tion, il en est pourtant une variété, l’atherome, qui est souvent 
formée par la distention d’un follicule pileux, sans glandes dans 
la paroi. 

Ce fait est indiqué par M. le prof. Ch. Robin (loc. cit). Sur un 
de ces kystes en voie de développement que nous avons examiné, 
on voyait très nettement le chorion formé de fibres conjonctives 
et élastiques, sur lequel s’implantait une rangée de cellules per- 
pendiculaires au plan du derme, et répondant à la couche généra- 
trice de l’épiderme. Au-dessus, un champ de cellules aplaties, 
perpendiculaires aux premières et contenant des granulations 
colorées en rouge vif, par le carmin, ayant les propriétés optiques 
et les réactions des granulations d’éléidine, enfin la couche de 
cellules mortifiées, qui, soudées entre elles, formaient un mur 
épais, conservant d’abord leurs contours assez distincts, mais de 
plus en plus minces et aplaties, jusqu’à former une membrane 
fibrillaire, dont les parties les plus internes se désagrégeaient 
pour constituer le contenu fluide du kyste. La présence de la 
couche génératrice, du sératum granulosum et d'une couche super- 
ficielle analogue à celle que l'acide osmique teint en noir dans la 
peau normale, permettent d'affirmer qu’il s’agit là d'une inclusion 
épidermique et non d’un kyste par rétention. Or nous avons là la 
structure même de nos glandes préputiales, et leurs sécrétions, 


QUELQUES GLANDES CONGLOMÉRÉES DU TÉGUMENT EXTERNE 947 


seulement chez ces dernières, l’éléidine n’existe pas, ce serait 
inutile puisqu'il n’y a pas de processus de kératinisation. 

On voit que la structure des glandes préputiales des Serpents 
s'explique sans peine par les considérations qui précèdent. C’est 
une forme simple, rudimentaire, c’est, si l’on veut, le canal excré- 
teur du lobule sébacé d’une glande à parfum, avec son revête- 
ment cellulaire pavimenteux, sur lequel nous avons insisté, seu- 
lement les acini ne se sont pas développés autour de cet axe. 

Ainsi nous avons des formes de glandes sébacées plus rudimen- 
taires, que celles que nous observons chez l'Homme, et que 
divers cas pathologiques nous permettent de rattacher à ces der- 
nières. Même à cet état elles ont déjà la propriété de sécréter des 
odeurs très fortes (1). 

Nous avons des formes de glandes agminées beaucoup plus 
complexes que les acini isolés de l'espèce humaine, ce sont les 
glandes à parfum. 

D'autre part, chez les Oiseaux, nous trouvons une forme tout à 
fait aberrante, qui doit se rattacher à celles que nous venons de 
voir par des transitions encore inconnues. 


(1) La sécrélion du spermaceti peut étre rapprochée des faits dont nous parlons. 
MM. Pouchet et Beauregard ont montré qu'il n’y avait aucune trace de glandes 
dans la poche à spermaceti, tapissée par un revêtement cellulaire pavimenteux et 
stratifié. (Société de Biologie, 30 mai 1885). 


NOTE 


SUR 


LES SACS AÉRIENS CERVICAUX DU TANTALE 


Par M. Raoul BOULART. 


J'ai indiqué, en 1879, dans le Bulletin de la Société Philomathique, 
la présence chez le Marabout (Leptoptilus cruminiferus) de deux 
sacs aériens particuliers, sans communication avec la trachée. 
Ces sacs, qui occupent toute la région cervicale, débouchent au 
moyen d'un canal membraneux grêle, passant sur la face supé- 
rieure du ptérygoïdien, dans le sinus sous-oculaire et communi- 
quent, au moyen de celui-ci, avec les fosses nasales. 

J'ai depuis lors recherché ces sacs chez un assez grand nombre 
d'espèces appartenant aux différents ordres qui constituent la 
classe des Oiseaux. Je ne les ai rencontrés que chez la Cigogne 
blanche, la Cigogne épiscopale, le Jabiru où ils sont très petits, 
le Fou de Bassan (1) et le Calao. Je rappellerai que chez ce der- 
nier Oiseau, on peut insufler ces sacs cervicaux soit par les fosses 
nasales soit par la trachée. 

Je viens signaler aujourd’hui la présence de réservoirs aériens 
sans communication avec la trachée chez le Tantale, Échassier 
appartenant également au groupe des Ciconidés. 

Ce fait offre, je crois, un certain intérêt; en ce que les sacs en 
question sont, chez cette espèce, très développés, et occupent les 
deux tiers de la longueur du cou. Il y aurait donc chez les Cico- 
nidés trois types bien nets : le Marabout avec des poches 
énormes, le Tantale avec des sacs aériens moins développés et 
enfin les Cigognes proprement dites avec des réservoirs cervicaux 
presque rudimentaires. 


1) Journal de l’Anatomie et de la Physiologie, 1883. 


SUR 


LA GLANDE DE HARDER DU CHAMEAU 


Par M. Alexandre PILLIET. 


Sur un Chameau que nous avons eu l'occasion d'examiner au 
laboratoire de M. le professeur Pouchet, nous avons trouvé une 
glande de Harder volumineuse, aplatie, à coupe transverse ovoïde, 
avec un prolongement s’effilant sous la paupière supérieure. Sa 
forme générale et son volume rappellent ceux d’une Amande 
munie de sa coque verte. Elle est exactement cloisonnée en son 
milieu par un cartilage semblable à celui qu'a décrit le Dr Mac 
Leod dans la glande de Harder du Mouton. Ce cartilage est natu- 
rellement beaucoup plus grand chez le Chameau. Voici quelle est 
sa disposition : la nictitante présente, à l’angle interne de l'œil, 
un bord libre, concave, falciforme qui regarde en dehors. De cha- 
cune des extrémités supérieure et inférieure de ce croissant on 
voit partir une bandelette jaunàtre large de 1°" au plus. Ces deux 
bandes se réunissent en un chef unique qui s’élargit dans la 
glande sous la forme d’une plaquette mince, gondolée, semblable 
à une petite auricule mesurant 3 cent. de haut sur deux de large. 
Elle envoie à l'enveloppe épaisse de la glande un certain nombre 
de prolongements fibro-cartilagineux, qui se continuent avec le 
tissu fibreux de cette enveloppe. Cette dernière forme une véri- 
table coque, très épaisse, riche en fibres élastiques bien déve- 
loppées et doublée extérieurement d’une forte couche graisseuse. 

Au microscope, les cellules du cartilage sont très volumineuses, 
leur noyau est irrégulièrement globuleux après l’action des réac- 
tifs usuels. Elles sont entourées d’un réseau de substance élas- 
tique jaune, dont une partie est à l’état de fibres homogènes, 
mais la plus grande masse à l'état de gros grains jaunes, disposés 
en séries linéaires. 


30 ALEXANDRE PILLIET 


On retrouve de ces grains de substance élastique disséminés 
dans le cytoplasma d’un certain nombre de chondroplastes, ce 
qui est un fait assez curieux. 

La glande elle-même, dont les acini sont disposés sur les deux 
faces de la lamelle cartilagineuse, est composée de culs-de-sac 
arrondis, très petits, dont les cellules cubiques sont assez forte- 
ment chargées de fines granulations. Le noyau, sphérique, n’est 
pas masqué par ces granulations, il est situé vers la base d’inser- 
tion de l'élément, mais il n’est pas refoulé contre la paroi comme 
dans les glandes muqueuses à sécrétion abondante. Les canali- 
cules excréteurs sont semblables à ceux des glandes salivaires 
acineuses, leurs cellules, disposées sur un seul rang, ont un cyto- 
plasma à bâtonnets, comme celles des canaux excréteurs de ces 
dernières glandes. 

Toute la portion de conjonctive qui occupe l’angle interne de 
l'œil présente un champ de grosses glandes sébacées, du fond 
desquelles naissent quelques poils follets et qui remplacent évi- 
demment les glandes de Meibomius qu'on ne trouve pas à leur 
place dans le bord libre de la paupière inférieure. 

On voit d’après la description histologique que nous venons 
d'en donner que la glande de Harder du Chameau est une glande 
séreuse, ou à ferment. Il faudrait vérifier expérimentalement cette 
donnée en étudiant son liquide au point de vue physiologique, 
après macération dans la glycérine par exemple, mais l'examen 
des cellules peut suffire pour faire admettre que le liquide secrété 
est doué de propriétés différentes de celles du simple mucus. 

D'ailleurs les glandes séreuses ne sont pas rares dans l'orbite. 
La glande lacrymale l’est souvent chez les Mammifères, et même 
chez les Reptiles, comme la Tortue. Les glandules sous-conjonc- 
tivales de la paupière inférieure du Chien offrent les cellules les 
plus chargées de granulations opaques, quaternaires, que l'on 
puisse voir. Nous croirions volontiers que la secrétion d’un 
liquide aussi actif au point de vue chimique doit surtout avoir 
pour but de détruire les éléments épithéliaux qui se desquament 
sans cesse à la surface des téguments vivants. Ainsi seraient 
assurées la sensibilité de la conjonctive et la transparence de la 
cornée. 


SUR LE ROLE PATHOGENIQUE 


DE CERTAINES 


PSORO)SPALBELNT ESS 


Par M. P. MÉGNIN 


I1 est un groupe de parasites microscopiques qui n’ont encore 
œuère été étudiés en France que par M. Balbiani et M. Aimé 
Schneider, et qui pourtant jouent quelquefois un rôle important 
en pathologie; je veux parler des Psorospermies, groupe d'êtres 
qui font partie de l’'embranchement des Protozoaires, voisins des 
Grégarines selon les uns, ou devant être confondues avec elles 
selon les autres. C’est à ce groupe qu'appartiennent les Coccidies 
ou corpuseules oviformes du Lapin ou du Mouton {Coccidium ovi- 
forme) et les Myxosporidies des Poissons. 

M. Balbiani, dans ses intéressantes leçons de l’année dernière 
sur les Psorospermies, professées au Collèce de France, avait 
émis l'opinion que ces parasites devaient être fréquemment une 
cause de maladie ou même de mort souvent ignorée, et de fait, 
les jeunes Lapins meurent très fréquemment d’une tuberculose 
du foie, dont j'ai constaté maintes fois le pouvoir contagieux : à 
l'autopsie, on trouve le foie farci de tubercules dont la matière 
pultacée blanche, qui les constitue, est entièrement formée par 
des myriades de Coccidies. 

Un de mes amis qui habite les bords de la Meurthe vient de me 
fournir l’occasion d'étudier chez un Poisson une maladie, qui 
vient encore à l'appui de l'opinion émise par M. Balbiani sur la 
puissance nocive des Psorospermies. 

Les Barbeaux de la Meurthe, aux environs de Nancy, sont en 
proie, depuis quelque temps, à une maladie qui les décime. Cette 
maladie est caractérisée par le développement à la surface du 
corps de tumeurs hémisphériques, qui ont de un et demi à deux 
centimètres de diamètre; sur ces points, les écailles finissent par 


392 P. MÉGNIN 


se détacher et la tumeur prend l'aspect d'un ulcère à fond blan- 
châtre bordé de brun. Je présente à la Société, conservé dans de 
l'alcool, un jeune Barbeau atteint de cette maladie et qui présente 
sept de ces tumeurs : cinq sur le côté gauche et deux sur le côté 
droit. Quand on examine la matière de ces tumeurs, on voit 
qu'elle est composée de matière fibrineuse englobant des myriades 
de Psorospermies analogues, et probablement de la même espèce 
que celles que M. Robin d’abord, M. Balbiani ensuite avaient 
déjà observées sur la Tanche et la Carpe, où elles constituent 
la matière des kystes qu'on rencontre particulièrement à l'inter- 
section des deux vésicules de la vessie natatoire, ou à la surface 
de la plus petite de ces vésicules. Chez le Barbeau que je pré- 
sente, ni M. Balbiani, ni moi, n'avons trouvé de Psorospermies 
sur la vessie natatoire, ni dans les organes internes, rate ou rein, 
où ils se rencontrent aussi très souvent sur la Tanche. Ces Psoro - 
spermies sont lenticulaires, un peu ovales, composées de deux 
valves renfermant du proto- 
plasma et, vers une extrémité, 
. deux corps en forme de pépins 
## dont les pointes convergent 
{ vers une petite ouverture située 
à l'extrémité du grand diamètre 
du parasite, et par laquelle chacun des corps pépiniformes pro- 
jette un long cil, quand on traite la Psorospermie par une solution 
de potasse. M. Balbiani a constaté que les Psorospermies des Pois- 
sons (Myxospores de Bütschli) se multiplient de la manière sui- 
vante : le protoplasma s'échappe d’entre les valves de la Psoro- 
spermie, rampe comme une Amibe, augmente considérablement 
de volume et se remplit de corpuscules ressemblant d’abord à des 
noyaux, qui tous deviennent des Psorospermies. 

On comprend maintenant comment les Poissons s’infectent : 
les Psorospermies qui s'échappent des ulcères sont ingérées avec 
l’eau que les Poissons ingurgitent ou respirent, puis sous forme 
amiboïde elles pénètrent dans le torrent circulatoire et arrivent 
dans le tissu cellulaire sous-cutané, qui paraît être leur lieu 
d'élection chez le Barbeau, et y subissent leur dernière métamor- 
phose en provoquant la formation de tumeurs. 

Comment arrêter maintenant l'épidémie? Je ne vois d'autre 
moyen que de pêcher le plus possible de Poissons malades et les 
détruire par le feu, le parasite sera ainsi radicalement atteint. 


MOLLUSQUES TERRESTRES & FLUVIATILES 


DU ROYAUME DE PÉRAK 
ET DES PAYS VOISINS 
CÉRESQUAIELE, MA L'ADS"F,) 


Par J. DE MORGAN 


PREMIÈRE PARTIE 


GÉNÉRALITÉS 
Géographie physique 


Les pays qu'il m'a été permis d'explorer en 1884 au point de 
vue malacologique, sont situés sur le versant occidental de la 
presqu'île Malaise; ce sont : Poulao Pinang, la province Wel- 
lesley, le royaume de Pérak et le district de Khaman dans le 
royaume de Patani. 

Le royaume de Pérak s'étend de 3°45° à 5°45' lat. nord, et de 
400030" à 101935’ long. est de Greenwich. Ses limites sont : au 
nord, la province Wellesley, le royaume de Kédah et celui de 
Patani, tous deux tributaires de Siam; à l’ouest, le détroit de 
Malacca et sur une très petite longueur la colonie anglaise des 
Dingdings; au sud le royaume de Selangore, et à l’est les 
royaumes indigènes de Kélanton et de Pehang. 

Au point de vue physique le royaume de Pérak se divise en 
deux bassins principaux, celui de la côte où coulent les rivières 
Koulin, Kourao, Krian et Larout, et le bassin du fleuve de 
Pérak; ce dernier est particulièrement intéressant pour ce tra- 
voail, attendu que c’est dans le bassin de ce fleuve que j'ai cons- 
centré mes recherches pendant près de dix mois. 

23 


357 J. DE MORGAN 


Le fleuve Pérak prend sa source dans les grandes montagnes 
qui séparent le royaume de Patani de celui de Kélantan et de 
Pérak. Il court du nord au sud en faisant un nombre considé- 
rable de détours ; ses affluents principaux sont : 

Le Sougni (rivière) Teumangno dont le cours est inconnu; il 
prend sa source au dire des indigènes dans les contreforts du 
Gonnong (mont) Yang-Yop. 

Le Sougni Piah, jadis inconnu même de nom et dont j'ai ré- 
levé le cours sur un assez long parcours; il coule de l’est à 
l’ouest et, comme le précédent, prend sa source dans le massif 
du Gonnong Yang-Yop. 

Le S. Kinnering, affluent de droite, qui descend des mêmes 
montagnes que la rivière Krian (du bassin côtier), mais coule 
en sens inverse. 

Le S. Pluss avec ses deux affluents principaux, le S. Tchiah 
et le S. Kerbou, rivières dont j'ai relevé le cours tout entier. 
Le S. Pluss prend sa source dans le G. Yang-Yop, tandis que le 
S. Kerbou descend du Gounong du même nom. 

Le $S. Kinta, le plus important de tous les affluents du S. Pé- 
rak coule parallèlement au grand fleuve. Il prend sa source 
dans le massif du G. Seumaoua, pic voisin du G. Kerbou. 

Le $S. Kinta reçoit de nombreux affluents, les S. Pari, Raya, 
Tédja, Tchanderiang, etc. 

Le principal est le $S. Raya; je l’ai suivi et relevé depuis son 
embouchure (Kouala) jusqu'auprès de sa source près du 
G. Tchabang, au moment où je faisais l'ascension de cette der- 
nière montagne. 

Après le S. Kinta, le S. Pérak reçoit encore les S. Bidor et 
Batang-Padang qui se réunissent avant d’atteindre le grand 
fleuve. 

La plupart de ces rivières ont une grande importance, elles 
reçoivent un nombre considérable de petits affluents qui gros- 
sissent pendant la saison des pluies et inondent les basses 
vallées. 

Le S. Pérak est, dans la partie haute de son bassin, coupé de 
rapides et de cascades, tandis qu'aux environs de son embou- 
chure, il coule lentement et prend une largeur considérable. 

Le système montagneux du pays est assez compliqué; une pre- 
mière grande chaîne, celle du partage des eaux de la péninsule 
ferme le bassin du fleuve de Pérak vers lorient, tandis qu'une 
chaîne secondaire, parallèle à la première, longe le fleuve et le 


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MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 394 


sépare du bassin côtier ; une série de rameaux montagneux sé- 
pare les divers affluents du fleuve Pérak les uns des autres. 

Les principaux sommets de la grande chaîne atteignent des 
hauteurs considérables, G. Tchabang 1677", G. Kerbou 2354m, 
G. Djeliñam 2500? etc... Ces montagnes sont de beaucoup les 
plus importantes de la région ; j'ai gravi les plus élevées, de leur 
sommet je pouvais découvrir d’un seul coup d'œil tout le royaume 
de Pérak, de Kélantan. J’ai pu même m'assurer de ce fait que 
toute la péninsule est recouverte d'un tapis de verdure. 


CLIMAT. 


Le royaume de Pérak est en même temps humide et chaud, 
aussi s’y développe-t-il une végétation extrêmement abondante. 
La saison des pluies, qui commence en octobre et dure deux mois 
et demi environ, amène des abaissements considérables dans la 
température. Dans la saison sèche, grâce au voisinage de la mer, 
il pleut assez souvent ; il est rare qu’une semaine se passe en- 
tière sans qu'il soit tombé de la pluie. A une altitude de 0 à 200" 
la température moyenne de l’année peut être considérée comme 
étant de 200 à 22° centigrades, le maximum à l’ombre à midi pou- 
vant atteindre 50° et le minimum 120; mais les nuits sont toujours 
fraîches, de sorte que la moyenne se trouve considérablement 
abaissée. 

Sur le sommet du G. Kerbou j'ai vu le thermomètre descendre 
à 7° au-dessus de zéro (altitude de 2354). 

Comme on le voit, la température dans la presqu'île Malaise est 
très favorable au développement des Mollusques, malheureuse- 
ment il n’en est pas de même de la constitution géologique du 
pays qui n'offre pas aux coquilles le carbonate de chaux dont 
elles ont besoin. 


Distribution des Mollusques suivant la nature géologique des pays où 
ils vivent. 


Il est intéressant de remarquer combien sont variables la nature 
et l'abondance des Mollusques, suivant les milieux dans lesquels 
on les rencontre, soit au point de vue de la végétation, soit à celui 
de l'orientation des coteaux; mais, surtout au point de vue géolo- 


398 J. DE MORGAN 


gique, ces milieux influent sur l'existence des Mollusques, sur 
leur reproduction et leur développement. 

Dans les contrées que j'ai visitées j'ai rencontré les roches sui- 
vantes, que je place suivant l’ordre géologique sous toutes ré- 
serves cependant, car les conditions particulièrement défavorables 
dans lesquelles se trouve la géologie au milieu des forêts tropi- 
cales ne m'ont pas permis de déterminer d’une façon absolue les 
superpositions des roches dans plusieurs cas. 


Granite éruptif. 

1. Gneiss. 

2. Talcschistes et micaschistes. 

3. Schistes grossiers bruns (sans fossiles, appartenant probablement à la base 
du Silurien ou du Cambrien). 

Schistes ardoisiers bleus (sans fossiles). 

5. Calcaires stratifiés (M. Cameron, l'explorateur de Pahang m'a communiqué 
un brachiopode fossile provenant de ces calcaires. Ce Platystrophia ratta- 
che ces assises au Silurien supérieur. 

6. Grès et Quartzites stratifiés. 


Les calcaires sont très peu abondants dans le pays, deux ou 
trois massifs de collines se dressent au milieu de la vallée de 
Kinta et montrent leurs flancs de marbre blanc tandis que tout 
le reste du pays est formé de Granites et de Schistes. 


7. Alluvions modernes renfermant des espèces qui vivent encore dans le pays. 
[Hybocystis elephas, Cyclophorus malayanus, C. semisulcatus, Amphidro- 
mus perversus, Melania (?) episcopalis.] 


MOLLUSQUES TERRESTRES 


| | 

Granites, Gneiss, Schistes, Quartzites. — Les Mollusques sont 
très rares dans les parties granitiques du pays. Je suis cependant 
arrivé, après de très longues recherches, à me procurer quelques 
espèces dont je ne possède en général qu'un ou deux exemplaires. 


Helicarion Lowi de Morgan, un exemplaire. 
Xesta Malaouyi de Morgan, deux exemplaires. 
Hemiplecta Leechi de Morgan, assez abondant. 
Oxytes Sakaya de Morgan, très rare. 
Ariophanta Kintana de Morgan, rare. 
—- Lahatensis de Morgan, quatre exemplaires, 

Amphidromus perversus Linné, assez abondant. 

— Chloris Reeve, rare, 
Gacotis Douvillei de Morgan, un seul exemplaire. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 359 


Opisthoporus Penangensis Stolizcka, extrêmement rare. 
Hybocystis elephas de Morgan, très rare. 
Cyclophorus Malayanus Benson, assez abondant. 

— semisulcatus Sowerby, très rare. 


Sauf quelques espèces, la faune des montagnes dont la roche 
est siliceuse est composée d’helicéens dont le test extrêmement 
fragile présente une coloration généralement brune cornée ; ces 
auimaux vivent isolément à l'ombre, sous les grands arbres, et 
recherchent les lieux humides aux environs des sources. 

Marbre et filons de carbonate de chaux. — Ces formations sont 
très favorables au développement des Mollusques, aussi ai-je 
rencontré, sur tous les points où le calcaire affleurait, de très 
grandes quantités de coquilles, mais, fait très curieux, les espèces 
varient à l'infini avec le changement de localité. Dans des milieux 
semblables réunissant toutes ces conditions désirables pour le 
développement des ZZelicidæ et des Cyclophoridæ j'ai été surpris 
par la grande variabilité dans les espèces. Les listes suivantes qui 
contiennent le résultat de mes recherches dans trois localités dif- 
férentes, prouvent combien est grande cette variété et combien il 
serait intéressant d'explorer l’une après l’autre toutes les collines 
calcaires du pays. 

Sur le G. Tchéhèl, dans la vailée de la rivière Pluss, sur l’affleu- 
rement d’un filon de calcite j'ai rencontré : 


Streptaxis plussensis de Morgan, deux exemplaires. 
Stenogyra Tchehelensis de Morgan, extrêmement abondant. 
Megalomastoma anostoma Benson, rare. 

Pupina Tchehelensis de Morgan, rare. 


Les Stenogyra y sont d'une abondance extrême : quelques heures 
suffiraient pour en ramasser des milliers, ils se tiennent sur les 
blocs de calcite et ne s’éloignent que très peu du filon ; d’ailleurs 
les autres espèces sont aussi cantonnées dans un espace irès 
restreint. 

Sur le G. Lano (vallée du S. Raya), montagne composée unique- 
ment de marbres blancs stratifiés, j'ai rencontré : 


Pseudonenia Kapayanensis de Morgan, abondant. 
Opisthoporus solutus Stoliczka, peu commun. 
Alycœus Thieroti de Morgan, deux exemplaires. 
—  Kapayensis de Morgan, une douzaine d'exemplaires. 
—  Jousseaumei de Morgan, abondant. 
Aulopoma Lowi de Morgan, abondant. 


360 J. DE MORGAN 


Au G. Tchüra (près Ipoh, vallée du $S. Kinta), sur les rochers 
calcaires, j'ai recueilli : 


Hapalus Jousseaumei de Morgan, quatre exemplaires. 
Macrochlamys Bartoni de Morgan, un exemplaire mort. 
Getasia Bouryi de Morgan, deux exemplaires morts. 
Stenogyra Swettenhami de Morgan, assez rare. 

Rhodina Perakensis de Morgan, un exemplaire seulement. 
Cyclotus Dautzenbergi de Morgan, rare. 

Opisthoporus solutus Stoliczka, abondant. 

Alycœus gibbosulus Stoliczka, assez abondant. 
Megalomastoma anostoma Benson, assez abondant. 
Pupina aureola Stoliczka, rare. 


Au G. Lano, comme au F.Tchôüra, la faune est presqu’essentiel- 
ment composée de Mollusques operculés ; mais ces deux localités 
ne présentent pas d'espèces communes. L’impossibilité dans 
laquelle je me trouvais d'atteindre le sommet du G. Tchôra m'a 
réduit à chercher au milieu des blocs calcaires tombésdes falaises, 
aussi n'ai-je obtenu que des Mollusques descendus avec les dé- 
tritus végétaux et presque toujours morts. 

Alluvions récentes. — Les alluvions qui se trouvent toujours 
dans les parties basses du pays se composent de sables fins et de 
boues produites par la destruction de toutes les roches de la 
montagne ; elles renferment donc, mélangés, tous les éléments 
des granites, des schistes et des marbres, et les Mollusques y 
trouvent la quantité de calcaire nécessaire à la construction de 
leur coquille. 

C’est sur les terrains d’alluvions de la basse vallée de Kinta 
que j'ai rencontré le plus de Mollusques à test solide et très 
épais. Il faut dire que ces alluvions sont placées bien au-des- 
sous des grandes collines calcaires du haut bassin de la même 
rivière. 

Ces espèces qui vivent sur les terrains d’alluvions sont les sui- 
vantes : 


_ Pataniensis de Morgan. Philina Hardouini de Morgan. 

— Häâtchongi de Morgan. Geotrochus Perakensis Crosse. 

— Tousoufi de Morgan. PrRnur omus perversus Linné. 
Hemiplecta Leechi de Morgan. Chloris Reeve. 
Ariophanta Lahatensis de Morgan. Stenogyra gracilis Hulton. 


Macrochlamys stephoides Stoliczka. | Fruticola similaris Férussac. 
Fruticola Penangensis Stoliczka | o Opisthoporus Penangensis Stoliczka. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 361 


Rhiostoma Jousseaumei de Morgan, Cyclophorus Semisulcasus Sowerby. 
Pterocyclus Regelspergeri de Morgan. — Malayanus Benson. 
Hybocystis elephas de Morgan. Lagochilus Townsendi Crosse. 

—  Jousseaumer de Morgan. — Swettenhami de Morgan. 
Cyclophorus Borneensis Metcalfe. Pupina artata Benson. 


— Lahatensis de Morgan 


MOLLUSQUES FLUVIATILES. 


Ce que j'ai dit pour les alluvions est vrai non seulement pour 
les terrestres mais aussi pour les fluviatiles qui ne se trouvent en 
abondance dans les cours d’eau que lorsque ces rivières ont 
franchi des assises calcaires. Au-dessus, dans les pays grani- 
tiques ou schisteux, les Mélanies (genre généralement abondant 
dans la plaine) disparaissent presqu'absolument, et dans les petits 
lacs que forment les ruisseaux dans la grande chaîne de monta- 
gnes entre 1200 et 2000" d'altitude, je n’ai jamais rencontré de 
Coquilles. 


DISTRIBUTION HYPSOMÉTRIQUE DES MOLLUSQUES. 


De même que les espèces varient suivant la nature géologique 
du sol sur lequel elles vivent, de même les différences d'altitude 
font éprouver à la faune malacologique d'un pays des transfor- 
mations considérables. Je n'ai malheureusement pas pu rester 
assez longtemps en Malaisie pour étudier complètement ces 
transformations, mais je crois utile de donner ici une liste des 
espèces que j'ai recueillies, en indiquant approximativement l’al- 
titude à laquelle elles vivaient. 

Ce tableau ne comprend que‘ies Mollusques terrestres attendu 
que, comme je l'ai dit plus haut, les Mollusques fluviatiles ne 
vivent pas au-dessus de 200 d'altitude à cause du manque de 
carbonate de chaux. 


362 


J. DE MORGAN 


ALITITUDES 
mess leleile 23/12 
NOMS SPÉCIFIQUES 218|<|812|2|21=/$ 
je S Le le | | QG l-æ l@ |-& 
AÉÉÉÉEEE 
Philomycus picius. 0 |2SIeNE ; 
Veronicella Hasselli, . ..... le cle le cles 
— birmanica. . ...|, MPCOE RAR EEE 
Stenothyra Hardouini. .....1,1..|.. ; : ; 
Assiminea rubella..,......|. les li 
Omphalotropis carinatus. ...|4|..|..1.. ta LE 
Streptaxis plussensis. ......1..|, |, |. ee 5 
Hapalus Jousseaumei.......|..|,|?1|.. : : 
Hatrinanucleala.r. 4..." let : 
Helicarion permollis. ...... 224 EAURE k ; 
— {LITRES solo.loelee . 
Macrocystis palmicola. .....|..|..|..|.. Foie 
Melua Malaouyi..i.s.... 10 Aie lo ae le 
Macrochlamys malaccana, .. ee ho 
— siephoides "| lé | 7010. 5 
— pataniensis. . |. x |: Si ie 
— Hätchongr.. . .| EE AE 
— Tousoufi.. ....|% |..|.. NCA E 4: 
— Barlonts 9.1 CHA lAPIEE ; 
Holularia bijuga...::.....1..l% lle sale :e 
Hemiplecta humphreysi... See ; 1 
= 'ÉTUTNSENMERRNES Er 4 | RAA ; 
Oxyles cymatium...... Ne xlelælælæl.l.l 
NOÉ ue RES). AC 
Ariophanta kintana........|4 |, A PE LR lo 
— laRQENSIs. Es he Poe 
— Lindstetli. .....|.. LA : Je 
Trochomorpha limorensis. .. ‘410 : à 
— casira, ... JAMBE GIE SE AE 
PRG BOUTIN... uso elle. 1. NA à 
Sitala carenifera...... sh APR EM NS > 
Frulicicola penangensis. .... x lxlx A .. 
— —… similaris, ,...... ARE 
Philina Hardouini. ....... ce À sie 
Planispiru breviseta, ..,... re |: : 
Geotrochus perakensis. , .... PAT LES RAA 
Amphidromus perversus. . e EEE Due Due Latlote 


chloris 


RC SE 


.…[(Stoliczka). 
.[(Stoliczka). 
.[Birmanie. 
.[Très rare. 
.[Habite toute la péninsule 


.[Côte occidentale de la pé 


.[Très rare. 
.[Très rare. 


[Un seul exemplaire mort. 
.[(Stoliczka) (Townsend). 


.[(Stoliczka). 
.|[Deux exemplaires. 


.[Relativement abondante, 
.[Assez rare. 


.[Très abondante. 


OBSERVATIONS 


malaise. 


ninsule malaise, Siam, 


(Stoliczka). 
(Stoliczka). 
Un seul exemplaire. 


Rare. 


..|Rare. 
.[Assez abondante. 


.[Un seul exemplaire. 


.. [Deux exemplaires morts. 
[Très rare (Stoliczka). 
.[Très abondante. 


.[(D' E. Townsend). 
..[Abondante. 
.[Siam, Cochinchine, Poulo 


Condor, Birmanie, Java, 
Iles molluques. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 363 


ALTITUDE 


——— 


NOMS SPÉCIFIQUES OBSERVATIONS 


800 à 1000 


100 à 200 
200 à 400 
400 à 600 
600 à 800 
1000 à 1200 

| 1600 à 1800 

| 1800 à 2000 

| 2000 à 2200 

| 2200 à 2400 | 


. 
. 
. 
. 
. 

- 
. 
. 


Amphidromus inversus..... 
— melanomma. . 
— Lindstetii. ... 
Gaeotis Douvillei.......... 
Stenogyra tchehelensis. ..... 


Siam, Cambodge. 


..|..1..lUn seul exemplaire. . 
|... [Espèce extrêmement abon- 
dante. 

A M res Tare. 

Abondant. Siam. 


..|..{(Stoliczka). 


—  Swetlenhami. .... 
ATOS LA Se 
Rhodina perakensis. ....... 
Scopelophila palmira. ...... 
Pupisoma orcella........ HE 
Phœdusa filicostata. .......|..|, 
— penangensis. ..... 
Pseudonenia capayanensis. . . 
Succinec Tayler ee Ste 
Melampus singaporensis. ... 24 
Sidula mustelina.......... 
UT IS TES RE 


..|..l..[Très abondante. 


.|..[.. [Niveau des marées. 
..|..[Niveau des marées. 

|... [Niveau des marées. Siam, 
Birmanie, Sumatra. 
..|..|..[Niveau des marées. 
..l..l..[Peu commune. 
..|..l..[Très abondante. 
.|..|..[A quelques mètres seule- 
ment au dessus du ni- 
veau de la mer. 
.:1..1..1Borneo, Java: 


Ellobium semiplicatum. . ... 
= \ aUTIS MIE |... 
—  auris judæ...... ne 

Scarabus inflatus...,..... 


— PBorneensis neue 
Cyclotus Lindstelhi,. ...... 


x . L . . L] LI 
—  Dautzenbergi. ....1..|,1? ler 
Opisthoporus costellatus.,.. " à HA BAIÈE 
= solulus. ..... e : SRE 
ns penangensis... ele ile ..|..1..1..[Très abondante. 
Rhiostoma Jousseaumei. ... " , ae EN A RATE 
Pterocyclus Blandine 00 ; 1 Let DNA RE 
— Regelspergeri, . " ..|..1..1..l4ssez abondante. 
Alycœus gibbosulus. .......|..|., \ ..|..[..1..lAssez abondante. 
— FETE Me RER IA) ITÉSATAaMes 
— capayanensis. ....,|..|x |%x NI AlIRaTe; 
—  perakensis..... . ; ; > NOTES Townsend). 


— Jousseaumei. .... ..|..l..lAssez abondante. 
Hybocystis elephas........ 
— Jousseaumei., .. 


Opisthostoma Paulucciæ.... 


.. [Très rare. 
..|(Dr E. Townsend). 


NOMS SPÉCIFIQUES 


pe 


Aulopoma lowi. .......... 

Cyclophorus borneensis. . 
LIU RSR NA 
Preufers. ©. 
aquila, .... 
perdir.…, ... 


cantori. .... 
lahatensis. . . 
semisulcatus. 
malayanus. . 


Lagochilus Townsendi... 
— trochoides.... 
— Sweltenhami. 
— striolatus. ..., 
Leptopoma aspirans. .,.. 


100 à 200 


J. DE MORGAN 


ALTITUDE 


‘OBSERVATIONS 


2200 à 2400 


.|Assez commune. 
.{Borneo. Assez rare. 
.|Sumatra, 


.|Chine, Siam, Birmanie. 

.Hava (Mousson), Côte Es 
de la baie de Bengal 
(Reeve), Sumatra. 

.|Assez rare. 

.|Assez abondante. 

.|Très abondante — Indes, 
Siam. 


.|Rare. 

.|Assez rare. 

(Rare. 

Pégon, Tenasserim. 


Megalomastoma seclilabre. 
— anosloma. 
Raphaulus Lorraini. ,... 
Pupina arula. ...... k | Birmanie. 
arlata..... 2. ire: : .[..|..lAva, Moulmein, Birmanie. 
Lowis ts. salpileleels ec ; .|Rare. 
aureola...... 
tchehelensis. . . 


.|Birmanie Anglaise. 
Assez rare. 


ca | 


Assez rare. 


On voit, en résumé, que les Mollusques qui atteignent les plus 
grandes allitudes appartiennent aux genres Æélicarion, Xesta, 
Amphidromus et Gaeotis, tandis que les Clausilia, Stenogyra et 
Alycœus, qui sont des Coquilles de montagnes, se tiennent dans 
une Zone qui ne dépasse jamais 600 mètres environ au-dessus du 
niveau de la mer. 

Les Macrochlamys, Hemiplecta, Fruticola, Cyclophorus et Pupina, 
bien qu'atteignant la même altitude de 5 à 600" descendent beau- 
coup plus bas dans la plaine et vont parfois jusqu'auprès de la 
plage. C'est ainsi que j'ai trouvé dans la province Wellesley, à 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 9300 


quelques pas seulement du rivage un Cyclophorus Malayanus, ha- 
bité par un crustacé, alors que cette espèce vivait dans les 
champs voisins. 

Quant aux ÆEllobium, Scarabus et Melampus. Je ne les ai compris 
dans ce tableau que pour qu’il soit aisé d’embrasser d’un coup 
d'œil toute la population malacologique du pays. Ces genres 
vivent à l’air et dans l’eau saumâtre. Il en est cependant, comme 
le Scarabus borneensis, qui s’éloignent beaucoup des lieux humides. 
A Telok Anson (Kinta), j'ai rencontré deux individus de cette 
espèce à environ 2 kilomètres du ruisseau, sur les rives duquel 
elle se tient en abondance. 


MOLLUSQUES DES BAKAOS 


Les Bakaos sont les terrains voisins de la côte et qui à marée 
haute sont couverts d’eau saumâtre ou d’eau de mer et à marée 
basse restent à sec. Certaines parties de ces terrains ne sont 
jamais recouvertes, elles forment une série de petits îlots boueux 
sur lesquels vivent des Mollusques terrestres spéciaux. J’ai ex- 
ploré les Bakaos de l'embouchure du fleuve de Pérak, ceux de la 
province Wellesley et quelques-uns de ceux qui couvrent tout le 
littoral de Poulao Pinang sur la côte occidentale. J’ai rencontré 
les espèces suivantes : 


1.  Purpura gradata Jon. Très abondante dans les bakaos de la province Wel- 
lesley. 

2. Cicoreum capucinum Lamk. P. Tikous (P. Pinang), sur les racines décou- 
vertes à marée basse. 

3.  Volema pugilina Born. Sur les branches d'arbres et les racines à Boukit 
Tamboun (Prov. Wellesley), comme sur tout le littoral de l’Indo-Chine. 

4.  Columbella Duclosi Sow. Boukit Tamboun (P. Pinang), prov. Wellesley, Lit- 
toral de l’océan Indien. 

5.  Tympanotonos fluviatilis Pot. et M. Poulo Tikous (P. Pinang), prov. Welleslev. 
Littoral de l’océan Indien. 

6.  Tympanotonos micropterus Kien. Embouchure de la rivière Pérak, P. Tikous 
(P. Pinang), Boukit Tamboun (Prov. Wellesley. Littoral de l’océan Indien. 


Sumatra. 
7.  Liltorina scabra Glin. B. Tamboun (Prov. Wellesley), P. Tikous (P. Pinangj. 
8.  Aphanystilus Charbonieri Petit. Embouchure de la rivière Pérak, I. Sumatra, 


I. Java, I. Borneo, Siam, Cochinchine. 

9.  Cerithidea obtusa Lamk. Embouchure de la rivière Pérak, de la rivière Krian, 
Poulao Tikous (P. Pinang), Boukit Tamboun (Prov. Wellesley), I. Java, I. Su- 
matra, I. Borneo, Siam, Cochinchine. 


366 J. DE MORGAN 


10. Assiminea rubella Blaf. P. Tikous, P. Pinang. 

11. Omphalotropis carinata Lea. Telok Anson, P. Pinang. 

12. Nerita lineata Chemn. Telok Anson (Kinta), Boukit Tamboun (Prov. Wellesley), 
P. Tikous (P. Pinang), Golfe du Bengale, archipel Malais, mer de Chine. 

13. Nerita atropurpurea Recl. Nouvelle Calédonie, Philippines, Bakaos de la Pro- 
vince Wellesley. 

14. Neritina melanostoma Trosch. Telok Anson (Kinta), Boukit Tamboun (Prov. 
Wellesley), côtes de l’Indo-Chine et archipel Malais. 

15. Neritina crepidularia Lamk. Telok Anson (Kinta), Bakaos de toute la côte de 
Pérak, Indo-Chine, Iles Malaises. 

16. Sidula mustelina Desh. Bakaos de toute la côte occidentale de la pres- 
qu'ile Malaise. 

17. Sidula auris-felis Brug. Telok Anson (Péraki, Boukit Tamboun (Prov. Wel- 
lesley), P. Tikous (Poulao Pinang), côtes de l’Indo-Chine et de l'archipel 
Malais. 

18. Ellobium auris-midæ Linné. Embouchure de la rivière Krian, Iles Malaises, 
Philippines, Australie. 

19. Ellobium auris-Judæ Linné. Boukit Tamboun (Prov. Wellesley), I. Sumatra, 
I. Java, Siam, Birmanie. 

20. Ellobium semisculptum Adams. Poulo Tikous, (P. Pinang). 

21. Eliobium Pinangense de Morgan. P. Tikous, (P. Pinang). 

22 Scarabus borncensis Adams. Telok Anson (Pérak). 

23. Scarabus inflatus Pfeiff. P. Tikous (P. Pinang). 

21. Solecurtus abbreviatus Gdl, P. Tikous (P. Pinang). toute la côte occidentale 
de la péninsule, Siam, Birmanie. 

25. Machæra subelliptica Dkr. P. Tikous (P. Pinang\, Singapore. 

26. Elizia orbiculata Wood. P. Tikous (P. Pinang), Boukit Tamboun (Prov. Wel- 
lesley), Singapore, Siam, I. Sumatra. 

27. Cyrena sumatrensis Sow. Bakaos de Boukit Tamboun (Prov. Wellesley), riv. 
Krian (Pérak). 

98. Arca granosa Linné. Embouchure de la rivière de Larout dans les parties dé- 
couvertes à marée basse. 

29, Arca corbiculata Gmél. P. Tikous (P. Pinang). 

30. Glauconome Jayana Prime. P. Tikous (P. Pinang), Singapore. 


Les bakaos renferment donc à la fois des espèces terrestres, 
marines, et d'eau saumâtre ; seuls les Mollusques d'eau douce 
manquent totalement. 

Il n’est pas surprenant de voir que les Bakaos de Pérak renfer- 
ment les mêmes espèces que ceux de la Cochinchine, de Siam, 
du Cambodge et des îles Malaises, car les conditions sont les 
mêmes sur les côtes de ces divers pays en ce qui concerne le cli- 
mat, les vents régnants et la nature de la végétation. Quelques 
espèces étendent même leur habitat à des régions bien plus loin- 
taines; c’est ainsi que l’Zllobium auris-Judæ vit sur les côtes d’Aus- 
tralie,et que les Tympanotonos se trouvent sur tout le pourtour du 
solfe du Bengale. Ces espèces marines où pseudo-marines appar- 


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MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 367 


tiennent à la faune de la grande province indo-pacifique, et le 
fait qu'elles passent environ la moitié de leur vie dans l’eau de 
mer ou dans les eaux saumâtres est suffisant pour expliquer com- 
ment elles se sont rapidement propagées sur les côtes où elles 
trouvent des conditions favorables à leur vie. 

Emplois des Mollusques. — Les indigènes Malais et Négritos 
mangent certaines espèces de Mollusques d’eau douce; mais, 
d’après ce qu'ils m'ont dit, les Coquilles terrestres ne sont pas co- 
mestibles. 

Les espècesfluviales comestibles sont : la Melania (?) episcopalis, 
l'Ampullaria sumatrensis et la Cerithidea obtusa, 

Les Négritos ornent leurs colliers d’ÆZybocsytis (elephas et Jous- 
seaumei) et de Bulimes (Amphidromus) qu'ils pendent par un trou 
fait dans le péristome et qu'ils remplissent de parfums. Ils em- 
ploient aussi pour l'ornementation toutes les coquilles marines 
qu'ils peuvent se procurer, mais ne portent jamais d’AZelix ou de 
Cyclophorus, bien que ces derniers se trouvent dans leur pays en 
plus grande abondance que les Æybocystis et les Bulimes. 

Malais et Négritos emploient les coquilles des Melania (?) pour 
fabriquer la chaux qui leur est nécessaire pour la mastication du 
bétel. 

Enfin les coquilles de l'Ampullaria sumatrensis sont employées, 
quand elles sont de grande taille, pour renfermer l’eau dans les 
cages des oiseaux. (Voir ci-contre le Tableau comparatif.) 


Si nous étudions en détail la faune de la péninsule et si nous 
la divisons en districts, nous voyons que la faune est très peu 
constante suivant les localités que l’on considère. 

La faune totale telle qu’elle est connue aujourd’hui, c’est-à-dire 
composée de 145 espèces, est répartie comme suit dans les divers 
districts qu'il m'a été donné de parcourir et pour lesquels j'ai des 
observations certaines. 


Haute vallée de Kinta (Pérak), faune totale 49 sp. dent 15 sp. spéciales. 


Basse vallée de Kinta — __— 41 2 — 
Haute vallée du S.Pluss — — 24 6 — 
Basse vallée du S. Pluss — ee 19 (Ù — 
Larout (bassin côtier) — — 33 2 — 
Rhaman (Patani) — — 13 1 — 
Poulo Pinang —— —— 53 19 — 


En comparant entre elles les faunes de ces divers districts nous 
voyons que : 


308 J, DE MORGAN 


La haute vallée de Kinta et la basse vallée de Kinta renferment 30 sp. communes. 


— — lahaute vallée du’S. Pluss — 17 sp. — 

— — la basse vallée du S.Pluss  — 15 sp. — 

— — Larout — 18 sp. — 

_ — Rhaman — 12 sp. — 

— — Poulo Pinang — 14 sp. — 

La basse vallée de Kinta et la basse vallée du S.Pluss  — 19 sp. — 
— — la haute vallée du S.Pluss — 17 sp. — 

— — Larout — 18 sp. -- 

— — Rhaman = 12 sp. —— 

= — Poulo Pinang — 12 sp. — 

La haute vallée du S.Pluss et la basse vallée du S.Pluss — 13 sp. — 
—- — Larout — 12 sp. — 

— _ Rhaman — 12 sp. — 

._ Poulo Pinang — 9 sp. — 

La basse vallée du S. Plusset Larout — 14 sp. — 
— — Rhaman — 12 sp. — 

— — Poulo Pinang — 8 sp. — 

Larout et Rhaman (Patani) — 1L2Sp: — 
—  Poulo Pinang — 14 sp. — 
Rhaman (Patani) et Poulo Pinang _ 7 sp. — 


Si nous étendons ces comparaisons, non plus aux diverses divi- 
sions de la péninsule mais aux régions dont la faune présente 
quelqu'analogie avec celle de la péninsule, nous voyons qu'un 
assez grand nombre d'espèces sont communes à la presqu'ile et 
aux pays voisins. 


Péninsule Malaise et Siam.......... ATOS 28 sp. communes. 
— — SUMATAM ARE EE EERe 26 sp. — 
— — JAVA Re es ie 18 sp — 
— — BOTNÉD eee Tree 15 sp — 
— — Hindoustan.:.......,.0. 12 sp —— 
— — BIFMANIC ANR Pre 11 sp - 
—— — Molluques. "7e" 7 sp _— 
— — Cambodoe etre 6 sp — 
— — Pégou:. ans Pace 5 ap: — 
= — Australe es ere 5 sp. — 
— — Cochinchine 3 sp — 
— -— Seychelles... 3 Sp — 
_ — Chine 72028. 3 Sp — 
— — AMAR, 1 sp — 
— — LaOS. =, PF rnenerree 0 sp — 


Il est utile de faire remarquer que la Birmanie et le Laos ont 
été fort peu étudiés. 

Si, au lieu de considérer uniquement les espèces communes, 
nous faisons une liste des genres en affectant à chacun d'eux un 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 369 


coefficient égal au nombre des espèces par lequelil est représenté 
dans chacune des régions considérées, nous obtenons des résul- 
tats bien plus certains, car la plupart des régions extrême-orien- 
tales n'ayant été explorées que d'une façon très sommaire, il est 
certain que bien des espèces communes dans certain centre et 
rares dans tel autre n’ont pas encore été rencontrées dans le pays 
où elles sont mal représentéee. 

En procédant comme je viens de le dire, on obtient une liste 
de pays, qui si nous les rangeons suivant les coefficients des 
genres communs en tenant compte de ceux qui manquent, se 
présente comme suit : 


Presqu'ile de Malacca. 

Siam. 

Sumatra. 

Java. 

Bornéo. 

Birmanie, Tenasserim, Pégou, Nicobar, Andaman. 
Cambodge, Philippines, Moluques, Ceylan. 
Cochinchine, Annam, Laos, Poulo Condor. 

Assam, Katchar, Hindoustan, Arakan. 

Chine méridionale, Australie. 


La péninsule Malaise renferme donc une faune très remar- 
quable et formant pour ainsi dire le trait d'union entre celles de 
l'Indo-Chine et des îles Malaises. Bien que la majeure partie des 
espèces renfermées dans la liste soient spéciales à la presqu'ile, 
toutes les formes trouvent leurs analogues dans les contrées voi- 
sines. 

Par les Amphidromus la faune de la presqu'île se rattache aussi 
bien à celles du Cambodge et de la Cochinchine qu’à celle de 
Sumatra et à celle de Ceylan. 

Les Clausilies sont surtout abondantes dans l’Indo-Chine et la 
Chine et sont représentées par des Phædusa et les Pseudonenia, 
groupes essentiellement extrême-orientaux. 

Les Stenogyra sont très répandus en Asie et sur la côte orien- 
tale d'Afrique, tandis que les Alycacus sont surtout abondants sur 
le continent asiatique. 

Par les Æybocystis la faune de Pérak se rapproche de celle du 
Laos et en général de l’Indo-Chine orientale, tandis que les Cyclo- 
phorus sont d'une forme très commune dans les îles Malaises. 

Quant aux Hélicéens qui sont très nombreux, ils appartiennent 
aux groupes des divers pays voisins et peuvent être comparés 

24 


370 J. DE MORGAN 


soit aux formes du Bengale soit à celles de Cochinchine ou de 
l'archipel Malais. 

Le tableau qui précède et qui renferme la liste des espèces de 
la presqu'île Malaise communes aux pays voisins renferme aussi 
la répartition des Mollusques de la péninsule suivant les diverses 
localités où je les ai rencontrés. 

L'examen de ce tableau montre que les formes sont très va- 
riables (sauf pour quelques espèces qui vivent partout) dans les 
divers bassins du royaume de Pérak et de celui de Patani. Il 
montre aussi qu'au point de vue malacologique la presqu'île 
Malaise forme le point de jonction entre les faunes continentales 
et celles des îles de la Sonde, de telle sorte qu’en rangeant les 
diverses contrées suivant leurs affinités malacologiques, tant au 
point de vue des espèces communes qu'à celui des genres com- 
muns, on obtiendrait une liste dont chaque nom occupe, par rap- 
port aux autres, la situation géographique de la contrée qu'il 
représente. 


Hindoustan. 


Arakan. 
Assam, Katchar. Chine méridionale 
Pégou. Annam, Laos. 
Tenasserim. Cochinchine. 
Birmanie. Cambodge. 
: RSS: 3 
Siam. 
ïi. Nicobar. Presqu'ile Malaise. 
I. Andaman. Sumatra. P. Condor. 
I. Ceylan. Java, Bornéo. 
Philippines. 


Les petites îles, se trouvant dans des conditions différentes, 
présentent des caractères malacologiques beaucoup plus spéciaux 
que les grandes terres; cependant elles renferment, comme la pé- 
ninsule, plusieurs espèces d’Amphidromus, ce qui permettrait de 
donner à la région, dont la presqu'île Malaise est le centre, le nom 
de Région des Amphidromus. Ce genre étant représenté dans 
Siam, le Cambodge, la Cochinchine, la Birmanie, la péninsule 
Malaise, Sumatra, Java, Bornéo, les iles Andaman et Nicobar, les 
Philippines, les Célèbes et Ceylan. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 371 


DEUXIÈME PARTIE 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE LA PÉNINSULE MALAISE. 
— LISTE GÉNÉRALE. — DESCRIPTION DES ESPÈCES NOUVELLES. 


I. Genre PHILOMYCUS Rafinesque. 


1. Philomycus pictus Stoliczka. 
Philomycus pictus Stol. Journ. Soc. As. Bengal, vol. XLII, partIT, 
n° 1,p-30. pl-our, fe.9-14 1873: 


Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka). 


IT. Genre VERONICELLA de Blainville. 


2. Veronicella Hasselti Martens. 
Veronicella Hasselti Mart. Preuss. Exp. Ost-Asien, 1867. 


Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka). 


3. Veronicella birmanica Théobald. 


Vaginulus birmanicus Théob.Journ. As. Soc. Bengal, vol. XXXIII, 
p. 243, 1864. 


Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka). Rangoun, Pégou, Thaiet- 
Mio, etc. (Théob.). 


IT. Genre STREPTAXIS Gray. 


4. Streptaxis plussensis de Morgan. 
PEN Ur 


Streptaxis testa heliciforme optime convoluta, alba, translucida, 
conospirali ad planum reducto, basi ventricoso nitida fulgenteque, 
facie superiori striis ornata paralleliter lineis ætatis, ampliter 
umbilicata ila ut facies inferior omnium anfractuum apparens sit : 
apertura triangulari, maxime irregulari, ante ultimo anfractu 
dente munito prope labrum externum incisa. 

Coquille. — Héliciforme, régulièrement enroulée, cône spiral 
très aplati, base ventrue, polie, face supérieure ornée de stries 


372 J. DE MORGAN 


paralléles aux lignes d’accroissement ; ombilic très large laissant 
voir la partie inférieure de tous les tours de spire ; ouverture trian- 
gulaire placée dans un plan légèrement oblique à l'axe, très 
irrégulière, portant une dent sur l’avant-dernier tour et une 
échancrure profonde à l’union du bord extrême avec le tour pré- 
cédent, cette échancrure se prolonge en gouttière dans l’intérieur 
de l'ouverture, spires au nombre de six, suture linéaire. 

Dimensions. — Hauteur, 3°"; largeur maxima, 7°": longueur de 
l'ouverture, 2"; largeur de l'ouverture, 1""1/4. 

Couleur. — Blanchâtre. 

Habitat. — J'ai rencontré cette petite coquille sur le mont 
Tchéhèl dans la vallée de la rivière Pluss (royaume de Pérak). 


IV. Genre ENNEA H. et A. Adams. 


5. Ennea bicolor Hutton. 


Pupa bicolor Hutton, II, 352. 
—— —  Kuster, t. XIII, fig. 9 et 10. 
Ennea bicolor Stoliczka. Journ. Soc. As. Bengal. 


Habitat. — Indes, Seychelles, P. Pinang. 


V. Genre HAPALUS Albers. 


6. Hapalus Jousseaumei de Morgan. 
PA EN, ne 


Hapalus testa turriculata, tenui, fragili, translucida, alba, imper- 
forata, lævigata, lineis tenuissimis ætatis ornata, 5-6 anfractibus 
composita,optime convoluta, apertura recta, elliptica, ante ultimo 
anfractu largiter incisa, peristomate recto et acuto, labro lævi- 
ter reflexo. 

Coquille. — Turriculée, mince, fragile, transparente, imperforée, 
lisse, ornée de stries d'accroissement extrêmement fines, formée 
de 5 à 6 tours de spire très régulièrement enroulés, ouverture 
droite, elliptique, largement échancrée par l'avant-dernier tour, 
péristome droit et tranchant, bord columellaire légèrement ré- 
fléchi comme dans les Spiraæis, bord extrême formant au milieu 
une partie arrondie et saillante. 

Dimensions. — Longueur, 7"; épaisseur maxima, 3"”"; longueur 
de l'ouverture, 21/2, 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK de 


Couleur. — Inconnue. 

Habitat. — Dans les fentes des roches calcaires du G. Tcheura, 
près Ipoh (Kinta). 

Observations. — Je n'ai rencontré de cette espèce que quatre 
exemplaires morts. 


VI. Genre VITRINA Draparnaud. 


7. Vitrina nucleata Stoliczka. 


Vitrina nucleata Stol. Journ. Soc. As. Bengal, 1873, vol. XLII, 
part. In 41) p. 23: pl.1, 6e.12and' plan, fe 7Æ6 


Habitat. — Poulo Pinang. 


VII. Genre HELICARION de Férussac. 


8. Helicarion permolle Stoliczka. 


Helicarion permolle Stol. Journ. As. Soc. Bengal, 1873, vol. XLII, 
part. Il,-p. 18, pl. 1, fig. 11, pl. 1, 21-23. 


Habitat. — Collines de P. Pinang, à environ 200 mètres d’alti- 
tude, au milieu des détritus végétaux, très rare (Stoliczka). 


9. Helicarion Lowi de Morgan. 
PINS TES: 


Helicarion testa dextrorsa, tenui, fragilissimi, translucida, 
cϾrulea, subglobulosa, 4 anfractibus composita, ornata striis 
tenuissimis paralleliter lineis ætatis et lineis parvulis muricatim 
retortis, paulum umbilicata: apertura lata, elliptica, ante ultimo 
anfracta largiter incisa, peristomate recto, labro columellari 
reflexo ad umbilicum. 

Coquille. — Dextre, mince, très fragile et transparente, subglo- 
buleuse, composée de 4 tours de spire, ornée de stries très con- 
fuses suivant l’enroulement de la coquille; ombilic très étroit ; 
ouverture très grande, elliptique, largement échancrée par l’avant- 
dernier tour, péristome droit, très columellaire, réfléchi vers 
l'ombilic. 

Dimensions. — Hauteur, 16"" ; largeur maxima, 32%m: longueur 
de l’ouverture, 22"; largeur de l’ouverture, 18", 


374 J. DE MORGAN 


Couleur. — Cette coquille est parfaitement transparente, sa co- 
loration est d’un beau vert jaune. 

Habitat. — Je n'ai rencontré qu'un seul exemplaire de cette 
superbe espèce près du sommet du mont Kerbou, vers 2200 mètres 
d'altitude au-dessus du niveau de la mer. 

Observations. — Je dédie cette espèce à sir Hugh Low, le savant 
botaniste qui est aujourd’hui résident du gouvernement anglais 
dans le royaume de Pérak. 

Par sa grande taille cette espèce ne peut être confondue avec 
aucune autre. 


VIII. Genre PARYPHANTA Albers. 


10. Paryphanta Ophiria Pfeiffer. 


Vitrina heliciformis Pfr. Proc. Zool. Soc. Lond., 1854, p, 296. 
Helix Ophiria Pfr. Proc. Zool. Soc. Lond., 1856, p. 326. 


Habitat. — Mont-Ophir (presqu'île Malaise). 


IX. Genre MICROCYSTIS Beck. 


11. Microcystis palmicola Stoliczka. 


Heliæ (Microcystis) palmicola Stoliczka. Journ. Soc. As. Bengal, 
vol. XD part 2/n°%p. 18/pl 1466101873; 


Habitat. — Poulo Pinang. 


X. Genre XESTA Albers. 


12. Xesta Malaouyi de Morgan 
PINS 


Xesta testa læviter complanata, modice umbilicata, lineis or- 
nata paralleliter striis ætatis, 5-6 anfractibus composita, haud 
carinata etiam in prima ætate, sutura lineata ; cœrulea, crocea 
facia ornala, apertura obliqua, elliptica, ante ullimo anfractu lar- 
giler incisa; peristoma reclo, tenui et acuto, labro columellari 
angusto. 

Coquille. — Senestre légèrement aplatie, très médiocrement o1n- 
biliquée, ornée de siries parallèles aux lignes de croissance assez 
fortement accusées, spires formée de 5 à 6 tours arrondis sans 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 375 


trace de carène, même chez l'individu très jeune. Suture linéaire, 
accompagnée d’un sillon très peu profond ; ouverture oblique, 
elliptique, largement échancrée par l’avant-dernier tour de spire; 
péristome droit, mince et tranchant; bord columellaire très court. 

Dimensions. — Largeur, 42"; hauteur du cône spiral 13"; hau- 
teur totale, 24"; longueur del’ouverture, 21": largeur de l’ouver- 
ture HO 

Couleur. — Cette coquille pos:ède vers le sommet une teinte 
brune-rouge qui passe insensiblement au vert foncé quand on 
arrive aux derniers tours de spire. Ces tours sont eux-mêmes or- 
nés à la périphérie d’une large bande jaune d’or, la surface infé- 
rieure de la coquille est verdâtre, tandis que l’ombilic est vert 
olive; la surface interne est blanche ou bleuâtre. Cette coquille 
est couverte d’un épiderme très mince, un peu luisant et ver- 
dâtre. 

Habitat. — Je ne connais que deux exemplaires de cette belle 
espèce, ils viennent tous deux des contreforts du Mont Kerbou, à 
1800 mètres environ d’aîttitude. 

Observations. — Je nomme cette espèce Hélice de Malaouy, en 
souvenir de mon secrétaire malais Malaouy qui a trouvé le pre- 
mier exemplaire de cette espèce. 


X. Genre MACROCHLAMYS Reeve. 


13. Macrochlamys malaccana Pfeiffer. 


Helix malaccana Pfr. Proc. Zool. Soc., 1854, p. 147. 
— — Reeve. Conch. ic., n° 1373, t. GVC. 
Nanina malaccana (Xesta) Pfr., Monog. Helic. vol. IV, p. 45. 


Habitat. — Kédah (Siam), Malacca. 


14. Macrochlamys Stephoides Stoliczka. 


Helix (Macrochlamys) stephoides Stol. Journ. As. Soc. Bengal, 
vol. XLII, part. IL, p. 17, pl. 1, fig. 9; pl. n, fig. 19-20, 1873. 

Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka). J'ai rencontré cette es- 
pèce dans la partie supérieure de la vallée de Kinta, elle vit dans 
les grandes herbes dans les lieux humides. 


376 J. DE MORGAN 


15. Macrochlamys pataniensis de Morgan. 
PEN Ge: 


Macrochlamys testa dextrorsa, complanata translucida, cornea, 
vix umbilicata, læviter striata, carinata usque ad aperturam, 5 an- 
fractibus composita, parte superiori anfractibus complanatis et 
parte inferiori rotundatis; sutura lineata, facile apparenti, aper- 
tura obliqua, elliptica, ante ultimo anfractu largiter incisa, labro 
recto et tenui. 

Coquille. — Dextre, aplatie, très peu ombiliquée, très finement 
striée suivant des parallèles aux lignes de croissance, carénée, 
carène se prolongeant jusqu’à l'ouverture, spire formée de 5 tours 
aplatis à la partie supérieure et renflés à la base. Suture des 
tours linéaire, bien nettement marquée; ouverture oblique, ovale, 
très fortement échancrée par l’avant-dernier tour; péristome 
droit et aminci. 

Dimensions. — Largeur, 13"; hauteur du cône spiral au-dessus 
de la carène, 2m; hauteur totale, 7°"; longueur de l’ouver- 
ture, DPnD. 


Couleur. — Cette coquille est translucide, d’un blond corné 
régulièrement réparti sur tout le test. 
Habitat. — Je n'ai rencontré qu’un seul exemplaire de cette 


espèce, il vivait au pied d’un arbre, parmi les feuilles mortes, sur 
le versant méridional de la colline Naxa dans le district de Rha- 
man, royaume de Patani. 

Rapports et différences. — Cette espèce est par sa forme très voi- 
sine de l'A. Sakaya, mais elle s’en distingue par sa taille, par sa 
grande fragilité et sa coloration. L'ouverture dans l'A. pataniensis 
est presqu'aussi longue que large, tandis que celle de l'Æ. Sakaya 
est beaucoup plus longue. L’ÆZ. Pataniensis présente un péris- 
tome droit, tandis que l'Z. Sukaya en possède un légèrement ré- 
fléchi et garni d'un léger bourrelet. 


16. Macrochlamys Hätchongi de Morgan. 
PL VE 


Macrochlamys testa dextrorsa, globulosa albida, lævigata ful- 
genteque, translucida, et fragilissima, 5 anfractibus composita; 
oplime convoluta, ultimo anfractu largiori quam pæne ultimum, 
minulissima, perforata; apertura recta, elliptica, anle ultimo an- 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK STE 


fractu largiter incisa; peristomate recto et tenui, labro columel- 
lari ad perforationem reflexo. 

Coquille. — Dextre, globuleuse, lisse, brillante, transparente et 
très fragile, composée de 5 tours de spire à enroulement très ré- 
gulier, dernier tour de spire beaucoup plus développé que l’avant- 
dernier; stries d’accroissement très fines, suture des tours linéaire, 
perforation très petite; ouverture droite, elliptique, largement 
échancrée par l'avant-dernier tour de spire,; péristome droit et 
tranchant, bord columellaire réfléchi vers la perforation. 

Dimensions. — Largeur, 10""; hauteur totale, 7%: hauteur du 
cône spiral, 1°" ; largeur de l'ouverture, 5""; longueur de l’ouver- 
lure None: 

Couleur. — Blonde cornée. 

Habitat. — Dans la jungle basse, entre Lahat et Ipoh (Kinta). 

Observations. — Cette espèce a été trouvée pour la première 
fois par mon domestique chinois Hä-Tchong. 


17. Machrochlamys lousoufi de Morgan. 
PNA OT 


Macrochlamys testa dextrorsa, semiglobulosa, cornea, lævigata 
fulgenteque, translucida, fragili, perforata, 6 anfractibus compo- 
sita; cono spirali ad planum fere reducto, suiura lineata, optime 
convoluta; apertura læviter obliqua, elliptica, ante ultimo an- 
fractu largiter incisa; peristomate recto et acuto. 

Coquille. — Dextre, semi-globuleuse, lisse et brillante, trans- 
lucide, fragile, perforée, composée de 5 tours de spire, cone spi- 
ral très aplati, suture des tours linéaire bien marquée, enroule- 
ment très régulier, ouverture légèrement oblique, elliptique, 
largement échancrée par l’avant-dernier tour de spire, péristome 
droit et coupant. 

Dimensions. — Largeur, 9": hauteur du cône spiral, 0,5""; hau- 
teur totale, 5": longueur de l'ouverture, 4,5""; longueur de l’ou- 
verture, 4,952, 

Couleur. — Blonde cornée. 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans les jardins malais 
des environs d'Ipoh (Kinta). 

Observations. — Je dédie cette espèce au Radjah Ilousouf 
d'Ipob. 


378 J. DE MORGAN 


18. Macrochlamys Bartoni de Morgan. 
PIAV, °fip:rs: 


Macrochlamys testa dextrorsa, alba cornea, semiglobulosa, 
perforata, lævigata, 5 anfractibus composita; cono spirali ad pla- 
num fere reducto; sutura lineata, apertura recta, semicirculari, 
ante ultimo anfractu largissime incisa ; peristomate recto et acuto. 

Coquille. — Dextre, semi globuleuse, composée de 5 tours de 
spire, perforée, lisse; cone spiral très aplati, suture des tours 
linéaire, ouverture droite demi circulaire largement échancrée par 
l’avant-dernier tour de spire, péristome droit et tranchant. 

Dimensions. — Largeur, 5,5%"; hauteur, 4m, 

Couleur. — Coquille brune, transparente. 

Habitat. — Je n'ai rencontré qu’un seul exemplaire de cette 
espèce au milieu des roches du mont Tchüra (Kinta). 


XI. Genre ROTULARIA Môrch. 


19. Rotularia bijuga Stoliczka. 


Rotula bjuga Stol. Journ. As. Soc. Beng., vol. XLII, part. 2, 
p. 14, pl. 1, fig. 4-7 et pl. n, fig. 16-18, 1873. 


Habitat. — Boukit Pondong (Pérak), d’après le D' E. Townsend, 
Poulo Pinang d’après Stoliczka. 

Observations. — Espèce voisine du AN. anceps de Birmanie et 
des N. éndica et N. Shiplayi de l'Inde (Crosse). 


XII. Genre HEMIPLECTA Albers. 


20. Hemiplecta Humphreysi Lea. 
Helix humphreysiana Lea. I, 43, Chemn., t. XXXi, fig. 34. 


Habitat. — Pondichery, Sumatra, Singapore. 
21. Æemiplecta Chevalieri Souleyet. 
Helix Chevalieri Soul. I, 120. V. Bonite, t. XX VIII, fig. 24-26. 


ITabitat. — Singapore (Pfr.). 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 379 


22. Hemiplecta Leechi de Morgan. 
dEite ARTE 


Hemiplecta testa dextrorsa cornea, translucida, ad aperturam 
albida, subglobulosa, vix umbilicata 5-6 anfractibus composita, 
paralleliter lineis ætatis ornata eostis lævissimis in extremis 
anfractibus et crassioribus in primis; sutura lineata, apertura 
obliqua, elliptica, ante ultimo anfractu largiter incisa; peristo- 
mate recto; labro columellari læviter ad umbilicum reflexo. 

Coquille. — Dextre, subglobuleuse, à peine ombiliquée, compo- 
sée de 5 à 6 tours de spire, ornée parallèlement aux lignes 
d’accroissement de stries très fines, plus fortes à la partie supé- 
rieure des tours qu'à la base; suture linéaire très marquée ; ou- 
verture ovale oblique, largement échancrée par l’avant-dernier 
tour de spire; péristome légèrement réfléchi vers l’ombilic. Dans 
son jeune âge cette coquille est assez fortement carénée, mais 
elle cesse de l'être à l’état adulte. 

Dimensions. — Largeur, 26"; hauteur du conespiral, 8m"; hau- 
teur totale, 16nn; longueur de l’ouverture, 13""; largeur de l’ou- 
verture, 11m, 

Couleur. — Cette coquille est d’un brun corné à la partie supé- 
rieure, blanche à la base et principalement à l’ombilic et jaune 
aux environs du bord externe. Elle est translucide et souvent 
même très transparente. Son ouverture est de couleur variable, 
blanche chez quelques individus, elle devient rose ou violette 
chez d’autres. 

Habitat. — Cette espèce est très abondante dans tout le royaume 
de Pérak. 

Observations. — Je dédie cette espèce à M. Leech, magistrat à 
Kota Bahrou (Kinta), en remerciement de l'assistance qu'il a bien 
voulu me donner lors de mon voyage dans l’intérieur de la pénin- 
sule. 

Rapports et différences. — Cette espèce est l’intermédiaire entre 
l'A, Crossei (Pfr.) et l'A. Weinkauffi (Grosse), peut-être même ces 
trois espèces seront-elles réunies plus tard quand on aura re- 
cueilli les matériaux suffisants pour former une série bien com- 
plète. Ces trois formes ne seraient alors que des variétés élevées 
ou aplaties de la même espèce. 


380 J. DE MORGAN 


XII. Genre OXYTES Pfeiffer. 


23. Oxytes cymatium Benson. 


Helix cymatium Bens. IV, 109, Pfr. Novit. conch., I, t. XVII, 
fig. 1-2. 


Habitat. — Malacca, Poulo Pinang. 


24. Oxytes amphidroma Martens. 
Helix amphidromus Mart. Ost. t. IT, fig. 2-5. 


Habitat. — Java, Sumatra, presqu'île Malaise (Pfr). 


25. Oxytes Sakaya de Morgan. 
PLUNT ie. te 


Oxytes testa dextrorsa, complanala, rutilanti, parum ombili- 
cata, maxime carinata, 5-6 anfractibus composita, parte supe- 
riori anfractibus complanatis et parte inferiori rotundatis ; carena 
usque ad aperturam prolata, tenuissimis lineis paralleliter striis 
ætatis et parvulis costis spiraliter positis ornata; apertura obli- 
qua, elliptica, ante ultimo anfractu largiter incisa, ad umbilicum 
depressa; peristomate recto; labro columellari ad umbilicum 
reflexo. 

Coquille. — Aplatie, dextre, ombiliquée, fortement carénée, 
composée de 5 à 6 tours de spire aplatis à la partie supérieure, et 
renflés à la partie inférieure. Carène se prolongeant jusqu’à l'ou- 
verture, tours de spires ornés de lignes très fines parallèles à 
l'accroissement de la coquille et de stries longitudinales qui vien- 
nent couper normalement les lignes d'accroissement. Ce double 
système d’ornementalion n'existe que sur la partie supérieure des 
tours, la base n'étant plus ornée que parallèlement aux lignes 
d'accroissement. Ouverture oblique, située dans un plan gauche, 
elliptique, largement échancrée par l’avant-dernier tour de spire, 
déprimée vers l’ombilic, péristome droit, bord columellaire ré- 
fléchi vers l'ombilic. 

Dimensions. — Largeur, 38nm; hauteur du cone spiral, 10°"; 
hauteur totale, 27mm; longueur de l'ouverture, 18mm; largeur de 
l'ouverture, 13mn, 

Couleur, — Cette coquille est brune à sa partie supérieure et 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 381 


aux environs de la carène, elle est blanche vers l’ombilic et est 
sur toute sa surface recouverte d'un épiderme jaune, son péris- 
tome est blanc et sa surface interne possède une teinte violacée. 
Coquille translucide. 

Habitat. — J'ai rencontré cette belle espèce au pied d’un arbre 
au milieu des feuilles mortes, sur le contrefort du mont Kerbou, 
à 1200 mètres environ d'altitude. 

Observations. — J'ai donné à cette espèce le nom d'Hélice Sa- 
kaye en souvenir des peuples sauvages (Négritos) qui habitent 
l'intérieur de la péninsule Malaise et plus spécialement les vallées 
du massif du mont Kerbou (royaume de Pérak). 

Rapports et différences. — Cette espèce est voisine de l'A. Kin- 
tana (v. à la description de cette espèce le paragraphe Rapports et 
différences), elle ressemble aussi beaucoup à l'A. Cimatium, mais 
elle présente un cône spiral moins haut et son ombilic bien plus 
petit ne laisse pas voir la face inférieure des tours de spire. 


XIV. Genre ARIOPHANTA Desmarest. 


26. Ariophanta Kintana de Morgan. 
PLANETE 


Ariophanta testa sinistrorsa, translucida, rutilanti, complanata, 
perforata, læviter striata, maxime carinata usque ad aperturam ; 
6-8 anfractibus composita, parte superiori anfractibus compla- 
natis parte inferiori rotundatis; sutura lineata; apertura obliqua, 
elliptica ante ultimo anfractu, largiter incisa; peristomate læviter 
reflexo, labro columellari ad perforationem reflexo 

Coquille. — Senestre, aplatie, perforée, finement striée, très 
fortement carénée, carène se prolongeant jusqu’à l'ouverture, 
spire formée de 6 à 8 tours aplatis à la partie supérieure et très 
renflés à la partie inférieure, suture linéaire bien marquée. Ou- 
verture oblique, ovale, largement écchancrée par l’avant-dernier 
tour de spire. Péristome légèrement évasé orné d'un petit bour- 
relet saillant en dehors, bord columellaire réfléchi vers le centre. 

Dimensions. — Largeur, 30mn; hauteur du cone spiral, 5"m; hau- 
teur totale, 14": longueur de l'ouverture, 15""; largeur de l’ou- 
verture, 11m, 

Couleur. — Cette coquille est d'un brun corné rougeâtre, elle 
est translucide dans toutes ses parties, le bord columellaire est 
opaque et blanc. 


382 J. DE MORGAN 


Habitat. — Cette espèce est abondante dans la péninsule Ma- 
laise, je l'ai rencontrée dans les vallées des rivières Kinta, Pluss 
et Piah. Mais elle semble plus commune dans les environs d’Ipoh 
que partout ailleurs. Elle vit sur les feuilles mortes dans la forêt 
et dans les herbes aux environs des villages malais. 


Observations. — Étymologie, Kinta district du royaume de 
Pérak. 
Rapports et différences. — Cette espèce est très voisine de l'A. 


Janus et de l'A. Lindstedti, elle s’en distingue par sa forme beau- 
coup plus écrasée et par la nature de sa suture. 


27. Ariophanta Lahatensis de Morgan. 
PV nent 


Ariophanta testa sinistrorsa, complanata translucida, cornea 
læviter umbilicata, parum striata, maxime carinata, usque ad 
aperturam, 4-5 anfractibus composita parte superiori anfractibus 
complanatis et parte inferiori rotundatis; sutura lineata vix appa- 
renti; apertura maxima, obliqua, pene rotundata, ante ultimo 
anfractu largiter incisa; peristomate recto et tenui; labro colu- 
mellari læviter ad umbilicum reflexo. 

Coquille. — Senestre, aplatie, très légèrement ombiliquée, fine- 
ment striée, très fortement carénée, carène se prolongeant jus- 
qu'à l'ouverture. Tours de spire au nombre de 4 à 5 très aplatis 
à la partie supérieure et renflés à la partie inférieure, suture 
peu marquée, cone spiral très aplati, ouverture très grande, 
oblique presque ronde, très largement échancrée par l'avant- 
dernier tour, péristome droit et aminci, bord columellaire légè- 
rement réfléchi vers l’ombilic. 

Dimensions. — Largeur, 25%: hauteur totale, 14%; hauteur du 
cone spiral au-dessus de la carène, 10"; diamètre de l'ouverture, 
Age 

Couleur. — Cette espèce est entièrement blonde, transparente 
et vitreuse. 

Habitat. — J'ai rencontré cette coquille au milieu des feuilles 
mortes au pied d’un arbre dans la forêt située entre Lahat et Ipoh. 
Les trois spécimens que je possède proviennent de la même loca- 
lité, cette espèce semble être rare. 

Observations. — Lahat, nom de localité, petite mine d’étain de 
la vallée de Kinta, royaume de Pérak. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 383 


Cette espèce appartient à un groupe d'Hélicéens qui se rencontre 
principalement dans le nord de l'Hindoustan. 


28. Ariophanta Lindstedti Pfeiffer. 
Helix Lindstedti Pfr. Proc. Zool. Soc., 1856, p. 387. 


Habitat. — Malacca. 


XV. Genre TROCHOMORPHA Albers. 


29. Trochomorpha Timorensis Martens. 


Trochomorpha Timorensis Martens. Preuss. Ost. Asiat. Expéd., 
1867, II, p. 248. 

Trochomorpha Timorensis Stol. Journ. As. Soc. Bengal, 1873, 
MOREL D 22 pl rte 11 pln fie. 10-19: 


Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka). 
Je n'ai rencontré qu'un seul exemplaire de cette espèce dans 
la fente d’un rocher au G. Tchôra, près Ipoh (Kinta). 


30. Trochomorpha castra Benson. 
IHelix castra Benson. Ann. and Mag., 2 ser., X, 1852. 


Habitat. — P. Pinang (Stoliczka), Dardjiling, Himalaya (Benson). 


XVI. Genre PETASIA Beck. 


31. Petasia Bouryi de Morgan. 
PEN HS 


Petasia testa dextrorsa, alba, parvula, turbinata, lævigata, pau- 
lulum umbilicata ; 5-6 anfractibus composita; sutura lineata ap- 
parenti; basi læviter complanata; apertura elliptica, ante ultimo 
anfractu largiter incisa; peristomate leviter reflexo; labro colu- 
mellari ad umbilicum inflexo. 

Coquille. — Dextre, très petite, conique, lisse, ombilic très 
petit, spire formée de cinq à six tours arrondis, sans carène ; su- 
ture des tours linéaire très distincte, base légèrement aplatie, 
ouverture elliptique, très largement échancrée par l’avant-der- 
nier tour de spire, péristome légèrement évasé, bord columellaire 
réfléchi vers l’ombilic. 

Dimensions. — Hauteur, 3"; largeur, 3", 

Couleur. — Inconnue. Les deux individus que je possède ayant 


334 J. DE MORGAN 


été recueillis mort, l’un d'eux présente une coloration légèrement 
brunâtre. 

Habitat. — Je n'ai rencontré que deux exemplaires morts de 
cette curieuse petite espèce, ils étaient dans une fente de rocher 
au mont Tchôüra (Kinta). 


XVII. Genre SITALA H. et À. Adams. 


32. Sitala carinifera Stoliczka. 


Sitala carinifera Stol. Journ. As. Soc. Bengal, 1873, vol. XLII, 
part. 2 D. 16, Die, 118.10. 


Habitat. — Espèce très rare. Un seul exemplaire a été ren- 
contré par Stoliczka à P. Pinang sur les feuilles d’un Coffea ara- 
bica sur la montagne. 


XVIII. Genre FRUTICICOLA Heldr. 


33. Fruticicola penangensis Stoliczka. 


Trachia jenangensis Stol.Journ. As. Soc. Bengal, 1873, vol. 
XLII, pl. m1, fig. 1, and 18-20. 


Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka). 

Cette espèce est très abondante dans tout le royaume de Pérak. 
Je l’ai rencontrée en grand nombre dans la province Wellesley, 
la vallée de Kinta, elle vit dans les broussailles et les rizières 
sèches. 


34. Fruticicola similaris de Férussac. 
Helix similaris Fer. Tab. XLVII, m. 262, t. XXV, B, fig. 1-4, 
HRNIL JA io A0: 


Habitat. — J'ai rencontré cette espèce à Poulo Pinang et à Sin- 
gapore où elle est d’ailleurs peu commune. I. Rodriquez (Pætel). 
Java (Mousson). 


XIX. Genre PHILIDORA de Morgan (l). 


35. Philidora Wrayi de Morgan. 
P1. VL' ous. 


Philidora testa dextrorsa, complanata, albo cærulea, paulum um- 


(1) Je suis obligé de changer le nom générique Philina d'Albers à cause de la 
préexistence du genre Philine Ascanius, 1762, 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 38) 


bilicata, striata, maxime carinata, 5 anfractibus composita; costis 
parallelis striis ætatis ornata, parte superiori anfractuum compla- 
nala, inferiori rotundata; sutura lineata, maxime distincta; aper- 
tura obliqua, elliptica, irregulari, ante ultimo anfractu incisa ; 
peristomalte reflexo. 

Coquille. — Dextre, aplatie, munie d’un ombilic assez petit, très 
carénée, ornée de fortes côtes parallèles aux lignes d’accroisse- 
ment, composée de 5 tours de spire, très aplatis à la partie supé- 
rieure et renflés à la partie inférieure. Cone spiral très aplati, ou- 
verture oblique ovale irrégulière, échancrée par l’avant-dernier 
tour de spire, péristome réfléchi. 

Dimensions. — Hauteur, 6"; largeur, 15"; longueur de l’ouver- 
ture, ann. 

Habitat. — Lahat, Ipoh, haute vallée de la riv. Kinta (Pérak). 
Cette espèce est assez rare. 

Rapports et différences. — Par sa forme écrasée, la petitesse de 
son ombilic, l’importance de ses côtes et la forme allongée de son 
ouverture, cette espèce se sépare facilement de la précédente. 


36. Philidora Hardouini de Morgan. 
PLAN euro 


Philidoratesta dextrorsa,complanata translucida, cornea, ampli- 
ter umbilicata ita ut facies inferior omnium anfractuum apparens 
sit, parum striata, maxime carinata usque ad aperturam: 5-6 an- 
fractibus composita, parte superiori anfractibus complanatis et 
parte inferiori rotundatis ; sutura lineata parum distincta; aper- 
tura obliqua, elliptica, irregulari, ante ultimo anfractu parum 
incisa; peristomate reflexo. 

Coquille. — Dextre, aplatie, fortement ombiliquée, ce qui permet 
de voir dans l’ombilic la partie inférieure de tous les tours de 
spire, finement striée et très fortement carénée. Carène se pro- 
longeant jusqu’à l'ouverture. Tours de spire au nombre de 5 à 6, 
très aplatis à la partie supérieure, renflés à la partie inférieure, 
suture des tours de spire à peine distincte; ouverture oblique, 
ovale, irrégulière, légèrement échancrée par l’avant-dernier tour 
de spire, péristome évasé. 

Dimensions. — Largeur, 179%; hauteur totale, 8; hauteur du 
cone spiral au-dessus de la carène, 0mm5; longueur de l'ouverture, 
&nn: largeur de l’ouverture, 5mm, 


386 J. DE MORGAN 


Couleur. — Cette coquille est d’un brun corné, l'ouverture étant 
un peu plus claire que le reste du test. 

Habitat. — Assez commune dans la forêt, dans les parties hu- 
mides, cette coquille se rencontre dans la vallée de Kinta, entre 
Lahat et Ipoh. 

Considérations. — Je dédie cette espèce à mon camarade de voyage 
et ami M. Émile Hardouin. 


XX. Genre PLANISPIRA Beck. 


37. Planispira breviseta Pfeiffer. 
Helix breviseta Pfr. Monog. Hel., vol. VII, p. 144, 1876. 
Planispira breviseta Cross. Journ. Conch., 3° sér., t. XIX, n° 4, 
p. 336, 1876. 


Habitat. — Boukit-Poudong (Pérak), d'après le D' Townsend; 
Siam (Crosse). 


XXI. Genre GEOTROCHUS Martens. 
38. Geotrochus perakensis Crosse. 


Geotrochus perakensis Grosse. Journ. Conch., vol. XXVII, p. 199, 
pl. vu, fig. 4, 1879. 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans toute la vallée de 
Kinta, mais principalement aux environs de Penkalan-Pégou et 
de Gôping elle est très abondante. Crosse la cite de Pérak dans le 
Journal de Conchyliologie. 


XXII. Genre AMPHIDROMUS Albers. 


39. Amphidromus perversus Linné. 
Helix perversa Linné. Syst. nat., Ed. X, p. 772, n° 601. 
(Bulimus) Amphidromus perversus Crosse. Journ. Conch., 3° sér., 
t. XIX, n° 4, p. 337. 


Habitat. — Pérak (D° Townsend), Siam (Bo de Richtofen), Co- 
chinchine française, Saïgon, Poulo Condor (Michau), Singapore 
(J. Irwing); Birmanie, Java, Moluques (Crosse), Sumatra. 

J'ai rencontré celle espèce sur toute l'étendue des terriloires 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 387 


de Pérak et de Patani. Elle habite la plaine comme la montagne, 
mais semble cesser à une altitude de 1500 mètres. 

Observations. — Cette coquille est tantôt dextre, tantôt senestre, 
elle est très souvent blanche, tandis que fréquemment aussi j'ai 
rencontré la variété jaune (A. perv., var. citrinus). 


40. Amphidromus melanomma Pfeiffer. 
Amphidromus melanomma Pfr. Monogr. Hel. viv., III, 310, 1853. 


Habitat. — Singapore, Bornéo (Pfr.). J'ai rencontré cette espèce 
au Gounong Tchôüra et au G. Tchéhèl (Pérak). 


41. Amphidromus Chloris Reeve. 
Bulimus Chloris Reeve. Conch. icon., n° 233. 


Habitat. — Cette espèce se rencontre en assez grande abon- 
dance dans la plaine de Larout et dans la vallée de Kinta, elle vit 
sur les mousses dans la petite jungle. 

Iles de l'Est (Reeve). 


42. Amphidromus Lindstedti Pfeiffer. 
Bulimus Lindstedti Pfr. Proc. zool. Soc., 1856, p. 388. 


Habitat. — Malacca. 

43. Amphidromus mundus Pfeiffer. 
Bulimus mundus Pfr. Zeitschr. f. Malak., 1853, p. 57. 
Habitat. — Singapore (Grüner), Bornéo (Cuming). 


44. Amphidromus polymorphus Tap. Canefri. 


Bulimus polymorphus Tap. Can. Malæ viaggio Mag.,t. I, fig. 4 
à 6. 


Habitat. Singapore. 


45. Amphidromus inversus Müller. 
Helix inversa Müll. III, 318; IV, 317; VI, 24; VIII, 39. 
Helix inversa Chemn., t. VI, fig. 1 et 2. 


Habitat. — Malacca, Singapore, Siam, Cambodge. 


388 J. DE MORGAN 


XXIII. Genre GAEOTIS Shuttleworth. 


46. Gaeotis Douvillei de Morgan. 
PLMIIT, Sy, 9. 


Gaeotis testa unguliformi, complanata, translucida, cornea, 
fragilissima, 2 hemi-anfractibus composita, ultimo anfractu 
maxime extenso, lineis ætatis tenuissimis ornata. 

Animal. — Limaciforme allongé, d’un brun clair, orné de chaque 
côté de deux bandes longitudinales noires. 

Coquille. — Unguiliforme, aplatie, fragile, très mince, transpa- 
rente, composée de deux demi-tours de spire, la partie inférieure 
manquant, le dernier est très grand, stries d'accroissement très 
fines. 

Dimensions. — Longueur. 9"; largeur, 5""5. 

Couleur. — Vert-jaune très clair. 

Habitat. — J'ai rencontré un individu de cette espèce sur le 
sommet du mont Tchabang, au milieu des Rhododendrons à 
1677" d'altitude. 


XXIV. Genre STENOGYRA Shuttleworth. 


47. Stenogyra Tchehelensis de Morgan. 
PLWE Ge. 7; 


Stenogyra testa fragili, translucida, elongata, paulum obesa, 
fusiformi, imperforata, ad acutum obtusa; 8-10 anfractibus com- 
posita, striis tenuissimis paralleliter lineis ætatis ornata, anfrac- 
tibus regulariter convolutis, sed largioribus in media testa quam 
in ultimis anfractibus; sutura lineata ; apertura obliqua, elliptica ; 
peristomate recto et acuto. 

Coquille. — Fragile, transparente, allongée. un peu obèse, fu- 
siforme. imperforée, obtuse au sommet, composée de 8 à 10 tours 
de spire ornée de stries très fines parallèles aux stries d'accrois- 
sement; tours de spire assez régulièrement enrolés mais beaucoup 
plus large vers le milieu de la coquille qu'aux environs de l'ou- 
verture, suture linéaire très marquèe, ouverture oblique, ovale, 
péristome simple et tranchant. 

Dimensions. — Longueur, 23""; épaisseur maxima, ÿ""; Jon- 
ueur de l'ouverture, 6nm; largeur de l'ouverture, 3mn, 


«r 
gl 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 389 


Couleur. — Cette coquille est d’un brun corné, uniforme. 

Habitat.— J'ai rencontré cette espèce en très grande abondance 
sur le G. Tchéhèl (vallée de la riv. Pluss); elle vit sur les feuilles 
mortes et dans la mousse à une altitude d’environ 300 mètres; son 
développement est particulièrement favorisé dans cette localité 
par l’affleurement d’un filon de calcite très puissant, sur lequel 
elle trouve le carbonate de chaux nécessaire à la formation de sa 


coquille. 


48. Stenogyra Swettenhami de Morgan. 
PI. VI, fig. 6. 


Stenogyra testa subulata, elongata, fusca, cornea, ad acutum 
obtusa ; 12-14 anfractibus composita, optime convoluta, tenuissi- 
mis lineis paralleliter striis ætatis ornata; sutura lineata, apertura 
obliqua, elliptica; peristomate recto et acuto, labro columellari 
reflexo. 

Coquille. — Subulée, allongée, obtuse au sommet, composée de 
12 à 13 tours de spire très régulièrement enroulés et ornés de 
petites stries parallèles aux lignes de croissance, suture des tours 
linéaire et très marquée, la suture recouvre une carène très 
peu saillante du tour précédent; ouverture ovale, oblique par 
rapport à l’axe, péristome droit et tranchant, bord columellaire 
réfléchi. 

Dimensions. — Longueur, 29%"; épaisseur maxima, 5""; lon- 
gueur de l'ouverture, 6"; largeur de l'ouverture, 3", 

Couleur, — Inconnue. 

Œuf? — Sphérique, calcaire, de 1/2"" de diamètre. 


Habitat. — Dans les fentes des rochers au G. Tchôra, près 
d’Ipoh (Kinta). 
Observations. — Je n'ai jamais rencontré que des individus 


morts de cette belle espèce et c’est en les nettoyant que j'ai trouvé 
les œufs, bien qu'il n’y ait pas certitude que ces œufs appartien- 
nent à cette espèce, je crois intéressant de les citer. 

Rapports et différences. — Cette espèce se distingue du Séenogyra 
Tchehelensis par sa forme cylindrique et par l'existence d’une 
carène à la partie inférieure du tour de spire. 


49. Stenogyra gracilis Hutton. 
Bulimus gracilis Hutton. Journ. As. Soc. Beng., III, p. 84. 


390 J. DE MORGAN 


Stenogira gracilis Stoliczka. Journ. As. Soc. Bengal, 1873, 
v. XLIIL. 


Habitat. — Hindoustan, Seychelles, Sumatra, Java, Siam, Bir- 
manie. Pégou. J’ai rencontré cette espèce à P. Pinang sous les 
Cocotiers, partout elle est très abondante. 


XXV. Genre RHODINA de Morgan. 


Genus Rhodina, testa dextrorsa, cylindracea, striata, plurimis 
anfractibus, acuto obtusa, ultimo anfractu largissimo; apertura 
triangulata; labro columellari spirali, reflexo eminentissimo; 
peristomate continuo. 

Coquille. — Dextre, cylindracée, striée, tours de spire nom- 
breux; sommet obtus; dernier tour subcaréné, plus grand que 
l’avant-dernier; ouverture triangulaire; bord columellaire des 
spires réfléchi et très saillant; péristome continu. 

Rapports et différences. — Ce genre voisin du genre Rhodea s’en 
distingue par la nature de son ouverture qui est disposée en 
cornet et par le manque de carène saillante sur les tours de spire. 


50. Rhodina Perakensis de Morgan. 
PIN ASE 


Rhodina testa cylindracea, subulata, fragili, fusca, cornea, 
10 anfractibus composita, regulariter convoluta, striis ætatis irre- 
gulariter positis et maxime apparentibus ornata; sutura lineata 
et manifeste; apertura triangulata, obliqua; peristomate recto et 
acuto ; labro columellari reflexo. 

Coquille. — Cylindracée, subulée, fragile, composée de 10 tours 
de spire dont la largeur croît avec une grande régularité; stries 
d’accroissement très marquées et irrégulières; suture des tours 
de spire linéaire et très fortement marquée: ouverture triangu- 
laire occupant un plan oblique à l’axe et formant avec ce dernier 
un angle d'environ 30°; péristome droit et mince; bord columel- 
laire très réfléchi. 

Dimensions. — Longueur, 25%"; diamètre moyen, 3""5; diamètre 
du dernier tour, 45 ; longueur de l'ouverture, 5"; largeur, 3". 

Couleur. Jaune corné. 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans les feuilles mortes 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 391 


amassées entre les blocs calcaires au mont Tchôüra, près d’Ipoh 
(Kinta). ! 
Observation. — Un seul exemplaire. 


XXVI. Genre SCOPELOPHILA Albers. 


51. Scopelophila palmira Stoliczka. 


Pupa (Scopelophila) palmira Stol. Journ. As. Soc. Bengal, vol. 
XL parti onv 4 Den He 


Habitat. — Poulo Pinang et la Province Wellesley. 


XXVII. Genre PUPISOMA Stoliczka. 


52. Pupisoma orcella Stoliczka. 


Pupa (Pupisoma) orcella Stol. Journ. As. Soc. Bengal, vol, XLII, 
part I, n° 1, p. 33, pl. n, fig. 2, 1873. 


Habitat. — Poulo Pinang. 


XXVIII. Genre PHÆDUSA H. et A. Adams. 


53. Phædusa filicostata Stoliczka. 
Clausilia (Phœdusa) filicostata Stol. Journ. As. Soc. Bengal, vol. 


XLII, part IL, p. 28, pl. m1, fig. 7-8, 1873. 
Var. 8 tenuicostata G. Neville, Jand-list of Mollusca, p. 183, 1878. 


Habitat. — P. Pinang (Stoliczka), Boukit Pondong (Pérak), 
(Dr E. Townsend), Singapore. 


54. Phæœdusa penangensis Stoliczka. 


Clausilia (Phœdusa) penangensis Stoliczka. Journ. As. Soc. Ben- 
gal, vol. XLII, part Il, p. 27, pl. n, fig. 4-6 and 15-17, 1875. 


Habitat. — P. Pinang (D° Stoliczka). 


XXIX. Genre PSEUDONENIA Büttiger. 


55. Pseudonenia Kapayanensis de Morgan. 
PLEINS He: 


Pseudonenia testa sinistrali, fusca, apertura alba, fusiformi, 


392 J. DE MORGAN 


cylindricea, tenui, angusta, tenuiter striata, fusca, cornea, 13 vel 
14 infractibus parum rotundatis, convexiusculis, obliquisque 
composita, ultimo anfractu coarctato, prope aperturam oblique 
birugato ; sutura lineata ; apertura magna, subtriangulata, den- 
tibus 3 ad labrum columellarem ornata ; labro reflexo albidoque. 
Clausilium tenue, mediocriter apertum et inferne acutissimum. 

Coquille. — Senestre, fragile, fusiforme, cylindroïde, très aiguë 
au sommet, finement stricte parallèlement aux lignes d’'accroisse- 
ment; spire composée de 13 à 14 tours légèrement arrondis, le 
dernier étant contracté un peu au-dessous de l'ouverture, et for- 
tement plissé, ouverture grande, droite, subtriangulaire ; péris- 
tome réfléchi, mince, garni de deux forts plis du côté du bord 
columellaire, et d’une petite dent très peu marquée au-dessus de 
ces deux plis. 

Clausilium mince et très fragile, très allongé, non denté, ter- 
miné à sa partie externe par un élargissement triangulaire. 

Dimensions. — Longueur, 22"; épaisseur, 3""1/2;: longueur de 
l'ouverture, 4"m, 

Habitat. — Cette espèce est assez abondante sur le G. Lano, 
près Campong Kapayau, elle vit sur les troncs d'arbres et au 
milieu des détritus végétaux avec les Alycaeus et les Aulopoma, 
le G. Lano est d’ailleurs la seule localité où je l’aie rencontrée. 

Rapports et différences. — Cette coquille ressemble, à première 
vue, à la CT. filicostata et à la CI. penangensis, mais elle se sépare 
aisément de ces deux espèces par sa forme générale presque 
cylindrique, par la position de son ouverture qui esl très peu 
déjetée, ainsi que par l'existence d’une troisième dent au sommet 
du bord columellaire. 


XXX. Genre SUCCINEA Draparnaud. 


56. Succinea Taylori Pfeifferr. 


Succinea Taylori Pfr. Proc. Zool. Soc., 1851. 
Habitat. — Singapore. 
XXXI. Genre MELAMPUS Denys de Montfort, 


97. Melampus pulchellus Petit. 


Auricula pulchella Petit. Proc. Zool. Soc., 1842, p. 202. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 393 


Melampus pulchellus H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 1854, 
p.145 n°929; 


Habitat. — Iles Zébou, Singapore (Pfr.). 


58. XXXII. Melampus singaporensis Pfeiffer. 


Melampus singaporensis Pfr. In Malak. BL., 1855, p. 8. 
— — H. et A. Adams. Gen. rec. Moll., II, p. 243. 
—— _ PirNovit: cOnch.4, n° 81,/D. 46, 1. XI 
fig. 15-16. 


Habitat. — Singapore (J. S. Bacon). 


59. Melampus Crossei de Morgan. 
PLVNIN; f5:10. 


Melampus testa imperforata, subfusiformi, ovata, solidula, al- 
bida, sublævigata, alba, optime convoluta, 6 anfractibus compo- 
sita; sutura lineari; apertura verticali, angusta ; basi effusa, haud 
dilatata; dentibus 6 vel 7 parietibus et 2 labro columellari ornata ; 
peristoma acuto haud reflexo. 

Coquille. — Dextre, ovale, globuleuse, lisse, composée de 6 à 7 
tours de spire, très régulièrement enroulés, cône spiral très aplati, 
suture linéaire très distincte, ouverture très longue, beaucoup 
plus large vers la columelle que vers la suture, bord colmellaire 
orné de deux forts plis, bord externe portant six à sept plis de 
taille variable et terminés un peu avant l'ouverture; péristome 
linéaire droit. 

Dimensions. — Longueur, 9""1/2; largeur, 6""; longueur de 
l'ouverture, 8m; largeur de l’ouverture près de la columelle, 2mn. 

Couleur. — Blanche. 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce à l'embouchure d’un 
ruisseau près de P. Tihous (P. Pinang). 


XXXIII Genre SIDULA Gray. 


60. Sidula mustelina Deshayes. 


Auricula mustelina Desh. Encycl. méth., Il, p. 92, n° 14. 
— —  Küst. Auric., p. 28, t. IV, fig. 3-4. 


394 J. DE MORGAN 


Auricula rhodostoma Hoinbr. et Jacq. Voy. Pol. Sud. Zool., Y, 
p. 33, t. IX, fig. 1-3. 

Cassidulus mustelæ Beck. Ind. p. 105, n° 3. 

Cassidula mustelina H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 1854, p. 31, 

n° 4, Gen. rec. Moll., II, p. 238. 
— —  Pfr. Syn. Auric., n° 119. 

Habitat. — Nouvelle-Zélande (Pfr.) Singapore, P. Pinang (Ba- 
con et Cantor). J'ai rencontré cette espèce dans les bakaos de 
P. Pinang et de la prov. Wellesley. 


61. Sidula auris-felis Bruguière. 


Bulimus auris-felis Brug. Encycl. meth., I, p. 343, n°0 77. 

Ellobium inflammatum Bolt. Mus., p. 106, n° 1352, Ed. alt., p. 74, 
11925. 

Auricula auris-felis Blainv. Dict.sc. nat., III, Suppl., p. 132. 

Cassidula felis Gray. Proc. Zool. Soc., 1847, p. 179. 

Rhodostoma coffea Swains. Malac., p. 344. 


Habitat. — Manille (H. Cuming). Singapore (Benson). Cette 
espèce est très abondante dans les bakaos sur toute la côte Est 
du golfe du Bengale, je l'ai rencontrée à P. Tikous (P. Pinang), à 
Boukit Tamboun (Prov. Wellesley) et à l'embouchure du fleuve 
de Pérak. 


62. Sidula Sowerbyi Pfeifrer. 
Auricula sowerbyana (Sidula) Pfeiffer. Zeitsch. f, Malak., 1853, 
pr 12. 


Habitat. — Singapore, Mareton-Bay, Australie (Pfr.). 


63. Sidula Bensoni Pfeiffer. 
Auricula Bensoni Pfeiffer. Malak., 1855, p. 7. 


Habitat. — Singapore (Pfr.). 


64. Sidula nucleus Martens. 


Limaæ nucleus Mart. Conch., II, t. LXVII, fig. ex Ed. Chenu., 
AXIV, 672, 

IHeliz nucleus Gmelin. Syst., p. 3651, n° 255. 

Auricula nucleus Fer. Prodr. p. 105, n° 26. 

Cassidulus nucleus Beck. Ind., p. 105, n° 4. 


nl 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 395 


Rhodostoma nucleus Swains. Malac., p. 334. 
Cassidula nucleus Môrch. Cat. Yold., p. 38, n° 776. 


Habitat. — Manille, Singapore (Pfr.). 
XXXIV. Genre PLECOTREMA H. et À. Adams. 


65. Plecotrema typica H. et À. Adams. 
Plecotrema typica H. et À. Adams. Proc. Zool. Soc., 1853, p. 120. 


Habitat. — Poulo Pinang, I. Tachoban, I. Pilippines (Pfr.). 


66. Plecotrema punctatostriata H. et A. Adams. 


Plecotrema punctatostriata H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 
1830 ALT 


Habitat. — Borneo, Singapore (Pfr.). 
XXXV. Genre ELLOBIUM Bolten. 


67. Ellobium auris-Judæ Linné. 


Bulla auris-Judæ Linné. Syst., ed. X, p. 728, n° 345. 

Voluta auris-Judæ Linné. Syst., ed. XII, p. 1187, n° 393. 

Heliæ auris-Judæ Müller. Hist. verm., I, p. 109, n° 310. 

Bulimus auris-Judæ Brug. Encycl. méthod., I, p. 344, n° 78. 

Ellobium auris-Judæ H. et À. Adams. Proc. Zool. Soc., 1854, p. 7. 
Gen. rec., Moll.:Tf,:p- 237- 

Auricula Judæ Lam. Æist. VI, 2, p. 137, n° 2, Ed. Desh., VIII, 
p. 224. 


Habitat. — Moluques, Philippines et Australie (Pfeiffer). Cette 
espèce est assez abondante dans les bakaos de la province Wel- 
lesley; je l’ai rencontrée sur les îlots boueux, découverts à ma- 
rée basse, auprès de Boukit Tamboun, je ne l'ai pas rencontré 
dans d'autres localités. 


68. Ellobium auris-Midæ Linné. 
Bulla auris-Midæ Linné. Syst, ed. X, p. 728, n° 344. 
Voluta auris-Midæ Linné. Syst., ed. XIT, p. 1186, n° 392. 
Helix auris-Midæ Müller. ist. verm., II, p. 110, n° 311. 
Bulimus auris-Midæ Brug. Encycl. méth. 1, p. 342, n° 46. 
Eilobium auris-Midæ H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 1854, 
pit: 


396 J. DE MORGAN 


Auricula Midæ Lam. Æist., VI, 2, p. 137, n° 1. Ed. Desh. VIII, 
p. 323. 


Habitat. — Moluques, Céram, N. Guinée (Lesson). Malacca 
(H. Cuming). Cette espèce se rencontre dans les bakaos de la 
rivière Krian (royaume de Pérak). J'en possède un seul exem- 
plaire qui m'a été donné par le R. P. J. Wood qui l’a ramassé à 
3 ou 4 kilomètres du littoral sur un îlot découvert à marée basse. 


69. Ellobium semisculptum H. et A. Adams. 


Ellobium semisculptum H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc. 1854., 
D, 07419, 
Auricula semisculpta Pfr. Syn. auric., n° 139. 


Habitat. — T. Gambier (Pfr.). J'ai rencontré à P. Tikous (P. Pi- 
nang) plusieurs exemplaires morts de cette espèce. 


70. Ellobium Chaperi de Morgan (1). 
Auricula stagnalis d'Orb. Syn., p. 23, n° 3, in Guér. Mag., 1835. 


Habitat. — Guayaquil, I. Tumaco, Panama (d'Orb.), Malacca 
(Pire). 


71. Ællobium semiplicatum H. et À. Adams. 
Ellobium semiplicatum . et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 1854, 
p.56, n° 15%, Gen.rec. Moll:, II, p. 237. 
Auricula semiplicata Pfr. Syn. Auric., n° 144. 


Habitat. — Singapore (Pfr.). 


72. Ellobium penangense de Morgan. 
PLANTE Ame 


Ellobium testa ovata, globosa, solida, fusca, alba ad aperturam 
6 vel 7 anfractibus composita, 3 vel 4 truncatis, ultimo anfractu 
convexo, ingentiori quam primis; pellicula crassa tecta, spiraliter 
tenuissime striata, lineis ætatis ornata; apertura oblonga; peris- 
tomate intus calloso; labro columellari dupliciter maximeque 
plicato, ante ultimo anfractu dente munito; sutura lineata, vix 
apparenti linea caligimosa ornata. 


(1) Cette espèce ne peut porter le nom de stagnalis, puisque ce nom appartient 
dans le vrai genre Auricula (Klein) à l'Helix stagnalis Linné. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK a 


Coquille. — Dextre, globuleuse, ovale, solide, composée d’envi- 
ron 6 à 7 tours de spire convexes; les trois ou quatre premiers 
étant tronqués ou fortement et fortement altérés, le dernier étant 
beaucoup plus grand que le reste de la coquille; coquille recou- 
verte d'un épiderme assez épais orné de stries longitudinales très 
fines et très régulières et de lignes d’accroissement beaucoup 
moins régulièrement formées ; couverture oblongue, ornée de 
deux forts plis sur le bord columellaire et d’une petite dent entre 
le bord columellaire et la suture; péristome formant intérieu- 
rement un bourrelet coupant, légèrement échancré dans la partie 
voisine de la suture qui est très peu marquée, linéaire et ornée 
d’une ligne foncée très brillante. 

Dimensions. — Longueur, 12""1/2; largeur, 8°"; longueur de 
l'ouverture, 8"; largeur de l'ouverture, 3m", 

Couleur. — Cette coquille est d’un blanc mat et est recouverte 
d’un épiderme brun-rougeûtre. 

Habitat. — J'ai rencontré un seul exemplaire de cette espèce 
dans les bakaos de P. Tikous (P. Pinang). 


XXXVI. Genre SCARABUS Denys de Montfort. 


73. Scarabus inflatus Pfeiffer. 
Pythia inflata Pfr. Zeitschrift fur Malak., 1853, p. 192. 


Habitat. — J'ai rencontré cette espèce à P. Tikous (P. Pinang), 
où elle semble être assez rare. 

Observations. — Les deux exemplaires adultes que je possède 
sont moins gros que celui figuré par Reeve; cependant ils présen- 
tent absolument les mêmes caractères. 


74. Scarabus borneensis Adams. 
Pithia borneensis Adams. Proc. Zool. Soc., 1850, p. 152. 


Habitat. — J'ai rencontré cette espèce en assez grande abon- 
dance aux environs de Telok-Anson (Kinta) dans les marécages 
laissés à découvert à marée basse près de l'embouchure d’un 
ruisseau. Je l’ai trouvée aussi aussi à Boukit Tamboun (Prov. 
Wellesley) dans les mêmes conditions d'habitat ; mais dans cette 
dernière localité elle est très rare. — Cette coquille est abondante 
à Bornéo. 


398 J. DE MORGAN 


XXXVII Genre LIMNOPHYSA Fitzinger. 


75. Lymnophysa singaporina Küster. 


Limnœus singaporinus Kus. T. I, part. XVII, p. 35, n° 50, tab. 6, 
fig. 17. 


Habitat. — Singapore. 


XXXVIII. Genre CERATITES Tournefort. 


76. Ceratites exustus Desh. 
Planorbis eœustus Desh. Bél. Zool., p. 417, t. I, fig. 11-13, 1834. 


Habitat. — Cette espèce vit en grande abondance dans les fos- 
sés de la province Wellesley, elle existe en Chine et dans presque 
toute l’Asie centrale. 


XXXIX. Genre CYCLOTUS Gldg. 


77. Cyclotus Lindstedti Pfeiffer. 
Cyclotoma Lindstedti Pfr. Proc. Zool. Soc., 1856, p. 391. 


Habitat. — Mont Ophir, presqu'île Malaise (F. W. Lindstedt). 


78. Cyclotus Dautzenbergi de Morgan. 
PL: VIT Gone 


Cyclotus testa, complanata, translucida cærulea ad aperturam 
albida, perampliter patentissimeque umbilicata, anfractibus 4-5 
composita, optime convoluta, lineis ætatis ornata; cono spirali 
ad planum reducto, ante ultimo anfractu ab aliis separato, aper- 
tura obliqua, subcirculari, peristomate recto; operculo corneo, 
circulari. 

Coquille. — Aplatie, très largement ombiliquée, ornée de stries 
d'accroissement très peu marquées, composée de 4 à 5 tours de 
spire enroulés très régulièrement, cone spiral très aplati, dernier 
tour de spire décollé un peu avant l'ouverture, qui est très légère- 
ment oblique à l'axe, circulaire, muni vers la partie voisine de 
la suture d'un sinus très étroit, péristome droit à la partie interne, 
réfléchi à la partie externe. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 399 


Dimensions. — Hauteur, 5"; largeur maxima, 14"; diamètre de 
l'ouverture, 5m, 

Couleur. — Cette coquille est transparente et d’un beau vert 
olive, son opercule est grisàtre et garnien son milieu d’un nucléus 
noir. 

Habitat. — G. Tchôra près Ipoh (Kinta). 


XL. Genre OPISTHOPORUS Benson. 


79. Opisthoporus rostellatus Pfeiffer. 


Cyclostoma rostellatum Pfr. In Chemn., ed. nov., p.289,t.XXX VIII, 
fig. 30 à 34. 
Opisthoporus rostellatus Pfr. Monog. Pseum., p. 26, n°3. 


Habitat. — Presqu'ile Malaise. 


80. Opisthoporus solutus Stoliczka. 


Opisthoporus solutus Stol. Journ. As. Soc. Bengal, vol. XLI, part 
2, p. 266, pl. x, fig. 8-10, 1872. 


Habitat. — P. Pinang. Sous les feuilles mortes et eu milieu des 
détritus végétaux dans la grande forêt. Assez rare (Stoliczka). 

J'ai rencontré cette coquille dans la vallée de Kinta au G. 
Tchôra et au G. Lano; sur la montagne elle semble être moins 
rare que dans le bas des vallées. 


81. Opisthoporus penangensis Stoliczka. 


Opisthoporus penangensis Stoliczka. Journ. As. Soc. Bengal, vol. 
XLE part 2; D'2002DL X, 6 71072: 

Pterocyclus (Opisthoporus) penangensis Grosse. Journ. Conch., 
3° sé. 4 XX, n°4 D 398; 1814 


Habitat. — Boukit Poudong, Pérak (Dr E. Townsend), P. Pinang 
(D: Stoliczka). 

J'ai rencontré cette espèce dans tout le royaume de Pérak, dans 
celui de Patani; dans la province Wellesley et à Poulo Pinang elle 
est abondante. 


400 J. DE MORGAN 


XLII. Genre RHIOSTOMA Benson. 


82. Rhiostoma Jousseaumei de Morgan. 
PL. VIT, fig. 2: 


Rhiostoma testa cæruleo fusca, subampliter perspective umbili- 
cata, complanata, discoidea, anfractibus quinque composita, 
crassa, olivacea, tenuis lineis ætatis ornata, anfractibus rotun- 
datis, juxta suturas canalicula depressis; sutura lineata, ante 
ultimo anfractu ab aliis separato; apertura, oblique subcirculari ; 
labro incrassato haud reflexo ; juxta aperturam tubulo parte supe- 
riori aperto; operculo corneo circulari. 

Coquille. — Aplatie, très fortement ombiliquée, formée de 5 tours 
de spire, ornée de lignes très fines d'accroissement et recouverte 
de cils microscopiques qui lui donnent un aspect velouté. Suture 
des tours linéaire, le dernier tour se séparant de l’avant-dernier ; 
ouverture oblique à l’axe, circulaire ; péristome droit, au-dessus 
de l'ouverture vers le bord interne est un tube long de 4 à 5 milli- 
mètres et ouvert à son extrémité. 

Opercule corné, épais, circulaire, formé d’une série de petites 
lames juxtaposées. 

Dimensions. — Hauteur, 6%"; largeur maxima, 19"; diamètre de 
l'ouverture, D", 

Couleur. — Brune. 

Habitat. — Cette espèce est très rare, je l'ai rencontrée dans la 
haute vallée de Kinta (Pérak) où elle vit sur les feuilles mortes 
dans la jungle basse. 


XLIII. Genre PTEROCYCLOS Benson. 


83. Pterocyclos Blandi Benson. 


Pterocyclos Blandi Benson. Ann. and Mag., VIII, 1851, aug., t. V, 
fig. 1. 


Habitat. — Poulo Sousson, île voisine de P. Pinang (Bland). 


84. Pterocyclos Regelspergeri de Morgan. 
PL. VIIT, 085. 


Plerocyclos testa depressa, perampliter patentissime umbili- 


MOLLUSQUES TERRESTRES "ÉPÉPLUVIATILES DE PÉRAK 401 


cata, fusca, maculis nigris regulariter ornata, apertura alba an- 
fractibus quinque composita, lineis parallelis striis ætatis ornata, 
anfractibus rotundalis, juxta suturas canaliculo depressis; aper- 
tura obliqua, circulari; labro subcaloso, parum reflexo ; operculo 
circulari et corneo. 

Coquille. — Très déprimée, très largement ombiliquée, compo- 
sée de cinq tours de spire, ornés de stries très fines parallèles aux 
lignes d’accroissement ; suture des tours linéaire, au-dessous de 
laquelle se trouve un sillon profond recouvert par son bord exté- 
rieur qui, formant un canal suivant toute la ligne de suture, 
devient plus large en approchant de l'ouverture et se termine par 
une carène qui recouvre entièrement le canal et forme un tube de 
4 à 5"* de longueur. Ouverture occupant un plan oblique par 
rapport à l'axe, presque circulaire, à bords légèrement évasés, 
échancrée vers la suture par le sillon, coupée à angle droit. Le 
test de cette coquille, tel qu’on peut le voir à l'ouverture est com- 
posé de deux parties d'égale épaisseur et collées l’une à l’autre, 
la partie interne est lisse, compacte et très brillante, tandis que 
la partie externe est plus poreuse. 

Opercule circulaire, corné, la face interne présentant une dé- 
pression sphérique ornée en son milieu d’un nucléus brillant, la 
face externe formée d’une hélice analogue à celle de l’opercule 
du C. semisulcatus, mais garnie de lamelles membraneuses très 
minces destinées à rendre la fermeture de l’opercule plus hermé- 
tique. 

Dimensions. — Hauteur, Sun; largeur maxima, 25%; diamètre de 
l'ouverture, 8"n. 

Couleur. — Cette coquille est d’un jaune corné à la partie supé- 
rieure et brune à la base, elle est ornée d’une bande noire sur la 
partie extérieure des spires, tandis que la partie supérieure est 
ornée de taches brunes très foncées, régulièrement espacées et 
qui donnent à la coquille l'aspect d’un serpent enroulé. 

Habitat. — Cette coquille est relativement abondante dans la 
haute vallée de Kinta (royaume de Pérak), on la rencontre dans 
la jungle basse au pied des arbres. 

Rapports et différences. — Cette espèce est voisine du C. annu- 
latus (Troschel) de Ceylan, mais elle s’en distingue par le peu de 
hauteur de son cone spiral et par l’existence d’un tube au-dessus 
de son ouverture et ses couleurs d’ailleurs sont très différentes 
dans leur distribution. 


402 J. DE MORGAN 


XLIITL. Genre ALYCÆUS Gray. 


85. Alycœus gibbosulus Stoliczka. 


Alycœus gibbosulus Stoliczka. Journ. As. Soc. Bengal, vol. XLI, 
part 2, p. 268, pl. x, fig. 14, 1872. 


Habitat. — Boukit Pondong, Pérak (D' Townsend), P. Pinang 
(Dr Stoliczka). 

Je n’ai rencontré cette espèce qu’au Gounong Tchüra près Ipoh 
(Kinta) sur les rochers calcaires et les troncs d'arbres. 


86. Alycœus Perakensis Grosse. 


Alycœus perakensis Crosse. Journ. Conch., vol. XXVII, p. 206, 
pl. xni, fig. 7, 1879. 


Habitat. — Boukit Pondong, Pérak (Dr E. Townsend). 


87. Alycœus Jousseaumei de Morgan. 
PI VIIL Php 


Alycæus testa alba depressa, perforata, 4 anfractibus convexis 
composita ; sutura lineata, ante ultimo anfractu prope aperturam 
maxime contracto, anfractibus striis ornatis paralleliter lineis 
ætatis ; apertura fere circulari; peristomate duplici et reflexo. 

Coquille. — Déprimée, perforée, composée de 4 tours de spire, 
tours convexes, suture linéaire, dernier tour très ventru et se 
contractant fortement un peu au-dessus de l'ouverture, tours de 
spire ornés de stries très fines parallèles aux lignes d’accroisse- 
ment. Un peu au-dessus de l’étranglement de la dernière spire est 
un bourrelet qui recouvre la suture sur une longueur variant 
avec l’âge de l'animal. Ouverture presque circulaire, péristome 
double et réfléchi présentant la forme d’un fer à cheval dont la 
partie concave est tournée vers l'ombilic. 

Opercule corné, multispiré, circulaire, concave en dehors, 
muni d'un nucléus central saillant à la partie interne. 

Dimensions. — Hauteur, 6"%; largeur maxima, de 11 à 15m; dia- 
mètre de l'ouverture, 4"m, 

Couleur. — D'un blanc laiteux. 

Habitat. — Gette espèce vit sur le mont Lano, près de Campong 
Kapayan, où elle est assez abondante. Je ne l'ai jamais rencontrée 
autre part dans le royaume de Pérak. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 403 


88. Alycœus Kapayanensis de Morgan. 
PLAIT, 5.40: 


Alycæus testa cornea conica, perforata, 5 anfractibus convexis 
composita, anfractibus ornatis striis parallelis lineis ætatis, ante 
ultimo anfractu ventricoso, prope aperturam maxime contracto; 
sutura lineata; apertura obliqua; peristoma reflexo; operculo 
corneo discoideo ad faciem externam concavo et internam con- 
vexo. 

Coquille. — Conique, perforée, composée de 5 tours de spire 
convexes, ornée de côtes très fines parallèles aux lignes d’accrois- 
sement. Le dernier tour est ventru et se contracte très fortement 
un peu au-dessus de l'ouverture, suture des tours linéaire, ou- 
verture oblique, péristome réfléchi; opercule corné, circulaire, 
convexe et lisse en dedans et concave en dehors. 

Dimensions. — Hauteur, 41/2; largeur maxima, 4"; diamètre 
de l'ouverture, 22", 

Couleur. — Cette coquille est d’un beau jaune citron, son péris- 
tome est blanc. 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce sur les rochers calcaires 
du G. Lano avec l’Alycœus Jousseaumei. 

Rapports et différences. — Cette espèces se rapproche de l'A. 
gibbosulus par sa forme générale, mais elle en diffère par sa taille, 
par sa coloration jaune et par la forme de son péristome qui est 
simple, tandis que chez l’AL. gibbosulus il est double. 


89. Alycœus Thieroti de Morgan. 


Alycæus testa, lutea, heliciformi, conica, globulosa, perforata, 
5 anfractibus convexis composita lineis parallelis striis ælatis 
ornata, in ultimo anfractu fere lævigata ; ultimo anfractu maxime 
ventricoso et contracto ante aperturam ; apertura circulari; peris- 
tomate maxime reflexo,; sutura lineata; operculo corneo et cir- 
culari. 

Coquille. — Héliciforme, conique, globuleuse, perforée, compo- 
sée de cinq tours de spire convexes, ornée de côtes très fines 
parallèles aux stries d’accroissement, dans le dernier tour ces 
ornements s’atténuent et donnent à la coquille un aspect presque 
lisse. Le dernier tour est très ventru et se contracte fortement 
au-dessus de l'ouverture. Péristome très évasé et en forme de fer 


404 J. DE MORGAN 


à cheval comme dans l'Alycœus Jousseaumei, suture des tours de 
spire linéaire, opercule corné. 

Dimensions. — Hauteur, 4"; largeur maxima, ""; diamètre de 
l'ouverture, 27". 

Couleur. — Jaune rouge. 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce sur le G. Lano où elle 
semble être très rare. 

Rapports et différences. — Cette espèce est très voisine des Al. 
gibbosulus et Al. perakensis, elle diffère de l’Alycœus gibbosulus par 
sa taille, sa couleur et la forme de son péristome, de l'A. pera- 
kensis par sa forme globuleuse et la nature de son ornementation, 
les stries dans l'A. perakensis étant beaucoup plus accentuées 
que dans l'A. Thieroti; elle en diffère aussi par sa couleur jaune 
rouge. 


XLIV. Genre HYBOCYSTIS Benson. 


90. ZZybocystis elephas de Morgan. 
PL'VILS EME 


Hybocystis testa crocea, ovoidea, deformata, solida, 7 anfrac- 
tibus composita, primis anfractibus optime convolutis, striis 
ætatis læviter ornatis; ultimo anfractu ad basem contracto, facie 
inferiori frictu alterata, minutis striis et alveis ornata; apertura 
circulari; labro haud reflexo in primis anfractibus et maxime 
reflexo in adulta ætate ; operculo calceoso, circulari. 

Coquille. — Ovoïde, déformée, solide, composée de 7 tours de 
spire ; les premiers ornés de stries d’accroissement peu saillantes, 
fortement usées, à développement assez régulier, le dernier tour 
se contractant a la base, il forme un bourrelet mousse qui entoure 
un ombilic assez étroit à face inférieure usé par le frottement, et 
à face supérieure fortement incrustée de petites alvéoles et de 
petits sillons irrégulièrement disséminés à la surface, suture des 
tours de spire linéaire, nettement accentuée, au-dessous de laquelle 
les derniers tours sont accompagnés d’un sillon assez profond qui 
s'accentue de plus en plus avec les progrès des tours de la spire. 

Ouverture presque circulaire occupant un plan parallèle à l'axe, 
à bords mousses et non déjetés chez les individus très âgés, 
déjetés au contraire lorsque la coquille arrive seulement à l'état 
adulte, à cette période l'ouverture à la partie externe forme près 
de la suture un angle nettement accusé. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 405 


Opercule calcaire, assez épais, circulaire, à face inférieure pres- 
que plane, formée d’un demi-tour de spire séparé par une suture 
d’un blanc laiteux, qui s’élargit en faisant environ 45° vers le 
bord externe, elle est recouverte d’une mince pellicule cornée 
noirâtre au commencement de la spire et brun marron sur la 
moitié du dernier tour. 

La surface extérieure est formée par des lamelles saïllantes se 
développant en hélice, recouverte d’une membrane cornée et 
foliacée dépassant sur les bords la partie calcaire. Cette hélice 
présente 7 enroulements correspondant aux 7 tours de spire de 
la coquille. 

Œuf elliptique, aplati, corné, rougeûtre. 

Dimensions. — Longueur, 50 à 57"; largeur, 24 à 27": épais- 
seur, 22 à 24%: diamètre de l'ouverture, 17 à 20", 

Couleur. — D'un jaune orangé, plus foncé au sommet qu’au der- 
nier tour. 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans tout le bassin du 
fleuve Pérak et de ses affluents, dans les lieux humides sur la 
mousse et les feuilles mortes. 

Rapports et différences. — Cette espèce par sa grande taille ne 
peut être comparée à aucune autre, sauf à l'espèce suivante, 
l'A. Jousseaumei, à propos de laquelle je donnerai les caractères 
distinctifs des deux espèces. 


91. Æybocystis Jousseaumei de Morgan. 
PNA RE 2: 


Hybocystis testa albida, ovata, deformata, solida, vix umbili- 
cata, 6 1/2 anfractibus composita, optime convoluta, 3 primis 
anfractibus lævigatis, ultimis lineis ætatis ornatis; ultimo anfractu 
complanato, major quam cæteros, facie inferiori frictu alterata, 
minutis alveis ornata; apertura fere circulari, peristomate haud 
reflexo in primis anfractibus et maxime in adulta ætate; sutura 
lineata; operculo calceo, circulari. 

Coquille. — Ovoïde, déformée, solide, à peine ombiliquée, com- 
posée de 6 tours et demi de spire très régulièrement enroulés, 
les 3 premiers lisses, les suivants ornés de stries d’accroissement, 
usés, excepté près de la suture; le dernier tour, aplati et usé à la 
face inférieure, constitue à lui seul la moitié du volume de la 
coquille, la face inférieure est incrustée d’alvéoles profonds et 
irréguliers dont les plus longs sont divisés par des lamelles; 


406 J. DE MORGAN 


suture linéaire très nettement accusée et accompagnée d'un 
bourrelet strié; ouverture presque circulaire, occupant un plan 
légèrement oblique par rapport à l'axe, bord mousse et légère- 
ment déjeté formant chez les animaux très âgés un large bourre- 
let qui ne mesure pas moins de 7°" de largeur dans la partie 
antérieure ; opercule calcaire. 

Dimensions. — Longueur, 44%: largeur, 22%": épaisseur, 20"; 
diamètre de l'ouverture, 15", 

Couleur. — Blanchâtre, péristome teinté en jaunâtre. 

Habitat. — Cette espèce est beaucoup plus rare que l’ZZ. elephas 
et vit avec lui. Je l’ai rencontrée dans la haute vallée de Kinta et 
dans celle du $. Pluss. 

Rapports et différences. — Cette espèce diffère de la précédente 
par la petitesse de sa taille, par sa coloration blanche, par la taille 
plus grande du dernier tour à sa naissance, l'avant-dernier tour 
formant sur le côté droit une gibbosité assez saillante, par un 
aplatissement plus considérable de la face inférieure du dernier 
tour. Le sillon qui couronne les tours de spire et accompagne la 
suture est beaucoup plus profond dans cette espèce que dans la 
précédente, l’ombilic est beaucoup plus étroit et l’ouverture 
moins déjetée sur le côté droit. L’opercule présente en son milieu, 
à la face inférieure, une petite cupule au centre de laquelle est un 
petit nucléus et, à la face externe, il est plus bombé que dans 
l'espèce précédente. 

Observations. — Cette coquille est employée par les Sakayes 
comme un ornement qu'ils pendent à leurs colliers. 


XLV. Genre OPISTHOSTOMA W. Blanford. 


92. Opisthostoma Paulluciæ Grosse et Nevill. 


Opiothostoma Paulluciæ Crosse et Nevill. Journ. Conch., vol. 
XX VII, p, 205, pl. vin, fig. 1, 1879. 


Habitat. — Boukit Pondong, Pérak (Dr E,. Townsend). 
XLVI. Genre PALAINA O. Semper. 


93. Palaina Nevillei Crosse. 


Palaina Nevillei Crosse. Journ. Conch., vol. XXVII, p. 203, 
pl. vin, fig. 1, 1879; 


Habitat. — Pérak (D' Townsend). 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 407 


XLVII. Genre PAXILLUS H. et A. Adams. 


94. Paxillus adversus H. et À. Adams. 


Diplommatina adversa H. et A. Adams. Proc. Zool. Soc., 1852, 
p. 93. 
— — Pfr. Helic., II, p. 586. 
Paæxillus adversus Pfr. Monog. Pseumon., p. 14, n° 1. 


Habitat. — Poulo Pinang. 


XLVIII. Genre AULOPOMA Troschel. 


95. Aulopoma Lowi de Morgan. 
Pl: VII, fig. 6. 


Aulopoma testa, fusca, parvula, depressa, ampliter subexca- 
vata, umbilicata, 4 anfractibus rotundatis composita, optime con- 
voluta, ante ultimis anfractu ab aliis læviter separato; apertura 
obliqua, circulari; peristomate recto et acuto; operculo corneo, 
circulari, paulum largiore quam aperturam!; testa semper pluri- 
bus linei coriis densis loricata ita ut anfractus latentes sint. 

Coquille. — Petite, déprimée, très fortement ombiliquée, de 
telle sorte que l’ombilic laisse voir la face inférieure de tous les 
tours de spire, formée de 4 tours enroulés, très réguiièrement 
encroûtée d’une pâte terreuse qui couvre toute la coquille et 
laisss à peine distinguer les tours de spire. Cet encroûtement 
forme à la base une carène très saillante et remplit l'ombilic qu’il 
transforme en une simple perforation. 

Débarrassée de son encroûtement, cette coquille présente un 
enroulement très régulier de tours de spire ronds, ornés de lignes 
très fines d’accroissement. Le dernier tour se décolle légèrement 
de la spire un peu avant l'ouverture qui est oblique et circulaire; 
péristone droit; opercule corné circulaire, légèrement convexe à 
sa face interne et concave au-dehors. Il est un peu plus grand 
que l'ouverture. 

Dimensions. — Hauteur, 3"*; largeur maxima, 8""; diamètre de 
l'ouverture; -22% 

Couleur. — Couverte de son encroûtement, cette coquille est 
brune, elle devient verdâtre quand elle est bien nettoyée. 


408 J. DE MORGAN 


Habitat. — J'ai rencontré cette espèce sur le G. Lano, où elle 
vit en assez grande abondance. 

Observations. — Cette coquille présente un aspect si singulier 
que j'ai pris pour une larve d’Insecte le premier exemplaire que 
j'ai rencontré. 


XLIX. Genre CYCLOPHORUS Denys de Montfort. 


96. Cyclophorus Borneensis Metcalfe. 
Cyclostoma borneense Metcalfe. Proc. Zool. Soc., 1851, p. 71. 


Habitat. — Bornéo (Metcalfe, Reeve). Cette espèce vit dans la 
vallée de Kinta dans les parties humides. Je l’ai rencontrée à 
Lahat, Pappan, Batou Gadja et Goping, elle est assez rare. 

Observations. — Gette espèce est extrêmement variable dans sa 
taille et peut être divisée en deux variétés bien distinctes par 
lenr différence considérable de grandeur, mais qui, présentant des 
caractères identiques, ne peuvent être séparées l’une de l’autre. 
Les dimensions extrêmes de cette espèce sont les suivantes : 

V. major : Diamètre maximum, 32m; hauteur, 20m; longueur 
de l'ouverture, 14m%; largeur de l’ouverture, 12"n, 

V. minor : Diamètre maximum, 209; hauteur, 15%"; longueur 
de l'ouverture, 10m; largeur de l'ouverture, 8mn, 


97. Cyclophorus tuba Sowerby. 


Cyclostoma tuba Sowerby. Proc. Zool. Soc., 1843, p. 83. 
Cyclophorus tuba Pfeifr. 

Cyclophorus sumatrensis Pieifr. 

Cyclophorus tuba Reeve. Sp., 9, pl. 111, 


Habitat. — Reeve cite cette espèce de Malacca et de Sumatra, 
je ne l'ai jamais rencontrée dans le royaume de Pérak. 


98. Cyclophorus Pfeifferi Reeve et Sow. 
Cyclophorus Pfefferi Reeve et Sowerby. Sp. Il, pl. 111. 


Habitat. — Citée par Reeve comme vivant à Poulo Pinang. Je 
ne l'y ai pas rencontrée. 


99. Cyclophorus aquilus SOw. 
Cyclostoma aquilum Sowerby. Proc. Zool. Soc., 1843, p. 61. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 409 


Cyclostoma subtrochiforme Souleyet. 
Cyclophorus aquilus Pfeiffer. 
Cyclophorus aquilus Reeve. Conch. sp. 45, pl. xI. 


Habitat, — Reeve cite cette espèce comme vivant à Singapore 
et en Chine. Je ne l’ai jamais rencontrée. 


100. Cyclophorus Garreli Souleyet. 
Cyclostoma Garreli Souleyet. Voy. Bonite. Zool., II, p. 538, t. XXX, 


fig. 33-37. 
Leptopoma Garreli Bens. Ann. and Mag., sér. I, t. XIV, p. 416. 


Habitat. — Poulo Pinang (Pfr.). 


101. Cyclophorus perdix Broderip et Sowerby. 

Cyclostoma perdix .Broderip et Sowerby. Zool. Journ., vol. V, 
p. 50. 

Cyclostoma variegatum Valenciennes. 

Cyclophorus perdix Pfeiffer. 

Cyclostoma Zollingeri Mousson. 

Cyclophorus Zollingeri Pfeifter. 

Cyclostoma porphyriticum Benson, 

Cyclophorus porphyriticus Pfeifrer. 

Cyclophorus perdix Reeve. PI. v, sp. 21. 


Habitat. — Cette espèce est citée par Mousson comme habitant 
Java. Reeve la cite de la côte Est de la baie du Bengale de Poulao 
Pinang. Je ne l’ai jamais rencontrée dans le royaume de Pérak. 


10 2. Cyclophorus Cantori Benson. 
Cyclosioma Cantori Benson. Ann. and Mag. Nat. hist., 1851, 
vol. VII, p. 186. 
Cyclophorus Cantori Pfeiffer. 
Cyclophorus Cantori Reeve. Conch., sp. 54., pl. xt. 


Habitat. — Cette espèce est citée par Reeve d’après le D' Cantor 
comme vivant à Poulo Pinang. Je ne l’ai jamais rencontrée. 


103. Cyclophorus Lahatensis de Morgan. 
Pi VIA ENT. 


Cyclophorus, testa fusca, complanata, perampliter umbilicata, 


410 J. DE MORGAN 


depressa, turbinata, lineis parallelis striis ætatis ornata, epiderme 
tenui fuscente induta, anfractibus rotundatis 4-5 composita; 
sutura lineata; apertura obliqua, circulari; peristomate recto et 
acuto. 

Coquille. — Aplatie, très largement ombiliquée, formée de 4 à 5 
tours de spire ornés de lignes parallèles aux stries d’accroisse- 
ment, recouverte d’un épiderme très mince, tours de spire ronds, 
suture linéaire; ouverture oblique circulaire, péristome tranchant 
chez les individus jeunes comme chez les adultes. 

Dimensions. — Hauteur, 5"; largeur maxima,11"": diamètre de 
l'ouverture, 4mm, 

Couleur. — Brune claire, les deux premiers tours de la coquille 
sont presque noirs. 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans toute la haute vallée 
de Kinta, à Lahat, Pappan, Ipoh, Gôping, etc. Elle vit dans la 
jungle basse sur les feuilles mortes au pied des arbres. 

Rapports et différences. — Très voisine du C. Penangensis de 
Stoliczka. Cette espèce s’en distingue par la hauteur de son cone 
spiral, par la profondeur de son ombilic, par l’obliquité du plan 
de son ouverture et par sa coloration brune claire. 


104. Cyclophorus semisulcatus Sowerby. 


Cyclostoma semisulcatum Sow. Proc. Zool. Soc. London, p. 62, 
1843. 

Cyclophorus semisulcatus Crosse.Journ. Conch., 3° série, vol. XIX, 
n° 4, p. 398. 


Habitat. — Pérak (D' E. Townsend), Malacca (Pfr.). J'ai rencontré 
celte espèce dans toute la péninsule. 

Observations. — Les exemplaires que je me suis procuré dans le 
royaume de Pérak sont beaucoup plus grands que celui figuré 
par Reeve et donné comme provenant de Malacca, quelques-uns 
de mes spécimens atteignent jusqu'à 53" de largeur. Quant à la 
coloration, elle semble être assez constante dans cette espèce. 


105. Cyclophorus Malayanus Benson. 


Cyclophorus malayanus Benson. Ann. and Mag. Nat. hist., sér. 2, 
vol. X, p. 269,.1852. 


Habitat. — Boukit Pondong, Pérak (Dr E. Townsend), P. Pinang 
(Dr Stoliczka), Inde, Siam (Crosse). 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK AT 


J'ai rencontré cette espèce dans toute la péninsule Malaise, elle 
est d’ailleurs très abondante si l’on en juge par le grand nombre 
de spécimens morts que l’on rencontre dans les plantations ma- 
laises de Pérak et de Patani. 

Observations. — Cette espèce est très variable de coloration et 
de forme. Il en existe une variété très petite présentant les mêmes 
caractères que la grande et qui ne peut en être séparée. 

Les dimensions maxima et minima de cette espèce, telle que je 
l'ai trouvée moi-même dans la péninsule, sont les suivantes : 

Variété «. — Diamètre, 55"; hauteur, 35"; diamètre de l’ouver- 
UE 2020 

Variété 8. — Diamètre, 42mm; hauteur, 27""; diamètre de l'ouver- 
ture, 18m. 

Quand elle est jeune, cette coquille présente un péristome sim- 
ple et tranchant, tandis que dès qu'elle arrive à l’état adulte elle 
refléchit le bord de son ouverture qui s'épaissit avec le temps ef 
finit par se transformer en un bourrelet très épais sur lequel les 
lignes d’accroissement sont fortement marquées. 


L. Genre LAGQCHILUS Theobald. 


106. Lagochilus Townsendi Crosse. 


Lagocheilus Townsendi Crosse. Journ. Conch., vol. XXVII, p. 208, 
pl. vin, fig. 3, 1879. 


Habitat. — Pérak (D' E. Townsend) Crosse. 

J'ai rencontré cette petite espèce en grande abondance dans les 
environs de Lahat et de Gôping (Kinta). Elle existe d’ailleurs dans 
presque toute la péninsule et vit dans les broussailles qui ont 
remplacé les anciennes cultures malaises. 


107. Lagochilus trochoides Stoliczka. 
Lagocheilus Trochoides Stol. Journ. As. Soc. Bengal, vol. XLI, 
part. 2, p. 270, pl. x, fig. 15, 1872. 


Habitat. — Sur les rochers etau milieu des détritus végétaux 
sur les montagnes, à une altitude variant entre 100 et 400 mètres, 
P. Pinang. Espèce rare (Stoliczka). 


108. Lagochilus striolatus Stoliczka. 


Lagocheilus striolatus Stoliczka. Journ. Soc. As. Bengal, vol. XLI, 
part..2, p.271, pl, 5e 16-18 


412 J. DE MORGAN 


Habitat. — Poulo Pinang au milieu des détritus végétaux, au 
pied des montagnes; espèce rare (Stoliczka). 


109. Lagochilus Swettenhami de Morgan. 
PLV ñe8;: 


Lag ocheilus testa fusca dextrorsa, trochoidea, vix umbilicata, 
6 anfractibus rotundatis composita, striis tenuissimis ætaltis or- 
nata, sutura profunde impressa; cono spirali acuto; apertura 
obliqua, rotundata, intus albida ; peristomate reflexo, labro colu- 
mellari depresso, operculo corneo. 

Coquille. — Dextre, trochoïde, munie d’un ombilic très petit, 
spire composée de six tours arrondis, marqués de stries très 
fines d’accroisse ment, suture profonde, cône spiral très élevé, 
aigu au sommet, ouverture oblique, grande, circulaire, péristome 
réfiéchi, bord columellaire déprimé. Opercule corné. 

Dimensions. — Hauteur, 7°"; largeur maxima, 5"*; diamètre de 
l'ouverture, 2,5". 

Couleur. — D'un blanc jaunàtre sous une mince pellicule brune 
ornée de raies d’un brun plus foncé. 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce aux environs de Lahat 
(Kinta) et dans les rizières de C. Lassa (S. Pluss), elle semble être 
assez rare. 

Rapports et différences. — Cette coquille est assez voisine du 
L. Townsendi Crosse, elle en diffère par la petitesse de son ombi- 
lie, par la grandeur de son ouverture et par sa coloration brune, 
tigrée. 


LI. Genre LEPTOPOMA Pfeiffer. 


110. Leptopoma aspirans Benson. 
Leptopoma aspirans Benson. Ann. and Mag. Nat. hist, sér. 2, 
vol. XVII, p. 229, 1856. 
Habitat, — Boukit Pondong, Pérak (D' E. Townsend), Pégou 
(D: Stoliczka), Tenasserim (Théobald). 


LI. Genre MEGALOMASTOMA Gould. 


A1. Megalomastoma sectilabrum Gould. 


Cyclostoma sectilabrum Gould. Proceed. Boston. Soc. Nat. hist., 
p. 459, 1843. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 413 


Megalostoma sectilabrum Grosse. Journ. Conch., 3 série, t. XIX, 


n°4, 1879, p399. 
Habitat. — Pérak (D' E. Townsend) P. Pinaug (Dr A 
Tavoy, Birmanie anglaise (Reeve, Francis Mason). 


112. Megalomastoma Anostoma Benson. 

Megalomastoma anostoma Benson. Thesa : Conch. de Sowerby, 
vol. Il pl-cecxnr, Ge 20: 

Habitat. J'ai rencontré cette espèce à l’état vivant sur le G. Tché- 
hèl (vallée du $. Pluss) et à l’état mort dans les fentes des rochers 
au pied du G. Tchüra, près Ipoh. Elle semble d’ailleurs être assez 
rare partout. Indes (Sow.). 


LIII. Genre RHAPHAULUS Pfeiffer. 


113. Rhaphaulus Lorraini Pfeiffer. 


Anaulus Lorraini Pfr. Proc. Zool. Soc., 1856, p. 36. 
Rhaphaulus Lorraini Pfr. Novit. CC : L'D070, 1120 EX 
fig. 21-22. 


Habitat. — P. Pinang (D' Lorrain). 


LIV. Genre PUPINA Vign. 


114. Pupina arula Benson. 
Pupina arula Bens. Ann. and. Mag. Nat. hist., sér. 2, vol. XVII, 
p. 230, 1856. 


Habitat. Boukit Pondong, Pérak (D' E. Townsend), Birmanie 
(Crosse). Je n'ai pas rencontré cette espèce. 


115. Pupina artata Benson. 
Pupina artata Bens. Ann. and Mag. Nat. hist., sér. 2, vol. XVII, 
p. 230, 1856. 


Habitat. Boukit Pondong, Pérak (D' E. Townsend), Java (H. T. 
Blanford), Moulmein (Dr Stoliczka). 

J'ai rencontré cette espèce dans la jungle basse aux environs de 
Lahat, Ipoh, Gôping, etc. (Kinta), elle vit sur les détritus végétaux 
et est assez rare. 


414 J. DE MORGAN 


116. Pupina aureola Stoliczka. 


Pupina aureola Stoliczka. Journ. As. Soc. Bengal, p. 2, t. XLII, 
p. 267, pl. x, fig. 11-12, 1873. 


Habitat. — Poulo Pinang (Stoliczka). J'ai rencontré cette espèce 
dans les fentes des rochers calcaires au mont Tchôra, près d’'Ipoh 
(Kinta), elle vit sur les feuilles mortes. 


117. Pupina Lowi de Morgan. 
PL VHrGe. 8: 


Pupina testa albida ovata, globulosa, translucida et fragili, læ- 
vigata fulgenteque, 6 anfractibus composita, ultimis anfractibus 
ventricosis, acumine obtuso; sutura lineata vix manifesta; aper- 
tura recta, circulari, ultimaque parli aperturæ sunt duo sinus 
lateribus incrassali, unus ad suturam, alter ad extremitatem labri 
columellaris positus; peristomate reflexo, proeminente, operculo 
corneo. 

Coquille. — Ovale, globuleuse, translucide et fragile, lisse et 
brillante, composée de 6 tours de spire dont les deux derniers 
sont très ventrus, le dernier étant énorme par rapport au reste 
de la coquille, suture linéaire très peu visible, ouverture droite, 
circulaire, garnie de deux sillons placés l’un au sommet du bord 
columellaire, l’autre près de la suture. Péristome réfléchi, proémi- 
nent à la partie externe de la spire. Opercule corné. 

Dimensions. — Hauteur, 7%"; largeur, 5"":; diamétre de l’ouver- 
ture, 20/2. 

Couleur. — Brune cornée. 

Habitat. — J'ai rencontré plusieurs individus de cette espèce 
dans les lieux humides auprès de Lahat (Kinta), 

Rapports et différences. — Beaucoup plus grosse que la P. Tche- 
helensis, cette espèce s’en distingue par la forme de ses tours qui 
sont beaucoup plus aplatis. Elle diffère aussi de la P. arula el de 
la P, artata par la forme de son ouverture, la position du sinus 
columellaire et par la forme de ses spires. 


118. Pupina Tchehelensis de Morgan. 
P1, VITE 


Pupina testa albida ovata, globulosa, vix, densa, lranslucida, 
lævigata fulgenteque; anfractibus quinque composila, ultimis 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 415 


anfractibus ventricosis, acumine obtuso, sutura lineata vix ma- 
nifesta apertura recta, circulari, contracta; labro incrassato ; non 
longe a sutura ultimeque parti labri sunt duo «sinus lateribus 
incrassati; operculo corneo, discoideo. 

Coquille. — Ovale, globuleuse, peu épaisse, transparente, lisse 
et brillante, composée de 5 tours de spire, dont les deux derniers 
sont très ventrus, le dernier étant aussi gros que le reste de la 
coquille; sommet obtus; suture des tours de spire linéaire, très 
peu visible; ouverture droite, circulaire, rétrécie ; péristome garni 
d’un petit bourrelet saillant. Près de la suture est un sillon bordé 
d’un bourrelet très fin; à l'extrémité du bord columellaire est un 
autre sillon ou sinus également bordé par un bourrelet. Opercule 
corné, circulaire. 


Dimensions. — Hauteur, 5""; épaisseur, 3""1/2; diamètre de 
l'ouverture 12212 
Couleur. — Blanchâtre. 


Habitat. — J'ai rencontré cette espèce sur le mont Tchéhèl, elle 
vit au milieu des détritus végétaux. 

Rapports et différences. — Beaucoup plus petite que le P. au- 
reolata Stol. Cette espèce s’en distingue par la hauteur à laquelle 
se trouve le sillon du bord columellaire, de plus ce bord qui est 
légèrement détaché dans le P. aureolata ne l'est pas dans l'espèce 
qui nous occupe. 


LV. Genre VIVIPARA Cuvier. 


119. Vivipara Ingallsi Lea. 
Paludina ingallsiana Lea. Proc. Acad. Nat. Sc. Phil., juin 1856. 


Habitat. — Péninsule Malaise. 


120. Vivipara sumatrensis Dunker. 


Paludina sumatrensis Dunker. Malako zoologische Blätter, 

p:428%1852; 

— Polygramma Martens. Proc. Zool. Soc. London, 1860, 
D'19. 

_ lineoluta KFranenfeld. Ver. Zool. bot. Ges. Wien, 1865, 
PO. 

— filosa Hanley. In Reeve Concb. Ic., pl. vi, fig. 31. 

_— sumatrensis Morelet. Journ. Conch., t. XVII, p. 199. 


Habitat. — Cette espèce est assez abondante dans les rivières 
de Pérak et dans la province Wellesley. 


416 J. DE MORGAN 


LVI. Genre BITHINIA Leach. 


121. Bithinia khintana de Morgan. 
12 PETITE 


Bithinia testa cæruleo-fusca ovata, elongata, imperforata, lævi- 
gata, translucida, fere acuta, tenuissimis lineis ætatis ornata, 
quinque anfractibus composita, regulariter convoluta, sæpe ad 
acutum truncata; sutura lineata, profunda, ultimo anfractu ven- 
tricoso; apertura obliqua, ovata, ad suturam angulata ; peristo- 
mate continuo, acuto; operculo calceo, lævigato , paulumque 
convexo ad internam faciem et concavo ad externam. 

Coquille. — Ovale, allongée, imperforée, lisse et transparente, 
marquée de stries d’accroissement très fines, presqu aiguë au 
sommet, composée de 5 tours de spire régulièrement enroulés, 
fréquemment tronquée; tours séparés par une suture profonde, 
linéaire, dernier tour ventru ; ouverture oblique, ovale, anguleuse, 
à la partie voisine de la suture; péristome continu simple et tran- 
chant ; opercule calcaire ovale, subpiriforme, affleurant au bord 
du péristome, lisse et légèrement convexe à sa partie interne, 
composé à sa partie externe de 5 à 6 tours de spire autour d'un 
nucléus central. 

Dimensions. — Longueur, 8mn; épaisseur, 5""; longueur de l’ou- 
verture, 4""1/4; largeur de l'ouverture, 2mm1]7/2. 

Couleur. — Blonde cornée. 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans le S. Bertam, affluent 
du $. Kinta, à Batou-Gadja et dans un-ruisseau près de Penkalan- 
Bahrou (Kinta). 


LVIIL. Genre STENOTHYRA Benson. 


122. Stenothyra polita Sowerby. 
Nematura polita Sowerby. Proc. Zool. Soc. Lond., 1851, p. 226. 


Habitat. — Singapore. 


123. Stenothyra Hardouini de Morgan. 
PL. , VIII, 6e: 15. 


Stenothyra testa ovala, albo-fusca elongata, ad summum acuta 
lævigata, tenuissimis lineis Spiraliter ornata, 6 anfractibus com- 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 417 


posita, ante ultimo anfractu largiori quam cæteros, anfractibus 
ventricosis, sutura lineata, profunda; apertura minima, con- 
tracta, obliqua, ab ante ultimo anfractu læviter decollata, ovata, 
parum ad suturam angulosa; peristomate recto et acuto. 

Coquille. — Ovale, allongée, aiguë au sommet, lisse, ornée de 
petites stries très fines et très éloignées, disposées suivant l’en- 
roulement de la coquille; composée de 6 tours de spire, l’avant- 
dernier étant beaucoup plus grand que les autres, tours de spire 
ventrus, suture profonde, ouverture petite, contractée, oblique 
par rapport à l’axe, légèrement détachée de l’avant-dernier tour 
de spire, ovale, légèrement anguleuse, à la partie voisine de la 
suture, péristome droit et tranchant. 

Dimensions. — Longueur, 5""; épaisseur, 3"; longueur de l'ou- 
verture, 2"; largeur de l'ouverture 1""1/4. 

Couleur. — Blonde cornée. 

Habitat.— Je n'ai rencontré qu’un seul exemplaire de cette 
petite espèce, il était mort et se trouvait dans la vase d’un ruis- 
seau, à quelques centaines de mètres de la mer à Poulo Tikous 
(P. Pinang). 

Rapports et différences. — Cette espèce diffère de la précédente 
par la forme de son ouverture et par ses ornements très fins dis- 
posés suivant l'enroulement de la coquille. 


LVIII. Genre ASSIMINEA Leach. 


124. Assiminea rubella Blanford. 


Habitat. — J'ai rencontré cette espèce en assez grande abon- 
dance à l'embouchure d’un ruisseau à P. Tikous (P. Pinang). Elle 
est répandue sur toute la péninsule indo-chinoise. 


LVIX. Genre OMPHALOTROPIS Pfeiffer. 


125. Omphalotropis carinata Lea. 


Assiminea carinata Lea. Proc. Ac. Nat. Sc. Phil., VIII, p. 114, 


1856. 
Hydrocena fasciolata Morlt. Rev. Zool., p. 478, 1862. 


Habitat. — J'ai rencontré cette espèce à Telok Anson (Kinta), 
dans les parties marécageuses de la forêt, elle vit près des ruis- 
DA | 


AS J. DE MORGAN 


seaux, elle vit aussi au milieu des détritus végétaux. Celte espèce 
est répandue dans toute la péninsule indo-chinoise. 


LX. Genre AMPULLARIA Lamk. 


126. Ampullaria sumatrensis Pillippi. 


Ampullaria sumatrensis Phil. Syst. Conch. Mart. et Chemn., 
p. 59, n° 81, Taf. 19, fig. 1-2. 

Ampullaria celebensis Mousson. Land und Süsswasser Moll. V. 
Java, p. 59. 


Habitat. — Cette espèce et très abondante dans toutes les 
rivières de la péninsule Malaise; elle est comestible. 


127. Ampullaria compacta Reeve. 
Ampullaria compacta Reeve. Conch. iconica, n° 62. 


Habitat. — Malacca (Reeve). 


128. Ampullaria perakensis de Morgan. 


Ampullaria testa dextrorsa, globosa, cærulea, multis croceis 
faciis ornata perforata lævigata fulsenteque, costis tenuissimus 
ornata, 5-6 anfractibus gibbosis composita, optime convoluta ; 
sutura lineata profundaque; apertura verticali, ovata, ad sutu- 
ram angulosa; peristomate acuto; labro columellari ad umbili- 
cum reflexo ; operculo calceo. 

Coquille. — Dextre globuleuse, perforée, lisse, brillante, ornée 
de côtes très fines parallèles aux lignes d’accroissement, spire 
composée de 5-6 tours très convexes, très régulièrement enroulés; 
le dernier étant beaucoup plus grand que le reste de la coquille. 
Suture linéaire très profonde, ouverture droite, ovale, terminée 
en pointe vers la suture ; péristome droit, coupant, bord columel- 
laire refléchi vers l'ombilic; opercule calcaire, oval, terminé en 
pointe vers la partie voisine de la suture, à la partie interne lisse 
et brillant, orné de stries fines radiantes, à l'extérieur couvert de 
lignes d’accroissement. 

Dimensions. — Longueur, 34mm ; largeur maxima, 27"; longueur 
de l'ouverture, 24"; largeur de l'ouverture, 13mn, 

Couleur. — Cette coquille est d’un beau vert olive, elle présente 
vers la partie inférieure des spires une série de lignes brunes 
séparées entre elles par des lignes jaunes, vers la suture elle est 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 419 


beaucoup plus claire et très translucide; bord columellaire blond 
roux, opercule nacré et rose à la face interne, vert olive à la face 
externe. 

Habitat. — Cette espèce est abondante dans le royaume de 
Pérak, elle vit avec l’'Ampullaria sumatrensis. 

Rapports et différences. — Cette espèce diffère de l'A. compacta 
par la convexité de ses spires, la profondeur de sa suture et la 
forme générale de son ouverture. 


129. Ampullaria wellesleyensis de Morgan. 


Ampullaria testa cæruleo fusca dextrorsa, imperforata, lævi- 
gata, fulgenteque, costis tenuissimis ornata, semper truncata, 
optime convoluta, 5 vel 6 anfractibus composita, apertura recta, 
dilatata , ad suturam acuta; peristomate recto et acuto, ad colu- 
mellam paulum reflexo; sutura lineata, parum profunda ; oper- 
culo calceo. 

Coquille. — Dextre, imperforée, lisse et brillante, ornée de côtes 
très fines parallèles aux lignes d’accroissement, spire toujours 
tronquée au sommet, composée d'environ 5 à 6 tours peu con- 
vexes, très régulièrement enroulés, le dernier étant de beaucoup 
plus gros que le reste de la coquille, suture linéaire profonde, 
ouverture droite, ovale, très évasée, terminée en pointe vers sa 
suture; péristome droit, coupant; bord columellaire épaissi, oper- 
cule calcaire. 

Dimensions. — Longueur, 23mn; Jargeur, 30%"; longueur de 
l'ouverture, 269; largeur de l'ouverture, 17m, 

Couleur. — Cette coquille est d’un brun foncé, elle est translu- 
cide et ornée de bandes fauves plus colorées vers la partie exté- 
rieure des tours de spire que vers la suture ou le bord columel- 
laire; ouverture blanchâtre, laissant voir à une assez grande 
distance du péristome les bandes fauves de la coquille, bord co- 
lumellaire rougeâtre, opercule gris de plomb à la partie interne, 
brun foncé à la partie externe. 

Habitat. — Cette espèce est abondante dans les ruisseaux de 
la province Wellesley, je l’ai rencontrée aux environs de Boukit 
Tamboun. 

Rapports et différences. — Cette espèce se sépare aisément de la 
précédente par son manque de perforation, la forme générale de 
son ouverture, qui est très évasée, et par l’aplalissement de ses 
tours de spire. 


420 J. DE MORGAN 


LXI. Genre SERMYLA H. et A. Adams. 


130. Sermyla episcopalis Lea. 
Melania episcopalis Lea. Proc. Zool. Soc., 1850. 


Habitat. — Cette espèce est très abondante dans tous les cours 
d'eau du royaume de Pérak, elle présente de nombreuses va- 
riétés. 

Observations. — Cette espèce est comestible, les Malais la 
nomme « Sipout galtong ». 


131. Sermyla Chaperi de Morgan. 


Sermyla testa, cærulea 2 faciis fuscis ornata, turriculata, elon- 
gata, lævigata fulgenteque, 9 vel 10 anfractibus carinatis compo- 
sita, prioribus anfractibus nodulis rotundatis ornata, ultimis 
elongatis ; sutura lineata, profunda; apertura ovata ad suturam, 
angulosa; labro externo eminenti; peristomate recto et acuto; 
labro columellari reflexo; operculo corneo. 

Coquille. — Dextre, turriculée, allongée, lisse et brillante, com- 
posée de 9 à 10 tours de spire, chacun des tours étant orné d'une 
carène assez forte, qui est recouverte par la suture du tour sui- 
vant, la partie comprise entre cette carène et la columelle est 
ornée de 5 à 6 côtes longitudinales, les premiers tours sont cou- 
verts de tubercules ronds, tandis que, dans ces derniers, ces tuber- 
cules qui prennent une forme allongée sont doubles et infléchis 
vers la droite, le dernier tour présente environ 7 à 8 tubercules 
beaucoup plus élevés vers la partie voisine de la suture du tour 
précédent que vers la columelle; suture linéaire peu profonde ; 
ouverture ovale, anguleuse vers la suture, bord externe proémi- 
minent; péristome droit et coupant, lésèrement refléchi vers 
l'extrémité columellaire; opercule corné, formé de plusieurs 
spires enroulées autour d’un nucléus central, brillant à la face 
interne, mat à la face externe. 

Dimensions. — Longueur, 47"; épaisseur, 20m"1/2 ; longueur de 
l'ouverture, 19""; largeur de l'ouverture, 11"". 

Couleur. — Dans son jeune âge cette coquille est transparente 
et d'un beau vert olive, elle est ornée de deux bandes fauves, dont 
l'une correspond à la carène, à l’état adulte elle devient plus 
foncée et perd la coloration de ses taches, son ouverture devient 
blanche ou bleuâtre ; opercule brun, presque noir chez les adultes. 


MOLLUSQUES TÉRRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 421 


Habitat. — Cette espèce vit dans les rivières de Pérak ou je l'ai 
fréquemment rencontrée, elle est comestible et comme la S. epis- 
copalis est appelée par les Malais « Sipout Gatong ». 

Rapports et différences. — Cette espèce appartient au groupe de 
la S. episcopalis, mais elle se distingue de cette espèce par des 
caractères spéciaux qui existent même dans le jeune âge, la 
S. Chaperi est dès ses premiers tours ornée de tubercules, et 
dans les derniers, elle est assez fortement carénée et ornée de 
deux bandes fauves; ce qui n'existe pas dans la S. episcopalis, 
la base des tubercules forme dans la S. Chaperi une sorte de ca- 
rène très accentuée située au-dessus de la suture qui, par le fait, 
se trouve placée dans un enfoncement très marqué, tandis que 
la suture de la S. episcopalis est beaucoup moins profonde. 


133. Sermyla perakensis de Morgan. 
Melania infracostata Reeve. Conch. Ic., fig. 14, 1859. 


Observations. — Mousson (Moll. Java, p. 65, t. X, fig. 3), fit 
pour un Mollusque de Java l'espèce M. infracostata, nom que 
Reeve employa plus tard pour désigner une autre espèce de Ma- 
lacca du groupe de la S. episcopalis. L'espèce de Reeve qui est très 
différente de celle de Mousson reste par conséquent sans nom, je 
propose de la nommer S. kintanensis en souvenir de la vallée de 
Kinta, localité où elle se trouve en grande abondance. 


LXII. Genre MELANOIDES Olivier. 


133. Melanoides tuberculatus Müller. 
Melanoides tuberculatus Müll. Verm. n° 378. 


Habitat. — Toute la péninsule. J’ai rencontré cette espèce dans 
la province Wellesley. Côte est d'Afrique, Madagascar, Maurice, 
Inde, Ceylan, Syrie, Perse, Arabie, Siam, Java, Malte (Mart. et 
Chemn.). 


134. Melanoides truncatulus LK. 
Melania truncatula Lamk. Hist. nat. An. s. vert., 1838, t. VII, 
p. 433. 


Habitat. — Timor, Sumatra. J'ai rencontré cette espèce en 
crande abondance dans les ruisseaux de la province Wellesley. 


422 J. DE MORGAN 


135. Melanoides fontinalis Philippi. 
Melania fontinalis Phillippi. Mart. et Chemn. Ed. Küster, p. 253, 
t. XXVI, fig. 9, 94: 


Habitat. — P. Pinang (Paetel). (Mart. et Chemn.). 


136. Melanoides lyratus Benson. 
Melania lyrata Bens. Glean. of Sc., 1830, II, Journ. As. Soc. 
Bengal, 1836, V, 782. 


Habitat. — J'ai rencontré cette coquille dans le Sougni Bertam, 
affluent de la rivière Kinta, près de Batou Gadja. Elle est comme 
dans toutes les iles Malaises et dans les Indes. 

Observations. — Cette espèce présente plusieurs variétés de 
taille, elle est très constante dans sa forme. 


137. Melanoides malayanus Issel. 


Moll. Boreensis, p. 100. (Ann. Mus. civic. Genova, VI, 1874, 
p.463). 
Melania malayana Mart. et Chemn. P. 253, tab. 26, fig. d-5a. 


Habitat. — Abondant dans tous les ruisseaux de la péninsule. 


LXIII. Genre PIRENA de Lamarck. 


138. Pirena Cantori Reeve. 
Pirena Cantori Reeve, Conch. Ic., fig. 2. 
Faunus Cantori Mart. et Chemn., p. 414, t. XLIV, fig. 6-6a. 


Habitat. — P. Pinang (Reeve), Chine (Cuming?). 


LXIV. Genre CLEA H. et À. Adams. 


139. Clea Nigricans À. Adams. 
Clea nigricans. Proc. Zool. Soc. Lond., 1855, p. 119. 


Habitat, — Bornéo (Paetel), Malacca. 
LXV. Genre PSEUDODUS Gould. 


140. Pseudodus Cumingii Lea. 


À nodonta Cumingii Lea. Proc. Zool. Soc. Lond., 1850, p. 99. 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 423 
Monocondylæa Cumingii Lea.Journ. Ac. Nat. Sc. Phil., IV, p. 235. 


Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans le S. Batam, affluent 
du S. Kinta, près de Batou Gadja; elle est assez abondante. Lea la 
cite de la péninsule Malaise et Morelet de Java, Bornéo, Siam et 
du Cambodge. 


141. Pseudodus Chaperi de Morgan. 
PL IE M0 


Pseudodon testa, ovata, inæquilaterali, inflata, subcrassa; epi- 
derme nitida, in adultis castanea, margine anteriori rotundato, 
sub rostrato, posteriori paulum acuto, basali regulariter arenato, 
dorsali ad alam compresso; umbonibus tumidis; area lata, cari- 
mis duabus circumscripta ; lunula profunde excavata; dente car- 
dinali parvulo compresso, crenulato; margarita albo plumbea sub 
ombonibus rutilante. 

Coquille. — Gvale, inégale, renflée, épaisse, recouverte d’un 
épiderme épais brun très foncé, ornée de fortes stries d’accrois- 
sement, et de deux côtes très distinctes à la partie postérieure; 
bord antérieur arrondi, bord postérieur légèrement anguleux, 
base régulièrement arquée, dos comprimé, charnière munie d’une 
forte dent très proéminente, triangulaire, lamelles très allongées, 
à peine distinctes à l’intérieur et au dessous du crochet se trouve 
une ligne de 6 perforations profondes qui existent chez les indi- 
vidus jeunes comme chez les adultes. Impressions musculaires 
antérieures très fortement marquées, impressions postérieures à 
peine visibles. 

Dimensions. — Longueur, 84"; largeur, 48""; épaisseur, 38m, 

Couleur. — La nacre de cette coquille est d’un blanc grisâtre, 
qui passe au rose fauve quand on la considère au-dessous des 
crochets. F 

Habitat. — J'ai rencontré cette espèce dans tous les affluents de 
la rivière Kinta, elle est assez comestible, les Malais la mangent. 

Observations. — Cette espèce est très variable de forme, mais 
toutes ces variétés peuvent être rangées dans deux types bien 
distincts : 

Variété à. Allongée, ovale, lisse. 

Variété 6. Partie postérieure très large et ornée de petites stries 
irrégulières qui vont d’une côte à l’autre. La surface antérieure 
ne porte jamais de stries. 


— 
LE 
= 


J. DE MORGAN 
LXVI. Genre UNIO Retz. 


142. Unio delphinus Grun. 
Unio delphinus Grun. In Wiegm. Arch., p. 276, t. XI, fig. 1,1841. 


Habitat. — Singapore, Cochinchine, Cambodge (Morelet). 


143. Unio perakensis de Morgan. 
PI. IX, fig. 3-4. 


Unio testa elongata, inæquilaterali, solida, olivacea vel fus- 
centi, tenuiter lamelloso striata, costis tenuissimis radiantibus 
ornata antice rotundata, postice maxime elongata, angulosa, mar- 
gine dorsali elongato, dilatato; dente cardinali tenui, lamelliformi, 
in valva dextra duplicato, in altera simplice; lamella unica in 
valva dextra, in sinistra duplice; margarita albo-plumbea, ad 
umbonem rutilanti iridescenti. 

Coquille. — Très allongée, épaisse, elliptique, couverte de lignes 
de croissance très marquées et ornée de côtes radiantes très fines, 
recouverte d’un épiderme épais et brillant, arrondie à la partie 
antérieure, pointue à la partie postérieure, de ce côté la coquille 
porte deux côtes dont l’une, très saillante, rend la surface angu- 
leuse, tandis que l’autre est à peine visible ; dent cardinale fine, 
lamelliforme, double dans la valve droite, simple dans l’autre, 
lamelle unique dans la valve droite et double dans la gauche. 

Dimensions. — Longueur, 80"; largeur, 30%"; épaisseur, 22mn, 

Couleur. — Cette coquille est d’un blanc bleuté, elle est rose 
chaire dans la partie voisine des crochets. 

Habitat. — Cette espèce vit dans le $. Kinta (Pérak), elle est 
assez rare. 

Observations. — Ce Mollusque est comestible. 


LXVII. Genre CORBICULA Megerle von Mühlfedt. 
144. Corbicula Rhomboidea Prime. 
Habitat. — Malacca (Pætel). 


145. Corbicula malaccensis Desh. 
Corbicula malaccensis Desh. Proc. Zool. Soc. Lond., 1854, p. 343. 


Habitat. — Malacca (Desh.). Abondante dans les ruisseaux du 
district de Kinta (Pérak). 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 


LISTE PAR ORDRE ALPHABÉTHIQUE 


DES 


425 


ESPÈCES QUI COMPOSENT LA FAUNE DE LA PRESQU'ILE MALAISE 


AlyjcæustqubousalusStoliezka Tin eee ence 
—  Jousseaumei de Morgan 
—  kapayanensis de Morgan 
it NelURENSS I UTOSSE Res LS NN bete 
— hero mde MOTS AN ee SE ee. 

Am phidromus Chloris Reeve.. .......:........... 

— inversus Müller 


CRC 
te ns ne 9e e ares so e sels 
elles le elec #1) elats ee ee 


slele er els ete 205 Selle lole ss v1°1e 


— DÉTOCTS USA LINNES OP Ne ER AE 

— polymorphus Tap. Canefri 
Ampullaria compacta Reeve........,............ 
— gerakensis de Morgan. :.2:2.....,..0.0 

— sumatrensts PRUIppE Se SE RE 

— wellesleycnsis de Morgan 


Ariophanta kintana de Morgan. .................. 26 
— lahatensistde Morgan. ca mien. 27 

OP UMsENTAPIeNOn A ME Le RE eee 28 

A SRNANEE TUDELUB NIUE SENS SEE LR SAR ie 124 
Anülopoma Dot de MOrEAn Re Eee EE Dee araeces.e 95 
PURE aNT AMOLEAR NE ER ERE T Ts ee 121 
Ceratties Crustus DéShayes Mr CRT. 1. 76 
Cleaniqieans AT AGE Ce RER) EMMA NNRERe . 139 
Corbicula malaccensis Deshayes.. ....,.:...,....... 145 
1 MT iOmOMAeRIbNMe 1.4, RE... 144 
Cycepne UAUUUS SONErDYS.. 1: Tite eee. 99 
DonneensisiMetcaltes.":.2" see ne 96 

= CORRE DENSOD PT MN « 102 

— CAPTEASDNIENE DE ENS AS SE ANNET.. 100 

— lalatensiside Morgan, 77122... 103 

— PRIT BENSON 2  e » à 105 

— perdix Broderip et Sowerby. .......... 101 

— Pfeifferi Reeve et Sowerby....,....... 98 

— * semisulcalus Sowerby................. 104 

— DURS NETEL ES" RARE LEA 97 
Cyclolus Lindsiédti Pfeiffer. ....,...,....,....... 41 


Nos | Pages. 


402 
402 
402 
402 
402 
387 
387 
387 
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387 
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417 
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383 
417 
407 
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42% 
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408 
409 
409 
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409 
408 
410 
408 
398 


VIII 


426 DE MORGAN 


Nos |Pages.| PI. | Fig. 


— | | ————— | — 


Cyclotus Daulzenbergi de Morgan ........ ons SUR ANS| 298) 
Ellobium auris-JudæLinné . ...........,.1. HRe7 |. 39h 
——, ours Me Nb ES aa s'aclese cvthlee 68| 395 
=== Chaperi deMOrean 2... 45600 ce ..1 70] 396] VIII | 41 
—) penangense de Morgan, .......1...,....0%% 72| 396 
— semisculplum H. et À. Adamé.......... 10691396 
— semiplicatum H. et À. Adams............ 1711306 
ÆEnnea bicolar Hulton... .. LE DRE 51372 
Frulticicola penangensis Stoliczka.......,.......... 33| 384 
— SMAIAT ISO CTUSS AC RE E E RRIE 34] 384 
GϾotis Douvillei de Morgan........ ..... PR Er 16| 388| VIII 9 
Geotrachus perakensis (CrOsBe 4.000... MAUR 38| 386 
Hapalus Jousseaumei de Morgan..,...... Not 61 372) 2 
Helicarion Low de Morgan... ......:....... EU 91 :373| YŸ 3 
— Dermole SIONEzkKa EEE Lee CN SRE TE 8| 373 
Hemiplecta Chevalieri Souleyet....,.......,...,..... 91| 378 
— humphreystiRErE. 0.00. 0e sn, IN e0eS Te 
— Leecht deyMoreane tee. 200 3 PRO ON A AO) ENV 9 
Hybocystis elephas de Morgan. . ................. 90! 404| VII À 
— 0" Jousscaumeiide Morsani er CRI CL 91! 405| VII 2 
Lagochilus striolatus Stoliczka. ................... 108| 414 
— Srwetlenhami de Morgan... .......... ....1109! 419] VHI 8 
— TOURSENACTOSS RU MR ER CCC CES 106| 4414 
— trochoules SIONCAE A RL ER NE E 407| 411 
Leplopoma asptrans Benson. .......,............. .1110| #12 
Limnophysa singaporiea Küster..,..,........ RTS) 08 
Macrochlamys Bartoni de Morgan. .....,.,......,.. 48 37810 8 
= Hatchongi de Morgan... ............ 16| 376| V 6 
— Tousoufi de Morgan... ...... RAR Re ARS TT 7 
—— MAlALCANPIONTET MT EU D 131 375 
— pataniensis de Morgan ........,..... 451, 376|. V 5 
—— slephoidesSloliczKa...,r. ut 200 410375 
Megalomastoma anostoma Benson.,.......,......... 1121 413 
— seclilabrum Gould............... 111| 419 
Melampus Crossei de Morgän..............:.... ..| 891393) VII 10 
—: pulls Pet... RER EEE CR 57| 392 
— singaporensis Pfeiffer .,.....,...... HP LiIn bel 
Melanoides fontinalis Philippi.................,... 135! 429 
—— INGUS DENON... RD semis 136| 422 
— MAIQUANUS ASE... OR or «et 137| 429 
— truncalulus de Lamark..,,..... TRE 134] 4921 
— tuberculafusMuIIen CRETE, 0 133| 421 
Microcystis palmicola Stoliczka. .,.,............... 11| 374 
Omphalotropis carmalaEBAis 4, 52 0e men. sus 125] 417 
Opisthoporus penangensis Sloliczka, .,,.,......,... 84! 399 


MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES DE PÉRAK 


Opisthoporus rostellatus Pfeiffer 
— SALUE SONIA RAR ER Dire e date à 
Opisthostoma paulluciæ Crosse et Neville, .,...,.... 
Oxytes amphidroma Martens. ................,.,,. 
— .cymabiune Benson. ...::.,.,..:024 Mresos c 
—  sakaya de Morgan 
Palaina: NebileuCrosse.....:,.,,2.,4%5,.:beta0t 
Paryphanta ophiria Pfeiffer... ........,...,...,.. 
Paxillus adversus H. et A. Adams 
Pelasue BouraacaMOrean. Le .e. .. ee. ce atoa Dm ee 
PhedusmnhicaslaiaiStoNczka... :,..,,..10 4eme 
= Ben ANUenNSE SIONCZKA. Se te 0 see 
Philidora Hardouini de Morgan 
— Wrayi de Morgan 
Philomycus pictus Stoliczka 
PirendiCantont ONE. In e nee eefie aile te pirate 
Plamispira bretiselaiPIOlOr. tn... alterne 
Plecotrema punclalostriala H. et A. Adams 
— typica H. et A. Adams 
Pseudodus Chaperi de Morgan 
— (DELLA UE ÉRANSRARNNN PPT STSNT ARTS TES 
Pseudonenia kapayanensis de Morgan ,,.,........... 
Pteracyclos Blandi'Bensôn: 14.70.2045. 
— Regelspergert.de Morgan. ..:...11.1.4 
Pupina. arlala Benson. .….........,.........3. 
nt CT MIO DENSONE F2 sielele g sitete sie see eisie 
= OUrEOISIONCZEL. 4.0... trees 
et put de MONS ARS 28 are ae cietehe eretie » dayeie | VII 


d'dioleotriate, (san dieltisrehetelele es ele 


ee 5 9 e à nv" ee ° etes 


DCACICL ONCE EON EC CET CE Te TEL 
DRDICRON CINE PCR EC SONORE 


eo) gel le sie se ets a eue 5 eee plie 


PA IX 
VI 


…..... 


— chehelensis de Morgan. ........... ....... VIT 
PupisomaoneelaStoliczka RS am eee 
Raphautus Fortran biedier. Cu at nee aus + 
Rhiostoma Jousseaumei de Morgan .....,.......... 2 VIII 
Rhodina perakensis de Morgan, .., 4.4... 1... JUL VI 


Rotule brie Stolezk A... MA lee «à 
Scarabus borneensis Adams 
OO IC GC SPP PES C0 SOPDPR 
Scopelophila palmira Stoliczka. .............,.. ... ‘ 
Sermyla Chapervde Morgan, ...........:...,... é 20! VIII 
CI NERO PRET PU CUPPILE 

—. perakennsde Morgan: . .....:.-000...... 
Sidula auris-felhs Bruguière. .,.............,.... 
— | Benson EEE Re ee ee 
—,, Musielina DOBNAVEs, 25... 1e esse ve 
— MUC Manon 0... nero sue ele 
—  Sowerbyri Pfeiffer 


Sols, © ose à «1612 9-9 ts eue » 0 à e 


MM OUS Ip ee c'e + ele ait ele alale ete o ele 


427 


10 


5 


428 J. DE MORGAN 


Sitala carinifera Stoliczka, ., 
Slenoyyra gracilis Hutton. . 
—  Swetlenhami de Morgan 
—) tchehelensis ide Morgan’, : :::2:5520., 0200 
Slenothyra Hardouini de Morgan. ............ : 
—  polita Sowerby 
Streplaxis plussensis de Morgan 
Succmen Talon PIETET. . Re one lees 
Trochomorpha castra Benson 


ee 


— limorensis Stoliczka, .... RD GAS 

Unio delphinus Grün......, SAIT RIDE DOS à 
nn Der ukEnsis AB MOTSAREE CE ARE D RER 143 
Veronicella birmanica Théobald. ...........,..,.. 3 
= HusselHIMAr ENS ee RS ere nl ea 
Vitrine nuclear SiDiCzkA SN ER Re 7 
Pinipara Tngallsu enr inner ite ...|119 
— LL sumatrensis Dunkeri.L. 5422521522 MINT 120 
Xesta Malaouyi de Morgan..........,... RES DR 12 


IX | 3-4 


LA 4 


MÉTAMORPHOSES D'UNE CORYDALIS 


Par le Dr Alfred DUGÈS 


(A Guanajuato, Mexique) 


Lors de mon voyage en France en 1868, je donnai à mon 
regretté ami Jules Verreaux une note sur les transformations, 
encore inconnues, de la Corydale : cette note fut remise à M. Gué- 
rin, mais je ne crois pas qu'elle ait été publiée et, dans le doute, 
j'ai profité d'une trouvaille faite par mon frère, le D" Eugène 
Dugès, pour étudier de nouveau le sujet. 

La larve, a été trouvée dans le ruisseau del Sauz, ferme de 
Tupätaro, état de Guanajuato, Mexique; prise le 10 mai, cette 
larve s’est transformée en nymphe le 11 mai et a passé à l’état 


Fig. 1. Fig. 2. Fig. 3. 
Larve un peu plus petite Dessous de la tête; an- Labre et ocelles, 
que nature. —«, mâchoire. tenne et palpe labial. au nombre de trois 
b, griffes. à six. 


parfait le 18 du même mois. Je crois me rappeler que la première 


430 ALFRED DUGÈS 


que j'avais observée avait mis plus de temps entre ses métamor- 
phoses : lorsque les houppes branchiales commencèrent à s’atro- 
phier, je la plaçai sur la terre mouillée, où elle se creusa un abri 
rond, pour se changer en nymphe; une huitaine de jours après, si 
j'ai bonne mémoire, nous trouvàmes la Corydale sortie pendant 
la nuit et déjà apte à voler. 

Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de décrire l’Insecte dont il 
s’agit maintenant; les figures très exactes quiaccompagnent cette 
note sont suffisantes pour le faire bien connaître. 

Malgré la difficulté inhérente à la détermination spécifique des 
Corydales, je considère celle-ci comme Corydalis lutea Hagen. 

La larve (fig. 1, 2, 3) est d’un brun foncé, avec le dessus de la 
tête et du prothorax jaunâtres vermiculés de brun : les pattes et 
les mandibules sont d’un brun noir. Sur ie milieu de la tête, il 
y à trois points clairs et sur les bords une tache; le pronotum 
présente à peu près les mêmes maculatures que j'ai indiquées sur 
l’Insecte parfait (1). 

La nympbhe (fig. 4, 5, 6) est d’un jaune brunâtre peu foncé, sur 
le pronotum on distingue le même dessin que celui de la larve : 


Fig. 5. 
Bouche vue en des- 
sous. — «, labre. b, mà- 


choire. ce, mandibule. 


Fig. 4. 
Nymphe grossie envi- 
; ron deux fois. 
Fig. 6. 
«&, ocelles. 


les mandibules sont d’un brun foncé. Au milieu du front, un peu 
en arrière de la ligne qui joindrait les bases des antennes, il y a 
trois stemmates. Sur le bord des anneaux de l'abdomen, des 
tubercules un peu velus indiquent les branchies disparues; il 
n'y a plus de crochets post-abdominaux. Les mâchoires sont 


(, Ce qu'il y a de singulier, c'est que généralement le nombre des yeux d'un 
côté est différent de celui de l’autre; la différence va de 3 à G: ils ont la forme 
d'yeux simples bien séparés, mais formant un groupe défini. 


MÉTAMORPHOSES D'UNE CORYDALIS 431 


terminées par un palpe de 5 articles et deux appendices égaux. 
Les tibias sont fortement arqués. Les griffes sont épaisses et 
courtes. 

L’Insecte parfait dont je donne les parties antérieures varie de 
grandeur, de 6 à 7 centimètres jusqu'à 8. Il est très rare à Guana- 
juato et je ne sais comment m'expliquer ce fait, car 
les larves sont assez communes dans les petits 
cours d’eau ou les flaques laissées par les pluies ; 
je n’ai donc pas pu étudier ses mœurs. La larve , 
est carnassière et mord cruellement, mais, lors- # 
qu'on la saisit hors de l'eau elle fait la morte et ne { 
remue que sion la comprime; j'en ai mis une en Fig. 7. 
alcool et l'ayant retirée plus de deux heures après Tête d'un de 
pour l’étudier, je l’ai mise dans l’eau où elle est Un peu plus petite 
très vite revenue à elle. GESRGInES 

Qu'il s'agisse bien de Corydalis lutea Hag. ou d'une espèce voi- 
sine, les métamorphoses doivent toujours être comme je les indique 
ici et montrent qu'elles sont tout à fait analogues à celles déjà 
connues des Névroptères de ce genre. 


DES CR PETER 


D'UN 


NOM ELA CPR TE 


(ALOPHUS ANTONII) 


Par le Dr Alfred DUGÈS 


A Guanajuato (Mexique) 


Je publie sous ce nom un petit Acarien de la famille des Trom- 
bididés, qui présente des caractères suffisants pour le séparer des 
Rhyncholophus Ant. Dugès, auxquels il ressemble beaucoup ; et le 
nom que j'ai choisi servira à exprimer sa parenté avec eux. Je le 
dédie à la mémoire de mon père. 

Les palpes sont rapaces (c'est-à-dire à dernier article obtus, 


Fig. 1. 
Extrémité antérieure d'Alophus 
Antonii. a, œil. b, stigmate. 


l’avant-dernier pourvu d’une griffe, 
et le second plus grand que les au- 
tres) ; ils sont entièrement libres et 
insérés sur le rostre (fig. 1). Le bec 
ne porte pas de panaches comme 
celui des Rhyncholophes : c’est ce 
qu'indique le nom d’Alophus (000). 
Les mandibules sont longues et en- 
siformes (fig. 2). Le corps est d’une 
seule pièce, mais on y remarque un 
sillon transversal profond, qui sé- 
pare du reste du corps une espèce 
d'avant-train portant la bouche et 
les quatre premières pattes; un au- 
tre sillon longitudinal partage en 
deux moitiés latérales cette même 
partie; sur la région dorsale, on 


peut aussi voir deux ou trois lignes transversales enfoncées, 


DESCRIPTION D'UN NOUVEL ACARIEN 433 


qui rappellent ce qu'on observe chez les Trombidium. Les hanches 
sont séparées en quatre groupes : les deux antérieurs rapprochés 


a 
Fig, 2. Fig. 3. Fig. 4. 
Màchoire en gout- À, hanches des premières Alophus Antonii Q. 
tière. a, soie im- pattes. B, hanches des der- 
paire ? nières pattes. a, trochanters. 


par leur base, les deux postérieurs très éloignés entre eux et des 
premiers (fig. 3]. Les pieds sont palpeurs (dernier article ovoïde, 
plus gros que celui qui précède) et munis de deux griffes. La der- 
nière paire de pattes est la plus longue, et la se- 
conde La plus courte. En arrière des hanches an- 
térieures, mais à la face dorsale du corps, on 
observe deux yeux rouges, en dedans et en arrière 
desquels il y a deux stigmates. Comme on le voit, 
avec des caractères de Rhyncholophus, le genre ; 
Alophus en offre d’autres qui permettent de l'en Fig. 5. 
séparer. a, poil des 
; ne : : membres. b, 

Alophus Antonii varie beaucoup pour la taille:en if du ue 
général il a de 0®"5 à 1"n5 de long; le corps, de 
forme oblongue, est un peu déprimé; sa hauteur est égale à envi- 
ron deux tiers de sa largeur (fig. 4). Cet Acarien est blanc d’ar- 
gent en dessus: une tache triangulaire à la base de l’avant-train, 
une autre longitudinale très petite à l'extrémité du corps et deux 
bandes irrégulières longitudinales, plus larges en avant, où elles 
se continuent sur l’avant-train, sont d’un rouge cerise; de cette 
même couleur sont le bec, les pattes et le dessus du corps, dont 
la teinte remonte un peu sur les flancs. Les deux yeux sont d'un 

28 


434 ALFRED DUGÉS 


rouge brillant. Tout l'animal est couvert de poils plumeux, mais 
les membres portent des poils en général simples (fig. 5). 

En avant du corps, on voit un bec fornié d’une partie basilaire 
assez large qui supporte les palpes ei une autre 
portion triangulaire, à l'extrémité de laquelle 
on voit souvent saillir les mâchoires. Les palpes 
sont grands, à second article plus grand que les 
autres; le dernier article, obtus, porte quelques 
épines à son extrémité ; l’avant-dernier est muni 
d'une forte griffe dentée qui, avec l’autre, forme 
probablement pince (1).. 

Les deux hanches antérieures sont un peu plus 
petites que les postérieures; elles sont ovales 
en dehors et atténuées en dedans; on remarque 
que dans chaque groupe une des hanches fait 
plus saillie que l’autre, de sorte que la première 
et la quatrième ressortent davantage que la 
deuxième et la troisième. 

Les pattes de la première paire sont un peu 
,| Plus courtes que celles de la quatrième, qui 

Fig. 6. sont les plus longues de toutes; les deuxièmes 

Schéma représen- Sont courtes. Par ordre de longueur, on a les 
tant la longueur pro- . 6 
portionnelle des pat- numéros 2, 3, 1, 4 (fig. 6). Chaque patte a un tro- 
tes. chanter et un trochantin petits, trois articles 

allongés dont le dernier est le plus grêle, et un 
tarse gros et ellipsoïdal. Cette dernière pièce, en outre de ses poils 
ordinaires, porte en dessous une brosse de poils serrés, entremêlés 


Fig, 1. = 
Dernier article d'une D = 
patte : griffes rétrac- Fig. 8. 


tiles. Patte de la quatrième paire. 


(1) Les deux mâchoires sont très longues, creusées en gouttière, grêles en avant 
et élargies à leur base; des muscles puissants les rétractent dans le rostre. Il m'a 
semblé, dans une préparauon, voir un stylet impair très aigu et transparent qui 
serait alors la languette, mais je n'ai pu le retrouver dans d'autres dissections. 


DESCRIPTION D'UN NOUVEL ACARIEN 435 


d'épines, et son extrémité est pourvue de deux griffes rétractiles 
à fort talon (fig. 7 et 8). 

Alophus Antonii se trouve à Guanajuato (Mexique) pendant toute 
la saison chaude ; je l'ai observé surtout sur les feuilles du ?hila- 
delphus mexicanus, courant avec célérité et cherchant à se cacher 
dès que je voulais le saisir; pour ne pas l’écraser, je le prenais 
au bout de mon doigt mouillé de salive. Il ne m'a pas été possible 
de trouver les nymphes et les œufs. 


MATE lR TA UE 


POUR SERVIR A LA 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 


Par E. SIMON 


III () 


A RAICELNIDES 
RECUEILLIS EN 1884 DANS LA PRESQU'ILE DE MALACCA 


Par M. J. DE MORGAN 


Les Arachnides énumérés dans ce travail font partie des inté- 
ressantes collections d'histoire naturelle recueillies en 1884 par 
M. J. de Morgan dans l’intérieur de la presqu'île de Malacca et 
notamment dans la haute vallée du fleuve Kinta (royaume de 
Pérak) (2). 

Le nombre des espèces est malheureusement peu considérable, 
ce qu'il faut attribuer à la difficulté des recherches zoologiques 
dans un pays encore inexploré, où le voyageur, presque toujours 
à pied, est constamment forcé de se frayer un chemin au milieu 
de forêts inextricables. 

Cette petite collection renferme néanmoins onze espèces nou- 
velles et quelques types génériques très curieux. 

Jusqu'ici, en effet, la presqu'île Malaise n'avait été explorée que 
sur quelques points de son littoral occidental, tandis que les 
espèces que nous décrivons proviennent presque toutes des 
hautes montagnes du royaume de Pérak qui en forment l'arête 


(Li Pour les n° I et IL, cf. Bulletin dela Société Zoologique de France, 1885, p. 1. 
(2) La relation succincte de ce voyage a été publiée dans le Bulletin de la Société 
normande de Géographie, 1884, p. 493. 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 437 


principale et dont plusieurs dépassent 2000 mètres d'altitude. 

Les observations faites par M. de Morgan au sommet de ces 
montagnes prouvent au reste qu'il s’y est trouvé en présence d’une 
nature véritablement alpine inconnue avant lui; à propos du 
Gounoug-Krbou (2354 mètres au-dessus du niveau de la mer), il 
dit en effet « voici à peu près l’ordre dans lequel se présentent 
les végétaux quand on gravit ces sommets : au pied des montagnes 
et jusqu’à 200 ou 300 mètres, les grands Bambous, les Fougères 
arborescentes ; jusqu’à 500 ou 600 mètres, la jungle est plus claire, 
mais les arbres sont encore énormes ; à 1000 mètres commencent 
les Rotanes Krtas dont les épais fourrés sont généralement très 
difficiles à traverser; puis viennent les Boulo-ignas, petits Bam- 
bous très longs qui poussent jusqu’au sommet; enfin les Conifères 
et de grandes Fougères ». 


1. Hyzzus MoRrGANI Sp. nov. 


d long. 7%"8. — Cephalothorax crassus nitidus niger fulvo-pu- 
bescens, parte thoracica vitta lata rufescente longe albo-pilosa 
arcum magnum in medio formante notata. Area oculorum paulo 
latior postice quam antice, tuberculis ocularibus parum expressis. 
Oculi antici in linea parum arcuata, laterales a mediis bene sejuncti. 
Pili oculorum fulvo-aurantii, pili clypei pauci longi albidi. Abdo- 
men ovatum nigrum obscure fulvo-pubescens, vittis duabus albo- 
pilosis antice fere confluentibus postice paululum divaricatis 
apicem haud attingentibus supra notatum, infra in lateribus albo- 
pubescens in medio vitta lata obscuriore fulvo-pilosa notatum. 
Chelæ parum longæ robustæ haud porrectæ nec attenuatæ ad 
apicem parum oblique truncatæ cum angulo interiore obtuso et 
paululum prominulo, nigro-æneæ, transversim dense et subtiliter 
striolatæ, margine inferiore dente maximo compresso et lanceo- 
lato, margine superiore dentibus binis, 1° robustiore, armatis, 
ungue robusto simplici. Sternum nigrum nitidum longe albido 
pilosum. Pedes nigri postici paululum rufescenti tincti, meta- 
tarsis tarsisque dilutioribus et rufescentibus, nigro setosi, parce 
albo fulvoque pilosi. Tibiæ I et IT aculeis inferioribus atque acu- 
leis lateralibus binis utrinque armatæ sed aculeo dorsali carentes. 
Tibiæ IIL et IV aculeo dorsali subbasilari munitæ. Pedes-maxil- 
lares nigri nigro-setosi parce fulvo-pilosi, longi et graciilimi, 
femore arcuato versus basin compresso, patella circiter dimidio 


438 EUGÈNE SIMON 


longiore quam latiore parallela, tibia patella haud breviore nec 
angustiore parallela extus ad apicem apophysa brevi et uncata 
armata, tarso minuto tibia cum patella breviore et haud latiore, 
bulbo anguste elongato ad basin rotundato ad apicem longe atte- 
nuato atque acuto. 


Cette espèce doit être assez voisine de 7. (Plexippus) validus 
Thorell {Rag. Mal., 1, p. 610) des Célèbes, mais la coloration du 
céphalothorax est différente (1). 


Genus THIANIA C. Koch, Ar., XIIT, 1848 (ad part. pulcherrima); 
Hyllus C. Koch, 1. c. (ad part. alternans); Plexippus C. Koch, 1. c. 
(ad part. vitéatus). 


Generi Zpicalo (2) (Ephippo Thorell) affinis sed cephalothorax 
angustior fere parallelus, parte cephalica plana tuberculis ocu la- 
ribus carente. Oculi antici conferti valde inæquales in linea recta. 
Area oculorum dorsalium longior, postice cephalothorace vix 
angustior. Oculi ser. 2e fere in medio inter oculos laterales anticos 
et oculos posticos siti. Clypeus angustior. Chelæ, saltem in d/, 
divaricatæinterdum longissimæ (alternans), margine inferiore dente 
parvo.remoto armato, ungue longo ad basin parum incrassato. 
Laminæ,saltem in g', ad angulum exteriorem in tuberculum pau- 
lulum retroductum productæ. Pedes minus inæquales, antici reli- 
quis haud robustiores, IT vix longiores quam IV, aculei minus 
numerosi et debiliores, metatarsi T'et IT (saltem in 7. suavi) tantum 
ad basin biaculeati. 


Le genre Thiania a pour type 7. pulcherrima C. Koch, de Pulo- 
l0Z (3), il renferme aussi ZZyllus alternans C. Koch et Plexippus 
viltatus qui n’est peut-être que la femelle ou le jeune du précé- 
dent. 


@) H. validus doit lui-même se rapprocher de H. {Plexippus) janthinus C. Koch 
de Java. Il nous parait appartenir au genre Hyllus, l'auteur dit cependant « area 
oculorum parum latior antice. quam postice », mais nous retrouvons la même 
phrase dans la description de IT. giganteus (L. ec. p. 599), donc l'aire oculaire est 
très évidemment plus large en arrière qu’en avant conformément à la caractéris- 
tique du genre Hyllus. 

(2) Le nom d'Ephippus ayant été employé antérieurement par Cuvier pour un 
genre de Poissons, nous proposons de le remplacer par celui d'Epicalus (nom 
propre latin). 

(3) T. sumptuosa (Perty) C. Koch, s'en éloigne beaucoup et appartient à un 
groupe tout différent de la famille des Attidæ. 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 439 


Ce genre, qui se rapproche surtout des Æphippus Th. et un 
peu des Suitis E. Sim., est totalement différent du genre Thiania 
Th., (Rag. Mal., etc.). Ce dernier correspond au genre Amycus 
L. Koch (non C. Koch) et doit être réuni au genre Mœvia. 


2. THIANIA SUAVIS SP. noOY. 


d long. 4". — Cephalothorax niger, parte cephalica squamulis 
læte viridi-micantibus omnino obtecta, parte thoracica vitta lata 
transversa utrinque attenuata et vitta marginali lata postice inter- 
rupta squamulis similibus compositis formose decorala. Pili ocu- 
lorum pauci sordide albidi. Clypeus oculorum mediorum saltem 
triplo angustior viridi-metallico-squamulatus. Oculi antici conferti 
in linea fere recta. Abdomen breviter ovatum squamulis viridi- 
micantibus nitidissimis obtectum et vittis transversis latis duabus 
nieris fulvo-pilosis notatum, infra parce albido-squamulatum 
et pilosum. Sternum nigrum parce albido-pilosum et prope 
marginem squamulis viridibus paucis ornatum. Chelæ sat longæ, 
paululum divaricatæ nigræ prope basin squamulis viridibus paucis 
ornatæ, margine inferiore sulci carinato dente parvo longe remoto 
armato. Pedes obscure fusci vel nigricantes squamulis pallide 
violaceo-micantibus vestiti, metatarsis tarsisque cunctis COxa 
femoreque IV ad basin pallide flavis. Pedes-maxillares breves 
nigri nigro-pilosi, patella convexa vix longiore quam latiore, tibia 
multo breviore extus prope basin apophysa brevissima rotundata 
et divaricata armata, tarso sat longe ovato, bulbo elongato ad 
basin sensim attenuato et leviter arcuato. 


Paraît voisin de T. alternans C. Koch, mais en diffère certaine- 
ment par les chélicères beaucoup plus courtes et par le cépha- 
lothorax pourvu d’une bande marginale. 


3. MOGRUS ORNATUS SP. NOV. 


© long. 7%", — Cephalothorax crassus niger, parte cephalica 
pilis brevibus læte micantibus setis nigris longissimis parce inter- 
mixtis vestita posticelinea fulva brevi et longitudinali notata, parte 
thoracica obscure rufulo-pubescente, vitta marginali vittisque 
dorsalibus duabus latis postice valde convergentibus fulvo-pilosis 
ornata. Oculi antici in linea arcuata, laterales a mediis sal late 


440 EUGÈNE SIMON 


remoti. Pili oculorum flavo-aurantii, pili clypei densi et longi 
pallide-flavi. Abdomen breviter ovatum nigrum nigro-velutinum, 
in parte prima vitta pallide flavo-rufescenti cinctum, dein macu- 
lis mediis binis minutis et postice maculis albis obliquis et 
sinuosis biseriatim dispositis (3-3), 24 reliquis majore, ornatum, 
infra fulvo-pubescens vitta media nigricanti postice attenuata 
notatum. Chelæ robustæ fusco-rufulæ transversim striolatæ parce 
et longe albido-pilosæ. Sternum obscure fuscum longe albido-pilo- 
sum. Pedes parum longi robusti fulvi fulvo-rufescenti-pubes- 
centes et longe nigro-setosi, femoribus supra prope apicem nigro 
maculaltis, tibiis metatarsisque anticis aculeis lateralibus biseria- 
tim dispositis armatis, patellis cunctis biaculeatis, tibiis posticis 
aculeis inferio:ibus lateralibus atque aculeo dorsali armatis, meta- 
tarsis posticis valde aculealtis. Pedes-maxillares fusco-rufescentes 
fulvo-pilosi. Vulvæ fovea oblonga longitudinalis postice anguste 
transversim marginata notata. 


Genus HARMOCHIRUS nov. gen. 


Cephalothorax brevis altissimus postice fere abrupte declivis 
inæqualiter rnomboidalis, antice longe postice brevius attenuatus. 
Oculi antici valde inæquales contigui in linea subrecta. Area ocu- 
lorum supra fere plana, postice latior quam antice et paulo latior 
quam longior. Clypeus dimidio diametro oculorum anticorum 
haud angustior. Chelæ in g et $ breves et parallelæ, margine 
inferiore dente unico valido, superiore dentibus binis, 1° altero 
validiore, armatis. Pedes breves, 1,4,2,3. Femur 1 compressum 
valde dilatatum et claviforme. Tibia I valde dilatata disciformis 
vel subglobosa et supra et infra validissime ciliata. Metatarsus 
et tarsus I graciles. Reliqui pedes graciles, III et IV mutici. 
Tibiæ metatarsique I et II infra biseriatim aculeati. Metatarsus 
cum tarso IV haud brevior quam patella cum tibia. Tegumenta 
coriacea in parte squamosa. 


Ce nouveau genre est voisin des Rhombonotus L. Koch, mais 
chez ceux-ci la première ligne des yeux est fortement courbée et 
les tibias antérieurs, beaucoup moins élargis, n'offrent qu’en 
dessous une crête ciliée. 

Il se rapproche aussi du genre Chirotæcia Tacz., mais chez 
celui-ci le céphalothorax est très bas et incliné graduellement en 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE A44A 


arrière, les tibias antérieurs, également dilatés, n’offrent qu'en 
dessous une crête ciliée. 

Le Rhombonotus similis Van Hasselt, de Sumatra, appartient au 
genre Æarmochirus. 


4. HARMOCHIRUS MALACCENSIS SP. NOV. 


d long. 2. — Cephalothorax niger, parte cephalica latiore pos- 
tice quam longiore, supra valde clathrato-rugosa el sat dense 
fulvo-squamulata. Oculi seriei 2® ab oculis lateralibus anticis 
paulo longius quam ab oculis posticis remoti. Clypeus fere gla- 
ber parcissime cinereo-setosus. Abdomen fere rotundum, scuto 
nigerrimo et nitidissimo supra obtectum, infra squamulis læte 
micantibus ornatum. Pedes I nigro-æneimetatarsis tarsisque paulo 
dilutioribus. Pedum reliquorum coxæ tarsique testacei, femora 
nigricantia supra albo-lineata, tibiæ metatarsique obscure fulvi 
postici nigro-lineati. Femur I latissime clavatum. Tibia I sub- 
globosa et supra et infra longissime et regulariter nigro-ciliata. 
Chelæ nigro-æneæ antice rugosæ. Pedes-maxillares minuti nigro- 
rufescentes, tibia tarsoque longe et parce albo-pilosis haud squa- 
mulatis, tibia apophysa apicali recta sat valida et subacuta 
extus armata, tarso ovato attenuato, bulbo simplici. 


5. Oxyopes LINEATIPES C. Koch, Ar., XV, 1848, p. 55, f. 1455. 


Trouvé en grand nombre par M. de Morgan, nous le possédions 
déjà de Singapore. — La coloration est assez variable, le céphalo- 
thorax est tantôt entièrement fauve et garni, surtout en arrière, 
de poils brunâtres, tantôt il est marqué de deux fines lignes 
médianes n’atteignant pas les extrémités et de plusieurs lignes laté- 
rales divergentes d’un brun-rouge clair, l'abdomen, qui a été figuré 
concolore par GC. Koch, offre le plus souvent une bordure noire 
divisée en arrière en plusieurs lignes obliques, en dessous il est 
marqué d’une bande noirâtre longitudinale atténuée en arrière; 
les fémurs présentent en dessous deux fines lignes noires paral- 
lèles et les tibias une ligne dorsale semblable. La patte-mâchoire 
du mâle rappelle beaucoup celle d’O. attenuatus L. Koch (Ar. 
Austr., pl. Lxxxvui, fig. 6 a), le tibia, aussi long que la patella et 
un peu plus large, offre au côté externe une apophyse grêle, 
longue, très légèrement élargie et obtuse à l'extrémité et en des- 


442 EUGÈNE SIMON 


sous une forte apophyse caréniforme, tronquée presque carré- 
ment, avec le bord épaissi et pourvu de deux saillies coniques au 
côté externe, le tarse est volumineux mais obtus à la base, ni 
anguleux, ni prolongé, il se termine en pointe grêle relativement 
courte. 

Il faudra peut-être rapporter à cette espèce les O. lepidus Blackw. 
(Ann. Mag. nat. hist, 1864, p. 2) et O. similaris Stoliczka (Journ. 
Asiat. Soc. Beng., XXXVIII, 1869, p. 222); les descriptions beau- 
coup trop succinctes indiquent cependant quelques difiérences, 
au moins dans la coloration. 


6. Oxyopes STRIATUS Dolesch., Tweede Bijdr. etc., 1859, p. 440, 
PLV, HS 19; 


Quelques individus mêlés à ceux de l'espèce précédente. 
Nous le possédions déjà de Singapore et de Sumatra. 


7. PARDOSA SEMICANA Sp. nov. 


$ long. 7%, — Cephalothorax brevis fulvo-olivaceus vel rufes- 
cens, area oCulari nigra, vittis duabus dorsalibus latissimis paulu- 
lum dentatis, linea marginali exili, linea submarginali ex maculis 
parvis inordinatis composita et prope vittas dorsales maculis simi- 
libus paucis fuscis notatus, partibus fulvis albido-cinereo pilosis, 
facie inter oculos fulvo-aurantiaco pilosa. Clypeus latus oculorum 
series anlicas duas fere æquans verticalis planus rufescens, vittis 
fuscis duabus in medio ornatus. Oculi antici appropinquati fere 
æquidistantes, in linea paululum procurva, medii lateralibus 
parum majores. Oculi serier 2® maximi spatio diametro oculi 
haud vel vix angustiore sejuncti. Abdomen breviter ovatum fus- 
co-olivaceum nigricanti-variatum fulvo-pubescens et præsertim 
in lateribus punctis albis pilosis et inordinalis sat dense obtectum, 
in parte prima vitta longitudinali nigricante lanceolata utrinque 
prope medium, breviler angulosa notatum, infra omnino albo sat 
dense pubescens. Sternum fulvo-olivaceum vita longitudinali 
integra nigricante sectum. Pars labialis nigricans. Laminæ fulvæ. 
Chelæ sat longæ et parallelæ, fulvæ, antice longitudinaliter fusco 
vittalæ, margine inferiore sulci dentibus tribus, 3° reliquis minore 
margine superiore dentibus binis, 20 allero minore,armalis. Pedes 
longi sat robusti sed metalarsis, præsertim posticis, gracillimis, 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 443 


fulvo-olivacei breviter pilosi, femoribus fusco variatis et parum 
regulariler triannulalis, tibiis poslicis infuscatis. Tibia cum 
patella IV cephalothorace multo longior. Metatarsus IV paulo lon- 
gior quam patella cum tibia. Tibiæ anticæ infra 2-2 longe et ad 
apicem 1-1 brevius aculeatæ atque aculeis lateralibus munitæ,. 
Metatarsi antici infra 2-2 longe aculeati ad apicem aculeo medio 
minore et utrinque aculeis binis instructi. Plaga vulvæ nigra, 
antice transversim striolata, postice paulum convexa, utrinque 
rotunda et prope angulos impressa, in medio fovea profunda lon- 
giore quam latiore antice acute attenuata carina angusta fere 
acuta sed ad marginem poslicum paululum triangulariter incras- 
sata secta. Mamillæ superiores fulvæ albo-pilosæ inferiores fuscæ. 


Se distingue des autres espèces asiatiques du même genre par 
son bandeau très haut égalant presque les deux premières lignes 
oculaires et marqué de deux bandes noirâtres se prolongeant sur 
les chélicères, par son sternum coupé d’une bande noirâtre lon- 
gitudinale comme chez Æippasa Greenalliæ BI. 


8. HETEROPODA VENATORIA L. 


Pour la synonymie cf. E. Sim., Rév. Sparass., 1880, p. 48. 
Genus CETUMA nov. gen. 


Generi Diææ affinis. Cephalothorax magis depressus circiter 
æque latus ac longus utrinque ample rotundatus antice breviter 
sed valde attenuatus, fronte sat angusta truncata haud carinata. 
Oculi postici in linea parum recurva fere æquidistantes medii 
lateralibus paulo minores. Oculi antici in linea recta breviore 
quam linea secunda, approximati, medii lateralibus plus quadru- 
plo minores. Oculi medii aream multo longiorem quam latiorem 
et antice quam postice multo angustiorem occupantes, antici 
posticis minores. Oculi laterales in tuberibus humilibus, posticis 
anticis majoribus, singulariter impositi. Clypeus verticalis vix 
latior quam oculi laterales antici. Sternum late cordiforme sed 
longius quam latius. Pedes valde inæquales, 1 et 2 posticis multo 
longiores et robustiores, metatarsis tibiis brevioribus et paululum 
curvalis. Tibiæ metatarsique antici infra validissime biseriatim 
aculeati. Pedes postici parve et parce aculeati. 


444 EUGÈNE SIMON 


Très voisin du genre Diæa, dont il diffère principalement par 
son céphalothorax déprimé, ses yeux antérieurs excessivement 
inégaux et en ligne droite, son bandeau très étroit, ses métatarses 
antérieurs plus courts que les tibias. — Il diffère du genre Thar- 
rhalea L. Koch (1) par la première ligne des yeux visiblement 
plus étroite que la seconde et les yeux de la seconde presque 
équidistants, tandis que chez Tharrhalea les médians sont beau- 
coup plus resserrés que les latéraux. 


9. CETUMA MORGANI Sp. nov. 


$ long. 3m. — Cephalothorax subtiliter coriaceus obcure 
fulvus parte cephalica postice lineis fuscis duabus abbreviatis 
antice divaricatis notata parte thoracica utrinque delete infus- 
cata et subvittata. Abdomen breviter ovatum depressum antice 
rotundatum postice paululum incrassatum et rotundatum supra 
nigricans parcissime et breviter fulvo-pilosum obscure et inordi- 
nate testaceo-striolatum, in parte prima vitta longitudinali utrin- 
que valde laciniosa, in parte secunda lineis transversis abbreviatis 
3 vel 4 obscure testaceis ornatum, infra testaceum albido sat 
longe pubescens. Sternum fulvo-testaceum albido parce pilosum 
nitidum. Chelæ fulvte. Pedes valide inæquales testaceo-luridi, 
femoribus I et II præsertim infra valde et inordinate nigro-pune- 
tatis, tibiis metatarsisque valde infuscalis, pedes postici reliquis 
multo breviores pallide flavi parcissime nigro-punctati. Tibiæ 
anticæ aculeis validis et longis paululum elevatis 5-5, metatarsi 
aculeis similibus 3-3, infra armali. Plaga vulvæ minuta, antice 
fovea angusta transversa, postice margine nigra transversim 
subtiliter striolato, notata. 


Genus STRIGOPLUS nov. gen. 


Cephalothorax brevissimus latior quam longior, in medio valde 
convexus, poslice fere abrupte antice longius declivis. Oculi pos- 
tici in linea sat valde recurva fere æquidistantes medii lateralibus 
fere triplo minores. Oculi antici in linea levissime recurva medii 
lateralibus mullo minores et inter se multo latius quam a latera- 


(1) Le genre Cerinius Thorell (1877 nous paraît synonyme du genre Tharrhalea 
L. Koch (1875). 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 445 


libus remoti. Area mediorum paulo latior quam longior et antice 
quam postice paulo latior. Tubercula oculorum lateralium valida 
rotundata inter se disjuncta. Clÿpeus area oculorum mediorum 
fere æque latus, ad basin sub oculis constrictus et depressus, 
dein incrassatus et paululum porrectus, ad marginem anticum 
late emarginatus. Area oculorum mediorum et margo clypei 
lineis transversis aculeorum muniti. Chelæ parum longæ, in parte 
basilari muticæ foveolatæ et marginatæ, in parte apicali valde 
aculeatæ. Pars labialis et laminæ-maxillares valde aculeatæ. 
Pars labialis multo longior quam latior pauliulum lanceolata 
obtusa apicem laminarum haud attingens. Pedes mediocres omnes 
aculeati, 1 et 2 reliquis robustiores et longiores, ungues infra 
fasciculis scopularum muniti. 


Ce genre remarquable à quelques rapports avec les genres 
Tmarus E. Sim. et Pherecydes Cambr., mais il s'en distingue faci- 
lement par les yeux medians antérieurs beaucoup plus séparés 
l'un de l’autre que des latéraux, par le groupe des yeux médians 
plus large en avant qu’en arrière, enfin par l’armature du front, du 
bandeau, des chélicères et des pièces buccales. 

Il se rapproche aussi du genre Strophius Keyserling (1), mais 
s’en distingue par sa pièce labiale obtuse, ses yeux postérieurs 
équidistants, ses tibias et métatarses antérieurs cylindriques et 
pourvus en dessous de séries d’épines. 


(1) Cf. Keyserling, Spinn. Amer. Luter., 1880, p. 73. — Les genres Strophius Key- 
serl. et Cerarachne Keyserl., ont les plus grands rapports avec les genres Bucra- 
nium Cambr. et Aphantochilus Cambr., et établissent le passage entre ces types 
anormaux et les Thomisidæ ordinaires. 

La sous-famille des Aphantochilini se composerait ainsi de quatre genres dont 
le tableau suivant résume les caractères : 


1. Frons bicornuta. Pedes I, IT et IV subæquales. ............. 8 2 
Frons mutica. Pedes IIT et IV reliquis pedibus breviores .... Strophius. 
2. Laminæ-maxillares planæ ad apicem breviter acuminalæ chelas 
haud attingentes. Pars labialis angustissima et careniformis. 3 


Laminæ paululum depressæ ad apicem longissime productæ 
et chelas attingentes. Pars labialis ad basin paulo latior ad 
ACER SEULS SRE 7 OU een men Se os ones eje oe close Cerarachne. 
3. Cephalothorax parte thoracica postice parum attenuata et trun- 
cata supra convexa tuberculis spiniferis minutis instructa. 
Oculi antici et postici inter se fere æquidistantes........ Bucranium. 
Cephalothorax parte thoracica postice validissime attenuata 
supra in medio tuberculo urico longissimo armata. Oculi 
medii antici et postici inter se multo latius quam a latera- 
ROUSSEAU REPARER HR RER: Aphantochilus. 


446 EUGÈNE SIMON 
10. STRIGOPLUS ALBOSTRIATUS SP. NOV. 


d long. 4%m5, — Cephalothorax obscure fuscus supra in medio 
et antice paulo dilutior, area oculorum transversim obscure tes- 
tacea, dense coriaceus et tuberculis longissime spinigeris parce 
armatus, area oculorum mediorum linea transversa breviter spi- 
nulosa (ex spinulis 8-12 composita) notata. Clypeus ad marginem 
anticum spinulis robustis 12-16, mediis lateralibus minoribus, 
 armatus. Chelæ fuscæ, parum longæ, in parte basilari depressæ 
subfoveolatæ extus etantice carinatæ, in parte secunda præsertim 
prope foveam basilarem validissime et fere inordinate aculeatæ. 
Abdomen evidenter longius quam latius antice rotundatum pos- 
tice sensim incrassatum sed ad apicem breviter acuminatum supra 
subtilissime coriaceum et tuberculis longe setigeris conspersum 
obscure fuscum in medio plus minus dilutius et testaceo varia- 
tum, lineis exillimis 3-4 in medio sæpe interruptis albo-opacis 
transversim sectum, infra fusco-testaceum antice utrinque linea 
brevi arcuata et postice prope mamillas puncetis ducbus albo-opacis 
notatum. Sternum nigrum læve nitidum. Pedum I et Il coxæ et 
femora fere nigra, reliqui articuli fusco-rufescentes, pedes pos- 
tici fulvo-olivacei femoribus dilutioribus sed ad apicem pallide 
fusco-annulatis, aculeis femorum et aculeis pedum posticorum 
longis et gracilibus sed aculeis inferioribus tibiarum et metatar- 
sorum anticorum brevibus. Pedes-maxillares breves fusci, femore 
brevi recto, patella fere quadrata, tibia patella breviore extus 
apophysa longa antice directa et fere tereti ad apicem oblique 
truncata cum angulo inferiore paululum producto et sinuoso, 
infra apophysa multo breviore graciliore et simplici armata, tarso 
breviter ovato, bulbo disciformi convexo simplici apophysa 
carente. 


$ long. 64, — Cephalothorax paulo latior, supra et antice 
lurido-testaceus leviter fusco-variatus, utrinque fusco-rufescens 
valde et fere inordinate testaceo maculatus striolatus et mar- 
ginatus, postice in declivitate niger. Area oculorum clypeus 
chelæque ut in mare sed robustius aculeati. Abdomen magnum, 
obtusissime triquetrum haud longius quam latius fulvo-rufescens 
utrinque prope medium fusco-maculatum, postice pallide lurido 
testaceum sed ad apicem fusco-marginatum, supra plus minus 
albido variatum et lineis exilibus albidis transversim sectum, 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 447 


infra in medio fuscum in lateribus albido-testaceum dense puncta- 
tum et postice prope mamillas punclis albidis duobus notatum. 
Mamillæ rufescentes. Pedes I et II obscure fusci, femoribus supra 
valde testaceo variatis, tibiis metatarsis tarsisque annulo medio 
albido ornatis. Pedes postici luridi, femoribus tibiis metatarsisque 
ad apicem patellis totis fusco-rufescentibus sed articulationibus 
angustissime albido-cinctis. Pedes-maxillares breves et robusti 
valde aculeati fusco-rufescentes, femore ad apicem et patella dilu- 
tioribus. Area vulvæ plana nigra postice fovea minutissima fere 
quadrata et longitudinaliter carinata notata. 


Genus ALCIMOCHTHES nov. gen. 


Cephalothorax brevis et altissimus fere æque longus latus et 
altus, postice abrupte antice leviter declivis, fronte haud atte- 
nuata latissima et obtusa haud carinata. Oculi postici in linea sat 
valde recurva fere æque distantes (medii a lateralibus vix latius 
quam inter se remoti) laterales mediis paulo majores. Oculi 
antici in linea breviore multo minus recurva fere recta, medi 
lateralhibus saltem duplo minores et a sese paulo longius quam a 
lateralibus remoti. Oculi medii trapezium latius quam longius et 
antice quam postice parum angustius occupantes. Oculi laterales 
in tuberibus rotundatis sat validis singulariter elevali. Clypeus 
area oculorum latior, planus paululum porrectus. Sternum sat 
angustum multo longius quam latius. Abdomen longius quam 
latius altum, antice fere abrupte elevatum, in parte secunda plus 
minus incrassatum sed ad apicem acuminatum. Chelæ longæ sat 
angustæ parallelæ paululum porrectæ. Pars labialis angusta plus 
duplo longior quam latior apicem versus attenuata. Laminæ longæ 
angustæ fere parallelæ apice rotundatæ. Pedes breves, 2,1,4,3, 
1 et 2 reliquis non multo longiores nec robustiores et inter se fere 
æquales, omnes graciliter et parce aculeati, femora antica supra 
aculeata sed intus mutica. 


Le genre Alcimochthes n'a d'analogue dans la famille des 7'homi- 
sidæ que le genre Amycle Cambridge (1) (Proceed. Zool. Soc. Lond., 
1873, p. 122) ; il en diffère par les yeux postérieurs en ligne beau- 


{) Le nom Amycle ayant été employé par Stôl pour un genre d'Hémipteres, 
nous proposons de le remplacer par celui de Amyciæu. 


448 EUGÈNE SIMON 


coup moins courbée et presque équidistants, les yeux antérieurs 
en ligne un peu courbée en avant, les chélicères plus longues, 
les pattes au contraire beaucoup plus courtes et plus robustes. 


11. ALCIMOCHTHES LIMBATUS SP. NOV. 


g long. 4%, — Cephalothorax altissimus et crassissimus niger, 
parte thoracica utrinque paulo dilutiore et rufescente, tuberculis 
oculorum lateralium testaceis, subtiliter coriaceus parce et bre- 
viter pilosus. Clypeus area oculorum haud angustior planus pau- 
lulum porrectus. Abdomen longius quam latius altum antice 
rotundatum in parte secunda utrinque paululum dilatatum sed 
ad apicem valde attenuatum et acuminatum, fusco-violaceum, in 
parte prima albido-marginatum, in parte secunda sensim dilutius 
et transversim fusco-striatum , infra fuscum. Chelæ longæ et 
angustæ antice fere planæ extus carinatæ obscure fuscæ coriaceæ. 
Sternum fuscum postice ad apicem paulo dilutius. Pedes parum 
longi pallide flavi subpellucentes, breviter pilosi, omnes graciliter 
aculeati, tibiis metatarsisque anticis aculeis inferioribus atque 
aculeis lateralibus plurimis instructis. Pedes-maxillares minuti 
albo-testacei bulbo fusco, femore robusto brevi fere recto, patella 
vix longiore quam laiiore parallela, tibia multo breviore trans- 
versa, apophysa exteriore mediocri ad apicem tuberculis minutis 
nigris duobus notata atque apophysa inferiore longiore et tereti 
armata, tarso ovato minuto, bulbo disciformi antice late emargi- 
nato stylo libero omnino circumdato. 


@ long. 5mm, — Cephalothorax chelæque ut in mare sed fulvo- 
olivacei et læviores, abdomen postice magis incrassatum fusco- 
violaceum, in parte prima vitta marginali alba latissima, in parte 
secunda macula magna fulva obtuse triangulari lineis exillimis 
albis quinque transversim secta, ornatum. Pedes ut in mare sed 
tibiis metatarsisque anticis aculeis lateralibus carentibus. Pedes 
postici vix aculeati. 


42. Pozrys ILLEPIDUS C. Koch, Ar., X, 1843, p. 87, f. 821 
Pleuromma moluccum Dolesch., Tiweede Bijdr., etc., 1859, p. 45, 
pl. vu, fig. 3. 
Poltys moluccum Thorell, Rag. Mal., etc., 11, 1878, p. 28. 


Cette espèce, découverte à Bintang, a été retrouvée depuis à 


FAUNE ARACIHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 449 


Amboine, à Java (d'après Van Hasselt) et en Nouvelle-Guinée 
(sec. Thorell). 

Les genres Cyphagogus Günther (Ann. Mag. nat. hist., 1862), 
Mastigosoma Ausserer (Verh. z. b. Ges. Wien, 1871, p. 815) et Rhyn- 
charachne Bradley (Proceed. Linn. Soc. N.-S. Wales, 1876) parais- 
sent synonymes de Poltys; mais le genre Gerrosoma Bradley (4. e., 
p. 222) en est distinct, il en diffère en effet par le tubercule ocu- 
laire plus haut et resserré à la base, les yeux latéraux antérieurs 
très rapprochés des médians, placés un peu au-dessous sur le 
tubercule oculaire et non à sa base comme chez les Poltys. 


13. CÆROSTRIS PARADOXA Dolesch., Tweede Bijdr., etc. 1859, p. 37. 
pl. 1x, fig. 11 et pl. x, fig. 8 (sub Æpeira). 


Répandu en Malaisie et dans l’Indo-Chine. 


14. ARGIOPE CATENULATA Dolesch. 
(cf. E. Sim... Bull. Soc. zool., Fr., 1885, p. 18). 


15. NEPHILA MACULATA Fabr., Ent. Syst., Il, 1793, p. 425 (Aranea). 


Nephila fuscipes C. Koch, Ar., VI, 1839, p. 136, fig. 528. 
(pour la synonymie cf. Thorell, Rag. Mal., etc., III, p. 145). 


16. META STELLIMICANS Sp. nov. 


$ long. 4%5, — Cephalothorax obscure luridus, parte cepha- 
lica lineis binis fuscis appropinquatis oculos haud attingentibus, 
parte thoracica vitta media olivacea, notatis. Oculi postici in linea 
fere recta, sat magni fere æqui et fere æquidistantes, spatiis diame- 
tro oculi haud latioribus sejuncti. Oculi antici in linea recta, fere 
æquidistantes et parum remoti, medii lateralibus majores. Oculi 
medii aream vix longiorem quam latiorem et vix angustiorem 
antice quam postice occupantes. Clypeus area oculorum mediorum 
parum angustior. Abdomen breve et altissimum, antice abrupte ele- 
vatum, postice valde declive, ad apicem tuberculis binis obtusissi. 
mis et geminatis notatum,fulvo-rufescens maculis minutis vel punc- 
tis numerosis argenteis antice fere inordinatis postice in declivitate 
series parum regulares numerosas formantibus et maculis argen- 
teis paulo majoribus 6 vel 8 lineam arcuatam apice cinctam 
formantibus læte decoratum, infra obscure fulvum parcissime 

29 


450 EUGÈNE SIMON 


testaceo-punctatum. Sternum pallide fusco-rufescens. Pars labia- 
lis fusca apice crasse testaceo-marginata. Laminæ convexæ ad 
apicem trancalæ et extus obtuse dilatatæ fulvæ versus basin pau- 
lulum infuscatæ. Chelæ sat robustæ et longæ fulvæ. Pedes luridi, 
femoribus tibiisque ad apicem angustissime fusco-cinctis, meta- 
tarsis tarsisque versus extremitates paululum infuscatis, validis- 
sime inæquales antici reliquis multo longiores, metatarsis longis- 
simis, aculeis nigris gracilibus et longis paucis armati, metatarsis 
anticis, aculeis binis subbasilaribus exceptis, muticis. Plaga vulvæ 
nigra plana latior quam longior postice recte truncata antice et 
utrinque rotundata et tenuiter marginata. 


Cette espèce est excessivement voisine de M. striata Th. (Rag. 
Mal., etc., I, 1877, p. 427) des Célèbes, d'Amboine et de Nouvelle- 
Guinée, elle s’en rapproche complètement par la forme et la colo- 
ration de son abdomen et de ses pattes, mais en diffère par ses 
yeux beaucoup plus resserrés, ceux des deux lignes étant équi- 
distants et par les yeux médians antérieurs plus gros que les 
latéraux. 

Le Dr Thorell cite (2. e., IT, p.131), mais avec doute, Meta striata 
de Sumatra d’après une communication de Van Hasselt, cette 
citation s'applique peut-être à M. stellimicans. 

M. gemmea de Sumatra, décrit depuis par Van Hasselt, s’en rap- 
proche aussi beaucoup, mais l'abdomen est simplement arrondi el 
proéminent en avant, nullement bituberculé (cf. Zxæped. Sum., Ar. 
p. 26, pl. 11, fig. 4). 


17. MerA cELEBESIANA Walck., Apt., II, 1841, p. 222 
(sub Tetragnatha). 
Tetragnatha decorata Blackw., Ann. Mag. nat. hist., 1864, p. 44. 
as —  Cambr., Linn.Soc. Journ. Zool., 1869, p. 389, 
pl. x, fig. 61-68. 
Meta celebesiana Thorell., Rag. Mal., etc., I, 1877, p. 422. 


Répandu dans toute la Malaisie et l'Asie méridionale; déjà indi- 
qué de Singapore. 


18. Eucra Isinrs E. Sim., Ann. Soc. ent. Fr., 1880, Bull., p. XCvII 
et Ar. Fr. V, 1881, p. 7. 


Cette espèce n'était connue jusqu'ici que de la Basse Égypte. 


FAUNE ARACINOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 451 


L'individu trouvé par M. de Morgan dans la presqu'île Malaise est 
remarquable par sa grande taille; son abdomen très étroit et 
cylindrique mesure 20m de longueur, dont les huit derniers pour 
le tubercule post-mamillaire. 


19. THERIDION PERPUSILLUM SP. nov. 


d long. 1mm2, — Cephalothorax parum altus brevis paulo latior 
quam longior utrinque amplissime rotundatus, pallide luridus 
nitidus et parcissime setosus. Oculipostici mediocres in linea lata 
recta, inter se late remoti, medii lateralibus paulo minores etintus 
obtuse truncati. Oculi antici multo magis approximati in linea 
leviter procurva, medii lateralibus majores. Oculi medii aream 
quadratam seu paulo latiorem quam longiorem oCCupantes. 
Clypeus area oculorum latior, sub oculis paululum depressus. 
Abdomen subglobosum cinereo-testaceum parce et longe setosum, 
infra in parte epigasteri nigrum paululum convexum et coria- 
ceum. Sternum testaceum nitidum saltem æque latum ac longum 
convexum postice late truncatum. Coxæ posticæ subglobosæ 
inter se latissime remotæ. Chelæ parvæ et debiles marginem lami- 
narum haud attingentes. Pedes longissimi et gracillimi valde inæ- 
quales antici posticis multo longiores, sat longe et fere æqualiter 
setulosi, fulvo-olivacei patellis dilutioribus. Pedes-maxillares bre- 
ves fulvi tarso bulboque fuscis, patella paulo longiore quam 
latiore leviter geniculata, tibia brevissima et transversa supra 
vix distincta, tarso magno late ovato longiore quam jemore, 
bulbo convexo parum complicato. 


Petite espèce du groupe des 7! pallens BI. et T. musivum KE. Sim. 


20. MEZENTIA (1) MACILENTA sp. nov. 


d Ceph. th. long., 6""2; Ilarg., 3"8. — Abd. long., 7%"5: larg. 
gnm5, — Pedes I, 67mm, 


Cephalothorax pallide fusco-rufescens in parte oculari obscu- 
rior fulvo-pubescens et parce setosus. Oculi postici fere æqui in 
linea fere recta, medii a lateralibus latius quam inter se remoti. 


(1) Pour le genre Mezentia Cf. Thorell Rag. Mal., etc., IIT, 1881, p. 203 ; l'auteur 
ne décrit qu'une espèce M. angusta de Ternate, nous pensons que Tegenaria 
ochracea Dolesch. d'Amboine, appartient aussi au genre Mezentia. 


452 EUGÈNE SIMON 


Oculi antici approximati, medii lateralibus plus duplo majores. 
Clypeus area oculorum haud vel vix angustior verticalis sub 
oculis mediis parve bituberculatus. Abdomen longum fere cylin- 
dratum obscure fulvum fulvo dense pubescens et setosum, infra 
vitta media infuscata notatum. Sternum fuscum fulvo-pilosum. 
Chelæ longæ fere parallele nigræ coriaceæ antice longissime et 
densissime fulvo-hirsutæ, margine inferiore sulci dentibus minu- 
tissimis quatuor remotis, margine superiore ad angulum dente ma- 
jore instructis, ungue robusto et compresso. Pedes longissimi et 
gracillimi valde inæquales, antici corpore plus quadruplo longio- 
res, fulvi apice tibiarum et femorum anguste infuscato, longissime 
et tenuiter setosi et parce nigro aculeati. Pedes-maxillares fulvi 
articulis ultimis paululum infuscatis et rufescentibus, femore gra- 
cili paululum curvato, patella plus duplo longiore quam latiore 
infra apophysa magna crassa et oblusa extus ad apicem tubercu- 
lis nigris minoribus tribus, 1° minutissimo rotundo, 2° (superiore) 
careniformi, 3 (inferiore) conico et paulum curvato instructla, 
tibia patella breviore ad basin paulo angustiore versus apicem 
leviter incrassata, extus carina subacuta basin haud attingente 
antice in apophysas duas geminatas obtuse producta munita, 
tarso vix longiore quam tibia cum patella sed latiore longe atte- 
nuato, bulbo maximo complicato stylo circumdato. 


21. THELYPHONUS ASSAMENSIS Stoliczka, Journ. Ac. Soc. Beng., 
XXXNVIIL, part 1001, 1869, p2205 pl xx 1841: 


sspèce répandue dans l’Indo-Chine. 


APPENDICE 


DESCRIPTIONS DE QUELQUES ATTIDÆ DE SINGAPORE 


1. PSEUDICIUS DECEMNOTATUS Sp. n0v. — 9 long. 6"m2, —_ Cepha- 
lothorax elongatus fere parallelus subtilissime coriaceus, antice 
niger postice sensim dilutior et rufescens, pilis simplicibus albis 
‘aurantiisque intermixtis omnino obtectus. Oculi antici magni 
valde inæquales in linea recta, fere conferti. Pili faciei crassi 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 453 


omnino albi. Abdomen longe oblongum albo-testaceum, supra 
macularum magnarum fere quadratarum nigrarum quinque serie- 
bus duabus ornatum, partibus albis antice et in lateribus pilis 
simplicibus albis postice in medio pilis squamiformibus læte viridi 
et rufo-micantibus vestitis, infra parce albo-pilosum. Sternum 
fulvum parce et longe albo-pilosum. Pedes flavo-testacei, antici 
reliquis multo robustiores et paululum rufulo tincti. Tibia 1 intus 
in parte secunda aculeis binis minutis armata. Tibia II mutica. 
Metatarsi I et IT 2-2 breviter aculeati. Area vulvæ fulva plana 
parum distincta, utrinque fovea minuta et oblonga oblique 
impressa. — Singapore (coll. E. Sim... 


2. MÆVIA QUADRICINCTA Sp. nov. — $ long. 5m, — Cephalo- 
thorax niger, squamulis obscure flavo-æneis in parte thoracica 
squamulis albidis majoribus et squamulis micantibus parce inter- 
mixtis omnino obtectus. Oculi antici in linea fere recta, parum 
disjuncti, pilis flavis brevibus cincti. Clypeus diametro oculorum 
circa 1/3 brevior parce flavo-barbatus. Abdomen elongatum 
nisrum, antice linea transversa alba, dein vittis transversis latis 
ex squamulis læte aureis ei albis compositis, formose decoratum, 
infra nigrum utrinque maculis duabus angulatis et postice prope 
mamillas linea transversa albo-niveis ornatum. Chelæ fuscæ fere 
glabræ, vix distincte striatæ. Sternum nigrum, squamulis viridi- 
aureis et pilis albis ornatum. Pedes-maxillares albo-testacei, albo- 
squamulati et pilosi. Pedes longi flavi squamulis albis et mican- 
tibus parce ornati, tibiis I et Il infra 3-2 metatarsis 2-2 graciliter 
aculeatis, metatarsis IT et IV ad basin in medio atque ad apicem 
aculeatis. Area vulvæ fusca semicircularis, fovea media magna 
postice latiore carina angusta sed postice propre marginem 
abrupte transversim dilatata longitudinaliter secta. — Singapore 
(coll. E. Sim.). 

Mæviæ viridifasciatæ Dolesch. valde affinis sed pictura abdomi- 
nis differt. 


3. SALTICUS LURIDUS Sp. n0v.— d' long. 12%%.—Cephalothorax obs- 
cure fulvo-rufescens, parte cephalica supra lucidiore antice nigro- 
marginata postice macula oculari nigra utrinque notata. Pili ocu- 
lorum pauci et longi supra flavi in medio et infra albidi. Petiolum 
abdominale longissimum. Abdomen longum postice valde incras- 
satum etconvexum ante medium valde constrictum, fulvo-nitidum 
parce albo-setosum, mamillæ testaceæ. Chelæ cephalothorace 


454 EUGÈNE SIMON 

vix breviores fulvo-rufescentes, intus nigro-carinatæ, subtilissime 
coriaceæ et parce albido-pilosæ, in parte prima angustæ et paral- 
lelæ, in parte secunda ovato-dilatatæ, ad apicem truncatæ cum 
angulo interiore paululum producto, ungue longissimo simplici. 
Pedes flavo-rufescentes, metatarso primo infuscato, trochantere IV 
et tarsis cunctis dilutioribus. Tibia I infra 4-4, tibia II infra 2-2, 
metatarsi I et II 2-2 breviter et gracillime aculeati. Pedes-maxil- 
lares graciles chelis breviores, tibia patella multo longiore versus 
extremitatem sensim incrassata extus ad apicem apophysa 
minuta nigra simplici et acuta armata, tarso parvo angusto tibia 
haud longiore et vix crassiore. — Singapore (coll. E. Sim.). — 


Espèce du groupe de S. plataloides Cambr. (Ann. Mag. nat. hist., 
1869, p. 17). 


4. SIMÆTHA AHENEOLA Sp. n0V.— %$ long. 7%, — Cephalotho- 
rax multo latior quam longior, supra fere planus, utrinque, præser- 
tim in parte prima, amplissime dilatatus et rotundatus, fusco-rufes- 
cens maculis ocularbus nigris notatus, uniformiter coriaceus, 
supra squamulis pallide aureis in lateribus squamulis sordide- 
flavescenti-albidis et prope marginem pilis albidis longis dense 
vestitus. Oculi antici in linea evidenter recurva, medii subconti- 
gui, laterales a mediis latissime remoti (intervallum diametro 
lateralium plus dimidio latius). Oculi dorsales longe pone 
medium siti. Pili oculorum breves supra aurantii in medio et infra 
sordide-albidi, pili clypei longissimi albidi. Abdomen oblon- 
œum, antice rotundatum, supra planum, punctis impressis sex 
posticis reliquis majoribus et elongatis supra notatum, obs- 
cure fulvo-rufescens postice infuscatum, supra squamulis pallide- 
flavescentibus squamulis aureis præsertim antice intermixlis 
vestitum, in parte prima vitta longitudinali, in medio punctis 
duobus, postice maculis duabus fusco-marginatis albido-squa- 
mulatis ornatum, infra pallide-testaceum. Sternum obscure 
fuscum longe albido-pilosum. Chelæ robustissimæ parum lon- 
giores quam latiores, paululum divaricatæ, fusco-rufescentes 
antice validissime coriaceæ, extus acute carinatæ, prope medium 
costa obliqua obsoleta notatæ, margine sulci inferiore dente valido 
careniformi profunde et æqualiter bifido armato. Pedes antici 
robustissimi, femore clavato nigro, articulis reliquis, tarso fulvo 
excepto, obscure fusco-rufescentibus, tibia paululum depressa ver- 
sus apicem leviter angustiore infra fere plana et in parte secunda 
aculeis robustis sed brevibus binis armata, metatarso tibia multo 


FAUNE ARACINOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 455 


breviore et graciliore aculeis robustis et longis 2-2 armato. Reli- 
qui pedes fere mutici, fulvo-rufescentes, femoribus (præsertim IT) 
et apice tibiarum infuscatis. Pedes cuncti squamulis et pilis fla- 
vescenti-albidis vestiti. Pedes-maxillares fusco-rufescentes, 
patella tibiaque valde depressis, supra squamulis micantibus 
utrinque pilislongis albidis longe hirsuti. Vulvæ fovea minuta 
transversa, antice fusco-rufescente limitata, notata. — Singa- 
pore (coll. E. Sim.). 


Voisin de S. pœtula Keyserl., d'Australie, en diffère surtout 
par les tibias antérieurs pourvus de deux épines seulement, le 
céphalothorax sans tache frontale blanche, l'abdomen sans bande 
noire ventrale. 

Nota. Le genre Simætha Thorell (Rag. Mal. etc., III, 1881, 
p. 520) est probablement synonyme du genre Æulabes Keyserl. 
(in L. Koch, Ar. Austr., 1882, p. 1387), il est même possible que 
S. thoracica Th. soit synonyme de Æ. fissidens Keyserl., tous deux 
du Cap York. Les Simætha décrits jusqu’à ce jour sont tous 
particuliers à l'Australie (1). 


9. HOLOPLATYS PLANISSIMA L. Koch, Ar. Austr., 1879, p. 1100, 
pl. xovi, fig. 4-5 (sub Marptusa). 


Singapore (coll. E. Sim.). — Très répandu en Australie et dans 
les îles de la Polynésie ; n'avait pas encore été signalé en 
Malaisie (2). 


(1) I paraît cependant probable que le Ballus angulosus Karsch /Zeitschr.f. ges. 
Naturw., LIT, p. 553) de Ceylan, et le Salticus latidens Dolesch. (Tweed. Bijdr. etc., 
1859, p. 21, pl. x, fig. 6) de Java, appartiennent au genre Simætha. 

(2) Pour le genre Holoplathys, cf. E. Simon, Ann. Soc. ent. Belg., C.-r. sept. 1885. 


456 EUGENE SIMON 
, 
IV 


ARACHNIDES 
RECUEILLIS A COLLEGAL, DISTRICT DE COIMBATOORE 


Par M. A. THEOBALD G,. R. |(l). 


1. MENEMERUS BALTEATUS C. Koch (voy. Bull. Soc. Zool. Fr., 
1885, p. 7). 


2. Hasarius ADANSONI Aud. in Sav., (1. c., p. 30). 


3. ÆLURILLUS TIGRINUS SP. NOV. 


Q long. Ywm, — Cephalothorax elongatus convexus postice 
sensim dilatatus, niger, parte cephalica pilis albido-rufescentibus 
setis nigris parce intermixtis dense vestita, parte thoracica albido 
sat longe pilosa et vitlis duabus obscure fulvis longitudinaliter 
notata. Pili oculorum et clypei sordide albidi. Oculi antici in linea 
sat recurva, medii inter,se anguste sejuncti ,spatio inter medios 
et laterales dimidio diametro lateralium latius. Clypeus latus et 
obliquus. Abdomen longe oblongum, albo-cinereo longe pubes- 
cens, vittis latissimis duabus fuscis fusco-rufescenti pubescentibus 
supra ornatum, infra dense albido-pilosum. Sternum obscure 
fulvum longe albo-pilosum. Chelæ crassæ, fulvæ, longe albo 
setosæ læves sed prope apicem infuscatæ et paululum rugosæ, 
margine sulci inferiore mutico, ungue brevissimo ad basin crasso. 
Pedes obscure fulvi albido-pilosi, femoribus tibiisque paululum et 
inordinate fusco-variatis. Pedes I et II crassi, femoribus tibiis- 
que dilatatis, tarsis metatarsis longioribus. Tibia 1 3-3, tibia II 
3-2, metatarsi 1 et IL 2-2 infra aculeati atque aculeis lateralibus 
instructi. Area vulvæ fusca, antice plaga transversa semicircu- 
lari ad marginem posticum paululum producta et utrinque nigro- 
marginata, postice fovea regulariter plicala, notalta. 


Très voisin de Æ. Redii Aud. in Sav. (2), de Syrie, en diffère 


() Les Arachnides qui font l'objet de ce mémoire font partie de la Collection de 
M. E. Pougnet, de Landroff (Lorraine). 

@ = $. fasciatus Cambr., Proceed, Zool. Soc. Lond., 1872 (non Hahn) +5. inter- 
ceptor Cambr., L c., 1876, p. 616. — C'est à tort que nous avons rapporté cetle 
espèce au genre Phlegra in Ar. Fr., HI, p. 127 (note), 


FAUNE ARACGHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 457 


par la première ligne des yeux un peu moins courbée, par les épi- 
nes des métatarses antérieurs plus courtes et par la structure de 
l'épigyne : chez Æ. Redi en effet la plaque antérieure est beau- 
coup plus courte et tronquée droit en arrière, la fossette posté- 
rieure est par contre beaucoup plus grande, divisée par une carène 
longitudinale et également marquée de plis concentriques. 

Les Æ. Redii et tigrinus forment dans le genre Ælurillus un 
groupe très net caractérisé par la marge inférieure des chélicères 
mutique, le céphalothorax plus allongé rappelant celui des 
Phlegra et par les pattes de la quatrième paire presque aussi 
longues que celles de la troisième. 


4. CYRBA MICANS SP. nov. 


d long. 47, — Cephalothorax niger, parte cephalica pilis bre- 
vibus smaragdineo rufoque micantibus obtecta, parte thoracica 
obscure cinereo-pubescente postice late albido-marginata, linea 
media interrupta, utrinque prope oculos linea transversa abbre- 
viata, dein punctis linearibus obliquis coccineo-pilosis, ornata. 
Pili oculorum pauci et longi sordide albidi. Abdomen nigrum seri- 
ceo paululum micante pubescens, antice albido-marginatum,supra 
maculis minutis coccineis triseriatim dispositis et postice supra 
mamillas macula albida structe decoratum, infra squamulis albi- 
dis conspersum et læte albo-niveo marginatum. Sternum nigrum 
albo-squamulatum. Pedes nigricantes annulis albo-pilosis ornati, 
metatarsi antici graciles tibiis vix breviores. Pedes-maxillares 
nigri, femore supra crasse albo-piloso, tibia brevi transversa 
infra in conum producta, extus tuberculo humili obliquo ovato 
impresso ad apicem oblique truncato cum angulo anteriore bre- 
vissine acuto armata, tarso magno depresso ample disciformi, 
bulbo simplici. 


5. HippAsA GREENALLIÆ Blackw. (1. c., p. 31). 
En grand nombre. 
6. Lycosa INDAGATRIX Walck. (1. c., p. 8). 
7. LYCOSA CATULA Sp. nov. 


® Ceph.th. long. 8mw, Abd. long. 10", — Zycosæ indagatrici affi- 


458 EUGÈNE SIMON 


nis. Cephalothorax fusco-rufescens fulvo-cinereo versus marginem 
albidiore pabescens, vitta media lata dilutiore albido-fulvo-pilosa 
in parte {horacica paululum ovata et prope marginem posticum 
abrupte angustiore et nigricante limitata notatus, partibus late- 
ralibus lineis obscurioribus parum expressis marginem haud 
attingentibus oblique sectis. Oculi ut in L. indagatrici. Abdomen 
late oblongum supra fulvo nitido dense pubescens et setosum, vitta 
media lata medium superante paululum obscuriore utrinque 
tenuiter fusco-marginata postice incrassata et truncata notatum, 
partibus lateralibus et posticis parcissime fusco-punctatis, infra 
nigerrimum punctis albis inordinatis vel series longitudinales 
parum regulares designantibus in medio parce in lateribus den- 
sius ornatum. Chelæ nigræ nitidæ ad basin et extus rufo-coccineo 
pilosæ præterea parce nigro-setosæ. Pedes-maxillares, apice tarso 
fusco excepto, omnino rufo-coccineo pubescentes. Pedes ut in 
L. indagatrici sed annulo albo tibiarum cunctorum haud latiore 
quam partibus nigris. Sternum coxæque nigra. Vulvæ fovea paulo 
longior quam latior antice attenuata et obtusa postice sat late 
nigro-marginata et striolata, carina media acutissima longitudi- 
naliter secta. 

Nora. Les L. indagatrix, L. Chaperi, L. nigrotibialis et L. catula 
représentent dans l'Inde le 3° groupe du genre Lycosa (type L. 
radiata) (1). 

Le tableau suivant résume leurs caractères : 


4. — Sternum fulvo-olivaceum, pedes omnino fulvi. Fovea 
vulvæ postice plaga magna transversim trapeziformi 
BCE PPAPEME TS ARTS LS ARE AC TU A AUS Chaperi. 
Sternum nigrum, tibiæ (saltem posticæ) infra in 
medio albæ ad basin atque ad apicem nigræ. Fovea 
vulvæ carina longitudinali secta....,.., ARTE ont 
2. — Tibiæ anticæ infra omnino cinereo-nigricantes, posticæ 
in medio albo-annulatæ. Chelæ et pedes-maxillares 
flavo-pilosi. Area vulvæ longior quam latior, carina 
rufula postice transversim abrupte dilatata secta, .... nigrolibialis. 
Tibiæ cunetæ infra annulo medio albo munitæ, pili 
chelarum et pedum-maxillarium læte rufo-coccinei. 
Fovea vulvæ parum longior quam latior, Carina nigra 


19 


A) Cf. E. Simon, Étude sur les Arachnides de Tunisie, 1885, p. 9. 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE 459 


3. — Chelæ ad basin et ad marginem exteriorem rufo-pilosæ, 
venter niger albo-punctatus, annulus medius tibiarum 
cunctorum partibus nigris haud latior. Carina vulvæ 
acutissima . .... À ETS CO RSR AN CRE ESC EE catula. 
Chelæ usque ad apicem rufo-pilosæ, venter omnino 
niger, annulus medius tibiarum posticarum partibus 
nigris latior. Carina vuivæ angusta sed supra plana,  indagatrix. 


8. Orros Lamarcri Latr., Gen. Crust. etc., I, p. 113 (sub Thomisus). 


Pour la synonymie cf. E. Sim., Rév. Sparass., 1880, p. 81. 

Nous le possédons aussi de Pondichéry où il paraît commun. 
Comme beaucoup d'espèces de la famille des Sparassidæ, Olios 
Lamarcki a un habitat très étendu, il se trouve à Madagascar, à 
l'île de la Réunion, sur toutes les côtes orientales d'Afrique et 
dans l'Hindoustan. 


9. OxyPTiLA THEOBALDI NOV. SP. 


d long. 4"m2.—Cephalothorax latior quam lonsior. antice valde 
attenuatus fronte obtusa, niger, area interoculari obscure testa- 
cea, valde coriaceus et parce granulosus aculeis clavatis fulvis 
parce vestitus, setis frontalibus sat brevibus anguste claviformi- 
bus, antice ad marginem elypei setis simplicibus septem munitus. 
Sternum coriaceum nigrum maculis magnis obliquis obscure 
rufo-testaceis notatum. Abdomen breve,latius quamlongius, antice 
obtuse truncatum, postice sensim dilatatum et obtusum, supra 
planum, obscure fuscum antice et in lateribus inordinate testa- 
ceo-marginatum, aculeis claviformibus supra minutis et fulvis 
postice paulo longioribus et nigris sparsum. Pedes robusti sat 
longi, antici nigricantes metatarsis tarsisque obscure fulvis, pos- 
tici fulvo-testacei femoribus tibiisque late nigro-maculatis et 
punctatis. Femur I antice aculeis tribus acutis. femora TI et IV 
supra prope medium aculeo unico armata. Tibiæ I et Il infra acu- 
leis acutis 2-3 supra setis validis et obtusis (haud claviformibus), 
metatarsi infra 3-3 et utrinque aculeo unico armati. Pedes-maxil- 
lares fusci, patella convexa paulo latiore quam longiore, tibia 
patella paulo breviore ad basin angustiore extus apophysa api- 
cali brevi depressa antice directa sed ad apicem abrupte 
angustiore breviter aciculata et divaricata, infra apophysa magna 


460 EUGÈNE SIMON 


robustissima obtusa et valde arcuata setis rigidis munita insigne 
instructa, tarso mediocri ovato et disciformi, bulbo simplici fusco 
late testaceo-foveolato. 


10. DIÆA PouGNETI sp. nov. 


Q@ (pullus) long. 4mm, — Cephalothorax paulo longior quam 
latior et longior quam tibia antica, antice sensim attenuatus et 
truncatus, pallide lurido-testaceus, subtilissime coriaceus et parce 
setosus, tuberibus ocularibus albido-opacis. Oculi postici æqui, 
medii inter se paulo latius quam a lateralibus remoti. Oculi 
antici fere æque distantes, medii lateralibus fere 1/3 minores. 
Area mediorum paulo longior quam latior et antice quam postice 
multo angustior. Clypeus verticalis planus, area oculorum medio- 
rum paulo angustior. Abdomen breve,:vix longius quam latius, 
antice rotundatum postice incrassatum et rotundatum, albido- 
testaceum, antice punctis binis, prope medium maculis nigris 
binis majoribus elongatis valde sinuosis et acute bi-angulosis 
notatum, infra antice testaceum postice prope mamillas nigrum. 
Mamillæ nigræ. Sternum chelæ et partes oris pallide testacea. 
Pedes parum robusti sat longi flavo-testacei, tibiis I et IT ad 
basin atque ad apicem anguste rufulo-annulatis, femore antico 
antice 4 supra 3 tenuiter aculeato, tibia I infra 3-2, melatarso 5-5 
et utrinque 2 vel 3 aculeatis. Pedes IIT et IV valde aculeati. 


11. STANNEOCLAVIS CANNINGENSIS Stoliczka, Journ. As. Soc. Bengl., 
XXX VIII, 1869, p. 248, pl. xvin, fig. 1. 


Très voisin de S. brevispina Dolesch., s’en distingue par le 
céphalothorax, le sternum et les chélicères entièrement noirs, les 
pattes beaucoup plus obscures, les yeux médians antérieurs rela- 
tivement plus resserrés, les épines abdominales un peu plus lon- 
guement atténuées, moins brusquement rétrécies à la pointe, les 
quatre ocelles médians de l'abdomen égaux, les antérieurs presque 
arrondis, les postérieurs un peu ovales transverses (chez S. brevis- 
pina les postérieurs sont plus gros que les antérieurs, un peu réni- 
formes el toujours un peu échancrés en avant), les focelles laté- 
raux, situés entre les épines, beaucoup plus allongés et nullement 
dilatés extérieurement, les neuf ocelles de la série postérieure 


FAUNE ARACHNOLOGIQUE DE L'ASIE MÉRIDIONALE AG1 


plus petits, plus espacés et moins inégaux. — Cette espèce à été 
découverte par F. Stoliczka à Port-Canning (S.-E. de Calcutta). 


12. THERIDION RuFIPES Lucas, Expl. Alg., Ar., p. 263, pl. xvi, fig. 5. 


T. borbonicum Vinson, Aran. Réun. etc., 1864, p. 28, pl.xiv, fig. 6. 

T. luteipes Cambr., Linn.S. J. Zool., X, 1870, p. 382, pl. xn, 
fig. 46-51. 

T. bajulans L. Koch, Æg. u. Abyss. Ar., 1875, p. 21. 

T. flavoaurantiacum E. Sim., Ann. Soc.ent. Belg. G.-r., nov. 1880. 


Cette espèce paraît répandue dans presque toutes les régions 
chaudes de l’ancien monde ; elle est connue d'Algérie (Lucas), de 
Sicile, d'Égypte (L. Koch}, de Syrie, de Ceylan (Cambr.), de l’île 
de la Réunion (Vinson), de Nouvelle-Calédonie (E. Sim.), nous la 
possédons en outre d'Akyab, du Sénégal et du Congo. 


13. ARTEMA MAURICIA Wailck. (voy. Bull. Soc. Zool. Fr., 1885, p. 19). 


EXPLICATION DES FIGURES DE LA PLANCHE X. 
Fig. 1. Thyene semicuprea E. Sim. (Wagra-Karoor). — Patte-mâchoire du mâle en 


Fig. 2. Pseudicius modestus E. Sim. (Ramnad). — Épigyne. 
3, Lycosa Chaperi E. Sim. (Wagra-Karoor). — Épigyne. 
4. Lycosa catula E. Sim. (Gollegal). — Épigyne. 
. 5. Pardosa partita E. Sim. (Wagra-Karoor). — Épigyne. 
Fig. 6. Hippasa Greenalliæ B1. (Ramnad). — Patte-mâchoire du mâle, de profil. 
Fig. 7  — _ Epigyne. 
Fig. 8. Ælurillus Redii Sav. (Syrie). — Épigyne. 

Fig. 9. Ælurillus tigrinus E. Sim. (Collegal). — Épigyne. 

Fig. 10. Heteropoda Fabrei E. Sim. (Ramnad). — Tibia de la patte-mâchoire du 
mâle, de profil. 

Fig. 11. Heteropoda sexpunctata E. Sim. (Wagra-Karoor). — Tibia de la patte- 
mâchoire du mâle, de profil. 

Fig. 12. — — Épigyne. 

Fig. 13. Apsectromerus duriusculus E. Sim. (Wagra-Karoor). — Tibia de la patte- 

mâchoire du mâle, de profil. 

Fig. 14. — — Une patte de la première paire. 

Fig. 15. Oxyptila Theobaldi E. Sim. (Collegal). — Tibia de la patte-mâchoire en 
dessous. 

Fig. 16. Alcimochthes albolimbatus E. Sim. (P.-I. Malaise). — Céphalothorax et 
abdomen, de profil. 


A62 EUGÈNE SIMON 


Fig. 17. Mexentia macilenta E. Sim. (P.-I. Malaise). — Patella et tibia de la patte- 
mâchoire du mâle, de profil. 

Fig. 18. Hersilia Savignyi Luc. (Wagra-Karoor). — Patte-mâchoire du mâle, de 

profil. | 

Fig. 19% + —  Patella et tibia de la patte-mâchoire en dessus. 

Fig. 20. Prosthesima pexa E. Sim. (Wagra-Karoor). — Tibia et tarse de la patte- 
mâchoire du mâle, de profil. 

Fig. 21. Echemus Chaperi E. Sim. (Wagra-Karovr). — Épigyne. 

Fig. 22. Mulicymnis bicolor E. Sim. (Wagra-Karoor). — Front et yeux en dessus. 

Fig. 23. Biantes longimanus E. Sim. (Wagra-Karoor), — Céphalothorax en dessus. 

Fig. 24. — — Patte-mâchoire. 


LISTE DES OISEAUX 


REÇUS RÉCEMMENT 


DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 


Par L. TACGZANO WSKI 


Les Oiseaux que le Musée de Varsovie vient d'obtenir de ce 
pays ont été recueillis par M. Jankowski, connu dans l’'Ornitho- 
logie par ses explorations de l’îlot Ascold et par M. Kalinowski, 
compagnon du Docteur Dybowski pendant son séjour au Kamts- 
chatka, et auquel ce savant explorateur, tont dévoué à la science, 
a confié la mission de compléter les matériaux pour la faune orni- 
thologique de cette contrée, qu'il n'avait pas suffisamment explo- 
rée. La majeure partie de ces Oiseaux a été recueillie au bord de 
la rivière Sidemi, voisine de la frontière entre les possessions 
russes et la Corée, au 43% (latitude nord) et au bord de la rivière 
Soungatscha, située entre le lac Chanka et le fleuve Oussouri, 
entre le 45 et le 46° latit., à l'exception d’un petit nombre d'espèces 
recueillies aux environs de Wladiwostok. 

Quelques espèces de cette collection paraissent pour la pre- 
mière fois dans la faune de la vaste région à l'exploration de 
laquelle le D' Dybowski a consacré de longues années. D’autres 
sujets fournissent de riches matériaux pour délerminer les livrées 
qui nous étaient inconnues, ou pour constater sur des séries beau- 
coup plus nombreuses la constance des caractères locaux des 
races, pris antérieurement sur des individus uniques ou en nom- 
bre insuffisant. Quelques-unes des espèces du nord procurent 
l’occasion de reculer vers le sud la limite de leur distribution 
géographique; enfin plusieurs autres qui jusqu'alors n'avaient 
été signalées dans ce pays que sur la côte même de la mer du 
Japon, et sur les îlots voisins, et qui pouvaient être considérées 


464 L. TACZANOWSKI 


comme de passage, ont été retrouvées plus au centre du pays à 
l'époque de la nidification. 

Ces raisons m'ont décidé à donner une liste complète des 
Oiseaux de cet envoi pour servir à compléter la faune de la con- 
trée et continuer la série des listes précédentes de l'exploration 
du Dr Dybowski et de ses compagnons dans les différentes loca- 
lités du nord de l'Extrême Orient, publiées dans le Bulletin de 
la Société. 

Les espèces introduites pour la première fois dans la faune de 
la Sibérie orientale sont marquées par un astérisque. 


#4, Vultur monachus Lin. 

Unique exemplaire capturé aux environs de Wladiwostok, 
identique aux Oiseaux d'Europe, seulement les plumes du sommet 
de la tête, des joues, de la gorge et du devant du cou sont d’un 
brun presque noir. 


9. Archibuteo hemilasius Temm. et Schl. 
Un Oiseau de Sidemi. 


3. Archibuteo lagopus, ferrugineus Lich. 

Une paire de Sidemi, identique aux Oiseaux de Kamtschatka et 
du Baïkal méridional; la femelle de Sidemi n’a cependant pas de 
roux sur les rectrices et les sus-caudales. 


4. Milous melanotis Temm. et Schl. 
Trois oiseaux de Sidemi et de Soungatscha. 


D. Falco subbuteo Lin. 
Plusieurs adultes et jeunes de Sidemi et de Soungatscha. 


6. Dendrofalco æsalon Gmel. 
Deux femelles et un jeune mâle de Sidemi et de Troitzkoi. 


7. Erythropus amurensis Radde. 
Deux paires de Sidemi et de Soungatscha. 


8. Cerchneis tinnunculus Lin. 
Deux mâles de Sidemi et de Soungatscha, parfaitement iden- 
tiques aux Oiseaux d'Europe. 


9. Astur palumbarius Lin. 
Femelle adulte tuée à Troitzkoi le 15 mars, d'une taille presque 


OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 465 


aussi forte que les plus grandes femelles d'Europe, (aile 380mw. 
queue 272%), et comme tous les Autours de la Sibérie orientale, 
claire en dessus, à raies moins larges en dessous que dans les 
sujets d'Europe. 


10. Accipiter nisus Linn. 
Une femelle de Soungatscha. 


11. Accipiter virgatus Temm. 
Une paire de Sidemi. 


12. Circus melanolus Kaup. 
Un Oiseau de Sidemi. 


13. Strigiceps melanoleucus Korst. 
Trois exemplaire de Sidemi et de Soungatscha. 


14. Syrnium uralense, fucescens Temm. et Schl. 
Une paire de Sidemi identique à l'Oiseau d’Ascold et à l’'Oiseau 
du Japon de l'exposition de Paris de 1878. 


15. Nino hirsuta, japonica Temm. et Schl. 

Quatre exemplaires des deux sexes de Sidemi et de Soungats- 
cha, tués en octobre et en juin ; une femelle a les plumes du 
ventre très usées par l'incubation, ce qui prouve que l'oiseau 
niche dans la contrée. Tous ces individus sont d’une taille aussi 
forte que l'Oiseau d’Ascold. (Bulletin de 1879, p. 134). M. Sharpe 
dans le Catalogue du Musée britannique (1875) à réuni cette forme 
à la N. scutulata Rafil. Des nombreux exemplaires provenant de 
différents pays de l’Asie méridionale dont il a donné les dimen- 
sions, le plus grand de l'Inde orientale avait l'aile de 8,75 pouces 
anglais, tandis que tous nos exemplaires l’ont de 9,7 pouces. Les 
dimensions fournies par l'abbé David sont aussi moins fortes. 


16. Otus vulgaris Flem. 
Une paire de la rivière Soungatscha. 


17. Otus accipitrinus Pall. 
Une paire de Sidemi et de Soungatscha. 


18. Chæœtura eaudacuta Lath. 
Trois exemplaires de Sidemi et de Soungatscha. 


466 L. TACZANOWSKI 


19. Cypselus pacificus Lath. 
Quatre exemplaires de Sidemi et de Wladiwostok. 


20. Hirundo rustica, qutturalis Scop. 
Une paire de Sidemi et de Soungatscha. 


*91. Cotyle riparia, sinensis Gr. et Hardw. 

Un mâle et deux femelles de Sidemi, recueillis à la fin de mai 
1884, conformes en tout à la description de MM. David et Oustalet 
mais présentant des dimensions un peu plus fortes. Outre les 
caractères différentiels indiqués par ces auteurs et par M. Sharpe, 
nos Oiseaux se distinguent aussi de la C. riparia (L.) par la cou- 
leur noirâtre des lores, formant une tache obscure au devant de 
l'œil, parfaitement distincte de la couleur environnante. L'abbé 
David n’a observé cette Hirondelle que dans la moitié méridionale 
de la Chine, les exemplaires de M. Iankowski prouvent qu’elle va 
beaucoup plus au nord. 


22, Alcedo ispida, bengalensis Brlss. 
Une paire de Sidemi. 


23. Upupa epops Linn. 
Trois exemplaires de Sidemi et de Soungatscha. 


24. Certhia familiaris Lin. 
Un Oiseau de Sidemi, d’un blanc aussi pur en dessous que les 
oiseaux du Baïcal méridional. 


25. Sitta amurensis Swinh. 

Cinq Oiseaux des deux sexes de Sidemi. Ils diffèrent légèrement 
de ceux de l’Amour et des environs de l'embouchure de l’'Oussouri 
par la teinte ocreuse du dessous un peu plus intense et plus uni- 
forme, la raie sourcilière prolongée jusqu’à la base du bec, le 
devant du front blanc pur et les tectrices nasales plus noires. 
Leur bec est un peu plus fort et plus court que chez les précé- 
dents, d'une forme plus rapprochée de celle des Sittelles euro- 
péennes par l’arête plus courbe. 


26. Cinclus Pallasii Temm. 
Sept exemplaires des deux sexes de Sidemi et d’Alamanowka. 


27. Troglodytes dauricus Dyb. et Tacz., Bull. Soc. Zoôl. 1884. 
Une paire de Sidemi. Ces Oiseaux présentent une légère diffé- 


OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 467 


rence avec ceux de la Daourie par le brun roussâtre plus foncé 
des parties supérieures du corps, plus roussâtre au croupion, 
à raies foncées commençant sur le devant du dos; toute la gorge 
et ie haut du devant du cou sans taches ni raies ; c’est seulement 
sur la région jugulaire que commencent les raies foncées, com- 
posées de petites gouttes noirâtres, éloignées entre elles et sui- 
vies de macules blanchâtres ; sur l’abdomen les taches deviennent 
graduellement plus grosses, mais sans se réunir en raies conti- 
nues, et ce n’est que sur le bas ventre qu’elles sont complètes ; la 
queue n’a qu'une dizaine de raies foncées. Bec aussi fort que 
chez les Oiseaux de la Daourie et aussi foncé en dessous. Ils pré- 
sentent en général une transition entre le 7. dauricus vrai et le 
T. fumigatus; mais beaucoup plus voisins du premier. A juger sur 
la description de MM. David et Oustalet les Oiseaux de la Chine 
sont identiques au T. fumigatus vrai. 


28. Arundinax acdon Pall. 
Trois exemplaires de Sidemi. 


29. Calamoherpe orientalis Temm. et Schl. 
Une paire de Soungatscha. 


30. Calamoherpe Maackii Schr. 
Dix exemplaires des deux sexes de Sidemi et de Soungatscha. 


31. Calamodyta certhiola Pall. 
Un exemplaire de Sidemi. 


32. Cettia canturiens Swinh. 
Trois exemplaires de Sidemi. 


33. Locustella fasciolata Gray. 
Un mâle adulte en noces de Soungatscha. 


34. Phyllopneuste coronatus Temm. et Schl. 
Quatre exemplaires de Sidemi. 


35. Phyllopneuste borealis Blas. 
Un exemplaire de Sidemi. 


36. Phyllopneuste superciliosus Gm. 
Trois exemplaires de Soungatscha. 


468 L. TACZANOWSKI 


37. Phyllopneuste fuscatus Blyth. 
Un exemplaire de Soungatscha. 


38. Phyllopneuste Schwarzi Radde. 
Un exemplaire de Soungatscha. 


39. Reguloides proregulus Pall. 
Un mâle de Soungatscha. 


* 40. Regulus cristatus, japonicus Bp. 

Une paire de Sidemi, présentant tous les caractères de cette 
forme, tandis que l'Oiseau de la Daourie ressemble à la forme 
européenne dont il se distingue seulement par une taille un peu 
plus forte et l’orangé de la huppe un peu plus intense. 


41. Nemura cyanura Pall. 
Cinq exemplaires de Soungatscha. 


42. Larvivora cyane Pall. 
Une paire de Sidemi. 


* 43, Larvivora sibilans Swinh. 

Un mâle adulte de Sidemi. Le Musée de Varsovie possédait déjà 
une femeile adulte de Darasun en Daourie, et un jeune mâle, en 
plumage d'automne frais, de l'embouchure de l'Oussouri. Ces 
Oiseaux ressemblent à la figure de M. Seebohm (Cat. B. Brit. Mus. 
V, p. 297, tab. xvur), à l'exception des raies foncées de la gorge et 
de la poitrine, qui dans l’Oiseau typique sont largement inter- 
rompues au milieu de ces parties, tandis que dans nos trois 
exemplaires ces raies sont complètes. 


44. Erithacus calliope Pall. 
Un Oiseau de Soungatscha. 


45. Ruticilla aurorea Pall. 
Six exemplaires de Soungatscha. 


46. Accentor montanellus Pall. 
Trois exemplaires de Soungatscha. 


47. Pratincola indica Blyth. 
Six exemplaires de Sidemi. 


OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 469 


48. Monticola solitaria Müll. 
Une femelle de Sidemi. 


49. Oreocincla sibirica Pall. 
Un mâle adulte de Soungatscha. 


50. Turdus fuscatus Pall. 
Cinq Oiseaux de Sidemi. 


51. Turdus ruficollis Pal]. 

Cinq Oiseaux de Sidemi et de Soungatscha. Ces oiseaux, comme 
ceux qui ont été précédemment fournis en grand nombre par le 
D° Dybowski et M. Godlewski des côtes de la mer du Japon, sont 
intermédiaires entre le T. ruficollis vrai et le T. Naumanni, pré- 
sentant des affinités plus ou moins rapprochées de l’une ou de 
l’autre de ces formes. On trouve aussi des variétés semblables sur 
le Baïcal méridional, mais rarement ; dans cette contrée au con- 
traire la variété paraît constante et nous n’en avons jamais reçu 
en livrée typique du 7°. ruficollis. 


52. Turdus pallidus Gm. 
Trois exemplaires de Soungatscha. 


53. Turdus pelios Bp. 
Deux mâles adultes de Soungatscha. 


54. Motacilla lugens Pall. 
Nombreux exemplaires de Sidemi et de Soungatscha. 


55. Calobates melanope Pall. 
Une paire de Sidemi. 


96. Budytes flava borealis Sharpe; B. cinereo-capilla Tacz., Bull. 
Soc. Zool. Fr., 1876, p. 151. 
Nombreux exemplaires de Soungatscha et de Sidemi. 


57. Pipastes agilis Sykes. 
Trois Oiseaux de Soungatscha. 


b8. Anthus japonicus Temm. et Sch1. 
Un Oiseau de Sidemi. 


59. Anthus cervinus Pal]. 
Cinq exemplaires de Soungatscha. 


470 L. TACZANOWSKI 


60. Alauda arvensis Lin. 
Quatre exemplaires de Soungatscha. 


61. Parus minor Temm. et Schl. 
Une paire de Sidemi. 


62. Cyanistes cyanus Pall. 
Deux paires de Soungatscha. 


* 63. Pæcilia palustris, crassirostris. 

Une paire d'Oiseaux adultes de Sidemi. Voisins de la P. brevi- 
rostris et de la P. macroura, ils se rapprochent de la première par 
la brièveté et l'épaisseur du bec, qui est même un peu plus élevé, 
par le lustré du noir du vertex, par le gris souris au dos, toutefois 
un peu plus obscur et par la nuance isabelle des flancs; ils res- 
semblent à la deuxième par le noir, largement prolongé sur le 
bas du cou par une grosse tache noire au dessous de la gorge 
tachetée de blanc, et par la barbe externe des rectrices latérales 
grise, bordée de blanc. Ils sont d’une taille un peu moins forte 
que les deux formes avec lesquelles nous les comparons. Bec dé- 
passant de 7mn le bord postérieur des narines; rectrices latérales 
en retrait tandis que toutes les autres sont égales, 

Je propose à cette forme la diagnose suivante : 

P. supra murino grisea : pileo cum nucha, collo postico latis- 
sime maculaque gulari nigris; genis, lateribus colli et subtus alba, 
hypochondriis isabellino perfusis; alis schistaceis, remigibus ex 
albido griseo marginalis ; cauda Jlongiuscula schistacea, pogonio 
externo rectricum externarum albido marginato; rostro breve 
Crasso. 

d longueur totale, 1387"; vol., 207nn; aile, 65mm; queue, 65m; 
bec, A0" 


? “longueur totale, 133%"; vol.; 210%: aile, 650: quenuey0oDne 
bec, 10m. 


64. Mecistura caudata Linn. 
Une paire de Sidemi. 


65. Suthora webbiana, mantschurica. 

Une paire d'Alamanowka. Ces Oiseaux, dont j'ai examiné une 
dizaine d'exemplaires, diffèrent des sujets de la Chine par le roux 
du sommet de la tête moins foncé, plus prolongé sur le dos et non 
séparé brusquement de la couleur du dos; le gris de ces derniers 


OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 471 


est beaucoup plus pâle, les stries rousses sont beaucoup moins 
prononcées sur le rose du devant du cou; les flancs de l'abdomen 
diffèrent moins de la couleur du milieu; les bordures des rémiges 
tertiaires sont beaucoup plus claires. 


66. Bombycilla garrula Linn. 
Une paire de Sidemi. 


67. Oriolus cochinchinensis Briss. 
Cinq exemplaires de Soungatscha et de Sidemi. 


68. Pericrocotus cinereus Lafr. 
Cinq exemplaires de Sidemi. 


69. Lanius major Pall. 
Un exemplaire de Sidemi. 


70. Lanius sphenocercus Cab. 
Une femelle adulte de Sidemi. 


71. Otomela phænicura Pall. 
Un exemplaire de Soungatscha. 


72. Butalis latirostris Raffl. 
Trois exemplaires de Sidemi. 


73. Butalis sibirica Gm. 
Un exemplaire de Soungatscha. 


74. Erythrosterna luteola Pal]. 
Un exemplaire de Soungatscha. 


75. Xanthopygia tricolor Hartl. 
Huit exemplaires de Sidemi et de Soungatscha. 


76. Cyanoptila cyanomelæna Temm. 
Un exemplaire de Sidemi. 


77. Garrulus Brandti Ewersm. 
Deux paires d'Oiseaux adultes de Sidemi,parfaitement identiques 
aux sujets du Baïcal et de la Daourie. 


78. Pica caudata, japonica Temm. et Schl. 
Une femelle de Sidemi. 


472 L. TACZANOWSKI 


79. Lycos dauricus Pal]. 
Deux paires de Komisarowka sur la rivière Sienka. 


80. Corvus macrorhynchus, japonensis Bp. 
Un exemplaire de Sidemi. 


SA. Corvus corone, orientalis Eversm. 
Une paire de Sidemi et de Wladiwostok. 


82. Sturnus cinerascens Temm. 
Huit exemplaires de Sidemi. 


83. Heterornis dauricus Pall. 
Deux paires de Soungatscha. 


84. Plectrophanes nivalis Briss. 
Un exemplaire de Sidemi. 


85. Plectrophanes lapponicus Lin. 
Un exemplaire de Sidemi. 


86. Emberiza spodocephala Pall. 
Plusieurs exemplaires de Sidemi. 


87. Emberiza elegans Temm. 
Trois Oiseaux de Sidemi. 


88. Emberiza rustica Pall. 
Deux paires de Soungatscha. 


89. Emberiza Tristrami Swinh. 
Une paire de Soungatscha. 


90. Emberiza fucata Pall. 
Six exemplaires de Sidemi. 


9. Emberiza cioides Brandt. 
Une paire de Sidemi et de Soungatscha. 


92. Emberiza leucocephala Gm, 
Trois exemplaires de Soungatscha. 


93. Schoenicola arundinacea Bp. 
Deux paires de Sidemi. 


OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 


94. Schoenicola Pallasi Cab. 
Deux paires de Sidemi. 


95. Euspiza aureola Pall. 
Cinq exemplaires de Sidemi. 


96. Euspiza rutila Pall. 
Trois exemplaires de Soungatscha. 


97. Passer montanus Briss. 
Deux paires de Sidemi. 


98. Propasser roseus Pall. 
Trois exemplaires de Sidemi. 


99. Uragus sibiricus, sanguinoleutus Temm. et Schl]. 
Nombreux exemplaires de Sidemi. 


100. Fringilla montifringilla Lin. 
Trois paires de Soungatscha. 


101. Chlorospiza sinica Lin. 
Une paire de Sidemi. 


102. Eophona melanura Gm. 
Un exemplaire de Sidemi. 


103. Cuculus poliocephalus Lath. 
Deux mâles de Sidemi. 


104. Cuculus indicus Cab. 
Un mâle de Sidemi. 


405. Yunx torquilla Lin. 
Une paire de Soungatscha. 


106. Gecinus canus Gm. 
Deux mâles et une femelle de Sidemi. 


107. Picus leuconotus Bechst. 
Deux paires de Sidemi. 


108. Picus minor, kamtschatkensis Sundev. 


AT 


Trois exemplaires de Sidemi. Ces Oiseaux sont d’un blanc moins 


474 L. TACZANOWSKI 


pur en dessous que ceux du Baïcal méridional, mais plus pur que 
ceux de la Daourie; ils sont moins voisins du type de l'Europe 
centrale que ces derniers. 


109. Fungipicus Dorriesi Hargitt. 
Une paire de Sidemi. 


110. Yungipicus Kisuki Temm. et Schl. 
Deux Oiseaux de Sidemi. 


111. Columba rupestris Pall. 

Deux paires de Sidemi et de Atamanowka. Les Oiseaux de cette 
contrée sont en général plus foncés que ceux du Baïcal et de la 
Daourie ; ils ont la teinte vineuse de la région jugulaire beaucoup 
plus prononcée, la conservent plus aux changements d'incidence 
de la lumière, avec des reflets métalliques violets et verts, égale- 
ment intenses. 


112. Turtur rupicola Pal]. 
Un Oiseau de Soungatscha. 


413. Bonasia betulina Bp. 
Deux mâles et une femelle de Sidemi. Coloration identique à 
celle des Gélinottes de l’Europe centrale. 


114. Coturnix ussuriensis Bogdan. Consp. Av. Imp. Rocs. I, p. 45. 
Cinq Oiseaux adultes de Sidemi et de Soungatscha. 


415. Phasianus torquatus Temm. 
Une paire des environs de Wladiwostok. 


116. Otis Dybowskhii Tacz. 

Un jeune mâle de Soungatscha, identique aux Oiseaux de la 
Daourie et présentant les mêmes différences avec la forme euro- 
péenne. 


117. Grus viridirostris Vieil. 
Trois exemplaires de Soungatscha. 


118. Aegialitis fluviatilis Bechst. 
Trois Oiseaux adultes de Sidemi et de Soungatscha. 


119. Vanellus cristatus Mey. et Wolf. 
Une paire de Soungatscha. 


OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 475 


120. Actitis hypoleucos Lin. 
Une paire de Soungatscha. 


121. Actitis incanus Gm. 
Un Oiseau de Sidemi. 


122. Totanus glottis Linn. 
Une paire de Sidemi et de Soungatscha. 


123. Totanus calidris Lin. 
Un mâle du lac Chanca, tué en juin, il est très foncé en dessus 
et très strié en dessous. 


124. Totanus glareola Lin. 

Une paire de Sidemi et de Soungatscha. La femelle est rayée 
sur le dos de bandes alternes brunes et blanches d’une manière 
régulière et nette que l’on ne voit jamais dans les sujets d'Europe. 


125. Tringa subminuta Midd. 
Un Oiseau de Soungatscha. 


126. Tringa minuta, orientalis. 
Un Oiseau de Sidemi. 


127. Tringa Temminckii Leisl. 
Une paire de Soungatscha et de Sidemi. 


128. Tringa cinclus Briss. 
Une paire de Sidemi. 


129. Numenius australis Gould. 
Un exemplaire de Soungatscha. 


130. Limosa rufa, uropygialis Gould. 
Trois exemplaires en plumage d'hiver de Sidemi. 


131. Gallinago heterocerca Cab. 
Un Oiseau de Soungatscha. 


132. Gallinago stenura Kuhl. 
Une paire de Soungatscha. 


133. Gallinago scolopacina Bp. 
Huit exemplaires de Sidemi, de Soungatscha et des environs de 


476 L. TACZANOWSKI 


Wladiwostok. Tous ces Oiseaux, comme les Bécassines que nous 
avons reçues en grand nombre des différentes localités de la Sibé- 
rie orientale et de la péninsule de Kamtschatka, se distinguent 
des Bécassines d'Europe par les quatre bandes straminées du dos 
et des scapulaires beaucoup plus larges, les plumes noires dispo- 
sées entre ces bandes plus fortement variées de roux et la région 
jugulaire moins fortement tachetée de brun, la raie médiane du 
sommet de la tête plus large; l’ensemble de ces différences donne 
à l'Oiseau une apparence beaucoup plus claire au premier coup 
d'œil. Les jeunes en premier plumage frais sont plus foncés, à 
bandes straminées bien moins larges que dans les adultes, mais 
jamais aussi fines que dans les sujets d'Europe. 


134. Platalea major Temm. et Schl. 

Une paire d'Oiseaux adultes de Foungatscha. Ces oiseaux, 
outre le caractère distinctif de la spatule européenne consistant 
dans la partie dénuée de la gorge plus restreinte, ont l'extrémité 
des rémiges noire, ce qui n’a lieu que dans les jeunes de la forme 
européenne; ils ont en outre la huppe moins longue, et la région 
jugulaire moins colorée de jaunâtre. 


135. Egretta alba Lin. 
Un exemplaire de Sidemi. 


136. Ardea cinerea Lin. 
Deux Oiseaux adultes de Soungatscha. 


*137. Buphus coromandus Bodd. 
Un mâle adulte de Soungatscha. Cette espèce n’a pas encore 
été trouvée dans la Chine septentrionale. 


138. Butorides macrorhynchus Gould. 
Quatre exemplaires de Sidemi. 


439. Ardetta eurythma Swinh. 
Une femelle de Soungatscha. 


140. Botaurus stellaris Linn. 
Une paire de Sidemi. 


141. Porzana pygmæa Kaup. 
Une femelle de Soungatscha. 


OISEAUX DU SUD-OUEST DU PAYS OUSSOURIEN 


142. Fulica atra Linn. 
Une paire de Sidemi. 


143. Sylochelidon caspia Pall. 
Un mâle en noces de Soungatscha. 


144. Sterna longipennis Nordm. 
Quatre exemplaires de Sidemi. 


145. Sternula sinensis Gm. 
Une femelle adulte de Sidemi. 


146. Larus niveus Pall. 
Un Oiseau adulte en plumage d'hiver de Soungatscha. 


447. Larus crassirostris Vieil. 
Un mâle en plumage d'hiver de Wladiwostok. 


148. Chroicocephalus ridibundus Linn. 
Une paire de Soungatscha. 


149. Diomedea nigripes Audub. 
Deux Oiseaux de Wladiwostok. 


150. Phalacrocorax carbo Lin. 
Un Oiseau de Soungatscha. 


151. Anser cinereus Meg. et Wolf. 
Un Oiseau de Soungatscha. 


452. Anser albifrons Gm. 
Une paire de Soungatscha. 


153. Anser grandis Midd. 
Un Oiseau de Soungatscha. 


154. Anser segetum Briss. 
Un Oiseau de Soungatscha. 


155. Cygnus musicus Bechst. 
Quelques Oiseaux de Sidemi. 


156. Aix galericulata Lin. 
Un mâle de Soungatscha. 


478 L. TACZANOWSKI 


157. Anas zonorhyncha Swinh. 
Un mâle de Soungatscha. 


158. Anas formosa Georgi. 
Cinq exemplaires de Soungatscha. 


159. Anas falcata Pall. 
Un mâle de Soungatscha. 


160. Anas querquedula Lin. 
Deux exemplaires de Soungatscha. 


161. Anas crecca Lin. 
Trois exemplaires de Soungatscha. 


162. Dafila acuta Linn. 
Une paire de Soungatscha. 


163. Rhyncaspis clypeata Linn. 
Trois exemplaires de Soungatscha. 


164. Chaulelasmus streperus Lin. 
Un mâle de Soungatscha. 


165. Fulix cristata Shaw. 
Quatre exemplaires de Soungatscha. 


166. Fulix Baeri Radde. 
Un mâle de Soungatscha 


167. Glaucion clangula Lin. 
Un mâle de Soungatscha. 


168. Mergus serrator Lin. 
Quatre exemplaires de Soungatscha. 


169. Mergus albellus Lin. 
Quatre exemplaires de Soungatscha. 


170. Podiceps auritus Lin. 
Un jeune Oiseau de Sidemi. 


DÉS CEE TION 


DE QUELQUES 


ESPÈCES NOUVELLES DE COQUILLES VIVANTES 


PROVENANT DE L’'AFRIQUE AUSTRALE ET D’ASSINIE 


Par M. CHAPER 


La présente note n’est que la suite de celle que j’ai déjà publiée 
p. 42 du {°" fascicule du Bulletin de la Société zoologique, 1885. 
Les réflexions qui formaient le préambule de mon premier tra- 
vail sont tout aussi applicables à celui-ci: je prie le lecteur de 
vouloir bien s’y reporter. 

En vue d'éviter une répétition inutile, je crois préférable de 
dire tout d’abord et une fois pour toutes que je donne à la collec- 
tion de l’École des mines, qui possède déjà d'incomparables ma- 
tériaux de comparaison, tous les échantillons figurés. En agissant 
ainsi et mettant dans une collection publique les objets que j'ai 
cru mériter une description, j'ai un double but : les livrer d’une 
façon plus sûre à l'examen de qui voudrait les discuter, et les 
soustraire aux chances de disparition, sinon même de destruction, 
qui menacent les collections privées. 

Un trop grand nombre de personnes paraissent éprouver une 
jouissance toute particulière à posséder dans leur collection, à 
l'exclusion de toute autre, des objets uniques. J'ai presque cons- 
tamment remarqué que chez ces personnes le plaisir donné par 
la possession semblait beaucoup moins proportionné à la valeur 
réelle ou à la beauté des objets qu’à la difficulté que d’autres 
pouvaient avoir à se les procurer. Les types figurés, étant uniques 
par définition, tiennent évidemment le premier rang dans les pré- 
occupations de cette catégorie de collectionneurs. Aussi est-il 
arrivé que certaines gens se sont mis à publier des genres, des 


480 MAURICE CHAPER 


espèces, voir des variétés, pour se donner la facile satisfaction 
d'en posséder les types. J'ai encore remarqué que les gens qui, 
même sans se laisser entraîner aussi loin, ont la tendance que je 
signale, sont généralement peu disposés, en dehors d’un petit 
cercle d'admirateurs intimes, à faire bénéficier autrui de la vue 
de leurs trésors. 

Etant d'avis, au contraire, qu'un document scientifique ne peut 
acquérir sa valeur qu’à la condition d’être accessible à tous indis- 
tinctement, il m'a semblé qu’il devait appartenir au public. Si 
mon choix s'est arrêté sur la collection de l'École des mines, 
c'est que, indépendamment des souvenirs personnels qui m'y 
rattachent, c’est, de toutes celles que je connais, la mieux dis- 
posée pour l'étude des coquilles des Mollusques. De plus, il y 
existe depuis longtemps déjà des traditions de libérale obligeance 
qui en rendent l'accès particulièrement facile. 


UNIO vAALENSIS, Chaper. 
PIX fee) 


Coquille transverse, inéquilatérale ; longueur variant de 43 à 
50 millimètres, dimension que ne dépassent guère les plus grands 
échantillons; largeur égale à la moitié de la longueur; épaisseur 
à peine égale au tiers de cette longueur. Extrémité antérieure 
arrondie; extrémité postérieure plus allongée et légèrement angu- 
leuse. La projection du sommet sur la plus grande longueur des 
valves tombe au quart de cette longueur; des crochets part une 
saillie assez obtuse aboutissant à l'angle du bord postérieur et 
délimitant la région postérieure de la coquille ; plus en arrière se 
voient deux petits sillons peu accusés, et dont le premier fait par- 
fois sentir son influence sur le limbe par un angle très peu sail- 
lant; la partie ventrale du limbe est presque droite et parallèle à 
la plus grande longueur ; on sent seulement une très légère dé- 
pression vers le milieu. Dans le jeune âge, la coquille est ornée 
d'ondulations brisées coupant obliquement les stries d'accroisse- 
ment très peu marquées ; tout près du crochet, ces ondulations 
se réduisent à un V dont la pointe dirigée vers le crochet occupe 
le fond de la dépression médiane; un peu plus loin, les ondula- 
tions, simples fronces sur la partie antérieure, s'écartent du cro- 
chet en descendant en échelons comme des traits de foudre vers 
l'angle postérieur du limbe; ceux qui atteignent la saillie limita- 


ESPÈCES NOUVELLES DE COQUILLES VIVANTES 481 


tive de la région postérieure s’y prolongent sous la forme de V 
alternant, donnant lieu à des zigzags aigus. 

Ces ondulations se terminent toutes à une certaine strie d’ac- 
croissement, à partir de laquelle le mode d’ornementation du test 
change complètement : il ne présente plus que des stries d’ac- 
croissement plus ou moins marquées, plus ou moins groupées, à 
la façon des ornements de la plupart des Unionidés. 

La position de cette strie d’accroissement, limite des ondula- 
tions, est des plus variables : en en mesurant la distance au som- 
met, comptée sur une divergente quelconque, par exemple, sur 
le sillon médian, on voit qu’elle le coupe parfois au sixième de sa 
longueur et parfois presque à la moitié, comme dans l'échantillon 
fig. 1, qui est un des plus remarquables sous ce rapport. 

L’épiderme est brun-olive, avec variations irrégulières de teintes 
à différents âges : il est généralement beaucoup plus clair dans la 
première moitié de la vie. Le test est d'épaisseur ordinaire. 

A l’intérieur, la nacre est brillante, assez souvent teintée en 
jaune clair en dedans de l'impression palléale et surtout sous les 
crochets ; l'impression musculaire postérieure est tout à fait su- 
perficielle ; l’antérieure, assez profonde en arrière, s'engageant 
sous la dent cardinale : attache du pied est petite et superficielle. 
Les dents cardinales postérieures sont longues et lamellaires ; la 
dent cardinale interne antérieure, très saillante et finement den- 
telée, est presque parallèle au bord de la coquille ; aussi, les deux 
dents qui lui sont opposées sur la valve droite ne se recouvrent- 
elles à peu près pas; la face interne de la dent extérieure de cette 
dernière est chagrinée de stries qui se dirigent vers sa crête car- 
dinale ; la dent interne, située sur le crochet, est triangulaire 
très légèrement dentelée. Ligament brun pâle, médiocrement 
saillant. 

J'ai trouvé cette espèce en abondance dans le Vaal (Afrique 
australe), auprès de Barclay, à peu de distance des célèbres mines 
de diamant du Griqualand West. Les circonstances dans les- 
quelles je me trouvais ne m'ont pas permis de rapporter l'animal. 


UNIO ESSOENSIS, Chaper. 
BLAX], He TRS: 


Coquille équivalve, peu inéquilatérale, peu transverse. Les 
proportions prises sur l'échantillon des figures 7 et 8 sont les 


suivantes : longueur 75"", largeur 53"®, épaisseur 35", Prises 
J1 


482 MAURICE CHAPER 


sur celui de la figure 9, elles sont respectivement 64, 42, 26, ce 
qui montre que la forme devient de plus en plus trapue avec l’âge 
par suite de l'accroissement relatif plus rapide de la largeur et 
surtout du bombement. La projection des crochets sur la plus 
grande longueur de la coquille comptée parallèlement à la char- 
nière tombe aux trois cinquièmes de cette longueur; profil exté- 
rieur très notablement rectiligne dans la partie cardinale, parce 
que la commissure rectiligne de la partie antérieure et libre des 
valves est exactement dans le prolongement de la surface externe 
du ligament ; le reste du limbe à contour arrondi, sauf un méplat 
très accentué, et même un peu infléchi, existant dans la région 
postérieure, se raccordant avec le bord cardinal par un angle à 
sommet assez vif de 105° environ. 

Dans le jeune âge, l'ornementation du test est la suivante : La 
région antérieure, sur un peu plus du tiers de la coquille, est 
occupée par deux systèmes de stries profondes, les unes diver- 
gentes, les autres parallèles à la charnière ; viennent ensuite deux 
séries divergentes de granulations délimitant entre-elles une zone 
où les stries d'accroissement régulières et peu saillantes sont 
seules visibles ; cette disposition est mal accusée dans la fig. 9; 
dans la troisième zone, on ne voit plus que des plissements diver- 
gents. Mais les ornements précédents n'existent que dans le érès 
jeune âge, alors que la coquille à 10 à 12 millimètres de longueur. 
Dès qu'elle atteint ou dépasse cette dimension, toute la région 
antérieure et médiane ne porte plus que des stries d’accroisse- 
ment plus ou moins groupées par faisceaux ; dans la région pos- 
térieure, délimitée par une saillie très mousse aboutissant à 
l'angle saillant du méplat du limbe signalé ci-dessus, les stries 
d’accroissement dans l’âge moyen sont masquées par des fronces 
à peu près parallèles au bord cardinal et partant de la saillie pré- 
citée ; mais, au fur et à mesure que l’on s'éloigne du crochet, ces 
fronces perdent de leur valeur, tandis que les stries d’accroisse- 
ment s’accentuent davantage ; dans l'adulte, elles existent seules, 
traversées par un ou deux sillons ou plis divergents. 

L'épiderme, brun-verdätre pâle dans le jeune âge, verdit et 
se fonce dans l'adulte, jusqu'à devenir noirâtre et parfois gris 
cendré. 

A l’intérieur, la nacre est bleuâtre, souvent irisée, et même 
rose dans le fond des valves ; l'impression palléale très peu mar- 
quée est assez loin du limbe; l'impression musculaire postérieure 
est absolument superficielle ; l’antérieure légèrement en creux à 


ESPÈCES NOUVELLES DE COQUILLES VIVANTES 433 


sa partie postérieure ; l’attache du pied très superficielle et un 
peu allongée ; les dents minces et lamellaires. 

Le ligament peu saillant est de même teinte que l’épiderme : 
vert foncé; le test est très mince; le poids de l'échantillon fig. 7 
et 8 n’est que de 12 grammes. 

J'ai trouvé le premier exemplaire de ce mollusque sur la berge 
de la branche sud du canal d'écoulement des eaux de la lagune 
d'Assinie, branche appelée « rivière d’'Esso » ; le filet d'un pê- 
cheur l'avait amené et laissé sur le sable quelques heures aupa- 
ravant; une portion du Mollusque adhérait encore à la coquille. 
Les nègres m'ont affirmé qu'ils connaissaient bien cette espèce et 
qu'ils m'en procureraient aisément. Je n’ai pu cependant jusqu’à 
présent en obtenir que deux autres échantillons; l'habitat me 
paraît peu étendu. Animal inconnu. 


HELICOPSIS TABULÆ, Chaper. 
PIE XL 6e: A5: 


La coquille de ce petit Hélicéen est de même dimension et de 
même forme générale que celle de l’Æelicopsis capensis Pfeiffer ; 
les tours sont aussi globuleux, mais un peu plus embrassants; 
la spire est moins haute ; le test est beaucoup plus mince. Les 
ornements sont d’une grande uniformité : ils ne consistent qu'en 
stries d’accroissement bien régulières, assez serrées, et régnant 
sur toute l'étendue des tours; la crête de ces stries est blanchâtre; 
le fond des sillons séparatifs est brun pâle, d'intensité variable 
dans l’adulte. La coquille commence par un nucléus luisant et d’un 
brun plus vif: au bout d’un tour ou d'un tour et demi, les stries 
d’accroissement se manifestent, et pendant deux tours environ la 
coquille est presque blanche, puis la teinte générale se fonce par 
l'augmentation d'intensité de celle des sillons séparatifs des 
stries. 

J'ai trouvé cette espèce dans une rapide promenade faite au 
haut de Table Mountain (Capetown), dans une dépression où se 
manifestait un suintement. La minceur de son test est expliquée 
par son habitat sur ce plateau de grès quartzeux où l’on m'avait 
assuré que je ne trouverais aucun Mollusque à coquille. Je n’ai 
pu rapporter l’animal dans des conditions qui en permissent 
l'étude. 


484 MAURICE CHAPER 


HYDROBIA CALEDONENSIS, Chaper. 
PlXPMe.16: e 

Coquille allongée, conique, ayant dans l'adulte non tronqué 
sept tours assez bombés, séparés par conséquent par une suture 
profonde ; les neuf dixièmes des échantillons adultes sont tron- 
qués des deux premiers tours; souvent même la troncature se 
fait avant l’âge adulte, et l'on voit des exemplaires réduits à 
trois tours. La colorat'on du test est généralement brun dans le 
jeune âge; l’avant-dernier et surtout le dernier tour sont souvent 
de teinte beaucoup plus claire, allant jusqu'à l’orangé; dans les 
échantillons adultes les cinq ou six premiers tours se couvrent 
très généralement d’un dépôt vaseux qui en masque la couleur et 
les ornements. 

Ceux-ci, dans le jeune âge, se réduisent à fort peu de chose: 
le test est presque lisse; vers le cinquième ou sixième tour, les 
stries d’accroissement deviennent plus accusées; un peu moins 
régulières, et, sur le dernier tour, se groupent parfois de façon à 
donner lieu à des ondulations dont quelques-unes sont plus sail- 
lantes. On trouve même quelquefois des accidents de ce genre 
sur les quatrième, cinquième et sixième tours; l'échantillon figuré 
en montre deux; mais ces saillies, à quelque tour qu’elles se 
montrent, ne sauraient être appelées des « varices. » Le plan de 
l'ouverture est parallèle à l’axe de la coquille; le péristome est 
entier, tranchant, non réfléchi, et plus épais dans sa partie colu- 
mellaire ; pas d’ombilic. 

Opercule corné, transparent, presque incolore, spiral, à nucléus 
très accentué situé tout près de l'extrémité antérieure du bord 
columellaire. 

J'ai recueilli cette coquille dans une flaque d’eau de quelques 
mètres de long, non loin de Caledon, sur la route de Swellendam, 
Cette flaque d’eau, sans aucune communication avec aucun 
affluent ni exutoire, occupant le fond d’une dépression rocheuse, 
n'était alimentée que par des suintements taris au moment de 
mon passage, et élait en partie desséchée. L'eau en était absolu- 
ment impotable tant elle était chargée de sels et notamment de 
sels magnésiens. La végétation en était tuée au fond de la mare, 
et cependant les ÆZydrobia ÿ étaient d'une extrème abondance. 
Je n'ai pu rapporter ma récolte qu’en la faisant sécher, de sorte 
que je n'ai pu examiner l'animal. 


ESPÈCES NOUVELLES DE COQUILLES VIVANTES 485 


Je me suis demandé si ce Mollusque ne serait pas ce que Reeve 
a appelé, d’après Sowerby, Truncatella ventricosa, dont Krauss 
donne une description et des figures. Tout bien considéré, je ne 
le pense pas. Le test n’est pas du tout celui d’une Troncatelle ; la 
coquille est très régulièrement conique et non cylindrique; le 
dernier tour n'offre aucun accroissement anormal, le péristome 
n’est pas réfléchi, l’opercule est à peine coloré, il n’y a pas de 
varices. Je crois donc bien que, spécifiquement et génériquement, 
les deux Mollusques sont distincts. 


GuLELLA TREIGHI, Chaper. 
PIX ie UP 


Coquille pupiforme ornée de stries d’accroissement fines et ré- 
eulières, légèrement obliques à l'axe, et droites, sauf une très 
légère inflexion vers l’avant, au tiers de la longueur, à partir de 
la suture ; huit tours de spire. Péristome réfléchi, presque plan, 
sauf l’inflexion précitée qui s’accentue davantage dans l’état final. 
À partir du pied du bord columellaire, il s'étale sur le dernier 
tour en une callosité luisante et peu épaisse, très fortement sail- 
lante en avant. À trois millimètres environ du bord externe et 
exactement dans le plan de l'ouverture se dresse une lame qui 
s'enfonce dans l'ouverture perpendiculairement à ce plan, la 
crête en est d’abord presque droite, puis se courbe en s'abaissant 
en spirale dans la profondeur de la coquille. De la base de cette 
lame, et un peu en arrière de son extrémité antérieure, se détache 
du côté du bord externe une autre crête demi-circulaire faisant 
un peu saillie en dehors du plan de l'ouverture, très fortement 
empâtée à sa base interne, et très détachée, surplombant même, 
du côté externe. En face d’elle, sur le labre externe se trouvent 
deux petites lames en forme d’écailles, la première très oblique, 
la seconde perpendiculaire au plan de l'ouverture, formant presque 
la continuation l’une de l’autre, bien qu'elles chevauchent légère- 
ment, et ne soient point soudées à leurs bases, et dont les crêtes 
sont opposées à celle de la seconde lame basilaire, de telle façon 
qu'il existe une sorte de canal dans l'angle sutural; ce canal est 
d'autant plus sensible que la suture est un peu tombante : cette 
disposition est mieux représentée sur la fig. 10 que sur la fig. 11 
grossie. La partie du péristome qui porte ces deux petites lames 
est précisément celle qui est en saillie sur le plan de l'ouverture. 


486 MAURICE CHAPER 


En remontant le bord externe, on rencontre ensuite quatre lames 
équidistantes et normales au labre. La première, très peu sail- 
lante, ne règne que sur la partie réfléchie du labre; la suivante 
se prolonge, en devenant plus saillante, dans l’intérieur, suivant 
une spirale d’accroissement pendant un tiers de tour; la troisième 
dépasse à peine la partie réfléchie du labre ; la quatrième, située 
tout près du sommet, est très peu saillante sur le labre, mais se 
continue à l’intérieur où elle s'étend en suivant une spirale d’ac- 
croissement sur un quart de tour environ; tout en haut du péris- 
tome, on voit une très légère saillie, trop fortement accusée par 
le dessinateur, qui a également un peu trop prolongé la troisième 
lame à l’intérieur. Le bord columellaire est droit, un peu renversé 
en arrière, fortement réfléchi et étalé ; il porte deux saillies, ori- 
gines de deux petites lames, mal ombrées sur la figure, qui des- 
cendent en spirale le long de la columelle. 

J'ai ramassé dans la plantation d’'Elima (lagune d’Assinie), 
l'échantillon, unique jusqu'ici, que j'ai fait figurer. Je dédie l’es- 
pèce à M. Treich, directeur de cette plantation, au zélé concours 
duquel le Muséum et moi-même devons de nombreux et très in- 
téressants matériaux dans diverses branches de l'histoire natu- 
relle. 


SUR L'APPAREIL HYOIDIEN 


{CONSIDÉRÉ 


DANS LA SÉRIE DES VERTÉBRÉS 


L'ARC MANDIBULAIRE ET L'ARC HYOIDIEN 


Par le Dr Ch. DEBIERRE 


Professeur-Agrégé à la Faculté de médecine de Lyon. 


I 


Qu'est-ce que l’appareil hyoïdien? Cette question ainsi posée à 
un candidat au doctorat courrait risque de rester sans réponse. 
Ce n’est pas cependant qu'elle n’ait exercée depuis longtemps la 
sagacité des anatomistes, mais les livres classiques d'anatomie 
humaine, à part celui du professeur Sappey, sont d’une insuffi- 
sance notoire à ce sujet et ne peuvent en aucune manière donner 
une idée de l'appareil hyoïdien, dont l'importance pour la théorie 
du squelette cependant est considérable. 

Dès 1818, E. Geoffroy Saint-Hilaire (1) lui consacrait des pages 
remarquables dans sa Philosophie anatomique. Adepte de l’École 
philosophique du xviu° siècle, Geoffroy Saint-Hilaire suivait par- 
tout la méthode naturelle, qui, appliquée à l’étude des Plantes 
vers la même époque, donnait de si remarquables résultats. C’est 
ainsi qu'en se basant sur les connexions et les fonctions il 
arriva à découvrir l’hyoïde là où ilavait été méconnu jusqu'alors 
et parvint à rétablir des homologies incomprises jusqu’à lui. 


(1) Geoffroy Saint-Hilaire, Philosophie anatomique, Paris, 1818, 3° mémoire 
p. 140. 


88 CH. DEBIERRE 


Cuvier (1), Rathke (2), J. Müller (3), Carus (4), Dugès (5), Stan- 
nius (6), R. Owen (7), Milne-Edwards (8), Huxley (9), Gegen- 
baur (10), pour ne parler que des plus importants, ont plus ou 
moins analysé l’hyoïde dans leurs leçons ou leurs travaux d’Ana- 
tomie comparée ; Thomas (11) dans son Ostéologie comparée, Sap- 
pey (12), dans son Traité d'anatomie en ont donné un court aperçu. 
Malgré les travaux de ces maîtres, la question n’est pas épuisée. 
Dans tous les cas, nul depuis Geoffroy Saint-Hilaire n’en a fait 
un corps de doctrine facile à étudier et à saisir; qu’on nous par- 
donne le mot, la synthèse du système n'a pas été faite à nouveau, 
comme il convient au milieu des perpétuels changements que les 
faits impriment à la science, celle-ci n'étant qu’un immense de- 
venir. 

Aussi nous permettrons-nous de reprendre la question au point 
de vue de l’Anatomie philosophique spécialement, en nous laissant 
guider, pour ainsi dire, par une série de pièces préparées ad hoc 
ou recueillies avec soin. A la lumière des notions acquises en 
Anatomie et en Embryologie comparées nous rétablirons, qu'on 
nous passe le mot, l’échafaudage hyoïdien. 

Nous commencerons par dissocier par l’analyse l'appareil hyoï- 
dien (osseux et ligamento-musculaire) dans chaque groupe d’Ani- 
maux vertébrés. Ce n’est qu’une fois en possession de ces maté- 
riaux analytiques que nous passerons à la comparaison des 
hyoïdes entre eux et établirons les homologies et la valeur philo- 
sophique du système. Ainsi nous arriverons à confirmer ce grand 
principe, que là encore, l’organisation des Vertébrés peut être 
‘amenée à un type uniforme, transmis par l'hérédité, mais modifié 
par des adaptations multiples, et non pas le fait d’un dessein 
achevé. Car, pour prendre un exemple, si le membre antérieur 


(1) Cuvier, Lecons d'Anatomie comparée, t. IV, 18 

(2 Ratbhke, Untersuchungen über den Kiemenapparat und das Zungenbein der 
Wirbelthiere, 1832. 

(3) J. Müller. Arch. f. An. und Phys., 1835. 

(4) Carus, Anatomie comparée. Paris, 1885. 

(5) Dugès, Ostéologie et Myologie des Batraciens. Paris, 1834. 

(6) Siebold et Stannius, Anatomie comparée, Paris, 1855. 

(7) R. Owen, On the Anatomy of Vertebrates. London, 1866. 

(8) H. Milne-Edwards, Lecons sur la Physiol. et l'Anat. comparée, I, VI, IX. 
(9) Huxley, Anatomie comparée des Animaux vertébrés. Paris, 1875. 

(10) Gegenbaur, Manuel d'Anat. comparée. Paris, 1874. 

(11) Thomas, Ostéoloqgie descriptive et comparée. Pariss, 1863. 

(12) Sappey, Anatomie, 1. 1, 3° 6d., 1876. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 489 


des Vertébrés est si disparate en apparence, le naturaliste n’en 
sait pas moins reconnaitre les différents segments; ici, comme 
hypertrophiés, là atrophiés, séparés ou soudés, mais en défini- 
tive, c’est toujours le membre antérieur avec ses mêmes segments 
osseux, que ce membre soit adapté à la natation, au vol ou à la 
marche, ou qu'au contraire il serve à fouiller, à saisir ou à tou- 
cher. L'unité de plan nous conduit ainsi vers un prototype verté- 
bré qui est lui-même descendu d’un ancêtre Achordate. 


II 


EXPOSÉ DE LA QUESTION. 


Avant d'entrer en matière, il nous faut préciser les points gé- 
néraux du problème que nous allons aborder, c’est le moyen 
d’être toujours compris ou mieux de ne point rester incompris, 
et en l'espèce cette exposition préalable est indispensable. 

L'appareil hyoïdien, en thèse très générale, est un arc situé 
derrière l'arc maxillaire, comme lui suspendu à la base du crâne 
par des branches montantes ou chaînes. Cet arc est composé d’un 
corps et de deux paires de branches, deux de chaque côté, dont 
l'une plus longue sert à le suspendre au crâne, dont l’autre sert 
au contraire à suspendre le larynx et avec lui tout l’arbre respi- 
ratoire. 

Le corps a la forme d’une plaquette, d’un plastron, d’une co- 
lonne ou d'un segment d’anneau suivant les animaux. Il porte le 
nom de Basihyal. La plupart du temps ce corps est prolongé en 
avant par une apophyse plus ou moins longue à lui soudée, arti- 
culée ou même qui s’en est séparée complètement : c’est l’ento- 
glosse ou os lingual. En arrière il porte un autre prolongement en 
forme de queue, c’est l’urohyal, subdivisé parfois en deux pièces, 
l'entohyal et l’urohyal proprement dit. Tel estle corps de l’hyoïde 
type avec son prolongement postérieur et son apophyse ou tuber- 
cule antérieur. 

Ce corps porte de chaque côté une paire de cornes. De celles-ci, 
les postérieures ou inférieures continuent en général, le corps 
en arrière, de façon à faire avec lui, lorsque le basihyal est repré- 
senté par un segment d’anneau, une sorte de fer à cheval ouvert 
en arrière. Ces cornes articulées avec le corps portent le nom de 
cornes postérieures Où cornes thyroïdiennes (longues cornes chez 


490 CH. DEBIERRE 


l'Homme et les Singes, glossohyaux de Geoffroy Saint-Hilaire). 
Elles sont plus spécialement adaptées à l'organe respiratoire, en 
ce sens qu'elles donnent attache au cartilage thyroïde et suspen- 
dent le larynx. 

La seconde paire de cornes, cornes supérieures ou antérieures 
(petites cornes (1) chez l'Homme), nous les appellerons cornes 
styloïdiennes. Articulées avec le bord supérieur du basihyal, à 
chacun de ses angles latéraux, ces cornes sont ordinairement 
composées de trois pièces, l’apohyal, le cératohyal et le stylhyal 
de Geoffroy Saint-Hilaire. Ce sont là les grandes cornes ou chaînes 
hyoïdiennes qui unissent le basihyal au crâne et suspendent toul 
le système à ce dernier. 

Chez l'Homme et certains animaux, une partie des branches 
styloïdiennes osseuses est remplacée par un ligament, le ligament 
stylo-hyoïdien. 

Tel est dans sa généralité le système hyoïdieu. 

Nous serons à même maintenant de suivre les formes anato- 
miques et les multiples transformations de l'appareil dans la série 
des Vertébrés, car nous verrons les mêmes pièces se répéter, et 
nous aurons soin de leur conserver les mêmes noms. Mais à 
l’arc hyoïdien se rattache une question des plus importantes, 
c’est la signification morphologique des osselets de l'oreille 
moyenne. Nous aurons à voir si l’anatomie et l’embryologie 
comparées sont à même de nous dire si c’est bien le segment dor- 
sal de l’arc hyoïdien qui donne naissance en se segmentant à ces 
osselets, ou si plutôt ils ne proviennent pas de l'arc mandibu- 
laire. 


III 


APPAREILS HYOÏDIENS OSSEUX ET LIGAMENTO-MUSCULAIRE 
DANS LA SÉRIE DES VERTÉBRÉS. 


POISSONS 


1° Hyoïpe osseux. — L'hyoïde des Poissons apparaît pour la 
premiére fois chez les Cyclostomes (Myxinoïdes et Pétromyzons), 
car jusqu'ici on n'a pu le découvrir chez les Leptocardes et il serait 
(1) Dénomination que les anatomistes devraient délaisser, car la plus petite corne 


chez l'Homme et les Singes devient la plus grande chez nombre d'Animaux et vice 
UCrs«. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 491 


peut-être difficile d'en voir le premier spécimen rudimentaire dans 
la « plaque du pharynx » des Aranéides, ainsi qu'a pu le penser 
Tréviranus. 

Chez la Lamproie, l'hyoïde en est encore réduit à une lame car- 
tilagineuse qui donne appui en avant au cartilage lingual et se 
fixe en arrière, par l'intermédiaire d’un appareil ligamenteux, sur 
le sternum. Il constitue chez les Poissons cartilagineux et chez les 
Poissons osseux un arc situé dans l’aire de la mâchoire inférieure, 
en arrière de l’arc maxillaire, en avant du premier arc branchial. 
La base de ce système est formée d’une tige longitudinale sur 
laquelle appuient les cornes styloïdiennes et les arcs branchiaux : 
c'est là le corps de l’hyoïde qui sert de quille pour l'appareil 
branchial en arrière, pour l'arc hyoïdien! lui-même en avant, 
véritable sternum intérieur supportant des côtes cervicales ainsi 
que l'avaient dit Duverney et Virey. 

Cette quille de l’hyoïde est composée de quatre segments (co- 
pulæ) soudés bout à bout. Le plus antérieur représente l’ento- 
glosse, le second le basihyal, le troisième l’entohyal et le qua- 
trième l’urohyal (fig. 1), toutes pièces que nous retrouverons dans 
l'appareil hyoïdien des ani- 
maux plus élevés dans la sé- 
rie. L'urohyal représente la 
queue de l'hyoïde des Sau- 
ropsidés et des Mammifères ; 
comme cette dernière il porte 
les homologues du larynx 
des animaux supérieurs chez 
les Poissons (os branchiaux 7 . 
ou pleuréaux (1) de Geoffroy 
Saint-Hilaire); le premier 
segment (copula) supporte l'os lingual comme :chez les Vertébrés 
supérieurs. Comme chez les Mammifères le corps de l'hyoïde est 
suspendu au crâne par les branches styloïdiennes. Celles-ci, com- 
posées d’un seul segment chez certains Squales, sont formées de 
deux pièces chez beaucoup de Raies; chez les Chimères, les Es- 
turgeons, les Spatulaires il y en a trois et c’est ordinairement trois 
ou quatre qu'on trouve chez les Poissons osseux. 


La 


PA A VAYA VA Es a 74 74 va 
UNE 


D) 


UN 


(1) Les pleuréaux ont pour homologues chez les Animaux à respiration aérienne 
les cartilages de l'arbre trachéo -bronchique (Geoffroy Saint-Hilaire, Nouvelles An- 
nales du Muséum, T, 344, 1832). 


492 CH. DEBIERRE 


Chez les Cfiimères, les Squales, les Poissons osseux, les branches 
styloïdiennes s'unissent à la quille hyoïdienne au niveau de l’arti- 
culation de l’entoglosse 
(glossohyal de Geoffroy 
Saint-Hilaire) et du basi- 
hyal, par l'entremise de 
l’apohyal (fig. 2). A la suite 
de celui-ci vient le céra- 
tohyal, os quadrilatère et 
épais et non pas filiforme 
comme il est chez les Oi- 
seaux et enfin le séylhyal 
qui suspend l’appareil au crâne. Cette branche porte les rayons 
branchiostèges (fig. 3). En arrière de l’arc styloïdien viennent les 
quatre arcs branchiaux et der” 
rière ceux-ci un cinquième 
(sixième en comptant l'arc 
styloïdien) composé des os 
pharyngiens inférieurs. Ces 
arcs branchiaux comme l'arc 
hyoïdien sont composés de 
plusieurs segments : la pre- 
mière pièce, celle qui appuie 
sur la quillehyoïdienne porte 
le nom d’hypobranchiale (ar- 
ticulaire inférieure ou thy- 
rial), la seconde, celui de 
cératobranchiale ou pleuréal 

Fig. 3. inférieur, la suivante, celui 

d’épibranchial où pleuréal su- 

périeur ; enfin la 4et dernière pièce porte le nom d'os pharyngien 

supérieur (1) ou mieux os arthrodhyaux (Milne-Edwards) Les pleu- 

réaux sont donc rattachés au crâne par les os pharyngiens supé- 

rieurs plus ou moins concentrés : telle est la composition type 

d’un segment hyoïdien chez les Poissons. Mais il arrive souvent 

que le système est ou plus concentré, ou au contraire dédoublé 
dans certaines de ses parties. 


(1) D'après Geoffroy Saint-Hilaire les os pharyngiens ont leurs homologues chez 
les Animaux supérieurs dans les pièces dures (cartilage et os) de la trompe d'Eus- 
tache (Philos. anat., T, p. 226). 


SUR L'APPAREIL IYOÏDIEN 493 


L'arc le plus fixe est l’arc hyoïdien; les arcs branchifères le 
sont moins. Souvent cependant la corne styloïdienne comprend 
quatre pièces, la pièce 
surnuméraire surmontant # Sn 
le cératohyal et placée 4 
entre lui et le stylhyal 
proprement dit (apophyse 
styloïde) portant le nom 
d’épihyal. Le stylhyal est 
une petite pièce styli- 
forme (fig. 4) quis’articule 
avec le temporal ou le 
tympanal. Dans certains 
cas (Ostracions, quelques 
Plectognathes)leligament 
qui unit le stylhyal aux os Fig. 4. 
du crâne s’ossifie et donne - 
lieu à un nouvel os suspenseur (Rathke). Enfin, l’on voit souvent 
suspendu au-dessous de la portion médio-basilaire de l’hyoïde 
une lame ou tige osseuse (fig. 5) dirigée en arrière vers la cein- 
ture scapulaire et qu’on dé- 
signe communément sous 
le nom d’os épisternal. 

Chez les Squales et les 
Raies, une corde cartilagi- 
neuse s'articule avec le 
crâne, de chaque côté, au 
moyen d’une articulation 
mobile, dans la région de 
la capsule périotique et 
s'unit à l’autre extrémité 
et à l’aide de fibres liga- 
menteuses, au palato-qua- 
drate et au cartilage de 
Meckel. Ce suspensorium 
cartilagineux représente l'os hyo-mandibulaire des Poissons os- 
seux (Téleostéens) et donne attache à l'appareil hyoïdien. 

Chez le Lepidosteus (Ganoïdes) le suspensorium se compose de 
deux osselets réunis par une partie cartilagineuse intermédiaire. 
L'osselet supérieur représente l’hyo-mandibulaire uni comme lui 
à la capsule péri-otique; l’inférieur répond au symplectique des 


494 CH. DEBIERRE 


Poissons osseux et est en connexion plus ou moins intime avec 
l'os carré suivant les genres Lepi- 
dosteus, Polypterus, Amia (Huxley). 
Chez les Poissons osseux le palato- 
quadrate et l'hyo-mandibulaire ont 
essentiellement la même structure 
(Huxley) que chez les Ganoïdes. 
L'homologue du suspensorium des 
Fig. 6. Elasmobranches s'articule par une 
| surface qui lui est fournie par les 
os pro-otique, ptérotique, sphénotique, post-frontal. Il s’ossifie de 
facon à donner naissance à deux OS, un hyo-mandibulaire (Hm) 
avec lequel s'articule l'o- 
perculaire et un symplec- 
tique (Sy). Le stylhyal s'ar- 
ticule avec le cartilage 
intermédiaire à ces deux 
os (fig. 7). 

L'arc hyoïdien est com- 
plet chez la Perche, le 
Brochet, la Carpe, la 
Truite, etc.; au contraire, 
le lingual (entoglosse) fait 
défaut chez les Silures, 
les Gades, les Balistes, 
les Tétrodons, les Trigles, etc. ; l’urohyal n'existe qu’à l’état rudi- 
mentaire ou pas du tout chez les Tétrodons, les Diodons, les 
Synguathes, l'Uranoscope (Milne-Edwards) (1), et le basihyal 
lui-même manque chez les Diodons, Trétodons, chez le Cycloptère. 

L'hyoïde des Poissons est solide et ramassé, c’est un appareil 
complet, ce qui prouve que c’est bien là un système ichthyologique. 

20 APPAREIL MUSCULAIRE. — Chez le Brochet, deux muscles se 
fixent de chaque côté sur la lame sous-hyoïdienne : ce sont les 
homologues des sterno-hyoïdiens. Deux autres partent de chaque 
côté de la ceinture scapulaire et vont s'attacher à la queue de 
l'hyoïde (dernière copula) : je les considère comme les homologues 
des scapulo-hyoïidiens. Une paire de muscles partent de la face 
externe de la première pièce de la branche styloïdienne et vont 
s'attacher en formant préalablement une sorte de chiasma de 


(1) Milne-Edwards, Lecons sur la Phys. et l'Anat. comp., I, p. 223. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 495 


chaque côté de la symphyse de la mandibule : ce sont les homo- 
logues des génio-hyoïdiens. Une autre paire va des branches sty- 
loïdiennes à l’apohyal en s’entrecroisant sur la ligne médiane près 
de leurs insertions aux apohyaux, ce sont les homologues des 
stylo-hyoïdiens des animaux supérieurs. Le mylo-hyoïdien est re- 
présenté chez l’Anguille par une couche musculaire qui va des 
premiers rayons branchiostèges d'un côté à ceux du côté opposé 
(Cuvier). La queue de l’hyoïde des Gyclostomes (Lamproie marine) 
s’avance sous la charpente des branchies comme fait la queue 
de l’hyoïde des Oiseaux sous le larynx et la trachée artère. Autour 
de cette queue s’allonge un sterno-glosse (Cuvier). Enfin des der- 
nières copulæ partent de petits muscles coniques qui vont aux 
rayons branchiostèges : ce sont les homologues du thyro-hyoï- 
dien (Muscles basi-branchiaux). 


BATRACIENS 


Le L'Hvoïpe osseux. — Nous choiïsissons la Grenouille pour 
objet d'étude. Chez elle, l'hyoïde est représenté par une plaque 
cartilagineuse large et mince (fig. 8). 
De cette plaque qui n’est autre que le 
corps de l’hyoïde (basihyal) se détache 
en avant deux longues tiges cartilagi- 
neuses recourbées; ces branches ou 
cornes antérieures (stylhyal) (fig. 8) vont 
s'attacher au rocher cartilagineux (ex- ‘ 
cepté chez la Salamandre); de la partie 
postérieure du même corps se détachent 
deux languettes osseuses qui embras- 
sent le larynx : ce sont les cornes postérieures ou cornes thyroï- 
diennes (fig. 8). 

Tel est à peu de chose près l’hyoïde de tous les Batraciens 
anoures (1). 

Chez quelques-uns, le stylhyal est composé de deux segments 
(Sirène, Protée), l'apophyse styloïde proprement dite, segment 
rocheux, et le prolongement styloïdien réel, réunis ensemble par 
une articulation entourée d’un manchon ligamenteux. Chez le 
Crapaud accoucheur le basihyal est en partie ossifié ; il est égale- 


Fig. 8. 


(1) Voyez Dugès, Ostéologie et Myologie des Batraciens. Paris, 1834. 


496 CH. DEBIERRE 


ment osseux chez la Sirène, le Protée, l'Amphiume, ainsi que les 
cornes styloïdiennes et thyroïdiennes. Mais ce qui démontre 
encore mieux cette disposi- 
tion c’est l'examen del'hyoïde 
chez le têtard branchifère. 
Alors nul doute que les cor- 
nes antérieures et postérieu- 
res ne soient indépendantes 
du basihyal (fig. 10). Ici éga- 
lement, on voit à l'évidence 
le rapport de l'os hyoïde avec 
l'appareil respiratoire provisoire (branchies) pour lequel l’hyoïde 
est un véritable centre d’appui. 


= Chez les têtards du Triton, le basihyal 
= ” se prolonge en arrière en un stylet uro- 
22 hyal articulé au corps; chez la Sirène, 
TUE chaque corne antérieure est composée de 
deux os, un cératohyal et un épihhyal 
(Cuvier). L’Amphiume a un hyoïde avec 
un entoglosse (Cuvier) (1). 
20 APPAREIL LIGAMENTEUX ET MUSCULAIRE. — Primitivement il 
existe une articulation entre le stylhyal et le basihyal et chez le 
Têtard cette articulation est mo- 
bile. Les moyens d’unions sont des 
e trousseaux fibreux étendus d’un 
segment à l’autre au pourtour de 
SE larticle. Il en. est de-mêéme pour 
les cornes thyroïdiennes; là la ligne 
articulaire bien que serrée persiste 
dans l’âge adulte. 
Les muscles qui s’attachent à 
l'hyoïde sont : 
1° Le Mylo-hyoïdien (sous-maxil- 
laire ou sous-guttural) qui s'attache d’une part à la base de la 
corne styloïdienne et d’autre part au cadre de la mâchoire infé- 
rieure. Les deux mylo-hyoïdiens laissent entre eux un espace 
dans lequel on aperçoit les hyoglosses. Chez le Crapaud, le musele 
est subdivisé en deux faisceaux; l'interne seul s'attache à la mà- 


T4 
Fig. 10. 


Fig. 11. 


(1) Cuvier, Lecons d'Anatomie comparée, IN. 521. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 497 


choire, l'externe va se fixer aux cartilages styloïde et tympa- 
nique (Dugès). Mais chez ces animaux les muscles mylo-hyoï- 
diens ne s’attachent presque pas à l’hyoïde et sont plutôt des 
muscles intermandibulaires. 

20 GÉNIO-HYOÏDIENS. — Attachés en 
arrière au corps de l'hyoïde et sur lä 
partie atténuante des cornes posté- 
rieures, ces muscles se fixent en 
avant de chaque côté de la symphyse. 

3° Hyo-GLosses. — Ce muscle pair, 
que Dugès ne décrit pas chez l’adulte, 
bien qu'il le décrive chez le têtard 
de la 5e période, sembie être le pro- 
longement du pubio-hyoïdien; il s’at- 
tache le long de la corne thyroïdienne 
et en avantil se perd dans la langue. 
Ces muscles sont compris dans l’é- 
cartement des génio-hyoïdiens. 

4° STYLO-HYOÏDIENS. — (ÆRupéo-cé- 
rato-hyoïdiens de Dugès). Faisceau 
erêle pair qui, d’une part, s'attache à 
la corne thyroïde et de l’autre au ro- 
cher. 

5° MASTO-HYOÏDIENS. — Au nombre de deux ou trois, ces mus- 
cles qui, d’une part s’insèrent à la corne thyroïdienne de l'hyoïde, 
au-dessous du stylo-hyoïdien, et de l’autre à l’a- 
pophyse mastoïde, ne sont que les homologues 
du digastrique, ventre postérieur seulement il 
est vrai, mais nous verrons que le ventre anté- 
rieur de ce muscle peut manquer chez les ani- 
maux supérieurs et reproduire la phase batra- 
cienne. 


Fig. 12. 


60 OmMo-HYoÏDIENS. — S’attachent à la face 
antéro-externe de l’hyoïde près de la base de la 
corne thyroïdienne, et de l’autre à l'omoplate, Fig. 13. 
sur son bord supérieur. 

7° STERNO-HYOÏDIENS {Pubio-hyoïdiens). — S'étendent du bord 


inférieur du basihyal et de la base des cornes hyoïdiennes au 
xiphoïde, et de là par une intersection aponévrotique se conti- 
nuent avec le grand droit de l'abdomen, d'où le nom de muscles 
pubio-hyoïdiens que leur a donné Dugès. En avant, ces muscles 


32 


A4YS CH. DEBIERRE 


semblent se continuer en dedans avec l'hyo-glosse et en dehors 
avec l'hyogénien. 

Chez la Salamandre, le génio-glosse prend donc comme chez 
l'Homme une partie de ses insertions au bord antérieur du 
basihyal. Chez les Tritons et l’Axolotl il existe un Ayo-céra- 
toïdien. Chez les Urodèles, le système hyoïdien est plus parfait et 
les pièces plus complètes. Il suffira de jeter un coup d’œil sur la 
fig. 11 pour en saisir la différence et voir le basihyal (b), l’uro- 
hyal (4) complètement séparé ici du basihyal (os selet thyroïdien 
de Sieboldt) et seulement soutenu par les muscles sterno-hyoï- 
diens entre lesquels il est intercalé (Dugès), la corne styloïdienne, 
apohyal (a) et cérato-hyal (c), le stylhyal (sé), les cornes thyroï- 
diennes ou glosso-hyaux (#4) de Geoffroy Saint-Hilaire. 

L’urohyal est soudé par une articulation au basihyal chez la 
larve de la Salamandre aquatique, ainsi que l'avait indiqué Rus- 
coni, mais chez l'adulte cette pièce a disparu. Il n’en est pas de 
même chez la Salamandre terrestre. Dans cette espèce, elle se dé- 
tache bien du basihyal, mais persiste sous forme d’osselet thyroï- 
dien de von Siebold. La corne styloïdienne (a) unie à sa congénère 
chez l'adulte et ne formant plus qu'une pièce en forme de balan- 
cier porte à eau, est manifestement une pièce séparée chez la 
larve. La corne thyroïdienne (gl) est la pièce qui supporte les 
branchies. Ce fait atteste bien la valeur respiratoire de cette corne. 


REPTILES 


1° L'os HYOÏDE DES REPTILES. — Dans le groupe des Chéloniens, 
la forme de l’hyoïde se rapproche de celle des Batraciens anoures, 


Fig. 15. 


et l'hyoïde des Crocodiliens offre un type voisin de l'hyoïde des 
Chéloniens. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 499 


En général, il se compose d'un corps en forme de plaque ou de 
bouclier, ou mieux encore de plastron de cuirasse, dont la gout- 
tière supérieure reçoit le larynx qui y est comme incrusté, corps 
mi-partie cartilagineux, mi-partie osseux, rarement entièrement 
osseux, tantôt simple (Tortues de terre), tantôt composé de 5 ou 
7 pièces (Trionyx et Chélides), ici plein (Tortues d’eau douce), 
ailleurs percé d’un trou où même de deux (Tortue de terre). 

Ce corps est prolongé en avant sous forme d’os ou de cartilage 
lingual (entoglosse) complètement détaché du basihyal et à lui 
relié seulement par un ligament. 


Fig. 17. 

Ordinairement il présente trois angles de chaque côté. De ces 
angles, les deux postérieurs portent chacun une corne constante 
recourbée en forme d’S. L'antérieure représente la corne styloï- 
dienne, la postérieure la corne thyroïdienne. 

L’angle antérieur porte une corne surnuméraire dans certaines 
espèces (Æmys Europea), mais il est libre chez les 
Tortues terrestres et certaines Tortues d’eau douce 
(Emys punctuta, E. fusca, E. testudo scripta) et Tor- 
tues de mer {Testudo mydas, T. caouana). Chez cer- 
taines il n'existe qu'une corne styloïdienne. 

Les Crocodiliens ont un basihyal analogue à celui 
des Chéloniens; mais ils n’ont que des cornes sty- Fig 18. 
loïdiennes composées de deux pièces et point de cornes thyroï- 
diennes (fig. 18). Dans l’ordre des Sauriens, le corps de l’hyoïde 
est grêle et allongé comme chez les Oiseaux. Il se prolonge en 
avant en une pointe (entoglosse); en arrière, il est plus ou moins 
bifurqué, et présente ainsi une paire de cornes postérieures, cor- 
nes thyroïdiennes, ordinairement composées de deux segments 
articulés. En avant de celles-ci s’articulent une nouvelle paire de 
cornes, cornes antérieures ou styloïdiennes, composées de trois 
pièces chez les Lézards, dirigées en haut et fixées au crâne par 


500 CH. DEÉBIERRE 


l'intermédiaire d'uue apophyse de l'os basilaire, l’'homoiogue de 
l'os styloïdien des Mammifères. Comme chez les Oiseaux, ce sont 
les Sauriens dont la langue est très pro- 
tractile qui ont les branches styloïdiennes 
les plus longues (Lacertiens). 
- Chez les Ophidiens, l'hyoïde est réduit à 
son minimum. Composé d’une petite pla- 
que osseuse triangulaire dont le sommet 
très effilé annonce un os lingual et de deux 
paires de cornes rudimentaires, il est ré- 
duit chez les Ophidiens à langue enfermée 
dans un fourreau, à deux petites tiges car- 
tilagineuses qui se recourbent en avant 
sous le fourreau de langue, pour s’unir en 
un arc aplati. Les deux tiges paraissent 
représenter les cornes styloïdiennes. 

2° APPAREIL HYOÏDIEN ACTIF OU MUSCULAIRE. — Chez les Chélo- 
niens, les sterno-cleido-hyoïdiens et les omo-hyoïdiens sont confondus 


et prennent leur insertion inférieure à la clavicule. Ces muscles 
rétracteurs ou abaisseurs de l'hyoïde sont secondés par des æso- 
phago-omo-ceratoïdiens dans le Caret (Cuvier) (1), qui remplacent 
les sterno-hyoïdien et hyo-thyroïdien des Mammifères (Cuvier). 
Les antagonistes de ces muscles sont les génio-hyoïdiens qui 
prennent leurs attaches hyoïdiennes sur le tiers externe de la 
corne moyenne d'où leur analogie avec les génio-hyoïdiens des 
Oiseaux. Le mylo-hyoïdien ne s'attache qu'en partie à l’hyoïde 


(A) Guvier, Lecons d'Anat. comparée, IV, p. 526. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 501 


qu'il soulève, et joue, de ce chef, un rôle considérable dans la 
respiration de l'animal. Il existe chez ces animaux un hyo-céra- 
toïdien comme chez les Solipèdes (fais- 
ceau étendu de la corne antérieure à 
la corne moyenne). 

Le mylo-hyoïidien des Crocodiliensres- 
semble à celui des Chéloniens. Parmi 
les protracteurs de l’hyoïde, ces Ani- 
maux ont un double géni-cératoïidien de 
chaque côté; comme rétracteurs deux 
omo-cératoïidiens. Les sterno -hyoïdiens 
s’attachent au basihyal chez le Croco- 
dile, au basihyal et à la partie interne 
de sa corne ‘cératoïdienne chez le Caï- 
man (1). Chez les Lacertiens, il existe un genio cératoïdo-laryngien 
qui représente à la fois le génio-hyoïdien et l’hyo-thyroïdien des 
Mammifères. On leur trouve également un cératoïdien analogue à 
l’hyo-cératoïdien des Chéloniens. 

Certains Ophidiens ont un mylo-hyoidien, des geni-hyoïdiens, des 
sterno-cleido-hyoïdiens, des omo-hyoïdiens. Les Amphisbènes n’ont 
point d'omo-hyoïdiens et leurs sterno-hyoïdiens deviennent des 
costo-cératoïidiens faute de sternum. 

Chez les Serpents proprement dits, l'appareil hyoïdien actif est 
dégradé comme l’est l'appareil passif ou osseux. Il y a bien encore 
des faisceaux musculaires mylo-hyoïdiens, sterno-hyoïdiens et genio- 
hyoidiens, mais il n’y a plus de muscles propres portant ces noms. 
Il y a en partie confusion entre les muscles des mâchoires, ceux 
de l’hyoïde et le peaucier, phénomène qu’on peut rencontrer par 
atavisme chez l'Homme dans des faisceaux musculaires surnu- 
méraires à la région sus et sous-hyoïdienne (coraco-cervical, 
costo-cervical, cleido-cervical, sterno-cervical, hyo-cervical, 
occipito-hyoïdien, mento-hyoïdien, etc.), dont la plupart se per- 
dent dans l’aponévrose cervicale ou le peaucier du cou. Sterno- 
hyoidiens et omo-hyoidiens chez les Serpents ont vu leurs inser- 
tions inférieures se déplacer pour aller s'attacher sur les côtes 
ou sur des vertèbres cervicales, curieux phénomène que nous 
retrouvons chez un Mammifère, le Mouton, en ce qui concerne 
l’omoplato-hyoïdien. 

Les hyo-glosses existent chez tous les Reptiles. 


(1) Les deux insertions coexistent chez les Iguaniens et les Caméléons. 


502 CH. DEBIERRE 
OISEAUX 


1° APPAREIL HYOÏDIEN OSsEUx. — L'os hyoïde des Oiseaux est 
adapté au long cou de ces animaux. Au lieu d’avoir la forme d’un 
arc placé horizontalement au devant du cou comme chez les 
Mammifères, il a ordinairement la forme d'un fer triangulaire, 
d'un soc de charrue plus ou moins allongé ou rétréci dirigé sui- 
vant l'axe du cou. Cette portion triangulaire, c’est le basihyal. 
De son sommet (partie antérieure) se détache la partie linguale 
(os lingual ou entoglosse), de sa base part la queue de l’hyoïde ou 
urohyal; à ses angles se fixent les cornes styloïdiennes. 

L’entoglosse (glossohyal de Geoffroy Saint-Hilaire) ou os lingual 
qui s’avance dans la base de la langue et en forme la charpente 
solide reste souvent cartilagineux en avant (Canard, etc.), ou 
membraneux au centre (Aigle, etc.) (1). En général, il y a deux 
glossohyaux articulés et mobiles, rarement soudés au corps 
comme chez l'Autruche, réunis parfois en totalité ou en partie 
(Canard). 

L'urohyal est une tige plus ou moins longue suivant la lon- 
gueur du cou de l’Oiseau lui-même, d’où sa grande étendue chez 
le Héron, à cause de la position reculée du larynx supérieur au - 
quel elle va se fixer. Cette queue a, en effet, pour but de fixer 
l'hyoïde au larynx ou à la partie supérieure de 
la trachée, fixation tendineuse lâche qui permet 
à l'hyoïde d'avancer ou de reculer. Elle manque 
rarement comme chez les Pics, le Torcol, le 
Colibri, et plus rarement encore elle est immobile 
comme chez les Hiboux, les Cigognes, les Ca- 
nards. Chez le Pélican, le Cormoran, la queue 
est rudimentaire. 

Chacune des cornes qui s’articulent aux deux 
angles latéro-postérieurs du corps, sont des 
tiges osseuses, longues, grêles et arquées, com- 
posées ordinairement de deux segments articulés 
bout à bout, amincies vers leur extrémité libre 
qui reste généralement cartilagineuse et se di- 


() Duvernoy, Mém. sur quelques particularités des organes de la déglutition de 
la classe des Oiseaux et des Reptiles. Mém. de la Soc. d'Hist, nat. de Strasbourg, 
1835 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 503 


rige en arrière et en haut, derrière le crâne occipital, mais 
sans s’y attacher (fig. 23). Chez les Pics, chez le Torcol, ces 
cornes sont extrêmement longues, élastiques et flexibles; elles 
se recourbent autour du crâne tout entier, en formant un arc 
de cercle ouvert en avant et leur pointe glisse jusqu’à la base 
du bec dans une gouttière creusée sur les côtes de la mâchoire 
supérieure, projetées qu’elles sont dans un grand mouvement 
de bascule que leur fait exécuter un muscle protracteur homo- 
logue au génio-hyoïdien des Mammifères et dont nous allons 
parler. 

2° APPAREIL MUSCULAIRE. — [l existe comme chez les Mammi- 
fères un mylo-hyoidien, qui, généralement, ne prend point d’inser- 
tion à l’hyoïde, comme cela a lieu chez les Perroquets (l’Ara 
bleu, Cuvier), le Paon. 

Les protracteurs de l’hyoïde sont représentés par les homo- 
logues des ‘génio-hyoidiens qui, d'une part s’attachent à la corne 
styloïdienne de l’hyoïde, et de l’autre à la face interne de la man- 
dibule, vers sa partie moyenne, et au-dessus du mylo-hyoïdien, 
d’où le nom de mylo-cératoidiens que leur a donnés Duvernoy. 
Chez le Pic, ces muscles engainent la corne styloïdienne. Leur 
effet est d'autant plus grand, que la corne styloïde, levier sur 
lequel chaque muscle agit, est plus longue, et que le muscle est 
lui-même plus étendu et plus enroulé autour du levier, d’où la 
nécessité d’une longue corne chez les Oiseaux qui ont une pro- 
tractibililé considérable de la langue (Pics, Colibris, Ornismyes, 
Torcol). 

Le stylo-hyoidien des Mammifères est représenté par le serpi- 
hyoidien, muscle rétracteur de la langue, qui, du basihyal va s’in- 
sérer à l’apophyse serpiforme du maxillaire inférieur (située près 
de l'angle de la mâchoire). Les sterno-hyoidiens, omo-hyoïdiens, 
thyro-hyoidiens des Mammifères sont représentés chez les Oiseaux 
par les trachéo et laryngo-hyoïidiens. Chez le Pic, le trachéo-hyoi- 
dien est des plus curieux. Comme le cou de cet Oiseau est bref et 
que le mécanisme de la langue ne pouvait se contenter d'un 
muscle court, la nature a employé un artifice : les trachéo-hyoï- 
diens sont plusieurs fois enroulés autour de la trachée, ce qui 
augmente d'autant la longueur de leurs fibres et la puissance de 
leur contraction. Entre les deux cornes styloïdiennes s'étend un 
muscle transverse, le cératoidien, l'analogue du transverse des 
Solipèdes. Il existe en outre des cérato et basio-glosses. Le basio- 


504 CH. DEBIERRE 


glosse manque chez le Vautour, l’Albatros, la Cigogne, le Fou, 
l’'Autruche, etc. (Milne Edwards) (1). 


MAMMIFÈRES 


1° Os xyoïipe. — Le type de l'os hyoïde des Mammifères est 
représenté par un corps et en général deux paires de cornes. 
Les cornes antérieures suspendent l’hyoïde au temporal; les 
cornes postérieures sont ordinairement unies aux cornes supé- 
rieures du cartilage thyroïde par les ligaments thyro-hyoïdiens 
latéraux. 

Le corps est, ou bien un 
arc, ou bien un triangle, pro- 
longé ou non en avant par 
une queue; les cornes anté- 
rieures sont en général des 
os distincts, unis à la partie 
supérieure des angles laté- 
raux du corps par synchon- 

Se drose, de longueur variable 
et composées de plusieurs 
segments, toujours suspen- 
dues au rocher du temporal, 
soit directement par une 
pièce osseuse, soit à l’aide 
d’un appareil ostéo-ligamen- 
teux; les cornes postérieures 
prolongent le corps en ar- 
rière en forme de. fer à che- 
val; unies au corps par syn- 
chondrose ou soudées avec 
lui, elles l’unissent au larynx. 
Telle est la structure exté- 
rieure de l'os hyoïde des Mam- 
mifères. Autour de ce type'viennent se grouper toutes les formes 
secondaires adaptées aux conditions d'existence des individus et 
modifiées avec elles. 
La modification la plus remarquable du corps est celle présentée 


d) Milne-Edwards, Lecons sur la Physiol. et l'Anat. comparée, VI, p. 17. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 505 


par les Singes hurleurs du genre Alouatte. Chez eux, le corps de 
l'hyoïde a en quelque sorte été soufflé (fig. 36); il constitue un 


PSN 


€ 
Es £ 
Ÿ: 
Fig. 95. 


véritable tambour pourvu d'une large ouverture supérieure et 
destiné à loger un appareil de résonance remarquable, le sac de 
l’hyoïde qui communique avec la cavité du larynx. 


Fig. 26. 


Chez les Solipèdes, il est prolongé antérieurement par une sorte 
de queue à plusieurs segments (fig. 23), queue dont on voit encore 
le vestige chez la plupart des Ruminants (fig. 33). Les entoglosses 
des autres Vertébrés sont souvent représentés par une lame fibro- 


506 CH. DEBIERRE 


cartilagineuse ou osseuse (os lingual) qui part de la partie anté- 
rieure du corps, homologie que Meckel avait déja signalée à pro- 
pos de l’hyoïde des Carnassiers. 


Fig. 27. Fig. 28 


Les cornes antérieures sont plus ou moins longues; rudimen- 
taires même, comme chez la Sarigue (1), mais il est rare qu’elles 
manquent. Articulées au corps de l’hyoïde, ces cornes sont com- 


Fig. 29. 


N e, | 


posées de trois os chez l'Homme, les Carnassiers, les Soli- 


pèdes, les Ruminants, le Lapin, le Rhinocéros, les Cheiroptères, 


(1) Cuvier dit qu'elles manquent chez les Hurleurs, or il n'en est rien (voyez 
figure 36). 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 507 


les Pinnipèdes (Morses et Phoques), les Rongeurs (Écureuils, Mar- 
mottes, Loirs, Couïa) ; de deux chez les Singes (Cuvier) (1), les 
Léporides, le Cobaye, etc..et sont 
toujours accrochées au temporal, 
attachées à une « apophyse sty- 
loïde » chez l'Homme, l’Orang, É 
l'Hippopotame, le Cochon, le Da- 
man, etc. Chez les Marsupiaux, 
les Cétacés, certains Rongeurs 
(Rat), elles ne se composent selon 
Cuvier que d’une seule pièce os- 
seuse directement fixée au crâne 
par un appareil ligamenteux. Mais 
peut-être s'agit-il de vieux ani- 
maux, chez lesquels comme on le 
- sait, les articulations ont tendance 
à s’effacer. F 
Les cornes postérieures ou 
mieux thyroïdiennes sont généra- Fig. 31. 
lement le prolongement en arrière du petit arceau que forme le 
corps. Elles se composent ordinairement d’une simple tige osseuse 


8E 


plus ou moins forte, cylindrique ou quadrilatère unie au corps 


(1) Cuvier, Lecons d'Anat. comp., IV, 1"* partie, p. 465. 


DUS CH. DEBIERRE 


de l’hyoïde par une articulation’; il est assez rare qu'elles soient 
complètement soudées au basihyal et plus rare encore qu’elles en 
soient complètement détachées, comme chez les Monotrêmes et 
les Lamantins (Stannius) (1). 
Elles font défaut ou sont très 
rudimentaires chez quelques 
Rongeurs (Rats, Hamster, 
Campagnol), Édentés (Pan- 
golins), Cétacés (Baleine, Ror- 
qual). Ces cornes sont les 
plus petites chez la plupart 
des Mammifères, les plus 
longues chez l'Homme et les 
Singes. Elles manquent rare- 
ment (quelques Chéloniens, 
Crocodiliens, Édentés et Ron- 
geurs). Elles sont détachées 
du corps chez les Monotrêmes, vérilable pli de passage aux cas 
où elles manquent. 

Chez l'Homme, le corps de l’hyoïde est représenté par un seg- 
ment d'anneau, court et épais, présentant en avant et en haut un 
tubercule qui représente les traces de l’entoglosse. En arrière la 
face postérieure est creusée d’une petite cavité qui représente, à 
l'état de vestige l'énorme cavité dont est creusé l'hyoïde des Hur- 

leurs (J. Cruveilhier) (2). Les grandes cornes 
fe ou cornes thyroïdiennes continuent en arrière 
s- le segment d'anneau formé par le corps et 
Ye 


font avec lui un fer à cheval ouvert en arrière 
sous lequel est suspendu le larynx. Ces cornes 
Fig. 34. sont articulées avec le corps et la trace de 
l'article persiste même jusque dans la vieil- 

lesse(3). Les chaînes hyoïdiennes (styloïdiennes) sont représentées 


SE 


(1) Siebold ct H. Stannius, Anat. comp., II, 403. 

(2) J. Cruveilhier, Anatomie, 2° 6d., I, p. 353. 1843. 

(3) La ligne de soudure entre le basihyal et la corne thyroïdienne peut cepen 
dant s’effacer complétement. Sur une pièce curieuse que nous avons recueillie sur 
un sujet d’une soixantaine d'années en novembre 1885, le corps de l'hyoïde et les 
cornes tyroïdiennes forment un are continu et comme d’une seule coulée. A la face 
inférieure de l'extrémité de la corne thyroïdienne existe une facette articulaire 
arthrodiale, qui s'articule avec une facette similaire, située au sommet de la grande 
corne du cartilage thyroïde, cartilage complètement ossifié dans toutes ses parties. 
Une synoviale et un manchon fibreux copié cette petite articulation très mobile. 
Nous nous proposons d’ailleurs de décrire ultérieurement cette pièce, qui est dépo- 
sée au Musée d'Anatomie de la Faculté de médecine de Lyon. 


SUR L'APPAREIL ILYOÏDIEN 509 


par trois osselets allongés, l’apohyal, le cératohyal, le sthylhyal. 
L'inférieur s’unit au basihyal, le supérieur au temporal. Repré- 
senté par les petites cornes ou cornes antérieures l'apohyal est 
ordinairement un petit osselet en grain de riz fort court (5 à 8m) 
le stylhyal est représenté par l’apophyse styloïde de 15 à 20" de 
long, le cératohyal ou segment moyen par un osselet filiforme 
de 10 à 15"" de long, souvent soudé à l’apophyse styloïde qui 


Fig. 35. 


augmente ainsi d’étendue et prend l'aspect noueux. La chaîne 
est complétée par un ligament qui de l’apohyal (petite corne) 
s'étend à l’apophyse styloïde (ligament stylo-hyoïdien). 

Le stylohyal (apophyse styloïde) ne s’unit au rocher qu'après 
que la pièce supérieure s’en est déjà détachée sous forme d’étrier. 
Lorsqu'une partie de la chaîne hyoïdienne est complétée par 
un ligament comme chez l'Homme, l'Orang, le Cochon, la pièce 


510 CH. DEBIERRE 


supérieure se soude au crâne sous forme d'apophyse styloide. 

L'apophyse styloïde n'appartient donc pas au crâne. Elle s'y 
raccorde par l'intermédiaire d'un fibro-cartilage qui lunit à un 
petit prolongement osseux, l’apophyse hyoidienne du temporal. Ce 


| 11000 ! 
UE OI 
RO 
AN 
119000) 


2/71 


Fig. 36. 


fibro-cartilage n’est guère envahi par l'ossitication avant 30 ans. 
Jusque là l'apophyse styloïde est mobile. Au sommet de celle-ci 
s'unit l'extrémité supérieure du cératohyal à l’aide d’un petit cor- 
don fibreux; par son extrémité inférieure le cératohyal se réunit 
à l’apohyal à l’aide d’un ligament long et grèle, le ligament stylo- 
hyoïdien. À la naissance, ce ligament de couleur jaune et com- 
posé de fibres élastiques est court et volumineux; il s'allonge et 
s'atrophie au fur et à mesure du développement de la chaîne. Le 


SUR L'APPAREIL IYOÏDIEN 511 


cératohyal s'ossifie avant le stylhyal (Sappey) (1); de 50 à 60 ans, 
ces deux os se soudent ensemble. L’apophyse styloïde revêt alors 
cet aspect noueux qu'on lui connaît chez beaucoup. Sa longueur 
s'allonge ; de 3 cent. elle passe à 4 ou 5 et même davantage. 


Il serait difficile de reconnaître l'appareil hyoïdien type avec 
ses chaînes temporales ou styloïdiennes dans cette description. 
Mais les anomalies de développement viennent dans certains cas 
raconter l’histoire ancienne de ce système en ramenant par ata- 
visme un état organique disparu en grande partie dans l'espèce 


(1) Sappev, Anatomie, 3° 6d., I, p. 267, 1876. 


512 CH. DEBIERRE 


humaine. Serres a communiqué un curieux cas de ce genre à 
Geoffroy Saint-Hilaire. Nous en figurons un tout aussi complet 
plus bas, à côté de l'appareil ordinaire considéré comme normal 
(voyez fig. 37 et 38). Mais il ne faut point dire, avec nombre 
d'anatomistes, que dans certains cas le ligament stylo-hyoïdien 
s'ossifie. Ce n’est pas ainsi que se rétablit la chaîne hyoï- 
dienne osseuse (voyez plus loin). 

20 APPAREIL LIGAMENTO-MUSCOULAIRE. — Parmi les muscles de 
l'hyoide, on trouve, dans toutes les espèces, le mylo-hyoïdien, le 


Fig. 38. Fig. 39. 


génio-hyoïidien, le stylo-hyoidien, le sterno-hyoidien, l'hyo-glosse et le 
digastrique (1). 
Le stylo-hyoïdien peut être représenté par trois muscles dis- 
(1) Ce dernier bien que n'appartenant pas à l'appareil hyoïdien, est cependant, 


chez nombre de Mammifères, un élévateur de l'hyoïde (Homme, Singe), par l'expan- 
sion tendineuse que son anse envoie à l’hyoïde. 


SUR L'APPAREIL IYOÏDIEN 513 


tincts chez les Mammifères, un masto-styloidien (de l'apophyse 
mastoïde à la partie supérieure du stylhyal), un grand cérato- 
hyoidien (de la base 
des cornes thyroiï- 
diennes à la portion 
supérieure des Cor- 
nes styloïdiennes ) ; 
un petit cérato-hyoi- 
dien (du sommet des 
cornes thyroïdien - 
nes à la base des 
cornes  styloïdien- 
nes). Ces trois mus- 
cles coexistent chez 
le Cheval (Chauveau) (1), les Ruminants et les Pachydermes (Cu- 
vier) (2), B. Perrin (1871), H. West (1873), John Curnow (1874), 
Max Flesch (1879) ont signalé chez l'Homme l'existence d’un coci- 
pito-hyoïdien qui rappelle l’occipito-hyoïdien normal du Phoque et 
de certains Carnassiers (Hyène, etc.) et que Humphry considère à 
juste titre comme une dépendance du digastrique. Douglas a 
écalement cité un fait de inio-cérato-hyoïdien. 

Le sterno-hyoidien est parfois confondu avec le sterno-thyroi- 
dien, chez le Lamantin et le Mouton, l'Ornithorynque par exemple, 
disposition qu'on rencontreanormalement 
chez l'Homme (fig.42), comme Albinus et 
Macalister entr’autres en ont signalé des 
cas (3). 

Entre l'absence et la présence des 
sterno-hyoïdiens il y à un intermédiaire 
présenté par les Solipèdes et les Rumi- 
nants, les Monotrèmes, la plupart des 
Carnassiers (Meckel), chez lesquels les 
sterno-hyoïdiens et les sterno-thyroïdiens, ne formant d’abord 
qu'un seul muscle, se divisent en deux plus haut pour donner un 
faisceau à l’hyoïde et un autre au cartilage thyroïde (4). Chez le 


(1) Chauveau et Arloing, Anat. comp. des animaux domestiques, p. T1. 

(2 Cuvier, Lecons d'anatomie comparée, IV, 493. 

(3) Macalister. Transact, of Roy. Ir. Acad., 1871. 

(4) Comme l'omo-hyoïdien, le sterno-thyroïdien, ce muscle présente assez souvent 
(une ou plusieurs intersections aponévrotiques chez la Girafe (Owen) etles Solipèdes 
Meckel et Chauveau). Testut l’a rencontré sur des sujets nègres, ainsi que sur un 


910 


514 CH. DEBIERRE 


Dauphin, les deux muscles sterno-hyoïdiens sont confondus et 
forment un muscle médian impair. Chez les Pangolins, les Tatous 
et les Fourmiliers, les sterno-hyoïdiens se ‘prolongent; directe- 
ment dans la langue sous forme de sterno-glosses (Cuvier), rem- 
plaçant les hyo-glosses qui dans les 
autres espèces semblent, en effet, la con- 
tinuation en avant des sterno-hyoïdiens. 
Dans cette facon de considérer les choses, 
l'os hyoïde jouerait vis à vis de ces mus- 
cles le rôle d’un os sésamoïde. 
L'existence des omo-hyoidiens n’est pas 
7 constante. Ils manquent chez les Pares- 
seux, la Chauve-souris, la Taupe, cer- 
tains Carnassiers (Chat, Chien), les Ron- 
Fig. 42. seurs à clavicule incomplète (Lièvre, 
Cobaye, Agouti), certains Pachydermes 
(Pécari, Daman). Chez les Ruminants, l'insertion excentrique de ces 
muscles se déplace : au lieu de se fixer à l’omoplate, ils s'attachent 
aux apophyses transverses des deux dernières vertèbres cervicales 
(Mouton). Chez l'Homme, l'absence de l’omo-hyoïdien a été signa- 
lée par Cheselden, Otto, Schultze, Schwegel, Hallet, von Behr, 
Gruber, Büchner, Testut. J'en ai rencontré moi-même un exemple 
l'hiver dernier, chez un sujet livré à l’amphithéâtre de dissection. 
Le génio-hyoïdien est un muscle impair chez les Cétacés (Cu- 
vier) (1), comme chez les Fourmiliers, et il est non moins remar- 
quable que ces Animaux n'ont qu'un sterno-hyoïdien. Hallet, 
Theile, Macalister, Testut ont signalé chez l'Homme les génio- 
hyoïdiens fusionnés sur la ligne médiane en un seul génio- 
hyoïdien. Génio-hyoïdiens et génio-glosses sont confondus chez 
les Pangolins suivant Meckel. Les mêmes muscles sont repré- 
sentés par un muscle unique chez les Oiseaux (Cuvier) (2). 
Le thyro-hyoïdien a une portion mastoïdienne chez l'Échidné, 
comme chez certains Reptiles. 


3 é 


E 


SEEN 
à 
ON 


Chimpanzé, Macalister chez l'Homme blanc. Ces notions sont à bien retenir, eu 
égard à la valeur des intersections aponévrotiques en analomie générale, Nous 
aurons à y revenir lorsque nous ferons la comparaison du système musculaire 
hyoïdien des différentes classes d'animaux vertébrés. 

(1) Cuvier, Lecons d'anat. comp., IV, p. 491. 

(à Meckel, Anat. comp., VIIL, 1829-39; Cuvier, Lecons d'anat. comp., IV, p. 491, 
505; Theile, Encyclop. anat., Mio logiu, p. 74; Testut, Les anomalies musculaires 


chez l'Homme, p. 286. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 515 


Le thyro-hyoidien est constant. 
Chez les Solipèdes, l'hyoïde donne insertion : 


A. Par son corps et ses cornes thyroïdiennes : 


1° Sterno-hyoïdiens. 6° Kerato-hyoidiens. 

2° Omo-hyoïdiens. 7 Hyo-glosses. 

3 Mylo-hyoïdiens. 8° Hyo-thyroïdiens. 

4 Génio-hyoïdiens. 9° Constricteur moyen du pharynx. 


5° Stylo-hyoïdiens. 


B. Par ses branches styloïdiennes : 


2 Occipito-styloïdiens. 5° Stylo-glosse. 


1° Stylo-hyoïdiens. 4 Transverse de l’hyoïde. 
3 Kératc-hyoïdiens. | 6° Stylo-pharyngien. 


Chez l'Homme, l’arc hyoïdien donne attache à 13 muscles par 
sa portion ventrale. 
À. Par son corps : 


4° Génio-hyodien. 
5. Génio-glosse. 


1° Sterno-cleido-hyoïdien. 
2° Omo-hyoïdien 
3 Mylo-hyoïdien. 


B. Par son corps et sa corne thyroïdienne : 


1° Thyro-hyoïdien. 4 Hyo-glosse. 
2 Digastrique. 5° Constricteur moyen du pharynx. 
3 Stylo-hyoïdien. 

C. Par sa corne styloïdienne : 

lo Stylo-pharyngien. 3 Lingual inférieur. 

2 Constricteur moyen. 4 Lingual supérieur. 


Par sa portion dorsale, l'arc hyoïdien ne donne attache qu’à un 
seul muscle, au muscle de l’étrier, le muscle du marteau appar- 
tenant comme cet osselet de l’ouïe à l'arc mandibulaire. 


IV 


DE LA VALEUR DES DIFFÉRENTS SEGMENTS DE L'HYOÏDE CONSIDÉRÉE 
AU POINT DE VUE DES HOMOLOGIES. L’ARC MANDIBULAIRE ET 
L'ARC HYOÏDIEN. 


Geoffroy Saint-Hilaire a dit qu'il n’est aucune partie de la char- 


516 CH. DEBIERRE 


pente osseuse des Poissons qui ne retrouve ses « analogues » 
chez les autres Vertébrés. On conçoit de suite quelle importance 
prend une telle proposition anatomique si elle est rigoureuse- 
ment vraie. Les uns y verront peut-être la preuve de l'Unité de 
plan imaginé par un Créateur, mais l'esprit scientifique ne peut 
y voir qu'un argument formidable en faveur de la théorie de la 
descendance. 

L'étude analytique à laquelle nous venons si brièvement de nous 
livrer, va nous permettre de démontrer qu'en ce qui concerne 
l'appareil hyoïdien, le seul dont il doive être question ici, le 
principe posé par Geoffroy Saint-Hilaire n’est pas trop présomp- 
tueux. 

Dans toutes les grandes familles des Vertébrés, nous avons 
trouvé un hyoïde. Mais un hyoïde dans certains cas si modifié 
qu'il semble méconnaissable. Aussi autant il nous serait impos- 
sible d'arriver à une bonne conception de ce système si nous 
nous bornions à l’étudier chez l'Homme par exemple, ainsi que le 
font encore et bien à tort, presque tous nos livres classiques 
d'anatomie, autant il nous sera facile d'en prendre une idée saltis- 
faisante en l'étudiant comparativement chez les différents types 
d'animaux vertébrés. 

L’embryologie et les connexions anatomiques nous serviront 
de guide pour rétablir dans son entier la chaîne hyoïdienne, 
nombre de fois brisée et comme interrompue. Il est vrai que : 
Natura non facit saltus, mais comme bien des chaînons ont dis- 
paru dans la nuit des temps et que d’autres ont été considéra- 
blement modifiés par l'adaptation des Animaux à d’autres condi- 
tions d'existence, il n’est pas trop d’une analyse philosophique 
approfondie pour faire surgir de l'inconnu le réel, caché sous 
des dehors trompeurs, jouant pour ainsi dire l'effet d'un mirage 
pour l’œil qui cherche à scruter les mystères de l’organisation des 
animaux. 

Chez les Mammifères, et sous des apparences multiples, il nous 
est facile de reconstruire dans son entier l'arc hyoïdien au pre- 
mier aspect siincomplet chez l'Homme. Chez tous, le corps de 
l’hyoïde est bien visible et bien reconnaissable; chez tous, ou à 
peu près, les cornes de ce corps, cornes antérieures ou hyoï- 
diennes, cornes postérieures ou thyroïdiennes sont là présentes 
et l'œil les découvre facilement. Mais dans nombre d'animaux 
supérieurs (Homme, Singes, etc.) et chez les Oiseaux ce petit 
système semble perdu au milieu du cou, sans aucune connexion 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 517 


avec la base du crâne, parfois n’en ayant même plus avec le 
larynx. D'où la définition : L'hyoïde est un centre suspendu au 
crâne et suspenseur de l'arbre respiratoire, semble n'être plus 
qu'une idée dénuée de tout fondement. 

L’Anatomie comparée heureusement, l’embryologie et les ano- 
malies (lisez atavisme) sont là pour nous servir de guide et réta- 
blir les homologies et les connexions. 

Mais s’il est relativement facile de rétablir les homologies en ce 
qui concerne la portion ventrale de l'arc hyoïdien, combien plus 
difficile devient le rétablisssement de son segment dorsal! Aussi, 
bien qu'il n'entre pas dans le cadre de ce travail de faire l’étude 
comparée des segments cranio-céphaliques des Animaux, étude 
si bien faite depuis Cuvier, par Geoffroy Saint-Hilaire (1), Carus (2), 
R. Owen (3), Huxley (4) et Gegenbaur (5) entr’autres, il nous faut 
cependant rappeler brièvement nos connaissances au sujet du 
squelette viscéral des Vertébrés el esquisser ses connexions avec 
le squelette céphalique. Cet examen est indispensable en ce qui 
concerne l'arc maxillaire, car nous verrons l’arc hyoïdien con- 
finer à ce dernier sous le crâne et entrer en relation intime 
avec lui. Nous ne comprendrions point sans cela les métamor- 
phoses de la portion supérieure au pré-cranienne de l’arc hyoï- 
dien. 

10 Ce que deviennent les portions supérieures dorsales ou pré-cra- 
niennes de l'arc hyoidien et de l'arc mandibulaire. 

Si chez les Cyclostomes le crâne n’a aucune connexion avec le 
squelette viscéral, chez tous les autres Vertébrés, le squelette de 
la tête entre en connexion avec un appareil squelettique pair 
entourant la bouche. Ce squelette, squelette viscéral, est en rap- 
port avec la respiration, la manducation et la déglutition; il se 
compose d’une série d’arcs, arcs branchiaux, dont les deux pre- 
miers doivent seulement nous retenir ici. 

Le premier arc viscéral, arc maxillaire se différencie en deux 
segments qui entoure l'ouverture buccale et forment les mû- 
choires. Le segment inférieur, celui qui borde en arrière ou en 
bas la cavité buccale marque la position de la mâchoire inférieure 
ou mandibule. Chez le fœtus, le cartilage qu'il contient est le 


(1) Geoffroy Saint-Hilaire, Philosophie anatomique, I, 1818. 
(2) Carus, Anat. comparée, Paris, 1835. 

(3) R. Owen, Anatomy of Vertebrates, I. London, 1866. 

(4) Huxley, Anat. comp. des Vertébrés. Paris, 1875. 

(5) Gegenbaur, Anat. comp. Paris 1874. 


5LS CH. DEBIERRE 


cartilage de Meckel, cartilage permanent chez les Poissons osseux 
(voy. fig. 7). C'est autour de lui que se développera l’os maxil- 
laire inférieur dans sa portion mandibulaire, donnant lieu plus 
haut, c’est-à-dire entre la mandibule et le crâne, à la pièce palato- 
carrée qui plus tard donnera l'os carré qui sert à l'articulation 
des mâchoires chez les Ichthyopsidés et chez les Sauropsidés. 

Le second arc viscéral est l’arc hyoidien, en connexion en haut 
avec la pièce cartilagineuse palato-quadrate (cartilage carré) et 
avec le crâne. La partie supérieure de cet arc se développe fré- 
quemment en une pièce importante portant les mandibules, c’est 
l'Ayo-mandibulaire d'Huxley; la partie inférieure devient l'os 
hyoïde proprement dit. 

Cette disposition des deux premiers arcs viscéraux est perma- 
nente chez les Sélaciens (fig. 1). Chez les Ganoïdes, la partie 
supérieure de l'arc hyoïdien entre en connexion plus intime avec 
le palato-carré. Il se développe ainsi un « pédoncule maxillaire » 
ou suspensorium qui porte l'arc maxillaire primitif. Chez l'Estur- 
geon le palato-carré est complètement détaché du crâne et l'hyo- 
mandibulaire subdivisé en deux segments qui s’'incrustent de 
dépôts osseux comme le palato-quadrate lui-même, divisé en 
deux segments et formant pédoncule sur lequel appuie la mà- 
choire. Les connexions ont modifié quelque peu les rapports : 
extrémité supérieure de l'arc hyoïdien, l'hyo-mandibulaire, réu- 


nit maintenant le palalo-quadrate avec le crâne. L'os hyomandi- 
bulaire (temporal de Cuvier), appuyé à la base du crâne chez les 
Sélaciens remonte chez les Ganoïdes et les Téléostéens et s’arti- 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 519 


cule sur le côté du crâne (1j. Sur lui s'articule une autre pièce, 
le symplectique. L'arc hyoïdien s’articulant sur ce dernier chez 
l’'Esturgeon, le symplectique doit être considéré comme le segment 
supérieur de l'arc hyoïdien (2). 

Chez les Batraciens le palato-carré est en connexion immédiate 
avec le crâne primordial; en arrière il porte la mâchoire infé- 
rieure dont il constitue le suspensorium. Celui-ci ne vient donc 
plus (os hyomandibulaire et symplectique) de l'arc hyoïdien 
comme chez les Poissons. Chez les Sauriens, les Ophidiens et les 
Oiseaux, l'os carré est mobile sur le crâne; chez les Chéloniens 
et les Crocodiliens il est soudé au squamosal par suture. Dans 
tous les cas il est uni directement à la capsule périotique, sans 
l'intermédiaire de l’arc hyoïdien (3). 

L'os carré ne manque pas davantage chez les Mammifères, seu- 
lement il est complètement transformé et adapté à d’autres 
usages. Situé d’abord en dehors de la capsule auditive du crâne 
primordial de l'embryon, il ne tarde pas à entrer dans l'aire de 
l'oreille moyenne, lorsque celie-ci se développe par fermeture de 
la première fente branchiale. IL se sépare du cartilage de Meckel 
et entre dans le nombre des osselets de l’ouie sous le nom de 
marteau, homologie discutable cependant, nous le verrons plus 
loin. D’après Reichert (4), Gegenbaur (5), sa subdivision en os carré 
et os articulaire de maxillaire inférieur des Sauropsidés se conser- 
verait même chez les Mammifères, le carré devenant l’enclume l’ar- 
ticulaire le marteau. La portion supérieure de l’are primitif hyoï- 
dien ne donnant lieu dans cette théorie qu'à l'étrier (6). Il n’en 


(1) Pour expliquer la multiplicité des os qu’on trouve dans la tête des Poissons, 
des Reptiles et des jeunes Oiseaux, Geoffroy Saint-Hilaire a eu une heureuse inspi- 
ration : il a imaginé de les comparer aux os de la tête des fœtus des Quadrupèdes, 
où l’on sait que bien des os qui doivent se réunir chez l'adulte, se montrent encore 
séparés. En agissant ainsi, Geoffroy Saint-Hilaire a prouvé, entr'autres choses aussi 
singulières que vraies, que toutes les parties du temporal, le rocher excepté, se 
détachent successivement de la tête; que le cadre du tympan en forme ce que lon 
connait sous le nom d’os carré, ou le pédicule de la mâchoire inférieure des Oiseaux, 
des Reptiles et des Poissons; que le bec des Oiseaux est presqu'entièrement formé 
par les intermaxillaires (Cuvier). 

(2) Gegenbaur, Anat. comp., p. 605. 

(3) Huxley, Anat. comp. des Vertébrés. p. 31. 

(4) Reichert. Arch. Anat. u. Phys., 1837, p. 120. 

(5) Gegenbaur, Anat. comp., p. 624. 

(6) Quant au lenticulaire, il ne serait qu'un rudiment du symplectique des Pois- 
sons. 

Pour Geoffroy Saint-Hilaire (Philos. anatomique, & 1, p. 37 l'étrier correspond à 


520 CH. DEBIERRE 


est pas de même pour Huxley et Balfour (1). Pour eux, l’enclume 
provient de l'arc hyoïdien suivant la formule indiquée dans la 
figure ci-dessous. (fig. 44). L’extrémité du marteau qui fait 


suite au cartilage de Meckel chez l'embryon s’étire et se trans- 
forme en une apophyse grêle et longue {processus gracilis). 

Chez les Mammifères les branches de la mâchoire inférieure 
s'articulent avec le temporal; chez les autres Vertébrés elles 
s'unissent par synarthrose à l'os articulaire. Les branches mon- 
tantes des mandibules s’articulent donc directement avec le 
crâne chez les Mammifères, alors que chez les autres Vertébrés 
cette articulation n’a lieu que par l'intermédiaire de l'os carré. 
Ce que nous avons dit des transformations de l’os carré explique 
c2tte disposition et rétablit les homologies, introuvables au prime 
abord. La disposition que l’on trouve chez le Lézard Sphenodon 
raconte mieux que tout autre cette continuation de l'arc hyoïdien 
avec les osselets de l’ouïe, puisque chez lui la corne antérieure de 
l'hyoïde se continue avec la columelle {nom de l’étrier non per- 
foré) chez les Sauropsidés) (2). Ce qui prouve également bien ces 


l'opercule des Poissons. le lenticulaire et l’enclume au sous-opercule seindé en 
deux pièces et le marteau a pour homologue l'interopercule, Le préopercule ne 
répondrait à rien autre qu'au tympanal (Geoffroy Saint-Hilaire). Mais les os oper- 
culaires sont des os dermiques (exosquelette) qui n’ont point ces homologies. 

Dans tous les cas ilest bien cerlain que l’opercule ne vient pas de différentes 
pièces détachées de la mandibule, ainsi qu'Hérissant et de Blainville l'avaient sou- 
tenu, car on observe chez les Reptiles, et les osselets de l’ouïe et à la fois les 
mêmes pièces osseuses {os dentaire, os operculaire, os marginaire où supplémen- 
taire. os coronaire où coronoidien, os angulaire, os articulaire) que dans la mà- 
choire inférieure des Poissons. 

(1) Huxley, Anat. comp. des Vertébrés, p. 88; Balfour, Embryologie comparée, 
Il, 528. 

(2) Chez les Monolrémes (Ornithodelphes), la cochlée (limaçon) est à peine 


SUR L'APPAREIL HYOIDIEN 521 


connexions primitives, c’est que chez les Mammifères eux-mêmes 
la partie du cartilage hyoïdien qui devient l’apophyse styloïde est 
ordinairement unie au lenticulaire par des fibres musculaires 
(muscle de l’étrier ou stapedius); d'autre part la courte apophyse 
de l’enclume est réunie par des trousseaux fibreux à cette partie 
de la capsule périotique avec laquelle l’apophyse styloïde se con- 
tinue directement (Huxley). 

Telles seraient les homologies pour la plupart des Embryolo- 
gistes et des Anatomistes modernes, à l'exception toutefois 
d'Urbantschitsch, Parker, Semmer et Gruber (1) qui font prove- 
nir l’étrier du cartilage labyrinthique, et de Peters (2) qui consi- 
dère le tympanique comme homologue du quadrato-jugal, opi- 
nion renouvelée de Geoffroy Saint-Hilaire (3). 

Mais récemment P. Albrecht (4) a produit un mémoire fort 
important, qui ne tend à rien moins qu'à renverser de fond en 
comble les idées admises sur la matière. Je demande la permis- 
sion de m'y arrêter un instant. Il me procurera l’occasion de 
faire connaître plus explicitement mes idées à ce sujet. 

10 En ce qui concerne la valeur morphologique de l'articulation 
mandibulaire je ne puis qu'admettre avec Albrecht que l’articula- 
tion temporo-maxillaire n’est ni une articulation squamoso-man- 
dibulaire comme le dit Huxley (5), ni une articulation squamoso- 
dentale ainsi que l’admettent Gegenbaur, Kôülliker, Wiedersheim 
entr'autres (6), car l’écaille du temporal des Mammifères n’est qu'un 


courbée, jamais roulée en spirale comme chez les autres Mammifères. L'étrier est 
columelliforme et non perforé, nouvelle analogie avec les Oiseaux. N'est-ce pas là 
des plis de passage capable de désiller les yeux aux plus aveugles ? 

(1) Urbantschitsch, Ueber die erste Anlage des Mittelohres u. des Trommelfelles. 
Schenk’s Mittheilg. aus dem embryol. Inst., 1877.— K. Parker. Philosoph. transact. 
1871. Parker and Bettany, The Morphology of the skull, 1877. — Semmer, Unters. 
üb. die Entwick. d. Meckel'schen Knorpels u. Seiner Nachbargebilde, Dorpat, 1872. 

(2) Peters, Monatsb. Akad. Wiss. Berlin, 1868-69. 

(3) Geoffroy Saint-Hilaire, Philos. anat. 1, p. 27. 

(4) P. Albrecht, Sur la valeur morphologique de la trompe d'Eustache et les 
dérivés de l'arc palatin. de l'arc mandibulaire et de l'arc hyoidien des Vertébrés, 
suivi de la preuve que le « symplectico-hyomandibulaire » est morphologiquement 
indépendant de l'arc hyoidien. Com. faite à la Soc. d’Anat. path. de Bruxelles, 
11 mai 1884. 

(5) Huxley, À Manual of the anatomy of Vertebrated animals. London, 1871, p. 84. 

(6) Gegenbaur, Grundzüge der vergleichenden Anatomie. 2 éd. Leipzig, 1870, 
p. 662, — Külliker, Entwickelungsgeschichte des Menschen und der hœheren Thiere 
2e éd. Leipzig, 1879, p. 486. — Wiedersheim, Lehrbuch der vergleichenden Anatomie 
der Wirbelthiere. Iéna, 1882, p. 1554 


522 CH. DEBIERRE 


squamoso-quadratique ; pas davantage avec Aeby (1) je ne saurais 
convenir que le ménisque articulaire de l'articulation temporo- 
maxillaire soit l’'homologue du carré des Oiseaux, car ce fibro- 
cartilage articulaire se retrouve également dans l'articulation 
mandibulo-quadrate de ces derniers animaux. En cela encore je 
suis de l’avis d’Albrecht, mais où je ne suis plus d'accord avec 
cet auteur c’est lorsqu'il faut retrouver le quadrato-Jugal (os 
carré) chez les Mammifères. Alors que cet anatomiste voit l'os 
carré dans l’écaille du temporal (2), l'hypopalatin de sa côte pala- 
tine (partie quadratique du palato-carré), je retrouve cet.jos dans 
le zygoma, respectant ainsi la genèse osseuse {3) et les connexions 
anatomiques. C’est assez dire que je repousse aussi l'idée de 
Geoffroy Saint-Hilaire qui représente le tympanal comme l'homo- 
logue chez les Mammifères du carré des Oiseaux. 

Voyons maintenant la valeur morphologique des osselets de 
l’ouie. 

Je ne puis que souscrire à l’opinion d’Albrecht, lorsqu'il dit 
avec beaucoup d’autres anatomistes d’ailleurs, que le‘marteau + 
l’enclume + le lenticulaire + l’étrier des Mammifères sont homo- 
logues des quatre chondrosselets de l’ouïe des Amphibiens ossi- 
culofères, du marteau + la columelline des Sauropsidés malléo- 
fères (4), de la columelle auditive des Sauropsidés non malléofères 
et des Amphibiens columellifères, du symplectique + l'hyoman- 
dibulaire des Téléostéens et des Ganoïdes, et enfin du symplec- 
tico-hyomandibulaire des Sélaciens. Mais je ne puis admettre 
que le marteau des Mammifères et des Sauropsidés malléofères 


(1) Albrecht, Loc. cit., p. 40-41, tabl, 5. 

(2) Béclard a mis hors de contestation le développement du zygoma par un 
point osseux particulier (Arch. de Meckel, VI, p. 427) et d'autre part chez certains 
animaux (Cabiai), cette portion du temporal reste presque indépendante, c'est-à- 
dire à l'état d'os isolé toute la vie. 

(3) On sait en effet, la valeur des points osseux en ostéologie comparée. Geoffroy 
Saint-Hilaire a montré que c'était ces points et non pas les os adultes qu'il fallait 
considérer pour établir les homologies. Je n’en veux qu'un exemple : l'os des 
iles se développe par trois points osseux qui vont se réunir en Y dans le fond de 
J’acétabulum. Ils représentent l’ilion, l'ischion et le pubis (os séparés) des Sauriens 
et des Crocodiliens. L'occipital nous offrirait un autre exemple non moins typique. 
Cet os se développe chez l'Homme par quatre centres osseux : ces points sont les 
homologues des quatre occipitaux des Poissons et des Reptiles. 

(4) Dollo [On the malleus of the lacerticiæ ond the malar and quadrate bones of 
Mammalia. Quaterly Journ. of microscop. Sc., 1833) a trouvé le marteau chez les 
Lacertiliens, d'où Albrecht propose d'appliquer à ces animaux le nom de Saurop- 
sidés malléoféres. 


or 


SUR L'APPAREIL IYOÏDIEN 523 


corresponde au symplectique des Téléostéens ainsi que le soutient 
cet auteur. 

Voyons à ce sujet les arguments de M. Albrecht. 

Pour M. Albrecht, le symplectico-hyomandibulaire n'a rien à 
faire avec l'arc hyoïdien. Voilà le pivot de sa théorie. Serrons-la 
d’un peu plus près. Elle mérite en effet une sérieuse attention. 

On dit que le symplectico-hyomandibulaire, dit-il, fait partie de 
l'arc hyoïdien, mais on oublie que chez les Raies l'arc hyoïdien 
complet s'attache au crâne derrière le symplectico-hyomandibu- 
laire. — Soit, mais c’est là un cas spécial aux Chimères et peut- 
on bien déceler les pièces homologues sur un crâne absolument 
formé de cartilage? Et d'autre part, chez les autres Chondropte- 
rygiens l’arc hyoïdien s’unit au symplectique. Il en est de même 
chez les Téléostéens où le stylhyal (épihyal ou épihyoïde de beau- 
coup d'auteurs) semble beaucoup plus faire suite au symplectico- 
hyomandibulaire que l’épimandibulaire (1) lui-même. 

Cette disposition gênait évidemment fort M. Albrecht. Voici 
comment, en habile stralégiste, il tourne la position. 


L'arc hyoïdien des Squales et des Téléostéens s’insère bien, 
dit-il,4 au symplectico-hyomandibulaire (son épimandibulaire) 


(1) L'arc mandibulaire des Raies se divise en deux segments, l’un ventral ou 
hypomandibulaire, l’autre dorsal ou épimandibulaire. Il en est de même de l'arc 
hyoïdien, d’où la formation d'un hypohyoïde et d’un épihyoïde. Pour M. Albrecht 
l'épimandibulaire représenterait le symplectico-hyomandibnlaire et l’'hypomandibu- 
laire Ja mandibule elle-même. /Loc. cit., p. 11). 


524 CH. DEBIERRE 


mais l’épihyoïde (stylhyal) persiste derrière l’arc mandibulaire 
sous forme de chondro-lizament cranio-hypohyoïdien. Et il ajoute: 
on voit maintenant comment en négligeant l’anahyoïde des Té- 
léostéens (lisez stylhyal) resté ligamenteux, on a pu croire que 
l’'anamandibulaire (lisez hyomandibulaire) lié avec le métahyoïde 
par le ligament anamandibulo-métahyoïdien était une partie dor- 
sale de l’arc hyoïdien. 

L'examen de l'appareil hyoïdien des Poissons osseux n'est 
cependant guère favorable à cette interprétation (voyez fig. 3 et 4). 

En résumé, pour M. Albrecht, le symplectico-hyomandibulaire 
(son gnathostèle (1) ou épimandibulaire) appartient à l'arc mandi- 
bulaire ; par sa segmentation en 4 chondrosselets chez les Amphi- 
biens ossiculofères et en 4 osselets chez les Mammifères, il donne 
naissance au marteau + enclume + lenticulaire + étrier, 
dans lesquels le marteau représente le symplectique (son méta- 
mandibulaire) et l'hyomandibulaire (son anamandibulaire) les 
trois osselets suivants. L’arc hyoïdien reste entier derrière, com- 
mençant avec le tympano-hyoïde au crâne et finissant à l’hyoïde 
par la petite corne. 

Mais avec cetle théorie, comment concilier le fait d'observation 
(Huxley, Wiedersheim) que chez le Sphenodon et chez plusieurs 
Urodèles {/Amphiuma, Menopoma), l’'are hyoïdien se continue direc- 
tement par un cartilage avec la columelline, c'est-à-dire avec 
l'étrier ? Et que chez les embryons de Mammifères (Cochon, Mou- 
ton, etc.), cette union peut également s'observer? Chez l'embryon 
humain lui-même du 4e mois, l'extrémité supérieure du cartilage 
de Reichert, comme l'appelle Külliker (stylohyal), semble se conti- 
nuer avec l'étrier. Et si chez l’adulte toutes ces connexions ont 
disparu, c’est que l’épimandibulaire et l’épihyoïde d’abord à fleur 
de tête sont entrés dans l'aire de la première fente branchiale 
(future caisse du tympan) séparés du reste de l’are mandibulaire 
ou de l’arc hyoïdien par la chondrification, puis l'ossification de la 
caisse et adaptés à des fonctions nouvelles. 

Nous sommes donc amené à nous demander à nouveau si réel- 
lement le symplectico-hyomandibulaire appartient bien à l'arc 
mandibulaire, et si cette double pièce a pour représentants chez 
les Mammifères le marteau + plus l’enclume + le lenticulaire + 
l’étrier comme l’a soutenu Gunther (2) et comme le veut Albrecht, 


(1) Gnathostèle ou suspensorium de la mâchoire, de yyæÿoc, mächoire, et otTain, 
colonne, homologue de la columelle auditive. 
(2 Gunther, Beob, üb. d. Entwick d, Gehôrorgans. Leipzig, 1812, p. 11-43. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 595 


D 


ou bien si elle n’a pour homologues que le marteau + l’enclume 
ainsi que le disent Reichert, Claus (1;, Külliker (2), le marteau 
représentant l’articulaire des Vertébrés inférieurs, l’enclume, l'os 
carré des Sauropsidés, ou encore si étrier + lenticulaire + 
enclume n’appartiennent pas à l’arc hyoïdien (Huxley, Balfour). 
Consultons l’embryogénie, peut-être nous dévoilera-t-elle le 
mystère dont nous cherchons l'explication. 

Le cartilage de Meckel apparaît ainsi que les osselets cartilagi- 
neux, les cartilages des arcs branchiaux et la capsule auditive 
labyrinthique cartilagineuse sur des embryons de Mouton et de 
Porc de 2 à 2 cent. 1/2 ainsi qu'on peut s’en assurer et ainsi que 
le dit Salensky (3). 

Peu après, on voit les deux arcs mandibulaire et hyoïdien se 
réunir par leurs extrémités dorsales ou craniennes sous la forme 
d’un arc qui embrasse dans sa courbe la première fente bran- 
chiale, et qui en dedans adhère à la capsule labyrinthique. 

Suivant Salensky sur des embryons un peu plus âgés (3 cent. 
— 25 jours), l'extrémité postérieure de l’arc 
mandibulaire s’épaissit, puis se creuse de 
deux sillons qui le partagent en trois seg- 
ments, un segment postérieur qui, pour 
cet auteur, représenterait l’enclume, un 
deuxième segment ou segment intermé- 
diaire qui ne serait autre que le marteau, le 
troisième segment ou segment inférieur de 
beaucoup plus long, représentant le cartilage de Meckel. 

Sur l'embryon humain cette segmentation de l'extrémité pos- 
térieure du cartilage de Meckel commence de deux à trois mois 
et n’est pas achevée à la 122 semaine (Salensky). L'union primi- 
tive du marteau et de l’enclume rappelle un état permanent très 
net chez Datyprocta Aguti (Hyrtl), union qui cependant est abso- 
lument niée par Külliker, puisqu'il dit que jamais l’enclume ne 
fait un avec le marteau (4). 

En somme, pour la plupart des auteurs le marteau et l’enclume 
proviennent de l’are mandibulaire; l’étrier seul aurait pour ori- 
gine l’arc hyoïdien. 


(1) Claus, Zoologie, 2e éd. franç., 1884, p. 1149. 

(2) Külliker, Embryologie. éd. franç., Paris, 1882, p. 498-499. 

(3) Salensky, Beiträge 3. Entwick. der knorpelig. Gohôrknôchelchen bei Säuge- 
thieren. Morphologisches Jahrb., VI, 1880. 

4) Külliker, Embryologie, p. 499. 


520 CH. DEBIERRE 


Telle n’est pas mon opinion. 

Me fondant sur ce que : 1° l’étrier ne fait qu'un avec l’épihyoïde 
chez le sphénodon; 2 que l’arc mandibulaire et l’arc hyoïdien se 
réunissent ensemble en arrière en fer à cheval sur la face externe 
de la capsule labyrinthique chez les embryons des Mammifères 
(Cochon, Mouton, etc.,); 3° sur ce que à aucune période du déve- 
loppement on ne peut saisir d'union directe entre le marteau et 
l'enclume (Kôlliker); 4 sur ce qu’enfin, même chez l’Homme 
adulte, une coupe passant par l'axe de l’apophyse styloïde et par 
celui du lenticulaire montre nettement que l’épihyoïde intra pé- 
treux se prolonge vers la base de l'étrier jusqu’à presque la 
rejoindre, me basant, dis-je, sur ces différents faits mis hors de 
doute, j'en conclus que l'arc mandibulaire ne fournit qu'un seul 
des osselets de l’ouïe, le marteau. 

Guidé par l’Anatomie comparée, par l’Embryogénie et par la 
Tératologie qui prête à l’'Embryologie un si précieux concours, 
j'établis les homologies suivantes : 


Côtes. 


Ailes internes des apophyses ptéry- 
goïdes. 

Épimandibulaire (1) (portion intra-tym- 
panique du cartilage de Meckel, = mar- 


Arc palatin.. | côtes palatines ... — | 


teau. 

Métamandibulaire = fibro-cartilage in- 

Arc maxillaire.. | côtes mandibulaires.. { terarticulaire (ménisque temporo-maxil- 
laire). 


Hypomandibulaire = dento-condylien 
(portion extra-tympanique du cartilage 
de Meckel). 

Épihyoïde = étrier +- lenticulaire + 
enclume (l'étrier représentant le sym- 
plectique, l'enclume  l'hyomandibu - 

Arc hyoïdien | côtes hyoïdiennes...... ( laire) (2. 

Hypohyoïde = stylhyal + cératohyal 
+ apohyal (le corps de l’hyoïde repré- 
sentant un sternum cervical). 


(1) Ces trois segments du cartilage de Meckel sont ceux que nous avons signalés 
comme apparaissant chez des embryons de Mouton de 2 à 3 cent. (20 à 25 jours). 

(2) L'osselet lenticulaire n’est qu'une dépendance de la*queue de l’enclume avec 
laquelle il est d’ailleurs très souvent siudé même chez le fœtus ainsi que le dit 
Jean Cruveilhier /Anatomie, IV, p. 144, 2° 6d., 1845), 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN D24 


Nous demanderons-nous enfin dans quelle fente branchiale 
sont placés les osselels de l’ouïe, en d’autres termes quelle est la 
valeur morphologique de la trompe d'Eustache et de la caisse du 
tympan ? 

La caisse et le canal tubo-tympanique proviennent d’une fente 
viscérale qui est représentée par le spiraculum des Sélaciens. Ce 
spiraculum est situé entre le cartilage spiraculaire (métaptéry- 
goïde) et le symplectico-mandibulaire, il s'ensuit que la trompe 
et la caisse du tympan dérivent de la fente branchiale limitée en 
avant par l'arc mandibulaire et en arrière par l'arc hyoïdien. 
Comme M. Albrecht admet que le symplectico-hyomandibulaire 
(son épimandibulaire) représente la portion dorsale de l'arc man- 
dibulaire et non point de l'arc hyoïdien, il s'ensuit qu'il estime 
que la lumière de la trompe d’Eustache est une fente située en 
avant de l’arc maudibulaire ; en un mot elle proviendrait suivant 
cet auteur d’une fente branchiale située entre l’arc mandibulaire 
et l'arc palatin (fente palato-mandibulaire ou spiraculaire). 

Tout disposé que je suis à admettre une côte palatine, côte cra- 
nienne homodyname des côtes thoraciques et dont la preuve 
palpable reste dans l’apophyse ptérygoïde indépendante toute la 
vie chez nombre de Mammifères, et primitivement indépendante 
chez l'embryon humain, je ne puis cependant souscrire à cette 
proposition que le canal tubo-tympanique n’est qu'une fente vis- 
cérale palato-mandibulaire, car, d'une part, ce canal est inter- 
mandibulo-hyoïdien en arrière et en dehors (portion tympanique) 
et n’est inter-ptérygo-mandibulaire qu’en avant, en dedans et en 
bas (portion pharyngienne) ef d'autre part, la fente qui lui donne 
naissance commence par être à fleur de cou et ne devient pro- 
fonde que par suite de l’enroulement de l'extrémité céphalique de 
l'embryon et la formation de la tête et du cou. 

Enfin, sinous tenons compte de cette loi, à savoir que l’ento- 
genèse n’est que la récapitulation abrégée de la phylogénèse, 
nous sommes obligé de repousser l'opinion d’Albrecht. En effet, 
O. Cadiat (1) a signalé un cas curieux d’arrét de développement qui 
semble bien prouver que la trompe d’Eustache se développe aux 
dépens de la fente branchiale sous-jacente à l’arc mandibulaire. 
Sur un monstre (Mouton), le cou était divisé comme par un coup 
de sabre; or, cette fente correspondait à l'oreille externe, à 
l'oreille moyenne, à la trompe et entamait le pharynx. 


11) 0. Cadiat, Anat. générale, XX. p. 278, 1881. 


528 CH. DEÉBIERRE 


Nous arrivons donc à cette conclusion : 1° Le canal tubo-tym- 
panique des Amphibies et des Mammifères est le représentant de 
la fente branchiale inter-mandibulo-hyoïdienne, et les 3 derniers 
osselets de l’ouïe ne sont autres que l’extrémité dorsale de l’arc 
hyoïdien segmentée et séparée de l'épihyal. 


Fentes branchiales. 


Fente branchiale inter-palato-mandi- 

MEME Soc EM Ron osbanee — Cavité naso-buccale, subdivisée chez 
les animaux supérieurs par suite du 
développement du bourgeon maxillaire 
supérieur qui donne naissance aux apo- 
physes palatines et aux palatins, en ca- 
vité nasale et cavité buccale. 


Fente inter-mandibulo-hyoïdienne.... —æ— (Canal tubo-tympanique (Trompe 
d’Eustache). 


Et poussant les homologies plus loin nous ajouterons : 


OSICANNÉ er PRr-crer-eccee — Zygoma. 
Opercuip mener es orne = Tympanal (1). 


Maintenant que nous avons vu ce que devient la portion supé- 
rieure de l’arc hyoïdien, cherchons à déterminer le reste du même 
arc. 

20 Portion inférieure de l'arc hyoidien ou portion ventrale.— Les arcs 
du squelette viscéral sont pairs; il en descend un de chaque côté 
de la région céphalique. Pour l’arc mandibulaire, le côté droit se 
soude au côté gauche sur la ligne ventrale sous forme de sym- 
physe et sans l’interposition d'aucun 0. Il n’en est pas de même 
pour l'arc hyoïdien et les arcs (arcs branchiaux) qui suivent. 
Chez eux le côté droit ne s’unit au côté gauche que par l’intermé- 
diaire d’une pièce cartilagineuse ou osseuse. Ces pièces (copulæ) 
articulées bout à bout sous forme d’une colonne longitudinale sur 
laquelle viennent appuyer les différents arcs ne réprésentent rien 
autre chose que le corps de l’hyoïde. C’est une sorte de sternum 
sur lequel viennent se fixer les côtes cervicales (arcs branchiaux, 


(1) Pour Albrecht, le tympanal est l'homologue du préopercule des Téléostéens, 
tandis que pour Balfour le préopercule devient le squamosal des Amphibiens et le 
supra-temporal des Amniotes. Selon Albrecht encore, le cartilage spiraculaire des 
Sélaciens est l'homologue du métapterygoïde des Téléostéens et celui-ci l’est du 
squamosal des Amphibiens et des Amniotes, 


SUR L'APPAREIL ILYOÏDIEN 29 


pharyngiens ou cervicaux). Le premier arc, celui qui vient direc- 
tement derrière l’arc mandibulaire, est le véritable are hyoïdien ; 
son corps, c’est le basihyal, ses cornes ce sont les cornes styloï- 
diennes avec leurs trois segments, apohyal, cératohyal, stylhyal. 
Ce dernier suspend l'appareil au crâne. Les autres arcs (arcs cer- 
vicaux) des Poissons ne sont que les homologues des cornes thy- 
roïdiennes de l’hyoïde, mais non pas des cornes surnuméraires 
comme on à pu le dire, mais des cornes permanentes (cornes 
laryngiennes) en rapport avec la respiration branchiale et qui dis- 
paraissent, sauf une paire, chez les Vertébrés supérieurs, parce 
que chez eux, la respiration branchiale ne s'établit physiologi- 
quement à aucune période de la vie. Ces arcs, concentrés pour 
ainsi dire chez l'embryon des animaux supérieurs puisque au lieu 
de 8 il n'y en a plus que 4 ou 5 paires, de durée éphémère, ne 
sont chez l'embryon qu’un caractère 
réversif, un souvenir ancestral qui n’ad- 
met qu’une explication : l’atavisme. 

Il est si vrai que le squelette viscé- 
ral n’est développé qu'en vue de la 
respiration, qu’il se conserve à son 
summum de développement chez les 
animaux qui respirentpar des branchies, 
alors qu’il s’atrophie chez ceux qui res- 
pirent par des poumons, phénomène 
qu’on voit se réaliser chez un même Fig, 47. 
animal à deux périodes différentes de son existence (Batraciens). 
D'où l’atrophie de l’appareil (os et muscles) chez l'animal adulte 
après sa métamorphose. 

La ceinture hyoïdienne n'est en partie développée que pour 
servir de centre d'appui et d'appareil de protection à l’appareil 
branchial, de même que le squelette thoracique n'est développé 
qu’en vue de la protection des organes cardio-pulmonaires. 


V 


SYNTHÈSE DE L'HYOÏDE VENTRAL (hypohyoïde). 


Nous sommes en mesure maintenant de prouver que l'appareil 
hyoïdien est au fond le même chez tous les Vertébrés. Chez tous 
nous retrouvons le corps ou basihyal avec ses cornes styloï- 

34 


530 CH. DEBIERRE 


diennes et ses cornes thyroïdiennes. Seulement chez les animaux 
supérieurs le corps est concentré, alors que chez les Oiseaux il 
porte une queue, l’urohyal, composée de deux segments chez les 
Poissons, entohyal et urohyal. 

Ainsi l’hyoïde des Mammifères porte des cornes antérieures qui 
l'accrochent au crâne. Celles-ci grandissent avec l'allongement 
de la tête (Ruminants, Herbivores, Solipèdes). Il porte également 
des cornes postérieures qui forment, 
avec le corps, un fer à cheval ouvert 
en arrière, et qui servent à suspendre le 
larynx à l’hyoïde. Le corps ou basihyal 
est une base pour l'articulation de 
toutes ces pièces. Il s’allonge en apo- 
physe chez les Rongeurs, chez les 
Ruminants, mais surtout chez les So- 
lipèdes (fig. 25), chez lesquels la queue 
se compose de deux pièces. Cette dis- 
position mène aux Oiseaux, mais plus 
encore aux Poissons{1). Ainsi, quelques 
Mammifères nous présentent encoreun 
hyoïde composé de onze pièces: un 
basihyal, un urohyal (queue), un en- 
tohyal (intermédiaire), deux glos- 
sohyaux (cornes thyroïdiennes), deux 

Fig. 48. apohyaux,deux cératohyaux,deux styl- 

hyaux (fig. 25). Composées de deux ou 

trois pièces chez les jeunes sujets, les cornes thyroïdiennes ne le 
sont plus que d’un seul os chez les Mammifères adultes. 

Chez les Oiseaux, le stylhyala disparu, non pas qu'il soit anéanti, 
mais devenu par son entrée dans l'oreille moyenne « columella 
auris » (2), (étrier et sus-étrier correspondant à l’étrier et à l'en- 
clume des Mammifères), il a passé à d’autres usages : Les cornes 
antérieures de l’hyoïde abandonnées demeurent donc sans arti- 
culation à leur extrémité. Comme chez les Mammifères, ainsi que 
le remarque encore Geoffroy Saint-Hilaire, ces cornes sont com- 
posées de deux pièces. Ce sont donc bien des cornes homologues 
aux cornes antérieures de l'hyoïde des Mammifères. 


(1) Geoffroy Saint-Hilaire, Philos. anat., I, p. 145. 
(2) Et non pas devenu par son adjonction au tympan l'os carré ainsi que Geoffroy 
Saint-Hilaire l'a soutenu /Philos. anat. p. 150). 


SUR L'APPAREIL ITYOÏDIEN 31 


Chez les Mammifères, les cornes thyroïdiennes formaient un fer 
à cheval avec le corps pour centre, os dont Le principal objet est 
d'offrir un support et une base d'attache à la langue en avant, un 
centre de suspension en arrière pour l'arbre laryngo-bronchique. 
Ce plan est modifié chez les Oiseaux. Chez eux le corps de l’hyoïde 
s'allonge, il acquiert une queue composée de deux petits os résis- 
tants. C'est cette queue qui porte le larynx; c’est elle qui rem- 
place les cornes thyroïdiennes, ou plutôt cette queue n’est que 
les cornes thyroïdiennes rapprochées, concentrées et confondues, 
mais non pas devenues les glosso-hyaux ou le glossohyal (ento- 
glosse) ainsi que l’a dit à tort Geoffroy Saint-Hilaire dans sa Philo- 
sophie anatomique (1), opinion sur laquelle il est d’ailleurs lui- 
même revenu plus tard (2) en indiquant clairement que les 
entohyaux (lisez cette fois cornes thyroïdiennes) se sont rappro- 
chées l’une de l'autre en arrière et ont fini par se souder et se 
confondre sous le nom d’entohyal. 

Il nous a été facile de retrouver un basihyal, un entoglosse, des 
cornes styloïdiennes et thyroïdiennes, et même un urohyal dans 
l'hyoïde des Batraciens, et si chez la plupart des Reptiles, ce 
système est dégradé, il n’en est pas moins présent. A s’en tenir à 
l'appareil hyoïdien on pourrait émettre l’avis que la souche ou le 
phylum des Vertébrés s'étend en ligne droite des Poissons aux 
Mammifères, les Sauropsidés provenant d'un rameau collatéral. 

Ainsi, si nous récapitulons, nous trouvons l’hyoïde des Oiseaux 
composé d'un corps, basihyal, de deux cornes stylhoïdiennes 
formées l’une et l’autre d’un apohyal et d’un cératohyal; d’une 
queue, l'urohyal. L'homologie avec l’hyoïde des Mammifères est 
jusqu'alors complète. Si le stylhyal fait défaut, c'est qu'il est 
passé dans l'os carré; si l’urohyal manque chez le Pic, le Torcol, 
le Pélican, c'est par nécessité physiologique. En effet, chez ces 
Oiseaux, l'hyoïde est très étroit, cylindrique et les cornes styloï- 
diennes s’articulent l'une à côté de l’autre contre l'extrémité pos- 
térieure du corps. L'urohyal n'avait plus de place, il a disparu. 
D'autre part, sa disparition ‘était un besoin et a été un résultat 
heureux, car, délié du larynx, l’hyoïde a trouvé des mouvements 
étendus inconnus jusqu'alors et absolument nécessaires pour les 
mouvements de la langue de ces animaux. 


(1) I, p. 154-15b. 

(2 Geoffroy Saint-Hilaire, Obs. sur la concordance des parties de l’hyoide dans 
les quatre classes des Animaux vertébrés. Nouvelles annales du Muséum. I, p. 332, 
1832. 


532 CH. DEBIERRE 


Les homologies sont faciles à établir chez les Poissons. La chaine 
ou quille hyoïdienne (fig. 3) est composée d'avant en arrière d’un 
entoglosse ou os lingual, d’un basihyal, d’un entohyal et d’un 
urohyal qui supporte, non pas un larynx puisqu'il n’y en a pas, 
mais des os homologues aux cartilages du larynx (Geoffroy Saint- 
Hilaire). Leur rang et leurs connexions n’ont point varié. 

Les cornes antérieures de l’hyoïde des Sauropsidés et des Mam- 
mifères nous les retrouvons également sur l’'hyoïde des Poissons. 
Elles y sont même portées à leur maximum de développement et 
forment un « noyau où aboutissent et s'arc-boutent » l'appareil 
respiratoire et l’épisternal. Ces cornes, comme chez les Vertébrés 
supérieurs sont composées d’un apohyal, d’un cératohyal sur 
lequel vient s’articuler l’hyosternal, et d’un stylhyal qui accroche 
au crâne tout l'appareil hyoïdien et par contre-coup l'appareil 
sternal. Les homologues des cornes thyroïdiennes des Mammi- 
fères, des Oiseaux et des Reptiles nous les trouvons dans les arcs 
branchiaux, dans ces os que Geoffroy Saint-Hilaire a appelés 
pleuréaux, os concentrés en une seule paire chez les Mammifères 
et les Sauropsidés, nouvelle preuve que l'appareil hyoïde est bien 
un appareil icthyologique. 

Si chez les Oiseaux, l'appareil hyoïdien est devenu si grêle et 
si fragile, nous en trouvons l'explication dans la gracilité de la 
langue et la légèreté du larynx. Ces organes ne réclamaient plus 
aussi impérieusement l’appui d'un pivot osseux. En sorte, dit 
Geoffroy Saint-Hilaire, que l'appareil hyoïdien aurait pu être 
retranché de la machine ornithologique sans le moindre inconvé- 
nient. Ce n’est plus, pour nous servir de l'expression même du 
même auteur, qu'un « appareil rappelé ». 

Chez les Mammifères, la langue toute charnue et le larynx dé- 
veloppé ne pouvaient s’accommoder d’un «simple osselet en flèche 
comme dans les Oiseaux. » Aussi l’hyoïde devient-il un os solide 
en forme de fer à cheval placé transversalement « de manière à 
soutenir la langue d’un côté et à porter le larynx de l'autre ». 
Avons-nous affaire aux grands Mammifères, à la tête volumi- 
neuse et allongée, à la vaste cavité buccale et à la langue consi- 
dérable et pesante, nous voyons l’hyoïde acquérir de solides 
branches qui doublent l'arc maxillaire et fixent l'hyoïde au crâne 
de façon à ne pas le laisser entraîner par une langue lourde et 
puissante. Ainsi ont pris naissance le stylhyal des Ruminants, 
des Solipèdes et des Pachydermes (fig. 24, 25, 26, 33). 

Au contraire s'agit-il de Mammifères dont la langue soit peu 


SUR L'APPAREIL HYUIDIEN 533 


développée et pour lesquels il soit £indifférent que l’hyoïde reste 
engagé dans les chairs « cet effort de la nature ne leur sera pas 
prodigué. » Chaque chose semble retourner à sa souche primitive, 
l'apophyse styloïde au crâne; les cornes antérieures au corps de 
l’hyoïde (Geoffroy Saint-Hilaire). Tel est l'appareil chez l'Homme 
qui, comparé à l'hyoïde des Poissons, n’est plus qu'un hyoïde 
rudimentaire, sauf les cas d'anomalies réversives dans lesquels 
on peut revoir la chaine hyoïdienne tout entière (fig. 38), curio- 
sité anatomique de la première importance en philosophie natu- 
relle dont Sabatier (1) et Monro (2) avaient préparé l'explication 
lorsqu'ils disent, le premier que les cornes antérieures sont for- 
mées de plusieurs grains, le second lorsqu'il rapporte que parfois 
l’apophyse styloïde est composée de deux ou trois pièces, curio- 
sité anatomique dont Serres et Geoffroy Saint-Hilaire (3) ont 
donné l'explication grâce à un curieux cas d’anomalie de l’appa- 
Teil: 

En somme le basihyal, centre de l'édifice hyoïdien, est flanqué 
de quatre ailes : la paire de cornes styloïdiennes en avant, la 
paire de cornes thyroïdiennes en arrière; en avant il porte un 
appendice, l’entoglosse; en arrière une queue. Tel est le type 
complet de l'appareil hyoïdien et lorsque l’une ou plusieurs de 
ses pièces semblent manquer, l'analyse philosophique sait retrou- 
ver ou donner l'explication de leur atrophie ou de leur métamor- 
phose. Et si chez nombre de Mammifères l’entoglosse soudé au 
corps de l’hyoïde n’est plus là présent, le fibro-cartilage de la 
langue des Félins ou l'os lingual des grands Ruminants est là 
pour attester qu’il n’a point disparu. Chez l'Homme, lui-même, il 
a son représentant dans la lame fibreuse ou fibro-cartilagineuse 
étendue verticalement du basihyal à la base de la langue, ainsi 
que Blandin l'avait deviné. 

Nous sommes maintenant en mesure de dire, et ce sera notre 
conclusion : L'appareil hyoïdien est un dans la Série; ses varié- 
tés avec les embranchements, les classes ou les familles ne sont 
que le résultat d'adaptations multiples nées elles-mêmes sous 
l’action soutenue et séculaire de l'habitude et de la sélection na- 
turelle, fixées et transmises par l’hérédité. La preuve en est pé- 


(1) Sabatier, Traité d'Anatomie, I, p. 88. 

(2) Monro, Osteology, or Treatise on the Anatomy of the Bones. Édimbourg, 
1726. 

(3) Geoffroy Saint-Hilaire, Loc. cit., p. 177, 188. 


534 CH. DEBIERRE 


remptoirement donnée par les anomalies (atavisme) qui viennent 
en quelque sorte raconter l’histoire effacée et perdue de l'appareil, 
mettant ainsi au grand jour des parties fossilisées. 

L’hyoïde est donc essentiellement un organe de déglutition par 
son corps et son entoglosse, soit qu'en dilatant et resserrant la 
cavité buccale il y fasse entrer l'air (Batraciens, Reptiles), ou 
l’eau (Poissons) pour la respiration ou des aliments pour la nu- 
trition, soit qu'il serve de point d'appui ou de levier pour les 
mouvements de la langue. Par ses cornes thyroïdiennes enfin, 
l'hyoïde est un organe de respiration. 

Voilà pour l’hyoïde osseux (chaîne hyoïdienne), pouvons-nous 
en dire autant pour l'appareil musculaire hyoïdien? C'est ce que 
nous allons chercher maintenant à déterminer dans un dernier 
paragraphe. 


VI 


ANATOMIE COMPARATIVE DU SYSTÈME HYOÏDIEN MUSCULAIRE. 
LES HOMOLOGIES EXPLIQUÉES PAR LES ANOMALIES RÉVERSIVES. 


Chez l'Homme, l'arc hyoïdien donne attache à 13 muscles qui 
sont : le sterno-cleido-hyoïdien (corps de l’hyoïde), l’omo-hyoi- 
dien (corps), le thyro-hyoïdien (corps et grande corne), le digas- 
trique {corps et grande corne), le stylo-hyoïdien (corps et grande 
corne), le stylo-pharyngien (petite corne), le constricteur moyen 
(grande et petite cornes), le mylo-hyoïdien (corps), le génio-hyoï- 
dien (corps), le génio-glosse (corps), l'hyo-glosse (corps et grande 
corne) et les linguaux supérieur et inférieur (corps). Retrouvons- 
nous tous ces muscles sur l’hyoïde de tous les Animaux? 


A. RÉGION SOUS-HYOÏDIENNE OU MUSCLES HYOÏDIENS INFÉRIEURS. 


1° STERNO-CLEIDO-HYOÏDIENS. — Ce muscle est constant dans 
la série, depuis les Poissons jusqu'aux Mammifères. Ses homo- 
logies sont faciles à découvrir, malgré les variétés de ses inser- 
tions inférieures. Ainsi il sinsère seulement sur le sternum 
(sterno-hyoïidien) chez les Lémuriens (Milne-Edwards), le Fourmilier 
(Meckel) etla plupart des Édentés (Cuvier) ; sur la clavicule seule 
{cleido-hyoidien) chez les Chéloniens (Meckel); à la première côte 
{costo-hyoïidien) chez le Chien (Meckel), le Chat (Strauss-Durckeim). 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 535 


Mais ces insertions diverses n'ont-elles pas été trouvées anorma- 
lement chez l'Homme? Que sont-elles dès lors si ce n’est des 
anomalies réversives, un retour vers le passé, un souvenir des 
ancêtres ? Les anomalies du système musculaire fournissent ainsi 
de précieux documents à la doctrine de la descendance. 

Chez les Oiseaux, l'insertion inférieure du sterno-hyoïdien s’est 
déplacée, et il faut chercher son homologue dans le trachéo-hyoï- 
dien ; chez le Pangolin, le Fourmilier et le Dasypus, c'est l’inser- 
tion supérieure qui a subi cette anomalie. Le muscle passe direc- 
tement au-devant de l’hyoïde sans s’y attacher et se perd dans la 
langue (sterno-glosse de Cuvier). 

2 THYRO-HYOÏDIEN. — Ce muscle est représenté chez les Pois- 
sons par des hyo-branchiaux, chez le Caret (Chéloniens) par un 
œæsophago-hyoïdien et chez les Oiseaux par le trachéo et laryngo- 
hyoïdien. Cette homologie est évidente en ce qui concerne les 
Poissons, si l’on se rappelle que nous avons considéré les arcs 
branchifères comme des cornes thyroïdiennes. Chez les Sauriens, 
l’'homologue du thyro-hyoïdien des Mammifères est le cératoïdo- 
laryngien. Au demeurant le thyro-hyoïdien n’est que la continua- 
tion vers l’hyoïde du sterno-thyroïdien, ce qui le prouve c’est 
l'intersection aponévrotique qui les sépare (corde ligamenteuse 
thyroïdienne) et d'autre part qu'il n’est pas rare de voir, ainsi que 
le dit Sappey, quelques faisceaux du sterno-thyroïdien se conti- 
nuer avec ceux du thyro-hyoïdien. Ce n’est là qu'un muscle à 
deux ventres. Supprimez l'intersection aponévrotique et le sterno- 
thyroïdien devient un sterno-hyoïdien, disposition que d’ailleurs 
Pye-Smith, Howse et D. Colley (1) ont anormalement rencontrée 
chez l'Homme. 

3° OMO-HYOÏDIEN. — Ce muscle est représenté chez les Poissons 
par un muscle qui s'attache à la ceinture pectorale et se dirige 
vers la dernière copula {[urohyal). Il existe chez les Crocodiliens, 
et chez les Oiseaux il est représenté par les trachéo-hyoïdiens. 
Ce déplacement de l'extrémité inférieure du muscle ne saurait en 
effet détruire l’homologie. 

Qu'est en effet l’'homo-hyoïdien? Henle considérant l'intersec- 
tion aponévrotique de l’omoplato-hyoïdien comme une côte rudi- 
mentaire ne voyait dans son ventre antérieur qu'un sterno ou 
plutôt un costo-hyoïdien accessoire. Et en effet, l'omo-hyoïdien. 
mais l'omo-hyoïdien tout entier, est bien une dépendance du 


(L) Guy's Hospital Reports, 1870 


536 CH. DEÉBIERRE 


sterno-hyoïdien. Sterno-hyoïdien et omo-hyoïdien sont réunis 
en un seul muscle chez les Chéloniens, les Sauriens, le Phoque. 
L'existence d’un muscle unique sterno-cleido-omo-hyoïdien peut 
donc être à bon droit considéré comme la disposition primitive 
de la constitution anatomique des Vertébrés ainsi que l’a avancé 
Gegenbaur. Voici qui le prouve amplement. 

On a pu noter dans l'espèce humaine l'existence d’un sterno- 
cleido-hyoïdien surnuméraire situé en dehors du muscle princi- 
pal et le rejoignant plus ou moins haut (2 fois par Testut), et par- 
fois ce faisceau remplace (2 obs. dues à Testut, une autre à 
Schmidtmüller) l’'omo-hyoïdien, ce qui prouve que l’omo-hyoïdien 
et le sterno-hyoïdien ne sont que les restes d'un muscle unique 
qui à perdu ses faisceaux moyens (conservés nous venons de le 
voir par certains Reptiles et le Phoque). Ceux-ci reparaissent par 
anomalie réversive (atavisme) dans le sterno-hyoïdien acces- 
soire (portion claviculaire du sterno-hyoïdien , du Platydac- 
tylus, de l’Uromastixæ et du Phoque). Ce qui confirme encore 
cette hypothèse, c'est que l'omo-hyoïdien peut prendre des inser- 
tions anormales, aberrantes sur l’apophyse caracoïde (Macalister, 
Gruber, Hyrtl, Knott, Testut), sur la première côte (Hyrtl, Gru- 
ber, Wagner, Schwegel), la clavicule (Theile, Turner, Gegenbaur, 
Walsham, Testut, etc.), et même être remplacé par un cleido- 
hyoïdien (Petsche, Rosenmüller, Luschka, Hallet, etc.) et qu’enfin 
Gegenbaur a trouvé des fibres musculaires manifestes dans l’apo- 
névrose cervicale moyenne qui réunit le sterno-cleido-hyoïdien 
et l’omo-hyoïdien chez le nouveau-né. Cette aponévrose remplace 
donc dans le triangle omo-claviculaire, le muscle sterno-cleido- 
scapulo- hyoïdien dégradé chez l'Homme (1). 

L'’omo-hyoïdien étant primitivement un muscle fusionné avec 
le sterno-hyoïdien il est naturel de voir ce muscle se déplacer et 
prendre insertion sur les surfaces osseuses qui séparent le ster- 
num de l’omoplate. C’est ce qu'on voit chez le Mouton où il va 
s'insérer aux dernières vertèbres cervicales (cervico-hyoïidien). 
Son absence chez le Chat, le Chien, le Pécari, etc., s'observe 
anormalement chez l'Homme. 

De même que l’omo-hyoïdien peut manquer chez l'Homme dans 
certains cas, de même le sterno-hyoïdien peut faire défaut. C’est 
ce que nous avons observé sur une Femme adulte au mois de 


d) Voyez L. Testut, Les anomalies musculaires chez l'Homme expliquées par 
l'anatomie comparée, Paris 1884. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN Doi 


juin 1885 avec M. Pravaz, aide-d'anatomie à la Faculté de méde- 
cine de Lyon (1), anomalie qui doit être assez rare puisqu'elle 
n’est pas signalée dans le livre de Testut. Ainsile chef interne 
(sterno-hyoïdien) comme le chef externe (omo-hyoïdien) du sterno- 
cleido-omo-hyoïdien peut anormalement ne pas se développer 
chez l'Homme. 


B. RÉGION SUS-HYOÏDIENNE OU MUSCLES HYOÏDIENS SUPÉRIEURS. 


1° DiGAsTRIQUE. — Chez l'Homme et les Quadrumanes le digas- 
trique se fixe à l’hyoïde par une expansion tendineuse. Il en est 
de même sur une tête de cheval que nous avons sous les yeux. 
Il n’en est pas de même chez l'Orang (Owen, Sandifort, Bischoff, 
Testut), exception remarquable en myologie simienne, ni chez 
les Carnassiers (fig. 35), les Rongeurs, le Cochon, le Daman, 
etc., chez lesquels le digastrique est mono-gastrique et va direc- 
tement s'attacher au maxillaire inférieur un peu en avant de son 
angle. Cette disposition a été signalée chez l'Homme par Platner 
et Whinnie, curieux rapprochement à faire avec l’état normal des 
Animaux cités ci-dessus et avec l’'Orang en particulier. 

Dans certains cas on a observé (Haller, Sæmmering, Macalister) 
une réunion au-dessus de l’hyoïde des deux tendons intermé- 
diaires des deux digastriques de façon à former une arcade à 
laquelle était suspendu le corps de l’hyoïde. C'est la disposition 
anatomique signalée par Cuvier et Duvernoy sur le Simius pongo 
(Papion) et le Mandrill, par Carus (2) sur le Cercopitheus cyno- 
molqus. 

20 SryLo-HYoiDIEN. — Ce muscle est représenté chez les Batra- 
ciens (fig. 12). Chez les Oiseaux, il a pour homologue le serpi- 
hyoïdien, muscle qui rappelle l’hyo-angularis observé anormale- 
ment chez l'Homme (Macalister, Kelly}. Ce muscle peut se 
dédoubler. Chez le Cheval il se divise en trois chefs : en un séylo- 
hyoïdien proprement dit, en un occipito-hyoidien et en un kérato- 
hyoiden, ainsi que les appellent Chauveau et Arloing.Chez l'Homme 
il n’est pas rare de rencontrer deux hyo-styloïdiens du même côté. 
La Chauve-Souris en présente également deux, un stylo-hyoïdien 
et un stylo-atloïdien (Maisonneuve). Ce muscle n'existe pas chez 


(1) Cette pièce est déposée au Musée d'Anatomie de la Faculté de médecine de 
Lyon. 
(2) Carus, Anat comp., I, p. 383, 1835. 


538 CH. DEBIERRE 


le Paresseux (Cuvier), ni chez l'Éléphant (Watson), phénomène 
qu'on observe anormalement chez l'Homme 1 fois sur 200 sujets 
(Hallet). Il est vraisemblable que dans ces circonstances, le stylo- 
hyoïdien est fusionné avec le ventre postérieur du digastrique 
auquel il envoie assez souvent un faisceau,$et sur lequel il peut 
même se terminer (obs. de Wood). Il existe aussi chez le Phoque 
{(Cuvier et Perrin) et chez l’'Hyène (Cuvier et Laurillard), un occi- 
pito-hyoïdien comme chez les Solipèdes. Ce n’est là qu’un faisceau 
surnuméraire du digastrique. 

3° STYLO-GLOSSES. — Chez les Oiseaux, les stylo-glosses sont 
une dépendance du serpi-hyoïdien qui lui-même semble ne faire 
qu'un avec les fibres du mylo-hyoïdien. Chez les Mammifères, le 
stylo-glosse est facilement reconnaissable (Rongeurs, Ruminants, 
Solipèdes, Homme) bien que son insertion styloïdienne soit 
variable suivant la forme du stylhyal lui-même, naissant par con- 
séquent plus ou moins près de la base du cràne. Il est à peu de 
chose près le même chez tous, et existe chez les Poissons. 

4° STYLO-PHARYNGIENS. — Nous en dirons autant de ce muscle 
qui ne fait point défaut chez les différentes espèces et dont 
l’'homologie est facile à établir. Il est uni au stylo-hyoïdien chez 
l'Éléphant et semble être la continuation du stylo-mastoïdien chez 
le Paca (Cuvier), d’où son absence qu'on a pu observer chez 
l'Homme doit être considéré comme un retour vers un état pri- 
mitif. 

5° MyLo-HYoOÏiDIEN. — Chez toutes les espèces animales, il existe 
un mylo-hyoïdien, seulement chez les Batraciens et chez cer- 
tains Oiseaux ce muscle ne descend pas jusqu’à l'hyoïde. Ce n’est 
plus qu'un intermaxillaire jouant absolument le même rôle que 
chez les Mammifères, mais dont l'insertion inférieure s'est dé- 
placée, ou plutôt dont le chef postérieur ne s’est pas développé. 
En effet, le mylo-hyoïdien est composé de deux portions; une an- 
térieure intermandibulaire, une postérieure mandibulo-hyoïdienne 
ou mylo-hyoïdienne proprement dite. Or, cette disposition qui est 
normale chez certains Rongeurs (Bathyergus, Arctomys Meckel), 
l'Éléphant des Indes (Watson), chez plusieurs Reptiles(Grenouille), 
un grand nombre d'Oiseaux, le Perroquet (Cuvier), le Cygne (Du- 
vernoy) entr'’autres a été rencontrée anormalement chez l'Homme 
par Whinnie et Macalister (1). Chez la Sarigue et le Fourmilier, le 


(1) Macalister, Trans. of Roy. Irl. Acad., 1871. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 539 


mylo-hyoïdien n’atteint pas l’hyoïde (Cuvier); il est probable que 
chez eux le faisceau postérieur ne s’est pas développé. 

60 GÈNIO-HYOÏDIEN. — Ce muscle est constant dans la série, et 
lorsque les deux génio-hyoïdiens sont réunis en un muscle impair 
(Cétacés, Fourmilier) l'homologie n’en est pas plus difficile à éta- 
blir pour cela. En effet les connexions (insertions, direction et 
rapports) sont là pour nous renseigner, et d'autre part chez 
l'Homme les deux génio-hyoïdiens ne sont séparés que par un 
interstice celluleux. Que celui-ci disparaisse et nous aurons un 
muscle impair. C’est ce que Hallet, Theile, Macalister et Testut 
ont observé. C'est la disposition qu'on voit chez le Turbot. 

Macalister a trouvé dans certains cas des connexions intimes 
entre les génio-hyoïdiens de l'Homme et les génio-glosses et hyo- 
glosses. Cet état rappelle la disposition qu’on observe sur le Pan- 
golin (Meckel) et chez les Oiseaux ou génio-hyoïdiens et génio- 
glosses sont confondus. Toutes ces variétés trouvent donc leur 
explication dans l’anatomie comparée et la doctrine de la des- 
cendance en rend facilement compte. 

7° Hyo-GLosse. — Les hyo-glosses existent chez tous les Ani- 
maux qui ont une langue, c’est à dire chez presque tous les Ver- 
tébrés. Toutefois ils ne se prolongent pas toujours jusqu'à l’hyoïde 
à l’état de muscle. Assez souvent ils ne lui sont unis que par un 
tendon lamelleux. 

Tels sont les muscles hyoïdiens. 


En somme, l'appareil hyoïdien musculaire (muscle de l’hyoïde) 
est un dans la série; comme pour l'hyoïde osseux la nature n’a 
point changé de plan. Les variétés sont considérables, nous ne 
l’ignorons point, mais le principe des connexions et des analogies 
nous permet toujours de découvrir les ressemblances et les homo. 
logies cachées. L'adaptation crée la variété, l'hérédité la fixe et 
la transmet. Le cou s’allonge-t-il, nous voyons les cornes styloi- 
diennes très longues (Ruminants, Solipèdes, Oiseaux) et les 
muscles suivre le même mouvement. C’est ainsi que nous voyons 
les génio-hyoïdiens très développés dans les espèces à langue très 
protractile et à hyoïde mobile. L’entoglosse est en rapport avec la 
langue, il se développe d'autant plus que celle-ci est plus pesante 
et plus puissante; les cornes thyroïdiennes sont en rapport avec 
l'organe de la respiration, elles suivent dans leur développement 
le développement de l’arbre laryngo-bronchique lui-même. 

Le système musculaire se moule sur la forme même de la tête, 


540 CH. DEBIERRE 


du cou, sur l'emploi que l'animal fait de sa langue ou de son 
larynx. Telle est la formule des variétés. 

Les métamorphoses sont sous la dépendance de l'adaptation à 
de nouvelles conditions d’existence propagées par la sélection 
naturelle et transmises par l'hérédité et non point d'ordre supé- 
rieur ou divin. La théorie de l'espèce absolue et immuable a jus- 
tement sombré. En voyant la nature reproduire chez l'Homme un 
appareil hyoïdien de Ruminant ou de Carnassier, en la voyant 
reproduire des muscles simiens, bien mieux des muscles hyoïdiens 
de Rongeurs ou de Marsupiaux, ne voyons-nous pas du même 
coup s’écrouler l’autel sur lequel on a déifié l'Homme? Nous ren- 
controns chez l'Homme un stylhyal de Solipède, un muscle hyoï- 
dien de Vertébré inférieur, ne sommes-nous pas en droit de con- 
sidèrer cet os ou ce muscle anormal dans l’Espèce humaine, 
mais normal chez les Solipèdes ou les Vertèbres d'ordre inférieur, 
comme une des formes ancestrales des races humaines ? Toutes 
les anomalies observées chez l'Homme deviennent ainsi des dis- 
positions ancestrales que fait reparaître l’atavisme. Dans le même 
sens plaident les organes rudimentaires, les muscles de l'oreille 
entr'autres. Ce ne sont que des souvenirs ancestraux, des reliquats 
morphologiques dont la théorie de la descendance rend complè- 
tement compte (Hæckel). 

C’est ainsi qu'un muscle surnuméraire vient rétablir la chaîne 
sériale, affirmer la continuité des dispositions anatomiques bri- 
sées, de même que la sortie de terre de tout un monde zoologique 
disparu à permis à la Paléontologie de rétablir en partie l'échelle 
zoologique et les enchaïinements du monde animal. 

A ce point de vue l’Anatomie devient une science de premier 
ordre, et l'étude des organes représentatifs (anomalie réversive) et 
des arréts de développement rend inébranlable la conception de 
notre grand Lamarck. A ce point de vue encore, l'étude de l’appa- 
reil hyoïdien est d’une importance capitale. Les formes anor- 
males de l'hyoïde chez l'Homme nous ont reporté vers des formes 
ou ichthyologique ou quadrupède; l'étude de l'omo-hyoïdien nous 
a permis de descendre la Série des Primates (Homme) aux Reptiles, 
et d'accorder à l'Hoinme non pas un ancêtre simien, lesSinges ne 
sont que nos cousins germains, mais un Protovertébré inconnu, 
perdu dans la nuit des temps et que la science n’a encore pu 
qu'exhumer théoriquement. Ce n’est assurément pas en lisant nos 
livres d'anatomie que l’on pourrait se figurer trouver tant d'im- 
portance philosophique dans le modeste petit os quianom l'hyoïde. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 541 


EXPLICATION DES FIGURES 


Fig. 1. 
Crâne et squelette viscéral d'un Sélacien. 
oc. région occipitale; la, paroi du labyrinthe; ob, cavité orbitare; n, cavité 
nasale; {, cartilages labiaux; m, m' portion supérieure et portion inférieure de l’arc 


maxillaire. Hy, arc hyvoïdien avec /B) Copula ou basihyal. II, IV, V. VI, VII, VI, 
arcs branchiaux (Gegenbaur). 


Hren2e 
Hyoïide de Spatularia {Ganoïdes). 


Hy, arc hyoïdien. Br, rayons branchiostèges. op, operculum. M, mandibule. 
B, suspensorium. D, cartilage palato-quadrate. 


Fig. 3. 
Hyoide du Brochet vu de face. 
E. entoglosse ; «4, a, apohyaux ; B. basihyal ; en, entohyal ; w, urohyal; sf, chaîne 


styloïdienne avec ses deux segments (cératohyal) ; S, stylhyal; su, symplectique ; 
arc, arcs branchiaux; b, rayons branchiostèges. 


Fig. 4. 
Hyoïde du Brochet (Esox Lucius) vu de côté. 
E, entaglosse. B, basihyal. en, entohyal. w, urohyal. c, cératohyaux. cp, épister- 


nal. St, cornes stylohydiennes portant les rayons branchiostèges. S, stylohyal. 
Su, suspensorium. 


Fig. 5. 
Hyoïide de Perche. 


E, entoglosse ; sf, corne styloïdienne ; S, stylhyal ; c, carène ; arc, rayons bran- 
chiostèges ; Phs, os pharyngiens supérieurs. 


Fig. 6. 
Hyoïde de Morue {(Morrhua vulgaris) (R. Owen). 


E, entoglosse, B, basihyal. en, entonyal. w, urohyal. ap, apohyal. ce, cératohyal. 
st, stylhyal, R, rayons branchiostèges. 


Fig. 7. 


Arc paluto-quadrate, symplectique et hyo-mandibulaire du Brochet vus par la 
face interne. 


Art, articulaire. Mck, cartilage de Meckel. a. cartilage interposé entre l’hyo- 
mandibulaire /Hm) et le symplectique {Sy}. c, apophyse de l’hyo-mandibulaire 
avec Jequel s'articule l’'operculum. d, tête de l’hyo-mandibulaire qui s'articule avec 
le crâne. Hy, stylhyal. PE, palatin; Qu, os carré; Ecp, ectopterygoïdien; Ept, en- 
toptérygoïdien; Mpt, métaptérygoïdien. b, pédicule de l'arc ptérygo-palatin, 
(Huxley). 


542 CH. DEBIERRE 


Fig. 8. 
Hyoïde de Grenouille. 


B, Basihyal. St, cornes styloïdiennes. Th, cornes thyroïdiennes. La corne styloï- 
dienne est composée de 3 segments : d’un apohyal soudé avec le basihyal, d’un 
cératohyal et d’une dernière, le stylhyal. 

Fig. 9. 
Hyoïde de Batracien branchifère. 

A, vu de face. B, vu de côté. B, basihyal. St, corne styloïdienne. b, branchies. 
pr, capsule périotique. m, maxillaire inférieur (R. Owen). 

Fig. 10. 
Hyoïide de Tétard. 

B, Basihyal. S, cornes styloïdiennes. Th, cornes thyroïdiennes. b, rayons bran- 
chifères (Dugès). 

Fig. 11. 
Hyoide de Salamandre marbrée. 


B, basihyal. a, apohyal; c, cératohyal. st, stylhyal. £h, corne thyroïdienne. u, 
urohyal (osselet de Siebold). E, entoglosse ou lingual (Dugès). 


Fig. 12. 

1, mylo-hyoïdien ; 2, génio-hyoïdien ; 3, hyo-pubien ; 4, omo-hyoïdien ; 5, masto- 
hoïdien ; 6, stylo-hyoïdien ; B, basihyal: $S, corne stylohydienne; Th, corne thy- 
roïdienne ; o, omoplate; s. sternum ; sf, mandibule. 

Fig. 13. 
Hyoïde de Proteus anguinus (Cuvier). 


E, entoglosse. B, basihyal. t, cornes styloïdiennes. Th, cornes thyroïdiennes. 
b, rayons branchifères. 


Fig. 14. 
Hyoide de l'Emys Europea. 
B, basihyal. E, entoglosse, St, apophyse stylohyale. Th, branches thyroïdiennes. 
Fig. 15. 
Hyoïde de l'Emys (vu de coté). 


B, basihyal. E, entoglosse. Th, cornes thyroïdiennes. St, cornes styloïdiennes. 


Fig. 16. 
Hyoide de Testudo (grandeur naturelle). 
B, basihyal avec E, entoglosse et Th, corne thyroïdienne à l'état cartilagineux, 
S, stylhyal soudé à la mandibule M. 
Fig. 17. 
Hyoïide de Trionyx. 


E, entoglosse. B, basihyal avec ses différentes pièces. St, cornes styloïdiennes 
avec /c), cartilage diarthrodiaux. Th, cornes thyroïdiennes. 


SUR L'APPAREIL HYOÏDIEN 543 


Fig. 18. 
Hyoïide du Crocodile. 
B, basihyal; c, cératohyal; E, épihyal (R. Owen). 
Fig. 19. 
Hyoîide du Lézard gris. 
E, entohyal. B, basihyal, U, urohyaux. Th, cornes thyroïdiennes. St, cornes thy- 


roïdiennes avec fa) apohyal, {ec cératohyal et S, stylhyal. T, trachée-artère. 


Fig. 20. 
Hyoide du Lézard (vu de côté). 


B, basihyal. E, entohyal. w, urohyal. a, apohyal. ce, cératohyal. st, stylhohyal. 
Th, cornes thyroïdiennes (Cuvier). 


Fig. 21. 
Hyoide de Gecko. 


B, basihyal. E, entoglosse. À, apohyal. St, stylhyal. Th, cornes thyroïdiennes. 


Fig. 22. 
Hyoïide d'Igquane (Cuvier). 


E, entoglosse. B, basihyal. Q, queue de l'hyoïde. A, apophyal. Sf, corne styloï- 
dienne Th, cornes thyroïdiennes. 


Fig. 23. 
Hyoide d'Oiseau (Poule). 

B, basihyal. St, corne styloïdienne avec ses segments cérato et stylhyal. E, ento- 
glosse. Q, queue de l’hyoïde avec ses 2 pièces ento et urohyal. ms, muscles stylo- 
hyoïdiens. 

Fig. 24. 
Hyoïde de l’Ane (réduit de moitié). 
B, basihyal; E, entoglosse; Th, corne thyroïdienne; St. corne styloïdienne avec 


ses 3 segments, apohyal /a/, cératohyal /c/, et stylhyal /st) garni au sommet de 
son fibro-cartilage articulaire /c). 


Fig. 25. 
Os hyoïde du Cheval (vu de face). 
B, basihyal; g, glossohyal; a, apohyal; c, cératohyal; s, stylhyal; e, entohyai, 


u, urohyal. 


Fig. 26. 
Hyoïide du Cheval (réduit 2 fois 1/2, vu de côté). 


E, entoglosse; a, apohyal: c, cératoyal; st, stylhyal: d, cartilage diarthrodiaux ; 
Th, cornes thyroïdiennes. 


544 CH. DEBIERRE 


Fig. 27. 
Hyoïde d'Ovibos moschatus (vu de côté). 


B, hasihyal. E, entoglosse. Th, corne thyroïdienne. a, apohyal. c, cératohyal 
st, stylhyal. 
Fig. 28. 
Hyoïde du Cerf 


B, basihyal avec (E) entoglosse. Th, cornes thyroïdiennes. St, corne styloïdienne 
avec ses pièces apohyale /ap), cératohyale fc), stylhyale /st) et diarthrodiale car- 


tilagineuse /d). 1, 2, cartilages articulaires. 
Fig. 29. 
Hyoïde de Cervus canadensis (vu de côté). 

B, basihyal; Th, corne thyroïdienne. a, apohyal, c, cératohyal. st, stylhyal- 
t, fibro-cartilage articulaire. d, cartilage diarthrodial. 

Fig. 30. 
Hyoïde du Cervus canadensis (vu de face). 

B, basihyal. Th, cornes thyroïdiennes. a, apohyal. c, cératohyal. St, stylhyal. 
E, tubercule figurant l’entoglosse. 

Fig. 31. 
Hyoide du Mouton (vu de côté). 

B, basihyal. St, corne styloïdienne avec l’apohyal fa), le cératohyal fc) et le 
stylhyal (St. M, mâchoire inférieure. V, dernières vertèbres cervicales. 1, muscle 
cervico-hyoïdien (homologue de l’omo-hyoïdien) ; 2, sterno-hyoïdien ; 3, sterno-thy- 
roïdien. 4, chef commun. 

Fig. 32. 
Hyoïde du Lama (grandeur naturelle), 


1, ligne de soudure des cornes thyroïdiennes au basihyal encore bien visible. 
Fig. 33. 
Hyoide du Bœuf. 

B, basihyal avec (E) tubercule entoglosse. Th, cornes thyroïdiennes avec /ca) 
cartilages diarthradiaux. ap, apohyal. e, cératohyal. s£, stylhyal de la corne sty- 
loïdienne. d, d, fibro-cartilages articulaires. 

Fig. 34. 
Hyoide du Chat (Geoffroy Saint-Hilaire). 

B, basihyal avec /{l) en avant et détaché de lui, l'os lingual ou entoglosse. S4. 
cornes styloïdiennes avec ap) apohyal, {c) cératohyal, {st stylhyal et a) cartilage 
diarthrodial. 

Fig. 35. 
Hyoide du Chien (vu de côté). 


B, basihyal avec /L) os lingual proéminent dans l’hiatus retro-basihyal. St, chaînes 


SUR L'APPAREIL JIYOÏDIEN 545 


styloïdiennes avec leurs 3 segments nettement séparés et articulés à l’aide de fibro- 
cartilages /f). pr prolongement styloïdien du temporal. Th, cornes thyroïdiennes. 
d, muscle digastrique. 
Fig. 36. 
Hyoide du Hurleur noir du Brésil {Mycetes Caraya) (Grandeur naturelle). 


B, basihyal soufflé en une vaste poche. St, cornes styloïdiennes. Th, cornes 
thyroïdiennes bordant l'ouverture de la poche hyoïdienne 0}. 


Fig. 37. 
Appareil hyoidien ordinaire dans l'espèce humaine (Homme adulte). 

Ps, prolongement styloïdien du temporal; st, stylyhal: c, cératohyal (les deux 
forment ce que l'on connait en anatomie humaine sous le nom d’apophyse styloïde 
du temporal); L, ligament stylo-hyoïdien ; S. S, apohyal (petite corne de l’hyoïde 
de l'Homme) ; Th, Th, cornes thyroïdiennes ; B, basihyal; Thy, cartilage thyroïde. 


Fig. 38. 
Exemple d'hyoide anormal chez l'Homme (déposé au Musée d’Anatomie de la 
Faculté de Lyon). 


1, apophyse styloïde ou stylhyal. 2, cératohyal. 3. apohyal. 4, cornes thyroï- 
diennes. 5, tubercule représentant l’entoglosse. B, basihyal. 


Fig. 39. 
Appareil hyoïdien anormal. 


1, prolongement styloïdien du temporal. 2. articulation du stylhyal avec le pro- 
longement hyoïdien. 3, stylhyal. 4, articulation du stylhval et du cératohyal. 5, ce- 
ratohval. 6, ligament cérato-hyoïdien (stylo-hyoïdien des anatomistes). 7, apohyal 
(petite corne de l’hyoïde). 8, corne thyroïdienne (grande corne). 9, basihyal ou corps 
de l’hyoïde. 

Fig. 40. 
Muscles hyoidiens du Cheval. 

1, digastrique avec (M) son faisceau stylo-maxillaire. 2, stylo-hyoïdien ou stylo- 
kératoïdien. 3, occipito-styloïdien. 4, génio-hyoïdien. 5, mylo-hyoïdien. 6, trans- 
versal de l’hyoïde. 7, kérato-hyoïdien. 

Fig. 41. 
Os hyoïde de l'Homme et muscles hyoïdiens (vu de face). 

1, sterno-cleido-hyoïdien. 2, omo-hyoïdien. 3, stylo-hyoïdien. 4, génio-glosse.- 
5, génio-hyoïdien, 6, mylo-hyoïdien, 7, ligament stylo-hyoïdien. 

B, basihyal. Th, corne thyroïdienne: St, corne styloïdienne. 


Fig. 42. 
Hyoïde et larynx de l'Homme (vu de côté). 


B, basihyal. S, corne styloïdienne. T, corne thyroïdienne. Th, cartilage thyroïde. 
CT, corne du cartilage thyroïde. 
1; muscle thyro-hyoïdien. 2, hyo-glosse. 3, constricteur moven du pharynx. 
4, muscle lingual. 5, ligament thyro-hyoïdien; 6, sterno-hyoïdien. 
Sur ce sujet (femme adulte) il n’y a point de sterno-thyroïdien à droite. Déposé 
au Musée de la Faculté de Lyon. 
3) 


546 CH. DEBIERRE 
Fig. 43. 


Cräne de Brochet (vu de côté). 


op, opercule. Hm, hyomandibulaire. sop, sous-opercule. Ip, interopercule. Pro, 
préopercule. sy, symplectique. Mt, métaptérygoïdien. PI, os palatoptérygoïdien 
Qu, os quadrate ou carré. Ar, articulaire. an, angulaire. D, dentaire. sor, sous-orbi- 
taire. Pmx, prémaxillaire. Mx, maxillaire. pr, préfrontal. St, stylhyal avec (R). 
royons branchiostèges. arp, arc pectoral. 


Fig. 44. 
Diagramme du squelette du premier et du second arc viscéral (arcs mandibulaire 
et hyoïdien), 

A, Lézard. B, Téléostéen. C, Mammifère. 

Pc, capsule périotique. 1, arc mandibulaire. 2, arc hyoïdien. Qu, os quadrate ou 
carré. Ptg, ptérygoïde; Mpt, métaptérygoïde. Art, os articulaire; M, marteau. Mck, 
cartilage de Meckel. Ar. apophyse grêle de Raw /processus gracilis). Hm, hyoman- 
dibulaire. StH; stylhyal (apophyse styloïde des Mammifères). Hy, corne hyoïdienne. 
S. sus-étrier ou enclume. E. étrier. La flèche indique la première fente ‘branchiale 
(Huxley). 


Fig." 45. 
Ares maxillaire et hyoïdien chez un Squale (A), un Téléostéen (B), et l’Homine (C): 
(D'après Albrecht). 


B, base du crâne. 1, épimandibulaire du symplectico-mandibulaire. 2, hypoman- 
dibulaire. 6, ligament symplectico-mandibulaire où gnathostélien (1). Qu, os carré. 
3, épihyoide ligamentenx. 4, hypohyoïde. 5, ligament épimandibulo-hypohyoïde. 
(B) Mk, métamandibulaire et My, métahyoïde; 8, ligament symplectico ou malléo- 
mandibulaire. (C) V, arc mandibulaire. Y, arc hyoïdien. E, étrier. L, lenticulaire 
En, enclume et M, marteau. 8, ligament malléo-mandibulaire ; Hm (2) mandibule, 
Qu, os carré (ici zygoma). St, stylhyal au tympano-hyoïde. C, cératohyal ouëliga- 
ment stylo-hyoïdien (My). ap (4). apohyal. 


Fig. 46, 
Temporal du 40 au 50° jour 
1,1.1,les 3 points d'ossification du cercle tympanal. 2, point! épitympanique. 
3, le point squamosal. 4, le zygoma (Rambaud et Renault). 


Fig. 47. 
Temporal d'un fœtus de 6 mois. 
Ty, cadre ou os tympanal. SG, scissure de Glaser, reste du point de pénétration 
dans l'oreille moyenne du cartilage de Meckel. 3, zygoma. E, écaille du temporal. 


Fig. 48. 
Arcs maxillaire et hyoïdien et leurs dépendances dans l'oreille moyenne. 


pa, paroi de la caisse. ca, cavité de la caisse. Et, trier appuyé sur la fenêtre 
ovale. L, lenticulaire. E, enclume. M, marteau. R, apophyse grêle de Raw. En X, 
articulation malléo-incique qui sépare l'arc mandibulaire} de l'arc hyoïdien. Meck, 
cartilage de Meckel. ty, os tympanique. Eu. trompe d'Eustache ou canal tubo-tym- 
panique (fente branchiale hyo-mandibulaire). ArM, arc{mandibulaire. AHy, arc 
hyoïdien. 


LA RADE DE SMYRNE 


Par M. O. TERQUEM 
ET 


M. Edmond TERQUEM. 


Lieutenant de vaisseau. 


Dans ses pérégrinations, M. Edmond Terquem, lieutenant de 
vaisseau, eut l’occasion de faire une station à Smyrne; il en pro- 
fita pour pratiquer quelques sondages dans sa rade et obtenir 
ainsi plusieurs échantillons de marne retirés à environ 4 kilomètres 
du rivage et à 40 mètres environ de profondeur. 

L'examen de ces marnes à donné : 1° une série assez nom- 
breuse de Mollusques, généralement assez petite, que M. le mar- 
quis de Monterosato eut l’obligeance de déterminer ; 2° des Fora- 
minifères qui, relativement moins abondants que les Mollusques, 
n'ont rien présenté de particulier dans leur ensemble et ont pu 
être classés avec facilité; une seule espèce, une Rosaline, nous 
a paru nouvelle. 

Nous avons, en partie, pu suivre les déterminations établies 
par Brady pour les Foraminifères du Challenger et en partie, celles 
de d'Orbigny pour les Foraminifères tertiaires de Vienne (Antriche) 
ou vivants de l'Amérique méridionale. 

Brady (1) confond les Dendritines avec les Peneroplis, sans indi- 
quer dans la diagnose les motifs qui ont pu le déterminer à n’en 
faire qu'un seul genre. 

Le genre Dendritina, dans l’adulte, reste toujours spiral et ne 
se développe jamais en éventail comme les Peneroplis ; l'ouverture 
est toujours ramifiée, représentant une dendrite, tandis que dans 
l’autre genre, l'adulte est prolongé et irrégulier, plus ou moins 


(1) Challenger, p: 53. 


548 O. TERQUEM ET EDMOND TERQUEM 


flabelliforme ; les ouvertures sont nombreuses, éparses, disposées 
en lignes longitudinales. 

Dans notre étude des Foraminifères de l'Éocène parisien, nous 
nous sommes servi pour classer les nombreuses Rotalines, d’un 
moyen fort simple, leur forme résuitant de leur mode de station : 
1° quand la coquille était libre, les deux côtés sont égaux, déve- 
loppés ou aplatis; 2° quand la coquille était adhérente par le 
côté supérieur, celui-ci est déprimé ; 3° quand elle était attachée 
par la face inférieure, celle-ci est plate ou même concave, tandis 
que le côté opposé se montre développé. 

Ces divisions nous ont permis de ne conserver qu'un seul genre 
et de négliger les genres mal délimités : Pulvinulina, Discorbina, 
Gyroidina. 

Cependant tout en conservant les anciennes dénominations, 
nous avons cru devoir admettre les déterminations de Brady, 
pour les espèces nouvelles. 

A l'exception de deux espèces, Rotalina papillosa et Polystomella 
crispa, les Foraminifères ne sont présentés que par 1 ou 3 échan- 
tillons par espèces. 

Nous devons faire remarquer que le Pulvinulina punctulata, 
classé par Brady d’après le modèle en plâtre de d'Orbigny, en dif- 
fère par un caractère essentiel : d’après le dessin de Brady (p. 685, 
pl. cv, fig. 17), la coquille a le pourtour arrondi, tandis que chez 
d'Orbigny, ce pourtour est anguleux, presque aigu. Il y a donc 
lieu, en cette circonstance, de reconnaître deux espèces distinctes. 

La rade de Smyrne n’a pas donné traces d’Ostracodes qui man- 
quent complètement. 


LISTE DES MOLLUSQUES DÉTERMINÉS PAR H. DE MONTEROSATO. 


Gastrochena dubia Pennant. Corbula gibba Olivi. 
Saxicava arctica Linné. Modiolaria marmorata Forbes. 
Teilina nitida Pol. Circe minima Montagu. 
—  dislorta Poli. Cardita aculeata Poli. 
Artemis lupinus Poli. Cardium echinalum Linné. 
Venus gallina Linné. Pecten flexuosus Pol. 
Nucula nitida Sowerby. Chama gryphoides Linné. 
Leda pulla Linné. Ostrea edulis Linné. 
Arca lactea Linné. Odostomia acuta Xeffreys. 
Aœinus fleruosus Montagu. — {Pyrqulina) interstincta Mon- 


Montacuta bidentata Montagu. tagu. 


LA RADE DE SMYRNE 


Odostomia ( Eulimella) Pointelide Folin.. 
— (Eulimella) acicula Philipp. 
— (Turbanilla)  elegantissima 
Montagu. 

— (Turbanilla) delicata Mon- 
terosato. 

— conoidea Brocchi. 

— (Auriculina) elegans Monte- 
rosato. 

Scalaria clathratula Montagu. 

Adeorbis imperspicuus Monterosato. 

Acteon tornatilis Linné. 

Natica macilenta Philippi. 

Eulima subulata Danovan. 

Philine Monterosati Jeffreys. 

Cylichna cylindracea Montagu. 

—  nilidula Loven. 
—  slrigella Loven. 
—  nitida Jeffreys. 

Rissoa pulchella Philippi. 


549 


Rissoa vitrea Montagu. 

Chenopus pespelicani Linné. 
Pleurotoma (Raphiloma) brachystoma 
Philippi. 

— (Mangelia) rugulosa Phi- 
lippi. 
Nassa pygmeæea Lamarck. 
Utriculus minutissimus Martin. 
Ringicula Terquemi Morlet. 
Trophon Brocchii Monterosato. 
Turritella communis Risso. 
Cerithium pusillum Jeffreys. 
Cerithiopsis scalaris Monterosato. 
Triforis perversa Linné. 
Calyptrea chinensis Linné. 
Cœcum trachea Montagu. 
Dentalium entalis Linné. 
Spirorbis vulguris Linné. 
Plaques d'Ophiures. 
Spicules de Gorgones. 


FORAMINIFÈRES DE LA RADE DE SMYRNE 


Orbulina universa d'Orb. 
Lagena striata d'Orb. sp. 
—  semistriata Will. 

— vulgaris d'Orb. sp. 
Spirillina perforata Schul. 
Polystomella crispa Linné. 

— macella Fich. et Moll. 

—  umbilicatula Walk. 

— arctiea R. et Jon. 
Haplophragmium canariense d'Orb. sp. 
Nonionina depressula Walk. 

—  elegans Will. 

— _ stelligera d'Orb. 
Dendritina Hauerii d'Orb. 

— Juleana d'Orb. 
— elegans d’Orb. 
Rotalina papillosa Brady. 
var. depressula Bradv. 


Rotalina turgida Will. 

—  Soldanii d'Orb. 

—  Haidingeri d'Orb. 

—  mamilla Will. 

—  venusta Brady. 

—  Beccarii Linné. 
Trumcatulina variabilis d'Orb. 
Planorbulina vulgaris d'Orb. 
Discorbina eximia Hunt Rew. 
Pulvinulina punclulata Brady {non 

d'Orb.) 
Globigerima bulloides d'Orb. 
Rosalina simplex d'Orb. 

— _ globularis d’'Orb. 

—  lateralis Terq. 

—  rugosa d'Orb. 

—  vitrea Terq., nova species. 

Coquille orbiculaire, lisse, brillante, 


* 


0 O. 


© 


vitreuse, perforée sur toute sa surfa ce, 
légèrement convexe en dessus ; for- 
mée de trois tours de spire, le pre- 


mier à 6 loges sphériques, le second 
tour de 5 loges quadrangulaires, le 
dernier de 5 loges renflées, arrondies 
sur le pourtour; un peu concave en 
dessous, formée d’un tour de spire 
à à loges déprimées, triangulaires, 
avec quelques papilles dans le centre ; 


TERQUEM ET EDMOND TERQUEM 


vue de côté, coquilles très comprimée 
et étroite. 

Dimensions : haut., 0,60"; larg., 
0,80mm; épais., 0,48": grossi 30 
fois. 

Sagrina striata Schwag. 
Bulimina fusiformis Will. 

elegans d'Orb. 

aculeata d'Orb. 
Textilaria gramen d'Orb. 
agglutinans d'Orb. 
Virgulina subsquamosa Egger. 
Vernueilina spinulosa Reus. 
Bolivina punclata d’Orb. 
Spiroloculina limbata d'Orb. 
Quinqueloculina oblonga Mont. sp. 
Hauerina d’Orb. 
crassicosta Terq. 
triangularis d’Orb. 
Buchianr d'Orb. 
longirostra d'Orb. 


— 


ÉCHINIDES NOUVEAUX 


OU PEU CONNUS 


Par G. COTTEAU 


4° article. 


37. MICROPSIS PETROCORIENSIS Arnaud, 1885. 
PI Ge 427. 


Micropsis petrocoriensis Arnaud, ex litteris, 1885. 

Espèce de petite taille, circulaire, renflée, hémisphérique en 
dessus, arrondie sur les bords, presque plane en dessous. Zones 
porifères droites, légèrement déprimées, formées de pores simples, 
petits, rapprochés les uns des autres, un peu irrégulièrement 
disposés, offrant à la face inférieure et vers l’ambitus une ten- 
dance à se grouper par triples paires, se multipliant autour du 
péristome. Aires ambulacraires aiguës près du sommet, s’élargis- 
sant à la face supérieure et conservant la même largeur presque 
partout, se rétrécissant de nouveau aux approches du péristome, 
garnies de deux rangées très régulières de petits tubercules fine- 
ment crénelés, assez fortement mamelonnés, imperforés, serrés, 
placés très près des zones porifères, augmentant sensiblement de 
volume à la face inférieure, au nombre de dix-huit ou dix-neuf 
par rangée. A la face supérieure, ces tubercules sont espacés et 
deviennent alternes près de l'appareil apical. Granules intermé- 
diaires très nombreux, de petite taille, homogènes, pressés les 
uns contre les autres, occupant tout l’espace laissé libre par les 
tubercules. Aires interambulacraires bien développées, pourvues 
de deux rangées de tubercules de même nature et de même taille 
que ceux qui garnissent les aires ambulacraires, peut-être un 
peu plus développés et plus sensiblement scrobiculés à la face 
supérieure, augmentant comme eux sensiblement de volume vers 
l’'ambitus et à la face inférieure. Pas de tubercules secondaires. 
Granules intermédiaires identiques à ceux des aires ambula- 
craires, remplissantitoute la zone miliaire et l’espace relative- 


592 G. COTTEAU 


ment large laissé libre entre les zones porifères et les rangées de 
tubercules. Sur le bord externe des aires interambulacraires, se 
montrent, à la face inférieure, remontant jusqu'à l’ambitus, une 
série de granules un peu plus gros que les autres, serrés et for- 
mant bourrelet. Péristome étroit, circulaire, légèrement enfoncé, 
marqué de petites entailles relevées sur les bords. Périprocte 
irrégulier, subcirculaire, un peu rejeté en arrière. Appareil apical 
médiocrement étendu, très granuleux; plaques génitales penta- 
gonales, perforées près du bord, inégales, les antérieures plus 
grandes que les autres ; plaque madréporiforme très apparente et 
bombée; plaques ocellaires petites, subtriangulaires; les trois 
antérieures sont intercalées à l'angle des plaques génitales; les 
deux plaques postérieures aboutissent directement sur le péri- 
procte. 

Hauteur, 92*1/2; diamètre, 16°". 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette jolie espèce ne saurait être 
confondue avec aucune de celles que nous connaissons ; elle se 
distingue nettement de ses congénères par sa taille peu dévelop- 
pée, par la disposition de ses tubercules augmentant de volume 
à la face inférieure, par l'absence complète de tubercules secon- 
daires et surtout par la présence, sur toute la surface du test, de 
granules fins, serrés, homogènes. Cette disposition des tubercules 
et des granules donne, au premier aspect, à cette espèce une 
cerlaine ressemblance avec l’Echinopsis elegans, du terrain num- 
mulitique, mais cette dernière espèce appartient à un autre genre 
et sera toujours facilement reconnaissable à ses tubercules per- 
forés et n’augmentant pas de volume à la face inférieure, à ses 
granules intermédiaires moins serrés et moins homogènes. 

LOCALITÉ. — Vaux près Montignac-la-Chapelle (Dordogne). 
Très rare. Etage sénonien. 

Collection Arnaud. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XII, fig. 1, Micropsis petrocoriensis, vu de côté; 
lig. 2, face supérieure; fig. 3, face inférieure; fig. 4, aire ambulacraire grossie: 
fig. 5, aire interambulacraire grossie; fig. 6, tubercule interambulacraire grossi; 
fig. 7, appareil apical grossi. 


33. CYPHOSOMA CRo1zIERI Cotteau, 1885. 
PI. XII, fig. 8-13. 


Espèce de très petite taille, circulaire, médiocrement renflée 
en dessus, arrondie sur les bords, presque plane en dessous. 


ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS Da 


Zones porifères à fleur de test, presque droites, formées de pores 
simples, petits, séparés par un léger renflement granuliforme, 
disposés par paires transverses un peu espacées, tendant à se 
multiplier près du péristome. Aires ambulacraires aiguës près du 
sommet, s’élargissant au fur et à mesure qu’elles se rapprochent 
de l’ambitus, garnies de deux rangées de tubercules saillants, fine- 
ment crenelés, assez fortement mamelonnés, imperforés, espacés 
et alternes à la face supérieure, un peu plus serrés en se rappro- 
chant du péristome, au nombre de sept ou huit par série, dimi- 
nuant de volume vers la base ou près du sommet. Granules inter- 
médiaires épars, peu abondants. Aires interambulacraires larges, 
pourvues de deux rangées de tubercules, de même nature que 
les tubercules ambulacraires, un peu plus gros cependant et plus 
nettement scrobiculés à la face supérieure et vers l’ambitus. Gra- 
nules intermédiaires identiques à ceux des aires ambulacraires, 
plus nombreux et disposés autour des scrobicules en cercles plus 
réguliers. Pas de tubercules secondaires. Péristome circulaire, 
un peu enfoncé, marqué de très légères entailles. Periprocte ar- 
rondi, un peu excentrique en arrière. Appareil apical solide, sail- 
lant, granuleux; plaques génitales subpentagonales, perforées 
près du bord, inégales, les deux antérieures beaucoup plus grandes 
que les autres; plaques ocellaires subtriangulaires, intercalées à 
l'angle des plaques génitales à l'exception de la plaque ocellaire 
postérieure de droite qui aboutit directement sur le périprocte. 

Hauteur, 4%m1/2 ; diamètre, 9m] /2. 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Nous plaçons cette petite espèce 
dans le genre Cyphosoma, dont elle présente les caractères essen- 
tiels. Ce n’est cependant pas sans hésitation que nous établissons 
ce rapprochement, car le C. Croisieri s'éloigne des espèces du 
genre, par sa forme générale, par son appareil apical solide et 
bombé, et devra former une section particulière. Sa physionomie 
rappelle, au premier aspect, les individus jeunes du Pseudodia- 
dema florescens de l'étage corallien, mais elle s’en distingue très 
nettement par ses tubercules ambulacraires et interambulacraires 
plus homogènes et toujours imperforés. 

LOCALITÉ. — Mortagne-sur-Gironde (Charente-Inférieure). Très 
rare. Sénonien (Campanien). 

Collection Armand (M. Croizier). 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XII, fig. 8, C. Croizieri, vu de côté; fig. 9, face 


supérieure ; fig. 10, face inférieure ; fig. 11, aire ambulacraire grossie; fig. 12, aire 
interambulacraire grossie; fig. 13, appareil apical grossi. 


5ÿ4 G. COTTEAU 


39. GONIOPYGUS ROYANUS d’Archiac, 1851. 
PLIXTE "he TAPIE 


Nous ne reviendrons pas sur les caractères du G. royanus, 
espèce bien connue et que nous avons décrite et figurée avec 
tous les détails nécessaires dans la Paléontologie française; seule- 
ment nous ne connaissions pas les radioles de cette espèce. 
M. Arnaud vient de combler cette lacune en nous communiquant 
une série de radioles qui ont tous les caractères des radioles de 
Goniopygus, et qui, rencontrés associés sinon adhérents au 
G. royanus, appartiennent bien certainemont à cette espèce, la 
seule qu'on trouve dans cette localité. 

Radiole allongé, de taille assez forte, cylindrique, subacuminé 
au sommet, garni sur toute la tige de petites côtes granuleuses 
plus ou moins saillantes et dont quelques-unes deviennent pres- 
que lisses aux approches du sommet. Entre les côtes granuleuses 
principales, s’en montrent souvent quelques autres plus atté- 
nuées et disparaissant avant d'arriver au sommet. La base de la 
tige, bien qu’un peu moins forte, conserve à peu près la même 
épaisseur ; la collerette est nulle et les côtes granuleuses descen- 
dent jusqu'au bouton qui est peu développé, muni d'un anneau 
saillant et d’une facette articulaire non crénelée. 

Longueur du radiole, 12""1/2; épaisseur, 3m, 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Les radioles du Gon.royanus, tout 
en présentant les caractères propres aux radioles de Goniopygus, 
se distinguent nettement de toutes les espèces que nous connais- 
sons, par leur tige plus allongée, moins trapue, garnie de côtes 
très finement granuleuses, devenant un peu lisses et subcarénées 
seulement aux approches du sommet. 

Locairé. .— Courgeon-Beauvais (Charente). Commun. Séno- 
nien. 

Collection Arnaud ; ma collection. 


EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XII, fig. 14, radiole du G. royanus, de la collect. 
de M. Arnaud; fig. 15, le même grossi. 


40. Ciparis MourGurt Cotteau, 1885. 
PI. XII, fig, 16-6717: 


Cidaris clavimorus (pars) Quenstedt, Petrefactenkunde  Deuts- 
chlands Echin., p. 189, pl. LxvIn, fig. 49- 
50, 1875. 


ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS 555 


Cidaris clavimorus Kraas, Aus dem Orient geolog. Beobachtungen 
am Libanon, p. 30, 1878. 

Test inconnu. 

Radiole allongé, subcylindrique, un peu acuminé au sommet, 
augmentant légèrement de volume, en se rapprochant de la base, 
brusquement tronqué au dessus de la collerette, garni sur toute 
la tige de granules saillants, allongés, comprimés, égaux, espacés, 
unis le plus souvent par de petites côtes longitudinales, tantôt 
formant des séries assez régulières, tantôt disséminés au hasard. 
L'intervalle qui sépare les granules est couvert de petites verrues 
homogènes; la collerette et le bouton ne sont conservés dans 
aucun des exemplaires que nous connaissons. 

Longueur du radiole, 33""?;: épaisseur vers la base, 9m, 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Un radiole appartenant au Cid. 
Mourguei a déjà été figuré par M. Fraas, mais l’exemplaire que 
nous a communiqué M. Gauthier est plus complet et mieux con- 
servé et nous avons cru devoir le décrire et le faire figurer à 
nouveau. C'est à tort, suivant nous, que M. Fraas a réuni cette 
espèce au Cid. clavimora de Quenstedt. Ce dernier radiole, très 
voisin des radioles du Cid. gibberula avec lequel on serait tenté 
de le confondre, diffère de l'espèce que nous décrivons par sa 
forme plus régulièrement cylindrique, moins acuminée, par ses 
granules moins allongés, moins saillants, moins comprimés, plus 
serrés, ne paraissant pas accompagnés de petites verrues chagri- 
nées. Les radioles du Cid. Mourguei se rapprochent par leur taille, 
leur forme, leur physionomie générale, de certains radioles du 
Cid. Ramondi; ils s’en éloignent par leurs granules plus gros, 
plus allongés, plus espacés et moins nombreux; ce sont deux 
types bien distincts. Nous {dédions cette nouvelle espèce à 
M. Mourgue, filateur àfAin Hamade, qui l’a procuré à M. Gau- 
there 

LocaLiTÉ. — Ain Hamade (Anti Liban). Rare. Étage cénomanien. 

Collections Gauthier, Fraas. 


EXPLICATION DES FIGURES. — Pl. XII, fig. 16, radiole du Cid. Mourguei; fig. 17, 
fragment grossi. 


Associés à cette espèce, se rencontrent un grand nombre de 
radioles glandiformes que nous rapportons au C. glandaria. Les 
types principaux sont parfaitement figurés dans l'ouvrage de 
M. Fraas, et remarquables par leur forme renflée, obtuse ou acu- 
minée au sommet, par leur tige se rétrécissant brusquement à la 


556 G. COTTEAU 


base, garnie de côtes longitudinales sranuleuses et régulières, 
par leur bouton épais et leur collerette très courte. Parmi les ra- 
dioles de M. Gauthier, nous avons à signaler quelques variétés 
intéressantes : l’une d'elle, fortement renflée et glandiforme, est 
couverte de côtes granuleuses très fines, très serrées, homo- 
gènes et régulières, descendant, en s’atténuant, jusqu'à la colle- 
rette ; la base de la tige est grêle et étroite; la collerette très 
courte et le bouton peu épais. Une autre variété est subcylin- 
drique, à peine renflée, subtronquée au sommet, munie de côtes 
crauuleuses, saillantes, comprimées, peu nombreuses, espacées. 
Ces variétés se réunissent au véritable C. glandaria par des échan- 
tillons intermédiaires et ne sauraient être séparées du type. 


41. HEMICIDARIS CRENULARIS Agassiz. 
PLERIE Hors: 


M. Rollier a recueilli dans l'étage corallien de Besançon un 
radiole tout à fait étrange et pour lequel, au premier abord, nous 
n'avons pas hésité à établir une espèce nouvelle. Un examen 
plus approndi nous à fait penser qu'il devait appartenir à l’Hemi- 
cidaris crenularis, dont les radioles sont parfois si bizarres. II est 
très gros, renflé, épais, glandiforme ; sa tige, arrondie au sommet, 
est couverte à sa partie supérieure de granules saillants, mégaux, 
épars. Vers le milieu de la tige, ces granules disparaissent brus- 
quement et sont remplacés par une surface paraissant lisse, mais 
en réalité garnie probablement de stries fines et longitudinales. 
La collerette et le bouton ne sont pas conservés. Tout incomplet 
qu'il soit, ce radiole ne mesure pas moins de 50"" de longueur, 
et son épaisseur est de 30 millimètres. Il se distingue des autres 
radioles d'/Z. crenularis par sa taille énorme, par son aspect glandi- 
forme et surtout par sa tige en partie lisse, en partie recouverte de 
sranules ; cependant, chez quelques radioles d’Z7. crenularis, no- 
tamment dans l’exemplaire que nous avons figuré (Paléontologie 
française, pl. ccLxxxvin, fig. 6,10 et 11), nous voyons, à la partie su- 
périeure de latige, se montrerquelquesgranules saillants, épineux, 
épars qui contrastent avec l'aspect lisse du surplus de la tige et 
rappellent certainement les granules de notre gros radiole. Aussi 
croyons-nous devoir, quant à présent, malgré sa forme extraor- 
dinaire, le rapporter à la même espèce. Quoi qu'il en soit, c'estun 
spécimen curieux et qu'il nous à paru utile de faire connaître. 


ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS 557 


LOGALITÉ. — Besançon (Doubs). Étage corallien. 
Collection Rollier. 


EXPLICATION DES FIGURES — PI. XII, fig. 18, radiole de l’H. crenularis. 


42. SALENIA FRAASI Cotteau, 1885. 
ELAXI US" 15: 


Salenia petalifera Fraas (non Agassiz), Aus dem Orient geolog. 
Beobachtungen am Libanon, p. 31, pl. n, fig. 4 
et 4, 1878. 

Espèce de petite taille, circulaire, peu élevée, arrondie sur les 
bords, plus ou moins bombée en dessus, presque plane en dessous. 
Zones porifères légèrement onduleuses, à fleur de test, formées 
de petits pores serrés, disposés obliquement, séparés par un ren- 
flement granuliforme et ne paraissant pas se multiplier près du 
péristome. Aires ambulacraires très étroites, peu flexueuses, 
saillantes, garnies de deux rangées de petits granules très serrés, 
mamelonnés, au nombre de seize ou dix-sept par série. Ces ran- 
gées sont très rapprochées et laissent à peine la place à quelques 
verrues fines et inégales, apparentes surtout vers la base. Aires 
interambulacraires bien développées. Tubercules très gros, sail- 
lants, crénelés, imperforés, au nombre de quatre ou cinq par 
série; un ou deux seulement par rangée sont très largement scro- 
biculés ; les autres sont beaucoup plus petits. Granules intermé- 
diaires mamelonnés, peu abondants, inégaux, disposés en cercles 
plus ou moins complets autour des scrobicules. Zone miliaire 
très étroite, très sinueuse, comprenant seulement les granules 
scrobiculaires auxquels se mêlent çà et là quelques petites ver- 
rues fines et éparses. Péristome assez grand, subcirculaire, à 
fleur de test, marqué de petites entailles relevées sur les bords. 
Les lèvres ambulacraires sont comme toujours beaucoup plus 
larges que celles qui correspondent aux aires interambulacraires. 
Périprocte subcirculaire, un peu renflé sur les bords. Appareil 
apical légèrement bombé, arrondi, marqué d’impressions peu 
nombreuses, mais larges et profondes; plaques génitales allon- 
gées, subpentagonales; plaque madréporiforme munie d’une dé- 
chirure apparente; plaques ocellaires petites et subtriangulaires. 

Hauteur, 6"";: diamètre, 10". 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce a été rapportée par 
M. Fraas au Salenia petalifera, mais ce rapprochement ne saurait 


5)S G, COTTEAU 


être maintenu, car nos exemplaires, de même que les figures don- 
nées par M. Fraas, s’éloignent du S. petalifera par plusieurs carac- 
tères essentiels, notamment par la structure des aires ambula- 
craires très étroites et ne laissant la place qu'à un très petit 
nombre de verrues. La taille du S. petalifera est beaucoup plus 
forte et plus élevée; ses aires ambulacraires, très granuleuses au : 
milieu, sont beaucoup plus larges ; ses aires interambulacraires 
sont garnies de tubercules plus nombreux, séparés au milieu par 
une zone miliaire plus développée, plus droite et beaucoup plus 
granuleuse. Notre espèce se rapproche davantage du S$S. scutigera, 
qu'on rencontre au même horizon; elle nous à paru cependant 
s'en distinguer d’une manière positive par sa forme moins élevée 
par ses aires ambulacraires plus resserrées, par la zone miliaire 
qui sépare les tubercules interambulacraires beaucoup plus 
étroite, plus sinueuse et presqu'entièrement dépourvue de ver- 
rues intermédiaires, assez abondantes chez le S. scufigera; ce sont 
deux types voisins, mais que nous considérons comme distincts. 

LocazirÉé. — Bect Chebab (Liban). Assez commun. Étage céno- 
manien. 

Muséum de Paris (collection d’Orbigny) (M. Goybet). Musée de 
Stuttgart (Württemberg), M. Fraas. 


EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XIII, fig. 1. S. Fraasi, vu de côté; fig. 2, face 
supérieure; fig. 3, face inférieure; fig. 4, aire ambulacraire grossie; fig. 5, aire 
interambulacraire grossie. 


43. ECHINOBRISSUS GoyBEeTI Cotteau, 1885. 
PI. XIIL, fig. 6-10. 


Espèce de petite taille plus ou moins allongée, arrondie et un 
peu rétrécie en avant, légèrement dilatée et tronquée en ar- 
rière. Face supérieure uniformément bombée, obliquement déclive 
en arrière. Face inférieure presque plane, pulvinée sur les bords, 
concave au milieu, sommel ambulacraire presque central, un peu 
rejeté en avant. Aires ambulacraires superficielles, pétaloïdes, 
inégales, les deux aires postérieures un peu plus longues que les 
autres, ouvertes, mais se rétrécissant à l'extrémité. Zones pori- 
fères étroites, composées de pores inégaux, les internes arrondis, 
les externes obliques et virgulaires. Tubercules fins, serrés, scro- 
biculés, partout identiques, cependant un peu plus développés et 
plus espacés aux approches du péristome, laissant à la face infé- 


ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS 59 


rieure, au milieu de l'aire interambulacraire, impaire une zone 
dépourvue de tubercules, finement granuleuse et vaguement cir- 
conscrite. Péristome pentagonal, granuleux sur les bords, entouré 
d’un floscelle apparent, s'ouvrant dans une dépression sensible 
de la face inférieure. Périprocte plus rapproché de l’appareil api- 
cal que du bord postérieur, placé dans un sillon profond, arrondi 
à sa partie supérieure, caréné sur les bords, s'évasant et s’atté- 
nuant en se rapprochant de l’ambitus qui reste intact. Appareil 
apical subcompacte ; quatre pores génitaux très visibles, les deux 
antérieurs plus rapprochés que les autres; plaque madrépori- 
forme allongée, pénétrant jusqu'au centre de l'appareil, mais 
laissant se toucher par le côté les deux plaques ocellaires posté- 
rieures. 

Hauteur,'6""; diamètre antéro-postérieur, 12"®; diamètre trans- 
versal, nm 

RAPPORTS ET DIFFÉRENGES. — Cette petite espèce, bien qu'elle ne 
présente aucun caractère saillant, nous a paru se séparer de 
tous les autres Æchinobrissus; elle sera toujours reconnaissable 
à sa petite taille, à sa face supérieure régulièrement bombée, dé- 
clive et tronquée en arrière, à sa face inférieure concave, à la 
structure de ses aires ambulacraires très nettement pétaloïdes, 
à la position de son périprocte, au floscelle qui entoure le péris- 
tome. 

LocaLiré. — Bect Chebab (Liban). Assez commun. Étage céno- 
manien. 

Muséum de Paris (coll. d'Orbigny) (M. Goybet). 

EXPLICATION DES FIGURES -— PI. XIIL, fig. 6, Echinob. Goybeti, vu de côté; fig. 7, 
face supérieure; fig. 8, face inférieure ; fig. 9. appareil apical grossi ; fig. 10, péris- 
tome grossi. 


44. ECHINOCARDIUM TUBERCULATUM Gauthier, 1885. 
PI. XIII, fig. 11-14. 


Espèce de taille moyenne, cordiforme, fortement échancrée en 
avant, acuminée en arrière. Face supérieure haute, renflée. Face 
inférieure presque plane, déprimée en avant du péristome. Som- 
met ambulacraire presque central. Sillon antérieur large, évasé, 
renflé et subcaréné sur les bords , très profond vers l’ambitus 
et se prolongeant jusqu’au péristome. Aire ambulacraire impaire 
formée de pores simples très petits, logés dans des fossettes dis- 
posées par paires serrées, s’espaçant un peu vers l’ambitus ; 


560 G. COTTEAU 


l'intérieur de l'aire ambulacraire antérieure est finement granu- 
leux et dépourvu de tubercules. Aires ambulacraires paires sub- 
triangulaires très acuminées, inégales, les antérieures transverses, 
un peu infléchies en arrière. Les zones porifères, en dehors du 
fasciole interne, sont formées de pores ovales, superficiels, très 
apparents, mais en dedans du fasciole, aussi bien dans les aires 
postérieures que dans les aires antérieures, elles se réduisent à 
de petits pores simples, réunis deux à deux et visibles seulement 
à la loupe; la zone porifère antérieure des aires ambulacraires 
paires antérieures paraît un peu plus étroite que la zone posté- 
rieure. Gros tubercules saillants, crénelés, perforés, à peine scro- 
biculés, inégaux, assez abondants au sommet des aires interam- 
bulacraires et dans la région antérieure. Petits tubercules fins, 
serrés, homogènes, remplissant l’espace intermédiaire, augmen- 
tant insensiblement de volume au fur el à mesure qu'ils se rap- 
prochent de l’ambitus, beaucoup plus gros dans la région intra- 
marginale et autour du péristome, accompagnés çà et là de petits 
granules très délicats. Péristome excentrique en avant, fortement 
labié. semicirculaire. Fasciole interne apparent, coupant les aires 
ambulacraires paires au point, assez éloigné de l'appareil apical, 
où les pores deviennent très petits. 

Hauteur, 18mm; diamètre antéro-postérieur, 33"m; diamètre 
transversal, 30m, 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette jolie espèce nous a été com- 
muniquée par M. Gauthier; bien qu’incomplète et brisée, elle 
présente des caractères qui la distinguent de ses congénères, 
et comme elle appartient à un genre dont toutes les espèces sont 
rares et mal conservées, en raison de la fragilité de leur test, nous 
avons cru devoir la décrire et la figurer. Voisine de l’Zchinocar- 
dium depressum, qu'on rencontre dans la même localité et au même 
niveau, elle s’en distingue par sa face supérieure plus inégale et 
plus gibbeuse, par son sillon antérieur plus profond et se prolon- 
geant jusqu'au péristome, par ses aires ambulacraires postérieures 
moins longues, par ses gros tubercules plus abondants à la face 
supérieure. 

LocauiTÉ. — Cap Couronne près Martigues (Bouches-du-Rhône). 
Très rare. Terrain miocène. 

Collection Gauthier. 

EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XIII, fig. 11, Echinoc. tuberculatum, vu de côté ; 


fig. 12, face supérieure ; fig. 13, face inférieure; fig. 14, aire ambulacraire paire 
antérieure grossie. 


ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS 561 


OBs. — Le genre Æchinocardium inconnu dans les terrains 
secondaires a commencé à se montrer à l’époque éocène où il est 
rare ; nombreux dans le terrain miocène, le genre atteint son plus 
grand développement à l’époque actuelle. La plupart des espèces 
fossiles ne sont connues que par des exemplaires fort rares dans 
les collections, souvent uniques et incomplets ; nous avons pensé 
qu'il serait intéressant de donner l’énumération de ces espèces, 
avec une courte diagnose et en l’accompagnant de l'indication du 
gisement. Les espèces actuellement connues sont au nombre de 
dix. 


Espèces éocènes. 


ECHINOGARDIUM SUBCENTRALE (Agassiz) Desor, 1858. Cette espèce, 
dont il existe un seul exemplaire très incomplet, se distingue de 
ses congénères par sa grande taille, par sa forme allongée, par 
son péristome rapproché du centre. — Saint-Palais (Charente- 
Inférieure). Exemplaire unique. Coll. d’Archiac. 


ECHINOCARDIUM NUMMULITICUM Peron et Gauthier, 1885. Par sa 
forme étroite relativement, par la longueur de ses aires ambula- 
craires paires et leurs dimensions égales, par la position excen- 
trique en avant de son appareil apical, cette espèce s'éloigne des 
autres Zchinocardium; V'Echinocardium dont elle se rapproche le 
plus est une espèce vivante, l’Ech. mediterraneum. — Kef Iroud 
(département d'Alger). Exemplaire unique. Collection Gauthier 
(M. le Mesle). 


ECHINOGARDIUM DUBIUM Peron et Gautier, 1885. Bien que très 
incomplète, cette espèce est caractérisée par sa forme arrondie, 
peu élevée, rétrécie et tronquée en arrière, par sa face inférieure 
munie, à l'extrémité du plastron, d’une protubérance saillante au- 
dessus de laquelle commence l’aréa anale, par ses aires ambula- 
craires longues, lancéolées, terminées en pointe, par son péris- 
tome muni d'une lèvre aiguë et proéminente, par son périprocte 
transverse ; elle paraît avoir quelque analogie avec l’Echinocar- 
dium Peroni Cotteau, mais elle s’en distingue facilement par la 
position de son péristome, par son périprocte transverse, par sa 
face postérieure inclinée en sens contraire. — Kef Iroud (dépar- 
tement d'Alger). Très rare. Coll. Gauthier. 

36 


562 G. COTTEAU 
Espèces miocènes et pliocènes. 


ECHINOCARDIUM DEPRESSUM Agassiz, 1840. Espèce courte, peu éle- 
vée, déprimée en dessus, acuminée en arrière, plane en dessous. 
Sommet ambulacraire excentrique en avant. Sillon peu apparent 
au sommet, émarginant sensiblement l’ambitus, nul à sa face in- 
férieure. Aires ambulacraires paires subtriangulaires, déprimées. 
Quelques gros tubercules au sommet des aires interambulacraires. 
Péristome excentrique en avant. Périprocte subcirculaire, trans- 
verse. Cap Couronne près Martigues (Bouches-du-Rhône). Rare. 
Collection de l’École des Mines, ma collection. 


ECHINOCARDIUM SARTORI Agassiz, 1850. Espèce de taille assez 
forte, oblongue, subcordiforme, émarginée en avant, proéminente 
et subtronquée en arrière, plane en dessous, à l'exception de l'aire 
interambulacraire postérieure qui est très saillante et terminée 
en pointe. Sommet ambulacraire excentrique en arrière. Sillon 
antérieur étroit, profond, entamant l’ambitus, presque nul en 
dessous. Aires ambulacraires paires étroites, excavées, flexueuses, 
ayant l'aspect des ambulacres de Brissopsis. Périprocte s’ouvrant 
au sommet de la face postérieure. Fasciole interne très peu 
large. — Tertiaire de Palerme. Exemplaire unique. Collection du 
marquis de Northampton. 


Ecanocarpium Desket Desor, 1858. Espèce de taille moyenne, 
peu élevée, gibbeuse en dessus, plane en dessous, renflée sur le 
plastron. Sommet excentrique en arrière. Sillon antérieur large, 
profondément excavé, entamant fortement l’ambitus. Aires ambu- 
lacraires peu distinctes, déprimées. Péristome relativement rap- 
proché du bord antérieur. Périprocte au sommet de la face posté- 
rieure. — Stocken, près Saint-Gall. Miocène. Très rare. Musée de 
Zurich. 


ECHINOCARDIUM VIRGINIANUM (Forbes) Desor. Nous ne connais- 
sons pas cette espèce qui, d'après Desor, est voisine de l’Xchinoc. 
cordatum, mais plus allongée. — Petersburgh (Alebama). Rare. 
Coll. Lyell. 


ECGHINOGARDIUM INTERMEDIUM L6Czy, 1877. Espèce de petite taille, 
allongée, arrondie et émarginée en avant, obliquement tronquée 


ÉCHINIDES NOUVEAUX OU PEU CONNUS 563 


et subacuminée en arrière, plane en dessous, renflée sur le plas- 
tron interambulacraire. Sommet excentrique en avant. Sillon 
antérieur profond, caréné et noduleux sur les bords. Aires am- 
bulacraires excavées. Tubercules inégaux. Péristome subcircu- 
laire, situé au sommet de la face postérieure avec fasciole sous- 
anal. — Felmenès, Bia (Hongrie). Très rare. Coll. Lôczy. 


EcHINOCARDIUM PERONI Cotteau, 1877. Espèce de petite taille, 
échancrée et un peu arrondie en avant, acuminée en arrière, 
renflée en dessus, plane en dessous, à l’exception du plastron qui 
forme une saillie anguleuse. Sommet subcentral. Sillon anté- 
rieur presque nul à la face supérieure, un peu plus accusé vers 
l'ambitus. Péristome très éloigné du bord. Périprocte assez grand, 
ovale dans le sens du diamètre antéro-postérieur , placé au 
sommet de la face postérieure. — Santa-Manza (Corse). Assez 
abondant. Coll. Peron, ma collection. 


ÉCHINOCARDIUM CORDATUM (Leske) Desor, 1858. Suivant Forbes 
et Desor, l’Echinocardium qu'on rencontre, muni des ses radioles, 
dans le Crag cristallin d'Angleterre, remarquable par sa forme 
allongée, subanguleuse, élevée en arrière, déprimée et déclive 
en avant, par son sillon antérieur très accusé, ne saurait être 
séparé de l’Echinoc. cordatum, espèce vivante si abondante sur les 
côtes de l'Europe. — Crag cristallin d'Angleterre. Rare. 


45. PsAMMECHINUS GAUTHIERI Cotteau, 1885. 
PLXIM He. 10-27: 


Espèce de taille moyenne, haute, renflée, subhémisphérique, 
arrondie sur les bords, légèrement pulvinée, presque plane en 
dessous. Zones porifères droites, à fleur de test, formées de pores 
petits, rapprochés les uns des autres, disposés par triples paires 
très obliques, ne paraissant pas se multiplier autour du péris- 
tome. Aires ambulacraires étroites près du sommet, s’élargissant 
un peu vers l’ambitus, garnies de deux rangées de petits tuber- 
cules saillants, non crénelés ni perforés, médiocrement mame- 
lonnés, homogènes, placés très près des zones porifères, au 
nombre de vingt ou vingt-quatre par série, suivant la taille des 
individus. Deux autres rangées de tubercules moins développés, 
mais régulières, se montrent entre les séries principales et dis- 


564 G. COTTEAU 


paraissent avant d'arriver au sommet. L'espace intermédiaire est 
occupé par de petits granules qui tendent à se grouper en cercle 
ou demi-cercle autour des tubercules. Aires interambulacraires 
pourvues de petits tubercules de même taille et de même nature 
que ceux quiexistent sur les aires ambulacraires, un peu plus 
gros, cependant, et sensiblement plus espacés. Tubercules secon- 
daires très abondants, formant, vers la base et au-dessus de l’am- 
bitus, soit du côté externe des rangées principales, soit au milieu, 
plusieurs rangées inégales, irrégulières, interrompues ; deux seu- 
lement, placées assez près des zones porifères, s'élèvent à la face 
supérieure, diminuent de volume et ne disparaissent qu'à peu de 
distance du sommet. Granules intermédiaires abondants, inégaux, 
quelquefois mamelonnés, épars et tendant à se confondre avec 
les plus petits des tubercules secondaires. Péristome petit, sub- 
circulaire, un peu déprimé( marqué de très légères entailles. 

Hauteur, 190n ; diamètre transversal, 26", 

Individu plus jeune : hauteur, 16"%; diamètre transversal, 21", 

RAPPORTS ET DIFFÉRENCES. — Cette espèce nous a paru se dis- 
tinguer de tous les Psammechinus ; elle sera toujours reconnais- 
sable à sa forme élevée, hémisphérique, à ses tubercules ambula- 
craires nombreux, serrés, homogènes, placés sur le bord des zones 
porifères et formant contraste avec les tubercules un peu plus 
gros et plus espacés des aires interambulacraires. Elle ne saurait 
être confondue avec le Ps. Serresii qui est beaucoup plus tuber- 
culeux. L'espèce se rapproche peut-être davantage du Ps. dubius 
Agassiz, de la mollasse de Suisse; elle en diffère par sa forme 
beaucoup plus haute, par ses tubercules ambulacraires plus ser- 
rés et plus homogènes. 

LocacTé. — Étang-de-Lavalduc (Bouches-du-Rhône). Rare. 
Terrain miocène. Collection Gauthier. 


EXPLICATION DES FIGURES. — PI. XIII. fig. 15, Psamm. Gauthieri, vu de côté; 
fig. 16, portion de l'aire ambulacraire prise au-dessus de l'ambitus, grossie ; 
fig. 17, plaque interambulacraire grossie. 


NOMME 
SUR LES AMOURS, LA PONTE ET LE DÉVELOPPEMENT 
DU DISCOGLOSSE 


(DISCOGLOSSUS PICTUS Orru) 


SUIVIE 


DE QUELQUES REMARQUES SUR LA CLASSIFICATION DES ANOURES 


Par HÉRON-ROYER 


Le Discoglosse a longtemps stimulé la sagacité des herpétolo- 
gues, pour trouver la place que devait occuper cet Anoure dans 
la série des Batraciens. Sa forme élégante, qui rappelle celle des 
Grenouilles, fut une des causes de l’indécision. Durant ce temps 
(4777 à 1879), on ne s’intéressa point à en connaître l'œuf et son 
développement comparativement à celui des Grenouilles; en sorte 
que, pour atteindre le but désiré, on commença par la fin en 
oubliant le commencement. 

Ce n’est qu’en 1879, dans un travail de discussion, toujours 
pour en revenir à la place que doit occuper cette espèce, que 
M. Lataste (1) vint donner quelques indications sur la ponte et la 
larve des Batraciens. Mais ces observations très incomplètes, 
comme du reste le reconnaît l’auteur, laissent de nombreux vides 
à remplir. 

Dès 1880, j'étais déjà familiarisé avec le Discoglosse. En 1882, 
je recevais d’un de nos collègues d'Algérie, le D° Hagenmüller, 
un flacon contenant une trentaine de têtards vivants, que j'eus la 
satisfaction de voir arriver à l’état parfait, mais l'extrême peti- 


(1) Actes de la Soc. linn. de Bordeaux, XXXIII, p. 275-334. 


566 HÉRON-ROYER 


tesse de ces jeunes m'occasionna bien des difficultés pour les 
élever; bon nombre d’entre eux moururent faute d’une alimen- 
tation en rapport avec leur petile taille. Enfin, vers la troisième 
année, il ne me restait plus qu’un seul de ces animaux, ayant 
alors la grosseur d’une Grenouille rousse. 

J'ai pu constater ainsi, durant cette observation, que des jeunes 
provenant d'Espagne, élevés dans les mêmes conditions, furent 
dépassés d’un quart au moins de leur taille par mes élèves algé- 
riens. Ce fait, relativement intéressant, permet de supposer que 
nous serions en présence, non pas de deux espèces, mais de deux 
races différentes. 

Mon but n’est point d'étudier aujourd'hui cette question : j'at- 
tendrai pour cela d'obtenir d'Espagne des animaux en rut et en 
état de reproduire, l'embryologie élant le plus sûr chemin pour 
nous éclairer. Je reviens donc à mon sujet. 

En février et mars de cette année (1885), notre collègue M. E. 
Chevreux me fit parvenir des environs d’Alger un certain nombre 
de Discoglosses d et &, ainsi que de nombreux têtards vivants. 
Grâce à son obligeance, j'ai pu reprendre mes observations sur 
cet Anoure. 

Dès que mes nouveaux pensionnaires furent un peu habitués à 
la captivité, je les mis en plein air dans un aquarium de forme 
allongée et d’une contenance de 4ÿ litres. A l’une des extrémités 
fut installé un compartiment, ne s'élevant que de deux centimètres 
au-dessus du niveau de l’eau; il fut comblé en partie avec de la 
terre, des briques creuses et de la mousse fraîche; puis, quelques 
bottes d'herbes en pleine végétation donnaient à mon îlot un 
semblant de vérité. Une brique, proche de la vitre à l’autre extré- 
milté de l'aquarium, formait deux cases ouvertes sur le côté, 
ayant accès sur le centre; dans l’eau, quelques plantes aqua- 
tiques : Zlodea canadensis et Ceratophillum submersum, complétaient 
tout l'aménagement. 

C’est ainsi qu'au travers des glaces de l'aquarium j'ai pu obser- 
ver les débats de ces curieux Batraciens. 

Vers la fin de mai, j'entendis pour la première fois le chant de 
noce du Discoglosse; Je supposais qu’une des femelles était dis- 
posée à pondré, mais il n’en fut rien. Un mâle seul en rut saisis- 
sait les femelles au passage, mais celles-ci s'échappaient promp- 
tement en jetant un cri assez semblable à celui d’un archet de 
violon que l’on passe sur la colophane. Le mâle roulait un chant 
en crécelle souvent interrompu, assez semblable au bruit d'un 


AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 567 


rouet; d’autres fois, ce bruit imitait le va-et-vient d’une lime sur 
une pièce de serrurerie que l’ouvrier termine et, toujours, avec 
de très fréquentes interruptions. 

Ce chant, que l'on peut exprimer ainsi : ra-a, ra-a, ra-@, ra-a, 
par une note haute alternativement suivie d’une note un peu plus 
basse, est répété sept ou huit fois assez vite sans interruption ; 
puis, après une pause, le chant recommence plus ou moins élevé, 
suivant l'impression du moment. 

Ces intonations laissent percevoir une sorte de langage qui 
exprime assez bien la volonté de l'animal. Ainsi, lorsqu'il voit 
la femelle, il s’avance en roulant des sons plus vifs et mieux 
sentis, mais dès qu’il a pu la saisir tout chant a cessé. 

Ce chant d'amour n’est point bruyant comme celui de la Gre- 
nouille verte (Rana esculenta), cependant dans la nuit on peut 
l'entendre d’assez loin ; comme celui du Sonneur igné, de l’Alyte 
accoucheur et des Pélobatidés, il est ventriloque. Ainsi, au début, 
j'ai attribué pendant quelques jours ces chants au bruit d’un tour 
que possède un de mes voisins, dont une fenêtre donne sur la 
cour où était placé mon aquarium. Je me faisais la réflexion que ce 
bruit n’était pas agréable la nuit et je medemandais ce que signi- 
fait ce travail prolongé si tard, quand, en ouvrant ma fenêtre pour 
écouter, je m’aperçus que ce bruit était produit par mes Disco- 
glosses. C’est alors que mon attention fut éveillée; dès le lende- 
main, au coucher du soleil, je cherchai par toutes sortes de 
moyens d'imiter le chant de ces Anoures pour les faire chanter à 
mon gré, j'y réussis en grattant avec les ongles le fond d’une cas- 
serole, mais ce qui réussit le mieux, ce fut un jouet d'enfant 
que l’on nomme crécelle-double et qui se fabrique en fer blanc. 
Avec ce jouet, je suis arrivé, en excitant mes animaux, à bien 
saisir les modulations de leur chant. 

Le Discoglosse à passé pour être muet. M. Lataste partageait 
cette croyance et dit, page 93 de son mémoire : « Le Disco- 
» glosse ne semble pas avoir de chant d'amour, et ce mutisme 
» viendrait à l'appui de d’autres caractères plus importants pour 
» établir sen infériorité en les rapprochant des Urodèles. » Puis, 
en tournant la page, on lit : « Puisque cette espèce mange et se 
» reproduit en captivité, il me paraît vraisemblable qu'elle ne se 
» livrerait pas silencieusement à l’acte reproducteur, si elle pos- 
» sédait un chant de noce. » Au bas de la même page, on trouve 
en note: « Le 8 avril 1879, en examinant, sans les toucher, 
» dans un cristallisoir où je les avais réunis, six beaux Disco- 


568 HÉRON-ROYER 


» glosses mâles que je venais de recevoir de M. Maupas, sous- 
» bibliothécaire et archiviste de la ville d'Alger, je les entendis 
» émettre un son très faible (on ne l’entendrait pas à trois mètres 
» de distance, même dans le silence de Ia nuit), qui rappelle, 
» quoique un peu plus fondu et moins aigu, le bruit que produi- 
» sent certains Longicornes en frottant l’une contre l’autre deux 
» pièces de leur tégument. » 

Le son très faible, que signale l’auteur susdit, ue peut être que 
celui qu'émettent quelquefois ces animaux lorsqu'ils sont gênés 
l'un par l’autre, comme cela est assez fréquent chez les Æyla et 
chez les Pelobates, de jeter une plainte lorsqu'un des leurs, en 
voulant se déplacer, vient à.leur monter dessus. 

Les sacs vocaux sont tout à fait rudimentaires chez le Disco- 
glosse ; ces rudiments sont situés sous la gorge, au bas des com- 
missures de la bouche, à peu près dans la même disposition que 
ceux des Grenouilles rousses; ils sont très apparents par leur 
coloration bistrée, cependant je n'ai pu trouver d’orifice corres- 
pondant avec l’intérieur de la bouche. Sur l'animal vivant, lors- 
que mes bêtes étaient en plein rut, j'ai vu, au travers des glaces 
de l'aquarium, le dessous du menton se gonfler alternativement 
en suivant le gonflement des flancs, et les mouvements de la 
gorge correspondre exactement à l'émission rhythmique du 
chant. 

L'ouverture du larynx est relativement petite; elle rappelle par 
sa forme celle des femelles de Raineltes et Grenouilles, aussi, 
les notes qui s’en échappent aux eflorts des mâles, ne sont-elles 
point aussi bruyantes que celles que font entendre les mâles de ces 
dernières. Il n’est donc pas surprenant que la voix du Discoglosse 
n'ait point été remarquée au milieu des concerts assourdissants que 
la plupart de Batraciens anoures nous offrent gratuitement durant 
les belles soirées du printemps. Ainsi, par exemple, si le Pélodyte 
ponctué, fort commun en France, dont le chant rappelle celui que 
rend le craquement d’un soulier, ne se faisait point entendre de 
jour comme de nuit, il est probable, également, que ce chant serait 
resté ignoré ; mais aux premiers beaux jours, on ne peut faire un 
pas près des endroits habités par ce petit Anoure, sans entendre 
son Crain-Crain monotone, surtout le malin, quand les races 
bavardes sont en plein calme. 

On sait que le larynx des Anoures débouche dans le tube pha- 
ryngien et qu'il n'existe pas de trachée proprement dite chez 
ces animaux. Deux pièces carlilagineuses adaptées à la fente vo- 


V 


AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 569 


cale et suspendues sous celles-ci, servent à moduler les sons. 
Comme nous l’avons déjà décrit et représenté pour d’autres espè- 
ces, cet appareil présente quelquefois des variations importan- 
tes d’un genre à l’autre et même parmi les espèces d’un même 
genre(l).Si nous prenons comme exemple nos deux Rainettes,nous 
verrons chez Æyla arborea cet organe en rapport avec celui de 
Pelobates cultripes, tandis que chez Æyla barytonus, nous trouve- 
rons qu'il se rapproche de celui de Rana esculenta. 

Ces pièces anatomiques présentent, comme on le voit, un certain 
intérêt dans la description des espèces. Chez le Discoglosse, elles 
ont une disposition tout à fait spéciale, comparativement aux es- 
pèces citées : elles sont moins compliquées, en ce sens qu’elles 
sont privées de brides cartilagineuses ; leur convexité très pro- 
noncée leur donne une figure de coquillage. Les deux pièces, 
étant disposées face à face, répercutent le son et en augmentent la 
puissance : sorte de caisse de résonance venant suppléer à 
l’état rudimentaire des sacs vocaux. 

Puisque je parle de l'anatomie du Discoglosse, qu'on me per- 
mette encore quelques mots de description sur d’autres organes 
pouvant avoir quelqu'influence sur la phonation. 

La place occupée par les poumons m'a paru très exiguë, aussi 
ai-je trouvé ces organes plus petits que ceux des Rainettes et des 
Grenouilles ; malgré leur souplesse et celle des muscles abdomi- 
naux, ils ne peuvent se gonfler beaucoup, tant le ventre est rem- 
pli par les autres viscères. 

De tous les Batraciens anoures d'Europe, le Discoglosse est 
celui dont les organes génitaux sont leplus volumineux. Les tesli- 
cules sont de la grosseur d’une petite noisette; ils sont lisses 
et de forme conique-ovalaire, la pointe tournée en bas; leur 
couleur est blanc d'ivoire; ils sont légèrement rayés de fins 
filets roses courant de haut en bas, en s’inclinant faiblement en 
spirale. Les appendices graisseux qui les surmontent sont consi- 
dérablement développés ; la couleur en est rose-chair très claire. 
Les reins sont longs et étroits et d’une coloration violacée. Tous 
ces organes réunis composent la moitié au moins du contenu de 
l'abdomen. L’estomac et le foie étant toujours très volumineux, on 
conçoit quelles difficultés éprouvent les poumons pour se dilater 
à leur aise à l’époque du rut. 


(1) Note sur une forme nouvelle de Rainette pour la faune française. Bulletin de 
la Soc. zool. de France, IX, 1884, planche IX. 


570 HÉRON-ROYER 


Le Discoglosse mâle se distingue encore des autres Anoures 
en ce qu'il possède à la main un très fort tubercule, qui n’est 
autre qu'un cinquième doigt parfaitement libre et articulé; 
sa phalangine est cunéiforme, large et plus épaisse en avant qu’à 
l'articulation, son métacarpien est également large, court et 
épais. Sur des animaux un peu àgés, on trouve aussi, en avantet 
en haut de ce cinquième doigt, une très petite phalagette. Le 
doigt suivant, que l’on nomme à tort le pouce, est épais et sur- 
tout très large, sa longueur est équivalente à deux des autres 
doigts (PI. XIV, fig. 13). La particularité, cependant très notable, de 
cet épaississement osseux chez le mâle, n'est point signalée par 
l’auteur de l’Étude sur le Discoglosse ; au contraire, dans la plan- 
che V où le squelette est représenté, la main du mâle montre ses 
quatre doigts d'égale grosseur et le cinquième, qu'il nomme tu- 
bercule palmaire principal, semble être fixé à la base du méta- 
carpien du pouce. Sur tous mes squelettes, il est sensiblement 
plus bas que cet os; de plus, il est indépendant, puisqu'il pos- 
sède son métacarpien. Sur la même planche, au squelette de la 
femelle la main ne montre que quatre doigts, le cinquième est 
oublié. 

A cette occasion, je ferai remarquer que, chez la femelle, les os 
du pouce sont semblables à ceux des autres doigts ; le cinquième 
est très petit, mais il est isolé et non adossé au pouce, comme cela 
s'observe chez les Grenouilles. 

Enfin, le bras du mâle est robuste ; la main est épaisse et 
courte.Trois des doigts présentent des plaques rugueuses, brunes, 
nommées communément brosses copulatrices : elles recouvrent 
le cinquième doigt dit tubercule, et la face supérieure et interne 
du pouce; le doigt suivant n’en possède qu’à la face interne. 
Ces insignes de l'adulte subsistent toute l’année, chez les 
autres Anoures ils disparaissent peu de temps après l’accouple- 
ment. 

Le pied possède un sixième doigt, petit et saillant qui s'éloigne 
sensiblement de la forme ramassée du tubercule métartasien des 
Grenouilles et des Pélobales : sur le squelette, on remarque le 
scaphoïde à peu près semblable à celui des Grenouilles, mais le 
deuxième cunéiforme est considérablement plus développé et a 
l'apparence d’une phalange ; le premier cunéiforme, au lieu d’a- 
voir la figure d’un coin, a la forme d’une phalangetle, mais bien 
plus obtus que celles des autres orteils. Ce perfectionnement est 


AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 571 


dû, peut-être, à l'absence du cuboïde, qui manque totalement 
chez cette espèce (1) (fig. 14). 

Vers le 10 juillet, ayant renouvelé l’eau de l’aquarium, un des 
Discoglosses se fit entendre, très médiocrement d’abord, puis 
chaque soir j'ai constaté une augmentation d'énergie dans son 
chant; les autres restèrent muets et indifférents. 

Une femelle de moyenne taille était en rut, notre mâle cher- 
chait à l’approcher, mais la femelle méprisait son appelet fuyait 
plus loin, ou sortait promptement de l’eau pour se cacher. 

Le deuxième jour, elle revint définitivement à l’eau, en ayant 

soin de se blottir entre l’îlot et la glace de l’aquarium, de telle 
sorte que notre amoureux ne pouvait la saisir ; il se contentait 
durant le jour de s'approcher d'elle le plus possible. 
Tous deux côte à côte, la tête relevée, ne laissaient dépasser 
du niveau de l’eau que le bout de leur museau jusqu’au dessous 
des narines. Ils restaient ainsi apparemment calmes et rêveurs, 
attendant le crépuscule pour reprendre plus discrètement la con- 
versation de la veille. 

Le 16 juillet, dès que le soleil eut quitté l'horizon, nos deux 
amants abandonnèrent leur cachette comme les jours précédents, 
puis le mâle essaya quelques faibles notes, comme le musicien 
qui accorde son instrument en attendant l'heure du concert. 

Le ra-a, ra-a, de la sérénade est commencé, notre chanteur se 
retourne bravement vers l’ingénue et roule ses notes alternatives, 
en s’approchant de plus en plus pour la saisir ; la femelle, alors, 
s’efface et plonge, le mâle sans se déconcerter nage vers un 
obstacle, s’y arrête et, toujours le museau hors de l’eau, recom- 
mence de plus belle à faire entendre sa chanson. 

La femelle impressionnée revient vers lui, quelques instants 
se passent, puis prestement le mâle se retourne, la saisit à bras 
le corps. Une lutte s'engage et tous deux roulent sur le fond; 
mais la femelle, dont la peau tendue et glissante ne laisse pas 
prise à l’importun, se dégage. Les combattants séparés, le mâle 
reprend ses notes roulantes, comme si tout était resté à son hon- 
neur. De son côté, la femelle reprend son calme, puis peu à peu 
vient se placer de nouveau près du galant, qui derechef l’appré- 
hende tant bien que mal, sous les bras, au milieu du corps, lut- 


(1) Pour les recherches sur l’ostéologie du Discoglosse, il est bon de ne se servir 
que de gros sujets, âgés autant que possible ; chez les jeunes, les os conservent 
l'aspect cartilagineux, et l’ossification ne prend la couleur blanche que très tardi- 
vement. 


D] 


572 HÉRON-ROYER 


tant avec énergie pour trouver la position normale de l’accouple- 
ment. La femelle glisse dans ses bras, se retourne, les voilà 
ventre à ventre se roulant sur le dos comme deux ennemis sur le 
terrain. La lutte est longue, la femelle pousse des bras et des 
jambes, en s’arc-boutant sur la poitrine et sur les cuisses du 
mâle, pour se dégager de l’étreinte; elle y réussit encore, et le 
malheureux délaissé gesticule sur place, pris subitement d’une 
crise nerveuse, qui atteint plus particulièrement les parties lom- 
baires et pelviennes. En voyant ces mouvements involontaires, 
on dirait un automate dansant sur place par petits sauts d’avant 
en arrière, puis envoyant par intervalles des ruades fébriles et 
répétées. 

Remis de cette indisposition nerveuse, notre Discoglosse re- 
prend sa place derrière la brique, et toujours le bout du museau 
émergeant à la surface de l’eau, recommence son chant en cré- 
celle, roulant ses notes avec ardeur, pour amener la femelle à 
ses fins. 

Une troisième lutte s'engage, puis une quatrième. Vaincue, la 
femelle accepte une étreinte furtive; le mâle la tient au défaut 
des lombes, la gorge appuyée sur son dos. Un, deux, trois œufs 
tombent du cloaque et notre mâle reste coi; sa compagne a déjà 
fui près d’un obstacle, elle s’y dérobe de son mieux et écoute de 
nouveau les chants doux et roulants de son conjoint. 

Cette mimique dure des heures entières, et ce n’est que 
dans le cours de la nuit que ces Batraciens continuent à dépo- 
ser leurs œufs d’une façon beaucoup plus calme, la femelle ayant 
accepté l'accouplement. 

Les œufs furent déposés un à un sur le fond de l'aquarium et 
s’y fixèrent très solidement sans adhérer l’un à l’autre. Par me- 
sure de sécurité, la femelle effectua sa ponte dans un coin, en- 
tre la brique et la paroi vitrée recevant le plus de lumière. Ces 
œufs, rangés côte à côte, formaient un tapis d'environ 7 à 
8 centimètres carrés de superficie; la place qu'ils occupaient 
était rectangulaire, ils étaient placés en lignes serrées, comme 
un semis de perles qu'on eut rangé là méthodiquement, sans 
la moindre superposition. 

Le lendemain soir à pareille heure, les mêmes chants, les 
mêmes combats, puis les mêmes étreintes recommencèrent; dans 
la nuit, une quantité d'œufs moitié moindre fut déposée à côté de 
ceux de la veille, dans le même ordre, une partie sur la bri- 
que, l’autre sur le fond. 


AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE D73 


Le surlendemain 18 juillet, mêmes ébats, mais cette fois c'était 
la fin ; une centaine d'œufs seulement furent pondus, et depuis 
ce jour, notre Discoglosse garda le silence. 

Les œufs émanant des étreintes mal consenties restèrent épars 
et flottants, quelques uns se fixèrent aux végétaux, mais presque 
tous, ayant été ballotés de droite et de gauche durant les querelles 
du ménage demeurèrent stériles. 


L'adhérence de l'œuf à un objet quelconque est un fait naturel 
et caractéristique chez tous les Batraciens dont la ponte a lieu 
dans l’eau, et le Discoglosse ne fait point exception à la règle. 
Sur ce point je me trouve en contradiction avec l’auteur de 
l'Étude sur le Discoglosse , lorsqu'il dit, page 292 : « Depuis 
» quelques jours j'apercevais quelque chose que je prenais pour 
» des saletés dans le cristallisoir mis à la dis osition de mes Dis- 
» coglosses d'Algérie. Regardant de plus près aujourd’hui, je 
» constate que ces salelés ne sont autre chose que des œufs, plus 
» denses que l'eau, et occupant le fond du vase. Ils sont, soit en- 
» tièrement isolés les uns des autres, soit agglomérés en petits 
» paquets, mais, dans ce Cas, si peu adhérents entre eux qu’il 
» suffit d’agiter l’eau pour les désagréger (c'est ainsi que se com- 
» portent les œufs de Bombinator, et c’est ainsi qu'ils sont pon- 
» dus). L'enveloppe mucilagineuse est peu abondante et les œufs 
» sont très petits. » 


Or, croyant ces œufs peu adhérents, j'ai voulu en transporter 
une partie dans des vases spécialement disposés pour l’éclosion, 
mais ils étaient si solidement fixés, que je dus renoncer à les dé- 
tacher avec les doigts. Pour y réussir sans commettre trop de 
dégats, je me servis d’une lame de verre qui fit l'office d’un ra- 
cloir ; cependant cette manipulation fût funeste a un grand nom- 
bre d’entre eux. 


Il est dès maintenant facile de comprendre que l’auteur de 
l'article précité était placé dans de mauvaises conditions pour 
ces observations tant soit peu minutieuses : un cristallisoir en- 
touré de terre et de mousse devenait un vase opaque, de plus, 
les animaux ne pouvaient y entrer sans y accumuler des parcel- 
les de terre et de mousse. Les Discoglosses en pondant sur ce 
fond vaseux ne pouvaient y fixer leurs œufs, car ceux-ci en sor- 
tant du cloaque se couvraient des saletés du fond et perdaient 
ainsi toute adhérence. 


Quant au Bombinator igneus, j'ai déjà expliqué dans un autre 


574 HÉRON-ROYER 


mémoire (1) que l’assertion précédente, accréditée par plusieurs 
auteurs et empruntée à Rœæsel (2), était complètement fausse, et 
que cet animal fixait ses œufs aux végétaux. 

L'œuf frais pondu du Discoglosse est protégé par une faible 
couche muqueuse, qui se gonfle promptement et acquiert en 
quelques heures d’un à deux millimètres d'épaisseur. Le vitellus 
n'excède pas un millimètre de diamètre ; l'hémisphère supérieur 
est brun-noir, l’inférieur est blanc; à la ceinture équatoriale, le 
mélange des deux teintes présente une succession de teintes 
allant du brun au gris-roux et du gris-roux au blanc. 

L'hémisphère supérieur présente vers son pôle une dépression 
très manifeste, qui envahit le tiers de son étendue. Au centre de 
cet enfoncement est une tache foncée, au milieu de laquelle se voit 
une petite fente plus ou moins large suivant l’âge de l'œuf, et 
qui représente l’orifice du canal de von Baer. 

Six heures environ après la ponte, on aperçoit entre l'œuf et 
la couche muqueuse le soulèvement d’une membrane transparente 
(la capsule interne), elle se détache de l'œuf par un faible espace 
dans tout son parcours du pôle inférieur au pôle supérieur, mais 
ici, en face de la dépression signalée plus haut, elle se gonfle et 
présente par conséquent un renflement opposé à celle-ci; ce 
gonflement partiel de la capsule interne est tellement apparent 
qu’il ne peut échapper à l’observateur. Ce phénomène qu'on pour- 
rait croire accidentel est commun à tous les œufs de ce Batra- 
cien, j'ai pu l'observer sur les trois pontes (fig. 1). 

Vers le soir, cette dépression en cupule est un peu réduite et le 
lendemain matin elle a disparu, mais la partie renflée de la cap- 
sule est encore très visible. La couleur brune de l'hémisphère 
supérieur a envahi l'hémisphère pâle, et l'œuf a revêtu une teinte 
brune légèrement roussâtre, avec de nombreuses petites mar- 
brures plus ou moins foncées. Au pôle supérieur, on remarque 
une petite éminence sphéroïdale (fig. 2), à l'inférieur l'anus de 
Rusconi est très large. La capsule interne a modifié ses contours 
en prenant la forme ovoïde. 

Quelques heures plus tard, le sillon dorsal est très apparent; 
il est limité par les bourrelets médullaires qui s’élargissent 
de bas en haut en englobant le faîte de l'œuf avec la petite émi- 


(1) Note sur l'hybridation des Batraciens anoures, etc. Bulletin de la Soc. zool. 
de France, XIII, 1883. 
(2) Ræsel, Historia Ranarum nostratium, Nuremberg. 1752. 


AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 575 


nence qui représente ici l'indice de la plaque céphalique (fig. 3). 

Vers cinq heures du soir, une deuxième enveloppe apparaît à 
l'incurvation du croissant céphalique : cette enveloppe ou cap- 
sule, que je nommerai chorion, est d’un blanc brillant, d'aspect 
feuilleté et ondulé, effet produit assurément par de petites bosse- 
lures, mais il n'a pas l'ampleur de l'enveloppe précédente, en 
sorte que l'embryon ne peut s’y mouvoir (fig. 4). 

Durant la nuit, le petit animal à progressé ; son chorion devenu 
trop étroit se déchire et reste suspendu à la fossette sous-buccale, 
sans que ces débris paraissent l'embarrasser dans les mouve- 
ments de rotation qu'il exécute dans la capsule interne. Pendant 
ce même temps, la plaque céphalique s’est modifiée, l’éminence 
indiquée plus haut s’est affaissée d’arrière en avant et présente 
un prolongement en gouttière : c’est la plaque buccale. A son 
extrémité, une fente ondulée représente la fossette sous-buccale : 
c’est ici que sont appendus les débris du chorion, ils y restent 
ainsi maintenus par la matière visqueuse que secrète cette ouver- 
ture (fig. 5). 

Le troisième jour après la ponte, vers midi, l'embryon crève 
sa capsule et abandonne les enveloppes muqueuses. A cet âge, 
sa longueur est de trois millimètres, le corps est comprimé laté- 
ralement et son épaisseur ne dépasse pas trois quarts de milli- 
mètre; sa hauteur transversale est d’un millimètre et demi. 
L'appendice caudal équivaut au cinquième de la longueur totale 
du sujet. Ces petites larves adhèrent aux parois du vase, des 
mouvements de latéralité indiquent qu’ils sont viables ; de temps 
en temps, ils se laissent choir au fond et se couchent sur le flanc, 
puis ils remontent vers la surface et reviennent se fixer soit aux 
parois du vase, soit aux végétaux. 

Dans le mémoire de M. Lataste, page 297, on lit ceci : «28 mars. 
» — Les œufs sont éclos, je trouve les têtards adhérents aux pa- 
» rois du vase, plusieurs près de la surface, et cependant ils sont 
» encore aussi informes que possible. Un ventre, une grosse 
» tête à quatre tubercules, et pas de queue. Ce n’est évidemment 
» qu'à l’aide de revêtement vibratile qu'ils ont pu progresser 
» ainsi. » 

Que doit-on penser de ce passage si différent de ce que nous 
venons de voir? À mon avis, c’est que l’auteur n’a rien vu; puis- 
que la larve ne quitte point l'œuf sans posséder un prolongement 
caudal, la tête a bien des tubercules, comme du reste cela est le 
cas chez tous les embryons, mais la petite larve n’a rien de bien 


576 HÉRON-ROYER 


matériel; je ne puis m'imaginer comment l’auteur a pu établir 
cette description. 

Ce qui frappe chez la jeune larve, c’est la figure prolongée en 
forme de museau de la plaque buccale, qui se termine brusque- 
ment comme le groin du Porc. Cet intéressant boutoir présente 
une succession de changements qu’il serait trop long de décrire; 
les figures 6, 7, 8, 9 suffisent pour en saisir les modifications. 
Les figures 6, 7 et 8 montrent les changements survenus de midi à 
six heures du soir, la figure 9, ayant la nuit de plus que la 
figure 8, soit douze heures, représente une larve âgée de quatre 
jours. On voit les branchies externes tout à fait dégagées des 
opercules, et une bouche transversale ayant remplacé l’enfonce- 
ment en gouttière ; le boutoir, avec sa face colorée en brun-noir, 
ressort nettement sur la teinte gris-feutre du corps. On remarque 
aussi que l’ouverture médiane du boutoir est fermée par une 
languette terminée en pointe, et que, de chaque côté, un coussi- 
net complète la fermeture de cette fossette triangulaire, organe 
correspondant aux crochets de Rusconi. 

Le lendemain (5° jour, 21 juillet), des modifications très notables 
se sont produites : la tête a progressé dans toute son étendue; la 
bouche plus large montre deux grosses lèvres saillantes, sur les- 
quelles se dessine la place que doit occuper les lames pectinées ; 
du museau, il ne reste plus que le boutoir qui semble s'être 
abaissé au dessous de la bouche; les opercules recouvrent main- 
tenant les branchies de plus de moitié; l'abdomen s’est raccourci 
et la queue s’est sensiblement allongée (fig. 10). 

Vers le soir, on remarque qu'il ne reste guère que la face du 
boutoir; la bouche est moins arquée, mais les lèvres sont plus 
épaisses et plus larges, on y voil apparaître les dents en peignes; 
entre celles-ci on aperçoit les pièces du bec corné (1) (fig. 11). 

Le surlendemain (23 juillet, 7e Jour), la bouche s'est éloignée 
du boutoir, celui-ci s’est encore réduit, et dépasse beaucoup 
moins le niveau de l'abdomen, les branchies de droite sont recou- 
vertes, celles de gauche restent en partie visibles. Il est manifeste 
que les ouvertures branchiales se sont rapprochées du centre et 
qu'elles sont sensiblement descendues plus bas que le boutoir. A 
deux heures de l'après-midi, on ne voit plus que l'extrémité des 


(1) Ch. van Bambeke, Recherches sur la structure de la bouche chez les tétards 
de Batraciens anoures. Bulletin de l’Académie Royale de Belgique, (2, XVI, n° 9 
et 10. 


AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE D77 . 


branchies de gauche et dans l’espace compris entre les opercules 
on découvre un soulèvement de la peau en forme d'arc très ou- 
vert : cette petite ouverture médiane sera le spiraculum. Dans 
toute l'étendue occupée précédemment par les branchies, la 
couche superficielle de la peau paraît tuméfiée, sous le micros- 
cope on voit les granules pigmentaires se déplacer et pousser 
progressivement vers le bas, en recouvrant le bout des rameaux 
branchiaux encore visibles. Ce processus, après avoir entièrement 
couvert les opercules, se continue à droite et àägauche en se rami- 
fiant pour fusionner avec la peau de l’abdomen. C’est ainsi que 
se termine et se complète la formation du spiraculum (fig. 12). 

À cinq heures du soir, l'aménagement de la bouche est complet; 
l'œil est formé; l'aspect feutré de la peau a disparu, on aperçoit 
maintenant le réseau pigmentaire propre à cette larve. Le boutoir 
est en état constant de résorption. 

8° jour, 24 juillet. — L'ouverture du spiraculum est descendue 
plus bas, elle occupe aujourd’hui le point central de la face infé- 
rieure; par contre, la bouche gagne maintenant presque le faîte de . 
l'ovoïde. Du boutoir, il ne reste plus que quelques vestiges; sa ré- 
sorpsion s'opère par absorption interne et par dilacération externe, 
ou pour mieux dire par l’'égrènement de la substance, car on voit 
de gros granules bruns s'en détacher, se dispersant à l’entour 
sous forme de pigment noir, plus loin se diviser en rayonnant 
sur toute la face inférieure de la gorge, puis les subdivisions 
deviennent encore plus nombreuses en s’éloignant davantage de 
leur point de départ. 

Ainsi disparaît le premier et intéressant organe de la vie em- 
bryonnaire. 

En moins de dix jours, nous avons vu s’accomplir tous les 
stades de la transformation de l'œuf à l’état de têtard. Quarante 
à cinquante jours encore et notre larve a revêtu la forme exacte 
de ses parents. 

Comme on l’a déja vu plus haut, ces observations, que j'ai 
suivies au jour le jour, ne concordent guère avec celles qu’a pu- 
bliées M. Lataste en 1879. Comparées, elles peuvent donner prise 
à la critique; or, sans mettre en doute la bonne foi de l’auteur, 
je crois cependant nécessaire de placer sous les yeux du lecteur 
quelques passages, dont les écarts d'observation sont assez con- 
sidérables, pour montrer qu'ils ne m'étaient point inconnus, lors 
de la publication de ce présent mémoire. 

Ainsi, page 298, on lit : « 8 avril. — J’examine ces jeunes 

31 


578 HÉRON-ROYER 


» têtards. Par dessous, à l'œil nu et mieux encore à la loupe, ils 
» montrent tous trois taches noires : une centrale, au niveau du 
» cœur, elle est superficielle, et paraît coïncider avec un soulè- 
» vement de la peau; cet aspect ne serait-il pas produit par le 
» spiraculum? Les deux autres taches latérales sont animées 
» d’un mouvement rhythmique d'avant et de haut en arrière et 
FER DAS. 

Des trois taches signalées (sur des larves âgées de 16 jours), je 
n’en ai trouvé qu’une seule, et encore sur des sujets très en re- 
tard dans leur développement. La tache centrale résulte de la 
disparition de la fossette que nous avons indiquée à la face du 
boutoir, et dont les débris persistent quelques jours avant d’être 
complètement dispersés. Chez les larves que j'ai suivies, ces dé- 
bris disparaissent du 9° au 12° jour. Cela démontre clairement 
que l’auteur précité n’a point connu l'existence du boutoir, puis- 
qu'il n'en fait point mention. Quant aux taches latérales, elles 
sont purement imaginaires. 

Plus loin, page 314 : « 13 avril. — Mes têtards, très vifs, ont 
» actuellement la taille d’un têtard d’Alyte au moment de l’éclo- 
» sion. Le bout de la queue est toujours largement arrondi. Rien 
» n'indique la présence d’un spiraculum latéral quand on regarde 
» l'animal par dessous. Quand on l’examine de profil, au con- 
» traire, on aperçoit sur le cœur un trait oblique un peu plus 
» obscur que les parties environnantes, qui semble bien indiquer 
» un spiraculum médian. » 

Plus loin encore, page 315 : « 17 avril. — Je constate nette- 
» ment l'existence du spiraculum médian chez mes têtards. » 

De tàätonnement en tâtonnement, l’auteur arrive à constater 
enfin, sur des larves âgées de vingt-cinq jours (soit au milieu de 
leur existence larvaire), la présence du spiraculum, tandis que 
nous le trouvons complètement formé sur les jeunes larves âgées 
de sept jours. 

Après cela, il n’y a pas à discuter, mais à abandonner la partie 
au jugement des lecteurs. 


Embryologie et Classification. 


En étudiant sur le vif la plupart des Batraciens anoures d'Eu- 
rope, depuis l'œuf jusqu’à la transformation complète de la larve, 


AY | 


j'ai pu me convaincre de la possibilité d'établir les familles sur 


AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 579 


le faciès de l'embryon, avant comme après la présence des bran- 
chies externes. La manière dont sont déposés les œufs est un 
excellent guide, qui mettra promptement sur la voie de la déter- 
mination de l'œuf avant son développement. 

Ainsi, les œufs déposés en pelotes plus ou moins nombreuses 
donnent des embryons dont le type est celui de la Grenouille 
comestible, Rana esculenta (fig. 15); ce groupe se compose des 
Hylidés et des Ranidés, comprenant les genres Æyla et Rana. 

L’embryon aura la face fendue, de bas en haut, par une fissure 
profonde, un peu avant, et pendant la présence des branchies 
externes ; la fossette sous-buccale sera, dès lors, soudée dans 
son milieu, n'en laissant subsister que les commissures. Il n’y 
aura de bien tranché, entre ces embryons d’une espèce à l’autre, 
que la coloration. Mais une particularité très importante 
s'ajoute à ces détails : chez le genre Rana, tous les embryons 
s’incurvent considérablement dans l’œuf en poussant leur queue. 
Chez le genre Hyla, l'embryon ne s’incurve que peu ou pas. Mais 
tous deux, au début, en prenant la forme allongée, auront pos- 
sédé une plaque céphalique de petite dimension (fig. 16). 

Les œufs semés inégalement dans des cordons muqueux ap- 
partiennent aux Pélobatidés. Ils donnent tous des embryons dont 
la plaque céphalique, très développée, subsiste encore quelque 
temps, avec la présence des branchies externes. Ici la fossette 
sous-buccale reste entière ; elle se réduit graduellement sous la 
figure d’un V ou d’un Y (fig. 17). La face n’est point partagée en 
deux éminences latérales. L’embryon sort de la glaire avant de 
posséder l’appendice caudal. Ce groupe ne comprend que les 
genres Pelobates et Pelodytes. 

Les œufs disposés régulièrement dans des cordons ou tubes 
albumineux appartiennent aux Bufonidés. Ils donnent tous des 
embryons d’un brun noir, ayant une plaque céphalique très dé- 
veloppée, rappelant celle des Pélobates, mais qui se réduit 
promptement dès l'apparition des branchies externes. La fossette 
sous-buccale présente la figure d’un M moyen-âge (fig. 18). Chez 
Bufo vulgaris, l'embryon ne s'incurve pas; chez Bufo calamita, 
il s'incurve très légèrement.Tous deux sortent de la glaire avec un 
appendice caudal relativement court. 

Les œufs pondus séparément, fixés et groupés sur la surface 
solide d'obstacles quelconques, sur ou entre les cailloux, à l'instar 
de nombreux Poissons, appartiennent seuls au genre Discoglossus, 
que nous connaissons maintenant. 


D8Ù HÉRON-ROYER 


L'œuf isolé et fixé, soit seul, soit par petits groupes de deux à 
dix après les plantes, comme font certains Urodèles, appartient 
au genre Bombinator. 

L'œuf du Discoglossus pictus est petit, et ses enveloppes mu- 
queuses de peu d'épaisseur ; l'embryon ne séjourne que peu de 
temps dans ses enveloppes et ne s’y incurve pas. Quant à son 
facies, nous l'avons décrit assez longuement pour ne pas y 
revenir. 

L'œuf du Bombinator igneus est un peu plus gros que le précé- 
dent, il est protégé, comme celui des Grenouilles, par trois enve- 
loppes albumineuses parfaitement distinctes, et les phases évo- 
lutives s’y succèdent exactement comme chez ces dernières; de 
même, l'embryon s’y incurve considérablement, il en sort aussi 
avec un appendice caudal très développé. 

L'œuf des Alytidés est d’un jaune très clair, sa ‘taille dépasse 
environ dix fois celui du Discoglosse, ou environ huit fois celui 
du Sonneur; de plus, il est pondu en chapelet ; sa segmentation 
est fort simple, le fractionnement multiple n’existant pas. Le dé- 
veloppement de l'embryon présente des différences tout à fait 
particulières. La larve ne sort des enveloppes qu'après la forma- 
tion du spiraculum (1). Le facies de l'embryon est tellement 
différent des autres genres, qu'on ne peut qu'être étonné de cette 
dissemblance dans une même famille. 

Notre Discoglosse, à l’état d'embryon, présente un museau 
cylindriforme. 

Le Sonneur, d’après les figures données par Goœtte (2), a une 
espèce de mufle formé par la présence des lèvres mamelonnées 
de la fossette et de la plaque buccale, au bas desquelles on remar- 
que deux plaques ovalaires, que l'auteur nomme ventouses ou 
crochets d’adhérence (fig. 19 et 20). 

Quant à l’Alyte, il n’a rien de semblable ; l’animal séjournant 
dans l'œuf n’a point besoin d'organes de préhension. 

On comprend déjà, par les particularilés que nous venons de 
rappeler, que ces trois genres ne concordent pas assez dans leurs 
rapports d'origine embryologique, pour établir l’uniformité d'une 
famille. Mais si, en dehors de l’état larvaire, nous examinons ces 


(1) Recherches sur les caractères embryonnaires externes de l'Alyte accoucheur 
Bulletin de la Soc. zool. de France, VIII, 1883, planche XIII. 

(@) Die Entwickelungsgeschichte der Unke /Bombinator igneus). Leipzig, 1875. 
planche JTE, fig. 47 et 49. 


AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 581 


animaux à l’état adulte, nous trouverons des différences presque 
aussi criantes. 

Le contraste sera frappant entre la forme élégante du Disco- 
glosse, et l'attitude flasque et grossière du petit Sonneur. Les 
Alytes avec leur corps trapu, portant leurs œufs sur l’arrière- 
train, arrivent là comme des alliés lourds et mélancoliques. 
Le premier possède la pupille ronde (1); le second, une pupille 
triangulaire ; les derniers l’ont fendue verticalement. 

Les caractères qui ont engagé notre collègue de Londres, 
M. G.-A. Boulenger à réunir ces animaux si disparates en une 
Famille des Discoglossidés (2), sont : le spiraculum médian chez 
la larve, puis la disposition des vertèbres, dont la cavité articu- 
laire est tournée en arrière chez l'adulte. 

Tous les Batraciens anoures d'Europe, hors les trois genres en 
question, possèdent les vertèbres procæliennes, et leurs larves 
présentent toutes un spiraculum latéral; cependant ils ont été 
divisés en plusieurs familles suivant le type. N’eût-il pas été pré- 
férable de faire de même pour ce petit groupe à vertèbres opis- 
thocæliennes. Or, tout ce que nous venons d'énumérer parle en 
faveur de l'établissement de ces trois derniers genres en trois 
familles. Ainsi, la famille des Discoglossidés comprendrait le 
genre Discoglossus, représenté par une espèce, le Discoglossus pic- 
tus. Celle des Bombinatoridés comprendrait le genre Bombinator, 
représenté par une espèce, le Bombinalor igneus. Puis celle des 
Alytidés comprendrait le genre Alytes, représenté par deux 
espèces : Alytes obstetricans et Alytes Cisternasi. 

À mon point de vue, il importe peu qu'une famille ne soit com- 
posée actuellement que d’un genre représenté par une seule 
espèce, car, avec le temps, il n’est peut-être pas impossible de 
trouver quelques nouveaux représentants de ce genre, ou bien 
encore d’un genre nouveau pour l’une de ces familles. C’est ainsi 
que depuis trente ans, la famille des Ranidés est devenue beau- 
coup plus nombreuse. 

Mon but, dans cette étude, n’a été que la recherche de l’homo- 
généité dans ie groupement des Anoures. 


(1) On sait que tous les Batraciens possèdent un angle au bord inférieur de la 
pupille. Or, l'ouverture de l'iris ne peut-être ni correctement circulaire ni correc- 
tement ovale. 

(2) Catalogue of Batrachians in the British Museum. Londres, in-8°, 1882, 2 vol. 


82 HÉRON-ROYER 


EXPLICATION DE LA PLANCHE XIV. 


Fig. 1. — Œuftrès grossi de Discoglossus pictus ; sa dépression cupuliforme et 
le renflement partiel de la capsule interne. 

Fig. 2. — Le même œuf, âgé de 24 heures environ; on remarque au pôle supé- 
rieur une petite éminence sphéroïdale, Au pôle inférieur, l'anus de Rusconi très 
ouvert, 

Fig. 3, — Le même, 6 heures plus tard ; on voit le sillon dorsal et ses bourre- 
lets médullaires englobant l'éminence céphalique. 

Fig. 4. — Œuf âgé d'environ 36 heures ; aspect piriforme de l'embryon, le cho- 
rion s’en détache sous forme de capsule. 

Fig. 5. — Le même, âgé de 48 heures. On remarque les débris du chorion sus- 
pendus à la fossette sous-buccale ; la plaque céphalique en gouttière, les renfle- 
ments oculaires et viscéraux et l'appendice caudal. 

Fig. 6. — Portion antérieure, très grossie, d'un embryon âgé d'environ trois 
jours; on remarque la face céphalique prolongée en museau et sa gouttière termi- 
née par une petite plaque buccale en fer de lance, recouvrant la fossette sous- 
buccale. 

Fig. 7. — Le même embryon, de quelques heures plus âgé; la plaque buccale a 
complétement disparu. 

Fig. 8. — Le même, un peu plus tard; la gouttière céphalique s’est raccourcie, 
creusée et élargie à l'endroit où va se former la bouche; l'extrémité inférieure 
présente la forme d'un museau arrondi, au bout duquel on voit des granulations 
groupées sans ordre appréciable. 

Fig. 9. — Embryon plus âgé que le précédent, d'environ 12 à 15 heures ; mon- 
trant les branchies externes ; la bouche en formation ; le museau terminé en boutoir, 
avec fossette triangulaire et deux coussinets latéraux; l'allongement caudal très 
prononcé. 

Fig. 10. — Embryon âgé de cinq jours. La bouche très ouverte montre ses 
grosses lèvres saillantes ; les opercules recouvrent déjà en partie les branchies 
externes ; le museau est en voie de résorption. 

Fig. 11. — Le même, 10 heures plus tard. Les pièces du bec corné sont appa- 
rentes; du boutoir, il ne reste plus que la face. 

Fig. 12. — Processus indiquant la soudure des opercules branchiaux sur une larve 
àägée de sept jours. Au centre, on remarque l'apparition du spiraculum et au-dessus 
le boutoir en voie de résorption ; la bouche avec son bec corné et les lèvres où 
l'on voit déjà très bien les lames pectinées. 

Fig. 13. — Main du Discoglossus pictus (Squelette). 

Fig. 14. — Pied du même (Squelette). 

Fig. 12. — Embryon de Ranu esculenta àgé de huit jours ; on aperçoit au milieu 
de la fissure le trou en losange où se formera la bouche ; de chaque côté, en avant 
des branchies, une petite ouverture représente les restes de la fossette sous-buccale, 
Cocnus jadis sous le nom de crochets de Rusconi. 

Fig. 16. — Embryon de Rana esculenta âgé de trois jours seulement. On remarque 
la petite plaque buccale en voie de résorption, fermant à demi la fossette sous- 
buccale. La face porte l'indice du sillon longitudinal et médian. 

Fig. 17, — Embryon de Pelobates fuscus âgé de douze jours, d'après Van Bam- 
beke. 


AMOURS, PONTE ET DÉVELOPPEMENT DU DISCOGLOSSE 583 


Fig. 18. — Embryon de Bufo calamita âgé de dix jours. On remarque que, comme 
chez le précédent, la plaque buccale fait suite aux fossettes olfactives, ce qui n’a 
pas lieu chez les genres Rana et Discoglossus. 

Fig. 19. — Embryon de Bombinator igneus, avant la sortie des branchies, d'après 
Gœtte. 


Fig. 20. — Le même, plus âgé, montrant ses branchies, d’après le même auteur. 


RE VA NEIO UE 


SUR LA 


CLASSIFICATION DES BATRACIENS ANOURES 


Par le D' Raphaël BLANCHARD 


Les Batraciens anoures ont été, dans ces dernières années, 
l'objet d'études nombreuses et importantes. En particulier, di- 
verses classifications ont été proposées, notamment par Cope (1), 
par Lataste (2) et par Boulenger (3), mais aucune de ces classifi- 
cations ne s'appuie sur un ensemble de caractères anatomiques 
suffisant pour la faire accepter sans conteste. Nous désirons pré- 
senter quelques observations à cet égard. 

Il est incontestable que Cope, dont Boulenger reproduit en 
grande partie les divisions, invoque un caractère anatomique de 
première importance, quand il établit dans l’ordre des Anoures 
deux sections, caractérisées respectivement par la présence ou 
l’absence de la langue : ce caractère marche de pair avec la du- 
plicité constante de la trompe d'Eustache chez les Phanéroglos- 
ses, avec la fusion des deux trompes d’Eustache en un tube com- 
mun chez les Aglosses. 

Cope et Boulenger nous semblent moins heureux quand ils 
s'appuient sur la structure du « sternum » ou, plus exactement, 
de la ceinture scapulaire pour subdiviser les Phanéroglosses en 
Firmisternia et en Arcifera. Les intéressantes recherches de 


(1) E. Cope, Sketch of the primary groups of Batrachia salientia. Nat. hist. re- 
view, 1865. 

(2) F. Lataste, Division en familles naturelles des Batraciens anoures d'Europe. 
Association française pour l'avancement des sciences, VII, p. 758, 1878. — Revue 
internationale des sciences, II, p. 488, 1878. 

(3) G.-A. Boulenger, Cataloque of the Batrachia salientia s. ecaudata in the col- 
lection of the British Museum. 2% edition. London, 1882, 


CLASSIFICATION DES BATRACIENS ANOURES 585 


M. Paul Albrecht (1) ont fait voir ce qu'il fallait penser de la mor- 
phologie de ce prétendu sternum des Batraciens anoures : elles 
nous l’ont montré comme l’homologue d’une partie du squelette 
qui, chez les Vertébrés supérieurs, subit de profondes variations 
et se développe ou plutôt s’atrophie à des degrés très divers, sans 
que l’organisation de ces animaux en soit en rien modifiée. 

Il ne viendra, par exemple, à l'esprit de personne de placer dans 
deux sous-ordres distincts Æelamys capensis et Mus decumanus, 
sous prétexte que le premier présente, à l'état adulie, un post- 
omosternum distinct et bien développé, tandis que, chez le se- 
cond, cette même pièce s’est atrophiée considérablement et s’est 
fusionnée avec le manubrium du sternum, au point de devenir 
inappréciable. Ce sont là des variations sans importance, telles 
qu'il est fréquent d’en observer sur des organes d'ordre secon- 
daire, dont le développement plus ou moins complet ne change 
rien au plan général de l’organisation. Il s'ensuit qu’il est peu 
rationnel de faire intervenir de semblables caractères dans une 
classification, ou tout au moins de les invoquer comme carac- 
tères primordiaux 

Ce n’est pas à dire que le squelette soit inapte à nous fournir 
des éléments de classification. Bien au contraire, sa valeur à cet 
égard est exceptionnelle : nous voulons simplement faire obser- 
ver qu'il importe de faire un choix judicieux et que les caractères 
qu'on se propose d’invoquer doivent être pris parmi les plus fixes 
et les plus constants et parmi ceux qui sont le moins sujets aux 
causes multiples de variation. 

En ce qui concerne le squelette, l’axe rachidien attire tout par- 
ticulièrement l'attention. On sait avec quelle remarquable préci- 
sion il permet d'établir dans le groupe des Crocidiliens, vivants 
et fossiles, des subdivisions que résume le tableau suivant : 


amphicæliennes..., TÉLÉOSAURIENS 
CROCODILIENS. Vertèbres.,.,{opisthocæliennes, . . STÉNÉOSAURIENS 


procæliennes..,... CROCODILIENS $.sér. 


(1) P. Albrecht, Note sur le pelvisternum des Edentés, avec des observations 
morphologiques sur l'appareil sternal des animaux Vertébrés. Bull. de l’Acad. de 
Belgique, VI, 1883. 

P. Albrecht, Sur les éléments morphologiques du manubrium du sternum chez 
les Mammifères. Livre jubilaire publié par la Soc. de méd. de Gand à l'occasion 
du 50° anniversaire de sa fondation. Bruxelles, 1884. 


586 RAPHAËL BLANCHARD 


Les Téléosauriens, de l’époque jurassique, sont les plus anciens 
des Crocodiliens ; les Crocodiliens proprement dits sont les plus 
récents. On peut donc, dans un certain sens, considérer l’amphi- 
cœlie comme un état primordial, l’opisthocælie comme un état 
secondaire et la procœælie comme un dernier état, au moins quant 
à l'époque présente. 

Une remarque du plus haut intérêt, c’est que l’ordre des Ba- 
traciens, considéré dans son ensemble, nous présente précisé- 
ment encore à l'heure actuelle des caractères identiques. L'an- 
cien état amphicælien s’observait dans des familles puissantes, 
aujourd’hui éteintes, comme celle des Labyrinthodontes, qui 
établit si manifestement le passage des Ganwïdes aux Urodèles ; 
il s’est maintenu de nos jours chez les Apodes ou Gymnophions 
(Cæcilia, Siphonops) et chez les Urodèles les moins différenciés, 
c'est-à-dire chez les Pérennibranches (Siren, Proteus) et chez les 
Dérotrêmes (Amphiuma, Menopoma). Tous les autres Urodèles 
(Salamandrines) ont des vertèbres opisthocæliennes et, parmi les 
Anoures, semblable disposition s’observe encore dans les types 
inférieurs, à savoir chez les Aglosses (Pipa, Dactylethra) et même 
chez certains Phanéroglosses formant la famille des Discoglossi- 
dés (Alytes, Bombinator, Discoglossus). Énfin, tous les autres 
Anoures, de formation plus récente, ont des vertèbres procælien- 
nes. On peut résumer ainsi ces caractères : 


APODES 


amphicæliennes.,{ LABYRINTHODONTES 


Ichthyoïdes . ... 
| URODÈLES 


BATRACIENS. Vertèbres.... Salamandrines .. 


opisthocæliennes | 
| ANOURES 


Discoglossidés. .. 


procæliennes.... Anoures....... 


Le caractère invoqué pour la classification des Crocodiliens 
s'applique donc exactement à celle des Batraciens. C'est là, on 
ne saurait le méconnaître, une disposition anatomique d’une im- 
portance telle, qu’elle doit primer toutes les autres. Nous allons 
du reste constater bientôt qu'elle est en rapport avec d’autres 
caractères qui ont tout autant de valeur. 

Une des plus brillantes acquisitions de la science zoologique, 


CLASSIFICATION DES BATRACIENS ANOURES 587 


au cours de ces dernières années, a été de reconnaître et de 
comprendre toute l'importance de l’embryogénie. À proprement 
parler, c’est seulement en suivant pas à pas toutes les phases de 
son développement, qu'il est possible d'apprécier les relations et 
les affinités d’un animal. En sorte que, dans les classifications, il 
est particulièrement recommandable, autant que la chose est 
possible, d'attribuer aux caractères embryogéniques la prépon- 
dérance à laquelle ils ont droit. C’est ainsi que, récemment, cer- 
tains auteurs ont montré quel secours pouvait être pour la 
taxonomie des Batraciens anoures l'étude de leur spiraculum, 
c'est-à-dire de l’ouverture par laquelle, chez la larve, l’eau s’é- 
chappe au dehors, après avoir cédé son oxygène au sang qui 
circule dans les branchies. 

Physiologiquement, le spiraculum est l’homologue de l’ouïe du 
Poisson. Or, il est intéressant de constater que, de même que 
l’ouie des Téléostéens et des Dipnoïques, il est double et symé- 
triquement placé de chaque côté de la ligne médiane chez les 
plus anciens Anoures, c’est-à-dire chez les Aglosses : à ce point 
de vue, ces derniers méritent donc de prendre le nom d’'Amphi- 
gyrinidés. 

Chez les autres Anoures, le spiraculum se présente sous un 
aspect modifié. Comme si les spiraculums droit et gauche mar- 
chaient l’un vers l’autre et finissaient par se fusionner sur la 
ligne médiane, on ne trouve plus qu'un spiraculum unique et 
médian à la face inférieure des Phanéroglosses de la famille des 
Discoglossidés : on leur a donné, pour cette raison, le nom de 
Médiogyrinidés. 

Enfin, chez tous les autres Anoures, le spiraculum est encore 
unique, mais latéral et situé à gauche : des deux pertuis primi- 
tifs, l'un à disparu sans retour. Les animaux de ce groupe sont 
les Lévogyrinidés. 

On comprendra toute l'importance de ces remarques, quand, 
en jetant les yeux sur le tableau suivant, on constatera que les 
Amphigyrinidés et les Médiogyrinidés ont des vertèbres opis- 
thocæliennes et que tous les Lévogyrinidés ont des vertèbres 
procæliennes. 


RAPHAEL BLANCHARD 


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CLASSIFICATION DES BATRACIENS ANOURES 589 


Ce tableau n’a aucunement la prétention d’être complet. Il ré- 
sume simplement, d’après leurs véritables affinités naturelles, 
voire même, dans une certaine mesure, d'après leur phylogénie, 
la classification des Batraciens anoures, telle que nous l’exposons 
depuis deux ans dans nos cours de la Faculté de médecine. Cette 
classification a du moins l'avantage de mettre à sa place véritable 
la famille des Discoglossidés, que Boulenger range sans raisons 
suffisantes à côté des Pélobates. 

Nous avons tenu surtout à montrer que la ceinture thoracique 
ne pouvait fournir que des caractères d'importance secondaire, 
applicables aux familles et aux genres, mais non aux sous-or- 
dres. Il en est exactement de même pour la dentition. Les va- 
riations de forme de la vertèbre sacrée et de ses apophyses ont 
moins de valeur encore, en ce sens que, dépendant intimement 
du genre de vie de l’animal et de ses habitudes de saut ou de 
fouissement, elles résultent d'adaptation diverses, de date relati- 
vement récente et par conséquent assez peu fixes. 


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EXTRAIT DES PROCÈS-VERBAUX 


DE LA 


SOCIÈTÉ ZOOLOGIQUE DE FRANCE 


Séance du 13 janvier 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. CHAPER, PRÉSIDENT SORTANT. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 
M. Mégnin, président, indisposé, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. 


M. le D' Gauthier, présenté à la dernière séance, est élu membre de la 
Société. 

MM. Dollfus et Fabre-Domergue présentent M. Albert Girard, attaché au 
Musée zoologique, à Lisbonne (Portugal). 

MM. Marcus et Blanchard présentent M. le D' James E. Blomfeld, 9, place 
du Panthéon, à Paris. 


M. le Trésorier donne lecture du rapport concernant sa gestion pendant 
l’année 1884. MM. Certes et Dautzenberg sont désignés pour faire partie d’une 
commission à l'effet de vérifier ces comptes. 


M. le D' Jullien fait une communication sur les Bryozoaires d’eau douce. 
Renvoi à la Commission de publication. 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGES OFFERTS. 


Stan. Meunier, Trailé de paléontologie pratique. Un vol. in-18 de 495 p. 


Paris, Rothschild, 4885. 
Joubin, Sur les organes digestifs el reproducteurs chez les Brachiopodes du 


genre Cranie. Comptes-rendus, 1°" déc. 1884. 


Il PROCGÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


Séance du 27 janvier 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. P. MÉGNIN, PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures. Le procès-verbal de la dernière 
séance est lu et adopté. 


MM. Girard et Bloomsfield, présentés à la dernière séance, sont élus mem- 
bres de la Société. 


MM. Bergé et Blanchard présentent M. Joseph Smith, licencié ès-sciences 
naturelles, 41, avenue des Gobelins, à Paris. 


MM. Bergé et Blanchard présentent M. Aziz Salem, étudiant en médecine, 
28, rue Racine, à Paris. 


M. Dautzenberg a la parole pour la lecture de son rapport sur la gestion du 
Trésorier pendant l’année 1884. Ce rapport est ainsi concu : 


« MESSIEURS, 


» Il a été bien facile à la Commission que vous avez nommée pour examiner 
les écritures de l'exercice 1884, de s'assurer que la comptabilité de notre 
Société est tenue avec le plus grand soin et la plus grande exactitude par 
notre Trésorier : nous avons eu sous les yeux toutes les notes et factures 
acquittées concernant les dépenses faites et nous avons également constaté 
que les recettes ont été régulièrement inscrites. 

» Au registre de caisse se trouve annexé un état de situation dont voici le 
résumé : 

» Le 31 décembre 1883, il restait en caisse 557 francs, 70 centimes. En 
ajoutant à cette somme les recettes de l’année 1884 qui s'élèvent à 7784 fr., 
30 cent., nous obtenons un total de 8342 francs. Les dépenses ont été de 
7029 francs, 90 cent. Il nous restait donc en caisse au 31 décembre 1884 : 
1312 francs, 10 centimes, 

» Cette situation est d'autant plus rassurante, que toutes les dettes con- 
tractées dans le courant de l’année ont été intégralement soldées. 

» Mais tout en nous félicitant du résultat obtenu, nous voyons, par l’exa- 
men détaillé des articles, qu'il est dù surtout à certaines circonstances parti- 
culièrement favorables et qui peuvent ne pas se produire chaque année. 

» Nous avons, en effet, reçu du Ministère une subvention extraordinaire de 
1000 francs; d'un autre côté, quelques membres ont payé par anticipation 
des cotisations pour 4885 et 1886, dont le montant est de 210 francs. Si nous 
additionnons ces deux articles et que nous en retranchions le total, soit 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ III 


1210 francs, du montant de notre encaisse, nous voyons que celle-ci se trouve 
réduite à 102 francs 10 cent. 

» Nous pouvons donc dire que les ressources ordinaires de la Société ont 
été entièrement utilisées, et nous ne saurions nous en plaindre, puisque l'emploi 
en à été fait au profit de nos publications. 

» Nous avons trouvé au bas de l’État de situation, une liste, par annuités, 
des cotisations restant à recouvrer. En comparant cette liste à celle qui avait 
été dressée l’année dernière, nous remarquons que le montant total des 
cotisations impayées s'élève, au 31 décembre 1884, à....... 14545 fr., 
tandis qu’il n'était, au 31 décembre 4883, que de.......... 14105 fre, 


Différence. ..... k10 fr., 
soit une augmentation d'environ 35 °/. Ces chiffres démontrent clairement 
tout l'avantage que la Société retirerait de plus de promptitude dans la percep- 
tion des cotisations; aussi croyons-nous de notre devoir de faire appel à tous 
nos collègues pour les prier de faire parvenir leurs cotisations à notre Trésorier 
dans le courant des deux premiers mois de chaque année, ce qui lui facilite- 
rait sa tâche et éviterait à la Société des frais de correspondance et de recou- 
vrement. 

» En résumé, Messieurs, l'actif de la Société, au 31 décembre 1884, se 


compose d’une somme en caisse de. ..... due date des eee le eV AIS E 
et de titres en portefeuille dont la valeur est de, ......,....... 1520 fr. 
Total: As 2832 fr. 


Et son passif est nul. 

» L'administration de nos finances a donc été absolument satisfaisante 
pendant l’année 1884. Aussi vous proposons-nous d’en approuver les comptes 
et de voter les plus vifs remerciements à notre Trésorier, M. Héron-Royer, pour 
le dévouement qu’il met à gérer les intérêts de la Société zoologique, 

» DAUTZENBERG, A. CERTES, » 

Les conclusions du rapport sont adoptées. Des remerciements sont adressés 

à M. le Trésorier. 


M. Certes dépose, au nom de notre collèoue, M. le Prof. Léop. Maggi, de 
l’Université de Pavie, deux notes, l’une « Sul numero delle prove d’esame per 
» l'analisi microscopica delle acque potabili, e sul tempo per ciascuna di esse: » 
l’autre « Sull’influenza d'alle temperature nello sviluppo dei Microbi. » 

Dans la première de ces notes, M. le Prof, Magoi, après avoir insisté sur 
l'importance et sur les avantages de la technique microscopique appliquée à 
l'analyse des eaux et à l’étude des microbes, passe en revue les travaux récem- 
ment publiés sur cette question tant par M. Certes que par lui-même. 

Précisant ensuite les conditions d’une bonne analyse microscopique, il énu- 


IV PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


mère la nature et le nombre des épreuves auxquelles il soumet chaque échan- 
tillon d’eau à analyser : après avoir fait de chaque échantillon dix portions 
soumises chacune à un réactif différent, M. le Prof. Maggi multiplie les examens 
microscopiques en ayant soin d'étudier successivement le fond, la partie 
moyenne et la superficie de chaque échantillon. Une telle analyse n’exige pas 
moins de soixante épreuves différentes et l'examen d’un seul échantillon 
demande au moins quinze heures de travail. 

Faites dans de telles conditions, ces observations ont une valeur qui n’échap- 
pera à personne et l’on ne peut que remercier ce savant professeur de l'exemple 
et des conseils qu’il donne aux débutants. 

Le titre modeste de « Note » ne saurait convenir à la seconde brochure de 
M. le Prof, Maggi. Dans ce travail, notre collègue s’est proposé de mettre 
en lumière les expériences trop oubliées de divers observateurs italiens : Spal- 
lanzani, P. Mantegazza (1852), Cavalleri, OEhl, et principalement de Cantaris 
et de Balsamo Crivelli qui, de 4865 à 41877, ont étudié, en collaboration 
avec le Prof. Maggi, l’action des hautes températures sur le développement 
des microbes. 

Ce résumé substantiel d’un grand nombre d'expériences continuées pendant 
plusieurs années, avec des infusions organiques de toute nature, ne saurait, 
on le comprend facilement, faire l’objet d’une analyse succincte. 

Il faudrait reproduire ici le tableau synoptique dans lequel chacune des 76 
expériences effectuées par le Prof. Maggi et ses collaborateurs, trouve sa place, 
avec l'indication des conditions variées de chacune d’elles, et où se trouvent 
mentionnés les résultats positifs et négatifs au point de vue du développement 
des micro-organismes de chacune de ces cultures. Le savant professeur a 
d’ailleurs pris soin de faire ressortir, dans une sorte de récapitulation géné- 
rale, quelles sont, d’après ses expériences, les causes favorables ou non au dé- 
veloppement des microbes dans des infusions soumises à de hautes températures. 

Ce travail considérable sera consulté avec intérêt et avec fruit par tous ceux 
que préoccupe cette question du développement des infiniment petits, que les 
travaux de Pasteur ont mise à l’ordre du jour. 


M. Blanchard donne lecture d’une note de M. A. Pilliet sur la structure de 
la portion gaufrée de l’estomac du Chameau. Renvoi à la Commission de publi- 
cation. 

M. le Président demande si les glandes décrites par l’auteur jouent quelque 
rôle dans les phénomènes de la digestion. 

M. Blanchard croit se faire l'interprète de l’auteur en ne leur assignant 
aucune action : le rapprochement indiqué par M. Pilliet avec les glandes de la 
région pylorique de l'estomac humain permet de supposer que ces organes 


produisent simplement du mucus. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ V 


Mie F, Bignon dit quo la plupart des os du crâne du Nandou (Rhea ameri- 
cana) sont remarquables par leur pneumaticité, contrairement à l'opinion 
classique qui veut que les os des Ratites ne soient pas remplis d'air. Ce fait 
s’observe surtout sur l’ethmoïde, le sphénoïde, l’occipital, etc. 


M. Certes décrit un Rhizopode qu'il a découvert à l'embouchure de la Seine, 
dans l’eau saumâtre. 


M. le Secrétaire général dépose son rapoort sur l’état des Archives et de la 
Bibliothèque pendant l’année 1884. R 

« Conformément à la décision du Conseil en date du 26 février 4884, et en 
l'absence de M. l'Archiviste-bibliothécaire, j'ai l'honneur de vous présenter, 
à défaut de rapport plus circonstancié, la liste des publications périodiques 
avec lesquelles nous échangeons notre Bulletin. Cette liste, publiée pour la 
première fois, permettra à nos collègues de se rendre compte de l'importance 
de notre service d'échanges, en même temps qu’elle leur fera connaître les 
réceptions de l’année qui vient de s’écouler. 


EUROPE 


FRANCE 


Paris. La Nature. 
N°5 552-606. 
Annales des Sciences naturelles, Zoologre. 


Le Tour du Monde. 
N°5 4199-1253, 


Société d’acclimatation. 
Bulletin mensuel, (3), X, n° 12; (4), I, n°5 4-40, 
Feuille des jeunes naturalistes. 


N°5 459-171. 


Société de Géographie. 
Compte-rendu, n°% 17, 18, 1883; n°5 1-19, 4884, 
Bulletin, (7), V, trimestres 4-4. 


Société de géographie commerciale. 
Bulletin, VI, n°5 4-9. 


Académie des Sciences. 
Comptes-rendus, XCVINH ; XCIX moins la table. 


Le Naluraliste. 
Nos 49-79, 


VI PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


Paris. Société géologique de France. 
Bulletin, (3), IX, n° 7, 4881; X, n° 7, 1882; XI, 
feuilles 40-48 ; XIT, feuilles 1-49. 
Societé Philomathique. 
Bulletin, (7), VIII, n°5 4-3. 
Société d’Anthropologie. 
Bulletin, (3), VI, n° 4; VII, n°5 4-3. 
Institut national agronomique. 
Annales, VIT; supplément au tome VIT; VII. 
Revue scientifique. 
4er semestre 4884 ; 2° semestre 1884. 
Revue des travaux scientifiques. 
III, n°5 8-49, 1883 ; IV, n°5 4-10, 4884. 
Angers. Société d’études scientifiques. 
XII et XIII, 4882-1883. 
Auxerre. Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne. 
XXXVII et XXX VII. 
Béziers. Société des sciences naturelles. 
Bordeaux. Société linnéenne. 
Bulletin, XXXVIH (4e série, VI). 
Société d'anthropologie de Bordeaux et du sud-ouest. 
Bulletin, 1, n°5 1 et 2, 1884. 
Caen. Société linnéenne de Normandie. 
Bulletin, (3), VII, 1882-1883. 


Châlon-sur-Saône. Société des sciences naturelles de Saône-et-Loire. 
Bulletins, I, n° 3. 
Mémoires, V, n° 3, 1884. 

Lille. Bulletin scientifique du département du Nord. 
VI, n° 7-12, 1883. 


Lyon. Société linnéenne,. 
Montpellier. Académie des sciences et lettres. 
Nimes. Société d’études des sciences naturelles. 


Bulletin, n°5 A1 et 12, 4883; n° 1-9, 1884. 


Rouen. Société des amis des sciences naturelles. 
Bulletin, 1% et 2° semestres 4883. 


Semur. 


Toulouse. 


Berlin. 


Brême. 


Dresde. 


Erlangen. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ VII 


Société des sciences historiques et naturelles. 
18° et 19° années, 1881-1882. 


Société d'histoire naturelle. 


Académie des sciences. 
Mémoires, (8), V, 1% et 2° semestres 1883. 


ALLEMAGNE 


Akademie der Wissenschaften. 
Monatsberichte, n° 38-53, 1883; n° 48-39, 4884. 


Gesellschaft naturforschender Freunde, 4883. 


Naturwissenschaftlicher Verein. 
Abhandlungen, VIII, n° 2; IX, n°4. 


Naturforschende Gesellschaft « Isis ». 
Juli-Dezember 1883 ; Januar-Juli 4884. 


Biologisches Centralblatt, M, n°5 24-24 ; IV, n°5 4-20, 


Physikalisth-medicinische Societæt. 
XV, 1883. 


Francfort-sur-le-Main. Senckenbergische naturforschende Gesellschaft. 


Freiburgi/Br. 


Halle. 


Hambourg, 


Bericht, 1882-1883. 
Abhandlungen, XIII, n° 3 et 4. 


Naturforschende Gesellschaft. 
Berichte über die Verhandlungen, V, n° 3 et 4, 1870; 
VI, n° 4,1873; VII, n°5 4-4, 1877-1880 ; VIII, 
n°5 4 et 2, 1882. 


Naturforschende Gesellschaft. 
Bericht für’s Jahr, 1883. 
Abhandlungen, XVI, n° 2. 


K. Leopoldinisch-Carolinische deutsche Akademie der Na- 
turforscher. 
Nova acta, XL-XLIV, 1878-1883. 


Naturwissenschaftlicher Verein für Sachsen und Thüringen. 
Zeitschrift für Naturwissenschaften, (4), I, n% 6; 
III, n°° 4-3. 


Naturwissenschaftlicher Verein von Hamburg-Altona. 


VIII 


Heidelberg. 


léna. 


Leipzig. 


Munich. 


Stuttgart. 


Wiesbaden. 


Metz. 


Budapest. 
Cracovie. 


Graz. 


Prague. 


Vienne. 


Bruxelles. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


Naturhistorisch medizinischer Verein. 
Verhandlungen, (2), II, n° 3, 1884. 


Medicinische naturwissenschaftliche Gesellschaft, 
Lenaische Zeitschrift, XNIX, n°% 1-4; XVII, n° 4. 
Sitzungsberichte, 1883. 


Zoologischer Anzeiger. 
VII, 1884. 


K. bayerische Akademie der Wissenschaften. 
Silzungsberichte, n°5 1-3, 1883 ; n° 1, 1884. 
Abhandlungen der math.-phys. Classe, XIV, n° 3, 4883, 


Verein für vaterlændische Naturkunde in Württemberg. 


Nassauischer Verein fur Naturkunde. 
II-XXXII, 4846-1879. 


ALSACE - LORRAINE 


Société d’histoire naturelle. 


AUTRICHE - HONGRIE 


Kir. Magy. természettudomänyi târsulat titkäri hivatala. 

Académie des sciences. 

Naturwissenschaftlicher Verein fur Steiermark. 
Mittheilungen, XX, 1883. 

K. bæœhmische Gesellschaft der Wissenschaften. 

K.k. Akademie der Wissenschaften, 


Sitzungsberichle der math.-nat. Classe, LXXXVI, 
n°5 4-5, 4882; LXXXVIL n°° 4-5, 1883. 


K.k. zoologisch-botanische Gesellschaft. 


BELGIQUE 


Académie royale des sciences de Belgique. 
Annuaire, L, 1884. 
Bulletin, (3), VI, n°5 44 et 12, 4883; VII, n°° 4-6, 
1884; VIII, n°5 7-11, 1884. 
Société entomologique de Belgiqne. 
XXVII, 4883. 


Bruxelles. 


Copenhague. 


Madrid. 


Helsingfors. 


Dublin. 


Édimbourg. 


Glascow. 


Londres. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 1e 


Société malacologique de Belgique. 


Musée royal d'histoire naturelle. 
Bulletin, II, n° 3 et 4, 1883 ; III, n° 4, 1884. 


DANEMARK 


Naturbistorisk Forening. 
Nos 1 et 2, 1883-1884. 


Del k. danske videnskabernes Selskab. 
Oversigt, 1876-1882 ; 1883, n° 3, 1884, n°5 4 et 2. 
Mémoires de l’Académie de Copenhague, (5), XIT, 
n°#49%6:1(6); 1 005,18: 


ESPAGNE 


Sociedad española de historia natural. 
Anales, XII, n° 3 ; XIII, n° 2. 


FINLANDE 


Societas pro fauna et flora fennica. 


GRANDE - BRETAGNE 


Royal Dublin Society. 
Scientific Proceedings, (2), LL, n°5 6 et 7; IV, n°5 1-4. 
Scientific Transactions, (2), 1, n°5 20-95 ; II, n°5 4-3. 


Royal Society of Edinburgh. 
List of Members. 
Proceedings, LI incomplet ; IV-VI; VIII; X-XI; XII, 
n° 4} 
Transactions, IV-XXIX, 1793-1880 ; XXX, n°5 1-3; 
XXXII, n° 1. 


Royal Physical Society. 
Proceedings, session 1882-1883 ; session 1883-1884. 
Natural History Society. 


Royal Microscopical Society. 
Journal, II, n°5 2 et 3, 1879. 
(lin 6, 488dt: Iln5:4-621882; III; n°%4772; 
4-6, 4883; IV, n°° 1-6, 1884. 


X 


Londres. 


Amsterdam. 


Harlem. 


Leyde. 


Bologne. 


Gênes. 


Modène. 


Naples. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


The Zoologist. 
VIII, n°5 85-96. 


Linnean Society. 
Journal, XVIX, n° 404, 102. 
Transactions from nov. 1882 to june 1883. 


HOLLANDE 


Académie des sciences. 
Jaarboek voor 1882. 
Verslagen en mededelingen. Afd. Naluurkunde, (3), 
XVII, 1883. 
Verhandelingen, XII : A.-A.-W. Hubrecht, Over de 
voorouderlijke Stamvormen der Vertebraten.—C.-K. 
Hoffmann. Zur Ontogenie der Knochenfische. 


Société royale de Zoologie « Natura artis magistra. » 
Nederlandsch Tijdschrift voor de dierkunde, 1, 1864; 
II, 1865, III, 1866; IV, n°5 1-12, 4871-1873; 
V,n9Me 


Archives néerlandaises des sciences exactes el naturelles. 
IX, n°5 2 et 3, 1884. 


Société hollandaise des sciences exactes et naturelles. 
Natuurkundige Verhandlingen, X, 4-43 11, 1-6; IT; 
IV, 1-3. 


Nederlandsche dierkundige vereeniging. 
Catalogqus der Bibliothek, 3° édition, 1884. 
Tijdschrift, Supplement Deel, I, n° 2. 


Notes from the Leyden Museum. 


ITALIE 
Accademia delle scienze dell'Istituto di Bologna. 
Memorie, (4), IV, 1-4, 1883. 


Museo civico di storia naturale. 
Annali, XVIII, XIX, XX, XXI. 


Società dei Naturalisti. 


Mitiheilungen aus der zoologischen Station. 
V, n0S 1-4,1884. 


Padoue. 


Pavie. 


Rome. 


Turin. 


Venise. 


Luxembourg. 


Christiania. 


Lisobnne. 


Dorpat. 


PROCÈÉS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XI 


Società veneto-trentina di scienze naturali. 
Atti, VIII, n° 2, 1883. 
Bullettino, III, n°5 4, 2, 4884. 


Bollettino scientifico. 
V,n0 4; VI, n°5 1-4. 


Accademia dei Lincei. 
Transunti, (3), VIE, n° 46; VIIE, n° 1-16. 


Accademia reale delle scienze. 
Bollettino, XIX, n°5 1-7, 1884. 
Il primo secolo della R. Accademia delle scienze di 
Torino. Notizre storiche e bibliografiche, 1783-1883. 
Torino, in-40 di 591 p., 4883. 


Reale Istituto veneto di scienze, lettere ed arti. 
Aiti, (6), I, n° 4-10; II, n° 4 et 2. 


LUXEMBOURG 


Institut royal grand-ducal de Luxembourg. Section des 
sciences naturelles. 
XIX, 1883. 


NORVÈGE 


Den norske Nordhavs-Expedition. 
XI. Zoologi. — Asteroidea, ved D.-C. Danielssen og 
J. Koren. 
Nyt magazin for Naturvidenskaberne. 
XXVIIT, n° 2-4, 1883; XXIX, n° 4, 1884. 


Arkio for mathematik og Naturvidenskab. 
VII, n°% 1-4, 1882; VIII, n°° 4 et 2, 1883. 
PORTUGAL 


Academia real das sciencias. 


RUSSIE 


Naturforschende Gesellschaft. 
Archiv für die Naturkunde Liv-, Ehst- und Kurlands. 
(4), VIEIL, n°5 1-4, 1876-1879 ; IX, n°5 4 et 2, 1882. 
(2), VIII, n°5 4-4, 4877-1882; IX, n°5 1-5, 1880- 
1884. 


XII 


Dorpat. 


Kasan. 


Moscou. 


Saint-Pétersbourg. 


Stockholm. 


Berne. 


Genève. 


Lausanne. 


Neuchâtel. 


Bône. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 
Silzungsberichte der Naturforscher-Gesellschaft bei der 
Universiläl Dorpat. 
LYS n°643 59, 1m05 4280 00 À -3, 
Société des naturalistes. 


Protokoly, année 1882-1883. 
Trondy, IX, n° 1 ; XII, n°° 4-4. 


Isviestia i outchenia zapiski imp. Kazanskago Ouniversi- 
teta, 1881, 
n° 1-6; 1882, n°% 1-6. 


Société impériale des naturalistes. 
Bulletin, n° 3 et 4, 1883; n0 1, 1884. 
Meteorologische Beobachtungen, n° 1, 1883. 


Société impériale des amis des sciences naturelles, de l’an- 
thropologie et de l’ethnographie. 


Académie impériale des sciences. 
Mélanges biologiques, XI, n° 5 et 6, 1883. 
Mémoires, XXXI, n° 43, 1883; XXXII, n0 4, 1884. 


SUÈDE 


Entomologisk Tidskrift. 
1 (IRON I PAL 24e ER rh Lee 
SUISSE 


Naturforschende Gesellschaft, 
Miltheilungen, n°5 4064-1082. 


Recueil zoologique suisse. 
I, 1884. 


Société Vaudoise des sciences naturelles. 
Bulletin, (2), XIX, n° 89 et 90. 


Société des sciences naturelles. 
AFRIQUE 


ALGÉRIE 


Académie d'Hippône. 
Bulletin, XVHI et XIX ; XX, fascicule 4. 
Réunion du bureau, n° 8 et 9, 4883. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ TNT 


ASIE 
INDES 


The Asiatic Society of Bengal, 
Proceedings, n°5 1-10, 1883. 
Journal, part I, LII, n°5 2-4, 1883. 
»  LIII, n° 4, 4884. 
part IT, LIL, n°5 1-4, 1883. 
» LIIT, n° 4, 1884. 


Calcutta. 


AMÉRIQUE 


BRÉSIL 


Bulletin astronomique et météorologique de l'Observatoire 
imp. de Rio de Janeiro. 
1881, n° 3. 
1883, n° 40 et 41. 


Rio de Janeiro. 


ÉTATS - UNIS 


Boston. Society of Natural History. 
Proceedings, XXI, n° 4 ; XXII, n° 4, 4882. 
Memoirs, III, part I, n°5 1-8, 1878-1884. 
Occasional Papers. — I. Harris’ Entomological Corres- 
pondence. 1869. 


American Academy of Arts and Sciences. 
Proceedings, (2), I-XI, 1873-1884. 

Museum of Comparative Zoôlogy at Harvard College. 
Annual Report of the Curator, 1882-1883, 1883-1884. 


Bulletin, XI, n°5 5-9. 
Memoirs, VII, n° 3; IX, n93; X, n°0 3, XII, XIII. 


Cambridge, Mass. 


New-York. New-York Academy of sciences. 
Transactions, I, table ; If, n°5 1-8. 
Annals, II, n°5 10-43 ; III, n° 4 et 2. 


American Museum of Natural History. 
Bulletin, 1, n° 5. 
Fifleenth annual Report, march 1884. 


XIV 


Philadelphie. 


Saint-Louis, Miss. 


Salem, Mass. 


Washington. 


Mexico. 


Buenos-Aires. 


Cordoba. 


Brisbane. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


Academy of natural sciences. 
Proceedings, 1882, n°5 2 et 3 ; 1883, n°3; 1884, n°4. 
Journal, (2), IX, n° 1. 


American Naturalist. 
XVIII. 


American Philosophical Society. 
Proceedings, XX, n° 113; XXI, n°5 144 et 415. 
Transactions, (2), XVI, part 1, 1883. 


Academy of science. 
ANSE n0ES 


American Association for the advancement of science. 


Smithsonian Institution. 
Smithsonian Report, 1882. 


American Monthly Microscopical Journal. 
IV, n° 12, 14883; V, n°5 1-12, 1884. 


U. S. Commission of Fish and Fisheries. 
Commissioner’s Report, 4880. 
Bulletin, IX, 1883. 


U. S. Geological Survey. 
Tertiary history of the Grand Cañon district, 1882. 
— Atlas in-folio. 


MEXIQUE 


Sociedad mexicana de historia natural. 
La Naturaleza, VI, n°5 18-20, 1883. 


RÉPUBLIQUE ARGENTINE 
Museo püblico. 


Academia nacional de ciencias. 
Boletin, V, n°:4; VI, n° 2 et 3. 
Atlas, NV; n°M° 


OCÉANIE 
AUSTRALIE 


Royal Society of Queensland. 
Proceedings, X, n° 1, 1884, 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XV 


Melbourne. Roval Societv of Victoria. 
XIX, 1883. 


Sydney. Linnean Society of New South-Wales. 
Proceedings, VIIT, n°$ 3-4 ; IX, n°$ 4-2, 


Royal Society of New South-Wales. 
Transactions of the Philosophical Society, 1862-1865. 
Transactions of the Royal Society, 1872 et 1873. 
Journal and Proceedings, X-XIV, 1876-1880; XVI, 
1882; XVII, 1883. 


JAVA 


Batavia. Natuurkundig Tijdschrift voor Nederlandsch-[ndié. 
XLIII (8° série, IV), 1884. 


A ce propos, M. Manouvrier demande que, chaque année, au mois de 
décembre, une commission de deux membres soit chargée, de concert avec 
l’Archiviste et le Secrétaire général, d'examiner les Archives et la Bibliothèque 
et de déposer un rapport. Cette proposition est renvoyée au Conseil. 


M. le D" Manouvrier a étudié les modifications que subit le profil encépha- 
lique et endocränien lors du passage à l'état adulte chez l'Homme et chez les 
Anthropoides. 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGES OFFERTS. 


M. Chaper, Rapport sur une Mission scientifique dans le territoire d’Assinie 
(côte occidentale d'Afrique). Archives des missions scientifiques et littéraires, 
(3), XIE, 1884. 

Dr Manouvrier, Note sur la modification générale du profil encéphalique et 
endocränien dans le passage à l’état adulte chez l'Homme et chez les Anthropoïdes. 
Bull, de la Soc. d'anthropologie de Bordeaux et du sud-ouest, I, 1884. 


Séance du 10 février 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. LE D! FISCHER, VICE-PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


XVI PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


M. le Président, frappé d’un deuil de famille, s’excuse de ne pouvoir assis- 
ter à la séance. 


M. le Dr Gauthier, élu membre de la Société à l’une des précédentes 
séances, remercie par lettre de son admission. 

M. le Président de la Société bohémienne des sciences fait part du décès du 
chevalier Frédéric von Stein, le célèbre historien des Infusoires. La Société 
Zoologique de France s'associe au deuil de la Société bohémienne et lui 
adresse ses compliments de condoléance. 


MM. J. Smith et A. Salem, présentés à la dernière séance, sont élus mem- 
bres de la Société. 

MM. Blanchard et Hyades présentent M. le Dr Paul Landowski, 36, rue 
Blanche, à Paris. 

MM. Künstler et Blanchard présentent M. le D" Gabriel Ferré, 33, rue 
Millière, à Bordeaux. 


M. le Dr Jousseaume fait une communication sur les Pachybathron. 


M. Chaper décrit des Mollusques d’Assinie et de Madras, qu’il a rapportés 
de ses voyages. Renvoi à la Commission de publication. 


M. le Dr Fischer possède un Macaque $ qui, lors de son renouvellement 
dentaire, présenta un écoulement leucorrhéique. Depuis cette époque, les 
règles viennent régulièrement tous les mois. Cet animal est grand amateur de 
l’eau : il plonge avec la plus vive satisfaction et se complaît à nager entre 
deux eaux. 

Un autre Singe, la Guenon moustac, rapporté par mer de Lisbonne en 
France, donnait les signes de la plus vive terreur, toutes les fois qu’il aperce- 
vait les flots. 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGE OFFERT. 


Ch. van Bambeke, Note sur une inclusion rencontrée dans un œuf de Poule. 
Extrait du Livre jubilaire publié par la Société de médecine de Gand, à l’oc- 
casion du 50° anniversaire de sa fondation, Gand, 1884. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XVII 


Séance du 24 février 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT. 
La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la 
dernière séance est lu et adopté. 


M. Mégnin est désigné pour représenter la Société comme délégué à la 
23e réunion des Sociétés savantes à la Sorbonne. 


MM. le Dr P. Landowski et le D' Gabriel Ferré, présentés à la dernière 
séance, sont élus membres de la Société. 


M. le D' Blanchard communique un mémoire de M. Bigot relatif aux Dip- 
tères recueillis par l’'Expédition française à l'archipel de la Terre de feu. 


M. Pilliet donne lecture d’une note sur les vaisseaux de la cristalloïde pos- 
térieure chez les fœtus de Mammifères. 


M. Deniker entretient la Société de ses recherches sur le placenta des 
Primates. 


\ 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGES OFFERTS. 


F. Lescuyer, Noms et classification des Oiseaux de la vallée de la Marne. — 
Nouvelle édition. 17° partie. Saint-Dizier, 1885. 

E. Dupont, La chronologie géologique. Bull, de l’Acad. de Belgique, (3), VIH, 
1884. 

G. Ceri, Biografia del Commendatore Luigi Calori, anatomico. Bologna, 
in-8° de 32 p., 1884. 

H. Gadeau de Kerville, Compte-rendu de la 22° réunion des délégués des 
Sociétés savantes à la Sorbonne (Sciences naturelles). Bull. de la Soc. des amis 
des sc. nat. de Rouen, 1884. 

Id., Note sur un Orque épaulard péché aux environs du Tréport. Ibid. 

Id., Note sur un Canard monstrueux appartenant au genre pygomèle. Jour- 
nal de l’anatomie et de la physiologie, 4884. 

Id., Reproduction de la Perruche soleil (Conurus solstitialis Less.) en France. 
Bulletin mensuel de la Soc. nat. d’acclimatation, 1884. j 


t2 


XVIII PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


Séance du 10 mars 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. LE D! P. FISCHER, VICE-PRÉSIDENT 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


MM. J. de Guerne et R. Blanchard présentent M. Raoul Boulart, préparateur 
au laboratoire d'anatomie comparée, 6, rue de la Cerisaie, à Paris. 


Mie F. Bignon fait, en son nom et en celui de M. Pilliet, une communica- 
tion sur l'appareil lacrymal d’une Tortue géante. Renvoi à la communication 
de publication. 


M. le Dr R. Dubois entretient la Société de ses observations et de ses expé- 
riences sur la phosphorescence du Lampyre. 


M. Certes présente des préparations microscopiques d'Infusoires vivants 
colorés à l’aide du vert de malachite. Cette nouvelle matière colorante a la 
propriété de se fixer sur le noyau. 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGES OFFERTS. 


Prof. Alfred Newton, Birds. Encyclopædia britannica, IE, in-4° de 79 p., 
1875. 

Id., Ornithology. Ibidem, in-4° de 50 p., 1884. 

Alph. Dubois, Revue critique des Oiseaux de la famille des Bucérotidés. 
Bull. du Musée r. d’hist. nat. de Belgique, II, 1884. 

Id., Remarques sur les Alouettes du genre Olocorys. Ibidem. 

Offert par M. R, Blanchard : 

J. Künstler, Nyctolherus Duboisi. Journal de micrographie, 1884. 

Offert par l'éditeur : 

E. Leroy, Aviculture. La Poule pratique. Paris, Firmin-Didot, un vol, in-12 
de 256 p., 1885. 


Séance du 24 mars 1885. 


PRÉSIDENCE DE M, MÉGNIN, PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures et quart. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XIX 


M. Raoul Boulart, présenté à la dernière séance, est élu membre de la 
Société. 

MM. Blanchard et Manouvrier présentent M. Pierre Bonnier, étudiant en 
médecine, 75, rue Madame, à Paris. 


M. Blanchard donne communication d’un mémoire de M. le D' Ferré inti- 
tulé : Contribution à l'étude du nerf auditif. Renvoi à la Commission de publi- 


cation. 


M. le Dr Fischer rend compte de l'inauguration de la nouvelle galerie de 
paléontologie, au Muséum, et attire l'attention sur un certain nombre de 
pièces qui s’y trouvent exposées. 


M. Certes a essayé sur les Infusoires l’action d’un certain nombre de sub- 
stances colorantes nouvelles, notamment les bleus de diphénylamine. 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGES OFFERTS. 


F. Plateau, Les Nuturalistes-marchands. Le Guide scientifique, I, n° 9; 
PAnCMEC RE? 

Offert par M. R. Blanchard : 

P. Bert et R. Blanchard, Éléments de zoologie. Un vol. in-18 de 692 pages, 
avec 613 figures. Paris, G. Masson, 1885. 


Séance du 14 avril 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la derniere 
séance est lu et adopté. 


M. Pierre Bonnier, présenté à la dernière séance, est élu membre de la 
Société. 

MM. Marcus et Blanchard présentent M. le D" Gubb, médecin à l'hôpital 
français de Londres, Leicester square, à Londres (Angleterre). 


M. R. Blanchard donne lecture d'un mémoire de M. le prof. F. Plateau sur 
le rôle des palpes chez les Arthropodes maxillés. Renvoi à la Commission de 
publication. 


La séance est levée à neuf heures et demie. 


XX PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


OUVRAGES OFFERTS. 


A.-P. Ninni, Materiali per una fauna veneta. Fascicolo 6, p. 197-229. 
Atti del R. Istituto veneto di scienze, lettere ed arti, (6), IX. 

R. Blanchard, Explication des planches murales d'anatomie humaine. Paris, 
Hachette, in-4° de 38 p., 1885. 


Séance du 28 avril 14885. 


PRÉSIDENCE DE M. LE D! P. FISCHER, VICE-PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


M. le professeur Nordenskiüld adresse pour l'insérer dans le Bulletin une 
note de M. Aurivillius sur les Crustacés parasites des Tuniciers arctiques, 
recueillis par l'expédition de la Véga. 

M. Chevreux offre son portrait pour l’album de la Société. 


M. le D' Gubb, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société. 


M. Héron-Royer dépose sur le bureau de la Société une Notice sur les 
mœurs des Batraciens, à propos de laquelle il donne quelques détails. 

M. le D' Manouvrier offre un mémoire faisant suite à celui qui a été publié 
dans le Bulletin de 1882 et indique les principaux résultats auxquels l'ont 
conduit ses recherches. 


M. le D' Blanchard communique la note de M. le Dr phil. Carl W. S. Auri- 
villius, d'Upsal, dont il a élé question plus haut. 

1 communique également une note de M. Al. Pilliet sur la structure du 
tube digestif de quelques Poissons de mer. Renvoi à la Commission de publi- 
cation, 


M. Certes, après avoir rappelé les expériences de E. Mer sur l'absorption 
des matières colorantes par l'Helix pomatia et celles qu'il a faites lui-même 
sur les Infusoires vivants, rend compte des essais de coloration artificielle qu'il 
a faits en dernier lieu sur l’Huître d'Arcachon (Ostrea edulis). 

L'Huitre supporte, sans paraître en souffrir, un séjour prolongé dans des 
solutions d’eau douce colorées d'une manière intense par certaines couleurs 
d'aniline. La coloration, localisée dans la zone branchiale, s'effectue en moins 
de douze heures. Une fois obtenue, elle persiste dans les Huîtres retirées de 
l’eau où même maintenues pendant plus de dix jours dans les bassins où elles 


PROGÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XX 


vivent habituellement. Ce n’est qu'après la mort que les diverses parties 
internes et externes de l'animal se colorent, la zone branchiale exceptée, ce 
qui semblerait indiquer que la coloration est due à des phénomènes d’endos- 
mose. 

Mettant à profit cette propriété des tissus vivants de l’Huître, M. Certes 
leur a fait absorber des substances médicamenteuses et notamment de l’iodure 
de potassium qui s’est retrouvé en quantités appréciables dans l’urine des per- 
sonnes qui en avaient mangé. C’est d’ailleurs un fait d'observation courante 
que les Huîtres, parquées dans certaines conditions, prennent un goût prononcé 
de goudron ou de fer, 

Il ne paraît donc pas impossible d'utiliser l’Huître comme véhicule de sub- 
stances médicamenteuses et les expériences de M. Certes donnent l'explication 
préalable de certains faits d’empoisonnement par l’ingestion de Mollusques, 
faits assez mal expliqués jusqu’à ce jour. 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGES OFFERTS. 


Héron-Royer, Notices sur les mœurs des Batraciens. Bull. de la Soc. d’études 
scientifiques d'Angers, 1885. 

D' L. Manouvrier, Recherches d'anatomie comparative et philosophique sur 
les caractères du cräne et du cerveau. — Second mémoire : Sur l'interprétation 
de la quantité dans l'encéphale et du poids du cerveau en particulier. Mémoires 
de la Société d'anthropologie de Paris, (2), IT, 1885. 


Séance du 12 mai 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


L'Académie des sciences de Californie, à San-Francisco, adresse les n° 2 et 3 
de son Bulletin, pour janvier et février 1885, et demande l'échange. Renvoi 
au Conseil. 

M. Certes dépose sur le bureau une brochure de M. le professeur Maggi. 


M. Blanchard présente, au nom de M. Héron-Royer et au sien, une Kana 
viridis offrant, du côté gauche, une persistance de la membrane pupillaire ; 
l'œil droit est normal; l'animal, au contraire, est parfaitement aveugle du côté 


XXII PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


gauche. C'est là un curieux cas d’une anomalie qui n’est pas très rare chez 
l’homme et qui s'explique par la persistance d’un état embryonnaire. 


M. Blanchard décrit, sous le nom d’Ankylostoma boæ, un Nématode parasite 
de l'intestin du Boa constrictor et sous le nom de Strongylus Tibulli un Néma- 
tode qui vit enkysté à l'état adulte dans la mu queuse stomacale du Petrogale 
penicillala. Renvoi à la Commission de publication. 


M. Blanchard communique également les observations qu'il a faites sur un 
Sporozoaire qu'il a trouvé enkysté au-dessus de la muqueuse du gros intestin 
chez un Petrogale penicillata. Renvoi à la Commission de publication. 


M. le D" Jousseaume fait la description d’une nouvelle espèce d'Helicidæ, 
appartenant au genre Solaropsis de Beck, qui lui a été envoyée de l’Équateur 
par notre collègue, M. Cousin. 

Cette espèce, qu’il désigne sous le nom de Solaropsis Cousini, se rapproche 
beaucoup par la taille du Solaropsis amori Hidalgo. Elle en diffère par sa spire 
plus élevée et plus convexe, ses tours moins déprimés, son ouverture plus large 
et par sa coloration. Ses deux premiers tours sont jaunâtres et non brun-rou- 
geâtre clair comme dans $. amori, les tours suivants sont ornés à la face supé- 
rieure de zones transversales et flammelées de couleur brune alternant avec 
des bandes jaunâtres de même forme et à peu près de même dimension. A la 
face inférieure, les lignes concentriques formées par la réunion de petites 
taches brunes que l’on observe dans le S. amori sont remplacées dans la 
moitié externe par des zones rayonnantes semblables à celles que l’on observe 
à la face supérieure. Cette espèce a été recueillie dans le bassin du Napo. 

Pour la description, renvoi au Bulletin. 


Le D' Jousseaume rappelle, en outre, que le travail de notre collègue 
M. Chaper, publié dans la 4"° partie de nos Bullelins de cette année, présente 
un très grand intérêt scientifique au point de vue de la distribution géogra- 
phique des Mollusques, puisqu'il vient de décrire, sous le nom de Curvella 
striata et de Curvella inornala, deux coquilles qui présentent une forme parti- 
culière et offrent des caractères qui permettent de les séparer des genres con- 
nus. Cette forme nouvelle, nettement définie par notre collègue M. Chaper, se 
retrouve dans l'Inde. Ainsi, dans les Proceedings de la Société Zoologique de 
Londres, 1872, M. Godwin-Austen, sous le nom de Bulimus (Harpalus) kha- 
sianus et B. (Harpalus) munipurensis (au lieu de Harpalus, lire Hapalus), dé- 
crit deux coquilles dont la forme est identiqne à celle recueillie en Assinie par 
notre collègue M. Chaper. Nous savions déjà que presque toutes les espèces 
de coquilles appartenant au genre Glessula se rencontraient également dans ces 
deux localités. C'est un fait bien inexplicable, de trouver un très grand nombre 
d'espèces terrestres de même forme confinées dans deux localités aussi distantes. 


PROGÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XXII 


Le D' Jousseaume, pour appuyer l'opinion qu’il s’est formée sur le peu de 
valeur que l’on doit attribuer à la radula, prise par certains auteurs d’un grand 
mérite comme base de classification des Mollusques, pense que cette étude 
peut être très intéressante, mais qu’il ne faut pas lui accorder plus d'importance 
qu’à tout autre organe ; que son étude nécessitant l'emploi du microscope peut, 
dans bien des cas, suivant le plus ou moins de perfection des appareils employés 
et suivant l'œil plus ou moins exercé de l'observateur, conduire à des obser- 
vations incomplètes ou erronées; que, du reste, la radula n'existe pas chez 
tous les Mollusques vivants et que, par ce procédé, il serait impossible de 
classer les Mollusques disparus, dont il ne reste plus, à l’état fossile, que quel- 
ques vestiges de l'enveloppe testacée de l'animal. Il est donc plus rationnel, 
après avoir étudié avec soin la corrélation qui existe entre l’animal et sa co- 
quille, de prendre cette dernière, si variable dans la structure et la forme, 
comme base de classification; si une erreur venait à être commise, ce qui 
n'est arrivé qu'exceptionnellement, il suffirait, je ne dirai pas de l'étude, mais, 
de la simple vue de l'animal pour la faire disparaître. 

L'étude de la radula, exigeant tout un déploiement d'appareils qui ne sont 
pas toujours à la portée de toutes les bourses, oblige la majorité des personnes 
qui s'occupent de ces questions à accepter, comme article de foi, les observa- 
tions que l’on a faites ; et si, par hasard, quelques personnes viennent à con- 
trôler les faits avancés par d’autres observations, on est tout surpris d'apprendre 
que l’un a vu 1.3.5 où l’autre avait vu 2.4.6. Ceux qui ne se sont jamais 
livrés aux études microscopiques comprendront difficilement ces contradictions. 
Cela est cependant bien explicable, car indépendamment des troubles visuels 
qui modifient la couleur des objets et leur voiume, il existe également un 
champ très vaste de variabilité attenante soit à la qualité de l’instrument 
choisi, soit aux grossissements employés, soit au plus ou moins d’habileté de 
celui qui s’en sert. 

Je citerai à ce propos un fait qui se rapporte particulièrement à l'étude de 
la radula. M. Fischer, notre collègue, et M. Poirier ont fait l’anatomie de 
Halia priamus, Mollusque des plus intéressant par la forme spéciale de sa 
coquille. Alors que M. Fischer a donné à cette espèce, comme formule dentaire 
de la radula, 1.0.1, M. Poirier a trouvé qu’elle était au contraire représentée 
par 1.1.1. Si deux savants, dont tout le monde connait les vastes connaissances 
en malacologie et dont personne ne peut contester l'honnêteté scientifique, se 
trouvent en contradiction sur la formule dentaire d’une espèce étudiée deux 
fois, n’avons-nous pas une preuve des difficultés que présente ce genre d’étude, 
let ne devons-nous pas considérer comme téméraires toutes personnes qui 
‘emploient comme base de classification ? Aussi, d’après M. Fischer, l’H. pria- 
mus est placée dans la famille des Pleurotomidæ, alors que M. Poirier la rat- 
tache à la famille des Buccinidæ. Sans trancher une question aussi délicate, 


XXIV PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


nous avons depuis longtemps, par la simple inspection de la coquille, considéré 
que le genre Halia, dont on ne connait que deux espèces, l’une vivante et 
l’autre fossile, devait constituer une famille spéciale. La famille des Halde, 
placée comme l'ont fait certains auteurs à côté des Struthiolaires établit le 
passage entre les Cancellaires, les Litiopes, les Planacées et le grand groupe 
des Cerilhidæ. 

Sur l'observation de quelques membres de la Société, qui trouvent une 
analogie entre la dentition linguale et les dents des animaux supérieurs, le 
D' Jousseaume dit que la radula n’est pas autre chose qu’un organe de pré- 
hension, que c’est un organe qui physiologiquement ne peut être comparé qu'à 
la langue des Mammifères, qu’il suffit d'examiner le mode de préhension des 
aliments chez les Mollusques pulmonés qui, indépendamment de la radula, 
possèdent une mâchoire cornée, pour voir que la radula attire dans la cavité 
buccale des parcelles de plantes qui sont coupées par la mâchoire et introduites 
ensuite dans l’estomac, sans que la radula leur ait fait subir aucune espèce de 
trituration. Le rôle de la radula est donc, comme la langue chez le Cheval, 
d'attirer dans la cavité buccale des parties de plantes qui sont ensuite cou- 
pées par les dents qui leur donnent un volume convenable avant leur intro- 
duction dans le tube digestif. Classer les Mollusques d’après la dentition de la 
radula n’est certainement pas plus impossible que de classer les Mammifères 
d’après les papiiles de la langue. S'il n’y a pas impossibilité, il y a tout au 
moins une difficulté qui a éloigné les savants à fonder une classification sérieuse 
sur de semblables minuties. 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGES OFFERTS. 


À. Certes, De l'emploi des matières colorantes dans l'étude physiologique et 
histologique des Infusoires vivants. Comptes-rendus de la Soc. de Biologie, 
5 avril 4884. 

L. Magoi, À proposilo dei protisli cholerigini. Gazzelta medica italiana Lom- 
bardia, 14885. 

Offert par M. Chaper : 

U. S. Commission of fish and fisheries. Part TIT. Report of the commisioner 
for 1873-4 and 1874-5. Washington, 4876. 

Reports of Exploralions and Surveys, lo ascertain the most practlicable and 
economical roule for a railroad from the Mississipi river to the pacific Ocean. 
Washington, 1855-1860. Douze volumes grand in-#4° en 43 tomes. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XOXNI 


Séance du 26 mai 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. CERTES, VICE-PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 
M. le Secrétaire général s’excuse de ne pouvoir assister à la séance. 


M. Blanchard, revenant sur sa communication de la dernière séance, relative 
à un Sporozoaire trouvé dans la couche sous-muqueuse du gros intestin d’un 
Marsupial, fait savoir qu’il a eu le plaisir de faire examiner ses préparations 
par M. le prof. Balbiani et qu’il a vu ses prévisions pleinement confirmées par 
ce savant naturaliste. Il s’agit bien d’un Sporozoaire du groupe des Sarcos- 
poridies, remarquable à plus d’un titre, mais surtout à cause de son siège : 
les Sarcosporidies ont été en effet signalées constamment jusqu’à ce jour à 
l'intérieur des fibres du tissu musculaire strié, Une note, accompagnée de 
figures, sera prochainement insérée au Bulletin. 


M. Fabre-Domergue offre à la Société un exemplaire de l'ouvrage de Klein 
qu'il a traduit de l'anglais {Microbes el maladies). 

M. Certes fait quelques observations à ce sujet, en indiquant les passages 
intéressants de ce livre. 


M. Fabre-Domergue décrit un Infusoire nouveau, sous le nom d’Ophryoglena 
Certesi, Renvoi au Bulletin. 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGES OFFERTS. 


D' Alph. Dubois, Revue des Oiseaux observés en Belgique. Bulletin du musée 
royal d'histoire naturelle de Belgique, IV, 1885. 

A. P, Ninni, Sopra le Ranæ fuscæ del Veneto. Atti del R. Istituto veneto, 
(6), III, 4885. 

Van Bambeke, État actuel de nos connaissances sur la structure du noyau 
cellulaire à l'état de repos. Annales de la Société de médecine de Gand, 1885, 

Offert par M. Blanchard : 

G. Pouchet, Nouvelle contribution à l'histoire des Péridiniens marins. Journal 
de l’Anatomie, 1885. 

Offert par M. Fabre-Domergue : 

Klein, Microbes el maladies, Guide pratique pour l'étude des micro-organismes 
Traduit de l’anglais par Fabre-Domergue. Paris, 1885. 


XXVI PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


Séance du 9 juin 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. LE B°0 BILLAUD, DOYEN D'AGE. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


M. le Ministre de l’Instruction publique annonce à la Société qu’il vient de 
prescrire en son nom l’ordonnancement d’une somme de mille francs, en 
échange de vingt exemplaire du Bulletin. 


MM. Alph. Dubois et R. Blanchard présentent M. René Martin, avocat, au 
Blanc (Indre). 


La séance est levée à neuf heures. 


OUVRAGES OFFERTS. 


G. Canestrini, Prospetto dell’ acarofauna italiana. Famiglie : Oribalini, 
Gamasini, Hoplopini, Trombidini, Rhyncholophini. Padova, in-8° de 163 p., 
1885. 

Offert par M. Chaper : 

J. L. Leconte, On some changes in the nomenclature of north american 
Coleoptera, which have been recently proposed. The Canadian Entomologist, 
1874. 

J. L. Leconte, An additional character to the definilion of Rhynchophorus 
Coleoptera. American naturalist, IX, 1875. 

Jeffries Vyman. Memorial meeting of the Boston Society of natural history, 
7 october 1874. 

N. M. Hentz, The Spiders of the United States. Occasional papers of the Bos- 
ton Society of natural history, I, 4875. 


Séance du 23 juin 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. J. VIAN, DOYEN D'AGE. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


M. René Martin, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XXVII 


MM. Marcus et Blanchard présentent M. le D' Robert Massalongo, à Vérone 
(Italie). 


M. J. de Morgan fait une communication sur les Mollusques qu'il a recueillis 
pendant un voyage dans la presqu'île de Malacca. Renvoi au Bulletin. 


M. R. Boulart fait part de ses observations sur les sacs aériens cervicaux du 
Tantale. 


M. Al. Pilliet dépose une note sur la glande de Harder du Chameau. 


MM. Al. Pilliet et Boulart rendent compte de leurs études sur les glandes 
conglomérées du tégument externe. 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGES OFFERTS. 


R. Blanchard, Sur un cas de polymastie et sur la signification des mamelles 
surnuméraires. Bulletin de la Société d’Anthropologie (3), VIIE, 49 mars 1885. 

Offert par M. Maurice Chaper : 

Smithsonian Report, 1871-1876 (6 volumes). 


Séance du 7 juillet 1885. (1) 


PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance, est lu et adopté. 


M. R. Massalongo, présenté à la dernière séance, est élu membre de la 
Société. 


M. le Secrétaire général présente un mémoire de M. J. Künstler, compre- 
nant la description d’un Protozoaire parasite de la cavité périviscérale des 
Ophélies, Dumontia Opheliarum. Renvoi au Bulletin. 


M. Mégnin décrit une maladie cutanée des Barbeaux causée par une Myxo- 
sporidie. Renvoi au Bulletin. 


La séance est levée à dix heures. 


(1) À l’occasion de la Fête Nationale du 14 Juillet, la séance du second mardi de 
Juillet a été reportée au mardi 7. 


La 


XXVIII PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


Séance du 28 juillet 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 


nière séance est lu et adopté. 
Après dépouillement de la correspondance et présentation des publications 


reçues, la séance est levée. 


: Séance du 13 octobre 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. LE D' JOUSSEAUME, DOYEN D'AGE. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


M. le Secrétaire général annonce à la Société la perte qu’elle vient de faire 
en la personne de M. le Professeur Charles Robin, membre de l’Institut et 
membre honoraire de la Société. Il fait en quelques mots l'éloge de ce 
savant éminent et expose rapidement les progrès et les découvertes dont la 
science lui est redevable. 


M. le D' Jullien fait une communication relative aux Bryozoaires. 


M. Deniker entretient la Société de ses observations sur les sacs laryngés 
des Anthropoïdes. 


La séance est levée à neuf heures et demie. 


OUVRAGES OFFERTS. 


H. Gadeau de Kerville, Aperçu de la faune actuelle de la Seine et de son 
embouchure. Extrait du 2° volume de l'£stuaire de la Seine, par G. Lennier, 
Le Hâvre, 1885. 

Id., Mélanges entomologiques. 3° mémoire. Bull. de la Soc. des Amis des sc. 
nat. de Rouen, 2° semestre 1884. 

Id., Comple-rendu de la 23° réunion des délégués des Sociétés savantes à la 
Sorbonne, 1885. Ibidem, 4er semestre 1885. 

Id., Note sur les Crustacés Schisopodes de l'estuaire de la Seine. Ibidem. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ > @ Le 


Id., La Société des jAmis des Sciences naturelles de Rouen en 1884. Rouen, 
1885. 

Id., Description de quatre monstres doubles. Journal de l’Anatomie, 1885. 

V.-L. Seoane, Identidad de Lacerta Schreiberi (Bedriaga) y Lacerta viridis, 
var. Gadovii (Boulenger) é investigaciones herpetolôgicas de Galicia. La Coruña, 
1884. 

Id., On tawo forms of Rana from n. w. Spain. The Zoologist, may 1885. 

A. Nobre, Molluscos marinhos do nordesie de Portugal. Porto, 1884. 

G. Lunel, Sur la varialion dans les œufs du Vautour moine. Recueil zoolo- 
gique suisse, I, 1885. 

V. Fatio, Les Corégones de la Suisse (Féras diverses) ; classification et condi- 
tions de frai. Ibidem. 

A.-P. Ninni, Sulla ricomparsa dei gamberi nel Trevigiano. Treviso, 1885. 

Offert par le ministère de l’Instruction publique : 

Exploralion scientifique de la Tunisie. Liste des Coléoptères recueillis en 
Tunisie en 1853 par M. A. Letourneux, dressée par M. Ed. Lefèvre. Paris, 
1885. 

Offert par l'Association française pour l'avancement des Sciences : 

E. Olivier, Faune du Doubs ou catalogue raisonné des animaux sauvages 
(Mammifères, Reptiles, Batraciens, Poissons) observés jusqu'à ce jour dans ce 
département. Mém. de la Soc. d’émulation du Doubs, 1883. 

Id., Supplément à l'essai sur la faune de l'Allier (Vertébrés). Bull. de la 
Soc. d’émulation de l'Allier, 1884. 

G. Cotteau, Échinides jurassiques, crétacés, éocènes du Sud-Ouest de la 
France. Ann. de la Soc. des Sc. nat, de la Rochelle, 1883. 

Ed. Beltrémieux, Faune vivante de la Charente-Inférieure. Ibidem, 1884. 

Id., Faune fossile de la Charente-Enférieure. Ibidem, 1884. 


Séance du 26 octobre 1835. 


PRÉSIDENCE DE M. VIAN, DOYEN D'AGE. 


La séance est ouverte à huit heures ei demie. Le procès-verbal de la der- 


nière séance est lu et adopté. 


MM.'E. Deslongchamps et R. Blanchard présentent M. L, Huet, maître de 
conférences à la Faculté des sciences de Caen. 


. , . . . , . . , “ 
M. Taczanowski adresse un mémoire intitulé : Liste des Oiseaux d'un envot 
récent du sud-ouest du pays oussourien. Renvoi au Bulletin. 


XXX PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ 


M. Eug. Simon fait une communication sur la faune arachnologique de 
l'Asie méridionale. 


M. le Dr Jousseaume donne la description de trois espèces nouvelles de 
Mollusques : deux appartenant à la famille des Bulimidés (Cryploraphe Au- 
gusti et Rabdotus Cousini) et l’autre à celle des Ampullaridés (Ampullaria 
Cousini). Cette dernière est caractérisée par une tache d’un jaune orange foncé 
située vers le milieu du bord columellaire. 


La séance est levée à neuf heures et demie. 


Séance du 10 novembre 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. MÉGNIN, PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures un quart. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


M. le Dr Huct, présenté à la dernière séance, est élu membre de la Société. 
M'e F, Bignon et M. Boulart présentent M. Daniel Christman, étudiant en 
médecine, 2, rue de Mirbel, à Paris. 


M. Chaper dépose une note sur quelques espèces nouvelles de coquilles 
vivantes provenant de l'Afrique australe et d’Assinie. 


M. le Dr Jousseaume transmet, au nom de M. Buffet, pharmacien, l’obser- 
vation suivante : 

« En 4862, faisant neltoyer une grande fontaine de grès, toujours tenue 
pleine de l’eau prise au robinet de la cour d’une maison de la rue du Bac, j'y 
trouvai le long de la paroi, adhérente par son byssus, et très vivante, une 
coquille que je pris alors pour une variété barbue de la Dreyssène, que je 
savais exister dans les eaux de Paris. 

« Pour l’observer à mon aise, je la gardai plusieurs jours dans un petit 
vase de verre où elle continua de vivre. Je ne m'occupais alors que de bota- 
nique et un peu de paléontologie. Aussi je ne conservai cetle coquille que 
pour obéir à mes goûts de collectionneur, sans me douter de ce qu'avait d’ex- 
traordinaire sa présence dans les eaux de Paris. 

« Ce n’est que ces temps derniers que, m'élant mis à l'étude des Mollusques 
vivant aux environs de Paris, j’eus la très heureuse occasion d’en causer avec 
le Dr Jousseaume. J'appris de lui avec un très grand étonnement, que ce Mol- 
lusque était le Modiola; barbata, qui n'habite que les eaux salées. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XXXI 


« L’échantillon que j'ai trouvé se trouvait placé dans de telles conditions 
de bonne conservation que les dentelures des barbes de la coquille sont d’une 
délicatesse parfaite. » 


MM. Fischer et Chaper font part d'observations analogues concernant des 
Mollusques d’eau salée adaptés à la vie dans l’eau douce. 


M. le Dr Jousseaume signale encore la découverte, faite par M. Buffet, de 
la Clausilia ventricosa dans la forêt de Montmorency. 


La séance est levée à dix heures. 


OUVRAGE OFFERT. 


Offert par M. J.-J. Dalgleish : 
E. Gibson, Notes on the Birds of Paisandü, Republic of Uruguay. The Ibis, 
(5), II, p. 275, 1885. 


Séance du 24 novembre 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. LE D! FISCHER, VICE-PRÉSIDENT. 


La séance est ouverte à huit heures et demie. Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


M. le Ministre de l'instruction publique notifie le rattachement des sciences 
naturelles à la quatrième section du Comité des travaux historiques et scien- 
tifiques, section qui prendra désormais le titre de section des sciences. 

M. le D' Huet, élu membre de la Société à la précédente séance, remercie 
de son admission. 

M. D. Christman, présenté à la dernière séance, est élu membre de la 
Société. 


M. le Dr J, Jullien décrit un nouveau type de Bryozoaires, dragué par l’ex- 
pédition de la Romanche entre les îles Malouines et le détroit de Magellan ; il 
lui donne le nom de Dolmenia druidica. 


La séance est levée à neuf heures et demie. 
OUVRAGES OFFERTS. 


F. Plateau, Recherches expérimentales sur la vision chez les Insectes. Les In- 


XREIT PROCÈS-VERBAUX DE LA-SOCIÉTÉ 


sectes distinguent-ils la forme des objets ? Bulletins de l’Acad. royale de Bel- 
gique, (3), X, 1885. 

Offert par M. A. Woodward : 

L. P. Gratacap and A. Woodward, The fresh water flora and fauna of 
Central Park. New-York, 1884. 

A. Woodward, Foraminifera from Bermuda. Journal of the New-York 
microscopical Society, 1885. 

A. Woodward and B.:W. Thomas, On the Foraminifera of the Boulder- 
clay. 4318 annual report of the geological and natural history Survey of Min- 
nesota. Saint-Paul, 4885. 


Séance du 8 décembre 1885. 


PRÉSIDENCE DE M. VIAN, DOYEN D'AGE. 
La séance est ouverte à huit heures et demie, Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


M. O. Terquem adresse une note sur les Mollusques et les Foraminifères 
dragués dans la rade de Smyrne par M. Ed. Terquem. Une espèce nouvelle de 
Rosalina est décrite. 


La séance est levée à neuf heures et demie. 
OUVRAGE OFFERT. 


Offert par l’Académie des Sciences : 
Mission scientifique du cap Horn, 1882-1883. Tome II, Météorologie, par 
J. Lephay. Paris, 4885. 


Séance du 22 décembre 1885. 
PRÉSIDENCE DE M. LE D' FISCHER, VICE-PRÉSIDENT, 
La séance est ouverte à huit heures et demie, Le procès-verbal de la der- 
nière séance est lu et adopté. 


M. Cotteau fait une communication sur une série d'Échinides fossiles, nou- 
veaux où peu connus, Renvoi au Bulletin. 


PROCÈS-VERBAUX DE LA SOCIÉTÉ XXXIII 


M. le Dr R. Dubois expose le résultat de ses recherches sur l’anatomie et 
la physiologie des Pyrophores. 

M. le D' R. Blanchard présente, au nom de M. le D' Ch. Debierre, un mé- 
moire sur l'appareil hyoïdien considéré dans la série des Vertébrés. Renvoi 
au Bulletin. 

M. Héron-Royer fait une communication sur le développement larvaire du 


Discoglosse. Renvoi au Bulletin. 
MM. de Guerne et Sauvinet sont désignés pour dépouiller le scrutin. 


Le scrutin donne les résultats suivants, pour 85 votants: 


PNEU NON 0e. RAA MM. le DrP. Fischer... 841 voix. 
en ROMEO PL 
Pacc-Bresudents Mi ie NReeUr ed à BA 
Secrétatre général . .......... Prof. R. Blanchard, 81 » 
MINE Bienne ee PAST 
BECRÉMNESE RL DS." CU MM. J. Gazagnaire..... 780 
Dr L. Manouvrier.. 80 » 
IRCSIN DRM. SENTE LR Héron-Royer ..... 81 » 
Archiviste-Bibliothécaire . ..... H PIS OA TI 80 » 
Bon Billaud....... 80 » 
: J/Deniker.. 22% 80 » 
Membres du Conseil, ......... NE E ao 


Ph. Dautzenberg .. 79 » 
Par suite du passage de M. le Dr Jullien à la vice-présidence, une vacance 
s’est produite parmi les membres du Conseil. M. de Guerne est élu par 
43 voix sur 19 votants. 


La séance est levée à dix heures et demie. 


OUVRAGES OFFERTS. 


H. Gadeau de Kerville, Causeries sur le transformisme. — 1. Exposé de la 
doctrine transformiste. Elbeuf, 1885. 

A. P. Ninni, Rapporto a $S. E. il ministro di agricollura sui progetti della 
ditta grego per estendere la pescicoltura... Roma, 1885. 

G. Cotteau, Considérations générales sur les Échinides du terrain jurassique 
de la France. Bulletin de la Soc. géologique de France, (3), XIII, 1885. 


Page 280, lignes 4 et 5, supprimer : ex raison de l'existence à sa 
surface de deux sortes de cils. à 


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ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX 
DÉCRITS DANS LE BULLETIN DE 1885 


PROTOZOAIRES. 
Pages 
biescheria RÉBIAN CAT 19. EN LR Re Ii 274 
Albin ee EUR: Dre Eos eee amet nes don MO 274 
Apiosomane DL) 7 Us Jia desde der débats AUTRE 271 
ADECCO RDS TRE VS TS RE ENS 277 
DimonciaJKunstlier, n: Ji MS CSN ER Aire 309 
Done: KUNSUeL SE NES PER 309 
Bosalhina-vitrea®. et. Terquem.: "MCE ee eee 549 
ÉCHINODERMES. 
Crnhosoma Crormiert COLOR ART NE ES RE 552 
Gars Mourguer Ge Colt RECENT ELLE er 554 
DCR TUASCEr COL TS ER. 228 salt comrabiors eR 297 
HERO SSus Gone Er COHEN SOL IR LL CAEN LAURE 598 
Psammechinus Gauthieri G. CO. ..: 28... Lie a 563 
NÉMATODES 
AaËtiostoma Bof. Blanchard idees eo XXII 
Des Tab HDI TEE EE Me ee JR XXII 
BRYOZOAIRES. 
Plimatelhoe ae Julien: 208 amsn ee 94, 100 
Hya ln SAIT RE CPR ne drsiee dre Nan 133 
Lophopude il aoû: jam NS eue RU es Ne 94, 139 
Lophopus Prémmonv ATON Eee see don leltes ue 22e s | 140 
Hislopidoe J'EN IG 0 DU NIIME DATI Ten e 95, 180 


XXXVI ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX 
MOLLUSQUES. 

Spatha DrouetiOAAper TARN RSR} LACS 

Adjua:ChaDER En OR RE ENTRER ER CEE EEE. RUE 


À. bretis CHAPEAU MMA NES IEEE". RARE 
Perideris Verdier Ghaper ee RE. PE DRE. «IE 
Glessula Bretignerei Chaper 
CorbulriasstmensSeGhaper. ss LS PARC. AR 
Corp CADET 2. DU. 2... Re ee ne ee CE SCRE 
CAS UICHMOMADET: I. de à à NE ee re RER 22 IE 
Coran Pa En UT ADer CE. LR ET LIN RES. UE 
ordonne ChADer Le: NA PORT ER LA RER 
Ddisia Morgan GhADEr.. 20e ER TERRES. nee 
Giella .elimensis ChaDers ARTS EMA TENERTERRE TER EE 
M iassimiensts (CHA DER ES LM MERE RENAN AA SCENE 
Strepiaris.plussensis (ie MOTS an ELLE LRU UE CEE 
Hapalis JousseaumneMOrRSsS TN SN SEEN EU PSE OIUMRE 
Hehcartion Lour MORE SLR SM ERREUR RER RAS 
esta Malaonyt MOLS SL Sa ST RL EN - Fete 
Matrochlamys patamensis: MO 2 ERP E Re RER. JP 
M cHatchongt MORE TTL ME NRRELC- OO DRE ENEL JEECEE 
M Tousouf MOTEUR CRIME EN EnES CRR Er 
M: Bartorm MORE IMPR RU NE CN ÉRRR RE Le DER SR RENE 
Hermiplecta.Léecin, MORB ELA Eir airaee setineee see ile le 
Orytes Sakaye MOI RE Lin Cie Eat ee RR Re ner core ce e 
Aopranta Riniann MORE RER een ee 
APRLHRATENRSIS-MOTE ER Re ee RS ET ER ER CIRE 
Pefasra :Douryi MORK ES AE. LR REC NIONRNS TSEN ONERT PERRRE 
PhtdorA MOIS RITES. Rene CE TE TT RE 
PRE rar MOLR SE SERT. UIROEMERE PS RE Es ete 
Ph; Hardonin MOT. 0. RENNES RARES 
Gueotis Douvuler MOrE 5.0. RIM ERA CREER 
Stenogyra. Tchehelensis Morg.….. CURRENT LRO 
SE nsibettenhamtiMORES |. : 210 SRE ARR NES 
Hhodina MOTE An.) ROSE LEDs RNSDRS 
Rh:-perakensis Monet, 4.4. RTE ES er, CON ONE 
Pseudonenia kapayanensis MOrg.L SSSR AR CON Re 
Melampus, Crossei MOTEURS ER NE 2e ANNE OI 
Elobium Chaperi MORE hs ONE AUS ANUS 
E;,‘penangense MOTS... an aan TR OC ER DEC URES 
Cyèlotus Dautsenbergi MOYS . 29, PU ER NE IR ONES 


Le les tole e'feir teens Lie bleltesn false; s vie see 


ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX XXX VII 


Pages. 
RbiostomadJoussenumer MODS. 1 SONORE 400 
PierocyclosRegelspergerd More") OP RO 400 
Alyoæœus Jouséaume, MOTS RE NE UE 3e 3 OR PRE 402 
A Rapayanenes MOTS ET. LS SAR AO AIRE 403 
A DHORDDNIOET, RER Rs PE ENS NE CRC 403 
ÆHybotysas olonhas MOrE PRES UE EN EN 404 
PA D RD RO AU) ES LE PES OR RE INR Die 0 ILE 405 
RONA PDP OTS EE RS AE date he Dh Lu date ie 407 
CücloghonusiLahatensis MORE... RERO NNEE. LUEUR 409 
Lagobkitus Bioeitenhamr Mons. 2. 32. MERE LAS LL 412 
PCA LORMONE ERENT AR A ERMT chi Li 414 
DER O IA OURS 1e. IRON SAPAIEEDE, LORRAINE ER CRC ACTE à LS SERRE A14 
Bonnie MOT RENAN MN NUE ENT Eee rene 416 
Sienna Hanoi MORE, ne den a ee ce 0e A 416 
AinpolbreperakensisS MODES, Nas: pen eee à en DUR A1S 
AR ROCLIENEN CRISE Tes MA dde d'A UN TS 419 
SORA Hape, MO. 35.2 LR ONE PRES PRENEN PRE 420 
SÉRDERUEEnRSS MODERNE. TS ST AAN AT AR RP TA 421 
PretdlodusChanert More NTI A 423 
Ho penaRensiS MORE... LR MERE ANT INR ANR AU 424 
Banner ONADer se... SAINS CRENQAALLErIE RE RREA ARE 480 
HRessolnsrS OhAper. ER Rec RE SRI CEE 481 
HElicopstS QD Ie) CHAPDÉLE NN APRES IEEE 483 
Hidrobiorcaledonensis ChAIDer RE IEEE RENE 484 
CRAN RE D ACER RO ER NE PR ES Ni 485 
DOLTTODSS COUSUN JOUSSCAUTIE EE Mo ne ele de MS Dee et XXII 
Cruploraple Augushi JOUSS SARA UNE SR OR XXX 
RAbdolas Cousin. JOUSS 5e ER RAP EEE CE. OL pie XXX 
AAA TU COUSTRL JOUSSEP PERRET) HÉLNERE RETUr XXX 

CRUSTACÉS. 
Doropyqus demrissus AGUTIVAIEUS RL Re ee RE 282 
Pb 3 HRIE MN CN CROP APR PRE EE M'ECRRET RNOU ECTS TRE Rte 282 
PROC PATIE, ROUE eu eee A Met es ere DUT UT 282 
ERCOORO NARUTO Le 5e lu ctiets 282 
HOUR REP TR NS PR NE pe aroiner ad MA dia à ce D 282 
SCRSOPROCPAPRNT ADD: [ONDES MO 282 
ACARIENS. 


ATGDuS ANTORMRTEDRIE CS TURN ARR ERREUR, 432 


XXXVIHI ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX 


ARACHNIDES. 
Pages 
Rhaz annulata Eug, SIMON :: 5... 0.6 00 see eee MON 2 
Thyene E. SiM., n. g.................sessssressssrssee 4 
Th. semicuprea E. Sim.....................esssse..sssssse n 
Saïtis Chaperi H. SIM... sus... opommetereese eee 6 
Lycosa Chaperi E. Sim.................................... 8 
Li leucostigma F, SIM... . «eu aneee recettes ee ent 10 
Evippa rubiginosa E. Sim................................. 11 
Pardosa partita E. Sim....................:.............. 42 
Matane D. Si. s cam at No rec HUM ELME S - 7 eUeRe 13 
Heteropoda sexpunctata E. Sim............................ 14 
mhanatus indicus DSi. ; ane aa et der DE ce ee One Sas 16 
Apsectromerus E. Sim., n.g.........,................es.e. 16 
Pr duriusculus EF: SIN. LL ete -Lenmaneterrebe- nee 17 
Prosthesima pexa E. Sim.............s....ss..ss.ssssessee 21 
Echemus Chaperi E. Sim........................s.sss.. 22 
Melicymnis E. Sim., n. g.....................ssss..s. 22 
Me biedlon ls Sie. OS RS PNA JAMRANNE 10108 
Hiantes EL Sim27.10:: ce eee ere eee adine ie ciUet 24 
B. longimanus E. Sim......................s..suemserse 25 
Besirtatie E. SUN SUIS 00e ANA HE SU MANS CRS AR ER RS 25 
Paeudierds ES, MM cu ee se 020 ee MAS MR USE 1e 28 
De onadestus Di SNA U ere repet chebe eee CORALIE 28 
Mogrus F'abrei E. Sim.................................... 29 
Opistoncus aurantiacus E. Sim............................. 30 
Hippasa E. Sim.,n.g....................sssessesessee. 31 
Heteropoda Fabrei E. Sim................................. 32 
Isoæya E. Sim., n. BUT ee à ne mets dla niolelte nee AR DIUles Are 35 
Tephlea limbata E. Sim..............,.................... 36 
Cœnoptychus E. Sim., n. g.......................s..s..... 36 
C. pulcher E. Sim.....................escsescsesereeres 37 
Prcilotherie E. NN;, À..9..... sue dorsmepesse al: dulsie 38 
Scorpio lucidipes E. Sim ............,..................... 38 
Hyllus Morgani E. Sim............ NO LR Se » à.» SNS 437 
Mini suaots Bi: A. ve Eee Me SE en aie LS CNE 439 
Mogrus ornatus E. Sim.................................... 439 
Harmochirus À. SNL D ee 0 see LUS ARE, LCR Re 440 
H'malaccensis E, SIM ENS 0 La ee nn ARR. > Re 441 


Dasddin semicant'E, SIM... 4, 1 AL D SN VS OR 442 


ESPÈCES ET GENRES NOUVEAUX XXXIX 


Pages 
COR OT ER EME, Te Jonas end à asle se SR DEN T 443 
CÉMOTGAR ES SIL, Ste à Aussi e UN eee VOS EE 444 
SÉPTGODINSIEMEI. 1. dede. à. « claua aie o des de ee TE 444 
5. GIDOS RARES SUR SEL à es sata ele OT 446 
AUGMENTE. ST DEN à 28 da th ss ete SOLAR 447 
MICHEL SIT NN RENE Trade delire à ET ME 447 
D OR RS LS OR RL A re ere s cle a 448 
Mer DSte PACA SU Sen Des eee me notn eue Ve TU 449 
Theron nernus lu RSS IS. TU. ee 2 en 451 
Meet nacuiento Ne SREe ne. 2e semer meta UT dei 451 
Prendicrustdecemnota lus en... CR EP 452 
Macvicaquadrieancie RSS ds AN de A LR ue 453 
SACS nds SEE nee dune der eee er 3 493 
Smet Are aeD Er) STE neue ane Ne TS NT US 454 
AURAS TRUE RS UE lens cie Ads Da et Ne RE 456 
CDR CASE SA EL Rs ere ee ee Re ALT UT 457 
COS CAUSE. Le troie Rae de PE PSE 457 
paioiDreoonlauE. SIT.) Ne NT RE A 459 
Wine Ponge Sun... ul Zee dette COMITE Re 460 


OISEAUX 


Pæcilia palustris, var. crassirostris Taczanowski............ 470 


TABLE DES MATIÈRES 
PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE D'AUTEURS 


CARL W. S. AURIVILLIUS. — Crustacés parasites des Tuniciers arctiques.. ... 
FANNY BIGNON et AL. PILLIET. — Sur la glande lacrymale d’une Tortue géante 
ROOUOOE DROITE RTE A ROREN ARS PET Ne ve 
Prof. R. BLaANcHaRD. — Note sur les Sarcosporidies et sur un essai de clas- 
sification de ces Sporozoaires, avec 4 gravures dans 

Jettexto" (PILIERS RP, PNR ere 

— — Sur un Infusoire péritriche, ectoparasite des Poissons 

d'ead OUCOL PE TIMES CR Re 

— — Remarques sur la classification des Batraciens anoures. 

RaOuL BOULART et AL. PILLIET. — Sur quelques glandes conglomérées du tégu- 
ment externe 


Visloeisla se soie ele see. ele ee se) ae sie s'elsliale else os ee ns ee 20.0 see se a © eee nteia 


MAURICE CHAPER. — Description de quelques Espèces et Genres nouveaux de 
Coquilles vivantes de diverses provenances (PL I)... 

— — Description de quelques espèces nouvelles de Coquilles 
vivantes provenant de l'Afrique australe et d’Assinie 

AT EE ee RO RE A RE 

G. COTTEAU. — Échinides nouveaux ou peu connus (4° article) (PI. XII et XIII). 
Prof. CH. DEBIERRE. — Sur l'appareil hyoïdien considéré dans la série des 
Vertébrés. — L'arc mandibulaire et l'arc hyoïdien, avec 48 figures dans le 


CAO OI OO OO OO OO OO 


— — Description d'un nouvel Acarien {Alophus Antonii), avec 

: Sihoures dans (el toxenee ..u.4.eue PEL oU 

D' GABRIEL FERRÉ, — Contribution à l'étude du nerf auditif, avec 5 figures 
Hansen denter (PI LD RE ne date ete 0 en ee 
HÉRON-ROYER. — Note sur les amours, la ponte et le développement du Dis- 
coglosse {/Discoglossus pictus Otth), suivie de quelques remarques sur la 
CSS CANONS ANOUTESN PIS XIV) 7-2 arme meneur conte 
D' J. JuLLIEN. — Monographie des Bryozoaires d’eau douce, avec 250 figures 
dan EME TER Re annuel Ra ele 0 à eine sai cie demie UD 
J. KüNSTLER. — Dumontia Opheliarum, type nouveau de la sous-classe des 
SAFCOUITE SPRINT OR ee a delire aus d'a eieteie Sels le (oie Die ER EEtPES 
P. MÉGNIN. — Sur le rôle pathogénique de certaines Psorospermies ......... 
J. DE MORGAN. — Mollusques terrestres et fluviatiles du royaume de Pérak et 
des pays voisins (Presqu'ile Malaise), avec une carte dans le texte (PI. V, 
VIQNIE, VIRE ee RAR de Pendee PA RO NP PE Ce 


XLIT TABLE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE D'AUTEURS 


Pages. 
Ar. Prier. — Structure de la portion gaufrée de l'estomac du Chameau..... 40 
— — Sur les vaisseaux de la cristalloïde postérieure chez les fœtus 
de Mammifères nr... PR bo tac Joe dù 00 à 59 
_ — Sur la structure du tube digestif de quelques Poissons de 
NT NS SR TT ONU SE NE 00e TBE DOAUOD O8 0 28.00 à 10 DD DID 00-00 « 283 
— — Note sur la glande de Harder du Chameau................... 349 
Az. PiLLtET et FANNyY BIGNON. — Sur la glande lacrymale d'une Tortue géante 
AGhelane omis li RE MR SR SE Dre LCR PER PME + ER ere 69 
Az. PILLIET et RAOUL BOULART. — Sur quelques glandes conglomérées du 
tégument externe .............,...,......ese.sssesseneseseeeespesersess 337 
Prof. FÉLIX PLATEAU. — Expériences sur le rôle des palpes chez les Arthro- 
podes maxillés. — (1° partie) Palpes des Insectes broyeurs................ 67 
E. Simox. — Matériaux pour servir à la Faune arachnologique de l'Asie Méri- 
dinnale. + Reset ececiee UP CE EE LCL 1 
—  — Matériaux pour servir à la Faune arachnologique de l'Asie Méri- 
dionale PIE IE Lecce cete ect PORTES CRC 436 
L. Taczanowskr. — Liste des Oiseaux reçus récemment du sud-ouest du 
DAYS lOUSSOURION A6 espere er-menereas echo eee hr 463 


0, et En. TERQUEM. — La rade de Smyrne, avec 3 figures dans le texte...... 547 


TABLE 
PAR ORDRE DE MATIÈRES 


Pages. 
BureauretitunsetlipouR l'année SSD RE EU. LCPEMET era eco I 
Liste des Membres Honoraires RAR Cesu ee els ee Dee a re otieele v 
Membres ÉCONMeSDONTANLS nee eee nee ele eee ceeae VI 
Mémbre dont dE SAR AE NE AL en à he dem Dee dent ee ee entre VI 
Liste des Membres de la Société au 15 mars 1885 .........:..,..,2.4ie0tt VII 
E. Simon. — Matériaux pour servir à la Faune arachnologique de l'Asie Méri- 
HONTE RE AP Ar nuede a de ace eat ee «vies late 0e L 
AL. PILLIET, — Structure de la portion gaufrée de l'estomac du Chameau.... 40 
MAURICE CHAPER. — Description de quelques espèces et genres nouveaux de 
Coquilles vivantes'de diverses provénances (PL. I)..:..:2..4......444. 202 42 
AL. PILLIET. — Sur les vaisseaux de la cristalloïde postérieure chez les fœtus 
deMAMONIERES PRE REER EL Laden nee des ee SD VN NOT DIN EEE SR 5 
AL. PILLIET et FANNY BIGNON. — Sur la glande lacrymale d’une Tortue géante 
CREER ER RE AN TR Ne teie eee ei ei ee idee 60 
Prof. FÉLIxX PLATEAU. — Expériences sur le rôle des palpes chez les Arthro- 
podes maxillés. — 1" partie. Palpes des Insectes broyeurs ............... 67 
D' J. JuLLIEN. — Monographie des Bryozoaires d’eau douce, avec 250 gra- 
ASS CMS CONS ORARLL LORTE RENE SERRE RAC CODEN UEU AOC 91 
D' GABRIEL FERRÉ. — Contribution à l'étude du nerf auditif, avec 5 gravures 
dE ex te PL DE annee cafe nee Se eut einer loi dites 208 
Prof. RAPHAËL BLANCHARD. — Note sur les Sarcosporidies et sur un essai de 
classification de ces Sporozoaires, avec 4 gra- 
vures dans /le tente (Pl HD Een ne 244 
— — Sur un Infusoire péritriche, ectoparasite des 
Poissons d'eauidouce (Pl IE)... "rente 277 
CarL W. S. AURIVILLIUS. — Crustacés parasites des Tuniciers arctiques...... 281 
ALEX. PILLIET. — Sur la structure du tube digestif de quelques Poissons de 
IEP EEE RER CEE cercles. 283 
J. KUNSTLER. — Dumontia Opheliarum, type nouveau de la sous-classe des 
S'APCOUIRE SRB PAIN) ST ER RS AR RC NE RO RE A eee RS 309 
AL. PILLIET et RAOUL BOULART. — Sur quelques glandes conglomérées du 
LÉ COMÉMMAERICTITE NE Ve en create lala tiolere ele en ete ieleiefe scies ne dicleeis sf leele 337 
R4aouL BOULART. — Note sur les sacs aériens cervicaux du Tantale .......... 348 
AL. PILLIET. — Note sur la glande de Harder du Chameau.................. 349 
P. MÉGNIN. — Sur le rôle pathogénique de certaines Psorospermies.......... 351 
J. DE MORGAN. — Mollusques terrestres et fluviatiles du royaume de Pérak et 
des pays voisins (Presqu'ile Malaise), avec une carte dans le texte (PI. V, 
LAS 6 1 Lil PS 0.0 SERRE EURE en--Crt-LacLul RME LA COR 353 


XLIV TABLE PAR ORDRE DE MATIÈRES 


Pages. 
Prof. ALFRED DUGÈs. — Métamorphoses d’une Corydalis, avec 7 figures dans 


lortexte. #4. HR PEER. caro open 429 
— — Description d’un nouvel Acarien {Alophus Antonii), 


aveci8 floures dans le texte Meet ere core 432 
E. Simon. — Matériaux pour servir à la Faune arachnologique de l'Asie Méri- 
dionale (PINS ete bic nnm ce EE. ol CU 436 
L. TaczanowsxIr. — Liste des Oiseaux reçus récemment du sud-ouest du 
DAYS OUSSOUMEN.. Lee eine ec Cobol ECCRS 463 
M. Cuaper. — Description de quelques espèces nouvelles de Coquilles vivantes 
provenant de l'Afrique australe et d’Assinie (PI. XI)......... A Re à 479 
Prof. CH. DEBIERRE. — Sur l'appareil hyoïdien considéré dans la série des 
Vertébrés. — L'arc mandibulaire et l’arc hyoïdien, avec 48 figures dans le 
OA LEP UE L do MMA 0 LAC 0 à Ua De dridles OM octo dde 487 
0. et Epm. TERQUEM. — La rade de Smyrne, avec 3 figures dans le texte..... 547 


G. CorrEAuU. — Échinides nouveaux ou peu connus (4° article) (PI. XII et XI). 551 
HÉRON-RoyEr. — Note sur les amours, la ponte et le développement du 
Discoglosse {Discoglossus pictus Otth), suivie de quelques remarques sur 


la classiicationdes Anoures (El EXIV) 0250 -CPAPC ER ER cet. 20 -cCCE 565 
Prof. R. BLANCHARD. — Remarques sur la classification des Batraciens anoures. 584 
Procès-verbaux pour l’année 1885....................... HR DONS Tenue 1 
Erratumiduitome Xe. NL DATE tn Reco ee ere de XXXIV 
Table des espèces et genres nouveaux décrits dans le Bulletin de 1885..... XXXV 
Table des matières par ordre alphabétique d'auteurs......,.......,......... XLI 


Table par ordre de matières 


Le Secrétaire général, gérant, 


Prof. RAPHAËL BLANCHARD. 


Meulan, imp. de A. Masson. 


Moote de NO: Chaper. 


Bull. Soc. Zool.de France, X, 1885. P1.I. 
A 8 


Arnou ad nat.del.et hth. Imp . Becquet fr Paris. 


Mollusques d’Assime ( 1.18 ) et de Madras" (19777) 


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Bull. Soc.Zool. de France X. 1885. 
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Maubert ad nat del.et lith. 


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6. Macrochlamys Llaéchongt ( de Morgan) 


Lig ?. flapalus JoussentrmeÉ  () BG TR RE PSE D NT D) 
Pig 3 elicarior Lorvé (4) Zy SN Partont (&) 


Pig 4. Nestæ Malaousr ( A) 


Zig 9. ZLerniyplec OL ANNEL) 


Pig 5. Macrochlamnys patarienses (i#) | Pig 10. Phulidora 1lardouinré {id ) 


Bull Soc .Zool de Frauce N 1885 
Moll. terr. et fluv. de Pérak. 


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Maubert ad nat.del.et lith. Imp. Becquet fr. à Paris. 
Fig LUC xyles Safaya ( de Morgan ) Fig. ÿ:. Lhilrdora Hrayr ( de Morgar " 
fig ?. Arropharta Rirlan« ( i& ) Fig. 6. J Cerogyra hvoeltenharnz (1 ) 
Pig. 3. Ttastæ Bouryt (éd) Fig à D Léheelinsts  (iz) 

Zig 4. Arcopharla Lahatensés (it) Fig d Prezaonenia ÂGPUYANENSES ( it y 


Pig. y. Jhorira Peraferrses (ta) 


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Maubert ad nat. del.et lith. Enp.B ccquetfr. a Paris. 
Zig 1. Hybocysts elipllas, de Morgan Zig 4. Lrpiria Cchehélenses, de Morgan 
Pig 2. 17 .Jousseaurnet [it ) LE 5. Cycloph. malxyanus, Pers. /Oe) 
Pig. 3. Luprra Lourt (id) Pig. 6. ÆAioporna Loic, de Morgan 


Zig. Ve Pilhinia Rinlana, de À orgar 


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Maubéert ad nal. del. et lith lrap Becquet fr.a Paris 


Pig. 1. Gyclotus Dautxenbergt, de Morgan |  Hig. S Lagochilus Jrv eltenharné, de Morgan 


Zig 2. ARAcoslorma /ousseaurrét (id ) | fig 9. Gacots Douviller [id ) 

Fig. 3. Plerocyclos Hegelspergert (id) Lig. 10. Melarmpus Cosset [4 ) 

Zig. 4. Atycaeus Jonsseattrnmer (id) | Pig 11. LUobrerr penangense (id) 
AP Di LA EE Æapa U/OILETISES (EL ) Pig. 12, Arryp ul LILA PETARETISES (ri }) 
Fig 6. À. Théeroté (it) | Fig. 13, A 1oelleslsensis (it) 
Pig. 7, Cyci pAo TUS Zhteres (éd ) | Zi. Jermnyla pPtrakensts (a ) 


Pig. 15. Slenolh (TA La Louiri, de Morgan 


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.1. Pseudodon Chaperi 


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Imp.Becquet fr Paris. 


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